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ÉVOLUTION DES PRATIQUES COMMUNAUTAIRES AU QUÉBEC (1960-1990)Author(s): Robert MayerSource: Canadian Social Work Review / Revue canadienne de service social, Vol. 11, No. 2,History of Social Work in Canada / Histoire du travail social au Canada (Summer/été 1994),pp. 238-260Published by: Canadian Association for Social Work Education (CASWE)Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41669569 .

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ÉVOLUTION DES PRATIQUES COMMUNAUTAIRES AU QUÉBEC

(1960-1990)

Robert Mayer

D ENTRÉE DE JEU , il faut insister sur la nécessité de faire une lecture politique de révolution de Taction communautaire au Québec, car cette dernière apparaît comme une partie intégrante de l'histoire du Québec dans des domaines aussi divers que l'éducation des adultes, la santé, les services sociaux, le développement régional et les questions urbaines. Apparue au Québec durant les années 60 l'intervention communau- taire, comme l'a souligné Favreau (1989, p. 280) s'est développée jusqu'ici selon un processus de ramification, de complexification et de professionnalisation. Activité relativement marginale au début, elle est maintenant pratiquée par plusieurs centaines d'intervenants profession- nels qui oeuvrent tant dans le secteur public (CLSC) que celui des organismes communautaires. À cela, il faut ajouter la multitude d'inter- venants qui travaillent de façon bénévole dans les milliers de groupes populaires et communautaires québécois. Or à l'instar des autres types de pratiques du service social, l'intervention communautaire a évolué depuis 30 ans, notamment en référence à divers modèles d'interven-

Abstract

This analysis shows the path followed by community social practices in Québec between 1960 and the 1990s. During the sixties Citizens' Committees were defined as pressure groups. The seventies were marked by the Marxist theory of class struggle and structural social change. In the eighties, the focus shifted to integrated and network approaches. Finally, the practices of the nineties have been increasingly related to partnership and concerted action. Channelling all these initiatives into a movement aimed at social change remains a challenge in the years to come.

Robert Mayer est professeur titulaire à l'École de service sodai de l'Université de Montréal et coordonnateur du Diplôme d'études supérieures spécialisées en administration sodale. L'auteur tient à remerder Jean Panet-Raymond pour sa collaboration ainsi que Jocelyne Lavoie et Henri Lamoureux pour leurs commentaires sur la version préliminaire du texte.

Canadian Social Work Review, Volume 11, Number 2 (Summer 1994) / Revue cana- dienne de service social, volume 11, numéro 2 (été 1994) Printed in Canada / Imprimé au Canada

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tion. Malgré le risque de ne pas rendre justice à la grande diversité des pratiques communautaires, nous voulons tenter d'analyser les modèles et les approches qui ont prévalu au cours de ces trois décennies (1960- 1990). Compte tenu de notre perspective d'analyse, nous ferons le lien entre les pratiques communautaires et le contexte social.

Remarques préliminaires : les conditions d'émergence et les phases du développement Quoique l'usage de l'expression « intervention communautaire » ne soit devenu courant que vers le début des années 80, il reste que celle-ci est apparue, en fait, au cours des années 60. Qu'entendre par cette expres- sion? L'on pourrait dire, avec Favreau (1989), que l'intervention com- munautaire est une pratique sociale « inspirée des mouvements sociaux et devenue tout à la fois métier et profession » qui « tire son fondement pre- mier de l'affirmation que les problèmes sociaux sont de nature collective et qu'ils doivent faire l'objet de solutions collectives » (p. 275). Exception faite de l'action catholique et du syndicalisme, qui s'y apparentait dans la sphère du travail, rien de tel au Québec avant 1960. Ce n'est qu'à cette date qu'apparaissent les premiers comités de citoyens, ancêtres des groupes populaires et des organismes communautaires actuels.

Ainsi, plusieurs auteurs ont tenté de démontrer que l'émergence des comités de citoyens au sein de la société québécoise vient de ce que la Révolution tranquille entraîna comme mutations (Monière, 1977). Cependant, l'apparition et le développement des comités de citoyens sont aussi considérés par d'autres auteurs (Collin et Godbout, 1977, p. 213; MacGraw, 1978, p. 64) comme étant, au moins partiellement, le résultat de nouvelles pratiques professionnelles au sein du travail social québécois. Quoiqu'il en soit de l'importance qu'on accorde, pour en expliquer l'origine, ou bien aux facteurs liés au contexte social ou bien à ceux qui sont de la ligne de la dynamique interne du service social, il reste que les comités de citoyens initièrent trois décennies de pratiques communautaires1 .

Les années 60 : du monde rural au monde urbain La Révolution tranquille va permettre au service social d'élargir un peu plus ses perspectives. Les objectifs de développement social, poursuivis par les élites dirigeantes, s'accompagnent d'un discours sur la rationalité et la participation nécessaire des citoyens à la définition des besoins, au choix des objectifs et à la mise en place de moyens susceptibles d'assurer le développement social, c'est-à-dire la satisfaction des besoins et le plein épanouissement de tous. C'est alors qu'apparaissent les premières expé- riences d'animation sociale (Poulin, 1982, p. 12)2.

Au Québec, le terme « d'animateur social » est apparu vers le milieu des années 60 au Québec. Selon Doré (1992), ces années représentent

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pour l'organisation communautaire une période charnière parce qu'elle constitue « l'expérience fondatrice » qui lui a donné sa « consis- tance identitaire» (p. 132). A cette époque, l'organisation communau- taire est un peu située à la marge du système de services sociaux dominé par l'Eglise catholique. Toutefois c'est une période de changements dans la conception même de l'organisation communautaire. En effet, liée jusque là au développement de services, la conception de l'organisa- tion communautaire évolue et se transforme pour signifier dorénavant une volonté d'implication auprès des populations marginalisées3.

Ainsi, c'est au nom de la rationalité que l'État justifiera son attitude plus interventionniste et c'est au nom de l'idéologie de la participation que les populations seront associées aux grands projets de réforme de la société québécoise. C'est dans ce contexte qu'il nous faut resituer les premières expériences d'animation sociale pour comprendre toute la signification de l'émergence de ce mouvement et de son développe- ment subséquent, et ce, tant en milieu rural qu'en milieu urbain.

L'animation sodale en milieu rural: V expérience du BAEQ C'est en 1963 que le gouvernement du Québec, suite à des accords avec Ottawa, met sur pied ce qui allait devenir une première et importante expérience de planification régionale et d'animation sociale, à savoir le Bureau d'Aménagement de l'Est du Québec. Pendant plusieurs années, divers «experts», mais surtout des professeurs et des étudiants en sciences sociales, vont étudier sous tous ses angles cette région alors aux prises avec un taux de chômage considérablement élevé et dont le revenu per capita était 50 p. 100 de celui du reste du Québec. On réalisa même une consultation de la population sur ses besoins afin de la ren- dre participante à l'entreprise.

Le problème que devait résoudre le BAEQ en était donc un de dispa- rités régionales. Il s'agissait de hausser le niveau de vie des gens de l'Est pour le rendre comparable à celui du Québec industriel et urbain en train d'advenir, en développant une économie rentable et en rationa- lisant la production. En somme, d'une organisation socio-économique rurale, il s'agissait de passer à une organisation de type urbain et indus- triel. Le modèle de planification socio-économique ainsi élaboré par des technocrates devait comporter, outre l'implantation de structures de participation populaire, un effort de qualification de la main d'oeuvre de même qu'une diffusion massive d'éducation et d'animation sociale et culturelle. Or l'énergie du BAEQ va justement se concentrer sur le « changement de mentalité » à opérer et c'est à ce niveau, précisément, qu'il faut situer le rôle de l'animation sociale4.

Plusieurs auteurs ont mis en évidence les nombreuses contradictions de l'expérience du BAEQ laquelle s'est achevée sans avoir été menée à terme à cause, notamment, des réticences de la population visée. Portée

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par l'idéal d'une société de participation, les promoteurs et acteurs de ce projet ont fait l'expérience des risques de récupération inhérents au fait de prétendre, en tant que techniciens du changement sous la gouverne de l'État, se mettre au service des populations. Ainsi, on peut dire que la première expérience d'animation a été associée à ce mouve- ment d'expulsion de citoyens hors de leur milieu d'appartenance qui débuta en milieu rural sous la gouverne de l'Etat. Une stratégie similaire devait se répéter en milieu urbain.

U animation sodale en milieu urbain : les comités de dtoyens Bien que présente en milieu rural, l'animation sociale a surtout été asso- ciée au milieu urbain. Cela se comprend aisément puisque dès le début des années 60, ce qui caractérise d'emblée l'évolution des grandes villes du Québec, c'est qu'elles sont profondément engagées dans un pro- cessus de transformation urbaine (spéculation foncière) : démolition par les pouvoirs publics de bâtiments résidentiels, construction de loge- ments publics (HLM) par les gouvernements et de logements plus coûteux par les promoteurs privés, renouvellement des secteurs com- mercial et institutionnel au détriment du secteur industriel. Ce pro- cessus, on le sait maintenant, devait chasser de leur foyer nombre d'indi- vidus et de familles ouvrières.

C'est pourquoi, à cette époque, l'animation sociale se développe rapi- dement dans les milieux populaires des villes (Désy et al., 1980, p. 100). C'est à partir de 1963 que vont apparaître les premiers comités de ci- toyens dans les quartiers défavorisés. Instruments d'aide commune et de revendications au sujet de plusieurs problèmes locaux (logement, con- sommation, éducation), leur nombre ne cessera d'augmenter de 1966 à 1970. Il faut rappeler ici le rôle important que jouèrent les Conseils de bien-être régionaux (CBER) et particulièrement le Conseil des oeuvres de Montréal et de Québec pour impulser et soutenir ce mouvement en finançant plusieurs projets d'organisation communautaire. Cette période est marquée par l'explosion des expériences d'animation so- ciale en milieu urbain5.

Deslauriers (1985) souligne que la naissance des comités de citoyens n'est pas sans ébranler le travail social alors sous la domination cléricale : l'approche individuelle s'avère insuffisante dans la solution des pro- blèmes sociaux urbains et on est poussé à élargir le champ d'action. Mais ces nouvelles pratiques s'inscrivent aussi dans un courant plus global et ce, tant aux Etats-Unis qu'au Québec (Blondin, 1965) de réflexion cri- tique sur les méthodes d'intervention en service social et plus particu- lièrement le «casework». On se rend alors de plus en plus compte à l'intérieur de la profession que les efforts concentrés uniquement sur l'individu et son adaptation à la société conduisaient la profession dans une sorte de route sans issue, puisque les problèmes individuels ne ces-

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saient de s'accroître et de s'aggraver et ce, malgré un effort financier et professionnel sans cesse croissant de la part des pouvoirs publics. Cette attitude critique devait par la suite s'accentuer et déboucher sur une forte remise en question de l'idéologie du travail social.

De V animation sociale à V action politique Les activités d'animation sociale vont progressivement se transformer et se caractériser par toutes sortes de remises en question, la mise sur pied de services autogérés et une radicalisation de son discours qui la conduira vers l'action politique directe dans une ligne de pression- revendication puis par l'intermédiaire d'un mouvement municipal poli- tique (le FRAP). Ainsi, d'une collaboration sur une base paroissiale, on passe à l'action revendicative au niveau du quartier. Progressivement l'action sociale se radicalise, c'est la période des pétitions, des manifesta- tions, des occupations. Par ailleurs, afin de renforcer leur base et d'élar- gir leurs audiences, les animateurs sociaux se lancent dans la mise sur pied de services communautaires avec l'assistance financière et profes- sionnelle du clergé, d'organismes de bien-être, de fondations privées, du milieu universitaire et de certains syndicats6.

Au premier volet stratégique de « prise de pouvoir » par la création de services autogérés, s'est ajouté autour de 1970 celui d'action politique directe sur le palier municipal montréalais. C'est ainsi que certains comi- tés de citoyens montréalais vont se transformer en Comités d'action po- litique (CAP) et ces derniers en 1970 seront regroupés dans le Front d'action politique (FRAP). Selon Hamel et Léonard (1978), dans la tête de ses promoteurs du moins, le FRAP voulait combler trois grandes lacunes principales. Suppléer d'abord à l'absence d'une pensée poli- tique cohérente, ensuite à l'absence d'une direction permettant d'orienter les luttes et l'action des groupes populaires et enfin, à l'absence de structure de mobilisation à un niveau régional. Toutefois, s'il semblait y avoir un consensus autour de l'idée de créer un parti populaire à Montréal, on ne s'entendait pas nécessairement sur la stratégie à adopter. Tellement que les dissensions idéologiques vont éclater avec la crise d'octobre 1970 et l'échec électoral du FRAP en novembre de la même année. L'échec de cette tentative conduira le mouvement à se fractionner en plusieurs tendances jusqu'à sa dissolu- tion officielle en 19747.

Modèles et débats En 1968, Rothman analyse les pratiques communautaires américaines à partir de trois modèles principaux, le développement communautaire local, le planning social et l'action sociale. Suite à la parution de cette typologie, on va voir apparaître au Québec toute une série de textes s'en inspirant plus ou moins directement (Quirion, 1972). Au plan de la for-

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mation ce sont essentiellement ces modèles que l'on enseignait, par exemple à l'Ecole de service social de l'Université de Montréal, au début des années 70. Mais progressivement cette forme d'intervention va faire l'objet de certaines critiques. Par exemple, pour Lesemann (1975), les comités de citoyens apparaissent comme simple groupe de pression assez traditionnel (p. 15); de plus, l'action des animateurs est essentielle- ment intégrative et ces derniers sont, selon l'auteur, « indéniablement des agents de diversion et de divertissement » (p. 19) .

Au cours des années 60, deux principales écoles en organisation com- munautaire s'affrontent: l'école consensuelle et l'école conflictuelle (Médard, 1969). A cette époque, l'organisation communautaire améri- caine est d'orientation plutôt consensuelle. Dans cette perspective, on peut dire que l'organisation communautaire s'appuie alors sur trois principes fondamentaux: la primauté est accordée à la communauté comme terrain d'action; l'emphase est mise sur la participation et l'entraide (ou le « self help »); et on dit baser toute intervention sur les besoins ressentis (les «felt needs»), avec comme postulat implicite que ce sont encore ceux qui vivent les situations-problèmes qui sont les mieux placés pour en parler et trouver les solutions appropriées. Selon cette perspective, la participation ne devait pas déboucher sur la pres- sion et le conflit, considéré comme un gaspillage d'énergie, mais sur la coopération.

Toutefois, aux États-Unis, certaines critiques vis-à-vis de l'approche consensuelle vont se faire entendre et elles illustrent le changement de cap qui s'amorce dans l'action des comités de citoyens vers la fin des années 60. Ainsi Alinsky a reproché aux tenants de l'approche consen- suelle son insistance sur l'intégration sociale et l'adaptation des citoyens à leurs conditions d'existence de même que son caractère réformiste plutôt conservateur. Ces critiques dirigées à l'endroit d'une approche qui, tout en refusant le conflit, ne tient pas compte de l'inégalité de la distribution des ressources et du pouvoir entre les groupes sociaux (Deshaies et Simard, 1971), allaient favoriser l'émergence d'une approche plus conflictuelle. Cette nouvelle approche sera effectivement mise de l'avant aux États-Unis par Alinsky et sera essentiellement une technique de contestation et d'agitation dans la mesure où la mise en oeuvre de cette stratégie repose sur trois concepts fondamentaux : l'idée d'intérêt personnel (« self interest »), l'idée du pouvoir par le nombre et l'organisation et finalement l'idée du conflit pour promouvoir et défen- dre ses idées et ses intérêts. Toutefois il ne faut pas pousser à l'extrême l'opposition entre ces deux stratégies, consensuelle et conflictuelle, car comme l'ont souligné certains auteurs (Hess, 1981; Médard, 1969) la différence fut plutôt de degré que de nature, puisque l'approche con- flictuelle demeure dans la tradition pragmatique américaine et celle des groupes de pression.

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Par ailleurs, plusieurs des analyses sur l'animation sociale urbaine (Collin et Godbout, 1977; MacGraw, 1978) concluent à une mise en tutelle des groupes populaires par les animateurs sociaux. Selon eux, l'animation sociale n'a pas été un mouvement originant des couches défavorisées, mais elle fut plutôt le résultat de nouvelles techniques d'intervention mises au point par les « animateurs sociaux » qui étaient en quête d'un meilleur statut professionnel. A cette époque, un autre débat porte sur le rôle des animateurs sociaux et celui des militants8.

Selon Doucet et Favreau (1991), l'inspiration idéologique de l'interven- tion communautaire québécoise, du moins à ses débuts, provient de trois sources principales. D'abord elle puise dans la tradition américaine; notamment celle de Alinsky (l'organisation des pauvres des milieux urbains, celle de Nader (l'organisation des consommateurs), de Luther King (la pratique de la non-violence active et de l'organisation des minori- tés ethniques) . Ensuite, elle s'abreuve à la tradition européenne qui met l'accent sur la nécessité de la transformation des structures économiques et politiques par les syndicats et les partis politiques (Doucet et Favreau, 1991, p. 7). Finalement elle prend appui également sur la tradition chrétienne progressiste de l'Amérique latine, dont l'horizon idéologique actuel est constitué des théologies de la libération de Freire.

En rétrospective, on peut dire que ce qui a été et qui demeure essen- tiel dans le phénomène des comités de citoyens de 1963 à 1970, c'est qu'ils ont été le symbole d'une nouvelle mentalité qui s'est articulée pour les différents acteurs (Etat, animateurs, groupes de citoyens), autour de l'idéologie de participation et dans un contexte de profonde redéfinition des rapports sociaux au sein de la société québécoise. Les diagnostics de MacGraw (1978, p. 64) et de Collin et Godbout (1977, p. 213) vont dans ce sens. Ces derniers estiment que l'apparition des comités de citoyens correspond à la conjonction de deux facteurs princi- paux : les réactions plus grandes des défavorisés à leurs conditions de vie et les pratiques sociales novatrices, de certains organismes de bien-être, centrées sur l'organisation communautaire (p. 44). De même, pour Groulx (1993, p. 78) l'animation sociale apparaît essentiellement comme un mouvement de réforme sociale qui a favorisé l'avènement d'un État-providence au Québec.

Les années 70 : de la politisation à la démobilisation Par la suite, le contexte socio-historique du début des années 70 a contri- bué à radicaliser les objectifs et l'action de ce qu'on a appelé à l'époque les «groupes populaires». Ce processus de radicalisation entraînera le mouvement populaire au faîte de sa gloire vers le milieu des années 70, époque à laquelle il aura réussi à étendre ses ramifications dans une va- riété considérable de champs d'intervention en tant que groupes de service.

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Une brève allusion à l'évolution des mouvements sociaux de cette époque est nécessaire pour qui veut comprendre l'impact de la « ré- forme » du domaine du service social qui s'amorce au début des années 70. En effet, par la mise en place de ces nouvelles structures, et particu- lièrement par les CLSC, l'État va s'efforcer d'enrayer la tendance au développement de services populaires contrôlés par les citoyens et leur substituer des services étatiques notamment dans les domaines de la santé, de l'éducation, des services sociaux et des services juridiques (par exemple, cliniques de santé, cliniques juridiques). La perspective « poli- tique » est alors évincée au profit de services intégrés à l'ensemble du réseau public. Ainsi, pour plusieurs auteurs, la restructuration en pro- fondeur de tout le champ sociosanitaire québécois constitue une tenta- tive d'apaiser le climat social et solutionner les problèmes les plus urgents exprimés par les classes populaires.

Doré (1992) précise que la première réforme des services de santé et des services sociaux en 1971 insiste sur les notions de territoire local et de participation active des personnes concernées. De plus, cette ré- forme introduit une nouvelle organisation du travail qui a pour effet de reconnaître explicitement la fonction d'organisateur communautaire (Doré, 1992, p. 138). Ainsi, pendant cette période, se développe une tendance dans les CLSC, qui va s'accentuer par la suite, et qui consiste à associer la pratique d'organisation communautaire à une « pratique de marketing et de développement de services » ou encore de « coordina- tion de groupes de bénévoles » plutôt qu'à une pratique d'intervention collective basée sur la participation active des personnes concernées (Doré, 1992, p. 141).

Par ailleurs le mouvement communautaire continue de se dévelop- per9. Après 1970, l'animation est partiellement récupérée par l'Etat, tant dans ce qu'elle a produit que dans ce qu'elle représente comme activité spécialisée. Apparaît alors une vague d'animateurs qui ressemblent plus à des agents de relations publiques et de mise en marché des politiques sociales qu'à de dangereux révolutionnaires (Lesemann, 1975). Les groupes issus de la dynamique des comités de citoyens ne vont pas moins continuer de se développer, ajoutant parfois à leur champ d'action, des luttes contre des institutions qu'ils ont contribué, malgré eux, à créer. C'est le cas par exemple des contestations de Multi-média en éducation populaire et de l'implantation des CLSC. Ainsi à la période de répres- sion « musclée » succède une période de répression « douce ».

Radicalisation, politisation et crise du militantisme On doit reconnaître que l'échec de l'orientation politique n'a pas para- lysé le développement des groupes populaires. Au contraire, dirions- nous, les diverses expériences de coopératives alimentaires, d'éducation populaire, de cliniques médicales et de groupes de soutien au mouve-

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ment ouvrier vont se multiplier de façon spectaculaire au début des années 70 (Godbout et Martin, 1974). Suite aux échecs relatifs de la phase précédente et à la récupération par l'État d'un certain nombre d'initiatives populaires via les CLSC, plusieurs groupes populaires reviendront à l'orientation originaire, celle de groupes de services10.

Vers le milieu des années 70, les organisateurs communautaires vont donc entrer dans une phase de professionnalisation. Toutefois, très rapi- dement cette nouvelle catégorie d'intervenants née dans la mouvance des réformes menées dans un sens de récupération des expériences communautaires, et ce tant du côté du gouvernement fédéral (pro- grammes Perspectives^eunesse, Projets d'initiatives locales) que de celui du gouvernement provincial (CLSC), va s'interroger sur l'ambiguïté de son statut et de son action : « l'organisateur communautaire, salarié à la solde de l'Etat, et rémunéré pour maintenir le contact avec des milieux défavorisésl » (Regroupement des organisateurs communautaires du Québec, 1977). Pour leur part, Doré et Larose (1979) évoquent une période marquée par « l'institutionnalisation » de l'action communau- taire dans la mesure où la pratique salariée des organisateurs com- munautaires s'inscrit dorénavant « dans un cadre très large de travail dont les règles sont déterminées par les hautes instances du MAS» (p. 94).

Par ailleurs, hors du réseau institutionnel, le travail en intervention communautaire s'est poursuivi, mais tout en perdant un peu de son dynamisme antérieur. L'arrivée au pouvoir du Parti Québécois, jumelée à l'action de certains intervenants se réclamant du marxisme-léninisme, entraînèrent une forte baisse des activités du mouvement populaire. L'arrivée des « militants politiques » est en effet venue bouleverser la si- tuation des groupes populaires (Collin et Godbout, 1977, p. 16). Selon Favreau (1989, p. 35), le courant « m-1 » a tenté de subordonner l'action communautaire à l'action politique et, ce faisant, il a déstabilisé plu- sieurs groupes communautaires.

Modèles et débats Les références à tel ou tel modèle d'intervention ont donné lieu au cours des années 70 à toutes sortes de débats autour de la pratique du service social. A ce propos, Groulx (1977) a analysé les débats au Québec autour des différents modèles d'intervention (le modèle profes- sionnel prôné par la Corporation des travailleurs sociaux; l'approche déprofessionnalisée mise de l'avant par la Commission Castonguay- Nepveu; l'approche militante-politique suggérée par les militants syndi- caux et certains travailleurs sociaux de base) indiquent une importante remise en question de la définition de la profession.

A cette même époque, le Manifeste du Regroupement des organisa- teurs communautaires du Québec (1977) exprime bien le point de vue

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idéologique des intervenants sociaux dits « engagés » et à partir d'une analyse « marxisante » ils dénoncent ceux qui collaborent aux « diffé- rentes stratégies d'intégration sociale émanant des appareils d'Etat». Les auteurs du Manifeste estiment que les organisateurs communau- taires sont confrontés à trois stratégies principales: d'abord, la stratégie libérale radicale qui se donne comme objectif ultime l'organisation des populations défavorisées en groupes de pression; la stratégie coopé- rative ayant pour objectif d'aider les masses populaires à s'organiser économiquement sur la base la plus autonome possible; et enfin, la stratégie socialiste qui vise « l'organisation politique et la prise du pou- voir par les travailleurs » (p. 11, 13) n.

Dans un même ordre d'idées, MacGraw (1978, p. 21) constate que parallèlement à la radicalisation des luttes sociales, au début des années 70, on a assisté à la mise en place de nouvelles structures « de direction » (CRSSS, CSS, CLSC) et de contrôle social. Dans cette réorganisation administrative, MacGraw estime que les intervenants sociaux ont joué un rôle central, assumant toutefois beaucoup plus un rôle d'agent- support que d'agent de changement, bien qu'elle se présentait très souvent sous ce dernier visage. De même, Huston (1978) a soutenu l'hypothèse que « l'intellectuel », même celui qui veut être au service de la classe ouvrière, joue un rôle de domination objective qui ne diffère guère de celui des travailleurs sociaux professionnels.

Enfin, Groulx (1975a, 1975b) identifie, quant à lui, quatre orienta- tions d'intervention : l'organisation communautaire, l'organisation populaire, l'animation communautaire et l'animation populaire. Mais Groulx (1981) qualifie l'animation sociale de philosophie «volonta- riste » car elle « minimise la logique propre de l'action et accorde une importance démesurée » (p. 476) à ceux qui sont supposés avoir initié ces mouvements de lutte.

Les années 80 : un nouveau départ « Déçus par le P.Q., échaudés par les "m-1", voilà qui traduit bien le senti- ment général du début des années 80 » (Favreau, 1989, p. 35). Ce senti- ment, sans doute, sera un facteur déterminant dans la modification de la pratique militante qui se réalisera au cours de la dernière décennie. De plus, malgré une conjoncture difficile, les années 80 marqueront le renouveau de plusieurs mouvements sociaux de même qu'elles entraî- neront la création de groupes à l'oeuvre dans de nouveaux champs d'intervention.

Extension des champs d'intervention : du politique à V économique Au plan politique, les années 80 ont débuté sous le signe de la défaite référendaire. Le Parti Québécois a été reporté au pouvoir en 1981, pour aussitôt être confronté à des conflits majeurs avec le mouvement syndi-

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cal, particulièrement dans le secteur public. Gérant une société en crise, notamment au niveau économique, le gouvernement péquiste fut rem- placé par les libéraux en 1985 tandis qu'à Ottawa les Conservateurs accédaient au pouvoir en 1984. Dans un contexte général caractérisé par la montée du conservatisme ambiant plusieurs n'ont pas manqué de prophétiser sur la mort du militantisme (Favreau, 1989, p. 184). Mais loin de disparaître, la pratique militante s'est plutôt transformée: de rengagement total pour la cause, on vise maintenant à une meilleure intégration de la vie personnelle et familiale avec l'engagement social et politique. Le militantisme des années 80 se situe dans une sorte de zone floue entre la critique et le retrait, entre l'action et la réflexion. Mais plus fondamentalement, c'est le rapport avec la sphère politique qui est modifié; il ressort que l'action politique partisane ne soit plus le seul lieu où l'intervention politique puisse se réaliser. C'est ainsi, par exemple, que les groupes d'intervention communautaire découvrent qu'un lobby bien orchestré peut s'avérer un mode d'action politique plus efficace que les promesses de politiciens qui, de toute façon, ne possèdent qu'un pouvoir extrêmement réduit, et du même coup prennent conscience encore plus clairement de la force du pouvoir économique (Panet- Raymond, 1985).

D'ailleurs la croissance de l'intervention communautaire dans le sec- teur économique est l'un des phénomènes majeurs de cette décennie. La crise économique et les cataplasmes néo-conservateurs appliqués pour y faire face ont provoqué un taux de chômage très élevé. Cette si- tuation, en plus de générer des luttes défensives et l'éclosion d'un réseau de services populaires d'aide et d'information, a aussi entraîné la formation de groupes intervenant dans le domaine de l'économie. Devant les défis posés par le déclin socio-économique de leurs com- munautés locales au bénéfice de la modernisation (développement du centre-ville, centrification), les groupes sont passés d'une culture de pauvreté (fatalisme, impuissance, dépendance) à une attitude nouvelle qui consiste à partir des problèmes pour formuler des projets. Favreau (1989, p. 51) fait bien percevoir les diverses transformations qui dis- tinguent les pratiques sociales des années 80. Les groupes communau- taires se développent de plus en plus en synergie avec des institutions clés (par exemple, des CLSC, des groupes rattachés à des églises, des groupes de soutien); on assiste à un réel rapprochement entre les anciens groupes populaires, plus portés vers l'action revendicative et les groupes plus communautaires, plus orientés vers l'entraide et les ser- vices; ainsi qu'à l'émergence d'une volonté de mieux tenir compte ensemble de la vie sociale et de la vie économique.

Il reste que malgré son importance, le passage de l'action politique directe à une orientation d'allure davantage économique n'a aucune- ment éclipsé le développement de pratiques dans d'autres champs. Au

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contraire, une sorte de relance du mouvement populaire et communau- taire caractérise aussi assez bien les années 80. L'ancienne méfiance des intervenants communautaires vis-à-vis Taction volontaire tend à s'at- ténuer et Bélanger et Lévesque (1992, p. 728) concluent que désormais, le partenariat et la concertation caractérisent toute une nouvelle génération de groupes communautaires qui oeuvrent dans le dévelop- pement économique local et les services sociosanitaires (notamment en santé mentale) .

La redécouverte du bénévolat À l'occasion de la crise économique du début des années 80 on redécouvre les mérites du bénévolat. Il faut dire que depuis la réforme des années 70, les organismes bénévoles ont été moins valorisés mais non moins actifs (Perron, 1986, p. 235). Ce dernier insiste sur la vitalité et la diversité des organismes bénévoles qui oeuvrent dans le champ social. Si tous s'entendent pour faire observer l'essor du bénévolat comme élément déterminant dans le développement de l'intervention communautaire au cours des années 80, il n'en va pas de même, toutefois, sur l'interprétation qui en est faite12.

Pour sa part, Guay (1984) constate un sentiment d'impasse chez le professionnel, et en conséquence il préconise un nouveau rôle, qui tente de développer un rapport d'égalité entre institutions et orga- nismes du milieu, qui respecte et revalorise « l'aide naturelle », et assure un support efficace au réseau d'aidants naturels et en assume correcte- ment le rôle spécifique du professionnel qui est d'apporter son savoir spécialisé là et dans la mesure où il est nécessaire (p. 43). L'auteur pro- pose l'intervention de réseau, qui vise la résolution de problèmes con- crets tout en favorisant une forme de support mutuel par l'intermé- diaire des aidants naturels. Mais cette perspective ne fait pas l'unani- mité. Par exemple, Mathieu (1987) estime que l'action communautaire ne peut pas « être réduite à la prise en charge par la communauté des problèmes individuels » (p. 129).

La pratique sociale en CLSC Selon Bozzini (1989) l'évolution des CLSC durant les années 80 est marquée par un débat qui oppose sur le terrain l'orientation « services » (vulnérables à la centralisation bureaucratique) à l'orientation « préven- tion et participation locale » se poursuit. Mais lentement, une certaine détente s'installe : les dogmes idéologiques se nuancent, le fossé entre les tenants de l'action préventive et les défenseurs de l'action curative commence à se combler et les animosités entre les divers praticiens s'apaisent. La Fédération des CLSC ne ménage pas ses efforts pour favoriser un consensus à la base et gagner l'appui du gouvernement. La stratégie de la Fédération vise à recentrer le réseau en obtenant du

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gouvernement des mandats précis. Ainsi, les CLSC se voient confier pro- gressivement de nouveaux mandats: services à domicile, services de santé maternelle et infantile, services en milieu scolaire, services sociaux courants et services de santé au travail. En 1985, le nouveau gouverne- ment libéral remet en question, encore une fois, l'efficacité des CLSC, et pour ce faire, il confie au comité Brunet la tâche de les évaluer. En 1987, le Rapport Brunet recommande, d'une part, un resserrement de la mis- sion des CLSC (des programmes moins nombreux mais plus solides) et d'autre part, le parachèvement du réseau. Désormais, les CLSC sont là pour rester (Robert, 1989).

Quant à l'action communautaire, le Rapport Brunet estime qu'elle vit une crise d'identité et il recommande qu'elle soit dorénavant « dirigée vers les groupes à risques retenus par les CLSC » et qu'elle « ne substitue pas aux divers agents de développement socio-économique (création d'emploi, formation de coopérative, radio communautaire [...])» (Comité Brunet, 1987, p. 66). Pour Fortín (1988, p. 33), l'orientation générale du Rapport Brunet ne laisse planer aucun doute : l'action com- munautaire aura la vie sauve que si elle accepte de mieux s'intégrer et de servir au contrôle des populations-cibles. En somme, dorénavant l'orga- nisation communautaire est envisagée comme «un soutien aux pro- grammes en place » (Bozzini, 1989) 1S.

Ainsi, avec les années, les CLSC ont traversé plusieurs périodes de crise et ils ont fini par trouver leur vocation : « l'animation sociale du début a cédé la place à une approche plus bureaucratique et profession- nelle. Les programmes de maintien à domicile sont devenus leur marque de commerce et leur garantie de crédibilité » (Renaud, 1989, p. 18). Mais qu'en est-il des pratiques sociales en CLSC? Plusieurs auteurs (Dion, 1984; Larivière, 1989) ont précisé les principales caracté- ristiques de la pratique sociale en CLSC. Ainsi, selon Larivière, c'est une « intervention minimale » (spécifique à l'approche court terme et aux services de première ligne) qui est effectuée par les intervenants sociaux qui travaillent en CLSC. Ce type d'intervention minimale s'applique à «des situations de crise et d'intervention à court terme avec une insistance sur l'identification du problème principal» (Larivière, 1989, p. 36).

De son côté, Hurtubise (1989) rappelle que l'intervention com- munautaire en CLSC est alors confrontée à trois grandes catégories de problèmes. La première catégorie concerne la nature même de l'action communautaire dans les CLSC et soulève la question du contrôle de l'institution sur le travail des intervenants communautaires de même que l'encadrement, le soutien et l'évaluation d'un tel type de travail? La deuxième catégorie de problèmes pointée par Hurtubise réfère au «savoir» et au «savoir faire» des intervenants communautaires. Il souligne que la formation de base et le perfectionnement professionnel

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sont insuffisants « pour assurer le renouvellement des pratiques ». Enfin, la troisième catégorie de problèmes porte sur les changements sociaux. Les années 80 ont apporté de nombreuses transformations tant sur le plan économique que sur le plan idéologique et culturel (passage des valeurs de justice sociale d'égalité et de responsabilité collective à des valeurs axées sur l'individualité, la responsabilité personnelle, la concur- rence); et ces transformations constituent pour l'intervention com- munautaire un important défi à relever. En somme, selon Hurtubise, le questionnement des intervenants communautaires au sujet de leur pra- tique est signe d'une « nouvelle vitalité ».

Modèles et débats Tous ceux qui ont tenté de conceptualiser les principales tendances de l'intervention communautaire de cette période ont évoqué une typolo- gie composée de trois modèles principaux (Lamoureux, 1991; Panet- Raymond et Bourque, 1991). De même, Doucet et Favreau (1991) ont repris la typologie de Rothman des années 70 et ils ont dégagé les princi- paux types d'intervention collective au Québec selon trois grandes orien- tations principales : le développement communautaire (local) , la planifi- cation sociale, et l'action sociale. Ils rappellent que dans les années 80, le développement communautaire a repris forme en milieu urbain ou semi- urbain (cas des CDEC à Montréal et de la Corporation des Bois-Francs à Victoriaville) alors que le planning social est essentiellement associé aux intervenants des services sociaux publics (CSS et CLSC) (p. 15). Toutefois, cette conceptualisation ne fait pas l'unanimité14.

Pour sa part, Doré (1985) dégage quatre grandes orientations norma- tives dans les pratiques d'organisation communautaire : le modèle d'in- tégration qui « rend compte des pratiques visant le renforcement de l'in- tégration des collectivités autour des leaders et de projets reliés aux structures de pouvoir en place»; le modèle de pression qui «rend compte des pratiques visant la création d'un nouveau rapport de force en faveur des intérêts immédiats de la collectivité exploitée ou dominée à laquelle les intéressés appartiennent»; le modèle d'appropriation qui « rend compte des pratiques visant le développement d'entreprises ou de projets économiques contrôlés par ceux et celles qui y travaillent ou qui en consomment les produits ou les services»; et finalement le modèle de politisation qui « rend compte des pratiques tentant de relier des actions collectives actuelles à des perspectives de transformation des structures politiques » (p. 215).

Panet-Raymond (1985) explique que les nouvelles pratiques des organisations populaires sont le résultat de divers facteurs. Sur le plan externe, la crise des années 80 a créé des conditions socio-économiques extrêmement difficiles (inflation, chômage, par exemple) pour l'ensem- ble de la classe ouvrière et plus particulièrement pour certains groupes

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sociaux, comme par exemple les jeunes et les femmes. L'accroissement des besoins sociaux s'est évidemment répercuté sur les organisations populaires, qui ont été confrontées à une augmentation de la demande et des difficultés de financement. Poussés par des considérations essen- tiellement économiques, les politiciens et les technocrates vont élaborer un nouveau discours tout orienté sur la concertation et le partenariat avec les organismes, la prise en charge par le milieu, le communautaire, le bénévolat. . . (Panet-Raymond, 1985, p. 341). La dépendance écono- mique des groupes à l'égard de l'État, la bureaucratisation des organisa- tions, la professionnalisation des pratiques et l'uniformisation des priori- tés imposées par les programmes gouvernementaux, tout cela a pour effet d'homogénéiser les groupes et de les placer ainsi dans une situa- tion de compétition entre eux et de plus grande dépendance vis-à-vis l'État (p. 343).

Les difficultés des groupes sont aussi reliées au contexte interne. Le financement accapare beaucoup d'énergies, ce qui entraîne une cer- taine technocratisation et une professionnalisation des groupes. De plus, le phénomène du vieillissement touche maintenant plusieurs mili- tants et permanents, et certains n'hésitent pas à parler d'usure et de « burnout ». Malgré ces difficultés, on assiste à l'émergence de pratiques nouvelles. Par exemple, des débats idéologiques on est passé aux ques- tions plus terre-à-terre du « comment faire » pour répondre aux besoins concrets et immédiats des gens. Conséquemment, plutôt que de cher- cher à mettre sur pied de grosses organisations, on assiste dorénavant à la mise sur pied de « coalisation » ponctuelle sur des enjeux précis. De plus, ces nouvelles pratiques sont reliées à de nouveaux rapports avec l'État: «l'affrontement fait tranquillement place à une concertation prudente» (Panet-Raymond, 1985, p. 348) ainsi qu'à de nouveaux modes d'organisation qui privilégie un « modèle léger de gestion » qui va parfois jusqu'à l'autogestion.

Les années 90 : l'approche communautaire et le partenariat Depuis quelques années au Québec, beaucoup d'intervenants sociaux ou d'analystes utilisent, presque indifféremment, toute une série de termes qui tout en étant proches demeurent distincts; ces termes sont l'approche communautaire, l'organisation communautaire, le dévelop- pement communautaire et l'action communautaire. D'où la nécessité de tenter d'y voir un peu plus clair!

Dans une recherche empirique sur la culture organisationnelle des CLSC, Poupart, Simard et Ouellet (1986) cherchent à définir l'ap- proche communautaire qui est supposée être la spécificité de ces orga- nisations. Pour ces auteurs, l'approche communautaire « c'est d'abord dans la tête », c'est une attitude, une conception, une méthode de travail

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(faire du groupe, se brancher sur les associations, être à l'écoute des modèles culturels), une manière de socialisation du milieu à de nouvelles valeurs. Une telle conception de Taction communautaire se différencie assez nettement des pratiques militantes qui se sont développées dans certains CLSC. Par contre, elle favorise un rapproche- ment entre les CLSC et les pratiques d'entraide de soutien communau- taire, de bénévolat déjà présentes sur le territoire.

Selon Bourque (1985) et Panet-Raymond (1988), les origines du con- cept de l'approche communautaire sont à rechercher du côté du rap- port de la Commission Castonguay-Nepveu mais surtout celui du rap- port Barclay (Angleterre) qui décrit l'évolution des politiques sociales en Angleterre. Selon eux, l'approche communautaire postule que les individus ont davantage de potentiel, d'habileté et d'intérêt pour s'entraider et se supporter que ne le croyait l'approche de l'Etat- providence. Les politiques d'intervention visent alors à équiper et sup- porter les réseaux informels. La communauté y est donc perçue comme étant le principal fournisseur d'aide et de support aux individus et aux groupes. Au Québec, le terme approche communautaire a surtout été « popularisé » par la Fédération des CLSC du Québec. Selon la FCLSC (1994), l'approche communautaire est avant tout une philosophie et une perspective d'intervention qui dicte une façon de faire et d'être dans les rapports de l'intervenant avec la clientèle et l'organisme- employeur15.

Mais devant ce retournement de stratégie, diverses questions sur- gissent. L'obsession de la réduction des coûts se fera-t-elle au détriment de la qualité et de la quantité des services sociaux? L'idée de partenariat entre le réseau des Affaires sociales et les organismes communautaires autonomes marque-t-elle un retour vers le secteur privé dans le domaine sociosanitaire? « La prise en charge individuelle et familiale de certaines problématiques sociosanitaires et le développement du bénévolat» (Bourque, 1985, p. 335) risquent d'être la responsabilité première des femmes, surtout pour celles qui travaillent à la maison. Mais Doré (1985, p. 226) estime, quant à lui, qu'au-delà « des fioritures idéologiques » il ressort assez clairement que cette « approche communautaire » s'inscrit en réalité dans un courant de remise en question de l'État-providence. . . De plus, suite à la réforme Côté, Doré (1992, p. 132) s'interroge pour savoir si désormais l'organisation communautaire ne s'est pas trop intégrée au point d'en perdre sa spécificité.

De son côté, la FCLSC du Québec précise les pratiques d'action com- munautaire en CLSC. Il est défini que l'action communautaire

vise ultimement à créer des conditions favorables à la santé dans un milieu dont elle cherche à soutenir le développement. Elle désigne une forme de support organisationnel ou professionnel qui consiste à sensibiliser, à structurer et à organiser un milieu pour que celui-ci

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apporte une solution collective à un problème perçu lui-même comme collectif. (FCLSC du Québec, 1994)

À partir de cette définition, la Fédération décrit la gramme des interven- tions comprises dans cette action communautaire. Celle-ci comprend six types d'action dominants: l'identification des problématiques du milieu; la sensibilisation et la conscientisation du milieu; le support aux ressources existantes; la création de nouvelles ressources; la concerta- tion et la mobilisation des ressources du milieu; et l'action politique. Selon la Fédération (1994, p. 13), la spécificité de ce type d'approche tient précisément dans sa capacité de susciter une prise en charge collec- tive des problèmes sociaux ainsi qu'un partenariat égalitaire avec les groupes du milieu.

Toutefois, Panet-Raymond et Bourque (1991) n'ont pas trouvé sur le terrain les relations de partenariat officiellement proclamées par Québec entre les CLSC et les organismes bénévoles mais plutôt un paternalisme très puissant qu'ils ont d'ailleurs appelé « paternariat », et cette situation est de plus en plus difficile pour la majorité des inter- venants bénévoles. De même, Godbout et al. (1987) précisent que ces relations sont généralement perçues comme des rapports de sous- traitance, de récupération et de subordination plutôt que de véritables rapports de partenariat. Une autre recherche sur la question de l'inter- face des services sociaux publics et des ressources communautaires (Lamoureux et Lesemann, 1987) fait ressortir qu'avec l'augmentation et à l'alourdissement des clientèles, les établissements du réseau sont tentés de recourir de façon plus fréquente aux ressources communau- taires, aux groupes d'entraide et au bénévolat. Cette nouvelle rationalité technocratique se construit à partir d'une représentation de la réalité sociale en termes de continuum de ressources ou de services dont les « plus naturels » et les plus immédiats (familles, réseaux, communautés) se révèlent dorénavant les plus essentiels dans la prise en charge des pro- blèmes sociosanitaires, remplissant ainsi des mandats jadis assumés par le réseau public. Évidemment, cette nouvelle orientation puise abon- damment de justification dans un contexte de crise des finances publi- ques et d'exigence de réduction de coûts. Toutefois, de nombreux groupes communautaires refusent ce processus, perçu comme utilita- riste et qui leur impose un rapport de subordination et de subsidiarité. Ces organismes communautaires revendiquent plutôt que des formes de partenariat égalitaire soient institués dans le respect de leur auto- nomie et de leurs spécificités (Guay, 1991).

À l'heure de la décentralisation les communautés locales n'ont jamais été autant valorisées par le discours gouvernemental, on « redécouvre » leurs dynamismes et leurs potentialités. Il en va un peu de même pour le travail communautaire au cours des dernières années (Favreau et Hurtu- bise, 1998). Pour les auteurs, les pratiques d'action communautaire sont

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en « redéfinition » et en « mutation » (p 10). Au plan local, il ressort que les problèmes sociaux se sont à la fois multipliés et aggravés et ceci a eu son impact sur les communautés (appauvrissement, quartiers populaires des villes, exode des forces vives des milieux) . Ainsi, au cours de la der- nière décennie, la réalité des communautés locales s'est profondément modifiée, tant sur le plan interne (vieillissement et exode de la popula- tion, augmentation de la pauvreté) que sur le plan externe, c'est-à-dire une plus grande influence de l'État, notamment via les CLSC, dans l'élaboration des « solutions » aux problèmes sociaux (Favreau et Hurtu- bise, 1993, p. 14). Par ailleurs, ces communautés sont donc confrontées à de nouveaux problèmes sociaux dont les principaux éléments sont une augmentation sensible des problèmes liés au chômage, à l'immigration, à la pauvreté et à la délinquance (p. 25-29). Plus concrètement, nous remarquons l'appauvrissement des communautés locales, l'alourdisse- ment des problèmes des clientèles des services sociaux ainsi que la sur- charge de travail des intervenants sociaux. En somme, la situation actuelle présente tous les éléments d'un «cocktail explosif» (p. 28). Dans un tel contexte, il n'est pas trop surprenant que l'action com- munautaire en CLSC soit elle-même en pleine mutation (p. 14). Ce même, les mouvements communautaires se sont aussi transformées. Il ressort que trois tendances majeures caractérisent l'évolution des der- nières années : d'abord une relative « perte de vitesse » d'une certaine forme d'action sociale axée sur la défense des droits sociaux (par exem- ple les luttes des garderies populaires et des regroupements d'assistés sociaux) ; ensuite, une intégration plus grande des pratiques des groupes communautaires dans une perspective de développement de ressources ou de services; et finalement, le développement d'expérience de par- tenariat, particulièrement dans le domaine du développement écono- mique local (p. 35). En somme, plutôt qu'un déclin du mouvement communautaire, nous avons assisté à

un déplacement de son investissement principal vers de nouvelles formes d'entraide comme les cuisines populaires, vers la définition de nouvelles problématiques comme le décrochage scolaire et la ten- tative d'y répondre adéquatement, vers le développement économi- que communautaire et vers le développement local comme stratégie d'intervention. (Favreau et Hurtubise, 1993, p. 37)

Par ailleurs, il semble se dessiner un certain consensus autour de la con- ception du travail communautaire tel que prônée par la FCLSC (Favreau et Hurtubise, 1993, p. 86). Les orientations de travail ont également évolué : on est par exemple, plus sensibles aux problèmes individuels des gens avec lesquels on veut travailler ou encore, on s'efforce de mieux intégrer les objectifs de l'organisation communautaire avec ceux de l'insti- tution dans laquelle on travaille (p. 88) . Il va de soi que depuis 20 ans, les intervenants communautaires ont aussi changé. Ils sont d'abord plus âgés

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(plus de 75 p. 100 ont entre 30 et 45 ans) et ensuite plus sensibles aux exi- gences de la vie conjugale et de la vie familiale ainsi qu'aux dangers du « burn-out » (p. 90) . Plus globalement, le travail communautaire en CLSC semble affecté par un certain « essoufflement » et ce, tant au plan person- nel que professionnel (p. 94). D'où l'intérêt actuel pour les pratiques de regroupement et de ressourcement qui conduisent, malgré les difficultés actuelles, à une « nouvelle vitalité » retrouvée.

Conclusion Le panorama historique que nous venons de tracer permet de constater que l'évolution des pratiques communautaires au Québec a suivi un cheminement. Les années 60 s'inscrivent dans une approche de groupes de pression et de luttes d'intérêts, alors que les luttes des années 70 ont été marquées au coin de la lutte des classes et du changement social structurel. Avec les années 80, on s'intéresse davantage aux pratiques d'action volontaire et de développement socio-économique. Finale- ment, avec les années 90, les pratiques de concertation et de partenariat deviennent de plus en plus présentes. Dans cette perspective, le rassem- blement de toutes ces initiatives en un mouvement de changement social demeure un enjeu majeur pour les années à venir.

NOTES 1 Malgré les difficultés d'établir une périodisation claire, plusieurs auteurs (Désy et al.,

1980; Favreau, 1989; Hamel et Léonard 1978; MacGraw, 1978) ont dégagé les principales étapes suivantes : le début de l'animation sociale et la naissance des comités de citoyens dans le contexte de la Révolution tranquille (1960-1968); prise de conscience des limites de l'animation sociale et la recherche d'alternatives politiques (1969-1975); le développe- ment de l'action communautaire publique dans les CLSC (et la division politique au sein des groupes communautaires (1976-1982); et finalement les années d'incertitude et de relance (1983-1990). De même, Lévesque (1983-1984) et Bélanger et Lévesque (1992) ont refait une lecture de l'évolution des groupes communautaires en la mettant en rela- tion notamment avec les transformations de l'accumulation du capital. Ils dégagent trois « générations » de groupes : celle des comités de citoyens (1965-1975); celle des groupes populaires (ou groupes de services) (1976-1982) et enfin celle des groupes centrés sur le partenariat ou le développement économique local.

2 Côté et Harnois (1978, p. 139) replacent le phénomène de l'animation sociale dans le contexte de la « Révolution tranquille » de l'époque et ils analysent toute une série de facteurs qui auraient eu un impact particulier sur la naissance et l'évolution de l'ani- mation sociale dont notamment la réforme de l'éducation et la perte d'influence de l'Église catholique et l'influence grandissante de l'État.

3 Outre les dimensions institutionnelles, il y a aussi les influences culturelles, comme celle, par exemple, de l'abbé Pierre, en France, qui va marquer les premières expériences d'animation sociale au Québec et cela permet de comprendre le fait qu'à la tête des premiers comités de citoyens naissants on va retrouver plusieurs «curés sociaux » comme on les qualifiait à l'époque (Doré, 1992, p. 137).

4 Comme les acteurs concernés par cette transformation s'appuient encore sur des valeurs jugées périmées et sur des institutions considérées archaïques, le BAEQ va dénoncer les traits majeurs de cette culture ancienne et prôner ceux de la culture

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nouvelle, moderne, en train de s'implanter dans le monde urbain: fermeture de plusieurs paroisses jugées non rentables et déménagement en milieu urbain où l'on peut bénéficier de multiples services en plus d'avoir accès à divers biens de consomma- tion (Morency, 1966).

5 Par exemple à St-Jérôme, dès 1963, avec le chanoine Grand'Maison. À Montréal, avec la naissance du Projet de réaménagement social et urbain (PRSU) en 1964 et la création des Associations coopératives d'économie familiale (ACEF) en 1965. A Québec, avec la mise sur pied en 1966 des premiers comités de citoyens dans le quar- tier St-Roch. A cette époque, on assiste également à la naissance de projets à l'échelle nationale comme pour la création de la Compagnie des jeunes Canadiens (CJC) ou à l'échelle provinciale, comme pour l'Union générale des étudiants du Québec (UGEQ) et les Travailleurs étudiants du Québec (TEQ). Même phénomène à Hull, avec le développement, en 1968, des premiers comités de citoyens (Doré, 1992).

6 Les coopératives d'habitation, les comptoirs alimentaires, les associations de consom- mateurs, les cliniques médicales et juridiques, etc. sont vus comme autant de moyens pour répondre concrètement aux besoins des gens.

7 Toutefois, cet échec n'a pas paralysé le développement des groupes populaires (Hamel et Léonard, 1978) et diverses expériences de coopératives alimentaires, d'éducation populaire, de cliniques médicales, de groupes de soutien au mouvement ouvrier vont se multiplier. D'autres secteurs d'intervention viendront s'y ajouter; l'Association de défense des droits des assistés sociaux (ADDS), les associations de loca- taires commenceront à s'organiser et, un peu plus tard, on mettra sur pied des gar- deries populaires. Beaucoup de ces groupes de services ont pu naître et se développer suite à la mise en place par le gouvernement fédéral, des Programmes d'initiative locale (PIL) et Perspectives-jeunesse.

8 Par exemple, pour Meister (1974) le militant étant traditionnellement associé aux premières luttes ouvrières du siècle dernier alors que l'animateur a été plutôt associé aux questions d'animation et de participation soulevées depuis le début des années 60. Ancien curé (comme figure de référence), l'animateur ne viserait qu'à « aménager la cage dans laquelle le peuple vit», alors que le militant, un croyant lui aussi, s'inspire d'évangiles différents afin de renverser l'ordre social (p. 1093).

9 Par exemple, en Gaspésie, les Opérations-Dignité prennent la relève du BAEQ. À Sherbrooke, les comités de citoyens se structurent. L'expansion se traduit aussi par une diversification des champs de pratique. Par exemple, dans le domaine de l'éduca- tion populaire avec la mise sur pied en 1973 des services éducatifs d'aide personnelle et d'action communautaire (SCAPAC); avec les mouvements d'Action-chômage; le développement local et régional avec les entreprises communautaire et les coopéra- tives, avec les médias communautaires, la défense des droits des retraités et des prére- traités (AQDR).

10 Pour ce qui est des groupes « politisés » après la défaite du FRAP (1974), on va assister à un processus de radicalisation idéologique et à une modification des pratiques : c'est le passage des quartiers aux usines et surtout l'enlignement du rôle de l'intellectuel sur le modèle du militant marxiste. Dans cette conjoncture apparaissent les groupes de formation, les comités d'action politique et les groupes de soutien aux luttes ouvrières.

11 Sans vouloir jouer «à l'avant-garde », ils soulignent l'importance d'une stratégie de politisation et ils proposent d'adopter la perspective de Freire (1974, p. 37). En 1983, le Regroupement va sa transformer en un Collectif de conscientisation.

12 Pour les uns, dans le milieu syndical, par exemple, on l'identifie volontiers à une me- nace, considérant les travailleuses et les travailleurs bénévoles comme des « voleurs de jobs » alors que d'autres associent la recrudescence du bénévolat ces dernières années témoignent en fait du désir de la population de se réapproprier le champ social, de s'entraider et de participer à la vie collective (Panet-Raymond, 1988).

13 D'après le Comité Brunet (1987) cette réforme s'appuie sur trois grandes préoccupa- tions. D'abord, agir en priorité auprès des groupes « à risque »; ensuite mettre l'accent

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sur le maintien en milieu naturel; et enfin, adopter un tronc commun d'activités qui deviendrait la « marque de commerce » de tous les CLSC de manière à assurer un cer- tain nombre de services jugés essentiels à toutes les populations du Québec.

14 Par exemple, ce choix estime Doré (1991, p. 165), est trop réducteur par rapport à la diversité des modèles de pratique utilisés par les intervenants en CLSC.

15 Gingras (1991) souligne que cette approche ne fait pas l'unanimité non plus : « Pour certains, elle représente un outil privilégié pour remettre aux communautés la respon- sabilité de la satisfaction des besoins sociaux de leurs membres. D'autres sont d'avis qu'elle ne sert qu'à justifier le désengagement de l'État et, en conséquence, à diminuer les coûts imputés à son budget. D'autres encore affirment que les CLSC doivent l'adopter parce qu'elle constitue une proposition valable permettant aux pra- tiques professionnelles d'échapper au caractère bureaucratique et d'établir une rela- tion de partenariat entre les groupes, les individus et les professionnels » (p. 187) .

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