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Publié le 26 Septembre 2014 - Mis à jour le 26 Septembre 2014Le Sénat en quête de respect

Jean-Pierre Raffarin, candidat à la présidence du Sénat : "Chez lesélus, la grogne s'est transformée en colère !"

Jean-Pierre Raffarin, candidat à la présidence du Sénat.

La deuxième fois sera-t-elle la bonne ? L'ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, qui brigue cedimanche un nouveau mandat de sénateur dans son département de la Vienne, est également candidat à laprésidence du Sénat. Comme en 2008, il sera face à Gérard Larcher et Philippe Marini dans une primaireinterne à l'UMP, dont le vainqueur devrait être élu à la tête de la deuxième chambre du Parlement.

Avec Anita HausserVoir la bio en entier

Anita Hausser : Les menaces djihadistes et surtout l'assassinat d'HervéGourdel suscitent une vive émotion en France. Est-ce de nature à créer unesituation politique nouvelle ?

Jean-Pierre Raffarin : Nous avons franchi un nouveau degré de gravité de notre situation et de notreengagement contre le terrorisme. Dans ce contexte, l'exigence d'unité nationale n'en est que plus forte ; il nefaut surtout pas donner à nos adversaires djihadistes l'image d'une France divisée ou apeurée.

A lire également :

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>>>> Gérard Larcher, candidat à la présidence du Sénat : "Il y a une radicalisation dans les territoires, une formede désespoir qui se transforme en colère, et c'est assez inquiétant"

>>>> Philippe Marini : “Le Sénat ne peut pas être un conservatoire d’une France qui n’existe plus”

Est-ce que cela va modifier l'attitude de l'opposition dans la période quivient ?

Sur les questions graves, nous avons toujours prouvé notre sens de l'intérêt national et nous devons rester surcette ligne. Nous veillerons à ne pas diviser les Français. Cela ne veut pas dire que sur les autres sujets, nous nedirons pas franchement ce que nous avons à dire.

Et ces autres sujets sont assez nombreux !

Il est clair que le sujet de préoccupation numéro un des Français, c'est l'emploi ; nous attendons toujours ce quele président nous a annoncé le 14 janvier dernier, une politique de l'offre, c'est-à-dire une politique del'entreprise. Notre économie de proximité se détériore gravement, c'est celle constituée par l'agriculture, l'artisanatet les PME. Ce tissu économique local se déchire profondément actuellement et les conséquences seront sévères.Nous ne sentons pas le gouvernement suffisamment mobilisé sur ce sujet.

Est-ce le principal enseignement de votre campagne ?

Ce que les élus locaux me disent, c'est essentiellement le manque de soutien pour les entreprises et pour cetteéconomie de proximité. Dans les petites communes, le désordre de la réforme territoriale vient se greffer surl'inquiétude provoquée par les difficultés de l'agriculture et l'artisanat .

On vous connaissait plutôt régionaliste ; aujourd'hui êtes-vous devenudépartementaliste ? D'après vous, le département en tant que tel est-ilsauvé?

J'ai présidé la mission sénatoriale d'information sur le sujet et nous avons complètement dépassé la vieille querelleopposant départementalistes et régionalistes. La pensée moderne des territoires est tout autre ; nous avons faitle choix de la proximité avec le département et de la puissance avec les grandes régions. Ce qui nous paraitabsurde aujourd'hui dans le projet gouvernemental, c'est qu'il propose simultanément la création de grandesrégions et la suppression des départements. Or, la grande région n'est possible que si le département estmaintenu.

Le projet prévoit trois formules différentes pour les départements. Est-ceune solution viable?

Cette orientation est illisible. Personne ne sait actuellement quel schéma s'appliquera à son département. D'unemanière générale, cette réforme territoriale est terriblement improvisée et elle génère une profonde colèrechez les élus locaux. Durant l'été, avec la réforme des rythmes scolaires, nous sommes passés de la grogne à lacolère, ce qui, je crois, se répercutera sur le scrutin. J'ai rarement vu un gouvernement aussi peu populairechez les élus locaux en raison d'un désordre de ces projets territoriaux. Le Parti Socialiste rencontre de trèsgrandes difficultés dans cette campagne et les électeurs socialistes sont particulièrement inquiets et démobilisés .

Que compte faire le Sénat pour "remettre de l'ordre" dans tout cela, et

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quelles initiatives prendrez-vous si vous êtes élu président ?

Le Sénat doit stopper le lent déclin qui le caractérise depuis plusieurs années ; il s'est accentué ces troisdernières années à cause des divisions de la majorité socialiste, et, comble de l'impuissance : un sénat de Gaucheincapable de voter un budget de Gauche. Si je suis élu président du Sénat, je demanderai rapidement à rencontrerle président de la République pour construire avec lui un rapport de force républicain et loyal. Nous exigerons eneffet que le Sénat soit respecté et la manifestation de ce respect devra être que le président de la Républiqueaccepte quelques corrections au projet de réforme territoriale.

Quelles corrections ?

Par exemple le maintien des départements, la révision de la réforme des rythmes scolaires et aussi laremise en cause de l'intercommunalité forcée à 20.000 habitants. Nous discuterons de ces sujets de manièretrès ouverte et très républicaine, mais si le président veut une contribution positive du Sénat, il devra montrerconcrètement son respect pour la Haute Assemblée...

Est-ce qu'aujourd'hui le président de la République a besoin du Sénat ?

Évidemment ! Sa majorité a l'Assemblée Nationale est instable. Notre sagesse pourra lui être utile. Mais, s'il n'estpas respecté, le Sénat trouvera les moyens de se faire respecter.

C'est menaçant !

Il n'y a pas de menace de la part d'un républicain ; il y a simplement la manifestation de la culture d'indépendancedu Sénat.

Quelles innovations apporteriez-vous si vous êtes élu président du Sénat ?

La stratégie que je propose est 100% nouvelle. Elle sera fondée sur la résistance et sur la préparation del'alternance. Nous conduirons une "auto-réforme" du Sénat. Je développerai la transparence par exemple pour laréserve parlementaire.

Le sénat doit-il devenir un laboratoire ?

Le Sénat sera le laboratoire des politiques nouvelles ; il pourrait notamment travailler à la préparation d'un grandplan national pour les PME , à une réforme de l'Education Nationale ou au partage numérique.

Sur l'échiquier politique, est-ce que vous vous réclamez exclusivement deNicolas Sarkozy ?

Les trois co-présidents de l'UMP ont décidé d'un commun accord de respecter une certaine neutralité dans lacampagne qu'ils sont chargés d'organiser. Donc je respecterai cette éthique de responsabilité, ce qui ne met encause ni ma relation personnelle avec Nicolas Sarkozy, ni celle avec mes deux collègues Alain Juppé et FrançoisFillon.

Il se raconte que Nicolas Sarkozy fait campagne pour Jean-Pierre Raffarin...

C'est une bonne nouvelle, mais les rédactions bruissent de tant de rumeurs ! Toutefois, je dois vous confier que

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l'élection du Sénat ne se fait pas a l'extérieur du Sénat. Elle n'est pas dépendante de la vie des partis politiques. Jeconsidère que l'analyse faite par Nicolas Sarkozy est juste ; il faut crédibiliser l'alternance en refondant la Droite etle Centre en France ; c'est un travail nécessaire qui exigera du Leadership, mais le Sénat se tiendra en marge decet effort.

Cela veut dire que l'UMP a échoué puisqu'il faut la refonder ?

L'UMP est convalescente. L'UMP ne constitue pas suffisamment un espoir pour les Français désespérés par lamanière dont M.Hollande exerce ses responsabilités. Déception vis-à-vis de la gauche, manque d'espoir vis-à-visde la Droite. Il est nécessaire de crédibiliser un nouveau projet et c'est à cela que doivent s'atteler ceux qui vonts'impliquer à la refondation de la Droite et du Centre.

Si vous êtes président du Sénat, resterez- vous à l'écart de cetterefondation?

En toutes circonstances, j'ai fait preuve de mon caractère indépendant. J'étais l'une des personnalités qui disait leschoses directement au président Sarkozy, et mes messages n'étaient pas toujours dociles ! Notre relation atoujours été directe, elle est confiante. J'ai oeuvré comme médiateur au règlement de plusieurs conflits à l'intérieurde l'UMP. Je serai donc attentif à ce qui se passera dans ma famille politique, mais si je suis président du Sénat,je veillerai à ce que le travail de fond pour l'alternance soit préparé et je ne l'impliquerai pas dans les tactiquespersonnelles.

Les primaires au sein de l'UMP au Sénat ne laisseront-elles pas de traces ?

Ce n'est pas la première fois que l'on procède ainsi ; c'est l'honneur de notre démocratie interne. Pour cela, jesalue le travail de mon ami Jean-Claude Gaudin.

En conclusion, c'est peut-être "le tour" de mon projet puisque, lui n'a jamais été essayé, et je fais confiance auxsénateurs pour s'y intéresser. La réponse que j'apporte à "la crise" (selon l'Express) du Sénat est aujourd'huiparticulièrement crédible.

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