Transcript
  • Mill, John Stuart (1806-1873). L'utilitarisme. 1995.

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  • Paris 1889

    F. Alcan

    L'utilitarisme.

    MiUJs.

  • Symboleapplicablepour tout,ou partie

    des documentsm!crof!)ms

    Original illisible

    MPZ 43 120-~0

  • Symboleapplicablepourtout,ou partie

    des documentsm!crof!!ms

    Textedtnor reliure dfectueuse

    NPZ 43 12011

  • ~UTILITARISME1.

  • TouK, imp. E. ARM
  • PARISANCtENKEUBRA!R!EGERMERBAtLLREET G'~

    FLIX ALCAN, DITEUR1 l'~d,J11, :1i$$ ~MEVA~D8AMtT-CEtH!A!N,i08

    i889 w

    .T

  • S. MtLL.L'UUUtarsme. 1

    L' UTILITARISME0

    w CHAPITREPREMIER

    Remarquesgnrales v6My a, dans !a situationactuelledu savoir humain,

    .une circonstancebien remarquable,bien inattendue~et surtout bien caractristiquede l'tat de certaines

    `

    grandes et importantes questionsspculatives,c'estle peu de progrs qu'a fait la discussionsur le crit-num du bien et du mal. Depuisl'aurorede la philo-sophie, la question du summum6oMtMM,ou ce quiesHa mmechose, du fondementde la morale, estconsidrecommeun problmecapital elle occupeles intelU~ences,lesdiviseencoles,en sectesguer-royant vigoureusementles unescontre les autres.Aprsplus de deuxmilleansles mmesdiscussionscontinuent,e les philosophessont rangs sous lesmmesbannires,et les penseurset le genre humain.

    y tout entier ne semblentpas plus prs de s'accorder

    que lorsquele jeune Socrate(si le dialoguede Pla-

  • e Ilt 9::.
  • MMAt~UM CK]&Bt.E8 3

    avecun di6ce,maiscelledes racinesavecun arbre;;f~ces racinesremplissentpar~itementbin leur o~ce,quoiqu'elles ne doivent jamais tre dterres n~=r11. J >{exposes la lumire.Mais,quoiquedans la scienceles vrits particulires prcdent la thorie gn-rale, on doit attendre le contraire d'une science

    pratique telle que la morale ou le droit. Touteaction est faite en vue d'une nn, et les rgles dfaction doivent,semble.t-il,recevoir leur caractre,leur couleur,de la en qu'elles servent. ~uandnous

    I'

    commenonsunepoursuite, uneconceptionclaireet

    prcisede ce que nous poursuivonsdoittre la pr*ornirechose &chercher~auHeude l dernire. Unexamen du bien et du mal devrait donc tre le

    tnovende nxer ce qui est bienou malet non la con-

    squencede l'avoirdj Sx.Ladimcuhn'estpas annulelorsqu'ona recours

    ta thoriepopulaired'aprslaquelleune acuit natu*reIC)un sens ou un instinct, nous fait connattrelebien et le mat. b'abord l'existencede cet instinctmoralest discute,puis ceuxqui y croyaientet quiavaientquelquesprtentions la philosophieont t

    obligs ~abandonner l'ide que cet instinct -tait

    capablede discerner le bienou le mal dans les faitsparueMiers,commenos autres sens discernent la.

  • 's~.

    4 l' /UTH~fAMSWBI 1

    lumireou le son.Notr&facult morale,d'aprs ces

    ~terprtes qpis'intitulentpenseurs,nousfournitseu~lementles principesgnrauxdesjugementsmoraux;c'est unebranchede notre raison et non de notre

    goutt sensidve ondoit la consulterpour difierlaDoctrineabstraitedela moraleet non pour nous gui-der dans sa perceptiondans le concret. L'coledemorale intuitiveaussi bien que celle qu'on peutappeler inductive,insiste sur la ncessit des lois

    gnrales.Toutesles deuxs'accordentpour admettre

    que la moralitindividuellen'est pas une question~e perception directe,mais l'applicationd'une loi

    un cas individuel.Eltes reconnaissentaussi, la

    grande rigueur, lesmmes lois morales mais ellesdMerentquant leur videnceet a la source d'odrive leur autorit. Pour la premire cole, les

    principe demoralesont videntsapriori, ils com-mandent par eux-mmesl'assentiment;la signinca-Uon des termesseule a besoind'tre bien comprise.Suivant la seconde,le bien et le mal,comme.levraiet le faux, sont aSaires d'observationet d'exp-rience.Maistoutesles deuxadmettentque la moralese dduit de principes,et l'cole intuitive affirme

    aussi fortement.quel'cole inductivequ'il y a unescience de la morale.Malgrcela,elles essaientra-

  • REMARQUESCK&RAM~

    rementde faireune Hstede ces principes ~noWqui doiventservirde prmissesde la science;encore

    plus rarement font-ellesun egort pour rduire cesdiversprincipes un premierprincipe ou motif corn'mund'obMgation.L'une et l'autredonnent les pr-eeptesordinairesde moralecommeayant une auto'rit

  • ~O~M'AMSME..6' 1

    ~e montrerq~e si ces croy~oes moralesont atteintun certain degrde consistanceoude stabiHtc'taitgr~ce l'mCuencetacite d'an principenonreconnuouvertement L'absenced'm premier principe admisa fait de lamoralenonpas tant le guideque la con-

    ~scration des sentiments actuels de l'humanit~Cependant, comme ces sentiments, composesde

    sympathie et d'antipathie, sont principalement$niluencspar l'eNetdes choses sur le bonheur, le

    principed'utiHt,ou, comme l'appelaitBentham,le

    principeduplusgrand bonheur, a eu une large partdans la formationdes doctrines morales,mme de

    cellesqui remettentavecplus de mprisl'autorit dece principe.Aucunecole ne refused'admettrel'in*Guencedes actionssur le bonheurcommeune consi-drationessentielleet prdominantedans beaucoup

    de dtailsde morale cependantibeaucouprefusent.

  • PENAR~ESC~RA~ .T.:eux: Z~ /~c~~ ~
  • ~TtMTAMSm

    est la caused'uneautre chose admisecommebonne,~anspreuve. L'artmdicalest bon, parce qa'Hcon-duit la sant mais commentprouverque la sant rest unebonnechose?L'art musicalest bonpar cette

    raison, entre beaucoupd'autres, qu'il produit du

    plaisir.Madsquellepreuvedonner que le plaisirsoit

    wnej bonnechose?Alorss'il est afRrmqu'il y aune1 ..< iformule gnrale renfermanttoutesleschosesbonnesen elles-mmes,et que toutes les autres chosestonnes le sont commeenets et non commecauses,.`ia formulepeut treaccepteourejete,maisnepeutpas tre ce qu'onappelle communmentprouve.Nousne voulonspas direpour celaqu'uneimpui~1

    sion aveugle, un choixarbitraire, soientsuffisantspour faireaccepterou rejeter cette formule.Lemot

    preuvea un senspluslarge, applicable cette ques-tion philosophiquecommea d'autres toutaussi dis-

    putes. Cettequestionest de la comptencedenotreacuit rationnelle,qui ne se contente jamais du

    procd intuitif. On doit prsenter l'intelligencedes constdraHonscapablesde la dterminera don-ner ou arefuser sonassentiment unedoctrine cela

    quivaut prsenterdes preuves.-`Nous examineronsmaintenant de quelle nature

    doivent tre ces considrations,de quellemanire

  • n S

    REMARQUES G~NRAMS 9

    1.

    o D,

    elles sont. applicablesau casdonn, et, quels mo-ti~ rationnels on peut avancerpour accepter ou

    rejeter la formuleutilitaire. Commeconditionprli-mma!ret ncessairede cet examen,afonn~ie doittre correctement exprime et comprise. Je croisqu'on la rejette en grande partie parce qu'on n'a

    qu'une notion imparfaitede sa signification.Sicette ~~:notion tait plus claire,et dgage desinterprta-tions errones, la question serait bien simptinee~,t,une partie des dif&cuitsseraient leves.Avantd'arrait-ilalors quede lanoblessedecaractredesautres,et son bonheurne serait' que la consquencede cebnfice.Maisle simple noncd'une telle absurditrend

    inutile toute discussion. A

    Ainsi,d'aprsle principe du plus GrandBonheurexpliquci-dessus,la fin suprme(que nous consi-drionsnotrepropre bienouceluidesautres)est uneexistence aussi exempteque possiblede souNrance,aussi riche que possibleen jouissancesrunissantla quantitet la qualit l'apprciationde la qualitet sa comparaisonavec la quantitdpendantde la

    prsence montrepar ceux auxquelsles occasionset les Habitudesd~observallonpersonnelleont fournilesmeilleurstermes de comparaison.Lebut del~ac~tivit humainese trouve tre ncessairementaussiasuivant l'utilitarisme, le principede la morale en

    consquencelamoralepeut tredMe les rglesdeconduite et les prceptes dont Inobservancepourraassurer, autant que possible, a toute l'humanit uneexistencetelle que celle qui vientd'tre dcrite etnon seulement~l'humanit,maisencore,autant que

  • i1 CEQC~~S&TQUP~M'IMTANSME`

    ~3

    le permetla naturedes choses, toute la crationsentante.Contrecettedoctrines'lvealors toute une classe

    '1 4 .1.

    d'adversairesqui disentque le bonheursous aucuneformenepeut trelebut rationnelde la viehumaine

    premirementparceque ce but est inaccessible et`

    i!sajoutent quoidroitavex-vousd'tre heureux? c

    question laquelleM. Carlylo ajoutait celie-ci`

    queldroit avez-vousmme

  • ~UTMTAMSME34

    raMonest chimrique,la secondene est pa~; dumoinstant quel'humanitpenseraquec'est la peinede vivreet ne chercherapas unrefugedansle suicide v

    recommandpar Movalisdanscertainesconditions.

    Cependant~quandon affirmeaussipositivementquela vie humaine ne peut pas tre heureuse,si cetteanirmaiionn'est pas un sophismedemots,du moinsest-elleune exagration.Si l'on entendpar bonheurunecontmuitdeplaisirslevs,ilestvidentqu'alors

    u es~ impossible atteindre.Untatexaltdeplaisirdurequelquesinstants,rarementquelquesheuresou

    quelquesjours, c'est une uammebrillante,mais qui J

    s'teintvite. Les philosophesqui enseignntquele

    bonheurest le but de la vie, le saventaussibienqueceuxqui les insultent. Le bonheurdontils veulentparlerne composepas une CMStenced'extase,maisune existencefaite de peines peunombreuseset

    transitoires, de plaisirs nombreuxet varis, avecune prdominancede l'acte sur lepassif,une exis-

    ~a tenceassisesur ceprincipe,qu'ilnefautpas deman-der a la vie plusqu'ellene peut donner.Unevie composede cette faona toujoursparu,

    auxtre fortunsqui en ont joui, mriterle nomdevieheureuse.Unetelleexistenceesten sommele lotd'ungrand nombrede personnes,du moinspendant

  • CE ~UE C'EST~U ~OTH
  • /U'MMTAMM26

    pour avoir une valeur suMsante,ils ne doivents'en

    prendrele plus souventqu'a eux-mmes.Pour ceux qui n'ont pas d'a~ctions pries ou

    pubMques,le mouvementde la viea moinsd'attratt etdansbeaucoupdecasdiminueencoredevaleur quandapprochela mort quimet un termetousles intrts

    gostes.Au contraire, ceux quidoiventlaisserder*

    rireea&desaSectionspersonneHes,ceuxqui onteul~tiv l'amiitiouFamourplusgnraldeshommes~con~serventjusqu'alamorti'intretqu'ils prenaientalaviedanstoutela vigueurdeleurjeunesseetdeleur sant.A cot de l'gosme,ce qui rendla vie peu satis-

    iaisante,c'est le manquede cultureintellectuelle.Un

    espritcultiv,etj'entendspar 1~nonun philosophe,mais un hommea qui sont ouvertesles sourcesdusavoiret quisait jusqueun certainpointse servirdeses facults~trouvedes sourcesd'intrtinpuisabledanstout ce qui l'entoure. Leschoses dela nature,de l'art, les Inventionsde la posie, les incidentsdel'histoire,le passdel'humanit,sonavenir toutpeutl'intresser.Onpeut il est vrai devenirindiE~renttoutcelasansenavoir puisla centimepartie~maisc'est parce qu'on regarde toutesces questions sansintrtmoralouhumain,et qu'onnevoitdansl'tude

    qu*unmoyende satis~ire sa curiosit.

  • 1 ,~V

    CEQUEC'ESTC'OE~TJU'M!8ME 87 :1Menne s'oppose ce qu'unecultured'espritsuf-

    snte pour faireprendre~del'intrt aux chosesde ,(l'mteHigencesoit l'hritagede quiconquenat dansun payscivilis.L'hommen'est pas non plus nces-sacrementunecraturegoste ne s'occupantquedece qui peut se [rapporter sa misrable indivi-

    r

    dualit.Lesnaturessuprieuressont, mmeaujour-d'hui, assez nombreusespour donnerune idede ce

    quepourrait tre l'humanit.Chaquetre humain,adesdegrsdiflrents,est capabled'affectionsprivesnaturelles,et d'intrtsincre pour le bien pubUc~Dansunmondeo il y a tant de chosesintressantes,tant d'autres agrableset surtout tant rformer, amliorer,l'hommequipossdeun ensemblemoyendefacultsncessaires,peut se faire une existenceen"viable.Et s'ilpeut user des sourcesde bonheurquisont saporte,s'ilchappeauxmalheurspositifsdelavie,l'indigence,la mort,la solitudesansanection,ilnemanquerapasdese crer cette~existenceenviable.Lepointcapitalduproblme,c'est la luttecontrecescalamitsauxquelleson chapperarementcomplte-ment, et que les moyensmatriels ne peuvent niviterni adoucir. Cependantles hommessrieuxnedoutent pas qu'onpuisse remdier quelques-unsdes grands maux positifs;si l'humanit continue

  • 1L'UTtUTAMSME

    progresserelle enfermeracesmaux dansdes limitestroites.Lapauvret,renfermanttantde sunrances,pourratre teintepar la sagessede la socit,lebon sensde l'individu.Jusqu'auplus intraitable de

    tous les ennemis,la mort, qui reculera devant les

    progrsde la mdecine,de l'ducationmoraleet ducontrlesur les intluencespernicieuses.Lesprogrsdel sciencecontiennentmmepourravenir despro~messesde conqute plus directe:sur cet ennemiTedout.Chaquepas faiten avantnous dlivrenonseulementd'une chance'de mort,mais,ce quinousintressedavantage,d'une chancede malheurpourceuxen qui reposenotre bonheur.Quantaux vicissi.tudesde la fortuneet aux autres dsappointementscausspar les circonstancesextrieures,ils sontgn-ralementl'effetdegrossiresimprudences,de dsirsmalsains,d'institutionssocialesmauvaisesou impar-faites.En somme,les sourcesprincipalesde la souf-france humaine peuvent tre conquises avec deseffortset des soins.Cetteconqute sera lente biendesgnrationsprirontavantla russite,maisellese

    fera,sila volontet l'tudene fontpasdfaut.Chaque'intelligencegnreusedoit prendreavecjoie sapartde lutte contrela souffrance,si petitequ'elle soit, etsurtout ne jamaisla refuser.

  • 1 1.CE QUEC*ESTQUEL'~TtMTARSMB39

    3.

    Ces considrationsconduisent l'estimationvraieyde l'assertiondjcite onpeuteton doitvivresansbonheur. Sansdoute,onpeut vivresansbonheur,etc'est ainsique viventinvolontairementles dix-neuf

    vingtimesdes hommesmme dans notre mondecivilis. Souventmme les hros ou les martyrssacrifient volontairementleur bonheur la chose

    qu'ils estimentplus quecebonheur individuel.Maiscette chose n'est-ce pas le bonheur des autres;ou

    quelques-unesdesconditionsrequisesdecebonheur?n~

    Il est nobled'tre capable d'abandonnersa partdebonheur mais aprs tout, ce sacrince doittrefait

    r

    en vued'un but: on ne le faitpas uniquementpour .vle plaisirde se sacrifier;si l'on nous dit que cebutc'est la vertu qui est meilleureque le bonheur,jedemandesi le hrosoulemartyr ne croit pas qu'ensacrifiantsonbonheurilgagnerad'autresprivilges?Accomplirait-ilsonsacrifices'il pensait quesa renon.ciation sera sansn'uit pour son prochain,lemettraaussi dansla positionde l'hommequi a renoncau,bonheur? Honneur ceux qui peuvent renoncer

    pour eux-mmesauxjouissancesdela vieafind'aug-jnenter la sommede bonheurde l'humanit Mais

    que celui qui le fait dansun autre but ne soitpasplus admirquel'asctesur sacolonne Il montrece

  • 30 )/OTtUfAM8iME

    quep

  • CEQUEC'ESTQUE~MMTAMSMB1 ai

    ~rand Menpour le b~n des autres. Seulementelle,reCused~admettreque le sacruiceait une valeurin*

    trinsque. Unsacriucequin'augmentepasoune tend

    pas augmenterla sommetotaledubonheurest con"sidr commeinutile.Laseule renonciationadmise,w

    l~

    c'est la dvotionau bonheurdesautres, Thumaoitou aux mdividus,dans les limitesimposespar lesntrts collectifsde l'humanit.Je doisencore rpter ce que les adversairesde

    l'utilitarismeont rarement!a justice de reconnatre, ;0V:c'est que le bonheurqui est le criteriumutilitaire de wce qui est biendans la conduiten'est pas le bonheur

    propre de.l'agent, maisceluide tous les intresss.Entre le propre bonheur de l'individuet celui desautres, l'utilitarismeexige que l'individusoit aussi 1:strictement impartial qu'un spectateurdsintresset bienveiUant.Dans la rgle d'or de Jsus deNazarethnous trouvonsl'espritcompletde la moralede l'utilit. Faire aux autres ce qu'onvoudraitqueles autres lussent pour vous, aimer son prochaincommesoi-mme,voillesdeuxrgles de perfectionidale de la morale utilitaire. Quant aux moyenspour conformerautant que possiblela pratique cetidal, lesvoici Hfaudraitd'abordque les lois et Ie$conventionssocialesfissentque le bonheurou, pour

    ~1,1 1

  • /~UTAMSMB

    parler plus pratiquement,que l'intrt de chaqueindividufat autant que posssibleen harmonieavecl'intrtgnral.JE!nsuiteil faudrait que l'ducation

    etropuKon qui ont une si,grande inBuencesur les

    hommestablissentdans l'esprit de chaqueindividuuneassociationindissolubleentre son propre bon-heur et le biende tous, spcialemententre sonpro"pre bonheur et la pratiquedes rgles de conduite

    ngativeset positivesprescritespar l'intrt gnral.

  • 'fi

    dE QME C'ESTQUE ~~UTtUTARtSME 39

    toujours ce systme sous un jour d~voraMe. Aucontraire, parmi ceux qui ont quelque ide desoncaractre dsintress, u y en a qui trouventla r~IeutiMtairetrop leveau-dessus de l'huma"Dite. C'esttrop demander au peuple,disent-ils,quedelui demanderd'agir toujours en vue de Hutrtgnral. Maisc'est confondrela rgle d'actionavecsoninotit C'est rauaire de la morale de nous dire

    quelssont nos devoirs ou du moinscommentnousdevonsles connattre maisaucun systmede moralenedemandeque le motif de toutes nos actionssoitun sentiment de devoir. Au contraire les quatre'viu~t-dix-neufcentimes de nos actions sont Mes

    d'aprs d'autres motifs, et sont bien faites, si lamoraleneles condamnepas. Seplacer sur ce terrain

    pour attaquer l'utilitarisme, c'est se placer unpointde vueinjuste,puisqueles moralistesutilitairesentte plus loin que tous les autres moralistes,en

    a~rmantqae lemotifn'a rien faireavecla moralitdel'action, mais beaucoupavecle mritede l'agent.Celui qui sauve une crature prte se noyer faitune chosemoralementbonne que.sonmotifd'actionsoitle devoirou l'espranced'tre pay de sonacteceluiqui trompe la confianced'un ami commet,uncrime, mmes'il a pour but de servir un autre ami

  • ~UMMTAM&ME

    envers, lequel M a de plus grandes obligations sens. En fait nous pouvons affirmerqueparmi lesadhrentsauxautres systmes,ontrouverunis sousle mmeteBdrdtous lesdegrsdela rigiditou du

    relchement: quelquesadeptessont rigides comme~es puritains,d'autres aussi indulgentsquepeuvent

    v le dsirerles pcheursou les sentimentalistes.Ensomme,une doctrinequimet en avantl'intrtqu'a,},Thmnanit rprimeret aprvenir cequi peutvioler

  • C& C'EST (~B ~PTtUtA~tSM

    la loi morale,peut bien, commetoutautre systme,`tourner la sanction de l'opinion contre de tellesviolations.l est vrai que ceux qui reconnaissent

    des principes diSrentsde morale,peuventdMerer'sur la question: aQu'est-cequiviolelaloi morale?Mais les divergences d'opinion sur les questionsrmoralesn'ont pas t introduitespour !apremire~is dans 1~ mondepar l'utilitat'isme; entout cas

    cette doctrine iburnit unmodet~~Me etinteHigiMe,sinon toujours facile, de dcider entre ces divers >

    pences.'Hne sera pas superaude mentionnerencorequel-

    ques-unesdesmprMes dans lesquellestombentles ?adversairesde I'Mti!itarisme;il y ena~pourtantde ~igrossires que les persoDnesiateiligntes et loyales

    1 -.f

    ~ devraientpas s'y laisserprendre. Cependantcer~~ :,(:;i~ines personnes~mmed'une grandeculture tntel- Ylectuelle, se donnent souvent si peu de peinepour "j''1comprendrela ported'une opinioncontre laquelleelles ont des prjugs, et les hommesen goraiont ysi peu conscienceque leur ignorance volontaireest

    une ~ute, qu'onmetsouventen avantles plusiauss~s interprtationsde lamoraleutilitaire~ dans lescritesrieuxde personnesqui se piquent de principeset

    de ]phiIosopMe

  • ~'nMTAR~ME4PJ

    utilitaire est une doctrine athe. S'il est ncessairede rMer cette opinion,on doit dire que la question.dpendde l'ide qu'onse fait du caractre moralde t.. '1.la divinit.Si l'on croit vraiment que Dieu dsire

    par-dessustout le bonheurde ses cratures et qu'illes a cres en vue de ce bonheur, non seulement.l'utilitarismen'estpasunedoctrineathe,maisencore

    c'est une doctrineplus profondmentreligieusequetoute autre. Si l'on veut dire par la qualincationd'athe que l'utilitarismene reconnatpas la volontrvledeDieucommesuprmeloimorale,je rpon"t"drai qu'un utilitaire, quicroit dans la bont et la

    sagesse parfaitede Dieu,croit ncessairementquece~`

    queDieua jug convenablede rvler sur la morale

    remplit au plus haut degr les conditionsrequises`

    par l'utilit. D'autresutilitaires pensentque la rv-11lation chrtiennea t faite pour montrer ce qui estbienau curet l'intelligencede l'hommeet pourle rendre capablede chercher le bienen !ui-m6me;qu'elle incline l'homme faire le ~ien lorsqu'il l'atrouve, plutt qu'ellene lui enseignece que c'est, si

    ce n'est d'une maniregnrale, et que nous avonsbesoind'unedoctrinemoralesoigneusementpratiquepour interprter la volontde Dieu.Cettecroyanceest-ellejustineounon? Cen'est pas ici leMeude le

  • CE QUE~C'BSTservit'pour prouve!'queDieuconsidrYes acttous ?des hommescommenuisMesou utt!es,par le mmedroit qued'autres en usent pourprouver !'ex!stenc1 ~,de lois transcendantates,n'ayant aucunrapportavec

    `

    rutiteoulenu!sU)!e. ,l,Encore autre chose: on qualifie quelquefoisla ?doctrine de l'utilitde doctrine immoraleen rappe-1,lant doctrine de l'opportunit;on profiteainsi dusens populairede cemotqui en fait !econtrairede

    8

    principe. Maisl'opportunit,dans sonsensqml'op- Tpose .u juste, signe gnralementce quiest avan-tageux l'intrt particulierde l'agent' lui-mme:par exemple,c'est un ministrequi sacrifiel'intrtde son pays.pour garder sa place. Quandlemotaune significationun peu meilleure,c'est qu'il s'agitd'unechose avantageusepour atteindrean objetim" 'r~mdiat, temporaire, maisqui viole une rgle, dont Jl'observationest utile un degr suprieur.L'avan-'>tageux, pris dans'ce sens, au lieud'tre la mme1 4

    chose que l'utile, est unedes branchesdu nuisible.Ainsiil serait souventavantageuxpour sortir d'un~embarras momentan ou pour atteindreun objet t.

  • ~UTtMT~MSME.42

    ~immdiatementutile, dedireun mensonge.Maisd'unan~e cte la culture,par l'habitude, de notre sensd~ la vracit est des plusutiles ra~aiblissemontde cesens seraitdes plus nobles; une dviation

    .mmeinvoontaire de la vrita de grandes cens"

    quenees; elle aCMbKtta confiancequ'on accordea

    ~a parolede l'homme,confiancesur laquelleest basetoutMen-tresocialactuel,et dont rinsufSsancefait 1

    p~uaquetoute autrechosepour retarder lesprogrs1

    de la chisaHon,delavertu, detoutcequiestla base'1'du bonheur humain.Houssentonsqueviolerunergled'unesjt grande utilit pour atteindr un avantagehMnmat,n'est pas avantageux celui qui, pour sa

    convenancepersonnelleou celled'un autre, fait ce

    qu'N peut pour priverla socit d'un bien et )unMger un mal qui dpend du plus ou moinsdeconnancequemettentleshommesdansla parole lesuns desautres, agitcommele pire deleurs ennemis.

    Cependant cettergle,mmesacrecommeellel'est,admetdes exceptionsconnuesde touslesmoralistes.Laprincipaleest celle-ci quandl'empchementd~unMt (commela dcouverted'un malfaiteur,ou l'an"

    v noncede mauvaisesnouvellesa unmaladedangereu"sment atteint) doit prserver quelqu'un (surtoutautre que soi-mme)d'un grand mal immrit,et

  • $1. ,t:: s 1

    i~

    ~CB' QURC'EST ~t!B~T!M~R~M t

    que

  • :'44~ ~AM~'

    des'approprierlavie oulesMensd'un autrehomme,se demandealors pourlapremirefoissi sonmeurtre

    ousbnvoIseranoistMe au bonheurgnra!. M~me~il en tait aiosi, je ne crois pas que cet hommeA

    trouveraitla question bien embarrassante;en toutca$eUe est a sa porte.Mest vraimenttrangede

    i supposerquel'humanittantd'accordpouraccepterl'utiMt commeprincipede morale,elle ne s'accorde

    pas sur ce qui estutile et ne prennepas la peinede,y .l'enseigner la jeunesse,d'enfairedes lois. Hn'est

    pas difficilede prouver qu'an systme de moralefonctionnemal si l'on supposequ'ilest accompagnd~Mneimbcillituniverselle;mais dans n'importequellehypothse,autre que cellela, l'humanitdoitde notretempsavoir acquisdes croyancespositives

    ~&urles enets de quelquesactionssur son bonheuret les croyancesqui se sontainsi formessont des

    croyance~des rglesde moralepour la multitude,et le philosophedoit lesaccepteren attendant qu'ilentrouve demeilleures.Jt'admets,ou~plutt je suis

    sur, que les philosophestrouveraientiaclementdebonnesrformes fairesur beaucoupde points,quele codede morale reu n'est nullement de droitdivin,et que l'humanita beaucoup apprendresurles eS~tsdesactionspar rapportau bonheurgnrale

  • '1f, ~


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