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La « reconquête » des

fronts fluviaux : Vers un

nouveau lien entre la Ville

et son Fleuve ?

Etude de Lyon, Bordeaux et

Nantes

LECOUTERE JULIEN

2014-2015

Directrice de recherche

VERDELLI LAURA

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La « reconquête » des fronts

fluviaux : Vers un nouveau lien entre

la Ville et son Fleuve ?

Etude de Lyon, Bordeaux et Nantes

Directrice de recherche : VERDELLI LAURA

Auteur : LECOUTERE JULIEN Année : 2014/2015

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AVERTISSEMENT

Cette recherche a fait appel à des lectures, enquêtes et interviews. Tout emprunt à des

contenus d’interviews, des écrits autres que strictement personnel, toute reproduction et

citation, font systématiquement l’objet d’un référencement.

L’auteur de cette recherche a signé une attestation sur l'honneur de non plagiat.

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REMERCIEMENTS

Je tiens à profiter de cette partie pour remercier non seulement les personnes qui m'ont accompagnées durant ce projet de recherche, mais également celles que j'ai rencontrées et qui m'ont soutenues au Département Aménagement de Tours.

Tout d'abord, je souhaite remercier très chaleureusement ma directrice de recherche, Laura VERDELLI, pour le soutien, l'écoute, l'aide qu'elle m'a apporté tout au long de ce projet. Je voudrais la remercier d'avoir cru en moi, et de m'avoir accompagnée dans mon projet de fin d'études, malgré un renversement de situation au milieu du projet, engendrant un changement de sujet. Je remercie vivement Pascale Lehalper et Marie Madeleine Talon, bibliothécaires dans l’âme, pour m’avoir aidé dans mes recherches et bien plus que ça. Enfin, je remercie mes amis qui ont pu m’aider dans la relecture et m’aiguiller quand cela était nécessaire .

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SYNOPSIS

Enjeu majeur à l’échelle internationale, la « reconquête » des fronts fluviaux et devenue un sujet d’actualité important. Immiscée par les Etats Unis, cette « waterfront attitude » familièrement appelée, prends une ampleur de plus en plus importante, et soulève de nombreuses questions et notamment la question d’un retour de la ville vers son fleuve.

La révolution industrielle est un tournant en France, avec un recul de l’économie maritime, engendrant un abandon progressif des fronts fluviaux en centres urbains. Cet abandon a souvent laissé place, dans les balbutiements du réaménagement des fronts fluviaux, à la voiture. Coupant tout lien entre le fleuve et son environnement.

Parallèlement, avec l’évolution des mentalités ainsi que des réformes sur le travail, s’engendre un accroissement du temps libre qui devient propice à la détente, la culture, aux sports et événements en tout genre.

Prenant connaissance de cet état des lieux, les politiques commencent à prendre part du potentiel que les fleuves peuvent représenter pour leur ville.

Sur cette base, il s’agit de comprendre comment en France, le lien entre la ville et

son fleuve passe, autrement dit, quel(s) est/sont le/les processus qui permette(ent) de mener à bien la réintégration des fronts d’eau au sein de la ville.

La problématique se formule comme suit : Que signifie aujourd’hui cette volonté de « reconquérir » le fleuve urbain ? Par quoi cela passe t-il ?

L’hypothèse de départ en réponse à la problématique est donc formulées ainsi:

Un discours politique en faveur d’une « reconquête » des fronts d’eau lié à un aménagement spécifique et à l’avènement des loisirs, sont les clés de la réussite du retour de la ville vers son fleuve. Les objectifs de cette étude sont alors les suivants :

1. Analyser le discours politique sur les intentions de la « reconquête » (acteurs, participation…)

2. Comprendre comment l’aménagement et l’intégration du loisir et de la culture dans les projets de « revalorisation » permettent un retour du lien ville/fleuve

Cette étude se propose de répondre à la problématique de façon progressive par une approche thématique sur les généralités des fronts d’eau et sur trois sites d’études : Lyon, Bordeaux et Nantes. Ces sites se sont révélés des terrains d’étude5 particulièrement adaptés par la présence d’une rivière, d’un fleuve et d’un confluent, autrement dit d’un modèle significatif des fronts fluviaux, de même que la personnalité et l’histoire urbaine. Ensuite, parce que notamment la ville de Lyon fait figure, en France, de pionnière en matière de redéfinition des relations ville / fleuve. Mettant en place dès le début des années 1980 une commission chargée d’étudier les possibilités de développement de l’agglomération près de l’eau, la commission « Lyon Ville Fluviale » montre une volonté précoce d’agir. Bordeaux et Nantes suivent Lyon dans cette reconquête quelques années après. Enfin par la documentation, qui sur les cas d’étude, ont pu être facilement accessibles.

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Le travail d‘enquête s’est donc construit autour d’une bibliographie sur des documents officiels des municipalités, agences d’urbanisme et de presses. Il a permit une évaluation de la mise en place de la « reconquête » des fronts fluviaux au travers les objectifs énoncés juste avant. La confrontation des cas d’étude a permis de mettre en avant les pistes d’une « reconquête réussi »…

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SOMMAIRE

Introduction .................................................................................................................................................... 11 I/ Contexte et généralités: reconquête des fronts d'eau ............................................................... 15

Chapitre 1 : Quels enjeux en terme de réaménagement et de redécouverte des fronts d’eau .............................................................................................................................................................. 15

1) Vers une tendance globale, la « waterfront attitude » ................................................. 15 2) Les limites de cette reconquête, vers des conflits sociaux, économiques ou spatiaux ? ................................................................................................................................................ 16 3) Qui est au centre de ces requalifications ? Auteurs et acteurs de ces nouveaux espaces .................................................................................................................................................... 18 4) Le lien ville/fleuve, une difficile « soudure » .................................................................. 19

Chapitre 2 : De la symbolique du fleuve vers un espace investi de nouveaux sens ....... 20

1) L’intégration du rôle symbolique ........................................................................................ 20 2) Le fleuve patrimoine ................................................................................................................. 22 3) Une nouvelle fonction des fronts d’eau : une ambiance festive ............................... 23

Chapitre 3 : Le fleuve, élément structurant et « reflet d’images urbaines » ..................... 25

1) Paysage fluvial : Thématique urbaine largement diffusée ......................................... 25 2) Le fleuve, un élément structurant ....................................................................................... 25

Chapitre 4: Un « nouvel art » d’exprimer l’espace public par l’aménagement ................ 26 II/ Vers un lien entre la ville et son fleuve ? ....................................................................................... 30

Chapitre 1 : Présentation des cas d’étude. ..................................................................................... 30 1) La ville de Nantes et la Loire, une histoire. ...................................................................... 30 Nantes et son île : L’île Saint-Anne. .............................................................................................. 31 2) Bordeaux et ses quais, une histoire forte. ........................................................................ 31 3) Lyon, vers une réappropriation du Rhône et de la Saône. ......................................... 33 Chapitre 2 : L’émergence politique, un appui dans la reconquête fluvial. .................... 34

1) Nantes et sa politique centrée sur l’ouverture vers Loire. ........................................ 35 2) Lyon : Vers une reconquête de ses berges ? .................................................................... 41 3) Bordeaux, vers un discours sur un nouveau lien entre la ville et son fleuve ? .. 45

Synthèse Chapitre 2 ..................................................................................................................................... 49

Chapitre 3 : Des projets d’aménagement et événements culturels, sources d’un retour vers le fleuve ? ........................................................................................................................ 51 1) Un aménagement au service du loisir, de la culture et d’un retour vers le fleuve 51

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Synthèse Chapitre 3, Partie 1 et Chapitre 1 ........................................................................................ 74

2) Des événements marqueurs d’un retour au fleuve ...................................................... 76 Conclusion générale .................................................................................................................................... 79 Bibliographie, Références ......................................................................................................................... 81 ANNEXES ......................................................................................................................................................... 84

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Introduction

« Mais regarder toujours… des foules arrivent avançant

droit vers l’eau comme si elles voulaient plonger (…) Rien

ne peut plus les contenter sinon la plus extrême limite de

la terre. Non, il faut qu’ils soient le plus près possible de

l’eau, au risque de tomber (…) Gens de l’intérieur des

terres venus des sentiers, des allées, des rues et des avenues

du Nord, de l’Est, du Sud et de l’Ouest, ici fraternellement

unis. »

Herman Melville, Moby Dick

Il y a bien des années, les citadins étaient fortement attachés à leur ville, étant

bien souvent au cœur de leur fondation, en terme économique, culturelle et spatiale. Au début des années 60, « la mémoire collective » s’estompe et les habitants perdent leurs références vers cette présence de l'eau, qui au fil du temps, est devenu invisible. Cependant, un regain sur le lien émotionnel des habitants vers l’eau s’est remarqué sur les trois dernières décennies.

« Une forte dynamique de retournement vers les fronts d’eau urbains s’est engagée depuis maintenant plusieurs décennies, en Amérique du Nord dans un premier temps, puis en Europe occidentale et, plus récemment, dans certains pays en voie de développement. Partout, le temps est aux « retrouvailles », à la « redécouverte », à la « reconquête », à la « renaissance », à la « réconciliation », à la « requalification », à la « » ou à la « réhabilitation », autant de termes qui ont fait leur entrée définitive dans le lexique de l’aménagement et de l’urbanisme consacrant ainsi la redéfinition de la rive urbaine, et notamment fluviale, comme un phénomène majeur de l’urbanisme contemporain. »1

Par conséquent, les villes portuaires engagent diverses opérations dans les zones centrales abandonnées par les activités portuaires :

On assiste dès lors à une première régénération des friches portuaires, autrement dit des fronts fluviaux. Des espaces de loisirs de toutes sortes sans rapport avec un quelconque patrimoine portuaire sont mis en place afin de requalifier les bâtiments existants. Vient ensuite une deuxième vague de projets, avec une relocalisation des activités portuaires et la recherche d'une nouvelle relation entre les domaines de l'eau et de la ville, en essayant de garder la vocation « fluviale » des lieux à convertir. Dans un troisième temps, des projets, moins commerciaux ou spéculatifs mais toujours ludiques, émerge des années 1990, principalement en Europe du Sud.

1 Claire Girardot, fleuve et action urbaine, de l ‘objet à l’argument géographique

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Le but commun est alors de lutter contre la désertification et la dégradation des secteurs riverains. Correspondant souvent aux cœurs de villes, il convient de fournir à ces zones des fonctions « privilégiées » avec notamment des installations culturelles et récréatives, complétés par des infrastructures touristiques de haut de gamme.

Depuis les années 2000 en Europe, ce processus de réaménagement a touché tous les pays, ce qui conduit à une diversification des approches en termes d'évolution des fronts d’eau, de rôle des politiques, des types d'utilisations de riverains ...

Enfin, nous pouvons dire que les fonctions culturelles et de loisirs sont maintenant perçues par les villes intégrant un fleuve, comme très pertinentes pour revitaliser et diversifier la base de l'économie locale (tourisme et pouvoir d’attraction). Les planificateurs sont de plus en plus invités à créer dans ces endroits des interfaces entre les zones terrestres et aquatiques.

« Les pratiques sociales liées à l'eau sont de plus en plus immatériel… Cette «mise en scène» de l'interface terre-eau devient aussi une ressource économique. Le nouveau propriétaire se reflète dans la réaffectation des espaces abandonnés à de nouveaux usages, concilier «show» politique, patrimoine, politiques culturelles et activités productives. En fait, la ville est à la fois une construction symbolique et matérielle. »2

Toutefois, la restructuration urbaine est souvent une opération longue, difficile à mettre en œuvre. C’est pourquoi l'organisation d'événements se concentre en un grand nombre d'initiatives urbaines, en particulier en termes de marketing territorial. Le «pansement festif» est alors la meilleure façon de diffuser bien avant la construction, une vision de la future ville. Ainsi, de plus en plus, la création d’événements est préférable, c’est le cœur de la stratégie marketing : Festivals, événements, défilés et productions urbaines peuvent produire l'image souhaitée, projetant littéralement la ville en un avenir brillant et prometteur.

Il est donc intéressant d’analyser comment ces événements entrent en jeu dans cette reconquête, mais il est aussi intéressant de manière plus générale de s’interroger sur la revalorisation de la relation ville/fleuve en intégrant cette thématique.

C’est donc cette « revalorisation » (ou plus simplement dis: comment le lien ville/fleuve est récréée) contemporaine de la relation ville / fleuve que cette étude menée à partir d’exemples lyonnais, nantais et bordelais se propose d’interroger. Il n’est pas pour but d’offrir une représentation supplémentaire, mais en analyser la signification au niveau de « l’action sur la ville ». Ce faisant, leur « reconquête » en cours apparaît souvent réduite à la seule problématique générale de la réaffectation d’espaces plus ou moins délaissés. En tant que déclinaison particulière de l’action urbaine, la réévaluation de la relation ville / fleuve peut pourtant constituer une clé de lecture originale des processus plus généraux de production et d’appropriation de l’espace urbain. Que signifie aujourd’hui cette volonté de « reconquérir » le fleuve urbain ? Par quoi cela passe t-il ?

2 2nd International Conference on “Changing Cities: Spatial, Design, Landscape & Socio-economic Dimensions”

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Le plan choisi pour cette étude se propose de répondre à la problématique de façon progressive par une approche thématique sur les généralités des fronts d’eau et par la suite sur nos trois cas d’étude en émettant l’hypothèse suivante : Un discours politique en faveur d’une « reconquête » des fronts d’eau lié à un aménagement spécifique et l’avènement des loisirs sont les clés de la réussite du retour de la ville vers son fleuve. Les objectifs de cette étude sont alors les suivants :

1. Analyser le discours politique sur les intentions de la « reconquête »(acteurs, participation…)

2. Comprendre comment l’aménagement et l’intégration du loisir et de la culture dans les projets de « revalorisation » permettent un retour du lien ville/fleuve

La première partie, consacrée aux généralités sur la reconquête des fronts fluviaux à

l ‘échelle mondiale, pose dans un premier chapitre les enjeux de la reconquête de cette espace en terme de tendance globale, des limites ainsi que des auteurs/acteurs qui ont su profiter les premiers de cette « ruée vers l’eau ». Dans un second chapitre, il est important de rappeler que se sont des espaces réinvestis par de nouveaux sens, en terme d’événement, de symbolique et de patrimoine. Les deux derniers chapitres parlent du fleuve en tant qu’élément structurant de la ville et notamment par de nouveaux espaces publics et un engouement politique, avant de rentrer dans le vif du sujet dans un deuxième temps.

La seconde partie, viens de manière générale analyser les cas lyonnais, bordelais et nantais sous l’hypothèse émise. Les aménagements ainsi que les évènements seront recoupés afin d’avoir une analyse plus fine et d’en ressortir la substantifique moelle. Enfin une conclusion viendra discuter de notre analyse et ouvrira sur des poursuites de travail à ce sujet.

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I/ Contexte et généralités : Reconquête des fronts d’eau

« Plusieurs initiatives récentes ayant comme cadre un front fluvial, témoignent d’un véritable « retour » de la ville contemporaine vers l’eau. Les fronts de fleuve urbains, longtemps délaissés ou sous-utilisés, deviennent aujourd’hui des nouveaux lieux de référence dans la ville: nettoyés, réaménagés, débarrassés des fonctions subalternes qui les occupaient plus au moins officiellement, revendiquent de nouveau la place qui leur avait été refusée par les évolutions urbaines de la seconde moitié du XXe siècle. Ils deviennent ainsi une nouvelle destination urbaine, des espaces de convivialité, d’échanges, de rencontres… mais aussi des espaces disputés par différentes fonctions souvent antinomiques. »

Maria Gravari-Barbas

Le sujet, d’actualité, est en effet à l’origine d’une bibliographie très abondante, en France comme à l’étranger. Peu nombreuses sont aujourd’hui les villes situées au bord de l’eau, portuaires ou non, qui ne soient engagées dans un processus, modeste ou ambitieux, de « revitalisation » de leurs berges. « Où que l’on se trouve, il suffit de se promener au bord de l’eau pour percevoir la mutation, ou la reconversion dont fait l’objet cette frange d’espace entre ville et fleuve »3

Le phénomène, plutôt récent en France, n’est pas nouveau. Il a en effet émergé dès les années 1950 dans les villes portuaires nord-américaines, les villes de Boston et de Baltimore constituant les exemples historiques de cette reconversion, aujourd’hui quasi-universelle, de ce que l’on appelle communément les « waterfronts ». La bibliographie consacrée aux villes portuaires, maritimes ou fluviales, constitue de ce fait la littérature fondatrice en matière de « reconquête » des fronts d’eau urbains et notamment la thèse de Maria Gravari Barbas. C’est elle que, par conséquent, l’on envisagera en premier, tout en gardant à l’esprit les problématiques liées à la « revalorisation » contemporaine ville/fleuve.

Il est donc question dans cette première partie, de comprendre quels sont

les enjeux (généralisation et naissance du concept, acteurs, limites), de comprendre la/les fonctions de cette nouvelle « waterfront attitude », ainsi que le rôle majeur que le fleuve représente pour la ville. Cela nous permettra d’en étudier l’exemple de trois cas français, afin de vérifier nos hypothèses de départ et surtout d’avoir une meilleure compréhension de la situation française en terme de « revalorisation » des fronts fluviaux.

3 DEVEDJIAN, 1987a, p 10

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Chapitre 1 : Quels enjeux en terme de réaménagement et de redécouverte des fronts d’eau

Il s’agit ici de comprendre ce phénomène récent apparu tout d’abord en Amérique puis en Europe Occidentale. En ces termes, comment le processus est né, quelles sont les limites et surtout quelles en sont les acteurs ?

1) Vers une tendance globale, la « waterfront attitude »

On assiste à un réel bouleversement qui s’esquisse en divers points du monde, en rapport avec le développement des politiques de l’environnement et le souci de la qualité de la vie.

L’émergence de sensibilités nouvelles et la forte demande sociale en espaces publics et en espaces de loisirs en ville remettent le fleuve au centre de tous les intérêts. Ce retournement vers le fleuve qui offre des espaces libres et un horizon dégagé, semble en effet correspondre à un besoin de nature ou plutôt à l’idée que l’on s’en fait. Les villes fluviales redécouvrent leurs bords d’eau auxquels elles avaient dénié toute qualité et leur forte potentialité pour le renouvellement de l’image de la ville. Les nombreux exemples de revalorisation de fronts d’eau entrepris dans le monde entier avec l’aménagement d’espaces de loisirs et de culture, de commerce, de bureaux et de logements, ont un effet de boule de neige, révélant aux citadins le plaisir de vivre près de l’eau. En Europe, l’entreprise probablement la plus importante et la plus médiatisée est l’aménagement des bords de la Tamise à Londres, engagée au début des années 1980 avec la reconquête progressive des docklands à l’est de la vieille cité.4

De nouveaux rapports fleuve-ville apparaissent et deviennent un enjeu important notamment par une « revendication essentielle pour les populations urbaines ». « Dans l’ensemble des projets de front d’eau qui marquent les années 1980 et 1990, on trouve cette grande problématique du « retour », notamment avec des grands projets urbains sur des espaces linéaires (le long de fleuve ou de rivière): les Docklands londoniens, les fronts d’Anvers, de Hambourg, de Rotterdam, de Lisbonne, de Séville, de Glasgow… »5 s’appuyant sur la redéfinition du rapport entre la ville et son fleuve, visant à requalifier de manière structurante des grandes portions de l’espace urbain.

De nombreuses friches industrialo-portuaires situées en front de fleuve viennent constituer bien souvent les dernières grandes réserves foncières dans la ville. On peut citer comme projets-phares : les Confluences à Lyon, le réaménagement de Boulogne-Billancourt et de l’Ile Séguin.

4 Gabriele Lechner ,Le fleuve dans la ville, La valorisation des berges en milieu urbain, octobre 2006, P23 5 Gravari Barbas, La conquête d’une nouvelle frontière : réinvestissement symbolique et requalification fonctionnelle des fronts de fleuve urbains, P 34

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Figure 1: Boulogne-Billancourt et l'île Seguin, un des plus grands projets de réaménagement de front fluvial dans une grande capitale européenne. Source : Ville de Boulogne-Billancourt

2) Les limites de cette reconquête, vers des conflits sociaux, économiques ou spatiaux ?

De nombreux projets sont à l’origine de conflits importants: si l’ensemble des acteurs locaux, associations et citoyens cherchent à « réintroduire » le fleuve dans la ville6 et dans les pratiques de ses habitants, les approches, les représentations et le but recherché ne sont pas toujours les mêmes selon la position du protagoniste. Les deux exemples qui suivent, montre je pense, une partie de ces conflits. On assiste souvent à des conflits de représentations et d’intérêts des acteurs locaux mais aussi de fonction de l’espace, comme le dit Naud sur la vision contrastée de Montréal et Québec7 présenté ci-dessous. On assiste à des tensions sur des espaces de nouveau convoités. Des fonctions entrent en conflit qu’elles soient productives et portuaires, de consommation, ludiques ou récréatives. Les projets pionniers en matière de reconquête des fronts d’eau et notamment ceux qui ont vu le jour dans les années 1970 et 1980 sur la côte Est des Etats-Unis ont été pendant longtemps à l’origine d’une image caricaturale de l’American Waterfront (Gravari-Barbas, 1998)6. Pour exemples: (Underground Atlanta à Atlanta, St Antony Main à Minneapolis, The Terminal à Cincinati, The WestEnd Marketplace à Dallas, Jacksonville Landing à

6Gravari Barbas, La conquête d’une nouvelle frontière : réinvestissement symbolique et requalification fonctionnelle des fronts de fleuve urbains, P 35 7 Naud, L. 2003, « Visions contrastées: Les rivages de Montreal et de Québec au Canada », Forum de l’an 2000, L’avenir des villes est-il sur leurs rivages, Nice, octobre 2000.

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Jacksonville, le Riverwalk à Nouvelle Orléans, le South Street Seaport à New York, sont tous des projets de la Compagnie Rouse créés pendant les années 1970 et 1980.

Chacun de ces exemples montre une limite de ce modèle de développement en terme de fréquentation et de rentabilité commerciale.

« Afin d’illustrer ces propos, prenons pour exemple Québec et son fleuve le Saint-Laurent où un certain concept américain de Waterfront s’interpose désormais entre la ville historique de Québec et le fleuve Saint Laurent, la disparition progressive de l’espace public riverain de qualité a provoqué une baisse graduelle de la fréquentation du littoral urbain (Naud, 2000). Il en résulte que, quand on demande aux visiteurs de Québec de préciser « les éléments les plus caractéristiques et les plus intéressants de la région de Québec », la catégorie « fleuve » obtient un score qui oscille entre 0 et 0,7 % (en comparaison l’aspect historique de la ville s’affiche à 50-60 %) des éléments les plus intéressants pour les visiteurs. La capitale du Québec ne profite pas de la présence du fleuve au niveau des attraits tels que perçus par les visiteurs, comme si la ville ne possédait ni fleuve ni rivages. On peut ainsi conclure que certains aménagements fluviaux, non seulement n’ont pas consolidé la présence du fleuve dans la ville, mais l’ont au contraire affaibli. » (GRAVARI-BARBAS, 2004, P36) Cet exemple montre alors une mauvaise réappropriation du fleuve dans la ville. Pour avoir moi même visiter la ville de Québec, il est effectivement difficile d’avoir une lecture clair du réaménagement des bords de fleuve. La place n’est ni donné aux riverains et encore moins aux touristes. Aucun aménagement n’est fait au sens d’une réappropriation par la population de ce lieu. Cet espace est plutôt dédié à l’économie. On retrouve un conflit d’ordre spatial et économique. C’est la représentation du fleuve comme valeur marchande versus fleuve comme ressource collective.

Autre exemple, celui de l’Ile de Nantes, dont nous parlerons en seconde partie. Ce fut le projet phare du retour vers la Loire, auquel tenait tant la municipalité du maire Jean-Marc Ayrault. Nantes est une des premières villes européennes à mener une politique urbaine tournée vers l’eau. Néanmoins, certaines critiques sont émises quant à l’approbation de la réussite de l’île de Nantes par la municipalité, espace qui devait être au début une Cité Internationale des Affaires. En effet, plusieurs associations réunies en collectif ont oeuvré après la fermeture des chantiers navals pour que l’aménagement de l’Île de Nantes tienne compte du passé particulier de la ville8. Aujourd’hui on reproche à la municipalité de tenir « un discours axé sur un retour vers le fleuve, sans pour autant mener assez de projets liés à cet objectif : les aménagements des quais de Loire demeurent discontinus, le commerce fluvial n’est pas soutenu »9. Les conflits sont donc principalement politiques en terme de conflits d’intérêts et spatiaux avec pour l’exemple de Québec un « échec » de la réappropriation de ses berges.

8 Association Nantes la Bleue, mai 2014 9 Chasseriau, A. « Quand Nantes réaménage ses fronts de Loire », Communication présentée dans le cadre du FIG 2003.

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3) Qui est au centre de ces requalifications ? Auteurs et acteurs de ces nouveaux espaces

Il est évident que cette question est en lien direct avec la nature des acteurs qui mettent en place ces projets de requalification des fronts fluviaux. Il est montré que les promoteurs et les agences immobilières ont été les premiers à exploiter ce filon. Par le biais de cette reconquête, cette « ruée vers l’eau » se traduit souvent par une réelle flambée des prix10 et un processus de gentrification, souvent mal contrôlé.

Prenons dans ce cas

pour exemple la ville de Chicago. C’est l’exemple même d’un processus de gentrification mal contrôlé avec une réduction notoire de l’espace de front de fleuves accessible au public. Les projets de reconquête de la rivière, souvent impulsés par des associations motivées par la sauvegarde du fleuve et des vestiges industrialo-portuaires qui jalonnent son parcours dans la ville, ont été déviés et ont prioritairement servi à la création de plus values. Dans l’évaluation des projets de requalification, la question des acteurs est donc essentielle11. Qui donne part à l’impulsion du redéveloppement? Qui met en place les projets et qui est-ce qui les contrôle? Qui est-ce qui en profite? De quelle manière se fait la régulation entre public et privé? Quelle est, finalement, la marge de participation des citoyens? (GRAVARI-BARBAS, 2004, P36). Il s’avère que les acteurs locaux s’emploient à utiliser le fleuve comme un outil essentiel de la planification urbaine.

10Gravari-Barbas 11Gravari Barbas, La conquête d’une nouvelle frontière : réinvestissement symbolique et requalification fonctionnelle des fronts de fleuve urbains, P 37

Figure 2: Le front de la Chicago River, Chicago. Source: Maria Gravari-Barbas, 2004

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Nous verrons qu’en France, le discours politique se répercutant sur les orientations d’aménagement de la ville et au centre de cette « reconquête » du fleuve dans la ville, qui renvoi au second chapitre de la deuxième partie.

4) Le lien ville/fleuve, une difficile « soudure »12

Selon les propos de Maria Gravari Barbas

« Faire la ville sur la ville » n’est pas toujours chose aisée.

Le redéveloppement des fronts de fleuves urbains répond à des tendances technologiques et économiques globales et concerne, à des degrés certes divers, la quasi-totalité des villes dans le monde occidental. Les projets de redéveloppement des fronts d’eau ont vu le jour dès la fin des années 1960, et ont gagné de l’ampleur dans les années 70-90. Sont à l’origine, des tendances de désindustrialisation expérimentées par plusieurs villes du monde occidental ainsi que des nouveaux soucis patrimoniaux et esthétiques exprimés par des acteurs locaux. « Malgré donc un constat a priori positif (la redécouverte festive, symbolique ou patrimoniale du front de fleuve urbain ne peut qu’être porteuse de sens pour la ville), le bilan global de la « ruée vers l’eau » reste plus mitigé. Souvent très sélective, la redécouverte des fronts de fleuves est significative de la conquête d’une des dernières frontières urbaines par de nouvelles couches sociales. Dans ce sens, on ne peut pas ne pas regretter la privatisation et la commercialisation croissantes de ces espaces précieux, entre ville et fleuve. »

12 Titre d’un article de Maria Gravari Barbas

Conclusion : C’est une tendance globale qui montre l’engouement de cette « waterfront attitude » menée par des acteurs locaux et portée par des promoteurs. Néanmoins, au terme général de ce premier chapitre , il est montré que cette « reconquête », « revalorisation », « réappropriation », autant de terme que nous pouvons décliner à ce sujet et qui au final renvoi vers le même sujet comporte certaine limites :

Il peut porter à des conflits d’intérêts surtout au niveau politique N’atteint pas toujours les objectifs escomptés profite à certains et pas d’autres, engendrant une gentrification de ces lieux

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Chapitre 2 : De la symbolique du fleuve vers un espace investi de nouveaux sens

La « revalorisation » des bords de fleuve dans la ville, passe par un nouveau mode de vie de la population et notamment par une culture du temps libre de plus en plus importante. L’auteur Joffre Dumazedier a traité cette question dans son livre, « Vers une civilisation de Loisir ». « Aujourd’hui, dans nos sociétés évoluées, le loisir est une réalité familière » dit-il si bien. C’est une nouvelle réalité contemporaine qu’il faut prendre en compte et intégrer dans cette façon de repenser le lien entre la ville et son fleuve. Pour comprendre cette évolution, il est important de parler du fleuve en terme de symbolique et de patrimoine.

1) L’intégration du rôle symbolique

Il est ici question de comprendre la symbolique qu’a représenté l’eau au fil du temps et comment elle est ancrée dans les mœurs. Je trouve cette phrase d’introduction intéressante dans ces propos et démontrant la « force » de l’eau au sein de l’urbanisme et de la mémoire collective.

« L’eau : une des matières premières de l’urbanisme. Sans eau, pas de vie ni de ville.

Mais trop d’eau empêche ou dilue l’assise de ses fondations. De ce paradoxe naîtront deux attitudes fortement ancrées dans la mémoire collective. L’une amenant l’eau à force d’ouvrages, l’autre n’ayant de cesse de l’éliminer »13

Le fleuve, est à la fois un obstacle à franchir et une voie de communication, un lien et

une coupure, une ouverture sur le monde et une porte d’invasion, qui renvoie à d’innombrables images et permet de nombreuses métaphores14. La symbolique de l’eau et ses mythes fondateurs – l’eau pure et purifiante, mais aussi violente et dangereuse, le cycle de l’eau comme source de vie et de mort – relèvent d’une dichotomie attirance-répulsion que l’on peut observer au fil des siècles et à travers des cultures très différentes.15

Les eaux du fleuve étaient considérées simultanément comme bénéfiques et maléfiques, porteuses de trafics et d’activités économiques et génératrices d’inondations. Le danger permanent des fluctuations du fleuve rendait les relations entre la ville et son fleuve incertaines, mais aussi mouvantes en raison des progrès des techniques du génie civil.

Un exemple historiquement fort d’affirmation de l’élément symbolique, est l’initiative citoyenne en 2003 à Montréal avec le fleuve du Saint Laurent. La baignage est utilisée comme moyen revendicatif d’un usage public de l’eau !

13 Propos introductif du dossier « Présence de l’eau », Urbanisme, n° 201, avril-mai 1984, P 40 14 Selon les paroles de Maria Gravari Barbas 15 Gabriele Lechner, Le fleuve dans la ville, La valorisation des berges en milieu urbain, octobre 2006, P16

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La présence de ces cours d’eau, considérée dans les années de l’après-guerre comme peu importante, voire nuisible, est de nouveau considérée comme essentielle: le fleuve ou la rivière se voit de nouveau attribuer sa nature structurante susceptible de révéler et de rendre lisible une morphologie urbaine depuis longtemps disparue. Les élus n’hésitent pas à parler d’un « retour aux sources », aux lieux fondateurs de la ville.

Un autre exemple, dans le cadre de notre future analyse, avec la ville de Nantes. Le cœur d’agglomération a une dimension identitaire et symbolique, à laquelle la Loire contribue fortement. Et ce, d’autant plus que sur 52 kilomètres, le fleuve traverse ou borde également la majorité des 24 communes de l’agglomération nantaise : Nantes certes, mais aussi 13 autres communes16. Et 3 communes supplémentaires17sont concernées si l’on prend en compte ses affluents principaux que sont l’Erdre et la Sèvre. Finalement, toutes les communes de l’agglomération participent du même système hydrographique lié à la Loire, de manière directe ou indirecte. La Loire et ses affluents constituent le socle du passé et de l’avenir commun de l’agglomération.

16 Basse-Goulaine, Bouguenais, Couëron, Indre, La Montagne, Le Pellerin, Mauves-sur-Loire, Rezé, St-Herblain, St-Jean de Boiseau, Ste-Luce-sur-Loire, St-Sébastien-sur-Loire, Thouaré-sur-Loire 17 La Chapelle-sur-Erdre, Carquefou et Vertou

Figure 3: Montréal, la réappropriation du Saint-Laurent et ses abords par des pratiques citoyennes. Source: Léonce Naud, 2003

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2) Le fleuve patrimoine

Il y a une volonté de renouer avec des mémoires urbaines: la découverte du cours d’eau serait ainsi « avant tout une opération de l’ordre du symbole », un moyen de « rendre un peu de leur histoire aux habitants ».18

On assiste à une redécouverte patrimoniale avec des transformations dans la manière de voir et de traiter les abords de fleuves. C’est la réouverture et la requalification des vieilles structures fluviales, industrielles et portuaires, en lieux de promenade, de déambulation ou de loisirs (ex : Lisbonne, Docks). Cela va être le cas sur l’île de Nantes par exemple ou bordeaux avec la réaffectation de hangars maritimes.

18 Citations de Maria Gravari-Barbas

Figure 4: La Loire source d’identité de la région nantaise. Source: AURAN

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Figure 5: Les Docks de Lisbone, « Sous le pont qui enjambe le Tage, les anciens docks, dont la valeur patrimoniale a été reconnue depuis peu, sont devenus le foyer de nouvelles fonctions : commerces, restauration, flânerie, s’installent dans cette zone longtemps délaissée. » Source : Maria Gravari-Barbas

La mise au patrimoine mondial de L’UNESCO de plusieurs grands fleuves renforce au travers la mémoire collective, « la nature patrimoniale des fleuves et des traces de leur parcours dans la ville »19. On peut noter deux exemples français dont le Val de Loire ou encore Lyon, avec le classement d’ensembles urbains avec pour aspect de centralité leurs fleuves. La prise en compte de cet aspect est donc important dans cette reconquête type « waterfront » et renforce le lien entre la ville et son fleuve. L’impulsion est aussi plus importante avec une portée plus grande.

3) Une nouvelle fonction des fronts d’eau : une ambiance festive

L’avènement des loisirs, titre d’un ouvrage d’Alain Corbin, montre l’évolution du temps libre de la société ouvrière à la société contemporaine. Ce regain intervient surtout lors des 30 Glorieuses, période de forte croissance économique et d’évolution des temps de travail et des mentalités. Il est évident que les mentalités et les modes de vie ont profondément changées et tendent à l’apparition d’une nouvelle société, une société de consommation et de temps libre que l’on consomme sous différentes formes. Un de ces aspects est bien évidemment la culture et événements festifs. L’accroissement du temps libre pousse la société à profiter au maximum du temps pour soi à des fins de divertissements, de se faire plaisir, se divertir et se cultiver.

19 Expression reprise de Maria Gravari Barbas

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Il est donc important, dans l’urbanisme contemporain et notamment dans cette « reconquête » de prendre en compte ce facteur déterminant pour ces lieux et leurs réintégrations comme va le montrer l’exemple qui suit. Bon nombre d’exemples peuvent être cité, mais une opération reste phare dans les années 2000 en France, l’opération Paris-Plage en 2002. L’opération a ainsi été à l’origine d’une profonde transformation d’un espace qui fonctionnait plus dans le registre de la contemplation ou de la fonctionnalité qu’en lieu pratiqué de manière ludique et festive. Cet événement d’un tel succès est d’ailleurs reconduit chaque année, mettant la population au centre de l’aménagement du front d’eau que sont les quais de Seine. La fonction de divertissement est alors exploitée afin de faire du fleuve un aimant attirant la foule. C’est le lieu idéal pour organiser toute sorte d’évènements festifs et expositions.

D’autres villes à l’instar de la capitale française ont suivi l’exemple comme Bruxelles, Berlin et Budapest avec le « Danube plage » Ces exemples européens ne sont pas les seuls, d’autres villes de l’hexagone comme Bordeaux Toulouse et Lyon, reprennent l’idée de voir le fleuve au centre, jouant le rôle « d’aimant », attirant ainsi une population de plus en plus grande. « On ne compte plus le nombre de fêtes et festivals qui ont comme décor, voire même comme raison d’être, une portion urbaine d’un front de fleuve ou de rivière. Comme si la présence de l’eau était en soi le prétexte pour faire la fête, pour s’y rassembler. Dans toutes ces villes, les pratiques des citadins, les rapports que ceux-ci entretiennent avec les fronts de fleuves et les berges changent. Depuis quelques années, la « ville festive »

Figure 6: Paris Plage 2003. Parasols, sable et chaises longues. Un exemple de réappropriation par les Parisiens de leur fleuve. Source Ville de Paris/Maria Gravari-Barbas

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(Gravari-Barbas, 2000) tend à se mettre en place sur les fronts d’eau urbains, espaces à forte valeur symbolique rajoutée. »20 Il est donc intéressant d’analyser ce phénomène et de voir s’il agit de la même façon sur nos exemples. Nous verrons donc si cette généralisation se passe sur nos cas d’études Français, et surtout par quels moyens.

Chapitre 3 : Le fleuve, élément structurant et « reflet d’images urbaines »21

1) Paysage fluvial : Thématique urbaine largement diffusée

« Le paysage fluvial est aujourd’hui une thématique urbaine largement diffusée : la systématisation des aménagements de cours d’eau urbains en est l’indicateur principal. De biens de production, servant à alimenter les industries, à supporter diverses infrastructures, ils sont devenus biens de récréation, objets de loisir et symboles de nature.

Dans la « course actuelle à l’identité et à l’image de la ville » (Roncayolo, 1990, p. 257), de nombreuses stratégies d’intégration urbaine de ces éléments désormais valorisants ont ainsi été développées.

En quoi consiste précisément cette évolution du rôle du fleuve en ville ? L’objectif est ici de comprendre les formes et les enjeux induits par « la force symbolique de l’eau dans l’image urbaine » (Garnier, 1995, p. 274).

L’hypothèse de recherche défend l’idée que le paysage fluvial est devenu structurant dans le projet urbain, dans la mesure où ce dernier est défini par les formes et les pratiques urbaines qui le composent (Choay et Merlin, 2000). »22

Le fleuve devient donc un élément structurant au sein d’une ville ou d’une

agglomération. Le jeu d’acteur permettrait alors de mettre en « scène » cette « réappropriation », ce qu’on verra par la suite.

2) Le fleuve, un élément structurant

Avec les nouvelles notions d’urbanisme qui émergent dans les années 1980 et le rejet de l’urbanisme dit « moderne », les réflexions sur l’aménagement de la ville se portent sur le recyclage urbain et la mise en valeur de la ville existante23.

20 Maria Gravari Barbas, La mer retrouvée : Baltimore et autres reconquêtes de fronts d'eau urbains, 1991 21 Défini par Fanny Romain en 2010 22 Fanny Romain, Le fleuve porteur d’images urbaines : formes et enjeux 23 Voir le numéro consacré aux « Renouvellements urbains » des Annales de la recherche urbaine , n° 97, décembre 2004

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Au départ, comme déjà cité, interprétés telle la réalisation d’un déclin socio-économique, ces lieux sont maintenant pourvu d’une plus value foncière forte, mise à profit à la fois pour éviter un maximum l’étalement urbain tout en requalifiant les fonctions urbanistiques existantes. L’urbanisme d’extension fait place à un urbanisme de conservation qui fait appel à l’histoire et à la mémoire locale et intègre la géographie et la culture du lieu. Cette nouvelle approche conduit les villes à s’interroger sur leur identité, sur les moyens de la révéler et de la (re-)construire. Pour relancer l’économie, attirer entreprises et nouveaux habitants et se distinguer des villes voisines et rivales, la constitution d’une image de marque joue dès lors un rôle fondamental dans les politiques urbaines. Les villes s’interrogeant sur leur relation au fleuve prennent conscience du potentiel que constitue la présence de l’eau dans la ville et du rôle important qu’elle joue dans la mémoire collective.24

Chapitre 4: Un « nouvel art » d’exprimer l’espace public par l’aménagement

Il s’agit ici de montrer au travers un exemple européen, que cette « revalorisation » passe également, non pas seulement par l’organisation d’événement, mais aussi par l’aménagement urbain. J’ai fais le choix ici de reprendre un exemple de Maria Gravari-Barbas qui montre bien ce processus. Il est question du cas de Lisbonne au Portugal, en terme de « réintroduction dans la ville d’un aménagement festif fluvial. » « C’est par l’intermédiaire d’un grand événement (la dernière exposition internationale du XXe siècle), organisée en 1998, qu’a été assurée la reconquête du dock des Olivais situé dans l’Oriente, la partie orientale de la ville qui concentre quartiers de logements sociaux, dont certains très défavorisés, et grandes zones industrielles.

24 Gabriele Lechner, Le fleuve dans la ville, La valorisation des berges en milieu urbain, octobre 2006, P36

Conclusion Chapitre 2 et 3 :

En retraçant ces deux chapitres, le fleuve au travers les siècles, est passé d’inexistant à élément fort et structurant du développement urbain, des quartiers environnants et de l’animation de la ville. Entre temps, avec la désindustrialisation, et donc la disparition progressive des activités principalement portuaires générées par le fleuve, sa centralité se perd et l’organisation première de la ville n’est plus lisible. Néanmoins, le fleuve conserve un capital symbolique fort et constitue une ligne de repère fondamentale pour l’orientation et la perception urbaine. La « reconquête » des berges et des espaces portuaires délaissés comme lieux urbains, le retournement de la ville vers son fleuve, étant mis à contribution, redonnent une image valorisante de la ville et en autre par le réinvestissement culturelle et festif.

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Ce secteur du dock des Olivais était devenu, au cours de la seconde moitié du siècle, l’arrière cour de la ville. » Le terme d’arrière-cour est souvent employé pour parler des friches industrielles et fronts fluviaux délaissés après la fermeture du commerce fluvial. C’est le cas dans nos trois cas d’études, d’ou la présentation de ce modèle. « La reconquête du front fluvial s’est ici faite par l’intermédiaire de la création de grandes infrastructures: un nouveau pont sur le Tage, une nouvelle ligne de métro, desservie par la nouvelle gare de l’Oriente, une nouvelle gare routière… Plusieurs des bâtiments, halls et stands construits sur le site pour les besoins de l’exposition, furent affectés à d’autres fonctions après la fin de celle-ci. Le site de l’exposition, appelé Parc des Nations, connaît désormais une fréquentation considérable. Les cafés et les restaurants ouverts sur le site et les spectacles qui y sont organisés maintiennent une certaine animation. » La encore une certain similarité avec la seconde partie de notre analyse en terme d’aménagements, que se soit au niveau du tram, bâtiments, hall etc.. « Ce projet a donc contribué à faire venir habitants, touristes et visiteurs dans cette partie de la ville. La zone requalifiée fonctionne cependant toujours comme une « enclave », comme un territoire à part, vers lequel on se rend pour visiter des attractions bien identifiées (l’aquarium, les bâtiments de l’exposition internationale…), pour consommer dans le centre commercial ou pour se restaurer dans les différents cafés et restaurants. Si toutefois la liaison au centre-ville est désormais assurée par un ensemble de lignes de transports appropriées qui assurent une connexion facile au territoire nouvellement aménagé, l’intégration organique de la zone aménagée aux quartiers populaires environnants reste toujours à faire. » Conclusion : Ce dernier chapitre montre la tournure que l’aménagement peut générer sur la « revitalisation » des fronts d’eau en terme d’attractivité et de regain sur un lieu en désuétude. Il est alors important de montrer comment cela se passe dans nos cas d’études afin d’affirmer ou réfuter notre hypothèse portant sur le rôle de l’aménagement dans la reconquête du lien ville/fleuve de la « waterfront attitude ».

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La suite de notre travail se fonde sur l’analyse de différents documents officiels, de discours, d’articles et de schémas d’orientations comme suit : → les archives de l’Agence d’Urbanisme de la Communauté Urbaine de Lyon, Bordeaux et Nantes (études effectuées par l’Agence, ouvrages, mémoires et périodiques) concernant les grands projets étudiés dans le cadre de cette étude. → les documents d’urbanisme (SCOT, P.L.U) et de planification stratégique (Lyon 2010, Lyon 2020, Bordeaux 2030, Ile de Nantes, POPSU,) → Plans Bleus (1991 et 1998) pour Lyon →Plan Garonne (2000) pour Bordeaux →Plan Guide (2007) pour Nantes et son Ile → les revues de presse sur Nantes et son Ile → les lettres d’information concernant les différentes opérations urbaines (Newsletter de la Cité International ; Lyon-Confluence, Les notes ; Cahiers Lyon Confluence ; Info Berges ; Lyon-Gerland) → les sites Internet officiels (Grand Lyon, Ville de Lyon, Ville de Bordeaux, Bordeaux 2030, Nantes la Loire et nous, ville de Nantes ect.) → les plaquettes et brochures diverses éditées par la Ville ou la Communauté Urbaine/Métropole des sites d’étude Lyon, Nantes et Bordeaux se sont révélées un terrain d’étude5 particulièrement adapté :

D’abord, parce que la présence d’une rivière, d’un fleuve et d’un confluent, autrement dit d’un modèle significatif des fronts fluviaux, de même que la personnalité et l’histoire urbaine.

Ensuite, parce que notamment la ville de Lyon fait figure, en France, de pionnière en matière de redéfinition des relations ville / fleuve. Mettant en place dès le début des années 1980 une commission chargée d’étudier les possibilités de développement de l’agglomération près de l’eau, la commission « Lyon Ville Fluviale » montre une volonté d’agir précoce qui semble vouloir se manifester. Ensuite Bordeaux et Nantes suivent Lyon dans cette reconquête.

Enfin par la documentation, qui sur les cas d’étude, ont pu être facilement accessibles.

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….L’analyse reprend donc les grandes lignes directrices des différents documents que j’ai tenté d’analyser selon l’hypothèse de départ.

Cela a pour but de pouvoir à partir du particulier, généraliser à la France, afin d’avoir une lecture plus compréhensible de la revalorisation des liens ville/fleuve…

Mais c’est surtout avoir déjà un premier regard sur les trois grandes villes fluviales

de notre hexagone…

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II/ Vers un lien entre la ville et son fleuve ? Après une première partie sur les généralités retraçant les grands aspects de la « reconquête » des fronts fluviaux, il est maintenant intéressant d’étudier à partir de trois exemples français, cette question de la « revalorisation » d’un lien entre la ville est son fleuve. Dans un premier temps, nous avons mis en avant une hypothèse de départ, que nous allons maintenant affirmer ou réfuter. Rappelons nos trois postulats de départ… Une « revalorisation » par :

une volonté politique un réaménagement tourné vers le fleuve des actions évènementielles et culturelles

Dans un premier temps, une présentation sur l’évolution des affluents est nécessaire afin de mieux comprendre le territoire de nos terrains d’étude.

Chapitre 1 : Présentation des cas d’étude.

1) La ville de Nantes et la Loire, une histoire.

La localisation de la ville sur la façade ouest, et son accès facilité à la Loire font rapidement de Nantes un port commercial incontournable de France. D’abord port fluvial, ses activités s’amplifient sous le règne de Louis XIV qui souhaite développer le commerce avec les Antilles.

En 1987, le dernier bateau était lancé sur le quai de la Fosse, tournant la page du passé industriel de la ville de Nantes. Depuis toujours celle-ci s’est basée sur le commerce maritime et s’est inscrite ensuite dans un maillage d’industries et de manufactures de tous genres : armement, filatures de laine, de coton, raffineries de sucre, manufactures de tabac ou encore chantiers navals. Celles-ci s’installent dans les communes alentour comme Couëron ou Indret. Vers le XIXème siècle, c’est aux industries agroalimentaires de commencer à s’installer à Nantes avec la célèbre usine LU. L’île de Nantes et les berges sont dédiées à l’industrie. L’imaginaire industriel est par conséquent fortement présent à Nantes, notamment à partir des mouvements ouvriers et des capitaines d’industrie.

Figure 7:Localisation de l'île de Nantes et de la Loire. Source: Ville de Nantes

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Nantes et son île : L’île Saint-Anne.

Affirmer un projet de ville autour de la Loire : Depuis la fermeture des chantiers navals en 1987, le site était un vaste espace de friches industrielles. L’enjeu du projet était donc de réinvestir ces friches industrielles dans un souci de développement durable de la ville. Pour répondre à cela, une phase d’étude a été initiée au début des années 1990 pour ensuite entrer en phase opérationnelle en 2000. Pour Nantes, il s’agit du premier projet urbain majeur dans sa volonté d’affirmer un projet de ville autour de la Loire. La Loire durant le 19ème et le 20eme siècle est principalement dédiée aux industries. Les habitants n’y vont que rarement, les berges n’étant pas aménagées « La Loire est oubliée des Nantais : on la traverse en automobile, sans s’y arrêter »15. Forest parle ainsi de Nantes « elle tourne le dos à la splendeur de la Loire, elle a comblé ses canaux pour y construire des ronds-points et des lignes de tramway ».

Figure 8: Source: Ville de Nantes

2) Bordeaux et ses quais, une histoire forte. Une autre ville similaire au cas Nantais de part son histoire fluviale, est la ville de Bordeaux. Le développement de la ville de Bordeaux est intimement lié à l’essor progressif de son port. Cette interdépendance entre la ville et son fleuve a progressivement marqué l’histoire de Bordeaux. Le port à longtemps été le « poumon » de la cité et la dominance économique des activités portuaires est manifeste jusqu’au milieu de notre siècle. Moteur du développement urbain, le site portuaire est resté tardivement un lieu de mixité sociale ou s’exprimait toute la diversité de la ville. Petite histoire, du passé au geste fondateur de la reconquête des quais :

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Durant ces deux derniers siècles, les quais étaient divisés en trois parties : un trottoir, une chaussée pavée et des terre-pleins destinés au dépôt provisoire de marchandises ainsi qu’à l’installation des bureaux, magasins et abris nécessaires à l’exploitation du port, des cales ou des quais verticaux. Le port était alors très encombré : des voies ferrées, des gares maritimes, des engins de levage et de réparation des navires, des magasins et des entrepôts s’y côtoient, sans compter les voies de tramway ou les constructions privées qui y sont permises. En 1830, on décide de limiter les constructions en nombre et en taille, sans réel succès. En effet, les hangars et les gares maritimes passent de 20 m2 en 1830, à 600m2 entre 1878 et 1924, jusqu’à 3500m2 entre 1928 et 1963. Pendant la dernière période d’activité du port, la couverture des hangars occupait plus de la moitié de la largeur du terre-plein. En 1927, une grille vient séparer définitivement les quais du port devenu autonome. En 1997, la fin de l’enlèvement de ces grilles sera le geste fondateur de la reconquête des quais. Le projet en quelques mots :

Figure 10: La rive droite, un vrai potentiel. Source Ville de Bordeaux

Les espaces publics ont ete reconfigurés au travers de nombreux projets et des outils de planification mis en œuvre depuis la fin des années 1990. Une action volontariste qui participe a la modernite bordelaise marquée par le désir d’un renouveau de la vie urbaine, par le renforcement de la centralite Bordelaise, logique centrifuge essentielle.

Figure 9 Bordeaux la pleine lune, Source Ville de Bordeaux

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Le projet urbain lancé en 1995 par le nouveau maire de Bordeaux, Alain JUPPE, vise à renouveler l’image de la ville et à lui redonner la vitalité qu’elle aurait peut être perdu pendant quelques années. Ce projet repose sur trois axes principaux qui sont : - l’arrivée du tramway - le ravalement des façades - l’opération d’aménagement des quais => que nous allons développer

Destinées pendant très longtemps aux activités portuaires et fluviales, les rives de la Garonne avaient perdu tout leur intérêt auprès des riverains. Le projet prévoyait de rendre les berges accessibles aux Bordelais pour les loisirs et la détente. Un appel à projets est donc lancé en 1999 et le lauréat, le paysagiste Michel Corajoud, « propose un espace public à la mesure du splendide patrimoine architectural de la ville ».

3) Lyon, vers une réappropriation du Rhône et de la Saône.

Le transport de marchandise, une histoire, un lien entre Bordeaux et Lyon. La « cité aux deux fleuves », tire de cette double présence fluviale sa douceur de vie. On peut distinguer trois périodes dans les relations entre l’agglomération le Rhône et la Saône : avant le XIXe siècle, pendant le XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle, et enfin les années postérieures à 1950. A la fin du XVIIIe siècle, dans Lyon, il n'y a pratiquement pas de quai, les maisons étant directement construites au bord de la rivière. Durant le XIXe et XXe siècles une mutation intervient avec la construction des quais. Pendant la première moitié du XIXe siècle, Lyon s’est profondément transformée : de nombreux quais sont construits dans la ville, uniformisés et surélevés suite à l'inondation de 1856. Les ports anciens sont remplacés par des bas-ports continus, tandis qu’on bâtit plusieurs ponts, suspendus d'abord, puis métalliques pour des raisons de sécurité. La navigation devient alors pour un siècle le moyen de transport le plus utilisé grâce à la machine à vapeur et à l'aménagement de la Saône, puis par la construction de canaux sur le Rhône. La deuxième moitié du XXe siècle est caractérisée par la perte du contact avec les fleuves. Le transport de marchandise s’essouffle amenant à la « désertification » des deux cours d’eau.

Figure 11 Lyon au XIX eme siecle, Source grand lyon

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Chapitre 2 : L’émergence politique, un appui dans la reconquête fluvial.

« Les territoires sont porteurs d’une charge symbolique, humaine, culturelle, affective,

voire identitaire, qui oblige à les considérer

comme de véritables sujets politiques ».

Place Publique n°44 Préambule :

L’arrivée d’un maire ou d’un président d’agglomération ne passe jamais inaperçu en terme d’aménagement du territoire. Les visions changent au fil des mandats, se répercutant sur les axes prioritaires d’aménagement. Dans les trois vastes projets, que sont l’Ile de Nantes, les Quais de Bordeaux ou le projet des quais du Rhône et de Saône à Lyon, c’est une politique de longue haleine qui a été menée à la vue de l’émergence de ces projets. L’action publique a un rôle important dans la fabrique d’une ville. Elle est l’acteur prépondérant des projets urbains, des campagnes de communication qui créent l’image d’une ville. Ce sont eux, en effet, qui, par les représentations « officielles » qu’ils véhiculent, impulsent, orientent et donnent sens à la pratique de l’action urbaine. L’action publique participe à la fabrique de l’image de la ville « Il n’existe nulle coïncidence entre le plan d’une ville dont nous consultons le dépliant et l’image mentale qui surgit en nous »25

Les discours des hommes politiques sont aussi source d’imagination, ils marquent la population et peuvent « produire des effets sociaux structurants »26 .

Il est important de souligner également que le retour de l’eau urbaine sur le devant de la scène s’inscrit, à Lyon, Nantes et Bordeaux comme ailleurs, dans un contexte plus général caractérisé par toute une série de prises de conscience touchant 25 J.Gracq « La forme d’une ville »

26 Place Publique n°44

Conclusion : Les trois exemples démontrent bien une histoire qui lie le fleuve à la ville. Bien souvent, la fonction commerciale et donc portuaire est mis en avant dans les derniers siècles. Avec une régression de ce commerce fluvial, la ville a lentement perdu le lien « charnelle » d’antan. Les politiques vont jouer un rôle dans cette « reconquête », nous allons voir comment et par quels moyens. Mais ce n’est pas le seul aspect, comment les aménagements vont-ils ou non ressouder ce lien ville/fleuve, par quels évènements cela passent ?

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aussi bien aux questions de l’environnement, du cadre de vie, du patrimoine, de l’urbanité, de l’espace public, de l’identité urbaine ou de la qualité de vie en ville. On ne saurait, dans le cadre de cette étude, revenir en détail sur l’ensemble de ces évolutions, privilégiant notre cadre d’étude. Qui donne par exemple l’impulsion du redéveloppement? Qui met en place les projets et qui est-ce qui les contrôle? Qui est-ce qui en profite? Quelle est, finalement, la marge de participation des citoyens?

1) Nantes et sa politique centrée sur l’ouverture vers Loire. « Définir une politique globale de reconversion des rives et sites de la Loire, faire de l’île de Nantes un projet fondateur, conforter la place portuaire et rechercher les moyens de régulation du fleuve dans l’agglomération, concevoir un aménagement concerté à l’échelle de l’Estuaire jusqu’à sa façade maritime »27 Voilà comment résumer la politique de la reconquête fluviale à Nantes et son agglomération. La ville de Nantes centre son développement autour de trois axes : - La culture - Le développement durable - Le passé industriel et la Loire

La mairie insiste sur le fait que Nantes a réussi à se développer après une désindustrialisation massive du territoire pour attirer les investisseurs. « Nantes possède une capacité à l’ouverture » C. Touchefeu28

L’arrivée du maire socialiste Jean-Marc Ayrault marque un tournant dans la relation

qui lie Nantes avec la Loire et son estuaire. La nouvelle équipe municipale, lance une réflexion approfondie sur le devenir du site. Les urbanistes Grether et Perrault nomment alors « l’île de Nantes ». Une décision politique est prise de réhabiliter le bâtiment principal des Chantiers de l’Atlantique.

A Nantes, la reconquête des rives de la Loire et de ses affluents, considérée comme un enjeu central pour l’avenir de l’agglomération, est inscrite dans le Projet 2005 qui fixe les orientations du développement de son district. L’Agence d’urbanisme, chargée en 1997 de mener une réflexion globale sur les rives de la Loire dans les treize communes riveraines de l’agglomération, établit un Atlas des Rives de Loire, document qui vise à l’approfondissement de la connaissance de ce territoire et de ses problématiques29. Après un travail de diagnostic, réalisé en collaboration avec les

27 District de Nantes, projet 2005, 1996, P19 28 Rencontre mai 2014 29 Le périmètre étudié concerne une bande d’un kilomètre de part et d’autre de la Loire sur quarante-sept kilomètres correspondant aux treize communes riveraines de la Loire de la Communauté urbaine de Nantes Source : Le fleuve et ses territoires, Pages. 80-87.

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services de la Ville, du District et de l’Agence de développement économique, un groupe de travail permanent est chargé d’élaborer des propositions à soumettre aux élus. A la fois outil diagnostique et document de concertation, l’Atlas permet ainsi de servir de guide à une multitude d’initiatives communales liées au fleuve et de créer une culture commune en mobilisant les acteurs à l’échelle de l’agglomération.

L’eau devient alors un marqueur fort. Celle-ci est mise en avant par trois vecteurs différents : la communication politique, les programmations culturelles (festivals des Allumés, de l’Estuaire, Le Voyage à Nantes...), et les politiques urbaines (se tourner vers la Loire). Nantes a donc décidé de se tourner vers la Loire, dans la tendance internationale du retour au « waterfront », en s’appropriant les berges pour en faire des espaces publics. Le but est de créer une identité propre à la ville, mêlant à la fois identité maritime, fluviale et terrestre.

La reconquête de l’Ile de Nantes découle donc de cette volonté politique. Proposé par l’urbaniste Alexandre Chemetoff, le Plan guide a encadré jusqu’en 2010 la métamorphose de l’île. Cet outil original établit un état des lieux très fin de l’existant, sur lequel se fonde le projet : chaque nouvelle opération peut s’inscrire dans son contexte, tout en préfigurant le devenir du secteur. Évoluant au fil des projets publics et privés, le Plan guide a été mis à jour régulièrement. Dans ce plan, l’île est vue comme un archipel d’îlots et un réseau d’espaces publics. Il en va de la maîtrise du paysage de l’île de Nantes, qui passe par un style, par une maîtrise d’œuvre cohérente plutôt que par un plan d’aménagement. L’équipe du plan guide propose ainsi des missions, dans une stratégie qui s’est avérée payante. La carte en page suivante, nommée « Du site au programme » résume la plupart des propositions concrètes avec de nouvelles appellations dont le « parc de la mémoire », « la ville la nuit », « le bassin de la Loire fluviale » etc. « This plan outlines the sharing between the public spaces and the developments, designs the new urban projects on existing outlines, defines the treatment of old and new public spaces and organizes their hierarchy. »30

30 Alexandre Chemetoff, Le Plan guide en projet, Éditions MeMo, Nantes 1999

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Figure 12: Plan guide en projet. Source Ville de Nantes

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L’île de Nantes est le projet majeur de Nantes actuellement. Riche d’un important

passé industriel, elle est le symbole de la rénovation de Nantes, de la volonté de protéger du passé industriel, du retour vers la Loire et de la culture. Son aménagement a été confié à la SAMOA, Société d'Aménagement de la Métropole Ouest Atlantique, et a débuté en 2003. Celui-ci a été piloté par l’architecte urbaniste Alexandre Chemetoff. Les acteurs publics ont décidé d’élaborer une ZAC composée de logements, du quartier de la création, d’espaces publics etc.(on abordera cette partie dans le prochain chapitre). Ce qui suit fait suite à l’analyse du document socle, Nantes, la Loire et Nous, 2014

C’est aussi une volonté plus forte qui à permis d’inciter les politiques à voter un projet : Nantes 2030. Ce projet à crée un document socle écrit par L’Auran, agence d’urbanisme de l’agglomération nantaise. Entre 2010 et 2012, 22 000 habitants et acteurs de la métropole nantaise ont participé à la démarche « Ma Ville Demain » en donnant leur avis sur l’avenir de l’agglomération. Cette démarche, coordonnée par l’Auran pour le compte de Nantes Métropole, a conduit à l’adoption par les élus communautaires du Projet 2030. La délibération du 27 juin 2014, lance le débat citoyen avec pour cap : « donner toute sa place à la Loire ».

En effet, « Ma Ville Demain », avec la mise en place de tous ses débats participatifs, a montré que la Loire est un sujet majeur pour les habitants de l’agglomération nantaise. Pour information : c’est le premier symbole de l’agglomération. Les participants ont exprimé une attente forte concernant la multiplication des usages du fleuve et notamment en terme de loisir et détente. Les habitants, y compris les nouveaux arrivants, semblent ainsi orphelins de ce rapport à l’eau et beaucoup évoquent la Venise de l’Ouest.

La Loire a façonné la ville et son développement au cours des siècles, la cité et le

fleuve partagent le même passé et encore aujourd’hui, se propulsent vers un même avenir. « La Loire doit reprendre toute sa place dans la Cité, une Loire urbaine et animée qui renoue avec sa vocation portuaire et maritime tout en proposant de nouvelles activités nautiques. »(Un participant) On peut retrouver certain discours des participants dans les prochaines images. Autour de la Loire, une nouvelle centralité se dessine. À partir des évolutions urbaines en cours sur les bords de la Loire, mais aussi en prenant en compte les pratiques et les usages des habitants, un grand débat s’ouvre. Ce projet doit permettre de renforcer le lien des habitants à la Loire, d’organiser le territoire dans sa relation au fleuve.

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Conclusion : La mise en exergue des orientations de la politique Nantaise et de son agglomération met bien en valeur ce retour si bien prononcé par Jean-Marc Hérault et sa politique, du retour vers la Loire. Cette ambition suffit-elle à promouvoir se retour vers le fleuve ? Les débats lancés par Nantes 2030 et la création du document socle, montrent bien la relégation du pouvoir politique vers la population, et l’engouement généré. L’agence d’urbanisme participe alors au développement des relations que peut avoir la population avec le fleuve. On a également pu voir que ces intentions politiques passaient également par la programmation culturelle et les politiques urbaines, en terme de lignes directrices. Ce sera la l’objet des deux autres axes de développement. L’ambition politique à elle seule ne suffit donc pas. L’art de mettre en scène y serait donc pour une grande part, l’élément moteur.

Qui donne l’impulsion du redéveloppement? On a pu voir que pour le cas nantais, l’impulsion était clairement tenue par un discours politique fort de Jean Marc Ayrault sur la réappropriation de la Loire.

Qui met en place les projets et qui est-ce qui les contrôle

Les projets sont soutenus par la SAMOA, Société d'Aménagement de la Métropole Ouest Atlantique ainsi que l’Auran, agence d’urbanisme de l’agglomération nantaise.

Quelle est, finalement, la marge de participation des citoyens?

La participation citoyenne est ici assez présente avec la création d’un document socle portant sur un grand débat public qui s’engage sur la Loire et la centralite métropolitaine. Le débat est l’occasion de multiples contributions et de nombreux échanges entre les habitants de l’agglomération nantaise.

2) Lyon : Vers une reconquête de ses berges ? Dans la même vision que Jean Marc Ayrault, Francisque Collomb lance la marche vers une « reconquête » de ses deux affluents : la Saône et le Rhône. Analysons comme pour Nantes, quel est le discours politique, quels sont les intervenants et comment la population est « intégrée » à cette « revalorisation ».

Si « reconquête » des fronts d’eau lyonnais il y a, c’est parce que, à un moment donné, un ensemble de problèmes faisant référence à la relation ville/fleuve à Lyon a été perçu comme un enjeu suffisamment puissant pour appeler une action de la part des élus locaux.

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Nous verrons ainsi que l’émergence de la thématique fluviale au coeur des préoccupations urbaines lyonnaises peut s’expliquer par la conjonction d’un contexte global favorable et de l’existence d’une volonté politique locale forte à même de porter ce projet.

La préoccupation de « reconquête » des fleuves et fronts d’eau émerge à Lyon au cours du premier mandat de Francisque Collomb. Mais si l’amélioration du cadre de vie fut d’emblée inscrite dans le programme de campagne de ce dernier, celle des relations ville/fleuve ne devient une thématique politique qu’à mi-mandat. La nouvelle municipalité s’affirme immédiatement comme soucieuse des questions liées à l’environnement et au cadre de vie. On pourrait s’imaginer que les élus lyonnais se nourrissent des préoccupations nouvelles liées à la qualité de vie urbaine pour la Saône et le Rhône, mais c’est plus le fait d’une prise de conscience des potentialités de ces derniers au regard d’un développement de l’offre récréative, ludique et touristique de l’agglomération.31

Tout débute par la mise en place en 1981 par F. Collomb d’une commission interne à la Communauté Urbaine de Lyon (COURLY) en charge d’étudier les possibilités de développement de l’agglomération près de l’eau, la commission "Lyon ville fluviale"32. C’est le point de départ dans la ville de Lyon, de la « revalorisation » des fronts d’eau. Lyon et son esprit « Plan bleu »….

« Faire partager une vision large de l’aménagement des fleuves »33… L’idée figure en bonne place dans l’introduction de la seconde phase du Plan Bleu. Elle résume bien la prise en compte, par cette municipalité, de l’ensemble des facettes de la valeur urbaine du Rhône et de la Saône.

Pour répondre au problème des berges, des réflexions commencent des 1985, lors du mandat de Francisque Collomb, maire de Lyon, où l’on s’intéresse à un programme de réaménagement des berges. Afin de fédérer les projets et de créer un plan directeur les permettant, l’idée du Plan Bleu apparaît alors, afin de mener un véritable programme de réhabilitation des berges notamment.

Le Plan bleu, schéma d’aménagement des berges de la Saône et du Rhône, conçu par l‘Agence d’urbanisme de l’agglomération et adopté en janvier 1991 par le conseil de la Communauté urbaine, est actualisé en 199734. Dans le premier plan, l’objectif était de fédérer tous les projets autour des berges des vingt-sept communes riveraines des fleuves. Le deuxième plan, porté lui alors par Raymond Barre, maire de Lyon de 1995 à 2001, admet une plus grande attention aux liaisons entre les quartiers et les fleuves. Il est

31 Voir annexe, discour politique de F.COLLOMB 32 Voir le discours de F.COLLOMB en annexe 33 Plan Bleu, 1998 34 Plan bleu : schéma d’aménagement des berges de la Saône et du Rhône, Lyon, Communauté urbaine de Lyon, 1991(IA 31920) ; Plan bleu : orientations d’aménagement des berges du Rhône et de la Saône , Lyon, Agence d’urbanisme, 1998.(AGL E-8216)

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alors plus axé sur une stratégie d’ensemble. En terme de recomposition de la ville favorisant le lien ville/fleuve. « L’image de Lyon est inséparable du Rhône et de la Saône et de leur confluent. Ces deux cours d’eaux sont à l’origine de son existence(… )L’objectif du Plan Bleu est d’accompagner et renforcer le mouvement de redécouverte des berges par la poursuite de l’affirmation de la politique de mise en valeur des espaces fluviaux. »35 On peut prendre pour exemple les logiques des déplacements urbains. « Le Plan bleu se propose d’offrir une lecture transversale des différentes politiques d’agglomération et d’intégrer les nouveaux engagements communautaires et communaux »36 Le plan bleu de 1998 décline trois cibles majeures qui sont :

revaloriser l’environnement et le patrimoine fluvial construire des continuités et développer des usages en relation avec

l’organisation urbaine prendre en compte la dimension économique des fleuves

« L’esprit du plan bleu est de relier la terre et l’eau de façon permanente »37afin de favoriser l ‘émergence d’usages nouveaux. Pierre Romier nous explique qu’ « autrefois, de nombreuses activités liées à l'eau, comme celles des lavandières, des coches d'eau, des moulins, etc. entretenaient un lien entre les riverains et les fleuves. La disparition de ces usages a entraîné un abandon de ces espaces qui ont fini par devenir des dépotoirs, investis ensuite par les infrastructures routières : parkings, voies sur berges, etc. Retrouver une familiarité avec les fleuves implique de les ouvrir aux habitants et de donner aux navigants la possibilité de faire des haltes. Cela passe par des chemins, des pistes cyclables, des rampes de mise à l'eau de bateaux, des pontons d'accostage, etc. »38

Pour en illustrer le propos, analysé d’un extrait d’un discours de F.Collomb39, le souci de dialogue avec les administrés, souligné par le maire, entraîne la création de cinq comités du cadre de vie chargés de servir de relais entre l’équipe municipale et la population. Cette recherche d’une qualité de vie concertée passe également par l’amélioration de la concertation entre décideurs. L’Agence d’Urbanisme pour le développement de Lyon (Agurco) est ainsi créée en 1979, à l’initiative conjointe de la Courly, du Département du Rhône et de l’Etat, afin de constituer un lieu de rencontres entre ces différents acteurs de la ville.

Tout comme Nantes, Lyon dispose d’un « document socle », « Lyon 2010 », qui vient poser un débat sur les enjeux d’une métropole fluviale porté non pas par l’agence d’urbanisme mais par un groupe de travail, composé de professionnels, à contrario de Nantes. Ce groupe de travail40 va se pencher sur le décodage des dynamiques de la grande métropole lyonnaise à mettre en œuvre pour que la ville et le fleuve recréé un lien le plus complet possible.

35 Annexe, discours de Raymond Barre, Président du Grand Lyon 36 Plan bleu , 1998, op. citation , p. 7 37 Pierre Romier, Responsable des activités fluviales au Grand Lyon, Les cahiers millénaires 38 Annexe, interview de Pierre Romier 39 Mieux Vivre à Lyon, propositions pour l’environnement, 1978, éd. Ville de Lyon. 40 Voir annexe

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En l’état actuel des réflexions trois grands objectifs peuvent être énoncés, pour que Lyon devienne véritablement une grande métropole fluviale.41 Une première qui est de mettre en oeuvre une stratégie fleuve globale à l’échelle métropolitaine, en considérant les fleuves dans leurs généralités (naturelle, urbaines, économique, loisirs, festive, sportive et événementiel). Elle définirait les priorités de développement, les aménagements nécessaires mais aussi l’animation du système pour que les fleuves soient vivants, apprivoisés par le plus grand nombre.

En second lieu, le développement du tourisme et des loisirs à partir des fleuves. La situation exceptionnelle de Lyon, à la confluence du Rhône et de la Saône, ne constitue pas un attrait touristique en tant que tel mais est incontestablement porteuse en terme d’image, comme en terme de loisirs touristiques. Lyon sera reconnue et identifiée comme une agglomération fluviale à la condition que ses cours d’eau et leurs abords s’animent. Enfin, soutenir le développement du transport fluvial de marchandises qui représente encore une part infime du transport de marchandises, mais qui est en constante progression (+ 60% en tonnes entre 2000 et 2005) Il faut en effet savoir que la charge convoyée par voie d’eau équivaut à 175 camions, tout en consommant 5 fois moins d’énergie qu’un seul de ceux-ci. C’est cette diversité et cette importance des thèmes liés à la question fluviale qui nécessitent

une approche globale mais pragmatique qui concerne à la fois le court, le moyen et le long

terme.

Conclusion :

La mise en exergue des orientations de la politique Lyonnaise et de son agglomération met bien en valeur ce retour vers ses fleuves. L’impulsion à commencé avec F.COULLOMB et la création de la COURLY (communauté urbaine de Lyon) en 1981. Le pouvoir lui est principalement donné en terme de réaménagement fluvial. En 1995, l’arrivé au pouvoir de Raymond Barre donnera un nouvel élan dans cette « reconquête » et notamment par la création du deuxième plan bleu en 1998. Cette ambition suffit-elle à promouvoir ce retour vers le fleuve ? Les différents groupes de travail qui ont menés diverses études ont permis à Lyon de tendre vers une métropole fluviale, objet du document « Lyon 2010 ». On remarque également que la valorisation ludique et touristique des fleuves lyonnais et de leurs berges occupe une place prédominante. Enfin, la place donnée aux différents acteurs et à la population, devient importante lors de la création des 5 commissions de cadre de vie, appuyant la démarche participative dans la politique local. Là encore, l’ambition politique à elle seule ne suffit donc pas. L’art de mettre « en scène » en serait donc l’élément moteur.

41 Groupe de travail, Lyon 2010

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Qui donne l’impulsion du redéveloppement? L’impulsion du retour vers les fleuves est clairement donnée par la politique de F.Colomonb au milieu de son mandat, avec la création de la COURLY, pouvoir légitime dans la « reconquête des fronts fluviaux »

Qui met en place les projets et qui est-ce qui les contrôle

La COURLY dirige les projet à l’aide également de l’AGURCO, agence d’urbanisme. De nombreux travaux de ont d’ailleurs étaient mené sur la réflexion du développement

Quelle est, finalement, la marge de participation des citoyens?

Nous avons pu voir, qu’avec la création des commissions cadre de vie, que les acteurs ainsi que les citoyens avait une place importante dans le processus participatif

3) Bordeaux, vers un discours sur un nouveau lien entre la ville et son fleuve ?

« «C’est le fleuve qui a fait et défait Bordeaux, et qui continue. C’est ce fleuve dont on s’occupe depuis 1995, car c’est lui qui donne

le ton à la ville, par sa majesté. C’est lui qui détermine l’axe Nord Sud et donne sa valeur aux quais. C’est lui qu’il faut traverser

pour développer la rive droite. C’est lui qu’il faut trouver pour se rendre rive gauche. C’est lui qu’il faut aménager pour faire

revenir les bateaux. C’est lui qu’il faut endiguer pour permettre dorénavant les constructions. C’est lui demain qui nous fournira

peut-être notre énergie grâce aux hydroliennes… »

Préface d’Alain JUPPE, Bordeaux 2030

L’arrivée d’Alain JUPPE en 1995 à la tête de la commune de Bordeaux puis par la suite de l’agglomération a sonné le point de départ d ‘une longue reconquête de la Garonne et de ses quais. L’image que le maire à de Bordeaux a de la Garonne, est centrale à la ville, comme étant le poumon de celle-ci, un lien inaliénable entre le fleuve et la « cité », formant le croissant de lune. Un engagement fort pour l’agglomération, l’aménagement des quais Rive Gauche. C’est l’un des objectifs majeurs du Projet Urbain de la Ville de Bordeaux et de son agglomération.

Très vite des orientations politiques et urbaines vont ressortir du discours du

pouvoir local, traduites et mises en place par l’A’urba, agence d’urbanisme de l’agglomération Bordelaise.

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On ressent tout d’abord une volonté de mettre en scène et d’affirmer la constitution d’un espace de référence42 pour l’agglomération Bordelaise. L’accent est donné à la réhabilitation au travers une image valorisante de la ville. Ensuite la mise en cohérence des démarches en cours, en mettant en place une stratégie d’ensemble sur l’occupation des espaces et notamment sur la préservation de la vocation des quais comme lieu d’activités urbaines temporaires et festives43. Mais c’est aussi recréer un lien entre le centre ville et ses quais, avec des liaisons et accessibilités. On peut parler alors d’optimiser les usages partagés entre la ville et son fleuve. Nous viendrons en parler au chapitre 3. Enfin, conférer une qualité urbaine à l’ensemble des travaux menés44, en terme de circulation, du développement des continuités en bordure de berges, comme le tramway et les voies douces. Le concept de Plan Garonne : « (…) Il se propose de concevoir et mettre en œuvre un plan d’action global et fédérateur portant sur les volets économiques, environnementaux, patrimoniaux, paysagers et urbains assurant la requalification et la reconquête des territoire en relation avec le fleuve. A cet effet, Le Plan Garonne doit proposer des actions à court, moyen et long terme, à l’échelle de l’agglomération. C’est un projet de développement intercommunal entrant dans la politique d’agglomération, destiné à fédérer des actions émanant d’acteurs et de niveaux de compétences différents et à mobiliser des financements »45

La reconquête d’une centralité forte au cœur de Bordeaux reste un enjeu déterminant à l’échelle de l’agglomération. Cet objectif passe par la mise en cohérence et la valorisation des actions engagées sur les territoires en mutation et localisés le long du fleuve. L’aménagement des quais s’inscrit dans le cadre du Plan Garonne qui restitue le fleuve comme l’élément fédérateur de la dynamique urbaine. Ce dernier doit rejouer un rôle essentiel dans la valorisation des territoires, notamment au travers des stratégies liées aux politiques d’aménagement municipales et communautaires. Cette démarche doit pouvoir à terme contribuer à l’amélioration de l’image urbaine de l’agglomération et aboutir à une stratégie d’intervention globale, à partir d’une vision d’ensemble et à long terme du devenir des territoires situés le long du fleuve. L’image de la ville fait également partie des préoccupations centrales liées à la revalorisation du paysage qui est perçu depuis la rive droite, plus particulièrement en arrivant depuis les accès routiers principaux.

« L’état des lieux réalisé par l’A’urba en février 1997 fait apparaître les raisons de la déshérence du fleuve dans l’agglomération. Autrefois lieu de vie et d’activités multiples, La Garonne produit aujourd’hui un effet de coupure »46( le contexte évoqué est avant le plan de « reconquête ») Dans sa perspective du projet urbain, cet affaiblissement exposé ci-dessus ne constitue pas un élément insurmontable. Il y a un fort engouement de la part des acteurs locaux à

42 A’urba, Plan Garonne, Juin 2000 43 idem 44 A’urba, Plan Garonne, Juin 2000 45 Schéma d’orientation du plan Garonne, 2 juillet 1999 46 idem

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engager ce processus de réhabilitation des rives du fleuve. (Confère le discours d’Alain Juppé, lors de la préface de bordeaux 2030) Cependant les efforts engagés risquent de se confronter à deux paramètres importants :

La Garonne, du fait de la spécificité de l’espace fluvial et des différents statuts d’occupation de ses berges, génère une domanialité complexe en terme de diversité d’acteurs, de leurs obligations et de leurs champs de compétences respectives, ce qui rend difficile une gestion coordonnée et continue dans le temps et dans l’espace des bords de fleuves47

La coexistence de projets multiples, non concertés dans le cadre d’une démarche intercommunale, porte à terme le risque de voir se juxtaposer le long des rives des opérations non coordonnées, redondantes voire concurrentes, risquant à terme de complexifier la réappropriation collective du fleuve.48

Là encore, le champ d’application s’étend au delà des circonscriptions administratives traditionnelles et vient s’insérer entre le schéma directeur et le POS ou PLU. Un des enjeux majeurs, renouer les liens entre les quais et les quartiers riverains. Ce programme de réaménagement global est également animé par la volonté d’enclencher les interactions possibles entre le site et les quartiers qui le bordent. Les propositions contenues dans la vision politique et donc du projet doivent pouvoir répondre aux besoins et aux attentes des citadins et améliorer la qualité de vie, en limite des quais. Pour se faire, la démarche participative est très développée. Ce n’est pas nouveau comme peut affirmer Alain Juppé, mais une nouvelle façon d’agir est en train d’émerger au travers différents ateliers urbains auxquels la population peut participer. « La démocratie participative n’est pas une nouveauté à Bordeaux où les conseils de quartier existent depuis 1995 et où, lors de la première mandature, une réunion de concertation ou d’information se tenait tous les deux jours ouvrables. Ce qui est plus nouveau et unique en France est la co-élaboration des projets urbains, quartier par quartier, depuis 2006, par la direction générale de l’aménagement de la Ville. En 2006 en effet, la Ville de Bordeaux lance à Bastide son premier atelier de projet urbain, fréquenté depuis plus de huit ans par une centaine de personnes qui se sont accordées avec la Ville sur les fondamentaux de leur quartier et suivent maintenant l’élaboration du projet urbain de Winy Maas pour le quartier Niel. »49 Un second enjeu est bien évidemment le levier économique par les activités riveraines. La valorisation des quais contribue à mettre en valeur le patrimoine mais présente également des enjeux économiques propres.

« C’est le projet présenté par Michel Corajoud, grand paysagiste français- lauréat la même année du Grand Prix d’urbanisme - qui m’avait le plus séduit et que nous avons retenu. Il a proposé un parti original et vivant, très axé sur le végétal. Il a fait des choix d’une grande finesse et d’une grande élégance : il a su inventer une scénographie de 47 Confère PLU, Bordeaux 48 Confère PLU, Bordeaux 49 Tiré de la préface Bordeaux 2030

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l’ombre et de la lumière. Il m’a intéressé par sa vision à la fois ambitieuse, respectueuse d’un patrimoine exceptionnel et proche des usages ; un projet qui ne cherchait pas à poser un geste isolé du reste de la ville mais à créer des espaces variés, reliés aux quartiers, à mettre en valeur aussi cette façade incroyable du port de la lune. Il voulait, selon sa propre expression « jardiner les quais » et offrir ce jardin aux Bordelais. Il y est merveilleusement parvenu. »

Alain JUPPE Ce discours fait suite à la présentation à la première vague de projet de réaménagement des quais rive gauche. On retrouve dans l’élocution d’Alain Juppé la retranscription de ce que le plan guide avait donné pour objectifs. Aménager de façon globale, prenant en compte ce lien ville/fleuve a recréer, ne par agir de façon « isolé ».

Une deuxième étape dans la même ligné que la première, en 2009, est venue renforcer l’aménagement de l’agglomération et de l’intégration de ses fronts fluviaux, par des projets de constructions d’habitats, d’équipements et de nouveaux quartiers, qui entrent dans une phase opérationnelle à l’heure ou nous parlons.

Cette rapide évolution a donc lancé une troisième étape dans l’évolution urbaine contemporaine de Bordeaux et son agglomération : « vers le Grand Bordeaux ». On pourra d’ailleurs y retrouver sans doute une ambition de « coller » au « Grand Lyon ». Ce troisième axe a pour objectif de passer du « croissent de lune » à « la pleine lune ». L’implication des habitants dans le cadre du projet de la ville, insuffle une nouvelle façon de mener le projet et de voir grandir la ville.

Conclusion : La volonté de reconquête des quais bordelais s’est mise en place petit à petit, mais est bien présente. Là encore un débat est lancé pour 2030. Selon le maire de Bordeaux, « le fleuve est un des outils les plus importants du développement touristique et économique de la ville ». On peut retenir contrairement aux autres exemples, que les acteurs locaux sont divers du fait de la spécificité de l’espace fluvial et des différents statuts d’occupation de ses berges, générant des complexités et portant le risque de voir des projets non cohérents. Cependant, la volonté politique est l’investissement de la CUB (Communauté Urbaine de Bordeaux) et de L’A’urba portent jusqu'à présent leurs fruits, comme peut le souligner Alain Juppé dans le discours à l’attention de Michel Carajoud, lauréat du concours du réaménagement des quais rive gauche. La volonté de projets participatifs, et notamment dans la 3ème vague de projets, met et mettra le citoyen au cœur de ses aménagements.

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Qui donne l’impulsion du redéveloppement? L’impulsion du retour vers les fleuves est clairement donnée par la politique d’ A.JUPPE, dés le début de son mandat.

Qui met en place les projets et qui est-ce qui les contrôle

La place de la CUB et de l’A’urba sont clairement défini, même si la question des acteurs semblent complexe.

Quelle est, finalement, la marge de participation des citoyens?

Nous avons pu voir, qu’avec la création des commissions cadre de vie, que les

Synthèse Chapitre 2 Les années Francisque Collomb, Alain Juppé et Jean-Marcq Ayrault marquent ainsi, grâce à la conjonction d’un contexte globalement favorable aux différentes échelles du territoire et d’une volonté politique locale manifeste, respectivement la réinscription du Rhône et de la Saône, de la Garonne et de la Loire dans les préoccupations urbaines locales. Cette mise au programme politique relève de différents constats :

Celui de l’anticipation de la part d’élus et de techniciens que se soit de la Courly, de la CUB ou de la SAMOA (on parle des aires urbaines), qui, à un moment donné, ont perçu de leur propre chef un déséquilibre potentiel dans la relation ville/fleuve et conclu à la possibilité d’y remédier. Ce constat est notamment du à la perte de ce lien dans les années antérieurs et l’abandon des fonctions urbaines qu’apportés les « fronts d’eau ». Dans le cas de Nantes et Bordeaux, la volonté des politiques était déjà présente dés les campagnes électorales, faisant parti d’un discours politique déjà rodé. Ce n’était pas le cas d’emblé pour la ville de Lyon, ou la prise de conscience vient plus tard comme nous avons pu le voir.

C’est aussi la capacité d’initiative des différents acteurs à surmonté cette

problématique et à être fort de propositions. La proposition non pas sur un projet bien défini, mais sur des axes d’orientation qu’ont étaient les plans bleus, le plan guide ainsi que le plan Garonne. On peut dés lors féliciter les groupes de travails professionnels (Agence d’urbanisme, chercheurs, urbanistes, géographes.. la liste est longue) ou citoyens qui ont participé conjointement à une vision « d’un nouvel air des fronts fluviaux ». Leur travail consiste d’une certaine manière à interpeller les politiques sur leurs visions du territoire. Ces travaux débouchent sur des rapports comme le « document socle par exemple ».

C’est par la combinaison de ces deux scénarios que s’engage véritablement l’action urbaine en matière de « reconquête » des fronts d’eau urbains à Lyon, Nantes et bordeaux.

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C’est alors que les enjeux découlant de cette analyse, deviennent suffisamment importants pour appeler une réaction de la part des autorités compétentes.

L’eau devient alors un marqueur fort. Celle-ci est mise en avant par trois vecteurs différents : la communication politique, les programmations culturelles (festivals des Allumés, de l’Estuaire, Le Voyage à Nantes, ...), et les politiques urbaines (se tourner vers le fleuve). Les années qui suivent cette prise de position sont alors importantes dans la mesure ou un certain nombre de bases qui tendent à rendre opérationnelle la volonté de « reconquête » affichée depuis le début de la décennie sont mises en place, notamment grâce à la résolution de différentes contraintes qui handicapaient l’action jusque-là.

Notre travail permet juste une lecture simplifiée des politiques publiques afin d’en comprendre les grandes lignes et d’appuyer notre analyse en mettent en avant le postulat de départ.

En effet le jeu d’acteur reste assez compliqué à comprendre est nécessite une étude appondis en ce qui concerne leur rôle précis. Il pourrait faire l’objet d’une thèse par exemple afin de mettre en exergue les différentes fonctions. C’est par exemple le cas pour la ville de Bordeaux, comme nous avons pu le développer rapidement dans l’analyse. Seul, historiquement, Lyon à pu se dégager de la domanialité de l’état, par le biais de la COURLY. Il est évident de souligner que d’autres acteurs public peuvent rentrer en compte comme par exemple l’Agence de l’ eau. Des acteurs privés sont également présents avec les associations, les industriels et usagers comme on a pu le voir. Un dernier point qui me semble important à souligner est le recul par rapport au retour d’expériences de nos différents cas d’étude. Seul Lyon, pionnière dans le domaine a assez d’expérience pour pouvoir avoir une vision d’ensemble sur les différents projets menés. On y reviendra dans le chapitre 3 avec les gros projets phares maintenant quasiment achevés comme les confluences. Bordeaux et Nantes restent fragiles, leur reconquête est en marche et beaucoup de projet restent à développer notamment au travers des projets Bordeaux 2030 et Nantes 2030. Lyon a déjà passé cette étape. Enfin, le maintient au pouvoir, que se soit de F.COLLOMB ou A.JUPPE, à sans doute permis comme nous avions pu le dire en introduction, d’insufflé une continuité dans la politique urbaine menée.

Intéressons nous maintenant à l’application de ces politiques sur le territoire, en terme de programmation culturelle et politique urbaine comme précisé si avant. Il s’agit de comprendre le réaménagement des fronts fluviaux au travers l’analyse des projets et événements à court ou moyen terme.

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Chapitre 3 : Des projets d’aménagement et événements culturels, sources d’un retour vers le fleuve ? Comme vu dans le premier chapitre, une politique forte en faveur d’événements et organisations culturelles, est menée dans nos exemples. La société actuelle a évolué et laisse place à de nombreux loisirs. Le repos n’est plus une « reproduction de la force de travail » comme le disait Marx, mais laisse place à « un faisceau d’activités des plus diverses »50. Nous avons donc ici une source riche afin de réanimer ces lieux, que sont les « fronts d’eau urbains ». Nous allons voir dans l’exposition de nos cas d’étude, que la culture et évènements culturels sont importants dans la relance de ces espaces, autrefois délaissés. La « reconquête » passe donc par l’organisation de ces projets au sein de ces espaces à la fois par la représentation, l’animation, l’organisation, mais aussi par l’aménagement dédié à ce type d’usage. Dans un premier temps, intéressons nous aux aménagements de ces lieux, comprendre comment le lien ville/fleuve est renforcé.

1) Un aménagement au service du loisir, de la culture et d’un retour vers le fleuve

Il n’est pas question ici de faire une liste exhaustive des aménagements mais d’en montrer pour certains, les caractéristiques qui exposent un retour vers un lien ville/fleuve, tout comme pour le discours politique étudié auparavant. Autrement dit, en quoi l’aménagement permet-il d’améliorer le lien ville/fleuve ?

La mise en place de la reconquête s’est faite comme nous avons pu le voir dans les années 1990 pour Nantes et Bordeaux. Lyon fut la pionnière dans les années 80 à se lancer dans cette « reconquête ». Cependant, le mode de « réappropriation » ne s’est pas déroulé de la même manière pour nos différents exemples. La « reconquête » a principalement commencé par le réaménagement des quais comme à Lyon et Bordeaux, avec pour but principal, un retour de la ville vers son fleuve. C’est par la suite que la reconquête va s’étendre sur des lieux plus vastes comme Lyon confluence ou l’aménagement de quartier en retrait des fronts d’eau. Quant à Nantes, ce fut plutôt le lieu d’une reconquête centralisé autour de ses iles réunies en une, l’île de Nantes.

Grâce à l’aide des différents documents d’urbanisme élaborés par les différentes agences d’urbanisme, donnant la ligne de conduite à suivre pour les différents projets urbains de cette « reconquête », nous pouvons analyser selon les villes, par quel moyen cela passe. On se propose de présenter l’analyse pour chacun des trois cas d’étude et d’en faire une synthèse par la suite.

50 Joffre Dumazedier, Vers une civilisation du loisir »

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Lyon, une «reconquête récréative » des quais et plus… Il faut savoir qu’au départ, ces lieux étaient fortement dédiés à la place de la voiture et notamment par l’aménagement de parkings ou périphériques. C’est le fruit de différents projets dont nous citerons quelques exemples, qui ont permis une évolution vers l’état des lieux actuel. En effet, les bas-ports de la rive gauche du Rhône ont vu disparaître les stationnements qui les animaient depuis plusieurs décennies. La réalisation du projet phare de la municipalité de Gérard Collomb (2001-2008), le projet des Berges du Rhône, né en 2003 à la suite d’un concours public, engageait en effet la suppression du stationnement sur les bas-ports destinés à de nouveaux usages.51 Les objectifs du projet sont alors d’aménager les berges du Rhône à des fins de :

Mise en valeur des quais de la rive gauche Redécouverte du fleuve par les lyonnais

Voici figure 15 le séquençage des berges. On retrouve d’ailleurs le même procédé dans chaque exemple.

51 Visite VAD « BERGES DU RHÔNE » 7 juillet 2008

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Figure 13: Aménagement des quais de Rhône, Vers un retour au fleuve fleuve Crédit photo :VAD « Berges du Rhône »

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Les berges doivent alors être vu comme espace de liberté développant des liens continus par des modes doux. Mais cela doit être aussi des espaces de détente, d’activités et d’animations, comme nous pouvons le voir sur les images ci-dessous :

Le projet s’est donc déroulé le long des berges avec quelques lieux phares ou un radical changement a été apporté. L’exemple de la fosse aux ours. Un véritable bouleversement de l’aménagement des quais, un retour du fleuve vers la ville clairement ressenti, comme peut le montrer les deux photos ci-après :

Figure 16: La fosse aux ours, avant

Figure 17: La fosse aux ours, après

Figure 15 : Des activités sportives et ludiques en bord de berges. Source : Grand Lyon Figure 14: Des activités sportives et ludiques en bord de

berges. Source : Grand Lyon

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Voici d’autres exemples illustrant ce retour :

Figure 18: Les quais aujourd'hui

Figure 19: Les quais du Rhône dans les années 60

Crédit photos : VAD « berges du Rhône » et Grand Lyon

Figure 20: Quai Victor Augagneur, dans les années 80

Figure 21: Quai Victor Augagneur après aménagement

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Les aménagements sont fait de telle sorte à ce que les riverains retrouvent leurs empreintes vers le fleuve. Des espaces de détentes, de convivialité, des connexions faites entre la ville et le fleuve notamment par la création de liaisons douces. Il existe une continuité au niveau des trajets. Les chemins ne sont pas rectilignes mais reproduisent la forme du fleuve. A noter que la qualité de la végétation y est très importante également.

Voici par la superposition de photos (figure 15), un discours illustrant ce retour vers le fleuve, inspiré de mes lectures… … Nous voilà au début du parcours des berges du Rhône, du côté du Bretillot. Une atmosphère paisible, coupée du bruit assommant de la ville et de sa circulation. Une seule vue possible, cette immensité bleuâtre qu’est le Rhône. Le piéton y est roi, tout est fait pour s’y sentir bien, un lieu ou l’esprit est au fleuve. Des piétons, des joggeurs, des cyclistes, de la musique, et cette végétation omniprésente occupent l’espace. Au fil de cette promenade, des lieux uniques, des jardins, « la grande prairie », des terrasses, le port de l’université… Tout est fait pour que la population s’y sente bien, se détende, se divertisse. Les jardins avec ses jeux pour enfants ou encore les jardins partagés. Soudain, un vaste espace apparait, d’ou son nom, « la Grande Prairie ». On y retrouve des sources de divertissement et notamment des bars et guinguettes. Lieu propice également aux rassemblement et promotion d’événement artistique (confère seconde partie). Puis les Terrasses de la Guillotière, lieu dédié à la rencontre ou l’eau est centrale. L’Estacade, lieux ou bon nombre de sportifs passe leur temps et notamment skateurs et danseur. C’est un lieu propice à la représentation culturelle. Enfin le Port de l’université, où la encore, le loisir est mis en avant au travers un aménagement propice aux pique-niques, roller, détente et concerts…52

Il en est de même pour le second fleuve, la Saône. « En mettant en valeur l'ensemble des visages et caractéristiques de la Saône, la promenade piétonne, au plus près de l'eau et la plus continue possible, est le fil conducteur du projet. Un axe de vie et de bien-être pour les habitants qui vient raccrocher la ville à la Saône et à la nature avec des espaces de détente, ouverts et vivants, tout au long du parcours ».53

52 Julien Lecoutère 53 Grand Lyon, Rive de Saône

Figure 22: Les Berges du Rhône réaménagées, place à la promenade. Source : Grand Lyon

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La encore, un enjeu majeur réussi, qu’est la soudure entre la Saône et des quartiers la bordant. Des séquences sont aussi créées afin de mettre « en scène » les berges en des termes de détente, de promenade, ainsi que d’art urbain, impliquant des artistes dans le projet (On pourrait alors faire un lien avec le mémoire de Morgane Beurel sur l’impact de la vision artistique dans l’aménagement). La démarche est essentiellement identique à celle décrite juste avant, nous ne nous attarderons donc pas plus sur ce deuxième fleuve. Il est tout de même intéressant de mettre en avant le réaménagement des différentes places emblématiques de quartiers tels que Saint-Nizier, Albon, qui ont eu pour but de faciliter l’accès aux quais et donc de renforcer le lien entre la ville et son fleuve en reliant cette promenade au plus près de l’eau aux réseaux de promenades existantes (randonnées, parcours urbains commerciaux, parcours urbains patrimoniaux). Aussi, les seuils aménagés en quai haut, en lien avec les connections aux quartiers, seront autant de belvédères sur la promenade et la Saône54. En voici l’exemple en image :

54 www.lesrivesdesaone.com

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Figure 23: Les berges de la Saône, passerelle entre le fleuve et ses quartiers

Source : http://www.grandlyon.com/projets/rives-de-saone.html

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C’est une évidence, cette « reconquête » vers un lien ville/fleuve est bien présente. Cela passe bien par l’aménagement qui lui est procuré et surtout par ses percées55 qui « soudent » la ville à son fleuve. Un temps révolu ou l’emprise des parkings et de la voirie était prédominante. Les promeneurs sont aujourd’hui de retour à la faveur des réaménagements dont ces espaces ont fait l’objet dans le cadre de la « reconquête » des fronts d’eau lyonnais. Leurs modes de déplacement se sont diversifiés, les piétons côtoyant désormais cyclistes, skaters et autres adeptes du roller. De nouvelles activités accompagnent ce réaménagement : terrain de volley, parcours sportif, mur d’escalade, pataugeoires, aires de jeux pour enfants, aires réservées à la pratique du roller ou du skate-board.

A côté de ces nouvelles activités, les guinguettes d’antan connaissent une renaissance remarquable56. Ces lieux de détente et de repos accueillant les citadins en quête de loisirs (jeux de boules, danse, mais également baignade, pêche ou compétitions de barques) ont connu un déclin puis un retour récent avec la « reconquête ». Phénomène plutôt périphérique au départ, les guinguettes ont aujourd’hui investi le coeur urbain lyonnais. De façon temporaire dans un premier temps, par le biais de l’opération « Quai des Guinguettes » lancée chaque été, à partir de 2003, par la mairie de Lyon en rive gauche du Rhône, sur les bas-ports débarrassés des voitures les encombrant au quotidien. Puis de façon définitive dans un second temps, une fois l’opération « Berges du Rhône » achevée. Dans l’esprit des guinguettes d’autrefois, péniches accueillant bars, restaurants et autres discothèques ou salles de concert ont ainsi aujourd’hui investi les bas-ports de la rive gauche du Rhône situés de part et d’autre du pont Wilson.

Figure 24: Les quais des guinguettes

Les fronts d’eau lyonnais, redeviennent donc des espaces de jeu et de loisir. De nombreux usages ludiques traditionnels des fleuves et de leurs berges ayant progressivement régressé tout au long du vingtième siècle, se voient réapparaitre. Le terme de « reconquête » des fronts d’eau lyonnais porte bien son nom. Cette réussite est en parti du à l’agence In Situ, réunissant architectes et artistes à la base de ce réaménagement. Parallèlement au réaménagement, à des fins esthétiques, ludiques ou économiques, de leurs quais et bas-ports, les fleuves lyonnais apparaissent, à partir du tournant des

55 On entend ici les liaisons par voix douces et la trame végétale en générale 56 Lyon citoyen, n°23, juillet/aout 2004

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années 1980, comme une localisation privilégiée pour toutes les opérations d’urbanisme de prestige lancées par les municipalités successives, qu’il s’agisse de conforter le centre ville lyonnais (Lyon Confluence) ou d’affirmer la dimension internationale de l’agglomération (la Cité Internationale). Conclusion : Pour répondre au postula de départ, l’aménagement des quais à Lyon est bien l’élément moteur de la « reconquête » notamment en recréant des espaces ludiques, de promenades et de détentes. La trame d’aménagement le long du fleuve n’est pas définie selon un plan d’aménagement fixe, comme cela peut l’être, nous le verrons à Bordeaux. La disposition des espaces de détentes, des voix douces, des trames paysagères se croisent au fil de la balade, mêlant à la fois curiosité et attirance vers le fleuve. L’exposition des photos démontrent elles aussi ce retour vers le fleuve, laissant la place aux usagers piétons, en effaçant la voiture du paysage. Une harmonie s’installe.

Bordeaux, vers une revitalisation des quais Tout comme Lyon, à échelle réduite, Bordeaux suit la même conduite en ce qui concerne la « restructuration » de ses quais de Garonne. L’aménagement va la encore se faire à partir de séquences, donnant le ressenti des espaces à retravailler, afin que le fleuve se tourne vers la ville. On retrouve dans les orientations générales d’aménagement la :

Mise en valeur des quais de la rive gauche Redécouverte du fleuve par les lyonnais

Cela passe alors par un séquençage autour de l’articulation ville/fleuve, de la trame paysagère, l’animation ainsi que l’intermodalité et la trame viaire57. Vous pouvez retrouver en annexe 8 le plan. La particularité de Bordeaux par rapport à Lyon, est que outre les séquençages, les quais ont également été divisés dans le sens du fleuve, de nouveau en quatre trames. Si on laisse le plateau dont les usages sont multiples, les trois lanières restantes sont l’espace à vivre, le boulevard automobile et la promenade le long des berges. On peut s’y déplacer à pied, en roller, en bus, à vélo, en tramway ou encore en voiture. Chaque usage y trouve sa place et la traversée des carrefours se fait aisément. L’équilibre est ainsi instauré entre les différents modes de déplacement possibles. Voici la coupe type de l’aménagement des quais de Bordeaux :

57 Mairie de Bordeaux, Demain les quais, Projet pilote urbain

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Figure 25: Aménagement type des quais de Bordeaux.

Source: Mairie de Bordeaux, Projet pilote urbain, 1999-2007

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Comment ressentir l’espace le temps d’une promenade le long des quais ? Suite aux lectures, voici un petit récit illustrant les sensations d’un nouvel aménagement : … Nous partons du pont Saint Jean, dans le quartier Saint Michel, quartier plutôt populaire de Bordeaux. Nous arrivons sur un grand parc de jeux et de sports au milieu d’un vaste espace vert tourné vers son fleuve. Une promenade est offerte le long du fleuve, avec pour fond sonore, parents et enfants, retrouvant les plaisirs des quais autrefois perdu. Une sensation d’immensité nous empare quand on arrive sur le lieu et surtout en voiture. Une multitude d’espaces sportifs entrelacent cet espace pour un retour vers une mixité d’activités culturelles et sportives. La qualité des voix douces est remarquable. La voiture et le tram ont une place bien délimitée créant harmonie des lieux. Les parkings ont disparue de la circulation, intégrant les sous sols de la ville. La balade se poursuit du pont de Pierre aux Quinconces. Un regain d’activité se fait ressentir, avec une large place donnée aux activités de restauration, d’exposition et de détentes. On retrouve également le fameux « miroir d’eau », place centrale et ludique des quais de bordeaux. Passé l’esplanade, on retourne vers un univers de jeux, de rencontres et d’animation assez fort. Un hangar dédié aux expositions culturelles et événement jonche la Garonne. Passé le cours du Médoc, l’ambiance y est toute différente, avec un esprit d’antan conservé, une empreinte maritime indéniable remise au gout du jour. C’est notamment un lieu de shopping, ou touristes et bordelais se côtoient…58 Un récit illustrant cette « reconquête » que fut la réappropriation des bordelais de leur fleuve. La encore, l’aménagement est au centre de la « soudure » entre la ville et son fleuve. Une grande part est donnée aux activités et événements, que nous présenterons prochainement. Un temps révolu ou l’emprise des parkings et de la voirie était prédominante. Les promeneurs sont aujourd’hui de retour au centre de l’aménagement. Mais c’est également un moyen d’élaborer une interface qui tisse le lien entre la ville et son fleuve. Leurs modes de déplacement se sont diversifiés, les piétons côtoyant désormais cyclistes, skaters et autres adeptes du roller. De nouvelles activités accompagnent ce réaménagement : quelles soient culturelles, sportives ou économiques. Voici des illustrations appuyant nos dires sur la place que reprend le fleuve dans l’aménagement :

58 Julien Lecoutère

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Source: 2030, Vers le grand Bordeaux

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Source: 2030, Vers le grand Bordeaux

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Figure 26: Les quais réinvesti par la population

Source : A’urba, De la ville à la métropole, 40 ans d’urbanisme à Bordeaux, 2011 « Le miroir d’eau et ses « plages » urbaines, les nombreux joggers et promeneurs ou bien encore les manifestations sur les quais… Tous ces moments de vie qui indiquent la réappropriation des abords du fleuve par les habitants de Bordeaux comme de son agglomération »

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L’opération d’aménagement s’est poursuivie rive droite, l’objectif étant de réconcilier les deux rives et de l’intégrer au cœur de la ville. Le tramway a fait le lien, il traverse la Garonne par le Pont de Pierre et rejoint la rive droite. Marquée par une tradition industrielle, la rive droite a accueilli la première gare de Bordeaux (la gare d’Orléans). Les berges sont là aussi peu à peu rendues à la population grâce à la construction de logements et à l’apparition d’un jardin botanique et d’un complexe cinématographique. Les opérations d’urbanisme se sont poursuivies dans le but de créer des espaces de promenade et de répondre à la même logique que celle implantée rive gauche. La restauration urbaine repose sur différentes analyses qui visent à donner une meilleure image de la ville et à renouer le lien ville/fleuve tout en conservant l’attache historique. Dans le cas de la ville de Bordeaux, les aménagements ont contribué à la fabrication de l’image de la ville et à l’ouverture sur le fleuve. La restructuration des espaces publics et fluviaux a donné lieu à de grands programmes d’architecture qui donnent l’impression de se retrouver dans un lieu unique et de s’affranchir du quotidien. On incite les gens à partager et à se déplacer dans un espace dédié aux activités et aux loisirs.

Cependant, la véritable ambiance et identité de la ville en terme de reconquête des fronts d’eaux ne se forme pas grâce à la rénovation d’une seule portion. L’ambiance urbaine dépend de la cohérence d’un ensemble de projets. L’importance donc de l’intervention de grands architectes dans l’aménagement facilite en partie une réussite de la reconquête, comme Michel Corajoud.

Au delà du réaménagement des quais, c’est une remise en question générale sur l’aménagement de la ville et même de l’agglomération bordelaise. C’est la question porté par Bordeaux 2030, avec la réaffections de nouveaux quartier dans la politique globale de la ville. Ce n’est donc pas seulement comme à Lyon un simple réaménagement des quais mais une vision plus globale sur l’aménagement de la ville. « Bordeaux 2030 » fait état des grands projets souhaités par le maire de Bordeaux pour les quinze années à venir, de 2015 à 2030. Après les projets d’aménagement présentés dans le précédent projet urbain, il s’agit là d’élargir le champ des transformations à la CUB pour une ville toujours en mouvement. Ce deuxième projet urbain imaginé en 2009 a pour ambition de développer une métropole durable grâce à trois éléments essentiels59 : - l’adhésion des habitants impliqués et concernés dans le cadre de la gouvernance voulue par la ville ; - la volonté de continuer à se développer dans un contexte économique difficile en construisant des logements de qualité, en accueillant de nouvelles entreprises et en répondant aux besoins de tous ; - développer le lien rive gauche/rive droite autour de projets comme le pont Jacques Chaban Delmas, une promenade sur plus de 10 kilomètres de berges aménagées autour d’un fleuve redevenu vivant. L’ouvrage de ce projet urbain, « 2030, Vers le Grand Bordeaux, du croissant de lune à la pleine lune » retrace les objectifs principaux et les moyens à mettre en œuvre pour les atteindre.

59 Ville de Bordeaux, 2030 vers le grand Bordeaux

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Cette réflexion sur le fleuve mène donc à une avancé sur la ville. Conclusion : Bordeaux s’est fait une force de reconquérir ses quais, c’est chose faite grâce aux projets d’aménagement menés. Le plan Garonne, a su tracer les grandes lignes qui ont fait que l’aménagement soit réussi. On notera d’ailleurs une particularité importante, la trame linéaire suivi pour la répartition des fonctionnalités. La encore rien de plus marquant que de montrer ce changement en image. Les zones délaissées laissent place à la réappropriation des lieux.

Nantes, un retour vers son fleuve pas comme les autres

En ce qui concerne Nantes, le projet est légèrement différent de celui de Lyon et Bordeaux. Il s’agit ici d’un réaménagement complet de l’île centrale. C’est un projet de « reconquête » globale qui englobe à la fois les quais et berges attenant à l’île, mais aussi la centralité. On ne dissocie pas les deux, comme cela a pu être fait pour les villes citées ci-avant.

C’est un territoire hétérogène que l’on veut transformer en un véritable cœur

d’agglomération en y développant toutes les fonctions urbaines de centralité et en ce qui nous concerne, les équipements sociaux culturels ainsi que les équipements de loisirs. Au cœur du projet, la requalification ou la création progressive de près de 170 ha d’espaces publics, tient un rôle essentiel : rues, places, berges et quais aménagés offrent de nouveaux lieux de vie et d’activités dans un environnement privilégié, en bord de Loire et face au centre historique. Le territoire dévoile trois paysages urbains distincts : à l’ouest, des friches industrielles et navales en mutation, au centre un faubourg d’habitat ancien à réhabilite et à l’est un paysage ligérien marqué par une urbanisation des années 60 à 90. Voici le programme d’aménagement en plan ainsi que le plan du réaménagement des quais qui permet de mieux comprendre le projet et les explications faites :

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Figure 26 : Programme d'aménagement de l'île de Nantes. Source: Plan guide

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Figure 27 : Les quais en projet. Source: Plan guide

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Le long des quais se joue le rapport de la ville avec la Loire, dans sa partie fluviale, naturelle ou urbaine. Les quais, dont la fonction principale était ici un usage portuaire, retrouvent des nouvelles utilités et permettent « un rapport de proximité avec l’eau en s‘ouvrant de part et d’autre de la Loire à la promenade et aux manifestation temporaires »60. En aménageant les quais, c’est d’une manière « opérer une transformation de l’ensemble des quartier de part et d’autre de la Loire »61. La notion de vues et de troués est alors importante dans l’aménagement de ces espaces. C’est le maître mot dans l’organisation des espaces et le réaménagement des quais.

Il serait compliqué de narrer comme j’ai pu le faire pour Lyon et Bordeaux, un « ressenti » sur l’aménagement des quais. C’est ici un ensemble qui doit être pris en compte et qui montre bien la différence en terme de lecture de la « reconquête » des fronts d’eaux Nantais. L’aménagement se fait ici par ilots, comme on peut le voir figure 26, ce qui ne réfère pas forcément aux berges mais à une plus grande emprise. Il est donc hors de question ici de parler de linéarité dans le projet comme cela est le cas à Bordeaux. La fonction portuaire est également conservée avec le port atlantique et la gare maritime, ce qui confère au lieu un lien avec le passé portuaire de la ville de Nantes, et permet une meilleure intégration des quais et de l’île pour ses habitants. C’est un élément moteur du renforcement de la relation entre la ville et son fleuve par l’histoire. Les hangars sont notamment conservés comme le Hangar à Banane qui accueille aujourd’hui de multiples expositions et événements, ainsi que la gare Maritime. Voici un schéma développé par le groupe de stage « Nantes Imaginaire », qui montre bien ce retour progressif vers la Loire au sein de l’île de Nantes avec une fonction portuaire toujours présente :

60 L’île de Nantes, le plan guide en projet, P68 61 L’île de Nantes, le plan guide en projet, P69

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Figure 28: Evolution de l'ile de Nantes vers son fleuve.

Source : Stage polytech Tours « Nantes Imaginaire »

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L’accent est mis sur la fonction portuaire qu’a pu avoir Nantes dans les dernières décennies et notamment avec ces anciennes industries maritimes. Les friches ont laissé place à un vaste mémorial dont notamment le musée de la marine. On allie alors la culture et le loisir au lieu. La promenade et la préservation de la nature, comme on peut le voir sur la figure 24 et 25 (Jardin des sciences naturelles par exemple) sont également des éléments fort du retour du fleuve vers la ville.

Les berges et quais sont réaménagés en pente douce, et ponctuées de belvédères permettant de retrouver des vues sur la Loire.

Figure 27: Belvédère. Source : plan guide

Figure 29: L'aménagement de la point ouest de l'île... Un retour au passé maritime... Source: Plan guide

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Deux promenades sont créées, une sur la partie basse qui donne directement sur la Loire, l’autre sur la partie haute pour les balades à pied ou à vélo. Elles s’inscrivent dans le cadre des aménagements du tour de l’île créant ainsi une continuité piétonne et cyclable. Au-delà de cette vocation de promenade, les berges sont devenues de réels itinéraires alternatifs pour les cyclistes. Mais c’est également le paysage de la Loire qui entre dans le quartier avec la constitution d’un parc Ligérien, au sein duquel les nouvelles opérations immobilières sont implantées. Au total, 6 ha d’espaces publics sont créés ou requalifiés et 1,2 kms de promenade au bord de la Loire sont aménagés62.

Deux bassins à flots sont également créés, celui de la Loire maritime et de la Loire

Fluviale. « C’est l’occasion de créer de nouveaux quais, constitués non seulement par les ouvrages et le traitement des sols mais aussi par les rapports qui s’établissent entre les constructions nouvelles et l’eau »63. L’importance de la prise en compte des quais dans l’aménagement périphérique est bien soulignée encore ici. L’intervention d’artistes comme Burren, font également parti intégrante de l’aménagement de ces fronts fluviaux en intégrant l’aspect artistique et l’attraction du site. Se reporter à l’annexe 10.

Au delà de l’aménagement des bords de Loire, c’est un projet d’ensemble qui se construit comme peut le montré le programme en figure 26. Conclusion : Le projet de l’île de Nantes s’organise autour de la Loire et permet aux habitants de renouer avec le fleuve et de reconquérir ses rives. Les quais ouvrent la ville sur la Loire et offrent de nouvelles vues sur le fleuve. Un paysage se révèle et rappelle alors, nous le dirons, la proximité avec l’océan. Ce qui est important de souligner, c’est que anciens et nouveaux usages cohabitent autour de la Loire : quais, pontons et estacades façonnes les berges. Le patrimoine portuaire est conservé et réhabilité, accueillant désormais de nouvelles fonctions, comme le hangar à Bananes.

62 Source : L’île de Nantes, le plan guide en projet 63 L’île de Nantes, le plan guide en projet, P68

Figure 28 : Anneaux de Burren, Ile de Nantes. Source: Ocean Presse

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C’est un ensemble qui s’installe au bord de l’eau, activités, tourisme, loisirs et culture.

Synthèse Chapitre 3, Partie 1 et Chapitre 1 En quoi l’aménagement permet-il d’améliorer le lien ville/fleuve ? On se rend bien compte que dans nos trois exemples, la façon dont est abordé l’aménagement des fronts d’eau est différente. Il est donc difficile d’en faire une généralisation comme voulu initialement, mais l’analyse et la présentation est néanmoins utile dans la lecture d’un processus de retour du fleuve vers la ville.

Dans un premier temps, nous pouvons remarquer que la référence historique permet a tout à chacun de prendre référence au lieu et donc de s’y projeter et s’y attacher plus facilement. C’est alors le cas de Nantes, avec la conservation en grande partie d’une histoire maritime remodelée avec une urbanisation contemporaine. A bordeaux, cette attache vers l’histoire se ressent également, avec notamment les lieux phares d’une époque révolue qui ont laissé place aux commerces et activités diverses. La création bassins à flots en retrait du front fluvial, renforce le lien maritime et fluvial que Bordeaux a toujours eu avec son fleuve. En ce qui concerne Lyon, c’est tout différent, l’histoire n’est pas la même en terme d’aménagement des fronts fluviaux inexistant à l’époque. Dans ce contexte, il serait inapproprié d’envisager la réévaluation actuelle de la relation ville / fleuve à Lyon comme à Bordeaux ou à Nantes. Lyon, à la différence de ses deux soeurs qui redécouvrent également leurs fronts d’eau urbains, ne saurait en effet, en dépit de l’existence d’une fonction portuaire, être qualifiée de « ville portuaire » de par la fonction principale du mot.

Ensuite la place laissée à la promenade est à la découverte des sens est abondante dans les projets d’aménagement de la « reconquête ». Elle permet de re-centraliser les flux vers le fleuve et de solliciter la population a se réapproprier par leur seul personne les lieux, par l’espace qui leur est mis a disposition. L’intervention d’architectes, urbanistes ou artistes de renom permet d’affirmer cette évolution permanente des sens conférant au lieu une attraction certaine. On se rend bien compte que le séquençage proposé selon les lieux pouvait être disparate, mais pas forcément de meilleur ou moins bonne qualité. Il n’existe pas de règle, juste un juste milieu entre à la fois la place laissée aux piétons, aux voies douces, aux transports ainsi qu’à la trame paysagère. Cette harmonie confère une certaine réussite aux trois villes étudiées.

Le traitement paysager arrive en première ligne, lors de ces reconquêtes des fronts fluviaux. Il doit allier à la fois l’histoire du lieu, la flore qui l’habite, ainsi qu’un jeu de conception auquel toute personne doit être sensible. C’est l’exemple des îles jardins à Lyon (Fg 15) qui éveillent les sens, les quais de guinguettes à Lyon (Fg 22) où les espaces sont offert à la flânerie des passants ainsi que les quais Richelieu à Bordeaux qui confèrent une troué vers la Garonne.

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Les percées et points de vus créés par les différents aménagements sont également éléments clés dans la « soudure » entre la ville, ses quartiers, et son fleuve. On vient d’en donner un exemple à Bordeaux, mais c’est également le cas pour Lyon (avec le port de l’université et son dégagement sur le fleuve) et Nantes avec ses nombreux belvédères. La trame paysagère doit donc prendre en compte cet aspect lors de la conception des espaces.

Enfin, c’est aussi l’espace donné aux loisirs et culture qui en grande partie, permet ce retour vers ces lieux autrefois délaissés. Cela passe donc forcément, même si nous ne l’avons par encore exprimé, par une économie alliée aux différents enjeux événementielles/culturelles ou de promotions de ces sites. Les critères de réussite en résumé :

1. Une référence historique assumée 2. Une liaison cohérente des voies douces 3. Un agencement harmonieux entre les différentes fonctions (transport, piétons,

trame verte) 4. Un éveil des sens par l’aménagement 5. Un traitement paysager alliant faune, histoire et créativité (intervention

d’artistes) 6. Un traitement particulier des ouvertures de la ville vers son fleuve 7. Une place importante du loisir (sport, événements)

Plus fondamentalement, la possibilité de se « réapproprier » l’interface

ville/ fleuve se caractérise par une intention en terme d’aménagement renouvelée aux questions de l’environnement, de la qualité de vie, de l’urbanité en générale. Il est important aussi de souligner qu’il y a une différence non négligeable dans nos cas d’études, entre le réaménagement des fronts d’eau et le réaménagement en plus large parti des friches industrielles ou portuaires, dont nous avons pu parler succinctement. La dynamique d’aménagement est fondamentalement différente et c’est la raison pour laquelle nous ne nous y sommes pas attardée dans le cadre de cette étude. Alors que la « réévaluation » de la relation ville/fleuve apparaît, dans le cas de friches industrielles comme la conséquence de la libération d’espaces riverains plus ou moins vastes consécutive à l’évolution de la localisation de l’activité portuaire, elle s’affiche, pour les berges, comme l’expression pleinement assumée d’un véritable parti-pris urbanistique et politique, conscient et pleinement positif animés par architectes urbanistes et artistes en tout genre. Nous allons donc voir dans la prochaine partie, comment les événements sont en lien direct avec la réussite de ce retour vers le fleuve.

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2) Des événements marqueurs d’un retour au fleuve

Nous avons pu le voir dans la partie précédente, la place donnée aux loisirs et la culture est assez importante. Nous n’allons donc pas ici nous intéresser aux loisirs de « base » type sport, promenade ou baignade, mais à l’organisation d’événements qui à la fois promulguent une certaine image des fronts fluviaux reconquis, mais qui aussi attirent et font vivre ces lieux.

Nous prendrons l’exemple que de quelques événements emblématiques afin d’appuyer notre raisonnement

Les évènements culturels transforment un lieu, change sa perception et les habitants se l’approprient. Par conséquent, ils sont un élément important de l’espace urbain et surtout lors de « reconquêtes », créant un fort dynamisme sur les lieux qu’ils occupent.

Promotion et renouement par l’événement Afin de renouer avec ces lieux autrefois délaissés, il s’organise différents

événements, dont le but premier est de refaire découvrir bien même avant la fin des projets, à la population, ces contrées. Le but étant d’en promouvoir leurs succès.

C’est le cas à Nantes avec le festival « les allumés », événement culturel visant à

promouvoir la réhabilitation des anciennes friches portuaires de l’île. Le festival des allumés, géré par Jean Blaise de 1990 à 1995, a été une marque forte d’une nouvelle appropriation de la ville après sa désindustrialisation « La culture, c’est important pour l’image, alors nous créons le festival « les allumées », son nom dit tout : on rallume la ville »64. Les « machines » de l’île de Nantes, qui rencontrent chaque année un succès fou, est je pense, l’une des plus belles réussites en terme de réappropriation par l’événementiel des berges ouest de l’île. Ce projet allie à la fois l’histoire de la ville en mettant en scène grandeur nature, les éléments en lien avec le fleuve. « C’est un succès fou. Aussi fou que les constructeurs qui ont installé leur atelier dans les nefs, et dont l’imaginaire explore la cime des arbres, la savane ou les fonds sous-marins… Sur les mêmes lieux ou s’étaient construits les grands navires…Une invitation au rêves et au voyage »65. C’est un véritable univers qui est recréé

64 Jean Blaise 65 Confère Article sur les « machines » en annexe 11

Figure 29: L'éléphant de l'île. Source: Les machines de l'île de Nantes

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en ce lieu, ou les navires voyaient le jour. Le projet s’étend sur toute la partie nord ouest de l’ile comme on peut le voir sur le plan ci-dessous :

Du coté de Lyon, la promotion se fait au départ par l’installation de guinguettes le

long des quais du Rhône principalement, afin de promouvoir les futurs réaménagements. Au départ temporaire, elles se sont vues être définitives à la fin des travaux de réaménagement avec un quai dédié à leurs gloires.

Pour Bordeaux, ce fut la fête du fleuve notamment, réitéré une année sur deux et qui le temps d’une semaine rassemble les amoureux de la Garonne et de son estuaire. Au programme des activités nautiques, balades sur le fleuve, expo, cours de danse sur les quais, concerts et feux d’artifice. C’est aussi l’occasion d’accueillir de grands événements comme La solitaire du Figaro. C’est à chaque fois des centaines de milliers de personnes présentes lors de l’événement, qui confère au lieu une ouverture sur le fleuve. D’autres projets sont organisés afin de promouvoir sans cesse ces nouveaux lieux de vie, nouvelles interfaces liant le fleuve à son environnement urbain.

Figure 30: Le projet des machines de l'île. Source: Les machines de l'île

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Des lieux et événements qui renforce l’attractivité Dans chacun des exemples, nombreux sont les édifices érigés au départ à des fins de promotion, qui sont réinvestis par des événements diverses et variés.

A Bordeaux, les hangars sont le lieu de congrès, de séminaires et de concerts. C’est aussi sur des fonctions plus variées comme le marché couvert du hangar 14 ou les espaces commerciaux des hangars 15 et 19, que la vie prend part sur les quais. On amène de la centralité sur les lieux. Auparavant destinés à la fonction portuaire, c’est une seconde vie qui est donné au lieu et qui confirme notamment son succès.

Par similarité, la ville de Nantes réhabilite ses hangars à des fins culturelles. Ils accueillent en parti les « machines » de l’île et bon nombre d’expositions. Le hangar à bananes est aussi un lieu ou l’on peut à la fois faire la fête et retrouver la gare maritime. Les événements plus festifs comme les « Goutez Électronique » sont un rendez-vous singulier dans le paysage nantais. Sa localisation en plein cœur de l’Île de Nantes, sur la pelouse du jardin des Berges, ainsi que sa gratuité permettent de fédérer à chaque fois quelques centaines de personnes. Dans une ambiance tout à la fois conviviale et intimiste, curieux ou passionnés, grands comme petits, se rencontrent pour écouter de la musique électro, en plein cœur de la Loire.

A Lyon, les événements se font plus rares, on se tourne d’avantage vers le loisir que l’on dira de base, d’ou la « reconquête récréative ». Ce sont plus des événements festifs qui y sont organisés (concerts, danse urbaine etc.).

La mise en place d’événements en tout genre est donc inéluctable dans une bonne réappropriation du fleuve par la ville. Elle se fait plus ou moins discrète mais est toujours de mise, jouant l’ « articulation » entre politique et aménagement.

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Conclusion générale Depuis les balbutiements de cette « waterfront attitude » venue principalement des Etats-Unis, le recul sur les différents projets en Europe et surtout en France reste encore assez limité aujourd’hui.

Le fleuve est passé au final en peu de temps, d’un élément inexistant à un élément fort et structurant du développement urbain, des quartiers ainsi que de l’animation. Entre temps, avec la désindustrialisation, et donc la disparition progressive des activités générées par le fleuve, sa centralité se perd et l’organisation première de la ville n’est plus lisible. Cependant, le fleuve conserve un capital symbolique fort et constitue une ligne de repère fondamentale pour l’orientation et la perception urbaine. La « reconquête » des berges et des espaces portuaires délaissés comme lieux urbains, le retournement de la ville vers son fleuve étant mis à contribution, redonnent une image valorisante de la ville et en autre par le réinvestissement culturelle et festif.

Partant de ce constat, le travail avait donc pour but de comprendre en France, sur la base de nos trois cas d’étude, comment cette reconquête a eu lieu, en renforçant le lien entre la ville et son fleuve. Dans un contexte globalement favorable aux différentes échelles du territoire, la « reconquête » des fronts fluviaux a bien recrée en France un lien fort entre la ville et son fleuve.

Tout d’abord avec un engagement politique incontestable, qui a enclenché ce processus. C’est grâce à l’anticipation de la part d’élus et de techniciens et à l ‘état des lieux de leurs fleuves, que la décision fut prise d’inverser la tendance. Associé à cela, une capacité d’initiative des différents acteurs incontestable en terme de propositions d ‘aménagement. C’est cette combinaison qui enclenche véritablement l’action urbaine en matière de « reconquête » des fronts fluviaux en France. L’eau devient un marqueur fort et est porté désormais par une communication politique, une programmation culturelle et les politiques urbaines.

Ensuite, par l’aménagement apporté. Même si dans cette thématique il est difficile de généraliser à l’ensemble de l’hexagone, on peut dégager certains éléments moteurs d’une réussite. Une référence à l’histoire de la localité permet un lien plus aisé en terme de réappropriation du lieu. La mise en valeur et la cohérence des connexions douces sont également la clé du succès, mais aussi la place de la trame verte et celle du transport. Avec la redécouverte des sens, on emporte les passants dans une véritable balade à la fois urbaine et fluviale. A cela s’ajoute la place importante dédiée aux loisirs tels que le sport ou bien encore les événements en tout genre. Enfin, dans la même thématique, c’est un traitement des ouvertures sur le fleuve qui devra être à la hauteur des ambitions que la ville veut donner à celui-ci.

Enfin, l’organisation d’événements à la fois de promotion mais également culturels et festifs sont nous le dirons, l’articulation de l’ensemble du triptyque Politique/Aménagement/Evénementiel. Il est important que l’éphémère et la continuité des projets se mêlent afin d’accroitre le lien que ces nouvelles interfaces jouent entre le fleuve et son environnement urbain.

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Cependant nous pourrions discuter des limites que ces projets apportent et notamment comme nous avons pu le voir au début, des conflits d’intérêts notamment au niveau politique comme pour la ville de Nantes. La municipalité tire tous les bénéfices de cette réussite alors que nombre d’associations se sont battues pour que l’île soit ce qu’elle est aujourd’hui. L’ensemble des projets est souvent compliqués à mettre en place et demande un effort considérable à la fois des politiques mais aussi des acteurs privés qui mettent en places ces projets. Cependant ce n’était pas l’objet central de notre étude, et pourrais faire suite à ce travail afin de renforcer le constat.

Parfois cela peut mener comme à Québec à un flop en terme de « reconquête », mais la maitrise des différents projets étudiés, montre une force que les politiques et aménageurs ont en France. Une mécanique bien huilée, grâce notamment aux différentes lois et documents qui y régissent l’urbanisme.

Reste à voir l’évolution que donneront les villes a cette « reconquête » dans les années à venir…

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Bibliographie, Références

Généralités sur la question de la « reconquête » des fronts d’eau GERARDOT, Claire, 2004. Les élus lyonnais et leurs fleuves : une reconquête en question. Géocarrefour. 2004. Vol. 79/1, pp. 75‑84. GRAVARI-BARBAS, Maria, 2004. La conquête d’une nouvelle frontière: réinvestissement symbolique et requalification fonctionnelle des fronts de fleuve urbains. Université d’Angers ESO - UMR 6590 CNRS. octobre 2004. N° 22, pp. 31 ‑ 39. PELLETIER, Jean, 1990. Sur les relations de la ville et des cours d’eau / On relations between cities and rivers. Revue de géographie de Lyon. 1990. Vol. 65, n° 4, pp. 233‑239 ROMAIN, Fanny, 2010. Le fleuve, porteur d’images urbaines : formes et enjeux. Géocarrefour. 2010. Vol. 85/3, pp. 253 ‑ 260. ROMAIN, Fanny, 2014. L’imaginaire fluvial contemporain : un antidote urbain ? Le cas du Lez vert à Montpellier et de la Têt à Perpignan. Projet de Paysage [en ligne]. septembre 2014. Vol. Varia, n° 10. [Consulté le 10 février 2015]. Disponible à l’adresse : http://www.projetsdepaysage.fr/fr/l_imaginaire_fluvial_contemporain_un_antidote_urbain_ LECHNER G., Le fleuve dans la ville, la valorisation des berges en milieu urbain, Direction Générale de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction, 2006, 118p. BEAUCHENE S., Les bords de fleuve, de nouvelles ambiances urbaines, Maison du Fleuve Rhône, 31p. BEAUCHENE S., Les fleuves dans le processus de métropolisation de l’agglomération lyonnaise, Maison du Fleuve Rhône, 31p GRAVARI-BARBAS, Maria, 1991, La mer retrouvée : Baltimore et autres reconquêtes de fronts d'eau urbains, Thèse GIRARDOT C, 2007, Fleuves et action urbaine : de l’objet a l’argument géographique Le Rhône et la Saône à Lyon, retour sur près de trente ans de « reconquête » des fronts d’eau urbains centraux, Thèse

Références en terme de culture et loisirs : CORBIN A, 1995, L’avènement des loisirs, Aubier, 1995, pp 9-54 Coulangeon P, 2005, Sociologie des pratiques culturelles, Collection repères, 2005, pp 101-110 Yonnet P, 1999, Travail, loisir, temps libre et lien social, Gallimard, 1999, pp 32-35

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Dumazedier J, 1972, Vers une civilisation de loisir ?, Points, 1972, pp 15-28

Références sur l’analyse des cas de Bordeaux, Lyon et Nantes : Lyon Gras P, Révélateurs de ville, Lyon, Travaux récents de l’agence d’urbanisme, Mardaga, pp 35-49 Ville Angers, juin 2010, Déplacement sur les berges du Rhône, 11p, (consulté le 25 avril 2015) Disponible à l’adresse : http://www.angers.fr/fileadmin/plugin/tx_dcddownloads/La_reconquete_de_Lyon_avec_le_Rhone_01.pdf Les cahiers millénaires, Intervieux de Pierre Romier, en Annexe, 1p Ville de Lyon, 1991, Plan Bleu, Des berges du Rhône et de la Sâone 46p Ville de Lyon, 1998, Plan Bleu version révisée 52p VAD, 2008, Berges du Rhône, Ville et aménagement durable,( en ligne) 7 juillet 2008, (consulté le 29 avril 2015) Disponible à l’adresse : http://www.ville-amenagement-durable.org/fichiers/G6NguvH3fZxBTGmia_GTmw.html Synthèse du groupe de travail « Fleuves », mai 2007, (consulté le 14 avril 2015) Disponible à l’adresse : http://www.cdd.grandlyon.com/fileadmin/user_upload/Pdf/strategie/Lyon_2020/Groupes_travail/GT_fleuves.pdf Site sur les rives de Sâone : http://www.lesrivesdesaone.com/au-fil-de-leau/promenade-des-guinguettes-de-rochetaillee-sur-saone/ Site du Grand Lyon : http://www.grandlyon.com Annexes sur la ville de Lyon Bordeaux : Dossier de presse les quais rive gauche a bordeaux, mai 2009, 24 p, (Consulté le 15 avril 2015) Disponible à l’adresse : http://www.bordeaux metropole.fr/sites/default/files/PDF/presse/dp/urba/quais_mai2009.pdf Site de la ville de Bordeaux : http://www.bordeaux2030.fr A’urba, Janvier 1999, Aménagement des quais Rive Gauche de la Garonne, 48p

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A’urba, Juin 2000, Plan Garonne, Schéma d’orientation, 36p A’urba, 2011, De la ville à la métropole, 40 ans d’urbanisme à Bordeaux, Lefestin, 2011, pp 96-105 Ville de Bordeaux, 2007, Demain les quais, plaquette de présentation 2030, Vers le grand Bordeaux, (Consulté le 30 avril 2015), Disponible à l’adresse : http://www.bordeaux.fr/p82114 Article en annexe Nantes Articles en annexe Caraminot A, 2010, Nantes la couleur d’une ville, Ouest-France, 2010, pp 74-77 De Graveleine F, 2003, La Loire dessine le projet, Ile de Nantes, La Vilette, 2003, 191p Alexandre Chemenoff, 1999, L’île de Nantes, Le plan guide en projet, Memo, 1999, 95p Stage polytech Tours, 2014, Nantes Imaginaire Auran, Octobre 2014, Nantes la Loire et Nous, document socle, (consulté le 15 avril) Disponible à l’adresse : http://www.auran.org/publications/document-socle-du-grand-debat-nantes-la-loire-et-nous

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ANNEXES

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Annexe 1 Source : COLLOMB F , 1981, Lyon ville fluviale, conférence de presse du président de la Courly, 27 mars 1981, 4 p, (Archives de la Communauté Urbaine de Lyon ) Extraits de la conférence de presse du président de la Courly, Francisque Collomb, annonçant, le 27 mars 1981, la création de la commission « Lyon Ville Fluviale

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Annexe 2 Source : ANONYME, « Lyon ville fluviale : une qualité historique », Bulletin Municipal, 26 juillet 1981.

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Annexe 3 Source : ANONYME, « En marche vers la reconquête des fleuves », Courly Info, n° 55, juin 1988

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Annexe 4 Source : AGENCE D ’URBANISME DE LA COURLY , sans date, Lyon Ville fluviale. Une politique d’aménagement pour les fleuves, Communauté Urbaine de Lyon, non datée, plaquette. (Archives de la Communauté Urbaine de Lyon)

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Annexe 5 Extraits des deux Plans Bleus Sources : COURLY, 1991 et 1998

Annexe 6 Avant-propos de Raymond Barre (p 3) Président du Grand Lyon Sources : COURLY, 1991 et 1998

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Annexe 7

94 Annexe 8 Plan d’aménagement d’ensemble des quais de Bordeaux Source : Ville de Bordeaux, Demain les quais, 2007

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Annexe 9

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Annexe 10 Les anneaux de Burren Source : Nantes métropole septembre 2008

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Annexe 11 Les machines de l’île Source : Presse océan, Janvier 2008

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(4 ème de Couverture) CITERES

UMR 6173 Cités, Territoires,

Environnement et Sociétés

Equipe IPA-PE Ingénierie du Projet

d’Aménagement, Paysage,

Environnement

35 allée Ferdinand de Lesseps BP 30553 37205 TOURS cedex 3

Directeur de recherche : LECOUTERE JULIEN

VERDELLI LAURA Projet de Fin d’Etudes DA5

2014-2015 La « reconquête » des fronts fluviaux : vers un nouveau lien entre la ville et son fleuve ? Etude de Lyon, Bordeaux et Nantes

Résumé : La « reconquête » des fronts d’eau ou « waterfont attude » tout droit débarqué d’Amérique du Nord, s’est petit à petit installé en Europe puis en France dans les années 80, avec comme ville pionnière, Lyon. L’étude bibliographique montre que le fleuve est passé au final en peu de temps, d’un élément inexistant à un élément fort et structurant du développement urbain, des quartiers ainsi que de l’animation. Entre temps, avec la désindustrialisation, et donc la disparition progressive des activités générées par le fleuve, sa centralité se perd et l’organisation première de la ville n’est plus lisible. Cependant, le fleuve conserve un capital symbolique fort et constitue une ligne de repère fondamentale pour l’orientation et la perception urbaine. La « reconquête » des berges et des espaces portuaires délaissés comme lieux urbains, le retournement de la ville vers son fleuve étant mis à contribution, redonnent une image valorisante de la ville et en autre par le réinvestissement culturelle et festif. Partant de ce constat, le travail a pour but de comprendre en France, sur la base de trois cas d’étude, comment cette reconquête a eu lieu, en renforçant le lien entre la ville et son fleuve…

Mots Clés : reconquête, fronts fluviaux, culture, loisirs, aménagement, politique