E3.1 Les fondements du commerce international et
de linternationalisation de la production
E3 Mondialisation, finance internationale
et intgration europenne
Le programme officiel 2.1 Quels sont les
fondements du
commerce international
et de
l'internationalisation de
la production ?
Avantage comparatif,
dotation factorielle,
libre-change et
protectionnisme,
commerce intra-firme,
comptitivit prix et
hors prix,
dlocalisation,
externalisation, firmes
multinationales,
spcialisation.
En partant d'une prsentation stylise des volutions du
commerce mondial et en faisant rfrence la notion
d'avantage comparatif, on s'interrogera sur les
dterminants des changes internationaux de biens et
services et de la spcialisation.
On analysera les avantages et les inconvnients des
changes internationaux pour les producteurs comme pour
les consommateurs. On prsentera cette occasion les
fondements des politiques protectionnistes et on en
montrera les risques. On s'interrogera sur les effets d'une
variation des taux de change sur l'conomie des pays
concerns.
En s'appuyant sur des donnes concernant le commerce
intra-firme et sur des exemples d'entreprises
multinationales, on abordera la mondialisation de la
production. On analysera les choix de localisation des
entreprises et leurs stratgies d'internationalisation. On
tudiera cette occasion les principaux dterminants de la
division internationale du travail, en insistant sur le rle des
cots et la recherche d'une comptitivit hors prix.
Acquis de premire : gains l'change.
Le plan du chapitre I Le commerce international A Les grandes volutions du commerce international
B Les dterminants des changes internationaux
1) La productivit du travail : Lavantage comparatif
2) La dotation factorielle
3) Linnovation : Lavantage technologique
4) Les conomies dchelle et la prfrence pour la diversit
C Libre change ou protectionnisme ?
II Les entreprises et linternationalisation de la production A Le commerce intra-firme
B Les stratgies des firmes multinationales (FMN)
Introduction
La mondialisation revt diffrentes facettes. Le but de ce chapitre est
danalyser une des facettes de celui-ci :
Lorsquun bien est produit sur un territoire et est vendu dans un autre pays,
on parle
Nous allons nous intresser dans un premier temps lexplication de ces
changes, puis nous tudierons les stratgies des entreprises dans le
commerce international.
I Le commerce international A Les grandes volutions du commerce international
Prsentation du doc :
Analyse du doc :
1) Le commerce international : un phnomne ancien
Le dveloppement du commerce international suit les pas de celui de
lindustrialisation et par consquent, les pays qui sindustrialisent sont
ceux qui commencent participer aux changes internationaux au 19me
sicle.
Les deux premiers pays dveloppent un capitalisme industriel et financier
(naissance des 1res grandes places boursires Londres et Amsterdam).
A La fin du 19me sicle, les changes internationaux sont marqus par un
dclin des Pays-Bas et un rattrapage conomique de lAllemagne ainsi que
des Etats-Unis.
De 1800 1860, la Grande-Bretagne simpose largement devant les pays
concurrents dans les changes internationaux. Leur production seule
assure 40% de la production industrielle mondiale, ce qui lui vaut le
surnom datelier du monde . Le commerce international prend, tout
au long du 19me sicle lallure dune opposition entre les pays
producteurs de biens manufacturs (les pays qui sindustrialisent) et les
pays producteurs de biens primaires (notamment les colonies).
De 1800 1913, les changes internationaux par tte sont multiplis par
25 alors que la production mondiale nest multiplie que par 2.2. On
note par ailleurs que la part des changes internationaux (X + M) dans la
production de richesses est de 33%. En dautres termes, un tiers des
richesses mondiales font lobjet soit dexportations, soit dimportations.
Taux de croissance annuel moyen des exportations et de la production au
19me et au 20me sicle
PI
Analyse
2) Les changes internationaux aprs la 2nde guerre mondiale
Aprs la 2nde guerre mondiale, ce nest plus lEurope qui est au cur de
lconomie mondiale mais les Etats-Unis. LEurope est en pleine
reconstruction et le monde est divis en deux blocs : le bloc de lEst (domin
par lURSS) et le bloc de lOuest (domin par les Etats-Unis).
Ce nest quaprs 1965 que les conomies europennes et japonaises vont
monter en puissance dans le commerce international. Jusquen 1975, seul
une vingtaine de pays participe rellement aux changes internationaux. Puis,
partir de cette date, la mondialisation devient un phnomne plantaire. Les
annes 1980 voient progressivement arriver sur le devant de la scne les pays
de lancien tiers-monde que lon appelle parfois nouveaux pays
industrialiss ou pays mergents :
Evolution des exportations mondiales et du PIB mondial entre 1950 et 2010
Par combien ont t multiplies les exportations entre 1950 et 2010 ?
Mme question avec le PIB .
Zone (en % des
X mondiales) 1948 1953 1963 1973 183 1993 2003 2010
Am. du Nord 28.1 24.8 19.9 17.3 16.8 18 15.8 13.2
Am.
centrale et Sud 11.3 9.7 6.4 4.3 4.4 3 3 3.9
Europe 35.1 39.4 47.8 50.9 43.5 45.4 45.9 37.9
CEI - - - - - 1.5 2.6 4
Afrique 7.3 6.5 5.7 4.8 4.5 2.5 2.4 3.4
Moyen-Orient 2 2.7 3.2 4.1 6.8 3.5 4.1 6
Asie 14 13.4 12.5 14.9 19.1 26.1 26.2 31.6
Daprs lOMC
Exportations mondiales de marchandises par rgions entre 1948 et 2010
Analyse :
Analyse
B Les dterminants des changes internationaux
1) La productivit du travail
Si un produit a ncessit beaucoup de travail, quelle consquence cela aura
sur les cots de production ? Sur le prix du produit ?
Si la productivit du travail (qui mesure lefficacit du facteur travail dans la
production) augmente, comment voluent les cots de production ? Le prix
du produit ?
Montrez dans ce cas, que lentreprise disposant de la meilleur productivit
du travail pour produire un bien en particulier disposera dun avantage sur
ses concurrentes.
Deux conomistes classiques ont cherch expliquer limportance de la
productivit du travail dans les changes internationaux.
A. Smith (1723-1790) va
poser les bases thoriques
qui expliquent le
commerce international et
D. Ricardo (1772-1823) va
approfondir celle-ci en
montrant notamment que
tout le monde a intrt
participer lchange, ici
international.
Pour Smith, la richesse dune nation rside dans sa capacit diviser le
travail. Plus le travail est divis, et plus la productivit du travail augmente,
ce qui gnre un accroissement de la production. Arriv un certain seuil,
la consommation nationale sera satisfaite et dans ce cas, il faut exporter le
surplus de production nationale. Mais qui et comment ?
Pour rpondre cette question, Smith dveloppe le concept davantage
absolu :
Ainsi, pour Smith, un pays doit se spcialiser dans les productions o il
possde un avantage absolu et abandonner les productions o il est
domin pour les importer prix rduit de chez le pays concurrent.
Productivit horaire
du travail Automobile Vin (en L)
France
Allemagne
Un exemple illustratif
Dans quel pays le prix de lautomobile est le moins lev, pourquoi ? Mme
question avec le vin ?
A laide de la notion davantages absolus, expliquez quel pays doit se
spcialiser dans la production de quel bien.
Comment voluent les prix de lautomobile en France et en Allemagne ?
Mme question pour le vin ?
Que se passe-t-il si un des pays na pas davantage absolu ?
Lanalyse de Ricardo cherche dmontrer que tous les pays ont intrt
participer lchange mme sans disposer davantage absolu. Pour cela, il
dveloppe le concept
Il montre quune nation a intrt se spcialiser dans la production o son
avantage en terme de productivit est le plus fort (situation o le pays ne
possde que des avantages absolus partout) ou bien dans la production o
son dsavantage est le plus faible (situation o le pays ne possde aucun
avantage absolu.
Son analyse repose cependant sur plusieurs hypothses dont deux
extrmement critiquables :
Productivit horaire
du travail Automobile Vin (en L)
France
Allemagne
Un exemple illustratif
Qui dispose de tous les avantages absolus ?
Pour quelle production lAllemagne a-t-elle un avantage comparatif ?
Montrez que la France dispose dun avantage comparatif dans la production
de vin.
Ce quil faut retenir de lapproche de Smith et de Ricardo :
Cependant, ils nexpliquent pas do provient la productivit du travail,
ni ce qui permet de laccrotre et de modifier le panorama international
des changes.
2) La dotation factorielle
On doit lanalyse noclassique du commerce international 3
conomistes (HOS):
Heckscher Ohlin Samuelson
Ils cherchent reformuler lanalyse de Ricardo de lavantage comparatif.
Pour eux, ce nest plus la productivit qui dtermine qui dispose dun
avantage sur qui mais la dotation factorielle dune nation. En dautres
termes, il faut sintresser la quantit de facteur de production dont
dispose une nation. Plus un facteur de production est rare, et plus son prix
est lev. Ceci peut expliquer, en partie, pourquoi la Chine voit ses
ouvriers tre pays jusqu 25 fois moins quen France : le travail est une
ressource abondante.
Si lon dveloppe le raisonnement de ces 3 conomistes, un pays a intrt
se spcialiser
Expliquez pourquoi :
Un exemple dillustration
Stock de facteurs de
production (en
millions dunit)
Travail Capital
France
Chine
On suppose deux secteurs dactivits : Laronautique et le textile.
Laronautique est un secteur qui ncessite plus que capital que de travail
alors que le secteur textile ncessite plus de travail que de capital.
Vers quel production doit se spcialiser la France ? La Chine ? Quelle
consquences sur les prix dans ces deux secteurs ?
Thorme HOS :
Dmonstration : Il faut du travail et du capital dans les deux secteurs pour
les deux pays.
Le pays A puisquil se spcialise dans les secteurs o il faut plus de capital,
transfrera du capital vers le secteur cl. Lactivit intense en travail est
dlaiss. La demande de capital augmente tandis que la demande de travail
diminue, ainsi la rentabilit du capital saccroit pendant que les salaires
baissent.
Le pays B se spcialise dans le secteurs inverses de celui du pays A, donc
il transfre du travail vers son secteur cl et abandonne le secteur
capitalistique. Dans ce cas, le salaire augmente et la rentabilit du capital
diminue.
Reprenons lexemple prcdent (aronautique et textile)
France (Salaires levs et
rentabilit du capital
faible)
Chine (Salaires faibles et
rentabilit du capital
forte)
spcialisation
spcialisation
Entre de capital Sortie de capital
Entre de travail Sortie de travail
Rentabilit du capital augmente
Salaires augmentent
Salaires baissent
Rentabilit du capital baisse
Le modle HOS repose sur des hypothses fortes et mmes saugrenues pour
certaines, notamment la suivante :
Comment peut-on justifier que des hommes ou des machines puissent se
dplacer sur un territoire parfois gigantesque (cas de Chine ou de la Russie)
mais quune fois arrivs aux frontire du pays, ils soient coincs ? Cette
hypothse nest pas raliste. Si lon suppose la parfaite mobilit des facteurs
lchelle plantaire, alors les rsultats du thorme HOS sexpliquent mieux
: Cest parce que le capital et le travail sont soumis une concurrence
internationale que les salaires et la rentabilit du capital finissent par
converger. Les travailleurs vont l o les salaires sont les plus levs et de ce
fait font baisser sa valeur. Le capital se fixe l o il est le plus rentable
(pendant longtemps la Chine), ce qui diminue sa valeur.
En fin de compte, les salaires, terme, finissent sgaliser avec
louverture des conomie selon ces 3 conomistes.
Note : la dmonstration nest pas ncessaire connatre, limportant est de
retenir le thorme HOS.
Lanalyse thorique de ces 3 conomistes explique-t-elle la ralit des
changes internationaux ?
Mais quen est-il de lide de base du modle HOS qui tait de dire que les
pays disposant abondamment dun facteur de production doit se spcialiser
dans les secteurs intense en travail ou capital ?
Le paradoxe de Lontiev (1906-1999) : Cet conomiste a cherch une
vrification empirique du modle HOS partir des changes internationaux
aux Etats-Unis. Ce pays dispose de relativement plus de capital que de
travail. Pourtant Lontiev montre que les exportations amricaines utilisent
davantage de facteur travail que de facteur capital, ce qui est contradictoire
avec la thorie. Pour dpasser ce paradoxe, il faut affiner la mesure de la
dotation factorielle en fonction de la qualit du facteur de production.
Comme la productivit amricaine du travail est trs leve, il en conclue
quen ralit ce nest pas le capital qui est abondant, mais le travail.
Par la suite, dautres analyses vont tre orientes dans ce sens : Prise en
compte des ressources naturelles comme facteur de production pour
expliquer pourquoi certains pays exportent du ptrole ou du gaz ou encore
les catgories de travail (plus ou moins qualifis) pour montrer pourquoi les
produits exports par la Chine ont une valeur ajoute plus faible que celle de
la France ou des Etats-Unis.
3) Linnovation : Lavantage technologique
Smith, Ricardo et le modle HOS ne cherchaient pas expliquer comment
un pays venait disposer dun avantage sur un autre, que ce soit en termes de
productivit, de cot de production ou encore de quantit de facteur
disponible. On peut dire que ces lments explicatifs sont exognes
lconomie pour ces conomistes.
M. Porter (1947-) va souligner les mcanismes qui expliquent les avantages
dun pays sur un autre. Un taux dinvestissement lev (I/PIB) permet aux
entreprises de mettre en place de nouveaux procds de production qui vont
les conduire des situations de monopoles temporaires mais surtout, va leur
permettre de disposer dun avantage technologique sur les concurrents. Ces
carts technologiques vont empcher toute concurrence de se dvelopper,
au moins court terme. Ainsi, un pays qui dispose dentreprises ayant acquis
ces avantages technologiques doit favoriser lexportation de leur production
et brider les entreprises trangres.
Ces avantages technologiques peuvent
justifis une intervention de lEtat en
faveur de la R&D (pour complter les
initiatives prives dinvestissement)
ainsi quune mise en place de droits de
proprits lis linnovation (les
brevets).
R. Vernon (1913-1999), dans une
optique plutt librale, montre que le
commerce international et notamment
les avantages technologiques suite aux
innovations permettent le rattrapage
conomique des pays les uns sur les
autres. Il adapte son analyse du cycle
du vie du produit aux problmatiques
de la mondialisation des changes :
Expliquez lvolution des 3 courbes :
Illustration historique :
4) Les conomies dchelle et la prfrence pour la diversit
Les analyses de Smith, Ricardo ou HOS mettent plutt laccent sur des
changes Nord-Sud. Or dans la ralit, la plupart des changes se font du
Nord vers le Nord. Les pays schangent des biens et services similaires,
cest ce que lon appelle le commerce intra-branche . Par exemple, les
franais vendent des voitures Peugeot en Allemagne qui nous vendent des
Volkswagen. Ce type dchange reprsente aujourdhui 60% des changes
internationaux.
Ceci sexplique par lexistence de marchs imparfaitement concurrentiels
(oligopoles, concurrence monopolistique, monopole) qui ncessitent de
forts investissements au dpart (analyse de Porter).
P. Krugman (notamment) a contribu ce type danalyse et dveloppe deux
axes pour expliquer ces changes intra-branches :
La prfrence pour la diversit :
Chaque producteur va se comporter comme un monopoleur sur la varit
de produit cre mais tre soumis la concurrence des autres entreprises
sur toute la gamme de produit (exemple des Smartphones), do lintrt
de produire vari. Pour Chamberlin, le commerce international naccroit
pas fondamentalement la production mondiale mais augmente le nombre de
produits diffrents dans le monde.
La diffrenciation peut se faire par la qualit du produit et non sur un type
de produit. Cela permet aux diffrents budgets de sadapter aux produits
(par exemple de la Renault Twingo la Mgane).
Les conomies dchelle
Rappel sur les conomies dchelle : une entreprise dispose dconomie
dchelle si, lorsquelle augmente sa production, son cot moyen de
production diminue (du fait de la stabilit des cots fixes).
Rappel des rgles de maximisations de profit :
Ds lors, quand une entreprise voit son cot moyen diminuer lorsquelle
augmente sa production, dgage des marges de profits supplmentaires.
Situation P < CM P = CM P > CM P = Cm
Profit
On distingue les conomies dchelles internes et externes :
-EEI :
-EEE :
Ainsi, une entreprise na pas ncessairement besoin de raliser des
conomies dchelles pour exporter, elle peut le faire en bnficiant des
conomies dchelle externes. Il faut que ce soit le secteur entier qui
exporte.
La taille du secteur est alors dterminante pour expliquer le commerce
international et si lon tend cette rflexion, cest la taille de lconomie qui
est centrale dans les changes internationaux.
Cot moyen
Quantit produite
Imaginons une situation o deux entreprises (qui produisent le mme bien)
issus de deux pays A et B (de taille similaire) disposent dconomies
dchelles. B est plus efficace que A, ses conomies dchelles sont plus
fortes. On suppose que A est dj sur le march mondial alors que B ne lest
pas encore mais espre y entrer et dloger A.
Cot moyen
Quantit produite
Ce que nous dit lanalyse de Krugman est que, bien que B soit plus efficace que A, elle
restera exclue du commerce international. Pourquoi ?
Sans commerce international, B et A produiraient une quantit Q de B mais
A est entre sur le march mondial et produit pour la demande mondiale la
quantit Q de A. Elle a vu son cot moyen baisser un niveau infrieur
celui de B et peut donc pratiquer un prix de vente infrieur B pour
lliminer du commerce international.
Tant que B narrive pas produire Q* ou tant quil natteint pas le CM de A
(en investissant par exemple), il est exclu de lchange international.
La taille du march intrieur est un dterminant dcisif de lexplication des
avantages internationaux : un petit pays aura une faible demande nationale,
ce qui augmente les cots moyens (donc les prix de vente). Un grand pays
riche diminue les cots moyens de production et facilite aux entreprises
laccs au march mondial (pour dloger les entreprises en place moins
efficaces). Cest une des explications du commerce international comme
tant un commerce Nord-Nord , excluant relativement les pays du Sud.
Cot moyen
Quantit produite
Conclusion sur les analyses rcentes du commerce international :
Elles affinent les analyses traditionnelles (Smith, Ricardo et HOS) du
commerce internationale et retiennent que :
C Libre-change ou protectionnisme ?
Les thories traditionnelles et mme celles parmi les plus rcentes
cherchent expliquer et justifier le commerce international. La
spcialisation permet de vendre plus et de gnrer du dveloppement
conomique. Le libre-change, cest--dire le fait de laisser commercer les
diffrents acteurs de la mondialisation doit donc tre la donne.
Cependant les pays les moins dvelopps vivent la mondialisation comme
un rapport dexploitation o ils se trouvent dans la situation de proltaires
travaillant pour les multinationales des pays dvelopps. Le dveloppement
y est trs lent, sinon nul. Ces pays exploitent des matires premires ou des
biens faible VA quils bradent aux pays dvelopps qui leur vendent
leurs produits forte valeur ajoute. Ce fut longtemps le cas des pays de
lOPEP vendant leur ptrole aux multinationales pour 1.20$ par baril en
1946, 2$ en 1973 (avant le choc) et 8$ aprs le choc. Les pays les moins
dvelopps vendent peu cher et achtent cher.
Le protectionnisme se justifie alors et correspond la fermeture totale ou
partielle des activits conomique au commerce international.
F. List (1789-1846) soppose lcole anglaise libre-changiste et se fait le
porte parole des industriels allemands du 19me sicle. Pour lui, il y a
ncessit de protger les industries naissantes dans un contexte de
dveloppement conomique quand :
Il nest pas contre le libre-change mais celui-ci doit tre rgul sinon il ne
laisse aucunes chances aux pays et aux industries en cours de dveloppement.
La cration en 1834 du Zollverein , union douanire entre les provinces
allemandes montre bien cette ncessit de se protger des changes
extrieurs. LAllemagne deviendra, par ailleurs une des conomies
dominantes du dbut du 20me sicle, ce qui fera natre des tensions avec
lAngleterre.
La politique industrielle japonaise pendant lre Meiji (fin du 19me sicle)
est typique de lexprimentation du protectionnisme ducateur. LEtat
japonais a longtemps refus dentrer dans la mondialisation et a planifi un
capitalisme sans capitalistes , un capitalisme dEtat pour sindustrialiser).
Le refus dans les annes 1960 de laisser Fiat investir au Japon a permis le
dveloppement dune industrie automobile florissante aujourdhui (Toyota,
Honda, Mitsubishi)
Les mesures protectionnistes
i) Les barrires tarifaires
Le moyen sans doute le plus connu est de fixer des droits de douanes sur
les produits trangers.
Cela permet daccroitre le prix des produits imports, ce qui rduit la
demande nationale. Cela offre aussi lEtat des recettes fiscales
supplmentaires (quil peut rinvestir dans lindustrialisation du pays).
Mais il faut que ces droits de douanes soient la fois suffisamment levs
pour compenser les dsavantages comptitifs avec les prix trangers et la
fois pas trop levs pour viter les reprsailles commerciales et le repli
total sur soi des conomies.
ii) Les barrires non tarifaires
-Les Etats peuvent limiter voir interdire les entres de produits trangers.
Cependant cette mesure semble peu efficace car :
- La mise en place de normes peut aussi tre vu tre vu comme des mesures
protectionnistes (normes de qualit, sociale, sanitaire, de scurit). Les
lois anti-OGM visent protger les agriculteurs franais de la concurrence
internationale par exemple.
iii) Les effets du taux de change sur lconomie
Le taux de change est la valeur dune devise dtermine en unit dune autre
devise. Par exemple la valeur du $ en unit d. Le 27/02/14 le taux de
change de leuro en dollars tait de 1 = 1.37$. Le taux de change est alors
exprim en /$. Ce qui quivaut 1$ = 0.73 (le taux de change est en
exprim en $/)
Lorsquun agent conomique exporte ou importe, il doit prendre en
compte les valeurs du taux de change dans ses calculs conomique.
Par exemple : Une entreprise cherche exporter sa production valant 10
000 aux Etats-Unis. A quel prix en dollars lentreprise va-t-elle exporter sa
production si le taux de change /$ est de 1.40 ?
Si cette entreprise cherche importer des matires 1res aux Etats-Unis
valant 2800$ aux taux de change $/ de 0.714, quel va-t-elle le prix en ?
Calculez le prix dachat en $ pour une entreprise amricaine des 10 000
de marchandises importes de France avec un taux de change /$ de 1.4
puis 1.5.
Montrez que cette entreprise amricaine importatrice prend en compte le
taux de change dans ses calculs conomiques.
Calculez le prix dachat en pour une entreprise franaise des 2 800$ de
matires 1res importes des Etats-Unis avec un taux de change /$ de 1.4
puis 1.5.
Montrez que cette entreprise franaise importatrice prend en compte le
taux de change dans ses calculs conomiques.
Ainsi, lorsque le taux de change samliore :
Quels effets sur la croissance conomique ?
Les exportations sont des productions nationales vendues ltranger, elles
font donc partie des richesses comptabilises dans le PIB.
Si les exportations augmentent, la croissance conomique.
Les importations sont des richesses trangres vendues en France, elles
correspondent des fuites de richesses ltranger et diminuent le PIB.
Si les importations augmentent, la croissance conomique
En dduire, leffet dune dtrioration du taux de change sur la croissance conomique
franaise.
Des voix de plus en plus nombreuses slvent pour rclamer un dmontage de leuro et donc un
retour vers le franc. Les arguments tournent autour de labsence de comptitivit de
lindustrie franaise qui se trouverait lamine par leuro fort (Le Monde 25/02/14).
Expliquez pourquoi leuro fort pnalise en partie la croissance conomique.
La monnaie chinoise reste "considrablement" sous value, selon le rapport
semestriel sur les changes publi vendredi 12 avril Washington par le
dpartement du Trsor, qui demande une nouvelle fois Pkin de hter une
hausse du yuan. (Le Monde 12/04/13).
Expliquez pourquoi le taux de change peut-tre un instrument de
protectionnisme.
Une brve histoire du protectionnisme
Entre 1815 et 1913, 4 priodes peuvent-tre observes :
On note que pendant ce sicle, les priodes de protectionnisme ont connu
plus de croissance conomique et une rduction des ingalits plus forte que
lors des annes de libre-change. Par ailleurs, on a vu quentre 1913 et 1945,
le commerce international devient un phnomne marginal.
En 1945, les pays industrialiss ont fait le choix du libre-change, ce qui a t
un des facteurs du dveloppement des changes internationaux. Ce choix
s'est fait dans le cadre du GATT, qui s'est transform en OMC en 1995. Ce
sont les Etats qui ngocient et non les entreprises. Le but est dviter de
reproduire les situations protectionnistes des annes dentre deux guerres
qui ont accentues la crise et le nationalisme.
Le principe qui est la base du GATT est la clause de la nation la plus
favorise . Si une nation obtient un avantage, alors tous les autres doivent
aussi lobtenir. Les accords ne sont donc pas bilatraux mais multilatraux.
On observe par ailleurs une baisse gnrale et progressive des tarifs
douaniers entre 1945 et 1995. Aujourdhui lOMC a 152 pays membres et
est charg de faire appliquer les diffrents accords conclus par le GATT.
Depuis les annes 2000, une nouvelle mission semble avoir merg :
concilier le commerce international avec le dveloppement. On est donc
entrain de passer du concept de libre-change celui de juste-change .
Le protectionnisme est essentiellement non tarifaire aujourdhui.
II Les entreprises et linternationalisation
de la production La premire partie de ce chapitre mettait en vidence les explications du
commerce international. On sintresse maintenant aux principaux acteurs
de ces changes : les entreprises.
Partons dabord dun constat : le commerce traditionnel, une firme A qui
vend une firme B est de moins en moins la rgle au niveau international.
Il se dveloppe depuis le renouveau des changes internationaux une forme
particulire dchange :
A Le commerce intra-firme
Lentreprise Boeing est de quelle nationalit ? Que remarque-t-on ici ?
Le commerce intra-firme fonctionne selon la logique suivante : La firme est
la fois son fournisseur et son client. Par exemple, Renault assemble des
Modus et des Clio Valladolid en Espagne. Les chssis viennent de France,
de mme que certains moteurs; l'entreprise les exporte donc pour les
monter en Espagne. Elle importe ensuite les Clio et Modus pour satisfaire le
march franais. Le chssis passe donc deux fois la frontire, ce qui donne
lieu chaque fois une comptabilit dans les flux d'change. Certains
composants peuvent passer ainsi 4 ou 5 fois des frontires avant que le
produit ne soit finalement vendu.
Les exemples sont nombreux mais on peut aussi citer le cas dApple qui fait
produire pour lIphone en 2009, son logiciel aux Etats-Unis, les pices de
technologie (carte vido, surface tactile) au Japon, en Core du Sud ou en
Allemagne, lassemblage du produit en Chine et au BrsilET fait fructifier
ses intrts financiers dans des pays o la fiscalit pour les entreprises est
plus souple (Luxembourg, Irlande).
En fin de compte, le commerce intra-firme nest possible que si une firme
dveloppe des socits filiales. Si elles sont situs hors du pays dorigine de la
maison mre (le sige social de lentreprise), alors ces entreprises
deviennent des firmes multinationales (FMN).
Une firme multinationale (FMN),
Elle ne se contente donc pas simplement de diffuser et vendre ses biens et
services l'international, ce nest pas une socit exportatrice : elle participe
largement une nouvelle allocation des productions mondiales par le biais de
ses investissements directs l'tranger (IDE). Une entreprise qui se
contente d'exporter des marchandises (mme en grande quantit) ne peut
tre considre comme une FMN.
Ex de FMN franaises : Total, LOral, Renault, Danone, LVMH, GDF Suez,
Auchan, Axa, Vivendi, EADS
Une FMN, en produisant et en vendant simultanment sur plusieurs
territoires, acquiert une dimension de firme globale : elle a le monde
comme champ d'activit. Il est ds lors parfois difficile d'attribuer ces
firmes une nationalit, conomiquement parlant. Il n'en reste pas moins que
l'histoire ou la culture de ces entreprises s'ancrent encore largement dans un
territoire. Ainsi, si Danone est effectivement une firme transnationale, elle
reste toujours attache la France dans l'imaginaire collectif.
L'instrument de l'internationalisation des firmes est les investissements
directs ltrangers (IDE).
Les Investissements Directs l'Etranger (IDE) sont les sommes d'argent
investies (ou reues) par un pays vers (ou en provenance de) l'tranger, dans
le but soit de crer ou dvelopper une firme nouvelle localement, soit de
prendre partiellement ou totalement le contrle d'une firme locale existante
par une prise de participation au capital de ces entreprises.
Quest-ce quune dlocalisation ?
Une dlocalisation est-elle un IDE ?
Tous les IDE sont-ils des dlocalisations ?
Quelques chiffres sur le commerce intra-firme
Evolution du nombre de FMN dans le monde
Source : cazaulonsaintlouis.eu
On voit que le nombre de FMN a augment de ... % c'est--dire
quil a t multipli par ..
Lectures + analyse :
On constate au final que les IDE ont explos ces dernires dcennies. Ce
qui accroit le commerce intra-firme.
Il est cependant difficile de mesurer la part du commerce intra-firme dans
le commerce international. On estime cependant quenviron 40% des
changes relvent du commerce intra-firme. Si on ajoute aux changes
intra-firme les changes o l'un au moins des co-contractants est une
firme transnationale, ce sont 92% des changes mondiaux qui sont
concerns.
On voit que la mondialisation ne saurait se passer des firmes
multinationales !
B Les stratgies des FMN
Rappel :
Les entreprises cherchent alors tre plus comptitives que leurs adversaires
et la mondialisation intensifie cette comptition, do limportance de mettre
en place des stratgies efficaces.
Quest-ce que la comptitivit ?
La comptitivit prix : (les entreprises cherchent alors agir sur leurs prix
de manire avoir un prix infrieur celui de leurs concurrents, esprant
ainsi que les consommateurs achteront leur production de prfrence
celle de leurs concurrents).
La comptitivit structurelle ou hors-prix (ou mme comptitivit produit) :
les entreprises cherchent alors agir sur les caractristiques du produit,
caractristiques capables de le faire vendre malgr un prix relativement plus
lev que celui des concurrents. Ces caractristiques, cela peut tre par
exemple l'image de marque, la fiabilit, le rseau de service aprs-vente, etc.
La comptitivit structurelle peut dpendre aussi de la qualit de la main
d'uvre, de la qualit des infrastructures collectives. Un exemple de
comptitivit hors prix serait celui dApple depuis presque 10 ans. En effet,
les prix pratiqus par cette firme sont extrmement levs, ce qui pourrait la
mettre dans une situation difficile, pourtant elle domine les marchs o elle
est implant (tlphonie, lecteur MP3, tablettes) grce sa comptitivit hors
prix (base sur linnovation et donc la diffrenciation des produits).
Champ : Entreprises exportatrices de plus de 20 salaris.
Source : INSEE Quobserve-t-on ?
Pour tre comptitif, il faut que les FMN simplantent l o y elles gagnent
le plus.
On parle de
Par exemple la Chine fabrique des biens faibles valeur ajoute et assemble
des produits conu dans les pays les plus avances. Les pays les moins
avancs produisent des matires premires, des nergies, des fruits et
lgumes, des viandes Les conomies les plus dvelopps sont des
conomies tertiarises bien que lInde ou les pays dAfrique du Nord
produisent des services pour les pays les plus dvelopps.
On peut distinguer 5 types de stratgies internationales des FMN. Celles-ci
expliquent en partie la division internationales du travail aujourdhui.
i) La stratgie de march
Exemple :
ii) La stratgie de minimisation des cots
Il sagit de produire l o les cots de production sont les moins leves. On
peut donc analyser diffrents types de cots qui vont dterminer le choix
dimplantation des filiales-ateliers des FMN :
Exemple :
iii) La stratgie globale
iv) La stratgie dapprovisionnement
Cette stratgie consiste faire en sorte que la FMN simplante l o la
production est la mieux ralise (et la plus srement en termes de stocks).
Par exemple, si la grande majorit de la production de composants de
lIphone est ralis dans des pays dvelopps (Etats-Unis, Allemagne,
Taiwan, Japon, Core du Sud), cest parce cest l que les technologies sont
les mieux ralises (sans dfauts de fabrication). Un autre exemple serait
celui les entreprises dextraction dnergie (ptrole, gaz) comme Total qui
sont implantes l o lapprovisionnement nergtique est.
v) La stratgie technico-financire
La FMN simplante dans un pays pour les avantages financiers tels que :
Ces 5 stratgies vont aboutir une vaste division internationale du travail.
Mme si le commerce intra-branche (tous les pays produisent la mme
chose) reprsente presque 2/3 des changes internationaux, on peut faire
ressortir des spcificits nationales et des avantages comptitifs de chaque
grande rgion du monde
Type de stratgie Pays disposant dun
avantage comptitif
Type de production
change
Stratgie de march
Stratgie de minimisation
des cots
Stratgie
dapprovisionnement
Stratgie technico-
financire
Conclusion