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1E PARTIE : GUERRE AÉRIENNE SUR

LE DÉBARQUEMENT Par Guy Julien

Avant-propos :

Quand j’ai commencé à m’intéresser sérieusement aux événements dont il va être question ici, j’avais l’âge des principaux protagonistes. J’ai maintenant celui d’être leur père. Une aussi longue fréquentation induit forcément une dose d’empathie que je revendique.En revanche, je m’excuse par avance pour le caractère extensif que je donne à « ma » Provence qui déborde parfois largement sur le Languedoc et le Dauphiné.

En 1943, la France demeure une nation de « piétons ». Les chevaux ayant été réquisitionnés en Provence comme ailleurs, les bœufs les ont remplacés pour les travaux des champs. Pendant que des laboureurs tracent leurs sillons dans la glaise, d’autres « arpenteurs » à plusieurs kilomètres du sol font de même dans l’azur.

Supermarine Spitfi re Mk.Vc du Lt Williams du 2nd Fighter Squadron, 52nd Fighter Group, basé à Palerme à la fi n de l’été 1943.

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ANVILL’enclume...

Au matin du 8 Novembre 1942, les Alliés débarquent simultanément en Algérie et au Maroc. Trois jours plus tard, la Wehrmacht, mettant en application les dispositions du plan « Anton », franchit la ligne de démarcation, occupant ainsi rapidement la totalité du territoire français métropolitain. Au-delà de l’impératif stratégique de défense de leur fl anc sud désormais exposé, les forces de l’Axe visent par cette action à développer leurs chaînes logistiques pour soutenir l’Afrika Korps et surtout à disposer de bases aériennes et navales leur permettant de menacer directement les voies de communication adverses en Méditerranée occidentale. Si l’on excepte les formations de la Luftwaffe impliquées directement dans l’invasion de la zone sud et les avions des groupements d’instruction qui y seront basés par la suite, la Provence ne constitue guère au cours du premier semestre 1943 qu’une étape pour les appareils en transit. Elle devient également un lieu de villégiature recherchée par les états-majors des unités de combat !L’invasion de la Sicile en juillet 1943, intervenant après la reddition le 13 mai au Cap Bon de la Panzer Armee Afrika, bouleverse toutefois défi nitivement la donne stratégique dans le sud de l’Europe. Cette opération a pour effet de « fracturer » l’Axe, condamnant l’Allemagne à l’isolement et à une posture désormais strictement défensive. C’est donc bien dans le cours des événements qui se déroulent lors de cet été 1943 qu’il faut chercher l’origine des futurs engagements aéronavals dont, pendant près d’un an, le sud de la France et plus largement la Méditerranée occidentale vont être le théâtre.

La Luftwaffe s’engage en effet à cette époque dans une guerre sans merci envers

la navigation alliée.

Conduite au large de l’Afrique du Nord française, celle-ci a va éroder inexorablement son potentiel. Pour autant, le tonnage allié envoyé par le fond, sans être négligeable, demeurera toujours relativement faible. À aucun moment, le gigantesque fl ux d’approvisionnement transitant par voie maritime depuis les États-Unis ou la Grande-Bretagne

ne sera signifi cativement altéré par l’action des bombardiers-torpilleurs. Les raisons qui, dans ces conditions, ont conduit à pérenniser une offensive notoirement improductive, semblent défi er la logique militaire. Parallèlement, les Alliés s’engagent dans un effort soutenu afi n d’éradiquer cette menace. Malgré la supériorité croissante dont ils peuvent se prévaloir tant sur les plans techniques que numériques, ils n’y parviendront pas complètement eux non plus. Toutefois en ce qui les concerne l’objectif est plus large. Il consiste en effet à créer des conditions favorables à un futur débarquement prévu dans le Midi en 1944. Le projet, évoqué en août 1943 lors de la conférence Quadrant tenue à Québec, connaîtra une très longue gestation et manquera plusieurs fois d’être remis en cause. Au tournant de la nouvelle année, on fi nit malgré tout par lui attribuer un nom de code : « Anvil » (enclume). Celui-ci n’a pas été choisi au hasard car cette enclume est celle sur laquelle grâce l’opération (Sledge) Hammer (le marteau) prévue pour être

déclenchée simultanément en Normandie doit briser la Wehrmacht !

Un été 1943

L’invasion de la Sicile constitue la première opération de débarquement importante entreprise par les Alliés sur le front sud européen. Entamée dans la nuit du 9 au 10 Juillet 1943, l’opération « Husky » donne lieu pendant la première semaine où

elle se développe à d’intenses affrontements terrestres et aériens. Cependant la supériorité

matérielle des Alliés emporte rapidement la décision. Dès la prise de Catane par la VIIe Armée du général Patton, intervenue le 18 juillet, l’aviation de l’Axe ne se manifeste plus que de façon sporadique dans les combats qui vont néanmoins se poursuivre au sol pendant encore un mois.Cependant, les forces allemandes parviennent à se désengager massivement dans la dernière semaine de juillet. Cette évacuation réussie, entreprise par le détroit de Messine avec des moyens aériens et navals, aura des conséquences

LA MÉDITERRANÉE ET LA PROVENCE

EN PROVENCE

L’Air Chief Marshall Arthur Tedder (à

droite) qui, en 1943, commande l’ensemble

des forces aériennes alliées en Méditerranée

(MAC), serre la main du Lieutenant General Karl

A. Spaatz en charge de sa composante la plus importante : la North

West African Air Force (NAAF).

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importantes pour la suite des opérations en Italie.La situation politique de la péninsule connaît alors des profonds bouleversements. Dès le 25 juillet, Mussolini a été arrêté et emprisonné. Le roi Victor Emmanuel a appelé le Maréchal Pietro Badoglio à former un nouveau gouvernement.L‘alliance avec l’Allemagne n’est pas remise en cause et offi ciellement, l’Italie poursuit la lutte. En réalité, Badoglio s’attache désormais à rechercher une issue honorable avec les Alliés.Hitler, et avec lui l’état-major allemand, ne sont pas dupes de ce double jeu.Dès le début août, la Luftwaffe commence à déployer dans le midi de la France des centaines d’avions de transports et de planeurs. En quelques semaines, l’aviation allemande concentre sur les terrains de la basse vallée du Rhône l’essentiel des moyens dont elle peut encore disposer.

Aux vétérans des Transportgeschwadern stationnés en Méditerranée, décimés par les combats du Proche-Orient et les retraites d’Afrique du Nord puis de Sicile, se sont joints des équipages venus de l’Est, survivants des batailles de Stalingrad et de Koursk. Les écoles de formation, mises à contribution, ont fourni le surplus d’hommes et de matériel.

Leur rôle initial consiste à acheminer vers l’Italie du ravitaillement et des renforts pour le front de Sicile.Cependant, malgré le retrait allemand de l’île, les Junkers vont poursuivre leurs rotations. Ils conduisent ainsi à la mi-août jusqu’à cent sorties quotidiennes vers la péninsule.En fait, anticipant un retournement d’alliance, les forces allemandes renforcent résolument leur

présence en Italie au moyen de ce pont aérien qui va permettre en particulier d’amener à pied d’œuvre deux divisions de renforts.Le 17 août 1943, les véhicules de la 3rd US Infantry Division américaine investissent les faubourgs de Palerme, mettant un terme aux combats en Sicile.À cette date, près de 600 avions de transports rassemblés principalement au sein des TG 4 et TG 5, sont stationnés sur les terrains de la basse vallée du Rhône qui sont encombrés d’appareils de toutes sortes.

importantes pour la suite des opérations en Italie. Aux vétérans des Transportgeschwadern stationnés

Début 1943 à Comiso (Sicile), des Junkers Ju 52 de la Luftwaffe se démènent pour soutenir le front de Tunisie. Quelques mois plus tard, la Sicile elle-même est menacée et les Junkers sont de nouveau appelés à la rescousse. À l’arrière-plan, un trimoteur torpilleur italien Savoia-Marchetti SM.79 Sparviero. (Via Belaga)

Supermarine Spitfi re Mk.Vc du 5th Fighter Squadron « Spitten Kitten », 52nd Fighter Group ; Corse, fi n 1943.

Supermarine Spitfi re Mk.Vc piloté par le Lt. Richard Alexander du 2nd Fighter Squadron du 52nd Fighter Group basé en Italie durant l’été 1943.

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stoppée au nord de Naples par la Wehrmacht, habilement retranchée derrière les fortifi cations de la ligne Gustav. Protégée tant par un relief tourmenté que par des conditions météo déplorables, ses positions semblent inexpugnables. Il paraît donc acquis pour les stratèges de l’OKW que le front demeurera fi gé jusqu’au printemps.

Prenant le contrepied, le commandement allié décide au contraire de passer à l’offensive. Dans l’optique d’un futur débarquement programmé pour le printemps 1944 dans le sud de la France, il décide d’organiser sur les arrières de l’ennemi une audacieuse opération amphibie dont l’objectif est de déborder ses défenses. Cette manœuvre se voit attribuer le nom de code de « Shingle ». Dans le même temps, des troupes débarquées à Anzio doivent envelopper les forces du Feldmarschall Albert Kesselring et, après les avoir réduites, s’emparer rapidement de Rome et conclure ainsi la campagne avant le mois de mai.Il paraît essentiel pour la réussite de ce projet de s’assurer la maîtrise aussi complète que possible de l’espace aérien. Dans le cadre de l’opération « Shingle » un rôle majeur est donc dévolu aux formations tactiques des MAAF (Mediterranean Allied Air Forces), nouvellement mises sur pied en remplacement des NAAF. Les bombardiers lourds de la 15th AAF ne doivent assurer à l’origine que des missions ponctuelles.Le 22 Janvier 1944, le contingent anglo-américain du General Lucas débarque simultanément à Anzio et à Nettuno à mi-chemin entre la ligne de front et Rome, dans le dos des forces allemandes.L’opération, en elle-même, est une réussite. Les

troupes alliées, puissamment soutenues par l’aviation et la marine, obtiennent un effet de surprise total.Toutefois, au lieu d’exploiter leur réussite initiale, elles vont prendre beaucoup de temps à consolider leurs positions avant de se lancer à la conquête des terres. Ces retards permettent aux Allemands de se ressaisir. Les troupes de Lucas se trouvent alors aux prises avec la XIV. Armee allemande rameutée sur les lieux après avoir stoppé dans les Apennins l’offensive du General Clark. Elles se trouvent également en butte à d’incessantes attaques aériennes. La Luftwaffe, profi tant des mauvaises conditions météo qui gênent les forces adverses, peut donc un temps affi rmer sa suprématie au-dessus de la tête de pont.Dès le 27 janvier 1944, le brillant mouvement en tenaille menace de se transformer en une sanglante expédition. Le haut commandement allié décide donc (une nouvelle fois) d’écraser sous une pluie de bombes les aérodromes du sud de la France abritant les escadrilles de bombardiers Ju 88, Do 217, He 111 et He 177, ces derniers constituant un danger redoutable tant pour les troupes débarquées que pour la fl otte de soutien. Leur neutralisation devient la priorité de l’Army Air Force, temporairement incapable de s’imposer au-dessus des plages.Ces installations vont, pour la seconde fois en moins d’une semaine, subir les assauts des bombardiers lourds. À quelques heures du déclenchement de « Shingle », l’aviation américaine avait en effet reçu pour mission d’attaquer préventivement les aérodromes de Salon et d’Istres.

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Les rigueurs de l’hiver italien, y compris dans la

partie sud de la péninsule où la 15th AAF a établi

ses bases, n’avaient sans doute guère été

envisagées par les Alliés. D’où des conditions de

vie et de vol délicates pour les équipages de bombardiers lourds.

Ce B-24D du 450th BG « The Cottontails » est ici photographié au roulage

dans une zone inondée de sa base de Manduria.

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À cette fi n, les Forteresses Volantes du 5th Bomb Wing, lourdement chargées, s’envolent, le 21 janvier 1944 au petit matin, de leurs bases de la région de Foggia. Le 97th BG et le 301st BG opérant depuis les terrains d’Almendola et de Cerignola, engagent quatre-vingts de leurs B-17 dans cette opération. L’escorte est constituée par les P-38 des 1st FG et 14th FG. La jonction avec les « Heavies » s’effectue au large de la Corse. Bien que les intrus aient été repérés depuis longtemps par ses radars, le Jagdführer Südfrankreich doute encore de l’objectif visé et hésite sur la marche à suivre. Une partie des chasseurs disponibles a d’ores et déjà pris l’air pour tenter d’intercepter un groupe d’appareils non identifi és qui survolent la côte varoise. Il n’en dispose donc plus que d’une vingtaine en alerte à Avignon et Orange pour s’opposer à la centaine d’appareils ennemis qui se présente. Le raid volant plein nord n’infl échit pas sa course. À 11h15, il aborde le continent. Sur le terrain d’Avignon, l’alerte retentit.Le point initial étant atteint, le 97th BG et ses escorteurs du 14th FG virent cap à l’ouest en direction d’Istres. Une minute plus tard, c’est au tour du 301st entraînant dans son sillage le 1st FG de s’engager sur son « bomb run » en direction de Salon. Les deux formations évoluent alors à une altitude de 20.000 pieds, à quelques kilomètres l’une de l’autre.Soudain, quelques Messerschmitt et Focke-Wulf surprennent l’avant garde du 301st BG. Ils effectuent une attaque frontale en piqué suivie d’une attaque classique évasive en S.Le Boeing S/N 42-30472, piloté par le 2nd Lieutenant

Ryan et qui vient juste de prendre le nouveau cap de bombardement, est immédiatement touché. Ryan coupe le moteur intérieur droit sur lequel un incendie s’est déclaré et met l’hélice en drapeau. L’incendie est fi nalement maîtrisé mais la forteresse endommagée se traîne désormais à l’arrière de la formation à quelques centaines de pieds en dessous d’elle.Le 94th FS, surpris par la violence de l’attaque, réagit vivement et engage aussitôt un ennemi très agressif qui bénéfi cie alors d’un double avantage, tactique et numérique. L’intervention des P-38 du 27th FS a pour effet de ramener l’équilibre et le pays d’Aix devient alors le théâtre d’un furieux

Le 21 janvier 1944, en préalable au

déclenchement de l’opération « Shingle »,

les B-17 des 97th et 301st BG frappent les bases d’Istres et de Salon à

partir desquelles opèrent les bombardiers de la 2. Fliegerdivision. Ces

derniers constituent une lourde menace pour la

fl otte de débarquement qui se prépare à aborder

les plages d’Anzio et de Nettuno.

Le JGr. Süd réagit en faisant décoller ses

maigres forces ; ici le Bf 109 G-2 « 1 rouge » basé

à Salon.

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malmenés. L’action du 310th BG qui se focalisera ensuite sur les côtes Italiennes, se porte dans un premier temps principalement sur celles du sud de la France.

Le 13 Janvier, six appareils du 428th BS escortés par des Spitfi re du 52nd FG réalisent ainsi une patrouille de combat sur un axe Marseille – Gênes. C’est la première sortie opérationnelle effectuée par l’unité depuis un peu plus de deux mois et la 150e depuis son entrée en guerre. Un navire marchand de 3 000 tonnes est aperçu mais les mauvaises conditions de visibilité ne permettent pas de l’attaquer. Le lendemain, c’est donc au 380th BS qu’il revient de tirer contre ce même objectif les premières cartouches de

cette campagne aéronavale. À 15h32, malgré une couverture nuageuse de 7/10e, six B-25C emmenés par le Major James J. Dent Jr. attaquent la cible identifi ée comme un petit pétrolier navigant cap à l’est au large d’Agay sous la protection d’un escorteur. À peine gêné par les tirs sporadiques de la DCA, chaque appareil procède au largage de ses bombes après un mitraillage en règle. Les hommes du 310th BG dont les bimoteurs sont, à l’issue de leur passe, immédiatement happés dans la couche de cumulus, n’observent aucun résultat probant. Cependant, les pilotes du 52nd FG qui leur servent d’escorte attesteront de l’effi cacité des bombardiers qui laissent selon leurs témoignages le tanker désemparé et en feu… Le 17, les mêmes, moins l’équipage du Captain William J. Schneider retenu au sol, décollent à 13h45 pour une mission de recherche a priori le long des côtes françaises. Avec une mer vide de tout trafi c, le Major Dent décide de s’en prendre à un objectif côtier. Il s’agit en l’occurrence de la station radar de Porquerolles qui est bombardée sans succès apparent.Le 20 janvier six B-25 du 428th BS s’en prennent de nouveau à un vraquier de 2000 tonneaux navigant de Marseille en direction de Nice. Une défense vigoureuse de l’unique escorteur déployé par la Kriegsmarine prive semble-t-il l’attaque de toute effi cacité.Le lendemain, c’est un « 10.000 tonnes » empruntant le même axe qui est signalé par un Marauder du N° 14 Squadron. Le 63th Fighter Wing organise aussitôt la riposte. Six B-25C escortés par huit Spitfi re du 52nd FG décollent bientôt à la recherche du bâtiment ennemi. Le contact est établi en début d’après-midi au large d’Hyères. Les trois Mitchell de tête aussitôt lancés sur leur « bomb run » sont coiffés par quatre chasseurs allemands.

Toujours à Ghisonaccia-Gare, des équipages de B-25 se rassemblent à l’issue d’une mission de combat.

L’épave d’un navire de guerre Italien survolée par des Micthell du 310th BG dans les environs de Livourne.

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Lockheed P-38G-10 n° 42-13480, baptisé « Billie do » piloté par le Lt Donald D. Kienholz

du 94th Fighter Squadron, 1st Fighter Group. Italie, janvier 1944.

Lockheed P-38G-15 « Pat II » du Colonel Oliver B. Taylor, commandant du 14th Fighter Group.

Basé à Triolo en janvier 1944.

Lockheed P-38J-15 n° 42-104107 « Jew Boy » piloté par le Lt Philip M. Goldstein du 49th Fighter Squadron/14th Fighter Group ; Triolo, mai 1944.

Lockheed P-38J-15 n° 43-28252 piloté par le Lt Franklin C. Lathrope du 94th Fighter Squadron/1st Fighter Group ; Italie, mai 1944.

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Le tonneau des DanaïdesLe 10 février 1944, le General Fink reçoit un nouveau commandement, en l’occurrence celui de la Luftwaffe en Grèce. Il est remplacé à la tête de la 2. Fliegerdivision par le General Hans Korte, un offi cier parachutiste !

À cette époque, la situation des moyens de lutte aéronavale dont il dispose est tout sauf satisfaisante. Le III./KG 26, qui alignait 25 équipages à la Noël 1943, en perd près de la moitié aux cours des semaines qui suivent pour seulement deux coups au but marqués sur un cargo et un destroyer. Le I./KG 26 qui alignait quarante He 111 et au moins d’autant d’équipages aguerris en août 1943, a vu ses effectifs fondre jusqu’à atteindre à la fi n de l’hiver à peine plus d’une douzaine d’appareils, malgré les renforts reçus au cours de la même période.Enfi n, entre le 11 novembre 1943 et le 23 janvier 1944, les deux Gruppen perdent au combat 50 % de leurs cadres soit un Gruppenkommandeur (le Hauptmann Helmut von Rabenau) et trois Staffelkäpitane.

En tout état de cause les équipages néophytes arrivant alors en unité de combat n’ont plus la qualité d’antan. Des mitrailleurs porteurs de lunettes de vue sont désormais couramment sélectionnés tandis que les élèves pilotes, de leur côté, voient leur formation initiale être réduite à huit semaines. Ils sont lâchés le plus souvent après seulement dix vols en double commande au lieu des cinquante qui constituaient précédemment la norme. La spécialisation sur multi-moteurs elle-même est réduite de façon drastique.C’est donc avec moins d’avions et surtout moins d’équipages expérimentés mais désormais avec les coudées franches que Klümper en revient dès le mois de mars 1944 à ses tactiques favorites privilégiant une concentration, désormais très

Une des dernières inspections de Johannes Fink avant son départ. La photo a probablement été prise à Salon. (Coll Coulomb)

Boeing B-17F-50-BO n° 42-5346 « THE RELUCTANT DRAGON » du 414th Bomber Squadron/97th Bomber Group ; Tunisie, début octobre 1943.

Boeing B-17F-50-BO n° 42-5350 « Skinhead/Nosey » du 32nd Bomber Squadron/301st Bomber Group, basé à Oudna en septembre 1943.

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même qu’il tente de regagner son terrain de Saint Martin de Crau. Il n’y a aucun survivant au sein de l’équipage de l’Oberleutnant Hans Ebersbach. Ce dernier, récipiendaire de la Ritterkreuz et de la Deutsches Kreuz im Gold, était un Staffelkapitän très expérimenté. Avec la perte de son homologue de la 8./KG 77, l’Oberleutnant Helmut Prager, survenue lors l’attaque précédente, il ne fait plus de doute que dans cette guerre d’usure, novices ou vétérans sont également frappés. Le taux de pertes enregistré le 31 mai s’élève à 20 % de l’effectif engagé! Or dans les semaines qui vont suivre et malgré l’arrivée en renfort du II./KG 26 basé à Valence, tout va empirer avec le débarquement de Normandie.

Pour les équipages de la KG 26 (le I./KG 77 devenant au cours de l’été 1944 le I./KG 26), le quotidien va consister en des décollages à la nuit tombante, réalisés depuis les terrains du sud de la France. Le vol à basse altitude qui s’ensuit

est ponctué par un arrêt sur un terrain proche du théâtre des opérations, Saumur ou Cognac, parfois les deux, pour refaire les pleins et être armés de bombes, de torpilles ou de mines. Enfi n parés, les Ju 88 passent à l’attaque de la tête de pont ou de la fl otte d’invasion avant de rejoindre la Méditerranée au lever du jour. Bien entendu tous ne rentrent pas... Les pertes sont lourdes et les résultats peu signifi catifs. Pour autant, les torpilleurs ne délaissent pas complètement les convois « algériens ».C’est ainsi que le 12 juillet, lors de l’attaque du convoi UGS 46, seul le cargo américain Toltec est endommagé… par les obus tirés d’un destroyer de l’escorte. Quatre Junkers sont perdus lors de cette mission !Dès le mois de mai 1944, les terrains de la 2. Fliegerdivision sont de nouveau les cibles des bombardiers de la 15th AAF qui vont s’engager dans une action d’une ampleur jusque-là inégalée.

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même qu’il tente de regagner son terrain de Saint est ponctué par un arrêt sur un terrain proche

Boeing B-17F-75-BO n° 42-29907 « Rhomar II » du 49th Bomber Squadron/2nd Bomber Group ; Massicault, Tunisie,

septembre 1943.

Boeing B-17F-50-DL n° 42-3343 « Slick CHICK » du 32nd Bomber Squadron/301st Bomber group basé à

Lucera, Italie, en janvier 1944.

Heinkel He 177 A-3 « F8+FH » de la 1./KG 40, basé à Bordeaux-Mérignac à l’automne 1943.

Junkers Ju 88 C-6 du Stab 3./ZG 1 au début

de 1944 et opérant sur la Méditerranée.