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R. Delord – Formation : Collège au Cinéma

Analyse plan par planKES, Ken Loach

410 plans – durée moyenne des plans 15'5 secondes

La séquence pré-générique, une scène d'expositionLa chambre (0'00'00 > 0'02'36)- long plan d'1'50 sur un petit lit partagé par un jeune homme et un garçon- milieu social pauvre : petite chambre + travail à la mine- dureté des rapports entre les deux personnages- Ferme la ! … - Je t'ai dit de la fermer … - Arrête. Tu me fais mal ! - Eh ben, ferme la, alors. … - Ferme ta gueule- Mets le toi-même. … - Ils prendraient pas une petite chose faiblarde comme toi … - Eteins-la toi-même- découverte des personnages : « Jud » et surtout notre personnage principal, contraint de sortir du lit parce que Jud a laissé la lumière allumée

GénériqueBilly's home (0'02'55 > (0'03'54)- plan sur la fenêtre de la chambre (moitié droite du champ ; symbolique de la fenêtre : extérieur-intérieur, liberté, clarté...)- scène d'habillage de Billy- sortie de la maison, panoramique latéral vers le cabanon en bois- le vélo emprunté : un vélo pour deux = pauvreté de la famille

La course dans le quartier (0'03'54 > (0'05'20)- raccord mouvement sur Billy qui fait son trajet en courant - 2 plans sur les maisons en briques du quartier ouvrier que traverse Billy- 1 long panoramique du haut d'une colline qui suit Billy dans sa course vers la gauche et dévoile ainsi tout son quartier (cheminée de l'usine en arrière plan)- Billy poursuit sa course effrénée, traversant un quartier dans lequel des enfants jouent seuls sur les trottoirs- au détour d'un passage, on aperçoit en arrière plan les toits des usines toutes proches- Billy fait demi-tour pour ramasser une boîte au sol, s'apercevant qu'elle est vide, il la jette = signe de pauvreté

Billy livreur de journaux (0'05'20 > 0'06'32)- arrivée à la boutique : Billy livre des journaux pour un buraliste => construction du personnage- Billy est obligé d'aller travailler avant d'aller à l'école- il affirme au buraliste qu'il n'a plus rien volé depuis très longtemps

Billy en tournée (0'06'32 > 0'08'00)- ...plan taille (et petite mélodie) sur Billy en train de manger une barre chocolatée : volée discrètement dans le magasin ??? => Billy est un voleur doublé d'un menteur- choix du nom du journal écrit en gros caractères sur le sac de Billy = dérision / personnage ?- épisode du vol de lait : plan poitrine sur Billy en train de voler et qui continue tranquillement sa tournée => contrairement à ce qu'il a affirmé au buraliste qui l'emploie, Billy vole régulièrement, il est roublard, et « effronté » aux dires du livreur de lait (livreur de lait = spécificité anglaise)

Billy lecteur (0'08'00 > 0'09'10)- Billy à nouveau en marche...- semble s'avancer dans la nature (bruit de coups réguliers en fond sonore) + annonce du thème de la nature- plan taille de Billy de profil assis dans l'herbe et qui fouille dans son sac- plan d'ensemble : Billy au premier plan, l'usine fumante en arrière plan => gros contraste avec le plan précédent de Billy dans la nature : l'attente du spectateur est trompée.

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- Billy lit sa BD « Desperate Dan » (desperate : « désespéré, prêt à tout, capable de tout) : jeu de mini travellings et de zoom qui représentent la lecture => BD violente où il n'est question que de bagarres : (effet d'annonce)- fondu enchaîne par le noir : ellipse narrative

Retour au magasin (0'09'12 > 0'10'22)- retour chez le buraliste, dur avec Billy dans toutes ses remarques- Billy commence à lire le journal (Billy lecteur), mais il est interrompu par le buraliste« Je ne voudrais pas être ton professeur pour tout le charbon de Barnsley » => indication du nom de la ville, Barnsley et de ses mines de charbon- Billy fait mine de faire tomber le buraliste de son escabeau : violence intérieure de Billy

En classe (0'10'23 > 0'12'10)- plan de demi-ensemble : le cadre de la classe, une leçon de grammaire au tableau (à hauteur d'un élève assis = point de vue d'un élève)- contre-champ sur Billy qui prononce machinalement à voix haute « German Bight » : traduit la monotonie de la classe et l'ennui de notre personnage ; - Billy dans une classe de garçons qui paraissent plus âgés et plus grands que lui et par lesquels il n'est pas intégré « Il est idiot, Monsieur. »- Billy s'intéresse à la météo marine, il dit aimer les noms ; il procède par association d'idées, ce qui prouve son intelligence, mais le professeur y voit de l'insolence, lui fait la leçon et se moque de lui- plan taille du professeur dans le même angle : traduit le sérieux, la rigueur du professeur- expression anglaise « it just came out from under a stone » : mépris du professeur pour la remarque de Casper- deux plans poitrine sur deux garçons de la classe mis en valeur par le flou sur l'arrière plan => rôle dans l'action ? (jeu sur la profondeur de champ - effet d'annonce)- gros plan sur le professeur (progression : plan de demi-ensemble, plan taille, gros plan)- plan taille sur la sortie de la classe des élèves en rang et en silence : rigueur du cadre scolaire- plan poitrine sur Billy et ses deux amis qui se donnent rendez-vous à six heures- gros plan sur un troisième garçon qui décline l'invitation : effet d'attente : que vont-ils faire ?- fondu enchaîne par le noir : ellipse narrative

Le rendez-vous (0'12'11 > 0'12'57)- plan en pied : Billy frappe en vain à la porte d'une maison en briques dans un quartier envahi par les chiens errants- plan poitrine : une femme ouvre sa fenêtre sur laquelle Billy vient de jeter un caillou - contre-champ plan taille et vue en plongée sur Billy qui réclame son ami MacDowall : refus de la mère de réveiller son fils

Billy dans la nature (0'12'58 > 0'15'00)- nouvelle musique (harpe, violon, flute traversière, haut-bois)- Billy croise un vieux monsieur sur un chemin forestier : - Billy se promène dans la nature, un bâton à la main, avec lequel il frappe tout ce qui se présente – branches, arbustes, buissons, plantes : jeu habituel ; violence sur les végétaux- vue en plongée d'un arbre en direction de Billy qui examine le sol avec son bâton (effet d'annonce / découverte du faucon)- l'attention de Billy est attirée par le bruit d'un oiseau qui s'envole (deuxième effet d'annonce)- nouveau jeu cruel : devant une mare, Billy jette un gros morceau de bois sur une grenouille (violence sur les animaux)

Observation du vol des oiseaux (0'15'02 > 0'16'00)- gros plan sur Billy en train de mâchouiller une herbe (gros plan qui prépare le contre-champ)- contre-champ sur le château en ruine- retour sur le visage de Billy : dramatisation, effet d'attente - plan de détail sur le faucon qui prend son envol- raccord regard sur le visage de Billy- long plan sur le vol des faucons sur fond de ciel bleu sans nuage : symbole de liberté, d'évasion- Billy se met en mouvement : panoramique sur la longue marche vers la gauche qui amène Billy

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dans le même plan que le château en ruine

Tentative d'approche (0'16'02 > 0'17'58)- dans un premier temps, le propriétaire du champ veut chasser Billy- contre-champ : Billy, toujours curieux et ayant soif de savoir (cf. 1ère scène à l'école) : « J'ai encore jamais vu de nid de crécerelles » ; il réussit à convaincre le propriétaire- explication passionnée de Billy au propriétaire sur les déplacements des oiseaux « It looks great ! » / « c'est magnifique »- sans quitter le nid des yeux, la conversation se poursuit : Billy explique son rêve de dresser un jeune faucon ; le propriétaire le met en garde contre les difficultés d'un tel dressage- Billy s'intéresse à des choses peu communes : 2X « peu de gens le savent » dans la bouche du propriétaire- le propriétaire apprend à Billy qu'il trouvera des informations sur les faucons dans les livres de la bibliothèque : on apprend que Billy n'a jamais mis les pieds à la bibliothèque car il lui demande où elle se trouve (construction du personnage)

Billy à la bibliothèque (0'17'59 > 0'19'15)- montage cut qui montre l'empressement de Billy- enchaînement très rapide des plans + Billy en mouvement, entrant dans la bibliothèque d'un pas décidé = représentation de la motivation de Billy- élan de Billy stoppé net par la bibliothécaire qui lui apprend qu'il faut être membre pour sortir un livre (motif des adultes qui freinent l'épanouissement des enfants // professeur)- longue négociation avec la bibliothécaire émaillée de mensonges de Billy

Billy chez le libraire (0'19'16 > 0'20'29)- retour du thème musical à la clarinette- Billy dans une rue commerçante, s'arrête devant la vitrine d'une librairie (une date : 1968 sur le Yearbook of astronomy)- la librairie : intérieur sombre (comme la plupart des intérieurs : chambre de Billy, buraliste, salle de classe... par opposition aux scènes d'extérieur)- un client s'intéresse à l'autobiographie de Noël Coward, l'indicatif présent : contraste avec la recherche très pragmatique de Billy, sur le dressage des faucons- gros plan sur Billy feuilletant un livre qu'il va finalement voler- dramatisation de la scène par la bande sonore (cordes + clarinette basse)

Retour à la maison (0'20'30 > 0'24'45)- brusque transition : montage cut- Billy se fait voler son livre par son frère qui le repousse violemment - le frère de Billy se moque de lui : « Tu pourrais pas dresser une puce » dédain des adultes / Billy- cruauté du frère qui frappe son frère pour le contraindre à révéler l'emplacement des faucons + menace d'aller leur tirer dessus avec son fusil - humour de Billy « je sais, ils plongent sur les vaches et les emportent.- frère de Billy en train de se coiffer dans un miroir- raccord son : entrée de la mère par une porte au fond à gauche de la pièce- aucun geste d'affection pour Billy, elle met son collier de perles et - évocation de l'alcool ; la mère à Jud : « ne rentre pas bourré ce soir »- gros plans sur Jud et la mère : dispute avec Jud au sujet de leurs aventures respectives sur fond d'intérêt financier tout en enfilant ses bas- deuxième évocation de l'alcool ; la mère demande à Jud de lui payer un pepsi-cognac- Jud quitte la maison- la mère continue à se préparer, toujours le dos tourné à Billy ; elle nettoie ses chaussures en crachant dans sa main : pauvreté et rudesse du personnage qui abandonne son fils à la nuit tombée- la mère pose des questions à son fils mais les réponses de Billy viennent toujours du hors champ, preuve du désintérêt de la mère pour son fils... et réciproquement : sortie de la mère hors-champ- gros plan sur Billy absorbé dans la lecture de son livre « Falconry » - contre-champ du plan précédent : nous passons de l'autre côté du livre avec le regard de Billy qui s'attarde longuement dans l'observation de la photographie du faucon (5 secondes), avant d'entamer la lecture de la page de droite en suivant le texte avec son doigt

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Jud et sa mère en soirée (0'24'46 > 0'28'29)- brusque transition dans le lieu et dans la bande son : passage de la maison où Billy lit son livre tranquillement devant la cheminée à une bruyante salle de concert- accompagné d'un autre jeune homme, Jud « drague »- gros plan sur deux femmes d'âge mûr qui écoute le concert tout en buvant de la bière (thème récurrent de l'alcoolo-dépendance chez Ken Loach ; cf. le film My name is Joe)---- la mère de Billy explique à son amant qu'elle voudrait se fixer- montage parallèle ou alterné (avec des plans de transition sur les musiciens du groupe de rock) : Jud qui veut rentrer prendre une douche / la mère qui évoque ses déboires conjugaux / Jud qui parle de sa mère / la mère qui parle de son fils Billy à une autre femme et le présente comme « un cas désespéré (« hopeless case ») / Jud qui parle de sa vie « Je suis heureux comme je suis. Je doute que j'aurais pu l'être plus » / la mère qui parle de Jud « Je ne sais pas si notre Jud voulait être mineur. » (déterminisme social) / fou-rire de Jud avec ses amis / la mère qui revient à son projet de fonder un foyer mais qui n'est pas écoutée par Reg : « Tu as encore bu trop de bière » / cf. Ken Loach: un regard cinématographique sur l'aliénation familiale Par Érika Thomas – L'Harmattan 2006- plan poitrine sur Jud qui interpèle sa mère et son amant : les deux groupes sont réunis après un long montage parallèle- plans successifs sur le guitariste chanteur et son public : opposition entre la chanson paillarde et la tension entre Jud et l'amant de sa mère- fin de la séquence sur un plan de la mère et de Reg en train de rigoler

Retour à la maison (0'28'30 > 0'31'13)- retour de Jud à la maison qui rentre sans aucun égard pour le sommeil de son frère : « Billy tu dors ? » et qui le réveille pour lui demander de l'aider à enlever son pantalon parce qu'il est trop saoul- plaintes de Billy qui profite de ce que son frère s'est endormi pour l'insulter copieusement (bastard, insulte sur la naissance et le lien aux parents) avant de s'enfuir de la maison

Le « vol » du faucon (0'31'14 > 0'33'39)- le comportement méprisant et brutal de son frère semble pousser Billy à passer à l'action : Billy s'oppose au déterminisme social- Billy filmé en contre-jour : longue fuite (2 minutes) dans la nature aux aurores- raccord direction + vue en plongée sur la fuite de Bily- long panoramique latéral qui dévoile l'objet de la quête de Billy : le mur des faucons- vue en plongée sur l'escalade du mur par Billy : représentation du danger symbolique du mur = obstacle, épreuve à surmonter, dépassement de soi...- vue en contre-plongée : l'ascension- vue en gros plan : l'effort- Billy atteint le nid et emporte avec lui un des oisillons- Billy marque un temps avant d'entamer la redescente que nous ne verrons pas (ellipse narrative)

La rencontre (0'33'40 > 0'34'42)- plan de demi-ensemble, Billy en pied en train de se munir de gants (panoramique qui suit la traversée de la cour par Billy jusqu'à la cage- Billy semble réciter les consignes de soins à apporter aux faucons qu'il a du apprendre dans le livre qu'il a volé à la librairie- champ : vue de Billy de l'intérieur de la cage, comme si l'on avait le point de vue de l'oiseau- contre-champ, insert sur l'oiseau : premier échange de regard Billy - Kes- comme un parent oiseau, Billy prépare la nourriture de l'oisillon dans sa bouche- approche très lente et en douceur de Billy qui contraste avec sa violence envers la nature lors de sa première promenade - encouragements de Billy pour faire manger Kes (alors que Billy n'en reçoit jamais de la part des adultes qui l'entourent)- insert sur la tête du faucon - le faucon se laisse alimenter (fondu au noir = ellipse narrative)

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A l'air libre (0'34'43 > 0'35'42)- Billy en extérieur avec son faucon en plan rapproché- Billy se récite toujours les conseils glanés dans son ouvrage sur la fauconnerie et les respecte à la lettre (capacités d'apprentissage de Billy)- le plan poitrine en légère contre-plongée et caméra à l'épaule derrière les hautes herbes du pré semble proposer le point de vue du volatile en cours de dressage ; les légers tremblements de cette - Billy revêt un air sérieux, concentré, tout entier à sa tâchefondu enchaîné par le noir

Après quelque temps et beaucoup d'entraînement... (0'35'43 > 0'36'36)- plan d'ensemble qui contraste avec le début de la séquence précédente : du temps a passé, le dressage a progressé, le dresseur peut désormais s'éloigner de son oiseau de proie- à l'arrière plan à droite, on aperçoit la mine, le seul avenir promis à Billy dès le début du film qui semble s'éloigner symboliquement- Billy appelle une première fois l'oiseau, sans succès- raccord regard Billy – l'oiseau qui marque le lien qui unit l'enfant à l'animal- plan taille sur Billy, qui, le geste assuré, appelle cette fois l'oiseau en utilisant le surnom qu'il lui a donné, « Kes », abréviation de Kestrel ; l'oiseau est donc le héros éponyme du film - nouveau plan sur l'oiseau, hésitant, mais qui finit par s'envoler et vient se poser sur le gant de Billyfondu enchaîné par le noir

Le professeur de sport (0'36'38 > 0'39'35 ; durée : 3')- plan de demi-ensemble qui permet de reconnaître une pelouse et au fond une cage de foot- un homme âgé s'avance vers la caméra, un ballon à la main, au rythme d'une musique militaire- tout est comique dans ce plan-séquence : l'homme d'un certain âge est vêtu d'un jogging entièrement rouge (la couleur du club de Barnsley ; le logo rond sur son haut de jogging semble bien être également celui du club), il fait son échauffement (têtes simulées, course en marche arrière, genoux levés jusqu'à la poitrine- le professeur de sport s'en prend violemment à Billy : « tu me rends malade » (you make me sick) : violence verbale, physique (il lui frappe la tête avec son ballon) et psychologique (il l'humilie devant les autres élèves

Le match de foot (0'39'36 > 0'47'17 ; durée : 8')- panoramique sur les élèves qui courent jusqu'au stade de foot ; la caméra suit un élève à lunettes qui semble en surpoids (effet d'annonce)- une caricature de professeur de sport : vantard (« je vais vous donner un échantillon de mes talents footballistiques »), tricheur (« Je fais le choix le premier », il donne le coup d'envoi lui-même), autoritaire à outrance, qui crie sans cesse, fait du chantage (« Tu veux jouer au foot ou tu veux faire des maths ? ») ; en fait, le professeur de sport se comporte comme un enfant et est incapable de leur apprendre quoi que ce soit- constitution des équipes : les élèves sont alignés sur le terrain ; Billy est au centre, le plus petit ; en arrière plan, on retrouve trois cheminées d'usine et l'on reconnaît le profil des maisons d'ouvrier- Billy est l'avant-dernier à être appelé ; même le garçon « grassouillet » à lunettes lui passe devant- un dernier garçon, obèse, rejoint son équipe sous les moqueries de ses camarades qui imitent la vache - les deux rangées d'élèves créent un surcadrage sur le professeur- évocation des grands clubs de foot de la région : Manchester United, Liverpool- le professeur ne supporte pas la contradiction (« Tu essaies de m'apprendre le football ? »)- seul dans son coin, Billy est relégué dans les cages contre sa volonté- le professeur est mauvais joueur et s'en prend à ses coéquipiers- Billy plonge à deux reprises pour arrêter deux tirs successifs, en vain - incrustation du score en bas de l'écran (Manchester United 0 – Spurs 1) comme s'il s'agissait d'un vrai match : clin d'oeil à la passion pour le football du réalisateur, qui est lui-même actionnaire d'une équipe de foot anglaise- malgré les efforts du jeune garçon, le professeur s'en prend à Billy en lui reprochant d'être trop mou et en lui lançant violemment le ballon

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- le professeur tombe dans la surface de réparation : il siffle un pénalty discutable ; le professeur est à la fois juge et partie- le tir du professeur est arrêté : joie de tous les élèves ; mauvais joueur, il retire le pénalty- le professeur pousse et fait tomber le capitaine de l'équipe adverse avant de le renvoyer au vestiaire parce qu'il a protesté- deux élèves s'amusent au lieu de jouer au foot : il les réprimande et met une baffe à l'un d'eux- Billy s'amuse à se suspendre à la barre transversale des cages : le professeur le traite de singe et lui ordonne de descendre- Billy descend de la barre en exécutant une sortie de barre fixe (Billy n'aime pas le foot, mais ce n'est pas pour cela qu'il n'est pas sportif)- Billy et le garçon à lunettes côte à côte

Retour au vestiaire (0'47'18 > 0'51'12)- Billy est le premier habillé ; il veut partir mais est arrêté par le professeur qui lui demande s'il a pris une douche- il interroge les autres élèves qui lui répondent tous que non- Billy prétexte alors que c'est sa mère qui ne veut pas qu'il prenne de douche : le professeur est procédurier est réclame un mot des parents sur le champ en récitant le règlement intérieur- voulant tout contrôler, tout régenter, le professeur demande à un élève l'origine d'une marque (un suçon ?) qu'il a sur le torse- plan de Billy sous la douche avec deux autres camarades qui montrent encore une fois son infériorité physique : Billy est plus petit, maigre, presque chétif- plan poitrine + surcadrage par les deux murs de la douche et le corps du professeur qui bloque la sortie de la douche à Billy et lui ordonne de se laver proprement- le professeur réquisitionne deux élèves pour surveiller Billy- gros plan sur le professeur qui par sadisme va couper l'eau chaude des douches et semble regarder sur le côté comme s'il attendait la réaction de Billy- plan poitrine serré sur Billy qui crie à l'injustice- de l'extérieur de la douche, le professeur demande à Billy s'il a fait exprès d'encaisser le but : il le torture pour qu'il avoue- gros plan sur Billy, seul sous la douche : le professeur lui reproche d'avoir « saboté délibérément le jeu » alors qu'il était le premier à tricher (mauvaise foi)- plan américain / plan taille sur les autres élèves qui s'apprêtent à sortir du vestiaire mais regarde tous dans le même sens en riant (effet d'annonce)- raccord regard : ils regardent Billy qui s'échappe des douches en escaladant le mur- Billy seul devant les casiers

Du monde naturel au monde de la mine (0'51'14 > 0'53'41)- plan d'ensemble : au loin, un personnage dévale la colline : le spectateur pense immédiatement à Billy que l'on vient de laisser dans le plan précédent- le spectateur est trompé par les effets d'annonce : nature associée depuis le début du film au personnage principal, musique champêtre et flûte traversière associée également à Billy, suite du plan précédent - brutal passage à un plan taille sur Jud : 1er effet de surprisepanoramique latéral qui dévoile l'usine au milieu de la forêt : antagonisme nature / usine- long panoramique sur Jud qui marche en direction de l'usine : premier plan, les herbes hautes ; deuxième plan : Jud ; arrière plan : les rails du chemin de fer de la mine- musique champêtre interrompue par le passage d'un camion en provenance de la mine- plan pied sur Jud : le pré vert et fleuri laisse place à un sol stérile et boueux- plan américain : bref échange de Jud avec deux autres mineurs...- ...on comprend avec le plan suivant présentant les mineurs casqués, qu'il s'agissait d'une boutade : - Comment tu vas ? « Encore dix minutes et je serai au plus bas. »- aspect mécanique, machinal de ces mineurs qui se suivent en fil indienne- remontée de la mine d'un groupe de mineurs, la frontale éclairée ; éclairage naturel, pas de projecteur : effet de réalisme => aspect documentaire du cinéma de Ken Loach- contre-champ : l'équipe de Jud qui doit assurer la relève s’engouffre dans l'ascenseur

Morale religieuse (0'53'42 > 0'55'51)

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- long raccord bande son avec un chant religieux chanté par les élèves de l'école- contraste entre les plans précédents sur les visages des mineurs et les gros plans sur les visages des enfants en train de chanter => la mine = l'avenir de ces enfants ? (question du déterminisme social chez Loach)- plan de demi-ensemble en légère contre-plongée sur les enseignants debout sur l'estrade- au centre de l'image, le directeur, avec un air sévère renforcé par ses lunettes noires- lecture de l'évangile (St Mathieu, chap. 18, v. 10-14)- gros plan caméra à l'épaule sur deux professeurs qui écoute la lecture (effet de réalisme)- vue en plongée sur l'assemblée des élèves qui toussent (impression de supériorité ; point de vue du directeur ?)- contre-champ en contre-plongée sur le directeur qui réprimande durement les élèves (impression d'écrasement, de soumission)- épisode dérisoire de la toux et réaction disproportionnée du proviseur et injuste du préfet des études- fort contraste entre l'intransigeance des enseignants et la morale religieuse qu'ils prodiguent : lecture de l'évangile de St Mathieu et « Nous allons maintenant réciter le Notre Père »- regard ironique du réalisateur sur les adultes- gros plan sur Billy qui ferme les yeux comme pour réciter son Notre Père...

Billy's dream (0'55'52 > 0'57'38)… long raccord son avec la prière récitée- plan taille de Billy promenant son faucon en ville- long travelling latéral qui suit l'avancée du personnage sur le trottoir- plan taille Billy discute avec un vieil homme qui a du l'interpeler par rapport aux oiseaux- c'est le vieil homme qui par ses questions, nous permet d'apprendre le nom de l'oiseau : Kes- Violent retour à la réalité : le directeur invective Billy qui rêvait et le convoque dans son bureau- Billy seul élève debout au milieu de tous les autres (place du personnage principal)- cadrage serré autour des quatre enseignants + professeur de sport juste derrière le directeur = professeurs tous à mettre dans le même panier- le directeur rappelle le rendez-vous d'embauche prévu dans la journée (effet d'annonce)

Châtiments corporels : les personnage du proviseur (0'57'39 > 1'03'47)- Billy dans un groupe de 4 garçons : on y apprend que le directeur bat les élèves à coups de baton- les 5 garçons menacent physiquement un plus jeune élève pour qu'il leur garde leurs cigarettes.=> thème fréquent chez Loach : la violence des enfants / la violence subie par les enfants- les élèves dans le bureau du directeur : « same old faces », les mêmes vieilles faces.- « Vous êtes de la génération de ceux qui n'écoutent jamais » : directeur nostalgique du passé et réactionnaire- le directeur justifie l'emploi de la violence en utilisant des argumentaires qui ne sont pas recevables : « je sais qu'il n'y a aucun progrès parce que je dois toujours me servir de ma règle (pour frapper les élèves). » ; « parfois je rencontre un ancien... on rit des rossées que je lui ai données »- plan taille sur les trois plus grands élèves serrés dans le cadre // réprimandes qu'ils sont en train de recevoir - gros plan sur le plus jeune des élèves = le même traitement est appliqué aux grands comme aux plus petits- deux gros plans rapides, d'abord sur un seul des grands élèves puis sur les deux autres ayant peine à se retenir de rire prouvent l'inefficacité des méthodes du directeur...- … qui se retrouve seul en plan poitrine et finit par avouer en tournant le dos qu'il ne sait pas quoi faire « Je ne sais pas, je ne sais vraiment pas. » = aveu d'impuissance, d'échec- le plan serré sur les trois élèves se resserre encore, au point de couper les deux élèves sur les côtés = symbole d'un rire de plus en plus difficile à contenir- le directeur justifie encore une fois l'emploi de la force par le fait qu'il n'a d'autres solutions = double aveu d'impuissance=> ce besoin incessant qu'à le proviseur de justifier son recours à la force semble trahir un doute sur le bien-fondé de cette méthode qui au dire même du directeur sera sans effet « en sachant très bien que vous y reviendrez encore »- volonté sadique du directeur d'inspirer la peur : « vous allez sortir d'ici en tremblant »

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- le directeur demande aux élèves de vider leurs poches : travelling latéral qui passe en revue les élèves alignés - insert sur le paquet de cigarettes puis sur le bâton : rapport de cause à conséquence- « J'espère que cela va vous servir de leçon. Je n'imagine pas une minute que ça va l'être » : le directeur frappe donc les élèves en sachant que cela ne sert à rien = sadisme

Le cours d'anglais (1'03'48 > 1'12'00)gros contraste entre le directeur et le professeur- le professeur s'enquiert du sort des élèves « ça a fait mal ? » « j'espère que non » : le premier enseignant du film qui semble contre les châtiments corporels- le premier adulte qui tienne compte de la parole de l'enfant : il leur pose des questions et les laisse y répondre (contrairement à Jud « ferme-la ! », la mère de Billy qui ne l'écoute pas, le professeur de sport et le directeur qui hurlent, ne les laissent pas répondre ou font les réponses à leur place)- un enseignant qui fait de l'humour avec ses élèves : « Anne, dis-moi ce qu'est un fait. Ne me dis pas que Guthrie a une tête de minable ou quelque chose comme ça. »- plan qui encadre les quatre élèves « victimes » du directeur, assises au fond de la classe- plan américain (légère contre-plongée qui nous met dans la peau d'un élève de la classe) sur le professeur appuyé sur son bureau, les mains dans les poches : attitude décontractée qui contraste avec la raideur du directeur- contre-champ : plan poitrine sur un groupe de cinq élèves de la classe qui ont l'air intéressés et tous attentifs- le professeur, hors-champ, pose une question...- ...immédiatement suivie par gros plan sur un élève qui a la main levée pour répondre, puis un autre : les élèves s'impliquent dans le cours- les élèves osent dire qu'ils fument devant lui : le professeur ne leur fait pas la morale, contrairement au directeur- plan poitrine sur le professeur qui n'a rien écrit au tableau si ce n'est un titre (tableau noir vide en arrière plan), mais qui fait participer tous ses élèves en les faisant parler de leur vie...cf. L'école buissonnière de Jean-Paul Le Chanois avec Bernard Blier (1949) : pédagogie Freinet- …même ceux du dernier rang et qui ont l'air timide : mise au point sur Julie au fond de la classe (flou à l'avant)- l'intérêt des élèves est traduit par les gros plans sur les visages attentifs des élèves- retour sur le professeur filmé en plan américain, qui cherche un autre élève à interroger : la direction de son regard semble désigner Billy (effet d'annonce)- contrairement aux autres élèves, Billy a la tête baissée, il n'a pas écouté et se montre d'abord réticent à prendre la parole- sans changement de plan, le professeur s'approche de Billy et le somme de répondre sans quoi toute la classe sera punie- poussé par ses camarades et dénoncé par Speed qui parle du faucon, Billy est contraint de répondre - après l'avoir fait rasseoir, le professeur l'amène à parler d'abord en lui posant des questions simples (d'où vient-il ? / où est-ce que tu le gardes ? / avec quoi tu le nourris ? / Ce n'est pas cruel de le tenir enfermé ? / il ne se sauve pas ? )- plan poitrine sur deux élèves à l'autre bout de la classe au moment où Billy explique qu'il a dressé un faucon : il a suscité la curiosité de ses camarades...- ...et de son professeur qui a même appris un nouveau mot « jesses » ; - panoramique latéral sur Billy qui va au tableau ; on voit sur ce plan que les murs de la classe sont recouverts de panneaux qui semblent être des productions d'élèves (pédagogie de projets)- le professeur et Billy, côte à côte au tableau = adulte et enfant sur un pied d'égalité (contrairement à tous rapports de force et de domination avec les autres adultes)- plan de demi-ensemble (vu du troisième ou quatrième rang de la classe) : à la droite du professeur, Billy explique le mot jesses à la classe- le professeur demande à Billy d'écrire un mot au tableau, recule d'un pas, tandis que la caméra opère un léger mouvement panoramique vers la droite, laissant ainsi un Billy seul au tableau, qui prend la place du professeur devant ses camarades- deux gros plans rapides, d'abord sur Speed, puis sur deux autres élèves, tous absorbés par les explications de Billy- retour sur Billy avec un plan américain plus serré que le précédent : Billy ne regarde plus le

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professeur, comme sur le plan précédent, mais son auditoire, il s'est accoudé au tableau, semble beaucoup plus à l'aise et parle sans avoir besoin d'être questionné- deux gros/très gros plans successifs sur des élèves qui posent une question à Billy comme il poserait une question à son professeur- retour sur le professeur qui a pris place au milieu des élèves sur un côté de la salle, les bras croisés ; il pose maintenant des questions comme un élève, et, après avoir demandé son avis à la classe, demande à Billy de poursuivre ses explications- raccord regard : retour sur Billy en plan poitrine / gros plan qui donne des explications de plus en plus longues et de plus en plus personnelles (« je n'ai pas osé, de peur qu'il se sauve », « ça me rendait fou », « je n'ai pas dormi du tout, j'avais peur que l'oiseau s'échappe », « j'étais pétrifié »- trois gros plans, d'abord sur deux élèves, puis sur un autre, puis sur Speed, toujours absorbés par les explications de Billy- manquant toujours de confiance en lui, Billy termine son récit en s'adressant au professeur : « Voilà, le l'ai dressé, monsieur, c'est tout ce que j'ai fait », sans se rendre compte de la complexité de ce qu'il a réalisé- les élèves applaudissent Billy – fin de la séquence sur un fondu enchaîné par le noir

La bagarre (1'12'02 > 1'17'44)- Billy traverse la cour ; il est interpelé par un élève de la classe qui lui cherche noise en évoquant la vie dissolue de sa mère et en dénigrant son frère Jud- bagarre sur un tas de charbon- plan d'ensemble : tous les élèves se précipitent pour assister à la bagarre- plan italien : le professeur d'anglais se précipite pour séparer les deux bagarreurs et disperser la foule des élèves spectateurs- dans un premier temps le professeur semble remettre la faute sur Billy- il accule ensuite l'autre élève contre un mur pour lui faire comprendre qu'on ne doit pas s'en prendre à un plus faible que soi et l'oblige à ramasser le charbon renversé- il prend ensuite le temps de demander à Billy ce qui ne va pas et de l'écouter- long gros plan sur Billy qui s'épanche : il se plaint du traitement qu'il reçoit, dénonce la violence du directeur qui a rossé un jeune garçon, se plaint des professeurs « Ils ne s'inquiètent pas pour nous »(leurs a priori par rapport aux classes, le- le professeur lui demande comment cela va à la maison et s'il n'a plus de problème avec la police- Billy explique que cela va mieux depuis qu'il ne fait plus partie de la bande de MacDowall- le professeur évoque l'avenir professionnel de Billy et lui demande s'il peut venir voir voler son faucon- plan poitrine sur le professeur seul qui occupe la partie droite du cadre et suit Billy du regard - raccord regard sur Billy, de dos, qui traverse la cour vide!!! sur ce plan, la cour est détrempée, alors qu'elle était sèche au début de la bagarre !!!

Billy chasseur (1'17'46 > 1'18'58)- plan poitrine sur Billy, de face, un fusil à la main (on repense alors inévitablement aux soucis avec la police évoqués dans la séquence précédente par le professeur)- le contre-champ nous permet de comprendre la situation : Billy chasse pour nourrir son faucon - dans son petit cabanon, Billy s'est organisé : on retrouve son gant de dresseur ; il range là le fusil à air comprimé qui lui permet de chasser les oiseaux ; sur une planche à pain, Billy découpe avec habileté la viande pour confectionner les leurres- insert sur le mot griffonné par Jud

Le spectacle de fauconnerie (1'19'00 > 1'24'03)- arrivée en voiture du professeur d'anglais- plan moyen sur Billy qui fait voler son faucon- arrivée du professeur auquel Billy demande de se tenir tranquille « Tant que vous vous tenez tranquille. » (inversion des rôles)- premier élargissement du plan sur Billy (plan d'ensemble) + retour de la mélodie à la flûte traversière- deuxième élargissement (plan général) : symbole des progrès effectués par Billy en ce qui concerne le dressage de son faucon + opposition nature / ville en arrière plan - le faucon survole les terrils et les maisons de mineurs...

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- …avant de gagner le ciel bleu, symbole de liberté et d'évasion pour le faucon mais surtout pour Billy- plan taille sur le professeur qui félicité Billy : « le frisson de ma vie, bonhomme »- gros plan sur Billy interrogé par le professeur d'anglais : on apprend que Billy a eu d'autres animaux mais que le faucon est son préféré car « Les autres n'avaient pas sa classe » : on comprend alors qu'avec son faucon, Billy vit par procuration une vie plus excitante que la sienne- le professeur s'invite dans le cabanon ; Billy laisse un adulte entrer complètement dans son univers : long échange sur la noblesse du faucon et sur le regard des autres

Billy au bureau de paris (1'24'04 > 1'26'38)- plan pied sur Billy qui court en direction de la caméra- Billy interroge un parieur sur les côtes et les chances de victoire des chevaux choisis par Jud : le parieur est pessimiste - Billy froisse le bulletin de son frère et le jette avant de sortir du bureau de paris- il se rend directement dans un fish and chips pour y manger quelque chose,- puis chez un boucher ambulant pour y récupérer de la viande- Billy marche, vu de dos, dans une longue rue grise de Barnsley

Le cours de mathématiques et la poursuite (1'26'39 > 1'31'25)- plan italien sur le professeur de mathématiques qui note des opérations au tableau- contrairement aux autres élèves, Billy ne note rien mais regarde par la fenêtre par laquelle il voit arriver son frère Jud- Jud arrive devant la porte de la salle de mathématiques et menace Billy : surcadrage (cadre de la caméra, cadre de la porte, cadre de la vitre de la porte)- plan poitrine sur le professeur de mathématiques qui reconnaît le frère de Billy- la sonnerie retentit, les élèves sortent de la salle...-... sauf Billy qui se cache sous sa table pour tenter d'échapper à son frère - longue poursuite dans l'établissement (1'28'20 - ) : couloirs, toilettes, salle de sport, débarras dans lequel Billy s'endort (fondu enchaîné par le noir)

Le rendez-vous d'embauche (1'31'26 > 1'37'27)- 15h05 à l'horloge de l'école : Billy sort de sa cachette et retrouve ses camarades qui lui annoncent qu'on le cherchait pour le rendez-vous d'embauche des jeunes- le directeur qui passait par là s'en prend à Billy toujours en hurlant- montage cut - Billy s’assoit dans une sorte de salle d'attente vide, les pieds sur la chaise- plan italien sur l'entrée du bâtiment : une mère y retrouve son fils habillé en costume (on aperçoit une autre femme à l'extérieur, qui doit attendre l'heure de son rendez-vous) - la mère et son fils viennent s'assoir à côté de Billy dont la mère n'est pas venu au rendez-vous- Billy avance dans le grand couloir qui le conduit à la salle du rendez-vous d'embauche ; il se fait d'abord renvoyer parce qu'il est entré sans frapper- l'homme qui lui fait passer l'entretien lui demande quelle sorte de travail il a en tête et s'il veut démarrer du bon pied- Billy reste impassible- l'examinateur lui demande de choisir entre emploi de bureau et travail manuel, mais quand Billy lui répond, il ne tient pas compte de sa réponse et lui propose un apprentissage comme électricien ou maçon- l'homme cherche à le dissuader de poursuivre ses études et finit par lui proposer d'aller travailler dans les mines (« Les conditions se sont énormément améliorées. »- Billy demande à partir, l'homme le retient à peine et lui dit de faire entrer le suivant

La disparition de Kes (1'37'28 > 1'41'10)- travelling latéral sur Billy qui descend une rue en courant ; léger fondu enchaîné par le noir- Billy se précipite jusqu'à son cabanon : Kes a disparu- il l'appelle plusieurs fois dans le pré...- ...puis se précipite chez lui où il ne trouve personne...- ...et dans la rue où il interroge une voisine qui passait- raccord mouvement (course de Billy) qui se rend au bureau de paris

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- devant le bureau, le propriétaire lui apprend que les chevaux de Jud ont gagné la course et qu' « il aurait gagné dix sacs ! »- Billy semble plus inquiet encore et se rend dans le pré avec son leurre pour y appeler Kes désespérément - plan d'ensemble sur Billy dans le pré : Billy est seul son faucon- instruments à cordes de la bande sonore qui dramatisent la situation- plan de demi-ensemble de Billy debout sur une barrière, aux limites du pré : par désarroi, Billy finit par jeter son leurre...- ...qu'il ramasse avant de reprendre sa course à travers les champs- cadre de la caméra barré par une barrière de bois sous laquelle Billy se glisse : => symbolique de la barrière franchie comme une épreuve de la vie à surmonter- Billy arrive au milieu de la forêt (celle dans laquelle il se promenait au début du film) qui est désespérément vide : pas un signe de vie, pas un bruit d'animaux + arrêt de la bande son- Billy arrive devant le « mur aux faucons » : là non plus, pas âme qui vive- gros plan sur le visage de Billy, entre espoir, inquiétude et abattement

Retour à la maison (1'41'11 > 1'44'26)- Billy interroge son frère - bagarre entre les deux frères : Jud jette violemment son frère au sol ; la mère s'est levée, mais elle se rassoit sans aller voir si Billy va bien- Jud explique à sa mère que Billy n'a pas déposé son pari- Billy au milieu de la pièce, entre Jud et sa mère, accuse son frère d'avoir tué son faucon- plan poitrine sur la mère qui s'est levée, indignée contre Jud- gros plan sur Billy qui, de douleur, se jette sur le canapé - hors-champ : Jud explique qu'il allait relâcher le faucon mais qu'il avait du le tuer parce qu'il n'arrêtait pas de le griffer avec ses serres (retour du motif du fort qui s'en prend au faible présent tout au long du film ; cf. épisode de la bagarre de Billy à l'école)- Billy injurie son frère en le traitant de bâtard (accusation déjà lancée par Billy au début du film et par l'élève contre lequel il s'est battu à l'école)- toujours hors-champ, Jud explique qu'avec la somme il aurait eu une semaine de congés ; il avoue qu'il s'est débarrassé de l'oiseau dans la poubelle- Billy sort en courant tandis que sa mère se rassoit et retourne à sa tasse de thé et à son magazine- gros plan sur les deux poubelles - Billy « plonge » littéralement dans la poubelle pour y récupérer son faucon ,qu'il serre contre lui avant de rentrer dans la maison en courant- plan taille : la mère est encore à table, elle se sert encore un thé- devant l'absence de réaction de sa mère, Billy la saisit et la pousse pour qu'elle donne à Jud la correction qu'il mérite- la mère repousse Billy et lui dit froidement « it's only a pigeon », ce n'est qu'un pigeon- nouvelle bagarre entre les deux frères : Billy prend la fuite

Deuil et sépulture (1'44'27 > fin : 1'45'38)- montage cut : Billy dans un pré dont il franchit la clôture, son faucon à la main=> symbolique de la barrière franchie comme une épreuve de la vie à surmonter- après un dernier adieu silencieux, Billy saisit un outil et creuse une tombe pour son oiseau (retour de la mélodie à la flûte traversière) qu'il recouvre de terre délicatement

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