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Page 1: La religion aux États-Unis || Hautes Terres (La guerre de Canudos)by Euclides Da Cunha

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Hautes Terres (La guerre de Canudos) by Euclides Da CunhaReview by: Michael LöwyArchives de sciences sociales des religions, 38e Année, No. 84, La religion aux États-Unis (Oct.- Dec., 1993), p. 267Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30127282 .

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gustinisme est donn6e une interpr6tation mo- d6r6e. Saint Thomas est bien entendu pr6sent. Le groupe n'ignore pas son temps. Il reprend les prdoccupations des 6conomistes r6forma- teurs du temps. S'il prolonge le mouvement des d6vots du d6but du sidcle, il rejette l'ul- tramontanisme. Un F6nelon renonce g tout mo- dule thdocratique. Pour finir, l'auteur souligne tout ce qui, de cette pens6e sociale catholique est r6affirm6 dans la doctrine sociale de l'E- glise, telle que l'exprime aujourd'hui par exemple l'encyclique <<Centesimus Annus >>. Les soubassements thdologiques: la thdologie de la cr6ation qui d6finit l'homme image et fils de Dieu, la thdologie de la pauvret6, l'affirma- tion de la destination universelle des biens, fondent encore, note F.-X. C., les encycliques du xxe sitcle. On mesure par 1h ce que ce livre apporte, non seulement g la connaissance de la pens6e catholique au xvIe sibcle, mais i la compr6hension de l'histoire, dans la longue du- r6e, du catholicisme social.

Jean-Marie Mayeur.

84.32 CUNHA (Euclides Da).

Hautes Terres (La guerre de Canudos). Pa- ris, Ed. Metaili6, 1993, 529 p. (Traduction et pr6sentation de Jorge Coli et Antoine Seel).

Cet ouvrage monumental, publi6 en 1901, est un des mythes fondateurs de la nation br6- silienne. Son auteur, ex-militaire converti au journalisme, d6crit, en tant que tdmoin direct, l'affrontement sanglant entre l'Armde de la nouvelle R6publique br6silienne (proclamee en 1889) et un village de paysans mill6naristes du Nordeste (Canudos), fonde par un prophtte messianique, Antonio Conselheiro, qui refuse de reconnaitre les nouvelles autorit6s. Cette guerre entre deux mondes et deux civilisations, qui va durer deux ans (1896-97), verra les rus- tres, les sertanejos (habitants du sertdo, les <<hautes terres >> semi-d6sertiques du Nord-Est br6silien) vaincre plusieurs exp6ditions mili- taires gouvernementales, avant de voir leur vil- lage d6truit par les canons et leur population massacr6e par une division de six mille soldats command6e par un g6ndral.

Ecrivain doud, E. D. C. est un r6publicain, homme d'<< ordre et progrbs >>; fdru de positi- visme, il essaye d'expliquer, de fagon << scien- tifique >>, les racines du mill6narisme de Canudos. Son maitre A penser est le sociologue autrichien Gumplowicz, auteur de La lutte des races (1883), ouvrage quelque peu oubli6 de nos jours mais fort appr6cid A cette 6poque, pour son analyse raciale des conflits sociaux.

BULLETIN DES OUVRAGES

Suivant les axiomes du << grand professeur au- trichien >>, E. D. C. analyse le phdnombne mes- sianique de Canudos en termes... raciaux. Le m6tissage est pr6judiciable, et le m6tis est, presque toujours, << un d6s6quilibr6 >> : or la re- ligion du sertanejo <<est i son image: md- tisse >>. En d'autres termes : Antonio Conselheiro n'est que l'expression d'une << ma- ladie sociale fort s6rieuse >> d'origine ethnique. Le <<facteur sociologique>> (sic) explique le <<mysticisme f6roce et extravagant >> de ce chef religieux primitif, de ce <<gnostique rustre>> produit du <<messianisme de sa race>> - a moins que ce ne soit I'expression du <<reflux permanent du christianisme vers son berceau judai'que >>...

Imbu de sa vision lin6aire de I'6volution et du progrbs, E. D. C. ne voit dans la religion de Canudos que l'irruption du pass6 dans le pr6sent, la r6volte de la vieille soci6t6 rurale contre la civilisation, <<un reflux dans notre histoire >>, I'oeuvre d'incorrigibles retardataires. Citant le positiviste frangais Alfred Fouille, il compare les sertanejos << des coureurs sur le champ de la civilisation, de plus en plus en retard >>.

On pourrait presque dire que l'6tude << so- ciologique>> de l'A. nous en apprend plus sur la mentalit6 positiviste des l61ites urbaines br6- siliennes de cette 6poque que sur la religion messianique des paysans. Cependant, le texte fourmille de notations ethnographiques fort 6clairantes. Et surtout, vers la fin du livre, un 6tonnant renversement de perspectives s'ophre, qui donne toute sa valeur i l'ouvrage : I'A. ne peut s'emp~cher d'admirer l'hdroi'sme des dd- fenseurs de Canudos et de d6noncer la barbarie civilis6e des militaires qui 6gorgent syst6mati- quement tous les prisonniers. << Bien qu'ils eus- sent trois sibcles de retard>> les sertanejos mill6naristes se sont r6v616s bien moins bar- bares dans la guerre que l'Arm6e rdpublicaine porteuse d'ordre et de progrbs.

Dans la conclusion se trouve cette phrase que tous les Br6siliens connaissent par coeur: <<Fermons ce livre. Canudos ne se rendit pas. Exemple unique dans toute l'Histoire, il r6sista jusqu'a l'6puisement complet. Conquis pas & pas, dans le sens litt6ral de l'expression, il tomba le 5 octobre 1897, en fin d'aprbs-midi, quand tombbrent ses ultimes d6fenseurs, qui moururent tous. Ils n'6taient plus que quatre: un vieillard, deux adultes et un enfant, devant lesquels rugissaient rageusement cinq mille soldats >>.

Michael Loiwy.

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