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20 février 2014

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YASMINE PONNAMPALAM

Un ange gardien des animaux

Dans le chalet des gardiens, la conver-sation démarre à toute allure. Les hérissons qui passent l’hiver au

centre de soins, les lamas qui crachent comme dans les BD, les rennes qui n’aiment pas se laisser photographier. Yasmine Pon-nampalam semble intarissable. On essaie alors d’en venir à elle, à son parcours. «Que vous dire de moi? Parler des animaux, c’est parler de moi!» La gardienne-cheffe du Zoo du Bois du Petit-Château éclate de rire à cette formule, si bien adaptée à sa réalité.Née à Genève il y a un peu moins de quarante ans, Yasmine a suivi sa mère, Suissesse, et son père, Malaisien, dans une vie plutôt no-made. Elle a vécu aux îles Canaries, où elle a élevé des tortues aquatiques. Puis au Canada, où elle a «bringué» jusqu’à ce que ses parents acceptent un chien: «C’était Floyd, comme les Pink, qui est revenu avec nous s’installer à Bienne, quand j’avais l’âge d’aller au gym-nase.» Son amour des bêtes a toujours mar-qué sa personnalité. «Mon tout premier sou-venir est lié aux animaux. Je ne devais pas avoir 3 ans, je me revois en train de tendre la main vers une chèvre, chez ma tante qui avait une ferme. Elle possédait aussi des vaches et une basse-cour, j’adorais aller chez elle ra-masser des œufs.» Comme beaucoup de pe-tites filles qui aiment les animaux, Yasmine rêve de devenir vétérinaire. Avant de décou-vrir que ceux-ci guérissent et qu’elle préfère soigner. Et aussi, que les animaux sauvages l’attirent plus que les domestiques.

A la tête de 420 pensionnairesC’est à l’Université de Neuchâtel que Yasmine trouve des études à sa mesure: ethnobiologie. «Cette discipline passion-nante s’intéresse à tout ce qui touche les relations homme-animal. J’ai fait mon mé-moire sur la cohabitation entre le loup, l’homme et les chiens de protection.» Un petit job d’étudiante au Papiliorama de

Chiètres (FR) la mène à entreprendre un CFC de gardienne d’animaux. Avec une for-mation universitaire et un certificat profes-sionnel, elle entre alors comme gardienne au Bois du Petit-Château, ou «BPC» pour les intimes. Un lieu voué à la connaissance de la faune et à sa protection, gratuit et ou-vert tous les jours. Un endroit qui ne porte qu’un seul nom pour trois secteurs: parc zoologique, centre de soins et vivarium.Nommée gardienne-cheffe en 2006, Yasmine se retrouve à la tête d’une équipe de 420 animaux et… d’une quinzaine de collègues: dix gardiens, un apprenti, des civilistes et des bénévoles. La gestion du personnel et l’administration lui prennent la moitié de son temps. Surtout depuis que le Musée d’histoire naturelle, dont dépend le zoo, planche sur le grand projet de zoo- musée qui regrouperait les deux institu-tions sur le site du Bois du Petit-Château à l’horizon 2017. L’autre mi-temps, elle le passe au contact des animaux. «J’aime le verbe anglais to take care, qui exprime l’idée de prendre soin.» Ce sont surtout les oi-seaux (120 individus de 31 espèces) et les mammifères (85 individus de 21 espèces) dont elle s’occupe, attentivement. «Par ins-tinct de survie, les animaux sauvages ont

l’habitude de cacher leurs problèmes. Il faut remarquer vite une bête qui ne vient pas manger ou souffre de boiterie. Pour dé-tecter ces signaux très discrets, un contact permanent est indispensable.»

Poules, lapins et ânesse...Un gros trousseau de clés à la main, elle nous offre une démonstration. A peine l’enclos ouvert, le chat sauvage, reconnaissable à sa queue annelée terminée par un pompon noir, accourt demander son lot de caresses. Idem chez les loutres cendrées, espèce asiatique arrivée au zoo à la suite d’une saisie doua-nière. Le couple s’est si bien adapté qu’il a fait deux petits, deux mâles. «Bonjour mes ché-ries!» A cette salutation répondent force cris. «Les loutres sont très curieuses, et joueuses. Elles manipulent les objets et font même des boules de neige. Le public les adore.»Travaillant à 80%, la gardienne-cheffe est une jeune maman qui aime lire des romans de fantasy et marcher dans la nature. Mais pendant son temps libre, elle s’occupe aussi d’animaux. A Engollon (NE), village de 104 habitants, elle vit avec son compagnon «pur souche Val-de-Ruz» et leur fils de 18 mois, dans une maison qui compte deux chiens, des poules, des lapins. «Et une toute vieille

ânesse du zoo qui passe sa retraite chez nous!» Des bêtes «récupérées» à qui, comme au BPC, Yasmine offre ses bons soins. «Evi-demment, dans un monde idéal, où il n’y aurait pas d’extinction d’espèces, les zoos et les enclos n’existeraient pas. Mais compte tenu de la réalité, je fais de mon mieux pour vivre en harmonie avec la nature.»

Emmanuelle Ryser n+ d’INfOS www.www.zoobpc.ch

Gardienne-cheffe du Zoo du Bois du Petit-Château, à La Chaux-de-Fonds (NE), la jeune femme tutoie loutres et chats sauvages. De Genève au Val-de-Ruz en passant par les Canaries ou le Canada, son amour des bêtes a toujours marqué sa personnalité.

Contrairement à ses congénères, qui n’aiment pas se laisser photographier, aux dires de Yasmine Ponnampalam, ce renne a joué le jeu pour notre photo avec la gardienne-cheffe du Zoo du Petit-Château, à La Chaux-de-Fonds.

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428 PEtItES ANNONcES

Immobilier, animaux, services, véhicules, loisirs, rencontres... P. 25

© olivier born

AgrIcuLturEBonnes terres menacéesLa revitalisation des cours d’eau, exigée par la loi, condamnera des hectares de terres agricoles. Les paysans s’inquiètent. P. 19

© philippe cossy

tErrOIrSublime soupe de poissonLe pêcheur professionnel lémanique Manu Torrent concocte de délicieuses soupes et rillettes. Découverte. P. 23

SI vOuS étIEz...

•un animal? le loup, pour son attachement à sa meute.

•un chant d’oiseau? les cris des martinets noirs dans un ciel d’été.

•une saison? le printemps avec les naissances des bébés animaux, une belle saison pour le zoo et la station de soins.

•un plat? Un curry… de légumes! Je suis végétarienne, n’ayant pas envie de tuer pour me nourrir.

•un personnage de fiction? Un hobbit du Seigneur des anneaux. ce sont de gentilles personnes, très attachantes et proches de la nature.

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