Transcript
Page 1: Asthme : gènes de cellules épithéliales et réponse au traitement

18 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - JANVIER 2008 - N°398

Asthme : gènes de cellules épithéliales

et réponse au traitement

L’asthme est une pathologie inflamma-toire complexe des voies respiratoires. Elle implique plusieurs acteurs de l’im-munité innée, mastocytes et éosinophiles notamment, et s’exprime par une hyper-sensibilité bronchique à divers stimuli tels air froid, métacholine, histamine. Cette réponse inflammatoire est coordonnée par des lymphocytes T auxiliaires de type 2, producteurs d’interleukine : IL-4, IL-5 et IL-13. D’après des travaux récents, ce cortège de cytokines agirait autant pour recruter les éosinophiles et les mastocytes que pour moduler l’activité des cellules musculaires lisses et des cellules épithélia-les bronchiques. L’altération des fonctions épithéliales se traduit en particulier par une activation des réponses immunes innées, la production accrue de mucus et la sécrétion de médiateurs solubles, actifs sur les cellules constituant le tissu mésenchymateux sous-jacent.Le traitement symptomatique de l’asthme s’appuie sur l’usage de corticostéroïdes per voie os ou inhalés. Si l’on sait que les

corticostéroïdes ont une action majeure sur la réduction des phénomènes inflammatoi-res, leur activité sur les cellules épithéliales bronchiques reste élusive. L’étude conduite par John V. Fahy et coll. (Université de Sidney, Australie) s’est intéressée aux altérations de ces cellules épithéliales dans l’asthme. Utilisant une micropuce à ADN, les auteurs ont analysé le profil d’expression global de cellules épi-théliales prélevées par bronchoscopie sur l’arbre respiratoire de patients asth-matiques non traités, de patients asth-matiques sous corticostéroïdes, de sujets fumeurs et non fumeurs : 42 asthmati-ques non-fumeurs, 28 patients contrôle et 16 fumeurs non asthmatiques présentant des signes obstructifs mineurs des voies respiratoires.Les résultats publiés confirment que

7 gènes épithéliaux au moins sont spé-cifiquement surexprimés chez les patients asthmatiques. Trois d’entre eux sont répri-més chez les patients qui répondent cor-rectement aux corticostéroïdes. Le niveau

d’expression élevé de l’un de ces gènes, FKBP51, est associé à une mau-vaise réponse aux cor-ticostéroïdes. Des expé-riences complémentaires confirment que les cellu-les épithéliales sont des cibles importantes de la

réponse inflammatoire qui caractérise l’asthme. L’analyse des gènes régulés lors de l’inflammation, ou en réponse aux traitements, devrait permettre de mieux appréhender la contribution exacte de ces cellules à l’asthme et de définir à terme de nouvelles approches thérapeutiques. ■■

Woodruff P.G. et al., Proc. Nat. Acad. Sci. USA 104(40) (2007) 15858-15863.

7 gènes épithéliaux

sont surexprimés

chez les patients

asthmatiques

Une protection naturelle contre l’ulcère de Buruli

L’ulcère de Buruli est une atteinte cutanée sévère due à Mycobacterium ulcerans, entraî-nant une destruction de la peau et des tissus mous qui génère de larges ulcères localisés le plus surtout aux jambes et aux bras. Les traitements anti-mycobacté-riens sont efficaces à la phase précoce de l’infection. Au-delà, les patients doivent subir une intervention chirurgicale avec greffe de peau. Le nombre de cas diagnostiqués ces dernières années place cette infection en troisième position des mycobactérioses, derrière tuberculose et lèpre. Elle sévit surtout dans les zones intertro-picales humides, notamment en Afrique de l’Ouest. La bactérie n’est pas naturellement présente chez l’homme. Elle serait plutôt hébergée au sein de biofilms,

ou dans les glandes salivaires de certains insectes aquatiques. Bien que le mode de transmis-sion de Mycobacterium ulce-rans à l’homme fasse encore débat, Laurent Marsollier et coll. (Institut Pasteur) ont suggéré en 2002 que cer-tains insectes aquatiques sont à la fois hôte naturel et vec-teur, en trans-mettant la bac-térie à l’homme par piqûre. Ces auteurs avaient précédem-ment noté que des sujets vivant au voisinage d’environnements aquatiques développaient moins fréquemment des ulcères. D’où

l’hypothèse que des piqûres d’insectes non contaminés pour-raient protéger, du moins par-tiellement, contre M. ulcerans.

Reconstituant un écosystème arti-ficiel en utilisant comme vecteurs une punaise aqua-t ique du genre Naucoris, ils ont vérifié leur hypo-thèse en exposant des souris à des piqûres ou à des extraits de glandes salivaires de punai-ses non infectées. De fait, ces souris

ne montrent aucune lésion lors de la piqûre ultérieure d’une punaise contaminée. Les auteurs ayant collecté des sérums humains dans une région

endémique du Bénin pour recher-cher la présence d’anticorps contre des composants des glandes sali-vaires d’insectes d’eau douce ont montré que les sujets exposés, sans avoir développé de lésions, ont un haut titre d’anticorps. Conclusion : la piqûre d’insectes aquatiques non contaminés indui-rait une réponse immune qui pré-viendrait la transmission ultérieure de Mycobacterium ulcerans par insecte vecteur. Cette découverte assez étonnante ouvre la porte à un nouveau mode de prévention de l’ulcère de Buruli. ■■

Marsollier L., Deniaux E., Brodin P., Marot A., Wondje C.M., Saint-Andre J.P., Chauty A., Johnson C., Tekaia F., Yeramian E., Legras P., Carbon-nelle B., Reysset G., Eyangoh S., Milon G., Cole S.T., Aubry J., PLoS Med. 4(2) (2007) e64

La piqûre

d’insectes

aquatiques non

contaminés

induirait

une réponse

immune

préventive

Recommended