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PSYCHOPATHOLOGIE

Traitement du contexte visuospatial chez des patients schizophrènes non traités – influence de la désorganisation

R. LONGEVIALLE-HÉNIN (1), M.-C. BOURDEL (1), D. WILLARD (2), H. LÔO (1, 2), J.-P. OLIÉ (1, 2), M.-F. POIRIER (1, 2),M.-O. KREBS (1), I. AMADO (1, 2)

(1) INSERM E 0117 – Paris V.(2) Service Hospitalo-Universitaire, Centre Hospitalier Sainte-Anne, 7, rue Cabanis, 75014 Paris, France.

Travail reçu le 8 janvier 2004 et accepté le 9 juillet 2004.Tirés à part : R. Longevialle-Hénin (à l’adresse ci-dessus).

Résumé. Différentes études suggèrent que les patients schi-zophrènes présentent une défaillance des stratégies desélection et d’inhibition, des difficultés de rétention tempo-raire de l’information visuospatiale lors de l’interférencecontextuelle.Nous proposons d’explorer les performancesdes patients schizophrènes non traités à l’aide de 2 épreuvesévaluant la détection et la rétention d’images complexes ensituation d’interférence contextuelle et la dépendance-indé-pendance à l’égard du champ perceptif ainsi que l’influencede la désorganisation clinique sur ces performances. Le testde Recherche de Figures (RF) et le Group Embbeded FigureTest (GEFT) ont été étudiés chez 36 patients schizophrènesnon traités, évalués cliniquement à l’aide de la Positive andNegative Syndrome Scale (PANSS) et appariés pour l’âge,le sexe et le niveau d’études à un groupe de sujets témoins.Si l’ensemble des patients montre des performances com-parables aux témoins, le sous-groupe des patients schizo-phrènes désorganisés obtient des scores aux deux tâchessignificativement plus faibles que les patients peu désorga-nisés et les témoins. Lorsque le QI logico-abstrait est introduiten covariable, cette différence disparaît partiellement. Cesrésultats soulignent l’atteinte des capacités d’intégration defigures complexes en mémoire visuospatiale chez lespatients désorganisés, liée vraisemblablement à un déficit dela composante visuospatiale de la mémoire de travail quipourrait renvoyer à un dysfonctionnement du cortex frontaldorsolatéral.

Mots clés : Dépendance contextuelle ; Mémoire de travail ; Syn-drome de désorganisation ; Schizophrénie.

Visuospatial context processing in untreated schizophrenic patients and relation to disorganization syndrome

Summary. Aim – Previous studies on schizophrenia havesuggested that context-processing disturbances were one ofthe core cognitive deficits present in schizophrenia. Schizo-

phrenic patients have a failure either of inhibition strategy (15,31) and maintenance of visuospatial information (25) in con-dition of contextual interference. In the present study, weexplored the performances of untreated schizophrenicpatients with 2 tasks exploring detection and long term reten-tion of complex visual features and field dependence-inde-pendence tasks were selected. These abilities involve tem-porary maintenance of visuospatial information andexecutive functioning of visual working memory system (25).Several studies have shown that cognitive deficit may dependon schizophrenic symptomatology (1, 18). However resultsremain controversial in determining the specific influence ofnegative (5, 6) and positive (3, 8, 36) symptomatologies aswell as clinical disorganization (20, 39, 42). Our goal was toexplore the processing of spatial context and its relation todisorganized syndrome. This study was approved by the localethic committee. Methodology – Thirty-six schizophrenicpatients were included according to DSM IV criteria (19 neu-roleptic naïve, 17 unmedicated patients during more than 3months). Thirty-six healthy controls were matched to patientsfor age, gender and level of education. Absence of axis 1pathology was attested for controls with SCID-NP. Currentsymptomatology was evaluated by the Positive and NegativeSyndrome Scale (PANSS) (14). Clinical disorganisation wasevaluated with the disorganisation score established upon afactorial analysis of PANSS by Lepine (17) and Lançon (16).Items selected to distinguish the disorganised group wereabstraction, disorganization, orientation, and attention. Pro-cedure – Two tasks of embedded figures were administeredindividually to patients and controls. The Faverge task(Research of Figures-RF) (10) evaluates the ability to reco-gnize the target from spatial complex geometrical figures. TheGroup Embedded Figure Task (GEFT – Oltman) (26)assesses the detection and maintenance of visual target andits recognition within a complex figure. Performance betweenpatients and controls were compared with the Student T test.The comparison of two clinical subgroups of disorganized andlow disorganized patients and control group was performed

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with an ANOVA. Tuckey test was used for pairwise compa-risons. Results – We defined two subgroups of patients, dis-organized patients (subscore

≥ 12, n = 17) and low disorga-nized patients (subscore < 12, n = 19). Theses 2 subgroupswere similar for age and level of education. Concerning thetwo tasks, there was no significant difference between schi-zophrenic patients and normal controls. The comparisonbetween subgroups of disorganized and low disorganizedpatients, for RF task, showed a decrease of correct answerswith disorganized patients (p < 0.05). For GEFT task, disor-ganized patients had a decrease of correct answers p < 0.01)and more errors (p < 0.01) and omissions (p < 0.05). The lowdisorganized patients exhibited for the two tests comparableperformance to controls. The disorganized patients had adecrease of right answers (p < 0.05) and more errors(p < 0.05) than controls for GEFT task and no significant dif-ference for RF. However, with IQ (evaluated with an abstractreasoning test) introduced as covariate, only correct answersfor GEFT task remain significant (p < 0.05). Discussion – Theweak performance of disorganized schizophrenic patients fortwo tasks RF and GEFT showed that treatment of visuospatialinformation was impaired in the first perceptive phase ofselection and in the organization of information (RF), espe-cially with the maintenance of visual information in memory(GEFT). By contrast, low disorganized patients demonstrateda correct analytic treatment of elementary processing and vis-uospatial working memory. Conclusion – The severity of dis-organization influences the visuospatial context processingand visuospatial working memory. These results show theheterogeneity of cognitive functioning regarding to schizo-phrenic symptomatologies. This difficulty could be related toa problem of central executive functioning in the visuospatialcomponent of working memory, possibly mediated by thedysfunction of dorsolateral prefrontal cortex (40).

Key words : Clinical disorganization ; Embedded figures test ; Fielddependence ; Schizophrenia ; Spatial working memory.

INTRODUCTION

Les anomalies cognitives dans la schizophrénie sontmultiples. Différentes études ont souligné le déficit du trai-tement de l’information contextuelle dans la schizophré-nie, dans le traitement du contexte sémantique à l’aide delistes de mots ou de phrases (3, 6, 28) ou par un supportvisuel de bandes dessinées pour explorer l’intentionnalité(32, 33).

Les patients schizophrènes présentent un déficit del’organisation de l’information perceptive visuelle, lié soità une défaillance de l’exploitation des stratégies de sélec-tion et d’inhibition du traitement contextuel (15, 31), soit àune incapacité à organiser les stimulus en représentationpertinente pour la réalisation de la tâche (36, 37).

Witkin et al. (41) proposent, afin de tester la dépen-dance-indépendance à l’égard du champ perceptif, uneépreuve de perception de figures cachées (EmbbededFigures Test ou EFT). Selon Miyake et al. (25) les perfor-mances aux épreuves de type dépendance-indépen-

dance à l’égard du champ reflètent les opérations de lacomposante visuospatiale et exécutive de la mémoire detravail. La composante visuospatiale est mise en jeu dansle maintien en mémoire d’une figure simple, tandis que lefonctionnement exécutif intervient pour retrouver cettefigure simple au sein de la figure complexe. À la différencede Witkin et al. (41), Miyake et al. (25) suggèrent que ladépendance-indépendance de champ doit être considé-rée comme une capacité cognitive à part entière plutôt quele reflet d’un style cognitif.

Chez les patients schizophrènes, Magaro et al. (23)retrouvent une grande dépendance au champ perceptif,cette anomalie étant plus marquée chez le groupe depatients ayant une durée d’évolution de la maladie supé-rieure à 4 ans. Par ailleurs, le sous-groupe des patientsnon traités présente des scores plus bas à l’EFT que celuides patients traités.

Plusieurs études ont montré, chez des schizophrènestraités, un déficit du raisonnement contextuel (7, 35, 39) ;peu d’études se sont attachées à explorer les difficultésde dépendance-indépendance du champ chez despatients non ou jamais traités (5, 15, 34, 36).

Actuellement, la détermination des différents sous-groupes cliniques dans la schizophrénie permet de diffé-rencier l’importance des dimensions symptomatiques etleurs conséquences sur le fonctionnement cognitif (8). Lespatients schizophrènes désorganisés présentent des ano-malies cognitives particulièrement marquées (1, 2, 19,42). Ces anomalies peuvent être retrouvées tant dans ledomaine attentionnel qu’en mémoire de travail (9). Denombreux travaux (3, 28, 32) soulignent chez ces sujetsl’importance des anomalies d’intégration contextuelle liéeà la difficulté à attribuer des états mentaux à autrui (13).

Dans le domaine de l’organisation visuospatiale, lespatients désorganisés montrent une difficulté dans ladétection des contours d’éléments simples en interactionavec le contexte spatial de la tâche (15, 36, 38), une dif-ficulté à inhiber l’interférence d’informations liée au con-texte (2, 42), de mauvaises performances en mémoirevisuospatiale (1, 4, 29). Ces études ont été effectuéeschez des patients traités.

Dans un travail préliminaire effectué par notre équipesur 22 patients traités et non traités, il n’avait pas étéretrouvé d’influence de la symptomatologie positive etnégative sur l’interférence contextuelle tandis quel’influence du facteur de désorganisation et l’effet du trai-tement paraissaient clairement établis (21, 22).

La présente étude, dans le prolongement de ce travail,a pour objectif de confirmer l’importance de la désorgani-sation sur le déficit contextuel dans une population plusétendue de patients schizophrènes non traités comparésà des sujets contrôles. Ceci à l’aide de deux épreuvesadaptées de L’EFT (41), l’une explorant la détection immé-diate de la figure cible dans la figure complexe, le test deRecherche de Figures (RF), et l’autre nécessitant le main-tien en mémoire d’une figure cible, Group Embbeded Figu-res test (GEFT). Notre hypothèse est que les patients schi-zophrènes obtiendraient de moins bonnes performances

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que les sujets contrôles et ce d’autant que l’épreuve feraitappel à un maintien en mémoire d’une informationvisuelle. En conséquence, les patients schizophrènesdevraient obtenir, à l’épreuve de détection des figures, desscores relativement préservés (test RF) et présenter unebaisse des performances de mémorisation de la figurecible (test GEFT). Par ailleurs, nous postulons que lespatients désorganisés auraient des déficits de l’organisa-tion perceptive plus marqués que les autres patients schi-zophrènes.

MATÉRIEL ET MÉTHODE

Sujets

Nous avons inclus 36 patients schizophrènes non trai-tés selon les critères du DSM IV, recrutés dans le Servicehospitalo-universitaire de l’hôpital Sainte-Anne (Paris,France). Les patients admis ont donné leur consentementécrit. Cette étude était approuvée par le comité d’éthique(CCPPRB) Cochin Port-Royal. Le diagnostic était obtenuà l’aide de la DIGS (Diagnostic Interview for GeneticStudy). Étaient exclus : toute maladie organique, toutantécédent d’imprégnation ou de dépendance alcoolique,tout antécédent d’électroconvulsivothérapie (ECT). Lespatients n’avaient pas reçu de traitement neuroleptiquedepuis au moins 3 mois, d’antidépresseurs ou de thymo-régulateurs depuis au moins 1 mois et de benzodiazépi-nes depuis au moins 5 jours. Enfin, pour attester l’absencede consommation de toxiques, un recueil de toxiques uri-naires avait lieu le jour de la passation. Les patients ayantun QI < 60 n’étaient pas admis. Les sujets contrôlesétaient sélectionnés après passation d’un entretien stan-dardisé le SCID-NP (Structured Clinical Interview forDSM III-R Non Patients). Les témoins étaient inclus s’ilsn’avaient pas de problèmes psychiatriques personnels, etaucun antécédent psychiatrique dans la parenté (au pre-mier degré). Les 36 sujets contrôles ont été appariés auxpatients selon le sexe, l’âge, le niveau d’études (tableau I).

Évaluation clinique

L’évaluation clinique des patients était effectuée par lespsychiatres du service. Un entretien précisait l’histoire dela maladie et la comorbidité, l’âge du début au premier épi-sode, la durée d’évolution et la sévérité de la maladie avecla DIGS. Les patients étaient cliniquement évalués à l’aidede la PANSS (14). D’après les analyses factorielles deLépine et al. (17) et de Lançon et al. (16), les items ontété regroupés en trois facteurs : négatif, positif et désor-ganisation. Le sous-score de désorganisation clinique aété retenu pour identifier l’importance de cette compo-sante. Ce sous-score est la somme de 4 items : difficultésd’abstraction (N5), désorganisation conceptuelle (P2),désorientation (G10), manque d’attention (G11).

Évaluation neuropsychologique

Les deux épreuves RF et GEFT sont issues du test del’EFT (26).

L’épreuve de Recherche de Figures (RF), adaptée parFaverge (10), consiste à détecter, dans une figure géo-métrique complexe, la figure cible parmi cinq figures sim-ples. La figure reconnue doit être de la même dimension,mais peut être orientée de manière différente dans lafigure globale. Le temps de passation est de 15 minutes.Les résultats obtenus sont le nombre de figures ciblesexactes reconnues par le sujet (BR), les erreurs ou figureserronées (ER), les omissions ou figures simples nonretrouvées (OM).

Le test des Figures encastrées (GEFT), adapté de Olt-man et al. (26), consiste à retenir la forme et l’orientationd’une figure simple géométrique afin de la retrouver ausein d’une figure complexe. Le test comprend une phasede familiarisation (7 figures complexes) et 2 séries équi-valentes de 9 figures différentes et de difficulté croissante.Le temps de réalisation du test est de 12 minutes. Lesrésultats analysés sont les bonnes réponses ou les figuresexactes sélectionnées et retracées (BR), les erreurs oules figures mal retracées (ER), les omissions ou les figuressimples non retracées (OM). Les tâches sont réaliséesavec papier et crayon.

Une épreuve de quotient intellectuel a été effectuée aumoyen du D48 ou test non verbal d’intelligence générale,de Pichot (30). Ce test nécessite 25 minutes de passation.

Analyse statistique

Le test de Student a été utilisé pour comparer les per-formances des patients et des témoins. Les deux sous-groupes de patients constitués à partir du sous-scoredésorganisation de la PANSS et le groupe témoin ont étécomparés à l’aide d’une ANOVA suivie de comparaisons2 à 2 avec le test de Tukey. Puis une ANCOVA a été réa-lisée avec le QI en covariable. Un test de Student appariéa permis de tester l’évolution des performances entre lapremière et la seconde partie du GEFT.

TABLEAU I. — Caractéristiques des patients et des contrôles.

Moyenne (écart type)

TémoinsN = 36

PatientsN = 36

Désorg < 12N = 19

Désorg > 12N = 17

H/F 24H/12F 24H/12F 14H/5F 10H/7FÂge 25,7 (5,4) 25,9 (4,7) 26,6 (3,7) 25,1 (5,5)Niveau études 12,9 (2,2) 12,4 (2,3) 11,7 (2,3) 13 (2,3)QI 125,5 (9,4) 115,5 (15,3)c 122,4 (11) 107,7 (16)ab

Panss DES 11,6 (3) 9,1 (1,5) 14,3 (1,5)a

Panss P 19,2 (6,1) 16,2 (5,1) 22,5 (5,5)a

Panss N 21,9 (4,9) 20,5 (4,5) 23,5 (5,1)Panss G 42,1 (8,3) 40,3 (8,1) 44,2 (8,3)

a : différence significative entre les sous groupes : désorganisés versus peu désorganisés ; b : différence significative entre les groupes : désorganisés versustémoins ; c : différence significative entre le groupe patients versus témoins.

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RÉSULTATS

Caractéristiques cliniques (tableau I)

Les patients (24 hommes et 12 femmes dont 19 naïfset 17 non traités) avaient un âge moyen de 25,9 ans (4,7),un niveau d’études de 12,4 ans (2,3) mesuré par le nom-bre d’années d’études. La durée de la maladie était de4,3 ans (4,1).

Conformément à l’appariement effectué entre patientset témoins (tableau I), il n’y a pas de différence significatived’âge, de niveau d’études et de sex ratio entre les2 groupes. L’évaluation clinique des patients par laPANSS montre un score total de 83,2 (14,7), un score àla sous-échelle positive de 19,2 (6,1), un score à la sous-échelle négative de 21,9 (4,9) et un score au facteur désor-ganisation de 11,6 (3). Les patients schizophrènes ont étérépartis en 2 groupes, selon un « cut off » à 12 représen-tant le score moyen de désorganisation observé dansnotre échantillon de patients ; 19 patients étaient consi-dérés comme désorganisés et 17 patients peu désorga-nisés. L’âge, le niveau d’études et le QI des patients peudésorganisés n’était pas différents de ceux des témoins.En revanche, les patients désorganisés avaient un QI plusfaible que les patients peu désorganisés (p < 0,01) et queles témoins (p < 0,01), ce qui explique la différence de QItrouvée entre les patients et les sujets témoins (p < 0,05).

Enfin, le sous-groupe des patients désorganisés neprésentait pas de différence pour la durée de la maladieavec le sous-groupe des patients peu désorganisés[3,8 ans (3,9) versus 4,7 ans (4,4)].

Épreuves neuropsychologiques

Nous avons vérifié que les résultats des 2 épreuves RFet GEFT n’étaient pas différents selon le sexe des sujets.

Comparaisons des patients et des témoins

Les résultats des épreuves RF et GEFT n’ont montréaucune différence significative entre l’ensemble despatients et les témoins (tableau II).

Comparaisons des témoins et des deux sous-groupes de patients

Pour l’épreuve RF, le nombre de bonnes réponsesétait significativement différent entre les trois groupes(F1,69 = 3,4, p = 0,04). Le test de Tukey montrait un nombrede bonnes réponses plus faible dans le groupe des patientsdésorganisés que chez les patients peu désorganisés(p < 0,05). Le nombre d’erreurs et d’omissions n’était passignificativement différent entre les trois groupes.

Pour l’épreuve GEFT, une différence significative entreles groupes était montrée pour les bonnes réponses (F2,69= 7,8, p = 0,0009), les erreurs (F1,69 = 6,4, p = 0,003) etles omissions (F1,69 = 3,5, p = 0,036).

Les performances du sous-groupe de patients désor-ganisés étaient moins bonnes que celles du sous-groupedes patients peu désorganisés [nombre de bonnes répon-ses (p < 0,01), d’erreurs (p < 0,01) et d’omissions(p < 0,05)]. Le test de Tukey n’indiquait aucune différenceentre les témoins et les patients peu désorganisés, alorsqu’il indiquait que les patients désorganisés étaient moinsperformants que les témoins [bonnes réponses (p < 0,05),erreurs p < 0,05)].

Dans les trois groupes le QI est corrélé (p < 0,05) auxperformances obtenues aux tâches RF (témoinsr = 0,55, désorganisés r = 0,44, peu désorganisésr = 0,5) et GEFT (respectivement r = 0,36, r = 0,49,r = 0,71). Pour contrôler l’effet confondant possible duQI, nous avons pris en compte le QI dans une ANCOVAcomparant les trois groupes. Seul le nombre de bonnesréponses à l’épreuve GEFT restait significativement dif-férent entre les trois groupes (F2,68 = 3,97, p = 0,023),le sous-groupe des patients désorganisés étant moinsperformant que les peu désorganisés (p = 0,05) mais cedernier obtenant des performances meilleures que lestémoins (p = 0,01).

Comparaison des deux parties du test GEFT

Lorsque nous avons étudié l’évolution des bonnesréponses et des erreurs entre la première et la secondepartie de l’épreuve GEFT, nous avons observé chez lestémoins une amélioration significative des bonnes répon-ses (t35 =-4,7 p < 10–4) accompagnée d’une diminutiondes erreurs (t35 = 3,9 p < 10–3) dans la deuxième partiede l’épreuve. Chez les patients désorganisés, l’améliora-tion des bonnes réponses était significative (t16 = – 2,6p = 0,018), alors que chez les patients peu désorganisésaucune différence significative n’était montrée entre lesdeux parties de l’épreuve (figure 1).

TABLEAU II. — Performances aux tests RF et GEFT des patients et des témoins.

Moyenne (écart type)

TémoinsN = 36

PatientsN = 36

Désorg < 12N = 19

Désorg > 12N = 17

RF bonnes réponses

13,1 (4,1) 12,5 (4) 14 (3,7) 10,8a (3,7)

RF erreurs 2,1 (2) 2,9 (3,4) 2,3 (2,4) 3,7 (4,2)RF omissions 4,7 (3,9) 4,5 (3,6) 3,6 (2,9) 5,5 (4,2)GEFT bonnes réponses

14 (3,2) 13,6 (4,4) 15,8 (2,4) 11,2ab(5)

GEFT erreurs 1,5 (1,5) 2,0 (2,6) 0,9 (1,2) 3,2ab (3,2)GEFTomissions

2,5 (3) 2,4 (2,6) 1,3 (1,8) 3,7a (2,9)

a : différence significative entre les sous-groupes : désorganisés versus peu désorganisés ; b : différence significative entre les groupes : désorganisés versustémoins.

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DISCUSSION

Pour l’ensemble des patients schizophrènes comparésaux témoins, les épreuves RF et GEFT ne montrent pasde différence significative des performances. Ce résultatsignifie que dans le groupe de patients considéré demanière globale on ne trouve pas de perturbation dépen-dance-indépendance au contexte. Cependant, le sous-groupe des patients désorganisés présente des scoresplus faibles à l’épreuve RF que les patients peu désorga-nisés. Ceci implique que la désorganisation clinique influesur le traitement immédiat de sélection et d’organisationde l’information visuelle en condition d’interférence con-textuelle. En revanche, les patients peu désorganisés gar-dent un bon traitement analytique et séquentiel des pro-cessus élémentaires lors des phases précoces dedétection d’images.

À l’épreuve GEFT, les patients désorganisés présen-tent, comparativement aux patients peu désorganisés etaux témoins, de moins bonnes performances.

Les faibles performances des patients désorganisésaux deux tâches RF et GEFT indiquent que le traitementde l’information visuospatiale est altéré dès la phase per-ceptive initiale et surtout lors du maintien en mémoire. Cesrésultats confirment les travaux de Liddle (18) sur l’EFTet de Silverstein et al. (38) et semblent prouver que seuleune forte désorganisation entraîne le déficit de l’intégra-tion contextuelle visuospatiale qui serait plus un marqueurd’état que trait.

Selon le modèle de Miyake et al. (25) élaboré à partirdu test EFT, un score élevé d’erreurs indique un déficit ducentral exécutif par impossibilité d’inhibition des informa-tions incorrectes lors de l’exécution de la tâche.

Dans notre étude, il est à noter que le QI des patientsdésorganisés est plus bas que celui des sujets contrôleset des patients peu désorganisés, et parallèlement cespatients présentent un déficit d’intégration contextuelle.Le coefficient de Pearson révélait une corrélation entre leQI et les performances chez les patients schizophrènes

et les témoins. Lorsque le QI est introduit en covariabledans les analyses, les anomalies détectées chez lespatients désorganisés comparés aux témoins ne sont plussignificatives. Seul le nombre de bonnes réponses àl’épreuve GEFT reste plus faible chez les patients désor-ganisés que chez les peu désorganisés. Ceci nous amèneà plusieurs réflexions : la première est que cette épreuveest très liée au degré d’intelligence logico-abstraite éva-luée par le D48. Le lien existant entre dépendance-indé-pendance au contexte, capacité de visualisation spatialeet intelligence générale a déjà été souligné (24, 25). Demême, Sarfati (33) observe, chez les patients schizoph-rènes, l’influence d’un niveau d’intelligence générale fai-ble sur l’altération des performances en théorie de l’esprit.Cependant, le QI ayant été exploré en phase aiguë il estindéniablement lié à la sévérité des troubles. Une évalua-tion à distance de la phase aiguë aurait sans doute étéplus informative. De plus, une évaluation plus axée sur lescapacités verbales, [test de Vocabulaire de Binois etPichot (1967)], aurait potentiellement permis de séparerun indice verbal, plus en rapport avec les performancesintellectuelles prémorbides du sujet, des difficultés d’inté-gration contextuelle visuospatiale et aurait permis d’étu-dier les associations entre ces deux dimensions.

Par ailleurs, lorsque le score du QI est contrôlé, lespatients peu désorganisés obtiennent de meilleures per-formances que les contrôles et semblent pouvoir se déta-cher du contexte. Place et Gilmore (31) dans leur étudemontrent que les patients schizophrènes peuvent être plusperformants que les contrôles par défaillance des proces-sus d’inhibition normalement mis en place lors du traite-ment contextuel. Une deuxième explication serait que lescontrôles n’étant pas rémunérés, ils étaient peu motivésà effectuer des tâches complexes.

Notre étude montre également que lors de l’épreuveGEFT les patients schizophrènes peu désorganisés n’ontpas d’amélioration des performances entre la première etdeuxième partie de l’épreuve, alors que les témoins et lespatients désorganisés améliorent leurs scores endeuxième partie du test. Chez les patients désorganisésun effet d’apprentissage peut être mis en évidence, enrevanche leurs performances restent faibles malgrél’amélioration du score. À l’inverse, les patients peu désor-ganisés présentent dès la première partie du GEFT unscore de bonnes réponses très élevé, comparable, voiremeilleur, à celui des témoins en deuxième partie del’épreuve. Nous pouvons avancer l’hypothèse d’un effetplafond dans cette population de sujets.

Une fois encore ces résultats soulignent l’hétérogénéitédu fonctionnement cognitif des sujets schizophrènes etl’impossibilité de les évaluer dans leur ensemble sans tenircompte de la symptomatologie.

CONCLUSION

Notre étude confirme les premiers résultats d’une étudepréliminaire que nous avions effectuée, dans une popu-lation plus étendue et plus homogène, avec des patients

Br1 et Br2 : bonnes réponses 1re et 2e partie ; Er1 et Er2 : erreurs 1re et 2e partie ; * P < 0,05 ; ** P > 0,001.

FIG. 1. — Évolution des bonnes réponses et des erreurs entre la première série et la deuxième série du GEFT.

0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

témoins désorganisés peu désorganisés

Br1

Br2

Er1

Er2

**

**

*

N

N

N

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non traités, appariés strictement à des sujets contrôles.Les patients schizophrènes, pris dans leur ensemble, ontpeu de difficulté de dépendance-indépendance à l’égarddu champ perceptif. Lorsque l’on distingue les sous-grou-pes de patients selon l’importance de la désorganisation,les patients désorganisés sont dépendants du contextedès la phase initiale de détection de l’information visuelle.Cependant, en tenant compte du quotient intellectuel éva-lué sur des performances de logique abstraite, cette dif-férence disparaît partiellement.

Ces difficultés pourraient être liées à une atteinte ducentral exécutif, de la composante visuospatiale de lamémoire de travail et pourraient renvoyer à un dysfonc-tionnement du cortex préfrontal dorsolatéral (40). Cetteétude apporte un éclairage nouveau sur les difficultésd’intégration d’éléments complexes en mémoire visuo-spatiale dans la schizophrénie, en liaison avec la compo-sante de désorganisation clinique.

Des études de couplage en imagerie cérébrale seraientnécessaires afin d’approfondir la compréhension du dys-fonctionnement cérébral, mis en jeu dans cette épreuveet spécifique à la désorganisation dans la schizophrénie.

Références

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