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Comité éditorial - Master 2 TEF - Année 2009-2010

Emmanuel ARMAND

Professeur d’anglais

Anne-Sophie BENNETOT

Consultante stratégie web 2.0 et conduite du changement

Assaba BRUCE

assistante chargé de mission renfort RSA- Conseil général d'Ille et Vilaine

Luciana CANUTI

Ingénieur pédagogique- CIRM Rennes 1

Sophie DODEMAN

Chargée de mission TIC - Ville de Rennes

Sylvie GASTINEAU

Déléguée pédagogique - Edition scolaire

Marie GUILLO

Assistante chargé de mission TIC - Conseil général des Côtes-d’Armor – Mission FTLV

Maïwenn LE BELLER

Assistante chargée de mission e-éducation - MIMUM - Conseil Régional de Bretagne

Sara MAMMAD

Animatrice et formatrice aux usages des TIC dans les milieux sociaux.

Fanny SAINT-GEORGES

Assistante chargée de mission e-inclusion - Conseil Régional de Bretagne

Caroline THOUVENOT

Attachée de recherches au département LUSSI - Brest

Directrice de publication : Sophie Dodeman

Attachée de rédaction : Assaba Bruce

Mise en pages : Sylvie Gastineau

Université de Rennes 2 - Haute Bretagne

UFR Sciences Humaines

Campus de Villejean

Place du Recteur Henri Le Moal - CS 24307

35043 Rennes Cedex

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La ville numérique

La Caravane des quartiers

de la ville de Rennes

Evaluation et analyse

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sommaire

Préface

Introduction

Portrait de la Caravane des Quartiers

En bref...

La petite histoire de la caravane

Constat après 4 ans...

Les dispositifs technologiques à Maurepas

Méthodologie

Questionnaires et observations

Traitement des résultats

Une méthode collaborative

focus-recherche

Introduction

La démocratie participative

La démocratie participative et ville 2.0

Médiation/médiatisation

Handicap

Phénomène de socialisation

Recommandations

conclusion/prologue

Bibliographie

Annexesso

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préface

Lorsque la mission "Technologies de l'Information et de la Communi-

cation" de la Ville de Rennes a été saisie par Yves Préault, adjoint au Maire,

pour accompagner l'organisation de la caravane de quartiers de Maurepas,

nous étions avec Sophie Dodeman, (alors stagiaire à la ville et étudiante en

Master 2 USETIC-TEF à Rennes 2), au sortir d'un projet réalisé avec les Trans-

musicales, avec devant nous un certain nombre de projets d'expérimentations

d'usages programmés pour le mois de septembre 2010.

Nous avons proposé de faire de cet événement une sorte de laboratoire hors

les murs en y installant des dispositifs innovants autour d'un certain nombre

de fondamentaux :

- expérimenter des interfaces naturelles, sans clavier ni souris, pour élargir les

publics

- orienter la totalité des contenus et services autour de la notion de proximité

- rassembler et mélanger les contenus de la collectivité et ceux des habitants

- capitaliser sur les ateliers, travaux, projets déjà réalisés en amont et consti-

tuant une matière première numérisable et transformable

- étudier sur place les usages des dispositifs pour en tirer des préconisations

Ceci nous a conduit à mener de front tous les projets avec une date limite très

proche : en moins de six semaines il fallait aboutir non à des concepts, mais à

des outils prototypés et opérationnels sur place.La préparation de ces disposi-

tifs a nécessité une liaison permanente avec les artisans de la caravane : di-

rection et élu de quartier, service "information et innovation numérique" de la

collectivité, animateurs d'ateliers avec les habitants, archives municipales et

musée de Bretagne, techniciens… Plus de 1000 objets multimédias ont été

rassemblés, parfois re-numérisés, rien que pour le Citywall. Le prototype d'ur-

banisme immersif développé pour partager et faire réagir sur le projet urbain a

littéralement été inventé et réalisé à grande vitesse en associant les aména-

geurs, les services techniques, les urbanistes de la ville et des spécialistes du

3D en ligne. Le système de pilotage par manette de console wii a été adapté

de développements alternatifs trouvés sur le web. Le totem tactile intégrait pour

la première fois des billets blogués en temps réel par des journalistes de la col-pr

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ac

ep

réfa

ce

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6

lectivité… Quand au "mucho wall", sa présence était exceptionnelle et

n'a été possible que grâce au volontarisme de ses protagonistes,

contactés par mail et séduits par la dynamique rennaise.

Lors du montage final, nous ne savions pas si les habitants seraient

intéressés par ces dispositifs, quel serait leur degré d'usabilité, et s'ils

fonctionneraient de manière autonome ou nécessiteraient une média-

tion. Un des objectifs était en effet de pouvoir toucher des publics non

familiers des outils numériques.

Tout ce travail aurait été perdu sans le soutien de Pascal Plantard, de

Jacques-François Marchandise, et des Master 2 USETIC-TEF qui ont

décidés de relever le pari de l'analyse et de l'évaluation. Une évaluation

qui permet de déceler impasses et chemins prometteurs en dépassant

le champ de la technique pour réfléchir sur le fond : sur le terrain, dans

le quartier, quelles sont les usages et pratiques des habitants ? Peut-

on vulgariser un projet urbain avec le plus grand nombre, relayer les

questions efficacement et y répondre ? Est-il possible de capitaliser

sur les ressources du territoire pour développer des actions et média-

tions numériques hors des écrans d'ordinateurs ? Va-t-on démocratiser

l'accès aux informations et services avec du mobilier urbain de nouvelle

génération ? Ces mediums peuvent-ils créer du lien en proximité ?

Comment organiser des temps de croisement entre individus, collectifs,

associations et institutions en proximité ?

A l'aune du travail effectué par les protagonistes de la caravane et par

le cursus USETIC-TEF, je suis certain que le lecteur trouvera ici une

analyse exclusive réalisée de manière agile et originale, sur une opé-

ration de la ville de Rennes qui ne l'est pas moins.

Ce travail, libre et neutre parce que réalisé par des universitaires, est

ici reversé au bénéfice de tous.

Merci aux auteurs !

Hugues AUBIN

Chargé de mission TIC à la ville de Rennes

Service Aménagement et Usages du Numérique

à Rennes métropole

La caravane des quartiers - 2010 - préface

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introductionLa Caravane des quartiers,

des hauts et débats !La caravane des quartiers, une manifestation populaire où la participa-

tion est plurielle et qui invite habitants, élus et associations à se retrouver

et parfois même à échanger. Voici justement, au détour de discussions

sur le site, quelques réflexions recueillies auprès de participants, et de

visiteurs : «La Caravane des quartiers a déjà eu lieu les autres années

mais ça ne marchait pas», «le dispositif bat de l’aile», «c’est une autre

manière d’échanger», «c’est un lieu ouvert», «ce n’est pas souvent

que les habitants et les élus ont l’occasion d’échanger» ; «c’est un

moment enrichissant même si le lieu n’est pas bien choisi» ; «c’est

une invitation à se rencontrer, il faut arriver à faire naître du vivre en-

semble», «qui d’autres que les habitants peuvent le mieux statuer des

besoins du quartier?» . Beaucoup d’interrogations qui révèlent des ap-

préciations différentes chez les élus et chez les habitants, une volonté de

mieux définir cet évènement et de lui donner une identité et une fonction

utile.

Suite à la commande du Directeur Général de la Communication de la Ville

de Rennes, nous avons été associés à cet évènement. Nous avons fait le

choix d’élaborer un dossier collectif en partant du principe que notre projet

était né d’une initiative et d’une démarche venant de l’ensemble des étu-

diants de Master 2 TEF.

Notre projet s’appuie sur une manifestation citoyenne : la Caravane de

quartiers de Maurepas. Il faut savoir que cet évènement a eu lieu plusieurs

fois, dans différents quartiers de Rennes notamment les quartiers de Longs-

Champs, Cleunay, Charles de Gaulle (Centre), Maurepas (lieu de notre ob-

servation) et actuellement à Saint Martin.

Le site de la Caravane des quartiers de Maurepas a innové cependant : il

a initié une expérimentation, celle d’intégrer des dispositifs technologiques

à la démarche première de cette manifestation, qui est de présenter les pro-

jets d’urbanisme aux habitants.

Nous avons été chargés d’effectuer une évaluation de ces dispositifs mul-

timédias et de repérer les usages auprès des habitants. Nous avons fait le

choix d’aller au-delà de la commande. La difficulté était liée à une mécon-

naissance du contexte de l’ensemble de la promotion et à un manque dein

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du

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La caravane des quartiers - 2010 - introduction

précisions de la commande. Nous avons décidé de prendre le temps

de rentrer dans une phase de réflexion commune afin de savoir com-

ment aborder cette évaluation.

Comment répondre à une commande institutionnelle et satisfaire les

impératifs de notre formation universitaire ? Il nous importait de faire

le lien entre les deux. Nous avons donc élaboré une stratégie de pro-

duction en vue d’optimiser notre travail à la fois dans le cadre de notre

formation et dans le cadre de cette commande institutionnelle.

Cela a donné lieu à une véritable expertise qui nous a conduit bien au-

delà de la commande initiale. Pour ce faire nous avons mis en oeuvre

un travail collaboratif.

Nous avons également dû composer avec l’éloignement et la

contrainte temps de chacun, notre promotion étant constituée d’étu-

diants en stage répartis sur des lieux différents et éloignés géographi-

quement.

C’est à partir de ces premiers constats que nous avons commencé à

élaborer une stratégie originale d’organisation méthodologique de

notre travail. Elle est le point phare de notre dossier et sera déclinée

dans la partie «méthodologie».

Nous avons mis en place un plan d’action, une stratégie d’approche

qui nous a mené d’un état des lieux - avec un portrait de la Caravane

des quartiers - à un bilan contrasté sur l’expérimentation à Maurepas.

Nous avons développé notre méthodologie sur le terrain : les résultats

statistiques, la production collaborative.

Nous avons fait le lien avec notre formation universitaire, joué là en-

core la carte de l’originalité, de la créativité, en proposant à nos ensei-

gnants une série de focus-recherches qui nous permettait d’apporter

une réponse de chercheur à des problématiques croisées. Plusieurs

thèmes sont ressortiss : démocratie participative et ville 2.0, médiation/

médiatisation, accessibilité et handicap, phénomène de socialisation.

Ces articles scientifiques ont donné lieu à des préco-

nisations. Notre analyse et une série de recomman-

dations viennent clore notre travail.

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ux Portrait de

la Caravane des quartiers

En bref...

La caravane des quartiers est une manifestation itinérante qui a lieu sur 3

jours à la fréquence de 2 à 3 fois par an dans chaque quartier de Rennes.

Elle a déjà posé son chapiteau aux Longs-Champs, à Cleunay, dans le centre

ville et à Maurepas. Cette manifestation citoyenne vise à présenter aux ha-

bitants des projets d’urbanisme. C’est un espace qui s’emploie à être facili-

tateur de rencontres et d’échanges entre habitants d'un même quartier et

élus de l'équipe municipale. Cette manifestation est également l'occasion

pour les habitants de découvrir les projets à venir dans leur quartier, de par-

ticiper au débat, de s'exprimer sur les enjeux de proximité.

Les objectifs, le message

La caravane des quartiers doit répondre à quatre objectifs :

1/ Une démarche descendante, donner une double visibilité politique d’une

part au maire et aux adjoints et d’autre part aux projets du quartier et de la

ville / métropole.

2/ Une démarche remontante, permettre de réfléchir avec les habitants

sur les enjeux et projets urbains sur une double dimension territoriale : d’une

part le quartier et d’autre part la ville / agglomération.

3/ Aller à la rencontre des habitants : Cette caravane des quartiers doit

permettre de toucher de nombreux publics, des publics qui ne sont pas tou-

chés habituellement par nos manifestations institutionnelles. Il convient d'évi-

ter l'entre-soi mais d'ouvrir et d'adapter notre démarche.

4/ Travailler sur la forme : donner l’image d’une équipe nouvelle qui construit

les conditions d'un réel débat participatif dans un esprit festif.

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Le public visé

En étant présent ponctuellement au cœur de chaque quartier sur

une courte période, l'idée est de pouvoir toucher un public plus large

que les personnes que l'on trouve habituellement dans les conseils de

quartier ou autres instances de participation ; c'est-à-dire des per-

sonnes qui peuvent être intéressées par les principes de citoyenneté

et de démocratie de proximité mais qui ne souhaitent pas spéciale-

ment s'investir à moyen ou long terme sur des projets précis. Cette

manifestation doit donc permettre de toucher des personnes qui n'ap-

partiennent pas à des réseaux particuliers.

Ce projet de Caravane faisait partie du programme 2007 de campagne

de Daniel Delaveau, actuel maire de Rennes.

La petite histoire de la Caravane

La caravane a posé son chapiteau pour la toute 1ère

fois le 12 au 14 Mars 2009 aux Longs Champs.

Le 1er bilan réalisé par les élus pointa le manque d’at-

tractivité populaire. Bruno Chavanat, chef de file de l’op-

position marqua sa déception par rapport à la

conception de la Caravane et à l’investissement des ac-

teurs locaux. La communication montrait ses limites et

l’évènement nécessitait une dimension plus festive pour

attirer le public, par exemple une soirée musicale afin de mobiliser les

gens à se rencontrer. De plus, il se posa la question de réinvestir la

somme importante de 50 000 € par la suite. Il évoqua une éventuelle

consultation des habitants du quartier afin d’améliorer cette première

étape.

Nathalie Appéré, adjointe au maire, insista sur le fait de mobiliser ac-

tivement des structures associatives, des directions de quartier. Elle

proposa de réduire les temps d’échange en installant des espaces

d’expositions.

Caroline Ollivro conseilla d’associer la manifestation à un autre évé-

nementiel connu dans le quartier. Tous les élus de quartier devraient

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La Caravane des quartiers 2010 - Etat des lieux

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La Caravane des quartiers 2010 - Etat des lieux

être présents et pas seulement l’élu de quartier.

L’association des résidents du Foy constata le choix du lieu de cette

1ère caravane : elle était cachée donc difficilement accessible. Elle re-

leva également un manque de préparation en amont et pas de cou-

verture médiatique (Canal B et TV Rennes).

Elle continua sa route vers Cleunay du 11 au

13 juin 2009.

Cette caravane s’organisait à l’image d’un immense

salon où les gens se retrouvent autour des exposi-

tions des projets du quartier. Elle mettait en avant 3

journées de rencontre avec les élus. Elle servait de

temps fort avec le maire mais n’apportait pas d’amé-

liorations flagrantes dans la relation avec les habi-

tants et les structures associatives. Sa spécificité

tournait aussi autour de la jeunesse de Cleunay et la direction de quartier

voulait montrer qu’il était important de mettre en place une structure pour

les jeunes. Cette 2e étape a également connu une faible fréquentation

malgré un gros budget publicitaire. La localisation de la Caravane ne

permettait pas aux habitants d’Arsenal-Redon de se sentir concernés

par cet évènement. Autre reproche évoqué : les élus firent rares…

Elle se posa dans le quartier Centre du 12 au

14 Novembre 2009.

D’après Didier Le bougeant, élu de quartier à la ville

de Rennes, cette étape était un lieu de débat, une

agora publique qui avait pour volonté de sortir des

cadres traditionnels des conseils de quartier.

Cependant, la caravane de quartier ne fut pas à la

hauteur des annonces et des promesses. Le public

n’était pas présent au rendez-vous : 150 personnes (dont un gros tiers

d’institutionnels) pour la soirée de lancement. Le résultat fut modeste

au regard de la publicité déployée. Samedi matin, il y eu si peu de

monde au rendez vous des élus que ces derniers n’eurent d’autre so-

lution que de parler entre eux.

Page 13: Caravane version finale

Elle reprit à Maurepas du 17 au 20 Mars 2010.

Cette étape se voulait attractive et innovante en

mettant en place un éventail de dispositifs multi-

médias.

Yves Préault, élu de quartier Nord-Est fut relative-

ment satisfait de cette 4e caravane qui sembla

plus cadrée, plus thématique. Elle rassembla « un

public varié et intergénérationnel ». Il évoqua l’in-

teractivité des dispositifs technologiques qui permirent de faire du lien

entre les habitants. Cependant, le public fut nombreux seulement ven-

dredi soir et samedi matin. L'affluence à la Caravane serait donc pos-

sible, pour peu que les structures du quartier mobilisent les habitants

au préalable. Surtout lorsqu'une étape importante de la concertation

a lieu au même moment.

Elle se trouve actuellement au canal Saint-Martin du 10 au 12

Juin...

Un constat

Nous avons donc cherché à en savoir plus...

C'est le compte-rendu de Séance du Conseil Municipal du 30 mars

2009 portant sur la "Question orale du Groupe URC concernant la ca-

ravane des quartiers" qui nous a éclairés sur la situation. On y trouve,

en effet, une critique assez virulente sur l'intérêt et l'utilité de la Cara-

vane.

"Malgré une abondante publicité, notamment une couverture en Une

du "Rennais", malgré un budget extrêmement élevé, la caravane des

quartiers organisée dans le quartier Beaulieu -Jeanne d'Arc - Longs

Champs, s'est soldée par une fréquentation particulièrement maigre."

"Dans un contexte de crise et de difficultés financières pour bien des

familles, […], on doit naturellement s'interroger sur le gâchis que re-

présentent de tels moyens investis dans une opération de communi-

cation au regard du résultat obtenu.

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La Caravane des quartiers 2010 - Etat des lieux

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La Caravane des quartiers 2010 - Etat des lieux

S'agissant des acteurs économiques et institutionnels, on ne peut que

constater que le temps de rencontre qui leur était en principe destiné

n'a, précisément, rencontré aucun succès. Mais là encore, que vou-

lait-on leur dire qui les intéressent vraiment ? A quelles décisions en-

tendait-on les associer ? A l'évidence beaucoup d'entre eux ne l'ont

pas compris. Nous non plus d'ailleurs...

Sans doute quelques enfants sont-ils venus en réponse à l'invitation

faites à leurs écoles. Mais était-ce le but essentiel de l'opération, sa-

chant qu'il existe d'autres moyens plus festifs et plus

simples de faire se rencontrer la Ville et l'école.

Enfin et surtout, peu d'habitants se sont sentis

concernés par cette tournée du Maire dans ses

quartiers, qui ne présentait ni l'attrait de la fête, ni

l'intérêt d'une véritable association des habitants à

des décisions concernant précisément leurs quar-

tiers. En définitive, c'est bien le problème majeur

que révèle l'échec de cette opération.

Les habitants des quartiers comprendraient sans doute que l'on déploie

des moyens importants pour les associer vraiment aux décisions qui

les concernent. Mais ils comprennent moins qu'on plante un chapiteau

pendant trois jours pour simplement organiser une visite d'information

du maire ou des élus.

Suite à cette séance, un autre constat a été exprimé en séance du

Conseil Municipal du 6 juillet 2009 concernant le bilan de la deuxième

Caravane des quartiers.

Le constat que l'on peut faire de la deuxième caravane des quartiers,

organisée au début du mois de juin dans le quartier de Cleunay, est

que l'opération n'a pas trouvé son équilibre et encore moins sa vitesse

de croisière. La fréquentation en a été globalement faible : mis à part

un débat sur l'aménagement du quartier qui a réuni une centaine de

personnes, au total peu de monde. Certains éléments du programme

ont même dû être annulés. On peut certes se réjouir qu'à cette occa-

sion certaines personnes habituellement éloignées de la vie citoyenne

Page 15: Caravane version finale

aient pu se joindre à l'événement. Mais leur nombre reste proportion-

nellement faible. La localisation n'a pas permis aux habitants d'Arsenal

Redon de se sentir vraiment concernés. En définitive, ce type de ma-

nifestation, essentiellement informative ne semble pas répondre au

désir des habitants d'être écoutés et de voir leur avis réellement pris

en compte et pas seulement d'être informés de ce qui se décide à la

mairie.

Devant ce constat, imaginez vous de poursuivre dans les mêmes

conditions et au même coût l'opération "caravane des quartiers" ?

A cela, Nathalie Appéré a donné quelques chiffres, qui nous permet-

tent d'avoir une idée de la fréquentation sur la Caravane de Juin 2009.

"Pour autant, je voudrais simplement vous donner quelques chiffres

dans l'attente de ce bilan. Sur une édition que nous avions voulu plus

resserrée, puisqu'il s'agissait d'une soirée et de deux journées, soit un

format plus court, nous avons eu pour la soirée du jeudi 11 juin, 250

personnes entre17 heures et 23 heures, le vendredi 12 juin 400 visites,

le samedi 13 juin 600 visites, soit un total de 1 250 visites auxquelles

il conviendrait d'ajouter la fréquentation du blog qui connaît également

une progression avec 797 visites pour 3 171 pages vues. Bien évi-

demment, ces chiffres ne disent rien de la qualité des échanges, de la

satisfaction des participants, du fait qu'un certain nombre de per-

sonnes qui se sont manifestées autour de cette caravane et qui se

sont exprimées, n'avaient jamais auparavant participé à des instances

de quartier. Ces chiffres ne disent rien non plus de cette atmosphère

festive tout à fait marquante et importante pour le quartier que nous

avons connu lors de la soirée du samedi, et qui a rassemblé entre 250

et 300 personnes."

La dernière séance du Conseil municipal a eu lieu le 8 février 2010.

Elle met en doute l'utilité de l'installation de la Caravane à Maurepas et

on lui reproche d'avoir été détourné pour des raisons politiques.

M. Plouvier - M. le Maire, nous avons été informés de la tenue pro-

chaine d'une "Caravane des quartiers" dans le quartier de Maurepas.

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La Caravane des quartiers 2010 - Etat des lieux

Page 16: Caravane version finale

Les trois premières opérations de cette nature, qui se sont déroulées

dans le courant de l'année 2009, n'ont pas permis aux Rennais, et en

particulier aux publics des quartiers visés, de comprendre l'objectif re-

cherché par ces opérations de communication que votre première ad-

jointe qualifiait d"'évènementielle".

Force est ainsi de constater qu'elles n'ont pas été l'occasion d'une

concertation avec les habitants sur la conduite des projets municipaux

dans les quartiers concernés. Par ailleurs, ces opérations ponctuelles

n'ont pas eu de suite utile dans les quartiers visités.

Les limites de ce type de communication ont été reconnues en Conseil

municipal. Un bilan semblait d'autant plus nécessaire, au regard du fai-

ble nombre de participants, un grand nombre de Rennais aujourd'hui

s'inquiète des 50 000 euros de chaque opération. Il n'y a pas eu de

bilan. Cette Caravane prévue à Maurepas était est en effet doublement

préoccupante. Elle intervient après que les voeux municipaux aient été

en partie détournés de leur objet convivial traditionnel, pour en faire

une tribune politique destinée à relayer la campagne menée contre la

politique du Gouvernement. Elle intervient par ailleurs à la veille du

deuxième tour des élections régionales.

Devant le manque de fréquentation du public sur cet évènement, no-

tamment l’année dernière, son existence est fortement remise en

cause, sa reconduction compromise…

Maurepas était une étape clé. Suite à l'échec ou à la réussite de cette

manifestation, le maire statuera quant à la reconduction de la Cara-

vane.

La Caravane des quartiers 2010 - Etat des lieux

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Page 17: Caravane version finale

La caravane des quartiers 2010 - Les dispositifs technologiques

17

Une expérimentation

à Maurepas :

Trois dispositifs

technologiques

Le Citywall

Nouveau média urbain développé par la Direction Générale

de la Communication dans le cadre d’un partenariat de re-

cherche et développement avec la FING et la société SEL-

TEN, le Citywall est un mobilier interactif tactile, manipulable

par plusieurs personnes sans clavier, ni souris. La version ins-

tallée à Maurepas à l’occasion de la caravane des quartiers

permet notamment d’interroger la cartographie locale du guide Vivre

à Rennes. On a pu également visualiser le résultat des travaux d’ha-

bitants réalisés dans les ateliers préparatoires coordonnés par la di-

rection de quartiers : «Architectes en herbe», «Portraits de quartier»,

«Paroles d’habitants», etc. Une cartographie historique et interactive

du quartier mêlant images d’archives et vignettes sonores racontées

par Joël David, chargé d’Odonymie et signalétique de proximité. La

réalisation de ce média interactif a notamment été rendue possible

grâce à l’implication de Philippe le Rouzic, des services techniques,

mais aussi à celle des enfants de l’école Trégain de Maurepas, qui ont

participé à la décoration du coffrage.

La maquette 3D

Les habitants ont pu, d’autre part, naviguer dans la maquette

3D des projets de ZAC (zone d’aménagement concertée) de leur

quartier. Les déplacements se font à l’aide d’une manette de

console Wii dans l’espace virtuel réalisé par la Ville de Rennes

intégré dans Assemb’live, accessible via Internet à partir du blog

de la Caravane et depuis l’espace Guy Ropartz. Les habitants

pouvaient déposer des questions sur le projet, et découvrir les

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18

[1] http://blog.carava-

nedesquartiers.maure-

pas.rennes.eu/

La Caravane des quartiers 2010 - Etat des lieux

27 hectares de projet urbain de Maurepas en immersion. Comment ?

Les utilisateurs se trouvaient devant un écran plasma affichant la mo-

délisation en 3D du quartier de Maurepas avec les bâtiments existants

et le projet de bâti. Ils s’y déplaçaient sous forme d’un avatar capable

d’interagir entre eux et dans la maquette 3D, en temps réel. Ce proto-

type est basé sur l’utilisation d’un moteur de jeu vidéo sur Internet dans

lequel sont incorporées des modélisations de la cellule 3D du service

SIG.

3. Totem Tactile

Autre mobilier innovant que les habitants de Maurepas ont eu l’op-

portunité de tester : le totem web tactile conçu par la société Taztag,

qui permettait d’interroger le blog de la caravane de quartier par simple

toucher, et de visualiser des albums multimédias ainsi que des vidéos.

Le blog de la caravane[1] était alimenté en temps réel par l’équipe de

Bernadette Kessler, Responsable Service Information multimédia.

Au total, techniciens, communicants, chefs de projets événementiels,

partenaires publics et privés ont réalisé un bel exercice de collabora-

tion.

Cet éventail de dispositifs technologiques fut l’objet de notre enquête,

à savoir analyser : le comportement des usagers, la satisfaction des

habitants par rapport à ces nouvelles propositions, la reconduite ou

non de ces innovations..

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19

tho

do

log

ieSur le terrain...

Notre appropriation de la commande et l’organisation de notre enquête

jusqu’à l’élaboration d’une production est la pierre angulaire de notre travail

collaboratif. Elle a nécessité beaucoup d’investissement mais également des

doutes, des tensions, dans le souci de répondre au mieux à la commande et

de réaliser un travail de qualité. La mise en situation de notre méthodologie

de recherche fait l’objet d’un retour réflexif et lucide sur les points forts et les

points faibles que nous avons remarqué.

L’origine du projet : une double commande des élus deRennes et d’un dossier universitaire

Pour y répondre nous avons dans un premier temps fait une visite Explora-

toire, puis de façon collaborative élaboré des outils de recherche : grilles d’ob-

servation et questionnaires en s’appuyant sur des apports théoriques de l’UE

sur «prospectives et design des TIC».

Pour répondre à la commande, nous avons décidé d’utiliser deux outils d’en-

quête : un questionnaire et une grille d’observation.

Nous avons repris le questionnaire préalablement préparé par l’une d’entre

nous afin de l’ajuster au mieux pour qu’il soit simple et efficace sur le terrain.

Nous avons bénéficié de l’aide et de la supervisation d’Annabelle Boutet, En-

seignant Chercheur au département LUSSI de Télécom Bretagne etmembre

du Conseil Scientifique du Gis M@rsouin. Notre souci était de ne pas trop mo-

nopopliser la personne qui accepterait de se prêter au jeu des questions-ré-

ponses. Le questionnaire a été organisé en trois parties: Votre parcours dans

la Caravane. Vos Perceptions. Votre profil. Dans la première partie, les ques-

tions étaient regroupées par dispositif technologique, afin de faciliter le travail

des enquêteurs de terrain. En effet, ils pouvaient ainsi aisément interroger les

personnes uniquement sur les dispositifs auxquels elles s’étaient intéressées.

Concernant l’élaboration de la grille d’observation, il nous a fallu d’abord nous

poser certaines questions opérationnelles : Faut-il faire une grille d’observation

par personne ou bien une grille d’observation par dispositif ? Est-ce le même

observateur qui suit la personne tout au long de son parcours dans la cara-

vane, ou bien différents observateurs qui se transmettent la grille au fil du par-

cours ? Nous nous sommes aperçus que le plus cohérent, aussi bien pour

des questions d’organisation pratique que pour faciliter l’analyse, était

tho

do

log

ie

Page 20: Caravane version finale

d’ attribuer une personne à un seul observateur, qui remplirait une grille

réservée à cette personne. Nous nous sommes donc mis d’accord sur la

procédure suivante : les observateurs se placent de manière à avoir en

vue l’entrée de la caravane, et à chaque arrivée d’un visiteur l’un d’eux

décide de le suivre, avec une grille d’observation.

Nous avons ensuite listé les éléments que nous souhaitions observer :

aLes caractéristiques des visiteurs : les critères d’âge et de genre, aux-

quels nous avons ensuite ajouté celui « personne seule / en groupe ».

aLa temporalité : tenir compte des heures d’arrivée, et de la durée du

temps passé sur chaque dispositif.

aLa médiation ou l’absence de médiation : indiquer si la personne s’est

faite assistée (démonstration, explication,…), sur le contenu ou bien sur

le fonctionnement de tel ou tel dispositif. Distinguer par ailleurs si la mé-

diation est formelle ou informelle, et de quelle manière elle est effectuée

: par un médiateur officiel (médiation formelle), par un proche ou un tiers,

ou bien encore par l’un de nous (médiations informelles).

aLa participation active ou non : observer si la personne a une position

participative ou spectatrice, autrement dit si elle utilise et manipule le dis-

positif ou bien si elle se contente d’observer.

aL’orientation, le parcours : prendre en compte le parcours de la per-

sonne sur la caravane, c’est-à-dire l’ordre dans lequel elle s’intéresse aux

dispositifs. Cela notamment pour répondre à la question suivante : qu’est-

ce qui attire les personnes en premier lieu ?

aLe contournement : observer également les évitements, contourne-

ments des dispositifs par les personnes, de manière à faire ressortir les

appréhensions éventuelles (crainte, désintérêt…).

aLes contenus : indiquer l’ordre de consultation des rubriques du dis-

positif « City Wall », afin de pouvoir mesurer leur succès.

aLes phrases et mots clés : relever les expressions verbales pouvant

éclairer sur l’état d’esprit de la personne concernant son rapport au dis-

positif, et qui peuvent être significatives.

Nous avions donc choisi de construire notre grille d’observation de ma-

nière à ce qu’une grille corresponde à une personne.

20

La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie

Page 21: Caravane version finale

Nous avons alors composé la grille générale de quatre « sous-grilles » :

les caractéristiques de la personne, les attitudes, les contenus du City

Wall et les mots clés.

En nous confrontant à la réalité du terrain, nous avons pu nous aper-

cevoir de certaines limites de notre organisation. Par exemple, nous

avions décidé de répartir entre les observateurs les différents arrivants,

et de les suivre tout au long de leur parcours, une grille à la main. Mais

dans les faits, une partie des visiteurs n'a fait nullement attention aux

dispositifs technologiques, pour se rendre directement au café ou dans

le second espace. Par ailleurs, pour les observateurs qui n’avaient pas

conçu la grille il était difficile de se l’approprier. Cependant, dans l’en-

semble l’observation a bien fonctionné.

Nous nous sommes rendus sur le terrain le jeudi après-midi, après nous

être répartis les tâches de manière à former deux groupes : observa-

teurs /enquêteurs. A la fin de cette première demi-journée sur le terrain,

nous nous sommes concertés afin d’apporter quelques révisions à

notre méthodologie d’enquête. La grille d’observations à connu

quelques modifications (restructuration des questions sous formes de

tableaux et de cases à cocher), et il a été convenu de favoriser les ob-

servations plutôt que les entretiens. Cette méthodologie a été expéri-

mentée le lendemain, lors de notre deuxième enquête sur le terrain.

Au final, 30 questionnaires et 15 observations ont ainsi pu être récol-

tés.

Une commande institutionnelle et une commande universitaire. Nous

avons élaborer une stratégie de production afin de réaliser d’une part,

une analyse pour le Directeur Général de la Communication et, d’autre

part, un dossier collectif universitaire. Cependant nous avons souhaité

donner une autre direction à ce travail en lui insufflant un caractère ori-

ginal sortant du cadre universitaire.Nos objectifs se déclinent ainsi :fa-

voriser une dynamique de groupe, permettre des échanges, des

synergies, utiliser des outils de travail collaboratif, construire et partici-

per à l’ingénierie d’un projet, mutualiser les ressources et les initiatives,

rendre une évaluation de qualité.

21

La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie

Page 22: Caravane version finale

La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie

22

Résultatsstatistiques

La présente synthèse porte sur l’évaluation des dispositifs multimé-

dias de la Caravane des quartiers Maurepas qui a eu lieu du 17 au 20

Mars 2010 et répond ainsi à la commande de la Ville de Rennes.

L’objectif est de faire remonter les attentes et préoccupations de l’en-

semble des habitants du quartier Maurepas par rapport à l’utilité de la

Caravane des quartiers en touchant tous les publics, au-delà des per-

sonnes déjà impliquées dans les démarches existantes (Conseil de

Quartier, Associations…).

Echantillon interrogé

- 30 questionnaires individuels

- 15 observations

Enquête réalisée les 18 et 19 mars.

Echantillon non représentatif de la population du quartier, en termes

de sexe, âge, catégories socio-professionnelle.

Outils d’enquête

Questionnaire réalisé en collaboration avec Annabelle Boutet, Ensei-

gnant Chercheur au département LUSSI de Télécom Bretagne et

membre du Conseil Scientifique du Gis M@rsouin.

Enquête supervisée par Pascal Plantard, enseignant-Chercheur au

Cread, université Rennes 2 et Jacques-François Marchandise de la

FING.

Les observations et les questionnaires ont été effectués principalement

sur les journées du jeudi et du vendredi. Les résultats ont été reportés

dans le logiciel de traitement statistique Sphinx. Cet outil a permis de

créer des tableaux récapitulatifs et des graphiques qui ont été insérés

dans la synthèse pour le Directeur Général de la Communication.

Page 23: Caravane version finale

La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie

23

Le public

Le public présent à la caravane des quartiers se compose princi-

palement de retraités, de cadres et d’étudiants parmi lesquels nous

avons compté les publics scolarisés (classes de primaires).

Les 2 raisons qui ont motivé la venue des personnes présentes à la

Caravane sont :

aprendre connaissance des projets d’aménagement ;

apour raisons professionnelles.

La plupart des habitants étaient déjà au courant du projet d’aménage-

ment du quartier par le biais du Rennais.

Dans l’ordre, les dispositifs qui ont d’abord retenu l’attention des par-

ticipants sont :

aLa maquette 3D (64,5% à l’avoir utilisé)

aLe Citywall (58,1% à l’avoir utilisé)

aLa borne tactile (38,7% à l’avoir utilisé)

Evaluation des dispositifs technologiques

Le citywall

Le citywall a été utilisé de façon relativement autonome, (seul et en

groupe).

La fonction multitouch a donc été identifiée et utili-

sée par des groupes d’usagers. Cependant, l’utili-

sation du Citywall était courte, de l’ordre de 5 à 10

min sans avoir d’ idées précises de ce qu’on pou-

vait rechercher. On peut donc parler de test explo-

ratoire.

Dans l’ensemble, les personnes interrogées ayant

testé le citywall sont majoritairement satisfaites de

la qualité de l’image et du son (après installation

des haut-parleurs extérieurs au coffrage) ainsi que

du contenu. Plus précisément, les contenus qui ont connus le plus de

succès sont : les photos du quartier.

Page 24: Caravane version finale

Difficultés d’utilisation :

ase repérer dans le menu,

adéplacer et consulter des images.

Le citywall semble-t-il utile aux habitants s’il était

implanté dans la ville de façon permanente ? 48,4%

d’entre eux sont convaincus contre 41,9% qui ne

se prononcent pas.

Plusieurs propositions d’emplacement pour le City-

wall ont été évoquées :

a 19,2% pensent qu’elle pourrait être utile dans

une maison de quartier,

a 12,9% préfèrerait qu’elle soit implantée dans

une bibliothèque municipale,

a 9,7% pense que la mairie serait un lieu

adapté pour accueillir le Citywall.

La maquette 3D

La maquette 3D a été le dispositif le plus uti-

lisé pendant ces 3 journées.

L’usage de ce dispositif a nécessité une mé-

diation active.

La durée d’utilisation est relativement longue

par utilisateur (environ 15-30min) et elle peut

être répartie sur plusieurs jours car plusieurs

personnes sont revenues plusieurs fois sur le stand.

Ce dispositif a beaucoup plu et a suscité l’intérêt de toutes les généra-

tions.

Cet outil a permis aux usagers de se faire une idée

assez précise de l’évolution du quartier.

Les apports cités

a meilleure compréhension

a qualité du service

a présentation en 3D

a meilleure perception du réel, de l’existant.

Ce dispositif serait bien accueilli s’il était implanté dans

la ville puisque 35,5% de testeurs l’ont trouvé utile.

24

La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie

Page 25: Caravane version finale

Emplacements possibles d’implantation

a mairie

a maison de quartier

a Champs libres

Cependant 25,8% des usagers ont rencontré des difficultés

de maniabilité avec la wiimote et plusieurs fois, la gêne res-

sentie par rapport à la profusion d’éléments à regarder est

ressortie dans le discours des habitants.

La borne tactile

L’utilisation de ce dispositif a été relativement courte (en majorité de 5

à 15 min) et entièrement autonome.

Nous avons constaté une satisfaction générale du dispositif pour 38,

7% des utilisateurs contre 58,1% qui ne se prononcent pas ayant es-

timé qu’ils ne l’avaient pas testé suffisamment long-

temps pour émettre un avis.

Les vidéos ont suscité un intérêt majeur

pour les usagers, le dispositif se prêtant bien à ce

type de contenu multimédia.

Ce dispositif emporte l’adhésion des utilisateurs

quant à son installation éventuelle dans la ville.

La majorité l’imagine dans une maison de quartier

quant aux autres, ils ont proposé dans la rue, dans

les pôles sociaux ou autres structures associatives.

Bilan général

Cette Caravane a été relativement utile

puisqu’elle a changé positivement le regard

de 38,2% des habitants par rapport au projet

d’aménagement du quartier. Elle n’a rien

changé pour 38,7% des usagers.

Aucun participant n’a déclaré porter un re-

gard négatif.

Cette caravane a changé le regard des habitants sur les technologies

de façon positive pour 51,6% d’entre eux.

25

La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie

Page 26: Caravane version finale

Quels bénéfices ?

IInformation, convivialité, lien social, découverte de projets et des ac-

tions d’écoles, communication, meilleure compréhension des projets

de la municipalité.

Cette caravane est-elle utile ?

a 71% répondent oui contre 12,9% ; 16,1% ne se prononcent

pas.

A-t-elle facilité la communication entre les habitants et les

élus ?

a 51, 6% sont d’accord contre 32,3% ; 16,1% ne se prononcent

pas.

Vous a-t-elle convaincue que les nouvelles technologies peu-

vent servir l’urbanisme ?

a 71% le reconnaissent contre 16,1% . 12,9 % ne se prononcent

pas.

Synthèse des observations

a Les dispositifs multimédias apparaissent davantage comme

des supports complémentaires aux affiches de présentation du plan

de Z.A.C.

a Ils favorisent les échanges entre habitants du quartier.

Les dispositifs permettent une prise en main relativement aisée par les

utilisateurs, surtout la Borne tactile et le City Wall.

a Un intérêt particulier pour ce genre d’évènements par les per-

sonnes âgées et les écoles. Mais les générations se sont peu mê-

lées, peu d’échanges entre elles.

a Forte mobilisation des associations et acteurs du quartier.

a Peu d’échanges directs avec les élus, en revanche, beaucoup

de messages asynchrones envoyés aux élus avec des questions

précises sur le quartier.

La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie

26

Page 27: Caravane version finale

La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie

27

La production : une initiative collaborative

Un travail collaboratif à 3 niveaux

Les 3 composantes ci -dessous font partie de la dynamique de colla

boration étudiée par Lundgren-Cayrol et Henri. Elles sont nécessaires

pour mener à bien un travail collaboratif. Nous estimons que nous de-

vons retravailler sur ces notions pour arriver à un niveau de collabo-

ration optimale.

a L'engagement : au cours de ce travail collaboratif, on a pu mettre

en avant que cet engagement était de différents ordres. Pour cer-

tains, il est constant ; pour d'autres, plus fluctuant ou incertain. Il est

aussi parfois plus laborieux à des moments de la production, étant

donné l'effort permanent requis sur la durée de la production. D'au-

tres phénomènes ont régi la vie de notre équipe, comme les effets

d'engagement/désengagement, les effets de sous-

investissement/sur-investissement, les effets de solidarisation/dés-

olidarisation.

Dans ce cadre précisément, ne devrions-nous pas interroger les no-

tions d'autonomie, d'éthique et de valeurs propres à chacun des mem-

bres du groupe ? N'est-il pas aussi essentiel de rester dans une

dynamique d'entraide, respectueuse de l'autre et de ses potentielles

difficultés aussi pour maintenir, toujours également, son contrat d'en-

gagement de départ ?

a La coordination : elle est indispensable dans une perspective d'ef-

ficacité et de cohérence de la production. Plus le groupe de travail est

important (notre groupe 12 membres pour 3 coordinateurs), plus ce

travail de coordination requiert un sens pédagogique exacerbé.

Écoute, patience, respect, tact et régulièrement un nécessaire exer-

cice d'explicitation auprès des contributeurs, doivent être les tâches

prioritaires des coordinateurs. Une explicitation renouvelée des étapes

du projet, une synthèse régulière des éléments apportés par les contri-

Page 28: Caravane version finale

buteurs. Ce travail de coordination requiert une certaine expertise qui

n'est pas forcément reconnu alors que, quand bien même, il est es-

sentiel au bon fonctionnement du projet, à la progression de la produc-

tion. En effet que fait-on sans pilote dans l'avion ? Mais il faut bien

admettre que cette activité manque de visibilité. C'est un don de soi, il

faut donc la pratiquer avec humilité, sens du service au groupe. Cette

notion interroge la notion de légitimité et de reconnaissance.

Qu'est ce qui rend, un membre du groupe, plus légitime qu'un autre à

assurer cette fonction ? Comment légitimant 'élire, désigner) le membre

pré-disposé à coordonner, éveille-t-on une prise de conscience de cha-

cun des membres du groupe ? Comment maintenir ce lien entre les

membres ? Sans le dire n'abordons nous pas ici la notion de manage-

ment de projet ?

a La communication : un travail collaboratif ne peut souffrir d'impro-

visations. Les échanges doivent être nuancés, distanciés. Le coordi-

nateur doit toujours modérer ces propos et réguler les situations

conflictuelles par exemple. Dans quelle mesure la communication

entre les membres d'un groupe peut être plus performante ?

C'est la question du management de projet qui revient, comment

s'adresser aux équipiers ? Comment garder sa troupe motivée ? Gar-

der le sens de l'humour et de la dérision, cela a été notre mode de

fonctionnement. Retenir aussi que cette communication, révèle bien

souvent les personnalités des contributeurs. Elle agit comme une loupe

sur les comportements de chacun. Les différentes étapes de notre pro-

duction, nous ont permis, notamment dans le rapport à l'écrit, de révé-

ler certaines caractéristiques de la personnalité des contributeurs, de

souligner quelques attitudes.

Le travail collaboratif et ses complexités :

Nous avons dû gérer les complexités d'une production au travers d'une

réflexion collective (pas simple !) avec des moyens de l'ordre du brico-

lage, notamment pour le traitement des données et l'espace de travail

collaboratif, pour ainsi dire inexistant, en tout cas pas du tout adapté à

un travail de cette ampleur :

a La complexité pédagogique : entre commande institutionnelle et

production universitaire. Comment répondre à ces deux attentes ?

Notre réponse a été double, une présentation du projet de la Cara-

vane des quartiers avec ensuite une articulation sur des focus-re-

La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie

28

Page 29: Caravane version finale

La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie

cherche abordant des thématiques récurrentes.

a La complexité spatio/temporelle : devant l'urgence de la com-

mande et des membres du groupe dispersés, il a fallu trouver des

solutions pour pallier à ces difficultés. C'est le recours à un outil :

Google docs notamment, qui nous a permis de dépasser cet obsta-

cle. Ainsi chacun des membres de l'équipe avait la possibilité de

contribuer à faire avancer le dossier commun.

Lors de cette production, nous avons pu constater de l'importance des

phases synchrones, menées pour une réflexion collective et asyn-

chrones, menées pour une réflexion plus individuelle.

Un outil Google docs exploité, mais il faut reconnaître qu'il était insuf-

fisant pour engager pleinement des phases de réflexion collective en

mode synchrone (écriture collective)

a La complexité psycho-cognitivo-affective : celle-ci relève de la no-

tion de réflexivité. A chaque mise en situation collaborative, un pro-

cessus métacognitif se met en place. Il ne faut pas négliger non plus

la part des affects dans ce processus d'élaboration. Notre travail col-

laboratif a dû concilier avec toutes ces composantes individuelles.

c'est ce que nous avons fait courageusement ! Nos armes, n'est-ce

pas des outils et des méthodes adéquates mis à notre disposition ?

Une liberté pédagogique structurante ou déstructurée ?

a Une liberté pédagogique qui permet un travail de créativité et de

développement de l’autonomie

a Le choix des outils : utilisation d'une plate-forme de travail colla-

boratif : Google docs ; utilisation d'un outil de sondage pour dispat-

cher les tâches : doodle ; nombreux échanges par mails, téléphone

a Le choix de définir un travail cohérent pour tous : la rédaction

d’articles scientifiques sur des sujets d’intérêts TEF (technologies de

l’éducation et de la formation)

a Une liberté qui permet travail réflexif sur le déroulement de la pro-

duction

Lors de ce travail nous avons été des acteurs et des apprenants ré-

flexifs. Nous avons pu vivre des notions de respect, de solidarité,

d’écoute, de bienveillance, d’humilité, d’engagement, d’ouverture d'es-

prit, d'éthique, parfois de façon inégale. Nous nous interrogeons sur

29

Page 30: Caravane version finale

le bien-fondé d’une grande liberté pédagogique certes, mais ne serait-

elle pas plus efficiente avec un accompagnement, un encadrement ?

Dans quelle mesure un accompagnement adapté peut permettre de

mieux gérer la confrontation au groupe, de mieux appréhender le tra-

vail collaboratif à distance notamment ? Et peut-être, avec l'appui d'une

véritable structure encadrante qui conduit la réflexivité du sujet et ses

prises de conscience régulières au cours de l'avancée du projet,

pourra-t-on dire...Vive le travail collaboratif !

Au final un bilan contrasté...

...et des représensations très différentes que l’on peut repérer dans

les différents témoignages d’étudiants qui ont participé à ce travail

collaboratif :

« Lors du (bref) travail en amont ayant eu lieu la veille et le jour de la

Caravane des quartiers, j'ai senti une cohésion de groupe, et pour moi

il y a eu un vrai travail collaboratif sur les outils de recherche. Une fois

sur le terrain, peu de coordination au sein du groupe, et malgré l'inves-

tissement de la majorité, on sent que certains commencent déjà à

"s'éloigner". Ensuite, concernant l'analyse... Travailler de manière col-

laborative pour un groupe d'une douzaine de personnes éloignées géo-

graphiquement, c'était mission impossible! Heureusement, des

"leaders" se sont vite détachés du groupe et ont pris les choses en

main pour "porter" le groupe, qui en avait besoin. L'outil Google docs

a été mis en place, mais il ne fait pas tout, et ne peut pas suffire à mo-

tiver les troupes. Mais un travail coopératif a été réalisé par une partie

de l'équipe. Les grilles qui ont été proposées étaient une très bonne

idée et nous ont permis de mettre en commun nos données. Mon sen-

timent est de ne pas avoir maîtrisé grand chose durant tout le dérou-

lement du projet, de n'avoir pas été "acteur". J'aurais souhaité

m'investir davantage, mais les délais, la charge de travail, l'éloigne-

ment, le nombre de personnes sur le projet, tout cela a fait que je n'ai

pas pu participer réellement au travail collaboratif. Si c'était à refaire,

bien sûr il nous faudrait plus de temps pour mettre en place une stra-

tégie à mener en amont, sur place et en aval. Il aurait fallu nous concer-

ter après l'enquête de terrain, afin de demander à chacun la manière

dont il voyait la méthodologie collaborative, et la manière dont il sou-

haitait s'investir. Le temps nous a manqué. »

La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie

30

Page 31: Caravane version finale

La Caravane des quartiers 2010 - Méthodologie

«Dans le cadre d’une commande de la ville de rennes, les M2 TEF ont-

travaillé sur la caravane des quartiers. Cette commande étant assez

floue et importante, nous avons dû nous organiser pour travailler en-

semble sur ce projet afin de recueillir des données sur cet événement

et de les regrouper dans un rapport relatant ce qui se joue lors de cette

manifestation ainsi que la réaction des habitants. Pour ce faire, nous

avons travaillé ensemble. La première partie du travail s’est passé en

présentiel. En effet, nous avons profité de la semaine de regroupement

pour réellement nous pencher sur le sujet (correction du questionnaire,

création de la grille d’observation, explication des rôles de chacun lors

de la manifestation…).Suite à cela et à l’initiative d’un des membres du

groupe, nous avons travaillé via une plateforme collaborative, google

doc. Cela a permis de palier aux contraintes géographique de chacun

et par là même de continuer à échanger et regrouper nos observations

et écrits. Cette méthode de travail permettait à tous de participer. Ce-

pendant, il faut être réaliste, comme dans toute collaboration, il y en a

toujours qui donne plus de temps, de motivation et d’initiative. Un travail

de groupe à distance n’est pas une chose facile à réguler et à diriger,

surtout à 11. Il est donc logique de constater que même si chacun des

membres participe sans problème, il y a toujours un noyau dur qui gère

la troupe et la relance ou tout simplement s’investi plus. Pourtant, mal-

gré les diverses contraintes, on peut remarquer que le travail est fait,

donc on peut penser que les choses ne se sont pas trop mal organi-

sées...»

« La collaboration a eu lieu lors du regroupement à l'université, avant

de se rendre à la Caravane de quartiers, sur l'élaboration du question-

naire et de la grille d'observation. Finalement, je trouve qu'il y en a eu

peu au sein de l’ensemble du groupe. L'outil google docs fut finalement

peu investi par la majorité des personnes mais il y eut sans doute beau-

coup de collaboration dans le comité rédactionnel. J’ai finalement un

peu découvert ce que l'on allait présenter dans ce dossier lors de la

journée Protice. Une suggestion : pourquoi pas l'utilisation d'un wiki

pour un prochain travail collaboratif? »

« Le travail collaboratif de la caravane des quartiers me paraît essentiel

car c’est la mise en commun de nos énergies. Grâce à Sophie nous

avons eu le cadre de travail, avec les objectifs, les buts et une com-

mande qui était bien définie. Cela nous a permis de nous répartir les

31

Page 32: Caravane version finale

rôles selon nos disponibilités et nos compétences. Les jours passés

ensemble dans la caravane ont été très motivants pour comprendre

l’esprit de ce projet. Le travail ensemble a été très intéressant, difficile

car nous étions nombreux. Il est plus difficile de travailler ensemble en

grand groupe qu’à 3 ou 4. Je regrette un peu de ne pas avoir beaucoup

participé aux échanges sur la plateforme, occupée par le dépouillage,

des questionnaires. Mais prendre connaissance des documents sur

Google docs m’a permis de me sentir incluse dans le travail, même si

j’ai peu pris part aux discussions à propos du dossier. Avec du recul, je

me dis que j’aurais du transmettre mes impressions tant sur l’observa-

tion, que l’administration des questionnaires, et sur les gestes, les atti-

tudes des personnes que j’ai interviewées. Mais, j'ai aussi beaucoup

aussi utilisé les messages téléphoniques et les échanges mails. Il m’a

semblé précieux qu’un petit groupe prenne la coordination du travail

pour donner des pistes à tous et faire réfléchir sur des compléments à

réaliser. J’ai beaucoup appris avec ce travail collaboratif. Les ré-

flexions, les informations échangées et partagées, m’ont permis de

m’ouvrir sur d’autres compétences et de nouveaux savoirs être et faire.

Chacun a investi des temps différents, à des heures différentes, mais

cela a été un véritable travail de groupe dans lequel nous avons essayé

de faire passer l’image de notre filière.»

« Dans le cadre de l’expérience de la caravane du quartier, nous avons

été amenés à travailler collectivement sur différents travaux autour de

cet événement. Effectivement nous avons réalisé différentes produc-

tions : préparation de l’observation de terrain, travail d’enquête, retrans-

cription des résultats, analyse, présentation de l’expérience lors de la

journée protice, réalisation d’articles etc. Pour effectuer ces différents

travaux nous avons mis en place une stratégie d’échange et de colla-

boration. Effectivement, étant tous sur des terrains de stages différents,

ayant tous des contraintes différentes il était difficile de nous réunir.

Ainsi, très rapidement un membre du groupe a créé un compte Google

Doc et a diffusé les identifiants afin de mutualiser nos productions. Cet

espace nous a permis d’organiser notre travail de façon pertinente et

s’adapter aux contraintes de chacun. Grâce à l’accès aux informations

sur un même espace où chacun pouvait contribuer, nous avions l’in-

formation en temps réel et pouvions travailler ensemble, le tout à dis-

tance. Grâce à cette stratégie de travail collaboratif nous avons pu tous

nous impliquer dans ce travail, en respectant la disponibilité de chacun.

32

Page 33: Caravane version finale

C’est également un outil que nous pourrons réutiliser dans un futur plus

ou moins proche dans le cadre d’un travail d’équipe. Notre stratégie de

collaboration nous a donc permis d’optimiser notre travail, d’éviter la

perte d’information causée lors des allers retours de mails par exemple,

de fonctionner en groupe organisé en se centrant sur des documents

communs. Il n’y a pas eu de directives données en amont chacun a su

s’investir et s’approprier les informations et productions spontanément.

Nous étions donc dans un principe d’entente cordiale, de respect du

rythme de chacun et de confiance dans le groupe. Finalement, ce fut

une expérience riche et formatrice ! »

Néanmoins, notre travail de collaboration aurait pu être davantage op-

timisé par l’utilisation d’outils de partage comme Diigo qui permet le

partage de référence avec des possibilités de commentaires, de souli-

gnage etc. Nous aurions également pu optimiser les moments de re-

groupement à la fac pour organiser notre travail et se répartir plus

uniformément les tâches. Effectivement, même si globalement le travail

de groupe fut efficace et enrichissant, on se rend compte qu’au-delà de

quatre personnes cela devient difficile de réaliser un travail collaboratif

de ce type, mais nous avons su être réactifs et relever ce défi !

33

Page 34: Caravane version finale
Page 35: Caravane version finale

35

foc

us

-re

ch

erc

he

focu

s-re

ch

erch

e introduction

A l’origine de notre travail une commande certes, et après... Comment ar-

ticuler cette réponse institutionnelle avec notre formation universitaire ? Telle

a été notre seconde préoccupation.

Nous avons choisi un format qui a aussi cette caractéristique, d’être légi-

time auprès de la communauté scientifique : le focus-recherche ou article

scientifique. Créatif et pertinent, le focus-recherche a toutes les qualités pour

répondre à notre deuxième priorité.

Il nous a permis de développer différentes thématiques parmi lesquelles

la démocratie participative et ville 2.0. Du projet d'urbanisme, aux appels

à la participation de citoyens responsables et concernés, jusqu’aux élus qui

viennent presque à domicile, quel message porteur de sens, les élus veu-

lent-ils faire passer au travers de ces rencontres citoyennes ? Cette première

contribution a été partagée à 8 mains. Le sujet très dense méritait que l’on

si arrête plus longuement. Nous avons fait le choix de le scinder en deux

parties : une première partie de conceptualisation de la notion de démocratie

participative, ce qu’elle représente aujourd’hui dans notre société en pleine

mutation numérique ; une seconde partie sur l’expérimentation de démocra-

tie participative illustrée par la Caravane des quartiers.

Accessibilité et handicap. Dans cet article le quartier est interrogé comme

espace intégrateur de la personne handicapée. La politique locale n’a t-elle

pas intérêt au regard de tous ses habitants et fortement incitée par la législa-

tion, à rendre ce type de manifestation accessible à tous y compris les per-

sonnes vieillissantes et en situation de handicap ? Le quartier est lieu de vie,

ces rencontres citoyennes comme la Caravane des quartiers lieu d’informa-

tions mais aussi lieu de socialisation pour les personnes fragilisées, comment

le développement de l’accessibilité à ces rendez-vous urbains peut leur per-

mettre de devenir pleinement acteur des modifications de leur lieu de vie ?

Médiation/médiatisation. Ici les auteurs de l’article se posent les questions

suivantes : quelle est la place de la médiation dans la transmission numérique

d’un message ? quelles médiations pour quels objectifs ? Quel processus de

médiatisation est mis en œuvre dans les dispositifs expérimentés à la Cara-

vane des quartiers ? C’est le point de départ de leur réflexion. Entre médiateur

humain et technologique, entre processus de conception et de scénarisation,

Page 36: Caravane version finale

quelle est la pertinence des dispositifs multimédias présentés lors de

la manifestation ?

Enfin les phénomènes de socialisation. Les auteurs s’interrogent sur

cette manifestation : réunit-elle réellement les caractéristiques néces-

saires à la mise en place d’un réel processus de socialisation, pouvant

ainsi répondre aux objectifs fixés par la Ville de Rennes ? Après avoir

relevé des constats, s’être penché sur les limites auxquelles un tel évè-

nement se trouve confronté, il est question dans cette article de savoir

en quoi la caravane était ou non un lieu propre à la socialisation.

Une fois répartis et engagés dans nos différentes problématiques nous

nous sommes, en dernier lieu, exercés à produire un ensemble de re-

commandations se rapportant à chacun des sujets traités.

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

36

Page 37: Caravane version finale

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

37

Comment la démocratie pourraitne pas être participative ?

Définitions

Etymologiquement : « La de-

mokratia vient du grec demos,

peuple et kratein commander,

pour désigner le gouvernement

par le peuple considéré en tant

que citoyen, i.e. jouissant du

droit de cité. ». Mais encore : «Régime politique dans lequel la

souveraineté appartient au peu-

ple, ou plus exactement aux

membres de la société qui sont

définis comme citoyens. ».1

Plus près de notre réalité : «Régime politique dans lequel la

souveraineté appartient au peu-

ple qui l'exerce directement (dé-

mocratie directe) ou par

l'intermédiaire de représentants

élus pour agir à sa place, en son

nom et sous son contrôle (dé-

mocratie représentative) ».2

Et enfin ce qui pourrait le plus

se rapprocher de la démocra-

tie dite « participative » : « Sys-

tème politique fondé sur le

respect de tous qui généralise le

dialogue et encourage la partici-

pation du peuple à tous les ni-

veaux de tous les organes de la

société civile. Forme de gouver-

nement où la participation du

peuple est requise et qui repose,

entre autres, sur I'indépendance

des pouvoirs exécutif, législatif et

judiciaire et sur des élections li-

bres. De nombreux droits civils,

tels le droit d'association, d'as-

semblée ou de la presse sont in-

dispensables à la réalisation des

droits politiques qui sont à la

base de la démocratie. »3

Concernant le mot participatif,qui est « Relatif à la participation

» 4 la définition est la suivantedans Le petit Robert : « La dé-

mocratie est la participation à

droit égal, à titre égal, à la déli-

bération des lois et au gouver-

nement de la nation ».

1

www.maphilosophie.fr/lexique.php2www.camillederoccaserra.com/glos-sary/Glossaire_gi809.html3www.aidh.org/Biblio/Vocabulaire/Droits.htm4http://fr.wiktionary.org/wiki/participatif

Démocratie participative

et ville 2.0

Démocratie participative, de proximité, délibérative… Ces formula-

tions sont nombreuses et peuvent revêtir des sens parfois assez éloi-

gnés même si ils ont en commun de faire participer les « citoyens » au

débat public. Les évolutions sémantiques peuvent avoir des implica-

tions fortes qui nécessitent une observation attentive et constante.

Démocratie participative :mythe ou réalité ?Assaba Bruce

Sylvie Gastineau

L'ascension fulgurante de Barack Obama pendant la campagne prési-

dentielle américaine de 2008 est une démonstration en force d'une

forme de démocratie participative émergente. Il semble bien que l'élec-

tion de Barack Obama à la tête des Etats-Unis doit beaucoup aux

usages du Web et d'Internet : la clicocratie (Eudes, 2009). Tous les cy-

bercitoyens ont été sollicités dans cette campagne et se sont ainsi senti

investis dans la vie de la Cité. La communauté e-citoyenne s'est no-

tamment inscrite pleinement dans cette agora numérique, qui s'est ré-

vélé le parfait relai de l'agora publique. Elle a été l'occasion de débats

publics médiatisés sur le web. On se souvient aussi de l'impact consi-

dérable d'Internet et de ses internautes, sur le traité établissant une

Constitution pour l'Europe.

La participation s'impose de plus en plus comme le terrain obligé de la po-

litique et de l'action publique. De nouveaux mouvements sociaux via les

réseaux sociaux s'appuient également sur ces formes horizontales de

Page 38: Caravane version finale

coordination. Nous assistons à une profonde mutation qui dépasse le sim-

ple effet discours, le simple effet mode : une grande conversion du nu-

mérique est à l'oeuvre (Doueihi, 2008 ). Qu'en est -il de cet idéal

démocratique logé entre démocratie participative, de proximité, délibéra-

tive ?

Dans un premier temps, mieux définir les contours, sémantique, his-

torique de cette notion avec ses nombreuses formulations, éclaire déjà

notre propos. D'autre part, mettre ce concept à la lumière de quelques

théories sur le sujet, permet de mieux appréhender cette probléma-

tique. En effet cette notion (démocratie participative) est tellement pro-

téiformes et le terme tellement galvaudé qu'il a fallu trouver un angle

de recherche. C'est le lieu de la proximité et notamment celui de la

proximité des élus aux habitants qui a retenu notre attention. Il nous

a semblé en effet opportun de faire le lien avec le site de notre obser-

vation : la Caravane des quartiers. Qu'est ce que les élus mettent en

place pour impliquer les habitants au projet urbain de quartier ? De

plus à l'heure du numérique, cette notion de démocratie participative

recouvrant de nombreux enjeux. Quels sont justement les défis aux-

quels celle-ci doit faire face, en cette période de profonde mutation ?

Nous l'évoquerons, comme dernier point de notre focus-recherche.

Tout au long de notre réflexion nous nous sommes régulièrement nour-

ries d'auteurs ayant écrit et produit sur le sujet.

Définition de la démocratie participative

Ces formulations sont nombreuses et peuvent revêtir des sens assez

éloignés même s'ils ont en commun de faire participer les « citoyens»

au débat public. Les évolutions sémantiques peuvent avoir des impli-

cations fortes qui nécessitent une observation attentive et constante.

Si on s’attache aux définitions ci-dessous, il semblerait que ces deux

mots ensemble forment une redondance ou un pléonasme, et le terme

« participative » ici n’est pas un adjectif mais un processus qui est ap-

paru dans les années 1970.

Les premières théories de la démocratie participativedes années 1970…

Carol Pateman , C.B. MacPherson ou Benjamin Barber sont les pre-

miers théoriciens de la « démocratie participative ». Tous trois anglo-

saxons, leur réflexion est fondée sur la critique de la démocratie «

38

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

Page 39: Caravane version finale

représentative », comme les philosophes Hannah Arendt et John

Dewey, ils pensent la « participation » comme capacité de la société

civile à être active et participer à la recherche de solutions adaptées à

ses problèmes, proches de la démocratie athénienne.

… Au début du XXIème siècle.

Au début des années 2000 cette notion est controversée et en 2002 les

députés français rejetèrent le terme de « démocratie participative » au

profit de « démocratie de proximité » concernant la loi qui imposait la créa-

tion de conseils de quartiers dans les villes de plus de 80 000 habitants.

Aujourd’hui, la démocratie participative est dans l’ère du temps et les

dispositifs qui s’y réfèrent se multiplient, mais restent pourtant margi-

naux et ses expérimentations très localisées. Et si toutefois on en fait

usage au-delà du local, elle reste uniquement consultative sans que

l’on puisse évaluer ses effets sur les décisions politiques.

La métaphore de John Parkinson : « lorsque les citoyens sont associés

à la prise de décision, le processus peut porter sur le "housing" (urba-

nisme), c'est-à-dire sur des questions structurelles. Il peut aussi

concerner le "building" (architecture), à savoir des problèmes impor-

tants mais de second plan. Il peut enfin se focaliser sur le "painting"

(décoration), c'est-à-dire sur des enjeux en aval et relativement margi-

naux », est intéressante car elle illustre bien les dispositifs qui se ré-

clament de la démocratie participative et leurs niveaux d’influence sur

les décisions politiques.

Pour l’instant les citoyens restent davantage consultés sur la « déco

», que sur des questions plus essentielles concernant l’intérêt général.

Si la démocratie participative reste l’affaire de quelques élus ou mou-

vements politiques en marges (Attac, cercles alternatifs…), elle a ten-

dance à sortir des milieux expérimentaux pour aller du bas vers le haut

et ainsi transformer la façon de gouverner et de faire de la politique en

s’institutionnalisant progressivement.

Même si on est davantage sur des notions de « cyber-démocratie par-

ticipative », la campagne de Ségolène Royal lors des dernières élec-

tions présidentielles avec son site « désir d’avenir » est un exemple

français de promotion de la démocratie participative comme fondement

d’un projet politique, mais on peut également citer l’exemple américain

de la campagne de Barack Obama.

1 Carole Pateman est une théo-ricienne britannique en politiqueet impliqué dans le féminisme.Elle est l’auteure de Participa-

tion and Democratic Theory.Cambridge Univ. Press, 1970.2 Crawford Brough Macphersonétait un influent théoricien cana-dien en sciences politiques, en-seignant à l’université deToronto. 3 Hannah Arendt (1906 - 1975),est une philosophe allemandenaturalisée américaine, connuepour ses travaux sur l’activitépolitique, le totalitarisme et lamodernité.4 Enseignant-Chercheur britan-nique spécialiste de la démocra-tie participative, cité dans : YvesSintomer, Carsten Herzberg,Anja Röcke, Les Budgets partic-

ipatifs en Europe. Des services

publics au service du public, LaDécouverte, 2008, p.300.5 Insérer un petit encadré avecdes définitions succinctes dechacune des notions du premierparagraphe

39

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

Page 40: Caravane version finale

Des pratiques de « démocratie participative » protéiformes

Il n’est pas question d’être exhaustif étant donné les

logiques politiques contrastées que véhiculent la no-

tion de démocratie participative et les instruments

qu’elle utilise. Alors que dans les années 1970, la dé-

mocratie participative était envisagée comme un pro-

cessus spontané et informel, elle est aujourd’hui plus

procédurale : une attention croissante est portée aux

publics impliqués, à l’organisation des débats et aux

contenus des discussions.

Des dispositifs de démocratie participative pluriels

Les jurys citoyens, les conférences de consensus, les sondages déli-

bératifs et les agendas locaux, mais également les conseils de quartier

ou les budgets participatifs et enfin la Commission nationale du débat

public en France sont des dispositifs de démocratie participative. Cer-

taines d’entre elles vont bien au-delà de la simple consultation, même

si en France nous sommes en retard par rapport aux autres pays eu-

ropéens.

De la démocratie participative à la démocratie de proximité : discours des élus et réalité

De l'idéal démocratique participatif et délibératif à la montée en puis-

sance, ces dernières années, de la thématique de la proximité dans

le discours des élus, quel sens y donner ? B. Barber parle de com-

munauté démocratique vivante, d'un "nous" constamment recréé par

la discussion, d'une participation pensée à l'échelle locale. Il accuse

la démocratie représentative de favoriser l'apathie et l'aliénation poli-

tique du plus grand nombre. Il lui importe que le maximum de per-

sonnes puisse être impliquées dans des activités de participation, que

réapparaisse cet espace de discussion, notamment pour ce qu'il

nomme les exclus de la chose publique. Cette motivation de la parti-

cipation reste aujourd'hui vive, notamment dans les multiple expé-

rience qui tentent d'impliquer localement des publics fragiles,

principalement en milieu populaire. Qu'il s'agisse d'ateliers populaires

40

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

Page 41: Caravane version finale

d'urbanisme, de groupes de qualification mutuelle, d'université du ci-

toyen ou de théâtre forum, différentes techniques sont mobilisées pour

produire un effet de politisation auprès de ces groupes (M. Carrel ).

Le concept de démocratie participatif de Jürgen Habermas et John

Rawls s'appuie sur des participants actifs, orientés vers l'entente et

ouverts aux arguments de l'autre. Ils mettent en effet l'accent sur la

capacité de la délibération à fonder la légitimité de la décision et sur

les compétences déployées par les participants à la discussion. Ce

concept de démocratie délibérative constitue aujourd'hui l'une des

sources d'inspiration majeures des expériences de démocratie parti-

cipative.

Face à cet idéal, une réalité : un discours de légitimation du lien re-

présentatif. Dans un contexte de crise de la représentation les élus

tiennent un discours d'auto-légitimation pour restaurer de la confiance

politique et rétablir du lien social. Le discours sur la proximité sert des

intérêts électoraux (L. Blondiaux ). Les élus travestissent en connais-

sance de cause les termes du contrat initial (l'idéal de démocratie par-

ticipative) dans des perspectives électoralistes. Ainsi formulée

l'alternative risque de demeurer stérile. Elle risque surtout de rompre

avec le sens donné à l'action publique alors que l'objectif de cette

proximité, de cette démocratie participative est bien de soutenir la dé-

mocratie représentative (C.Lebart, R. Lefebvre ). Cette posture des

élus donne lieu à un espace de rupture et non de rencontre où habi-

tants et élus sont dos à dos, face à face, se croisent parfois mais ja-

mais ne se rencontrent vraiment.

Les enjeux de la démocratie participative

Pour certains « démocratisation de la démocratie » pour améliorer la

gestion publique, pour d’autres elle serait une menace pour la démo-

cratie représentative, ou encore un outil de communication pour les

gouvernements afin de désamorcer les conflits sociaux. Mais en fait

ses réalités sont beaucoup plus diverses et il s’agit de les analyser

d’une manière plus systémique afin d’en appréhender les diverses lo-

giques sociales et politiques à l’œuvre. Si les résultats des expé-

riences de « démocratie participative » menées sont mitigés et

insuffisamment évalués, il semblerait qu’elle est un impact important,

notamment sur les élus locaux et l’action administrative et les struc-

tures participatives connaissent une croissance exponentielle notam-

41

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

Page 42: Caravane version finale

ment avec les réseaux sociaux, mais également avec l’Internet, que

les responsables politiques ne peuvent plus ignorer.

Démocratie participative à l’ère numérique

La démocratie comme l'a si bien résumé Lincoln , "c'est le gouverne-

ment du peuple, par le peuple et pour le peuple". La République en a

fait son principe dans l'article 2 de la Constitution de 1958. La démo-

cratie n'est pas qu'un mode d'organisation du pouvoir. Elle représente

aussi une certaine conception de la société, voir un idéal collectif. Elle

est à la fois une forme de société de liberté et un régime politique. A

l'ère du numérique, n'est-ce pas l'opportunité offerte de revenir à ces

fondamentaux ?

Évoquer l'idée de démocratie électronique peut paraître étrange mais

la démocratie électronique ne se résume pas au remplacement des

techniques pour le vote. Il s'agit d'une démocratie qui dispose d'un en-

vironnement électronique et numérique agissant pour elle et lui ouvrant

de nouvelles perspectives pour son fonctionnement général. Quels

sont par exemple les impacts de la culture numérique et électronique

sur nos démocraties contemporaines ? On a un ordre numérique qui

s'est construit sous nos yeux. C'est les changements techniques,

l'évolution permanente des matériels informatiques e de leurs intercon-

nexions qui permettent l'existence d'une démocratie numérique. Com-

ment les technologies de l'information ouvrent de nouveaux espaces

de liberté, une nouvelle expression démocratique pour l'épanouisse-

ment de la démocratie entre génération Web 2.0 et communication am-

plifiée ? Dans la même perspective des modalités de e-gouvernement

et de e-administration se mettent en place et créent de nouveaux

modes de fonctionnement des démocraties et de leurs administrations.

Une communication entre administrés et administrations qui prend

aussi une forme virtuelle (P.Levy , 2002, M. Rocard, 2007 ). Ce recours

à la e-démocratie peut permettre d'envisager des modes d'évaluation

et de cyber-résistance face à la pertinence ou non d'une politique pu-

blique. Pourquoi ne pas considérer aussi Internet comme un espace

généralisé de veille et d'évaluation du monde ? (J.C. Boual, P. Brachet,

2004 ). Au final, 'n'est-ce pas de la reconnaissance d'un droit fonda-

mental d'accès à l'espace numérique et aussi du bon usage de l'Inter-

net, de ses services ou de ses sites que se conduira le possible

processus de rénovation démocratique ?

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

42

Page 43: Caravane version finale

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

Les défis de la e-démocratie

La e-démocratie doit relever plusieurs défis : le changements d'habi-

tudes liés au numérique n'ont pas altéré la nature humaine et le rapport

à l'institution. Elle doit coordonner la mise en place de réglementation

ou de régulation adaptée aux usages d'Internet afin que droits et liber-

tés soient respectés. Mais comment gérer ce décalage, cette com-

plexité entre phénomène d'émancipation et d'asservissement avec des

comportements condamnables ? Elle doit aussi s'atteler à la construc-

tion d'une véritable citoyenneté numérique pour éviter l'apparition de

nouvelles inégalités face à la société numérique. Dans quelle mesure

est-il envisageable de permettre l'accessibilité au plus grand nombre

de personnes ? Dans le cas contraire la fracture sociale risque fort

d'être accentuée. Les changements d'ordre sociaux sont aussi à pren-

dre en compte. Ils sont nombreux spécialistes et néophytes à s'emparer

de l'informatique et de ses développements. Il y a aussi l'apparition de

nouvelles pratiques sociales via des réseaux sociaux comme Myspace

ou Facebook qui favorisent l'émergence de nouvelles relations entre

les individus.(Eudes et Plas, 2007 ). Face à ce développement, pas de

dévotion béate, pas d'inquiétude excessive mais il est essentiel de res-

ter lucide et déterminé. Après tout il ne s'agit que de technologies de

l'information. N'oublions pas que les technologies à l'œuvre peuvent

être utilisées aussi bien pour accroître les libertés que les réduire car

le contrôle social est rendu plus facile aujourd'hui qu'hier. Le secret de

la vie privée semble céder la place à une forme de transparence des

individus qui s'exposent sur la toile. Ainsi par exemple, le secret de l'iso-

loir pour le vote est-il réellement possible à maintenir avec des supports

électroniques ? On sent bien qu'une cybersociété réellement démocra-

tique suppose l'éclosion de cybercitoyens respectueux de la liberté des

autres et soucieux d'affirmer et de défendre leurs droits et leurs libertés.

D'une manière générale, est-ce que ces outils numériques n'arrivent

pas justement, de manière positive, au moment où l'on assiste où

s'exerce une crise de la représentation et à une remise en question des

représentants ?

Conclusion : l'Homo numericus !

La société numérique, nouvel âge d'or ? Elle en offre beaucoup de

signes en tous les cas, par les richesses matérielles qu'elle produit et

par les espaces de liberté qu'elle ouvre. Pour autant loin d'être généra-

43

Page 44: Caravane version finale

44

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

lisé à toutes les politiques publiques, elle doit encore être mise en

œuvre pour faciliter l'accès à la société numérique par le plus grand

nombre. Les questions d'identité des personnes, de vie privée, de li-

bertés individuelles ou de propriété intellectuelle sont autant d'éléments

qui se trouvent en partie déstabilisées par les technologies électro-

niques et numériques. Avoir à faire à des comportements de cyberci-

toyens, conscients de leurs droits pour éviter que ces questions ne

portent atteinte justement à leurs libertés individuelles.

L'avènement du numérique ne doit pas nous faire oublier que la réalité

de la vie et celle de la liberté se jouent dans des relations ultimement

humaines (Mathias, 2008 ). L'Homo numéricus est avant tout un être

humain et un citoyen. La toile doit rester au service des libertés réelles

et de la démocratie comme société et régime.

Page 45: Caravane version finale

Les dynamiques croisées de la ville urbaine et la ville numérique au travers d’une manifestation citoyenne : Le cas de la Caravane de quartiersBennetot Anne-Sophie

Dodeman Sophie

Aujourd’hui les médias sociaux du web (Facebook, Twitter, blogs…

) font partie de notre quotidien. La logique d’échanges entre pairs de-

vient un « réflexe » et nous collaborons de plus en plus à travers des

espaces communautaires développés par la génération web 2.0. Ces

services accessibles depuis nos ordinateurs accroissent notre mobilité

et facilitent la contribution et la consultation de l’information. Actuelle-

ment, les entreprises sont en train de faire un grand pas vers cette lo-

gique 2.0 mais ce ne sont pas les seules à franchir le pas… En effet,

les acteurs publics s’intéressent de plus en plus à ces nouveaux

usages et commencent à imaginer des nouveaux outils pour les ci-

toyens et de nouveaux services.

La FING (Fondation Internet Nouvelle Génération) et le groupe Chro-

nos ont lancé un programme Villes 2.0 qui engage des métropoles ré-

gionales parmi lesquelles, figure Rennes. Depuis 2007, ce programme

d’action explore les défis et les opportunités qui émergent de ces trans-

formations urbaines, du point de vue des citadins, des territoires et des

entreprises. Des projets et des expérimentations visent à aider les ac-

teurs locaux à enclencher une dynamique de changement.

Le projet Rennes : villes 2.0

La ville de Rennes est active sur le sujet 2.0 et s’engage dans une

dynamique d’innovation. Récemment elle a développée une applica-

tion iphone baptisée « Vivre à Rennes », basée sur la géolocalisation.

L’application permet à son utilisateur de visualiser en temps réel les

points d’intérêts à proximité de l’endroit où il se trouve.

Résumé

Cet article présente les dy-

namiques croisées de la

ville urbaine et la ville nu-

mérique, concrétisées au

travers d’une manifesta-

tion citoyenne telle que la

Caravane des quartiers de

Maurepas. La ville devient

le carrefour d’initiatives

institutionnelles ou asso-

ciatives qui exploitent le

numérique pour résoudre

des problèmes locaux, en-

tretenir ou recréer du lien

social, ou encore favoriser

de nouvelles formes de

démocratie. L’objectif prin-

cipal est de montrer ce

que le numérique révèle, à

travers ce type d’évène-

ment, au niveau de la ville

et des habitants. Le se-

cond objectif est d’avoir

une meilleure appréhen-

sion des notions de ville

2.0 et de démocratie parti-

cipative à partir d’un cas

concret. Enfin, cet article

s’ouvrira sur des perspec-

tives de recommandations

visant à améliorer, dans la

mesure du possible, la

consultation des citoyens

par rapport aux initiatives

des élus.

Les mots clés

Ville 2.0, gouvernance,

citoyenneté, transpa-

rence, participation

45

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

Page 46: Caravane version finale

Des écrans portatifs sont également mis à disposition par la munici-

palité, à l’exemple du chantier de la Courrouze où les habitants visitent

le futur aménagement en réalité augmentée via une tablette pc, su-

perposant des « couches » virtuelles et réelles. La ville de Rennes en-

courage donc les habitants vers le partage d’informations, la

collaboration, les interactions… et réfléchit sur la manière d’impliquer

encore plus ces acteurs de la ville en mouvement: « D’où le défi

conceptuel, comment penser, représenter voire habiter ce nouvel es-

pace où la distance physique n’existe pas : il nous faut encore réfléchir

à des concepts adaptés 1». Sans représentation partagée et actualisée

du territoire, aucun habitant citoyen ne pourra se l’approprier et donc

lui donner vie.

A cette fin, la Ville de Rennes a innové lors de la Caravane des quar-

tiers Maurepas, en insérant des dispositifs technologiques destinés à

faciliter l’appréhension des projets d’aménagement du quartier par les

habitants et de ce fait, donner une certaine transparence des initiatives

territoriales.

Comme le souligne Jacques Lévy, « la ville n’est pas seulement gérée

par les systèmes d’ingénierie, mais aussi par les habitants qui se ren-

dent capables de maîtriser et de faire évoluer cet immense environ-

nement qu’est une ville. Ils sont donc tous techniciens, en gérant des

informations multiples sur les lieux ou en construisant des stratégies

de mobilité ». Des citadins, rappelle Jacques Lévy, qui n’ont pas at-

tendu l’internet pour devenir des acteurs, et par exemple, au travers

de la civilité, ils « reconstrui[sent] la ville à chaque instant dans l’es-

pace public ». 2

Finalement, ne peut-on pas penser que seuls les habitants ont l’ex-

pertise nécessaire pour ce qui est des projets et des aménagements

qui touchent leur quotidien ? En ce sens, il devient capital d’avoir « l’in-

formation vraie » des citoyens et des manifestations comme la cara-

vane des quartiers qui deviennent des actions stratégiques facilitant

l’expression citoyenne et la réponse à leurs attentes et besoins.

La caravane des quartiers : carrefour de sensibilisation des habitants à la stratégie ville 2.0

Les manifestations telles que la caravane des quartiers peuvent

contribuer à favoriser la participation des habitants et entrent en co-

hérence avec la stratégie ville 2.0 de Rennes. En effet, la logique

46

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

Page 47: Caravane version finale

web 2.0 reste une logique de partage, d’expression, d’échange et

donc de décisions prisent au collectif.

L’engagement des citoyens est essentiel car, en s’impliquant dans le

processus de la ville 2.0, ils deviennent des acteurs du projet et ceci

permet d’avoir une meilleure représentation entre attentes et besoins

des citoyens et objectifs de la ville. Ensemble, ces deux acteurs contri-

buent au projet, le font évoluer au fil des échanges, des expressions

de besoins, ainsi chacun y trouve sa place.

Avec l’exemple du Citywall, les citadins sont sensibilisés à la ville nu-

mérique et peuvent ainsi percevoir les différentes couches, le système

nerveux qui fait que la ville est une notion complexe. Le but de ce dis-

positif est également lié à la visibilité des ressources et les liens «hy-

perlocaux».

«L’hyperlocal fait référence à l’hypermatériel de Bernard Stiegler, c’est-

à-dire le fait que les technologies actuelles transforment tout en infor-

mation. Tout devient matière à information et notamment tout ce qui

nous entoure, géographiquement, physiquement. La matérialité ne dis-

paraît pas, elle est juste devenue invisible, infiniment petite, impercep-

tible, cachée dans le code… Et c’est cette invisibilité à laquelle nous

sommes confrontés qu’il va nous falloir révéler.»2

A travers un écran, les habitants perçoivent ce qui se passe sur le ter-

ritoire, dans leur ville, dans leur quartier.

Dans l’optique de l’échange et du partage sur le sujet de la ville numé-

rique et mouvante, la maquette 3D immersive est un bon exemple de

support de discussion et de débats. En effet, devant l’écran, les habi-

tants se concertent, se questionnent et se rassurent sur le devenir de

leur quartier. « Où vais-je habiter si mon immeuble est détruit ? » « Où

passe le métro ? J’espère qu’il n’est pas trop loin de chez moi pour

que je puisse me déplacer ? », « Mais cet immeuble qui va être

construit va être collé à ma fenêtre ?!! », « Que va devenir le super-

marché du Gast ? ». Autant de questions étaient évoquées entre ha-

bitants, ou posées au médiateur en charge de guider les usagers dans

la maquette 3D du projet d’aménagement du quartier.

Les habitants comme les élus sont ainsi sensibilisés à cette dynamique

de changement insufflée à la ville. Ces dispositifs technologiques ont

permis aux participants de partager leurs attentes et leurs projets et

47

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

Page 48: Caravane version finale

de réagir aux informations concernant leur nouvel espace de vie en en-

voyant leurs questions par mail aux élus. Il semble donc à première

vue, que cette manifestation citoyenne mette en avant la discussion,

l’expression, la concertation. Mais y’a-t—il eu réellement des formes

de démocratie participative lors de la Caravane ?

La caravane des quartiers génératrice de démocratie

participative ?

Rappelons dans un premier temps ce qu’implique la notion de dé-

mocratie participative et en quoi intervient-elle dans notre société ac-

tuelle ?

Ce n’est pas chose aisée de définir en quelques mots la démocratie

participative. Elle cristallise des enjeux territoriaux, citoyens, politiques.

La démocratie participative peut désigner les interventions directes du

citoyen dans la vie publique, dans la vie politique : adhérer à une asso-

ciation, voter lors d’un référendum, etc. On parle également de démo-

cratie participative par opposition à la démocratie représentative, la

première étant appelée à suppléer la seconde. Avec l’appui des tech-

nologies numériques, le couple politique/administration se voit contraint

d’adopter des actions plus transparentes et de rendre des comptes aux

citoyens sur ses agissements. C’est précisément ici qu’intervient la no-

tion de démocratie participative.

L’expérience de la caravane des quartiers n’est pas censée apporter

une réponse à cette question mais elle témoigne de la dynamique ac-

tuelle qui gravite autour du sujet. Elle fut l’occasion de réunir des habi-

tants de Rennes et plus particulièrement du quartier Maurepas, des

élus, des associations durant 3 jours autour de temps d’échanges, de

découvertes, d’animations.

Ces temps de discussion ont été le fruit de confrontations et de ré-

flexions autour de la question de l’urbanisme et de l’aménagement du

quartier. La caravane des quartiers visait la participation et l’expression

citoyenne mais a-t-elle répondu à cet objectif ?

La démocratie participative est aujourd’hui encouragée par le législa-

teur qui a rendu les conseils de quartiers obligatoires (loi de 2002) dans

les villes de plus de 80 000 habitants. Certains élus craignent qu’elle

n’empiète sur les pouvoirs des élus locaux, ou qu’elle rende plus difficile

la gestion des affaires locales. La plupart des élus locaux consultent

48

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

Page 49: Caravane version finale

pourtant de plus en plus les citoyens avant de prendre des décisions

les concernant, qu’il s’agisse d’aménagement d’un quartier ou de

construire de nouvelles infrastructures. C’est ce qu’on appelle la gou-

vernance.

Lors de la Caravane des quartiers, les citoyens ont été invités à poser

des questions aux élus et à soumettre des propositions. Ainsi en deve-

nant coauteurs des réponses à leurs propres besoins, ils renforcent le

lien qui les relie avec les institutions démocratiques. Néanmoins, bien

que les habitants aient eu l’impression d’être engagés dans le proces-

sus de réaménagement de leur quartier, les décisions

institutionnelles ont été prises et validées sans les avoir

consultés au préalable.

Les remarques, les désaccords avec le projet proposé

ont été entendu, mais ne pouvaient en aucun cas im-

pacter sur le réaménagement du quartier. Les urba-

nistes ayant fait valider ces changements par les élus,

la machine était ainsi lancée sans possibilité de modifi-

cation de la part des habitants.

La quasi-totalité des personnes ne savaient pas où se trouvait la sta-

tion de métro du Gast alors que l’emplacement a été acté depuis long-

temps. Beaucoup de personnes étaient demandeuses de voir le tracé

futur du métro. De fait, il semble que la connaissance du projet était

très faible pour ces personnes, de manière générale. De plus, les ha-

bitants étaient surpris par l’ampleur du projet. Certains demandaient

des informations sur les délais de construction des immeubles alors

que les bâtis sont déjà en construction. De nombreux habitants du quar-

tier, faisant partie d’un collectif opposé à l’impact du projet sur leur es-

pace de vie, sont venus afin de recueillir des informations sur le projet

de réaménagement. Ces personnes étaient dans une démarche de

dialogue cordial une fois qu’elles avaient clairement visualisé le projet

sur l’écran. Visiblement une partie des positionnements négatifs vient

du fait que l’on pense que la collectivité veut cacher des choses. En

montrant ces éléments supposés cachés, on change de registre et le

dialogue semble s’engager plus facilement.

Un des objectifs de la Caravane met l’accent sur « Une démarche re-

montante, permettant de réfléchir avec les habitants sur les enjeux et

projets urbains sur une double dimension territoriale : d’une part le quar-

49

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

Page 50: Caravane version finale

tier et d’autre part la ville / agglomération. » Cet objectif n’a été atteint

qu’en partie et les habitants avaient conscience de ce manque.

Rennes face à sa stratégie villes 2.0 : comment encourager la démocratie participative ?

Ces exemples révèlent une infime partie de ce qui peut se faire à

l’échelle du territoire grâce aux outils du web 2.0 et des données par-

tagées par d’autres acteurs, tel que les habitants. Bien sur, les citadins

peuvent composer entre eux en échangeant oralement et physique-

ment, mais les outils numériques ont permis de toucher plus de per-

sonnes et de proposer un mode relativement simple de collecte

d’informations et d’organisation.

Les enjeux politiques et numériques mis en exergue dans cet article

révèlent l’ampleur du travail à accomplir pour les élus. La Cité est un

vivier d’innovations, un café du commerce et d’échanges qui doit viser

à créer du lien entre tous les habitants pour mieux vivre ensemble. La

politique est l’affaire de tous et un évènement comme la Caravane doit

être le catalyseur de liens, un lieu de rencontre entre les générations,

entre les cultures. Elle doit favoriser le débat entre tous et la proximité

entre les élus et les habitants. Les technologies peuvent-elles rappro-

cher les élus et les citoyens? Quels rôles peuvent avoir les technolo-

gies entre les élus et les citoyens?

50

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

Page 51: Caravane version finale

La communication citoyenne médiatisée : le rôle du médiateurCanuti Luciana

Guillo Marie

Le Beller Maïwenn

Pour cette quatrième édition de la Caravane des Quartiers, la ville

de Rennes a décidé d’expérimenter l’utilisation de dispositifs technolo-

giques dernière génération pour assurer la communication auprès des

habitants de Maurepas. L’utilisation de machines à communiquer , au

sens que lui donne Pierre Schaeffer (1970), permet d’enregistrer, de

stocker, et de redistribuer une multitude d’images, de textes et de do-

cuments sonores. Elles représentent pour le politique, un nouveau

moyen de transmission d’informations et offrent, pour le sujet-destina-

taire, la possibilité de se représenter le monde. Ce sont des « trompe-

œil », elles produisent des simulacres, c’est-à-dire des interprétations

de la réalité. Selon P. Perriault (1989), la conception d’outils technolo-

giques s’est depuis toujours, donné pour objectif d’amoindrir ou de ré-

sorber des déséquilibres existant dans la société, pour parfaire

l’homme. Cependant, il est nécessaire de se débarrasser très rapide-

ment d’un mythe : « les machines à communiquer n’atténuent pas les

difficultés inhérentes à la communication humaine » , et nous irons

même jusqu’à dire qu’elles en révèlent le dysfonctionnement.

Tout acte de communication suppose donc au moins, un émetteur et

un destinataire qui sont tout deux le résultat d’une histoire individuelle

et collective et qui évoluent dans un cadre social d’interprétation pos-

sédant leurs propres pratiques, valeurs et habitudes. Cette communi-

cation peut bien évidemment se faire en face-à-face, mais aussi via un

media, c’est-à-dire via « tout système de communication permettant à

une société de remplir tout ou partie des trois fonctions essentielles de

la communication à distance des messages et des savoirs, de leur

conservation et de la réactualisation par ce biais de ses pratiques cul-

turelles et politiques » .

51

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

Page 52: Caravane version finale

L’approche historico-culturelle de Vygotski (1978) met l’accent sur la

façon dont l’activité humaine implique l’utilisation d’outils, pour d’une

part, exprimer l’histoire et la culture d’une société et d’autre part, per-

mettre aux individus d’interagir avec l’environnement. Le chercheur fin-

landais Yrjö Engeström (1987) a développé sur ces bases, une

approche qui ne se centre pas sur l’individu ou sur les communautés,

mais sur les systèmes d’activité. Il représente une activité sous la forme

d’un triangle dans lequel le sujet utilise des outils par rapport à l'ac-

complissement d'un objectif. Les relations entre ces trois éléments et

le triangle plus large des règles (structures du comportement), la com-

munauté, et la division du travail dans le système d'activité, influencent

l’apprentissage et les interactions ayant lieu. Le triangle offre ainsi un

cadre descriptif dans lequel on peut établir des liens entre les outils

utilisés dans des actions concernant une activité et leurs relations dans

des communautés spécifiques et des structures sociales. Le rapport

fondamental se situe entre le participant individuel et l’objectif des sys-

tèmes d'activité. Cette relation n'est pas directe mais est obtenue par

la médiation des outils. Les systèmes d’activité sont en développement

permanent et changent en fonction des actions de nouveaux partici-

pants, de nouveaux objectifs et d’outils. En fait, c’est d’abord et grâce

aux outils que les activités ont lieu, ceux-ci peuvent être physiques

(software, livres) et/ou cognitifs (langage, concepts).

Les concepteurs des technologies retenues par la ville de Rennes pour

la Caravane des Quartiers ont donc crée des artefacts, des objets ma-

tériels au sens de P. Rabardel (1995) ; des écrans tactiles interactifs

multi-touch adaptables aux différents contextes selon les objectifs

visés. Les agents de la ville ont ensuite réfléchi aux contenus à dépo-

ser dans les technologies, au message à transmettre. Pour ce faire,

ils ont dû se positionner de façon à voir les habitants de Maurepas

comme une population homogène, avec des besoins, des attentes et

des compétences similaires. Or, ce n’est pas du tout le cas car, quand

un sujet utilise un artefact, il mobilise et projette énormément de lui

dans l’objet, celui-ci devient alors à ses yeux, un instrument. L’instru-

ment n’est pas donné d’emblée à l’usager, il apparaît à lui à travers un

double processus de genèse instrumentale.

D’un côté, l’utilisateur rentre dans un processus d’instrumentation lui

permettant de faire émerger ou de faire évoluer des schèmes d’utili-

sation qui dépendent de la façon dont l’artefact va contribuer à « pré-

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

52

Page 53: Caravane version finale

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

53

structurer » l’action du sujet pour réaliser la tâche en question. Selon

Helen Beetham (2007), il est important de voir un objet conçu comme

un espace où les intentions de ses concepteurs et de ses utilisateurs

convergent et dont la signification n'est pas fixée mais apparaît au fil

de l’utilisation. Dans la Caravane des Quartiers, la technologie doit

être interprétée dans son contexte d'activité et voir sa signification et

son impact comme relationnels ; c'est-à-dire se développant par rap-

port à un sujet particulier et dans le contexte d'un jeu spécifique de re-

lations sociales et environnementales. Dans ce sens, la technologie

n'est pas juste l'outil dans le diagramme de Engeström, mais une re-

lation qui se développe dans et par l'utilisation de l’instrument. Une

activité consiste donc à utiliser des outils pour atteindre un objectif pré-

cis dans le cadre du système d’activité. Ainsi, la technologie ne doit

pas être considérée comme un outil neutre existant purement pour

servir un certain objectif humain. Selon Cousin (2005), les gens et les

technologies se rapportent dynamiquement, « nous sommes ce que

nous faisons avec la technologie ».

D’un autre côté, l’usager s’insère dans un processus d’instrumenta-

tion. Il personnalise l’artefact en fonction de ses besoins et de ses at-

tentes et non par rapport aux fonctionnalités prévues par les

concepteurs. Ce processus peut être considéré comme un détourne-

ment ou comme une contribution de l’usager à la conception d’un nou-

vel artefact.

L’usage est donc dépendant du sujet lui-même, de ses compétences

personnelles, de sa motivation et de l’intérêt qu’il porte au dispositif,

mais il est aussi tributaire de la médiation qui, est classiquement en-

tendu par P. Peraya (2009) au sens de relation, d’interface entre deux

termes. Ainsi, G. Chappaz (1995) estime que la médiation est l’une

des clés de la vie en société, un des « outils susceptibles de favoriser

l’intégration des laissés-pour-compte » et d’aider les individus et les

groupes à assurer une véritable communication. La médiation serait,

en effet, un moyen de rapprocher les points de vue, d’ébranler les cer-

titudes et de dissiper les malentendus. La ville de Rennes avait donc

prévu sur le dispositif de la maquette 3D, la médiation formelle d’un

agent de l’institution pour aider à l’utilisation. En ce qui concerne les

autres dispositifs, des explications écrites avertissaient les individus

sur l’usage des technologies cependant, peu d’habitant les a consulté,

préférant regarder ou encore questionner les autres. Dans ce cas là,

Page 54: Caravane version finale

nous parlerons davantage de médiation informelle, pour qualifier les in-

teractions entre un individu ou un groupe d’individus et un tiers, qui ont

tous le statut d’utilisateur. Le médiateur est selon G. Chappaz « celui

qui va initier à l’usage et constituer au cours des premières formes re-

lationnelles la matrice des compétences des individus : la connaissance

se construit dans l’interaction avec les autres. Les artisans de la mé-

diation […] instaurent des rapports de réciprocité dans un réseau de

relations et d’échanges où est respectée et soutenue la liberté du

sujet.»

Les différents dispositifs de la Caravane des quartiers ont été fortement

appréciés par la quasi totalité des utilisateurs. En effet, une majorité

des usagers n’a pas rencontré d’obstacles majeurs quant à leur utilisa-

tion. Pour le City-Wall, seulement cinq personnes sur dix-huit avouent

avoir rencontré quelques difficultés d’utilisation ; et concernant la Borne

tactile uniquement trois personnes sur dix. Les résultats sont que plus

mitigés en ce qui concerne la maquette 3D, puisque, presque la moitié

des individus sondés avouent avoir eu du mal à utiliser le dispositif et

ce, pour la plupart, à cause de la difficile maniabilité de la manette Wii

utilisée pour se balader dans le futur quartier.

Suite à l’analyse des questionnaires et au retour de nos observations

de terrain, nous avons remarqué que les utilisateurs ont fréquemment

sous-estimé le temps passé sur les dispositifs. Nous pourrions ici faire

l’hypothèse que c’est peut être parce que les personnes se sont « amu-

sées » avec les outils, qu’elles n’ont pas vu le temps passer, et par

conséquent qu’elles y trouvaient leur intérêt. Ensuite, nous avons

constaté, de manière générale, que les usages ont été différenciés

selon les technologies utilisées. Ainsi avons-nous noté que globale-

ment, pour le City Wall, les individus se rendaient sur le stand lorsque

quelqu’un s’y trouvait déjà. Il s’est donc avéré que la présence d’un

tiers rassurait et éveillait la curiosité, c’est en effet en regardant les au-

tres que les gens osaient utiliser les dispositifs. Nous pouvons donc af-

firmé que l’affluence sur un dispositif technologique dans notre contexte

est davantage un facteur d’usage que de non-usage, il est donc néces-

saire de réfléchir au rôle du médiateur, qu’il soit formel ou informel.

Le médiateur participe activement au processus de diffusion de l’infor-

mation, mais c’est au niveau du sujet que se construit le sens, et cette

activité est contrainte par des contextes, par la nature des savoirs et

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

54

Page 55: Caravane version finale

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

55

compétences qu’on demande au récepteur de posséder. La première

tâche du médiateur consiste à comprendre ce que l’individu sait déjà.

C’est par le dialogue, par l’échange, par le doute que les perceptions

intuitives des uns et des autres peuvent commencer à s’accorder et à

évoluer vers une compréhension commune. En laissant le temps aux

sujets de s’exprimer, on suscite chez eux un premier niveau de confron-

tation entre l’information nouvelle et eux-mêmes, propice à la produc-

tion de sens. Le médiateur est en premier lieu l’organisateur de ce

processus de communication. Nous reprendrons, pour illustrer ce rôle

du médiateur, l’idée de la mère suffisamment bonne développée par

Winnicott , qui vient du fait qu’elle ne doit pas l’être trop. Si les parents

comblent tous les besoins avant qu’ils ne se présentent, cela ne lais-

sera pas le temps à l’enfant d’éprouver du désir et donc d’agir par lui-

même, en présence de l’autre. Sa deuxième tâche se situe au niveau

de la confrontation, qui se poursuit en parallèle de la première, celle-ci

est créée par les questions que le médiateur ne manquera pas de sus-

citer à tout moment. Nous nous inscrivons ici dans la pensée de Vy-

gotski qui présume que toute fonction cognitive apparaît sous deux

formes : d’abord comme une interaction sociale qui sera, par la suite,

intériorisée par les usagers afin de s’en servir de façon autonome,

comme d’un outil de pensée. Car, le médiateur, en attirant l’attention

des participants sur la façon dont ils se servent d’un outil de pensée,

prépare au transfert de ces outils intellectuels. C’est ce processus

d’échange et de confrontation que Vygotski appelle « dialogue cognitif

», celui-ci peut-être conduit par le médiateur ou se faire spontanément

avec les tiers.

Dans un premier temps, le guidage peut être assez directif afin de mo-

déliser une façon de faire, une procédure cognitive à travers une mé-

diation formelle. Cependant, quand l’aide n’est plus utile, il convient de

se retirer, le plus difficile est donc de juger le moment opportun de le

faire. Se retirer en laissant les individus avoir recours à leurs pairs, à la

médiation informelle, permet d’observer comment ils avancent dans

leur tâche et de leur donner l’occasion de s’entraîner à prendre eux-

mêmes la responsabilité de leurs usages. Le processus cognitif est

ainsi mis en oeuvre par une procédure créant l’interaction dans un cli-

mat de confiance mutuelle et de respect de l’autre. Les erreurs doivent

donc être permises et servir d’outils permettant de rectifier le tir et

d’améliorer les capacités d’analyse et de jugement critique dans le do-

Page 56: Caravane version finale

maine concerné. Enfin, il est nécessaire pour le médiateur de s’assurer

que l’objet du savoir soit compris par le sujet afin de prévoir le transfert

des compétences, qui est la capacité de mettre en oeuvre des savoirs

ou des savoir-faire appris dans une situation donnée, dans un contexte

nouveau. Le rôle du médiateur est, comme on vient de le voir, assez

complexe, mais sa présence est indispensable pour une partie des

gens qui ne se sentent pas du tout technophile et qui concerne environ

30% des participants de cette rencontre.

Dans le quartier de Maurepas, les projets ZAC étaient, avant cette ex-

périmentation, souvent présentés de manière magistrale et descen-

dante, il était très difficile pour les individus de faire entendre leur voix.

Nous nous poserons donc une dernière question pour conclure cet ar-

ticle ; celle de savoir si l’introduction de dispositifs technologiques der-

nière génération dans des évènements tels que la Caravane des

quartiers ne participerait pas, dans le cadre de plans de communication

institutionnelle, au retour des interactions humaines au plus proches

des habitants.

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

56

Page 57: Caravane version finale

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

Résumé :

Cet article présente la doubleproblématique du handicap,en tant que déficience danssa dimension biomédicale etl’évolution de la représenta-tion dans un nouveau modèlesocial soutenu par la loi surl’égalité des chances du 11 fé-vrier 2005. Le deuxième ob-jectif est de montrer que lehandicap est un fait social quiengage les membres d’unecommunauté multiculturelle. Ilinforme des matériels et outilscompensatoires qui permet-tent à des personnes handica-pée d’accéder à des capacitésgrâce aux TIC. Mais le rapportà autrui reste essentiel et c’estle regard de l’autre qui permetà la personne handicapées’intégrer un groupe social. Le quartier représente le lieud’intégration par excellence.Toute transformation du lieude vie modifie les interactionset fragilisent la Personne Han-dicapée résidente. L’informa-tion préalable et le dialogueouvert sur les différentes ac-cessibilités futurs, la prise encompte de des attentes dequalité de vie, l’écoute de laPersonne Handicapée en tantqu’expert de ses besoins pourmener sa vie de citoyen duquartier, nécessitent des sup-ports de diffusion de l’informa-tion accessibles. LesTechnologies de l’Informationet de la Communication peu-vent répondre à ces modalitésd’usage, spécifiques aux Per-sonnes Handicapées, qui parailleurs, faciliteront l’accès aupublic vieillissant et à toutepersonne.

Les mots clés :

Handicap, sociologie duhandicap, exclusion,intégration, compensation,

accessibilité,identité, regard des autres,

diversité

57

Handicap : la question de l’accessibilitéCaroline Thouvenot

L’image de la personne handicapée a beaucoup évolué depuis 40

ans dans la société occidentale. « Le handicap ne peut être envisagé

en dehors de l’univers social qui le produit »1affirmait Mike Oliver en

1996. Cette phrase renvoi à une double problématique : celle de la

prise en compte compensatoire de la personne handicapée avec ses

déficiences, et, la problématique sociale qui intègre l’exception « han-

dicap » comme une composante de la société multiculturelle interdisant

les discriminations.

Etat de l’art du handicap

Selon les estimations INSEE de 2002, douze millions de personnes

en France se déclarent porteuse d’une déficience dans la vie de tous

les jours : 13,4 % d’une déficience motrice, 11,4% d’une déficience

sensorielles, 9,8 % d’une déficience cardio-vasculaires ou respira-

toires, 6,6% d’une déficience intellectuelle ou mentale. Au niveau eu-

ropéen, 50 millions de personnes sont considérées handicapées. Les

incapacités qui en résultent sont de gravité très différente. Le phéno-

mène du handicap est donc bien une réalité et non la situation d’une

frange de population. Il se définit comme la résultante entre facteurs

personnels et facteurs environnementaux.

Depuis le début du 20ème siècle, le handicap a été problématisé sous

la forme des déficiences corporelles et de la différence à autrui. La so-

ciété a reconnu le droit du handicap mais a cherché à effacer l’image

de la personne en créant des normes spécifiques de la différence.

La notion de « stigmates » de Goffman2 pose le handicap comme un

statut social où se créent les interactions entre les individus dits nor-

maux et ceux dits « a-normaux » en raison de leurs handicaps. Le stig-

mate, en grec « stigma », qui signifie marque physique d’infamie,

Page 58: Caravane version finale

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

58

disqualifie et empêche d’être accepté par la société, ce qui mène à l’ex-

clusion de la personne hors norme.

En France, dès 1975, la loi a reconnu à la personne handicapée le

droit à la compensation de son incapacité. Michel Foucault3 précise que

la Personne Handicapée « existe essentiellement par rapport à des

structures adaptées, à des lois ». Il est exact que la société considère

la déficience et l’incapacité sous des aspects négatifs, et qu’il appartient

à la personne handicapée de surmonter ces différences pour participer

à la société qui la marginalise.

Cette approche individuelle du handicap pointe les obstacles générés

par les incapacités à surmonter pour vivre en société et l’exclusion qui

en découle.

La loi du 11 février 2005 pour « l’égalité des droits et des chances, la par-

ticipation et la citoyenneté des personnes handicapées » donne une nou-

velle définition du handicap, soutenue par l’article L.114 du code de la

famille et de la santé. Elle place la Personne Handicapée au centre de

tous les dispositifs qui doivent permettre une intégration sans discrimina-

tion. La personne handicapée est reconnue en tant que citoyen, acteur et

auteur de sa vie. Les institutions sociales et politiques ont la responsabilité

de mettre en place des initiatives proactives permettant l’intégration. L’ac-

tion collective des associations de personnes handicapées assure une

approche multi déficiences qui montre davantage l’exclusion que subis-

sent souvent les personnes et crée un mouvement sociopolitique dans

le champ du handicap pour obtenir l’intégration.

Sous l’influence du sociologue américain Charles Wright Mills4, un nou-

veau courant sociologique, d’abord britannique, puis européen, ana-

lyse le handicap en tant que fait social « ce n’est pas le fait que la

personne ait une déficience quelconque qui fait d’elle une personne

handicapée, mais plutôt l’échec de la société capitaliste à répondre à

ses besoins »5. L’approche du handicap évolue donc d’un problème in-

dividuel vers un paradigme social et politique. La dépendance, liée à

la déficience, est un fait social qui concerne tous les membres de la so-

ciété et la vie dans tous les lieux publics : région, ville, quartier….

Le quartier : lieu de vie

Le quartier est le lieu de vie privilégié où l’individu entre en interaction

avec d’autres et où il va progressivement construire son identité. C’est

Page 59: Caravane version finale

a59

un espace de socialisation où chacun intègre les habitudes de vie de

la communauté, où se constituent selon Durkheim, les solidarités pri-

maires6. Les mutations des quartiers remettent en cause les identités

sociales et participent à l’essoufflement de ces solidarités. En réaction

à cet essoufflement, les habitants réagissent par la mise en place de

nouveaux usages et construisent une nouvelle identité sociale.

La personne handicapée fragilisée, construit difficilement son identité

psychologique et sociale. L’information sur les modifications de son lieu

de vie et la prise en compte de ses besoins d’accessibilité sont donc

impératives pour qu’elle puisse préserver un lien social construit, ou le

créer par sa participation active aux débats citoyens sur l’évolution du

quartier. L’identité se forge à travers le regard des autres et leur repré-

sentation du handicap.

Pour Jean Paul Sartre, « autrui est le médiateur indispensable entre

moi et moi-même »7

Le pictogramme du fauteuil roulant est souvent le symbole du handicap,

pourtant il existe différents types de handicaps. La CIDH8 qualifie le

handicap, à travers l’atteinte du corps les déficiences, les difficultés ou

impossibilités à réaliser les activités de la vie courante qui découlent

de ces déficiences, les incapacités et les problèmes sociaux qui en ré-

sultent, les désavantages.

Les handicaps moteurs, dont les origines sont diverses, constituent une dé-

ficience physique du corps ou d’une partie du corps à se mouvoir.

Le handicap visuel concerne la perception, l’utilisation de la fonction vi-

suelle, le traitement des informations reçues.

Le handicap auditif est l’absence ou la perte de l’audition qui peut sur-

venir à n’importe quel âge de la vie.

Les handicaps mentaux sont la conséquence des limitations des facul-

tés cognitives et en particulier de l’efficience intellectuelle. Le handicap

psychique est consécutif aux conséquences de troubles relationnels

de l’individu vis-à-vis de lui-même et de son entourage.

Lorsque la communication est altérée du fait du handicap, le voisin n’en

comprend pas toujours l’origine, car certains handicaps sont invisibles.

Compensation et intégration sociale

Actuellement les Personnes Handicapées sont mieux prise en charge

en intégration individuelle. Des compensations du handicap permettent

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

Page 60: Caravane version finale

60

d’aller vers une capacité retrouvée. Oliver9 distingue

dans le développement des technologies un facteur

d’inclusion dans la société. L’aide humaine, indispen-

sable aux Personnes Handicapées, maintient la dé-

pendance, alors que les outils technologiques visent

à développer l’autonomie et la responsabilité.

Si les bâtiments doivent respecter des règles d’ac-

cessibilité telles que des plans inclinés, la gestion

des courbes, l’ouverture des portes en largeur et en

système automatique, la présence d’ascenseurs, la hauteur pour la pré-

hension des objets en fonction de la position des fauteuils roulants, la

voirie et les transports doivent également respecter les règles permet-

tant une bonne circulation, pour une personne à locomotivité réduite

ou en fauteuil roulant, électrique ou manuel. Pour une personne handi-

capée moteur, l’évaluation d’expériences de navigation sur fauteuil

électrique dans un monde virtuel permet de diminuer les angoisses face

à l’inconnu et d’apporter des propositions d’améliorations pertinentes

à l’environnement.

La démarche « code de la rue », lancée en 2006 par le Ministère des

Transports vise à améliorer les déplacements de l’ensemble des usa-

gers sur la voirie urbaine. Les personnes déficientes visuelles bénéfi-

cient de ces règles d’usages, qui s’harmonisent avec l’information de

guidage podotactile, auditive et de Visio description qui leurs sont spé-

cifiques. Le code de la rue facilite aussi leurs stratégies d’orientation

avec la canne vibrante ou le Tom Pouce Light. L’aménagement des bâ-

timents de spectacle ou des lieux d’exposition avec des audio guides

et des Visio description permet à tout malvoyant de suivre un spectacle

ou une exposition.

Les salles de spectacle, de cinéma, les auditoriums, équipés de boucle

magnétiques, permettent aux malentendants équipés de prothèses

adaptées de compenser leur déficience.

Les cyber espaces et les espaces numériques publiques ont des

normes d’accessibilité du web, que se soit en terme de manipulation

des périphériques, de lisibilité de l’écran et de traduction en braille pour

les malvoyants, en avatar de la LPC10 ou en modélisation de la langue

des signes pour les malentendants. Lieux de culture, les bibliothèques

et médiathèques sont des endroits qui permettent l’accès aux compen-

sations à travers des cabines Borges.

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

Page 61: Caravane version finale

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

a61

Certains de ces aménagements sont spécifiques, d’autres peuvent

aider tout public en difficulté ou vieillissant, mais d’une manière géné-

rale, ils améliorent le confort d’accès de tous.

Effet du changement sur l’identité de la Personne handicapée

Participer à la vie citoyenne, être reconnu en tant que sujet de droit

est une modalité préparatoire à l’exercice de la citoyenneté et à l’ap-

partenance à un groupe social. La norme du groupe est définie par la

généralité. Dans un quartier, les règles collectives servent de règles,

les usages, de lois locales. L’identité d’un individu, ressentie par le

groupe, correspond à sa personnalité. La Personne Handicapée, elle,

se définit souvent par le désavantage social consécutif à son handicap.

Son identité est modifiée par les contraintes qu’elle subit du fait d’un

environnement non adapté, pour participer aux activités ordinaires du

groupe social. Inclure la personne handicapée signifie la reconnaitre

en tant que personne mais sans négliger son handicap, qui constitue

un des éléments de sa diversité personnelle. Inclure pour bien vivre

demande du temps, de la confiance,pour aller vers l’autre et être re-

connu en tant que personne. Paul Ricœur11 écrit « je me reconnais à

des signes de capacités. Ce n’est pas la même chose d’exister dans

le regard d’autrui et d’exister dans la capacité ». Dans le cadre des

modifications sociales d’organisation de la collectivité, les limitations

de l’exclusion des personnes handicapées et de la souffrance identi-

taire due au regard autoporté sur le handicap, montrent que la loi n’est

pas le seul porteur de la volonté du « vivre ensemble ».

Devenir acteur des modifications du lieu de vie, soutient une démarche

pluridimensionnelle et cohérente. L’information préalable et accessible,

l’organisation de manifestations incitatives, incitent l’habitant handicapé

à participer à des comités qui renforcent le lien social. Ainsi, si une

meilleure connaissance du quartier et de son histoire ancre la personne

au cœur de la vie locale, la représentation de l’évolution du quartier

l’amène se projeter dans un avenir qualifié. L’angoisse du changement

peut ainsi s’estomper au profit d’une inclusion en tant qu’expert de fu-

turs aménagements des lieux de vie et acteur de la vie sociale. La Per-

sonne Handicapée passe ainsi d’un état identitaire « handicap » à un

état identitaire « citoyen ».

L’accessibilité aux bâtis, pour l’accès physique aux manifestations du

Page 62: Caravane version finale

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

62

1 Mike Oliver, Professor of Disabil-

ity Studies. Université de Green-

wich, London Understanding

Disability 1996 Mac milan Press2 Erving Goffman, Stigmate. Les

usages sociaux des handicaps,

Editions de Minuit 19753 Michel Foucault, Dits et Ecrits,

Gallimard 19944Charles Wright Mills, L’imagina-

tion sociologique, Ed la Décou-

verte 1997 5 Barnes , « What a difference a

decade makes » Colin 20016 Serge Paugam, L’exclusion :

l’état des savoirs », Editions la

Découverte 20017 Jean Paul Sartre, L’être et le

néant, Gallimard, 19438 Classification Internationale des

Déficits, Incapacités, Handicap9 Oliver Using emancipatory

méthodologies in disability re-

search, The disability archive UK,

200210 Langue Parlée Complétée, ver-

sion française du Cuedspeech in-

venté en 1967 aux USA par le Dr

Cornett11 Paul Ricoeur, Soi-même

comme un autre, Edition du Seuil,

199012 NOR: BUDJ0700001D13 JORF n°0262 du 11 novembre

2009 page 19593 texte n° 32

type « caravane des quartiers » est complémentaire de l’accessibilité

physique et numérique à tous les outils et supports informatiques : ma-

nipulation, accessibilités aux interfaces de communication prévues par

le décret du 2 mars 200712, soutenu par l’arrêté du 9 novembre 200913,

consolidé le 13 janvier 2010, afin que toute personne puisse percevoir,

comprendre, naviguer et interagir de manière efficace.

Conclusion

Le handicap est un fait social qui s’inscrit dans la diversité des com-

munautés comme le métissage ou le sexe en tant que différence consti-

tutive des collectivités, porteurs des projets de changement. Le

vieillissement de la population augmente considérablement les situa-

tions de handicap. Les besoins des enfants, adultes handicapés et des

seniors devenus handicapés se rejoignent. L’aménagement des quar-

tiers poursuit un objectif direct, d’amélioration de vie des habitants et,

intermédiaire, de meilleure inclusion de tous, particulièrement des per-

sonnes fragilisées et en situation de handicap.

Pour que la caravane, outil d’information soit accessible physiquement,

après la révision des conditions de circulation à l’intérieur du chapiteau,

en tant qu’Etablissement Recevant du Public, les TIC compensatoires,

pour le citywall, la borne tactile, la maquette 3D permettraient d’amé-

liorer l’accès pour toute personne présentant une incapacité ou une dé-

ficience. Un accueil humain, informant des outils favorisant

l’accessibilité, selon le type de handicap, encouragerait la visite de ces

habitants handicapés. Quant à l’utilisation de la maquette 3D, il serait

intéressant que des avatars porteurs de handicap soient disponibles

pour la visite virtuelle.

L’utilisation de nouvelles technologies urbaines, accessibles à toute

personne en situation de handicap, momentanées ou durables, enclen-

chent des processus dynamiques d’égalité pour l’accès aux ressources

culturelles, économiques, politiques de la vie future de la cité à condition

que l’accessibilité, sous toutes ses formes, soit construite dans les outils

d’information qui seront alors vecteurs d’insertion et de modifications

identitaires de la Personne Handicapée.

Page 63: Caravane version finale

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

63

Résumé :

Cet article pose la questionde la Caravane des Quar-tiers de Maurepas en tantque phénomène de sociali-sation. Réunit-elle réelle-ment les caractéristiquesnécessaires à la mise enplace d’un réel processusde socialisation, pouvantainsi répondre aux objectifsfixés par la Ville de Rennes? Après avoir redéfinit cequ’est la socialisation, nousdéclinerons cet article entrois parties. Dans un pre-mier temps nous présente-rons les différents constatsque l’on peut faire au sujetd’un tel événement dequartier via les analyses,questionnaires et observa-tions faites, Dans un se-cond temps, nous mettronsen évidence les limites à lasocialisation auxquelles lacaravane se trouveconfrontée, et pour finirnous essayerons de dé-montrer en quoi la cara-vane est ou non un lieu desocialisation.

Les mots clés :

exclusion, rencontre,échange, groupe

La Caravane desquartiers :phénomènede socialisation

Emmanuel Armand

Sara Mammad

Fanny Saint-Georges

L’évènement de la Caravane des quartiers, organisé par la ville de

Rennes du 17 au 20 mars au cœur du quartier de Maurepas, devait

permettre aux habitants de prendre connaissance des projets du quar-

tier et de la ville, notamment au moyen de dispositifs technologiques.

Cette démarche avait comme objectif de favoriser la rencontre,

l’échange et le partage entre les différents acteurs locaux, publics et

particuliers. Peut-on alors parler de phénomène de socialisation ?

D’abord, qu’entend-on par « socialisation » ? D’après le dictionnaire

de sociologie, « Au sens fort, socialiser, c’est transformer un individu

d’un être asocial en un être social en lui inculquant les modes de pen-

ser, de sentir et d’agir. Une des conséquences de la socialisation est

de rendre stables les dispositions du comportement ainsi acquises.

Cette intériorisation des normes et des valeurs a également pour fonc-

tion de rendre siennes les règles sociales, qui sont par définition ex-

térieures à l’individu, et d’augmenter la solidarité entre les membres

du groupe. En tant qu’instrument de la régulation sociale, elle permet

l’économie des sanctions externes. Le groupe n’a besoin, dans ce

sens, ni de rappeler indéfiniment à l’individu l’existence de ces règles,

ni d’exercer sur lui une contrainte pour qu’elles soient observées : les

violer engendre un sentiment de culpabilité » .

Si au premier abord, la Caravane des quartiers laisse apparaître ce

que l’on pourrait définir comme un phénomène de socialisation,

puisque les gens se retrouvent, se regroupent et créent une certaine

dynamique ; l’approche scientifique nous montre que les considéra-

Page 64: Caravane version finale

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

a64

tions restent individualistes et la socialisation ponctuelle. En effet, la

caravane reste un événement itinérant de 3 jours qui fait étape 3 à 4

fois par an à Rennes, chaque fois dans un quartier différent. Cet article

ciblera l’observation de la caravane des quartiers de Maurepas.

Afin de mieux comprendre ce que nous avançons, cet article se décli-

nera en trois parties. Dans un premier temps, nous présenterons les

différents constats que l’on pouvait établir au moment de cet événe-

ment. Dans un second temps, nous mettrons en évidence les limites à

la socialisation auxquelles la Caravane des quartiers se retrouve

confrontée, et pour finir nous tenterons de démontrer en quoi elle est

ou non un lieu de socialisation.

Sur place : les premiers constats

De par notre observation participante lors de la Caravane des quar-

tiers, nous avons pu constater différents éléments, grâce à des outils

de recherche (observations, questionnaires).

Avant tout, le premier constat établi est qu’effectivement la Caravane

des quartiers est un lieu de réunion, de regroupement. Sur place, des

espaces ont été aménagés pour favoriser ces regroupements : un ac-

cueil-café avec des tables autour desquelles s’asseoir, un coin avec

deux canapés et une table basse pouvant rappeler un salon… Ces es-

paces semblent avoir été surtout investis par les habitants. Néanmoins,

on a pu observer que ce n’est pas pour autant qu’un échange entre

habitants et élus a eu lieu. A contrario, on observe la formation de pe-

tites sphères communicante constituées d’habitants. Les élus, quant

à eux, semblaient empreints d’une certaine réserve et n’ont pas forcé-

ment été très disponibles pour les habitants.

Autre constat, celui de la participation des plus jeunes (avec leurs écoles),

des familles, des personnes âgées, qui donne à penser que toutes les

générations sont présentes et que la population du quartier de Maurepas

est bien représentée ; il y a une apparence de mixité sociale.

En s’intéressant à ce qui se déroule auprès des différentes technolo-

gies, on observe des manifestations d’entraide, des échanges sur le

contenu comme sur la technique. Il semble que les dispositifs facilitent

le dialogue entre les visiteurs. La Caravane s’apparente alors à un «

laboratoire de nouveautés », et nous pouvons supposer qu’il s’effectue

des transferts de compétences, entre ces « apprenants ».

Page 65: Caravane version finale

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

65

Après quelques temps passés sur les lieux, nous nous sommes rendus

à l’évidence que si des efforts de communication avaient été réalisés

en amont de l’évènement, peu d’informations avaient été données sur

les détails du programme de la manifestation. Par conséquent, les vi-

siteurs apparaissent perdus, ou hésitants. A leur arrivée, ils donnent

l’impression d’ignorer vers quoi, vers qui se tourner. Pour certains, cela

peut se traduire par l’impression d’être mit à l’écart, peut-être même

l’émergence d’un sentiment d’exclusion. Pour illustrer ce propos, citons

une femme qui a été déçue par le déballage de nouvelles technologie,

qui selon elle n’apporte rien à l’événement : « Rennes fait sa comm,

cela ne me touche pas ». Peut-être cela s’explique-t-il également par

la signalétique sur place, plutôt discrète.

D’après ces constats, l’événement de la Caravane

des quartiers a donc permis, dans un temps limité,

d’une part le regroupement d’un panel d’habitants

du quartier, et d’autre part l’installation de dialogues

et d’échanges entre les visiteurs. Toutefois, nos ou-

tils de recherche ont montré qu’une partie des ha-

bitants était venue parce qu’ils se trouvaient inquiets

et/ou curieux, quant à l’évolution du quartier. En

effet, les observations et les questionnaires nous

ont révélé la récurrence d’interrogations, du type « le métro passera-t-

il près de chez nous ? Où l’école va-t-elle se trouver ? Et nos garages,

vont-ils être démolis ? » Ces préoccupations personnelles ne sont-elles

pas un frein à l’installation d’un processus de socialisation ? Et n’existe-

t-il pas d’autres limites à ce processus ?

Analyse à posteriori : révélation des limites

D’après notre analyse menée à posteriori de l’évènement, au moyen des

données récoltées sur le terrain, il existe plusieurs freins à la mise en place

d’un phénomène de socialisation lors de ce type de manifestations.

D’abord, nous postulons que la courte durée de l’événement représente

une réelle contrainte de temps. En effet, d’une part le caractère éphé-

mère de l’évènement constitue un obstacle au processus de socialisa-

tion, puisqu’il ne permet pas aux habitants de s’approprier l’évènement.

D’autre part, cela n’a pas pu permettre une réelle représentativité du

panel d’acteurs présents par rapport à la population du quartier ; le pro-

cessus de « bouche à oreille » n’ayant pas pu encore s’enclencher.

Page 66: Caravane version finale

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

66

Par ailleurs, notre analyse révèle que certaines personnes ne sem-

blaient pas ressentir un bien-être collectif lors de l’évènement ; le motif

premier de leur présence étant leur préoccupation quant à l’avenir du

quartier et leur devenir, plutôt que la rencontre en elle-même.

De plus, le plan d’urbanisme présenté à travers la maquette 3D n’était

pas suffisamment clair pour présenter aux gens l’avenir du quartier.

Les éléments n’étant pas définitifs et les réponses données peu

concrètes, le plan renvoyait aux visiteurs l’impression de se trouver en-

core très à l’état de projet car pas assez abouti. Il semble donc exister

un décalage entre ce que souhaite présenter la Caravane et ce qu’elle

propose réellement.

Enfin, nous avons pu analyser que les technologies jouaient pour cer-

taines personnes plutôt un rôle de révélateur d’exclusion que d’inté-

gration : « Ici je me sens mal parce que n’ayant pas accès à tout ça

d’habitude, je ne sais pas m’en servir … Je ne suis pas bien, parce

que je prends conscience de ma différence… je me sens complète-

ment à part, exclu.»

Pour notre analyse, plusieurs inconnues demeurent : les compétences

techniques acquises par les personnes au moment des manipulations

ont-elles été assimilées ? Quelle suite y a-t-il eu après les échanges

observés ? Qu’ont retiré les personnes de cet évènement, du point de

vue personnel ?

Par rapport à ces différentes limites mises en lumière par notre travail

mené sur le terrain puis à posteriori de l’évènement, nous déduisons

donc que la Caravane des quartiers ne permet pas une socialisation,

telle que nous l’avons définie.

Alors, un événement comme la Caravane des quartiers peut-il réelle-

ment être un lieu de socialisation ? Pouvons-nous parler de création,

recréation ou maintien de lien social ? De quoi parlons-nous quand

nous faisons référence à un lieu de socialisation ?

Plus concrètement…

… il ne faut pas perdre de vue que la socialisation d’un quartier existe

déjà ; les différents acteurs qui y vivent entretiennent des relations au

quotidien et on peut considérer que de part son côté éphémère un évè-

nement comme la Caravane des quartiers ne va pas créer une nou-

Page 67: Caravane version finale

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

67

velle socialisation mais au contraire la maintenir, voire la renforcer pour

certains.

Imaginer la Caravane des quartiers comme un véritable phénomène

de socialisation pourrait être effectif si celle-ci était présente dans dif-

férents lieux de la ville, de manière permanente. Il est nécessaire que

la Caravane des quartiers, pour exister en tant que telle, se crée une

identité ; pour cela elle doit être reconnaissable par les habitants.

Selon Guy Rocher , la socialisation est le « processus par lequel la per-

sonne apprend et intériorise tout au long de sa vie les éléments sociaux

culturel de son milieu, les intègre à la structure de sa personnalité sous

l’influence d’expérience et d’agents sociaux significatifs et par là

s’adapte a l’environnement social où elle doit vivre ».

Cela signifie que pour le cas de la Caravane des quartiers, cette notion

du milieu, de l’environnement de l’individu, n’est pas effective. Via les

observations et les discussions avec les usagers, on peut se rendre

compte qu’ici il est surtout question de découverte et de début de ma-

nipulation des dispositifs, plutôt que d’intégration d’usages. La sociali-

sation telle que la définie Guy Rocher, n’est pas repérable lors d’un tel

évènement.

Lorsque l’on interroge le public présent sur les raisons de sa présence,

on peut constater que les réponses les plus fréquemment données ne

correspondaient pas à celles attendus par les organisateurs, à savoir

par curiosité, pour la présentation des projets ZAC, pour la technologie,

pour accompagner les proches et autre. Suite à l’analyse des question-

naires, on peut constater que les habitants ne viennent pas spéciale-

ment pour les dispositifs technologiques mis en place (19%), ni par pure

curiosité (12,9%). D’après les réponses il est clair que l’intérêt est ail-

leurs. En effet, 25,8% des visiteurs déclarent venir pour se renseigner

sur les projets d’urbanisme du quartier. En contre partie, 41,9% des ha-

bitants déclarent être venu pour d’autres raisons. Nous pouvons, au vu

de ces résultats formuler l’hypothèse que les 41,9% de réponses autre

correspondent aux réponses données par une partie des organisateurs

ou encore des personnes venues uniquement dans un but de convivia-

lité (discussion autour d’un café, …)

Un nouveau souffle ?

A priori, l’intitulé de La Caravane des Quartiers laisse penser à une ex-

position itinérante à travers la ville de Rennes ; or lorsque l’on se

1 Définition du diction-naire de sociologie2 Guy Rocher « introduc-tion à la sociologie géné-rale » : 1. L’actionsociale (p132)

Page 68: Caravane version finale

68

confronte au réel on s’aperçoit qu’il y a un décalage non négligeable

entre la représentation que l’on peut s’en faire et la réalité. On constate

que la communication autour de cet évènement le présente avant tout

comme un lieu de convivialité où les habitants pourront se retrouver et

échanger sur la vie passée, présente et future du quartier. Cependant,

dans les faits, ce n’est pas exactement ce que l’on peut observer. En

effet, les habitants sont bien là mais la magie n’opère pas. Cela est

peut être le résultat d’une dynamique absente.

A partir de notre analyse menée sur la question de la manifestation de

phénomènes de socialisation lors d’évènements comme la Caravane

des quartiers, nous pouvons déduire que la socialisation ne pourrait

être effective que si l’évènement s’inscrit dans la durée. Pour cela,

nous pouvons poser la question de la pertinence de pérenniser ce type

d’événements. Cela pourrait prendre alors la forme d’un lieu dans le

quartier, rattaché à une structure existante connue des habitants, qui

pourrait devenir un espace concret de socialisation (maisons de quar-

tier, associations, galeries marchandes, stations de métro, places pu-

bliques, …). Ce lieu pourrait proposer des informations et des réponses

aux questionnements des habitants avec des agents permanents maî-

trisant le sujet. Cela nécessiterait une enquête menée au préalable au-

près des habitants, afin de prendre connaissance de leurs envies et

leurs besoins quant à ce nouveau lieu.

La Caravane des quartiers 2010 - Focus recherche

Page 69: Caravane version finale

Quelques pistes

pour la suite...

Ce travail d'évaluation vise à construire des hypothèses de travail, en vue

d'un repositionnement et d'une réorganisation de la caravane des quartiers.

Précisons toutefois que les résultats des enquêtes et observations ne sont

pas "scientifiques" par manque d'anticipation, de moyens et de temps, de

plus l’échantillon de population interrogée n'est pas significatif. Néanmoins,

ce projet démontre qu'un nouveau mode de coopération - réactif et ancré

dans a vie sociale - est en train de naître entre la Ville de Rennes et la filière

USETIC-TEF de l'université Rennes 2.

Comment peut-on améliorer la démarche remontante, des

habitants vers les institutions ?

a En prévoyant des temps de débats, des forums, des groupes de parti-

cipation sur cette question d’aménagement et inclure la participation des ur-

banistes (CIU)

a Revoir les objectifs de la Caravane : faire intervenir cette manifestation

avant la validation des projets d’aménagement et prendre en compte les re-

marques des habitants. Il est nécessaire d’augmenter la médiation sur ces

temps de consultation et de réitérer des enquêtes de terrain pour faire re-

monter la voix des citoyens.

a Prévoir un système de sondage proche du référendum pour connaître

l’opinion globale des habitants sur tel ou tel projet local qui touche à leur es-

pace de vie.

a Créer un espace sur le site Rennes.fr qui présente les projets d’urba-

nisme dans leur évolution permettant ainsi aux habitants de suivre les chan-

gements et de proposer des suggestions d’améliorations.

a Instaurer la consultation et la participation automatique des habitants

en mettant en place une permanence téléphonique ou numérique afin de ré-

pondre aux interrogations des habitants.

a Ouvrir au plus grand nombre les conseils de quartiers.

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Page 70: Caravane version finale

La caravane des quartiers - 2010 - recommandations

70

a Conserver la logique de transparence en développant des outils

d’informations de plus en plus accessibles pour tous.

a Impliquer les structures associatives et proposer des ateliers

communs autour de l’urbanisme avec des créations de cartographies

subjectives favorisant la créativité des habitants sur cette question de

réaménagement et d’évolution du quartier et de la ville.

a Animer un atelier de créativité autour d’une thématique en lien

avec la vie de quartier.

a Proposer une boîte à idées sous forme de sculpture (totem re-

présentatif du quartier réalisé par les scolaires).

Comment peut-on améliorer l’accessibilité pour lespersonnes en situation de handicap ?

a Sur un plan général, si le sol est plane, l’accès aux fauteuils rou-

lants n’est pas facile du fait des fils électriques courants sur le plancher,

a Citywall. Créer un renfoncement dans le coffrage pour que les

personnes en fauteuil roulant puissent y passer leurs jambes.

a La borne tactile. Mettre des barres d’appui

a La maquette 3D. Ajouter une « maquette à toucher », indispen-

sable aux personnes non voyantes et utile également pour les per-

sonnes déficientes intellectuelles. Permettre l’utilisation d’avatars

porteurs de handicap pour la visite virtuelle.

En général :

a Réviser les conditions de circulation à l’intérieur du chapiteau :

a Signaler et protéger les obstacles et créer un marquage tactile

au sol.

a Permettre une meilleure visibilité sur tous les dispositifs à l’aide

du zoom et de visio-descriptions permettant de décrire les images aux

personnes malvoyantes.

a Informer sur les dispositifs par un accueil humain, selon le type

de handicap.

a Améliorer la qualité du son avec un écran secondaire incrusté

qui traduise en langue parlée complétée ou en langue des signes, les

signaux sonores.

Page 71: Caravane version finale

La caravane des quartiers - 2010 - recommandations

71

Comment favoriser la socialisation ?

a En inscrivant l’évènement dans la durée ou en proposant des

journées plus adaptées au public (samedi, dimanche)

a Mobiliser les structures associatives et associer la Caravane à

un autre évènement connu des habitants du quartier (braderie, fête

des voisins...)

a Améliorer la disponibilité des élus et les échanges entre les ha-

bitants et les élus.

a Donner une réelle identité à la Caravane : lieu de débat ou lieu

de festivité ?

a Proposer des soirées musicales, des activités ludiques qui enga-

gent les habitants du quartier dans la préparation et dans la participa-

tion

a Proposer des animations entre les écoles primaires et les mai-

sons de retraites via les dispositifs multimédias.

Comment développer la médiation ?

La médiation est nécessaire pour une meilleure appréciation des pro-

jets d’urbanisme visibles au travers des dispositifs multimédias. Elle

nécessite du temps humain et une réelle prise en compte pédagogique

et ergonomique pour une utilisation optimale des outils technologiques.

a Augmenter le nombre d’agents de médiation (1 médiateur par

dispositif)

a Améliorer la prise en main des dispositifs tels que la maquette 3D

a Faciliter l’accès aux contenus des dispositifs via rennes.fr ou les

blogs de la Caravane.

a Permettre une plus grande participation des habitants sur tous les

dispositifs

a Développer une animation autour de chaque dispositif avec les

écoles présentes sur le site et avec des groupes d’habitants.

a Faire participer des habitants sur le choix des contenus, la mania-

bilité des dispositifs

Page 72: Caravane version finale

aAdapter les outils de communication:

• créer un site internet qui regroupe tous les blogs « caravane des

quartiers »,

• retravailler l’ergonomie et la dimension pédagogique des blogs,

• requérir la participation des habitants sur ce support,

• proposer un wiki sur les projets d'urbanisme en cours.

72

La caravane des quartiers - 2010 - recommandations

Page 73: Caravane version finale

conclusion

Un bilan en demi-teinte...

Pour conclure au sujet de la Caravane, nous nous positionnerons en agora

publique en laissant la parole au parti politique en place, ainsi qu’à l’opposition

et toujours aux associations, très présentes sur le quartier :

«On va laisser les plâtres se faire ou pas», «c’est une invitation à se rencon-

trer», «la conception de l’affaire c’est d’arriver à faire naître du vivre ensemble»,

«il faudrait que l’organisation soit plus festive sinon ce ne sont que les habitués

qui viennent», «les suggestions il faut les demander aux habitants du quartier

qui sont le plus à même d’y répondre», «ces retrouvailles citadines ce sont des

choix, des orientations qui engagent les élus», «de nombreuses causeries qui

sont une autre manière d’échanger... on a une déception sur la participation...

en amont il faut travailler la mobilisation (amener les parents par le biais des en-

fants par exemple)/ les contenus», «c’est un lieu ouvert ce n’est pas souvent que

les élus vont vers les habitants», c’est un moment enrichissant mais le lieu n’est

pas bien choisi »...

Cette sélection de phrases extraites d’interviews est révélatrice d’un besoin

de savoir si la Caravane de quartiers apporte une réelle utilité. Cette enquête

que nous avons effectuée était destinée à statuer sur le sort de cette manifesta-

tion conviviale mais néanmoins boudée par les habitants. Cet évènement devrait

s’intégrer dans l’idée que la cité est le lieu de rencontre et d’échanges de tous.

Ouvrir les possibilités d’accès au monde à tous, quelque soit l’âge, la situation

sociale ou familiale, est de la responsabilité des élus. La politique de la ville de-

vrait soutenir toutes les ouvertures et partager les richesses dans un soucis

d’équité.

Que retenir de cette expérience?

La caravane des quartiers est un événement intéressant à étudier, cependant,

en sachant que plusieurs autres quartiers ne vont pas tarder à accueillir la cara-

vane, il serait pertinent de continuer à travailler avec la filière sur cet événement.

En effet, les préconisations exposées dans cet écrit laissent présager des chan-

gements qu’il serait peut-être judicieux d’effectuer en collaboration avec la filière

USETIC-TEF. Ce lien entre l’université et la Ville de Rennes fut l’occasion de

découvrir de nouveaux horizons, de développer de nouvelles compétences, et

également de faire connaître la filière. Cependant, il serait souhaitable qu’à l’ave-

nir la commande soit explicite et se fasse beaucoup plus tôt pour permettre uneco

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Page 74: Caravane version finale

La Caravane des quartiers 2010 - Conclusion

organisation efficace et des temps de concertation en groupe. Nous re-

grettons également le manque de lien entre les initiateurs de la com-

mande et nous. Ce projet ne devrait pas venir s’ajouter aux autres

cours, mais constituer l’un des enseignements, avec un enseignant ré-

férent qui connait bien le projet. Par ailleurs, le terrain faisait déjà l’objet

de problèmes évoqués auparavant par les élus, les directions de quar-

tier : peu de public, les personnes ne venaient pas vraiment pour les

technologies... Notre évaluation aurait pu être beaucoup plus riche, si

le terrain s’y prêtait vraiment. Notre recherche reste très sommaire...

Mais nous retiendrons notre capacité à gérer un projet dans l’urgence

de façon souple et adaptée. L’état d’esprit bienveillant et le respect no-

tamment de l’écoute de l’autre sont des perspectives qu’il faut garder

en vue. La sinécure ne vient qu’après l’aboutissement d’un tel travail

qui est certes formateur mais ô combien chronophage parfois !

La caravane des quartiers a été une démarche d’observation et de re-

cherche fastidieuse pour de bien maigres résultats et des recomman-

dations que l’on a souhaité concrètes. Il reste la satisfaction d’un travail

rondement mené, bien fait et plus que la somme de travail, nous gar-

dons à l’esprit une forme de solidarité rare précieuse et des rencontres

marquantes... Merci à tous d’avoir participé à cette expérience de vie

aussi.

74

Page 75: Caravane version finale

75

prologue

Un projet qui va faire des petits ! En effet suite à cette collaboration fruc-

tueuse, la Ville de Rennes souhaite renouveler sa confiance à l'Université de

Rennes 2. Cela pourrait donner lieu, dès l'année prochaine, à un partenariat

entre l'Université de Rennes et la Ville de Rennes. Les termes de ce partena-

riat, une fois mieux définis permettront d'instaurer des relations plus pérennes

entre les deux partenaires. Un contrat, qui s'il a cours, permettra à des étu-

diants de l'Université de Rennes 2 de participer plus aisément à des projets

de la Ville de Rennes par exemple.

D'autres initiatives font suite à cette expérience : notamment un projet éditorial.

L'Université de Rennes 2 a la volonté de créer sa propre ligne éditoriale on

line. Elle s'inscrit tout à fait dans le projet d'USETIC-TEF et octroierait à toutes

lles productions de l'Université de Rennes 2 une plus grande visibilité. On est

impatient de lire les premiers ouvrages estampillés "Université Rennes 2".

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rolo

gu

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Page 76: Caravane version finale

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lio

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www.aidh.org/Biblio/Vocabu- laire/Droits.htm

http://fr.wiktionary.org/wiki/par- ticipatif

Le rapport de M.Rocard, Vers une société de la connaissance ouverte, http://www.villes-in-

ternet.net/UPLOAD/article/pages/1214_article.php

http://doc.openfing.org/Villes2/Recherche_urbaine_villes2.pdf

http://www.internetactu.net/200 8/07/17/besoin-dhybridation/

www.collegeahuntsic.qc.ca/Pagesdept/Hist_geo/Atelier/Guide/glossaire.html

www.maphilosophie.fr/lexique.php

www.camillederoccaserra.com/glossary/Glossaire_gi809.html

www.aidh.org/Biblio/Vocabulaire/Droits.htm

http://fr.wiktionary.org/wiki/participatif

www.lemonde.fr/ameriques/article/2009/02/11/a-washington-l-avenement-de-la-clicocra-

tie_1153814_3222.html

Page 78: Caravane version finale

annexes

78

an

ne

xe

sa

nn

ex

es

Page 79: Caravane version finale

Questionnaire d'enquête

Caravane des quartiers Maurepas

La Caravane de quartiers facilite les rencontres et les échanges entre les habitants d'un

quartier et les élus de l'équipe municipale. C'est l'occasion pour les habitants de découvrir

les projets à venir dans leur quartier, de participer au débat, de s'exprimer sur les enjeux

de proximité. La mise en place des outils technologiques de pointe permet de valoriser le

projet de ZAC Maurepas. Aussi, les partenaires de ce projet souhaiteraient un retour sur

cet événement. Pouvez-vous m’accorder quelques instants (10 minutes tout au plus) pour

me donner vos impressions à travers ce questionnaire? Ces dernières resteront ano-

nymes et ne seront traitées qu’à des fins statistiques.

VOTRE PARCOURS EN GENERAL

Parlons tout d’abord de votre parcours sur la Caravane

1/ Combien de temps jusqu’à maintenant environ, avez-vous accordé à l’ensemble des

stands de la Caravane ?

moins de 5 minutes

de 5 minutes à moins de 15 minutes

de 15 minutes à moins de 30 minutes

de 30 minutes à moins d’1 heure

de 1 heure à moins d’1heure30

de 1h30 à moins de 2 heures

2 heure et plus

2/ Etes-vous venu(e) … (une seule réponse possible)

seul(e)

en famille

avec des amis

en famille et avec des amis

3/ Quelle situation s’approche le plus de la votre, personnellement ? (une seule réponse

possible)

je suis venu(e) par hasard mais j’avais vu de la publicité sur cet événement

je suis venu(e) suite à la publicité sur cet événement

je suis venu(e) sur incitation de mes proches (famille, collègues …)

je suis venu(e) suite à la publicité sur cet événement et sur l’incitation de mes

proches

je suis venu(e) totalement par hasard

Page 80: Caravane version finale

4/ Quels sont les motifs de votre présence ? (plusieurs réponses possibles)

par simple curiosité

pour la présentation des projets de ZAC

pour la technologie

simplement pour accompagner mes proches

parce qu’il y avait un rassemblement sympathique

Autres, spécifiez _ _ _ _ _ _ _

Aucun motif en particulier

5/ Avez-vous déjà participé aux conseils de quartier ?

Oui

Non

6/ Vous étiez-vous auparavant déjà informé sur l’évolution de votre quartier ?

Oui

Par quels moyens ? _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Non

VOS PERCEPTIONS

Passons maintenant à vos perceptions.

7/ Jusqu’à maintenant quels dispositifs avez-vous testé, ne serait-ce que 5 mi-

nutes ?

8/ Comment avez-vous testé ce(s) dispositif(s) ?

Seul

A plusieurs

Avec un proche

Avec l’aide de la personne présente près du dispositif

9/ Avez-vous hésité à utiliser ces dispositifs ?

Oui, Pourquoi ? _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Non

10/ Avez-vous eu besoin d’explications pour utiliser …?

OUI NON

Page 81: Caravane version finale

Le Citywall

La Borne Tactile

L’Espace d'urbanisme immersif (maquette 3D)

11/ Pouvez-vous me préciser sur une échelle de 1 à 5 votre niveau d’appréciation. (1 signi-

fiant que vous n’avez pas apprécié du tout, 5 vous avez vraiment apprécié). Quelle note

donneriez-vous à … (une réponse par ligne)

1= vous n'avez pas du tout apprécié 2 3 4 5 = vous avez vraiment

apprécié

Citywall

Borne tactile

Espace d'urbanisme immersif

Page 82: Caravane version finale

12/ Concernant les aspects techniques, quelle notes donneriez-vous à….

1 = vous n’avez

pas apprécié du tout 2 3 4 5 = vous avez

vraiment

apprécié

La qualité du son

Citywall

Borne Tactile

Espace d’urbanisme

La qualité de l’image

Citywall

Borne Tactile

Espace d’urbanisme

Synchronisation son-image

Citywall

Borne Tactile

Espace d’urbanisme

Les contenus

Citywall

Borne Tactile

Espace d’urbanisme

La maniabilité

Citywall

Borne Tactile

Espace d’urbanisme

13/ Que pensez-vous globalement du Citywall? Choisissez parmi ces réponses celles qui vous

conviennent. (Plusieurs réponses possibles)

Cela m’a permis d’échanger avec les gens qui l'utilisaient

J'ai trouvé les contenus pertinents et utiles

J'ai trouvé ce dispositif facile à utiliser

Page 83: Caravane version finale

J'aimerais voir ce dispositif dans mon quartier

Je pense que cela peut être intéressant pour quelques personnes…les-

quelles ?_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Je pense que cela peut être intéressant pour pas mal de personnes

Aucune de ces réponses ne me convient

Réponse libre

14/ Un tel mobilier interactif serait-il utile dans votre quartier ?

Certainement

Peut-être

Certainement pas

15/ Dans quel endroit placeriez-vous le Citywall ?

Dans une maison de quartier

A la mairie

Dans un Espace social commun

Aux Champs Libres

Autre : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

16/ Quelles informations et services souhaiteriez-vous trouver dans le Citywall ?

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

_

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

_

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

_

17/ Si vous deviez choisir un adjectif, comment qualifieriez-vous, globalement cette

ballade immersive ? (Plusieurs réponses possibles, proposer la réponse «aucun »)

impressionnante

Page 84: Caravane version finale

parlante (vous vous êtes projeté dedans)

originale

réaliste

saisissante

instructive

aucun de ceux-ci

autres (spécifiez _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _)

18/ Diriez-vous que l'espace d'urbanisme immersif en 3D vous a aidé à vous représenter le projet de

ZAC?

oui, beaucoup

oui, assez

oui, un peu

non, n’apporte rien

Quels sont, selon vous, les apports ? _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

19/ La borne tactile vous a-t-elle semblé… ?

Familière

Attractive

Utile

Intéressante

Compliquée

Inutile

20/ Avez-vous eu des difficultés à utiliser l'un des dispositifs?

Oui Non

Citywall

Page 85: Caravane version finale

Lesquelles

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Borne tactile

Lesquelles

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Espace d'urbanisme

Immersif

Lesquelles

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

21/ Cette Caravane de quartiers … (une réponse par ligne)

Oui, de façon très importante Oui Non

A-t-elle modifié positivement le regard que

vous portez sur le projet de ZAC ?

l’a t-elle modifié négativement ?

Vous a-t-elle donné envie d’en savoir plus sur le projet ?

Page 86: Caravane version finale

A-t-elle modifié positivement le regard que

vous portez sur les nouvelles technologies ?

Trouvez-vous que la Caravane de quartiers est utile?

A-t-elle facilité la communication entre vous et les élus?

Vous a-t-elle convaincue que les nouvelles

technologies peuvent mettre en valeur / servir l’urbanisme?

22/ Que tirez-vous personnellement comme bénéfices de cette opération ?

spécifiez _ _ _ _ _ _ _ _

aucun bénéfice

23/ Pensez-vous qu’il faut répéter ce genre d’expérience ?

oui, spécifiez le type d’événement _ _ _ _ _ _ _ _ _

non