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Page 1: Sociologie et géographie, « Le Sociologue »by Pierre George

Sociologie et géographie, « Le Sociologue » by Pierre GeorgeReview by: Georges KavadiasCahiers Internationaux de Sociologie, NOUVELLE SÉRIE, Vol. 42 (Janvier-juin 1967), pp. 169-170Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/40689403 .

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COMPTES RENDUS

dans beaucoup d'esprits. Pauvreté, isolement, bureaucratie... sont restés des maux, mais ne doivent accaparer ni l'esprit du sociologue ni l'action de l'ad- ministrateur dans une époque où les questions « d'organisation » (organizational) sont devenues prépondérantes.

Ainsi l'analyse « structurale » nous met en présence des problèmes de « restructuration ». Théoriquement et pratiquement, les problèmes de structures sont les problèmes de l'heure. Les questions de désorganisation sociale sont moins que par le passé conçues en termes de maux isolés (délinquance, taudis, ségrégation...), objets de politique sociale. C'est l'ordre global qui passe au premier plan. Voilà une œuvre qui, à la suite de celles des « jeunes Turcs » de la sociologie américaine que Gréer revendique comme ses maîtres (Eshref Shevky, Norton Long, David Riesman, Fred Gottrell), sonne familièrement aux oreilles des sociologues urbains français et les encourage à poursuivre leurs recherches dans une voie qui doit être à la fois positive mais non parcel- laire, synthétique mais non formelle, pratique mais non technique.

Raymond Ledrut. C.N.R.S.

Pierre George, Sociologie et géographie, Paris, Presses Universitaires de France, coll. t Le Sociologue », 1966, 216 p.

Pierre George, dès le début, précise son objectif : il s'agit d'une étude épistémologique visant à définir le domaine, les méthodes et les concepts de l'une et l'autre discipline, et à les situer les uns à l'égard des autres. Mais il définit également les termes du problème dont il se propose d'étudier par la suite les rapports. La géographie est pour lui une science humaine et huma- niste, la seule digne de ce nom, selon la tradition de l'école géographique française.

Pourtant, « la géographie n'a pas, en principe, à procéder à des analyses verticales. Son domaine est horizontal. Mais le problème méthodologique permanent est celui de la communication entre la recherche sur ce plan hori- zontal, qui est celui des rapports entre les faits ressortissant de disciplines différentes et la recherche, sur le plan vertical, de chacune de ces disciplines ». L'originalité de la géographie réside dans l'étude de l'ajustement, sur le plan horizontal, des données que les autres sciences humaines examinent sur des plans verticaux.

Ces assertions ébauchent la solution du problème des rapports entre géographie et sociologie : Si la sociologie s'occupe des constantes humaines, si elle s'efforce à « une connaissance comprehensive de l'ensemble social à l'intérieur duquel on peut rechercher ensuite certaines spécificités et l'effet des contradictions et des oppositions entre ces spécificités » en établissant une typologie, elle se situe donc « très exactement sur le plan vertical, son fini est la totalité sociale, la société globale. La géographie, elle, se situe sur le plan horizontal, son fini étant l'espace occupé par un type de société globale ou un ensemble de rapports sociaux ».

D'où une opposition entre une science spécifique travaillant en profondeur et une science non spécifique examinant les termes d'ajustement de phéno- mènes de spécificités différentes, dans un espace quantifié en fonction de diverses considérations (unité physique de paysage, de système de production, de niveau de développement...).

Mais il y a aussi convergence « dans la mesure où la géographie est capable de dresser la répartition des types élaborés par la typologie sociale ». - Dans la pratique, cette rencontre se réalise surtout à l'occasion des travaux de prospective et d'aménagement du territoire, où sociologue et géographe travaillent en commun sur un pied d'égalité.

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COMPTES RENDUS

Sur quels thèmes s'effectuent donc les rencontres et quels sont les abords spécifiques de chacune des deux disciplines à l'égard de ces thèmes ? L'auteur répond à ces questions en dressant la liste suivante : - espace, temps, nombre (donc démographie), ces trois thèmes étant des

thèmes analytiques ; - description, circonscription, localisation, dénombrement des groupes

sociaux ou définition et localisation dans l'espace d'une société globale, autant de formes synthétiques de réalités et de représentations.

Évidemment, l'approche de chacun de ces thèmes diffère selon sa nature et les particularités de chacune de ces sciences. Le plan suivi est très révélateur à ce sujet.

L'espace « est relatif » : « il apparaît comme création humaine autant que comme donnée naturelle ». Il se distingue en espace de localisation (assiette de l'implantation de la collectivité, appui spatial du groupe humain) et en espace de relation (c'est-à-dire les diverses catégories d'espace concernées par les activités humaines projetées suivant les lignes de force sur des aires d'influence). « L'espace de relation peut être seulement empirique ou organisé, construit. On débouche ainsi sur la notion d'espace ordonné ou coordonné, qui est un espace régional organisé, à l'intérieur duquel les éléments constituant une structure sociale sont volontairement répartis ou dosés. »

Le problème du temps présente deux thèmes d'études : le temps banal ou temps sidéral, aux modulations cycliques invariables, et le temps anomal, déterminé par l'intervention de variables dues à des phénomènes naturels ou à des événements historiques. « Le temps banal est une portion du temps sidéral, qualifié par le temps anomal... Le propre du temps concernant la réalité humaine est d'associer ces deux temps... » Le temps de la géographie est à la fois géologique, historique et contingent ; c'est dire qu'il relève des deux types de temps mentionnés ci-dessus.

Le maître nombre pour les sciences humaines est celui qui exprime à l'échelle planétaire, ou à l'échelle régionale ou locale, l'effectif de la popu- lation. Ce nombre est en mouvement. Il est thème d'études sociologiques et géographiques (facteurs du mouvement, répartition régionale ou locale). Les problèmes qu'il pose sont ceux de l'équilibre. Ils inspirent les sentiments les plus contradictoires, de la crainte de la famine à l'allégresse de l'approche de l'âge d'or.

La deuxième catégorie de thèmes concerne le travail (activités, production) et la vie (résidence, consommation, monuments). Grands thèmes où géographie et sociologie se rencontrent, ces deux disciplines ne permettant d'ailleurs qu'un éclairage incomplet. D'où la nécessité du recours à d'autres disciplines, une place à part revenant à l'économie.

L'action constitue une troisième catégorie de thèmes, conformément à l'évolution des sciences humaines qui sont « de plus en plus conduites à devenir actives, c'est-à-dire à participer à une recherche normative susceptible de fournir les thèmes d'une politique de l'équipement et du développement urbain et régional ». - « Un examen sommaire de chacun des deux thèmes les fait apparaître l'un et l'autre comme thèmes de science politique, et la science politique est faite d'histoire, de géographie, de sciences sociales, d'économie... et d'étude des idéologies. »

Au terme de ce tour d'horizon, rapide et succinct, on ne peut que regretter l'impossibilité de donner, dans le cadre d'un compte rendu sommaire, une image fidèle de ce livre. Petit de dimensions, mais riche de contenu, il apparaît d'une importance exceptionnelle par son orientation à la fois épistémologique et empirique et par son pouvoir de susciter la réflexion et l'action.

Georges Kavadias.

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