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Les Echos Mercredi 10 juin 2015 BNP Paribas révolutionne l’incitation commerciale de ses conseillers BANQUE Véronique Chocron [email protected] Certaines banques mutualistes en avaient fait un argument publici- taire, comme le Crédit Agricole avec son slogan « Nos conseillers n’ont pas d’incitation financière à propo- ser un produit plutôt qu’un autre ». BNP Paribas a décidé à son tour de franchir le pas, en mettant fin aux « commissions à l’acte » attribuées pour chaque produit vendu, et en modifiant radicalement le système d’incitations commerciales de ses conseillers de clientèle. Il s’agit pour la banque de mettre fin à un système qu’elle qualifie dans un document interne de « com- plexe » (fonctionnement par points) et d’« obsolète », parce que « la per- formance ne se résume pas seulement au développement commercial ». Le nouveau modèle d’incitations com- merciales des conseillers, simplifié, se basera sur trois critères. En pre- mier lieu, la qualité de la relation client : tenir la promesse d’un meilleur service et fournir des con- seils adaptés. « Nous voulons ainsi nous assurer que le conseiller prend le temps de bien connaître son client, d’établir un diagnostic approfondi. Nous apprécions également son implication, par exemple sa capacité à répondre à une demande urgente d’un client ou la prise en charge des appels téléphoniques », explique Raphaèle Leroy, responsable des relations avec les associations de consommateurs chez BNP Paribas. Entrée en vigueur en janvier 2016 Deuxième critère : le développe- ment commercial avec « des indica- teurs centrés sur des univers de besoins, et non plus sur des pro- duits », indique la banque. Et enfin, troisième critère : la maîtrise des risques et de la conformité, en veillant à la qualité des ventes et en respectant la politique de risques. La prime des conseillers variera donc selon leur performance indivi- duelle et selon la performance de leurs équipes (par exemple celle de l’agence), sur la base de ces trois indicateurs. Quant au mécanisme de calcul de ces incitations commerciales, il fonctionnera par ligne métier et par comparaison avec une référence, un « montant métier », en l’occur- rence la performance du 40 e meilleur collaborateur sur une base de 100 conseillers. Ce nouveau dispositif, qui entrera en vigueur en janvier 2016, s’inscrit dans la conti- nuité de Préférence Client, la grande réforme du réseau de BNP Paribas en France, qui crée de nou- veaux formats d’agences et fixe le cadre d’une nouvelle relation client. Elle est importante pour les sala- riés, car ces primes commerciales représentent de 10 % à 15 % de leur revenu global. Ces « montants métiers » peuvent par exemple atteindre 6.000 à 7.500 euros par an pour des directeurs d’agence. BNP Paribas a annoncé que l’enveloppe budgétaire globale des primes com- merciales serait maintenue, mais la répartition s’effectuant sur de nou- veaux critères, elle pourrait bien faire des gagnants et des perdants parmi les commerciaux. n l La banque met fin aux « commissions à l’acte », pour chaque produit vendu. l Objectif : améliorer la qualité de la relation client. La banque met ainsi fin au système des « commissions à l’acte » qu’elle qualifie, dans un document interne, de « complexe » et d’« obsolète ». Photo Stéphane Lagoutte/Challenges-RÉA Un Hackathon international pour « enchanter l’expérience client » Améliorer la qualité de la relation client grâce à la technologie. Dans cette perspective, BNP Paribas organise du 12 au 14 juin, sur quarante-huit heures, un Hackathon international, simultanément à San Francisco, Paris, Bruxelles, Rome et Istanbul. Durant cet événement, des entrepreneurs Tech (programmeurs, développeurs, designers et start-up) seront invités à innover pour « enchanter l’expérience client ». Ils collaboreront à l’accomplissement d’un projet construit autour d’un « challenge » spécifique au monde bancaire. Viendra ensuite la phase d’accompagnement de 10 à 12 semaines via une plate-forme internationale en ligne, puis, pour les start- up sélectionnées, une période d’incubation de six mois. 15 % DU REVENU GLOBAL DES SALARIÉS la part que peut représenter la prime commerciale.

BNP Paribas - Nouvelles incitations commerciales

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Les Echos Mercredi 10 juin 2015

BNPParibasrévolutionnel’incitationcommercialedesesconseillers

BANQUE

Véronique [email protected]

Certaines banques mutualistes enavaient fait un argument publici-taire,commeleCréditAgricoleavecson slogan « Nos conseillers n’ontpas d’incitation financière à propo-ser un produit plutôt qu’un autre ».BNP Paribas a décidé à son tour defranchir le pas, en mettant fin aux« commissions à l’acte » attribuéespour chaque produit vendu, et enmodifiant radicalement le systèmed’incitations commerciales de sesconseillers de clientèle.

Il s’agit pour la banque de mettrefinàunsystèmequ’ellequalifiedansun document interne de « com-plexe » (fonctionnement par points)et d’« obsolète », parce que « la per-formanceneserésumepasseulementau développement commercial ». Lenouveau modèle d’incitations com-merciales des conseillers, simplifié,se basera sur trois critères. En pre-mier lieu, la qualité de la relationclient : tenir la promesse d’unmeilleur service et fournir des con-seils adaptés. « Nous voulons ainsinousassurerqueleconseillerprendle

temps de bien connaître son client,d’établir un diagnostic approfondi.Nous apprécions également sonimplication, par exemple sa capacitéà répondre à une demande urgented’un client ou la prise en charge desappels téléphoniques », expliqueRaphaèle Leroy, responsable desrelations avec les associations deconsommateurs chez BNP Paribas.

Entrée en vigueuren janvier 2016Deuxième critère : le développe-ment commercial avec « des indica-teurs centrés sur des univers debesoins, et non plus sur des pro-duits », indique la banque. Et enfin,troisième critère : la maîtrise desrisques et de la conformité, enveillant à la qualité des ventes et enrespectant la politique de risques.La prime des conseillers varieradoncselonleurperformanceindivi-duelle et selon la performance deleurs équipes (par exemple celle del’agence), sur la base de ces troisindicateurs.

Quant au mécanisme de calculde ces incitations commerciales, ilfonctionneraparlignemétieretparcomparaison avec une référence,un « montant métier », en l’occur-r e n c e l a p e r f o r m a n c e d u

40e meilleur collaborateur sur unebase de 100 conseillers. Ce nouveaudispositif, qui entrera en vigueur enjanvier 2016, s’inscrit dans la conti-nuité de Préférence Client, lagrande réforme du réseau de BNPParibas en France, qui crée de nou-veaux formats d’agences et fixe lecadred’unenouvellerelationclient.Elle est importante pour les sala-riés, car ces primes commercialesreprésentent de 10 % à 15 % de leurrevenu global. Ces « montantsmétiers » peuvent par exempleatteindre6.000à7.500eurosparanpour des directeurs d’agence. BNPParibas a annoncé que l’enveloppebudgétaireglobaledesprimescom-mercialesseraitmaintenue,maislarépartition s’effectuant sur de nou-veaux critères, elle pourrait bienfaire des gagnants et des perdantsparmi les commerciaux. n

l La banque met fin aux « commissions à l’acte »,pour chaque produit vendu.l Objectif : améliorer la qualité de la relation client.

La banque met ainsi fin au système des « commissions à l’acte »qu’elle qualifie, dans un document interne, de « complexe »et d’« obsolète ». Photo Stéphane Lagoutte/Challenges-RÉA

Un Hackathon internationalpour « enchanter l’expérience client »Améliorer la qualité de la relation client grâce à la technologie.Dans cette perspective, BNP Paribas organise du 12 au 14 juin,sur quarante-huit heures, un Hackathon international,simultanément à San Francisco, Paris, Bruxelles, Romeet Istanbul. Durant cet événement, des entrepreneurs Tech(programmeurs, développeurs, designers et start-up)seront invités à innover pour « enchanter l’expérience client ».Ils collaboreront à l’accomplissement d’un projet construitautour d’un « challenge » spécifique au monde bancaire.Viendra ensuite la phase d’accompagnement de 10 à 12 semainesvia une plate-forme internationale en ligne, puis, pour les start-up sélectionnées, une période d’incubation de six mois.

15 %DU REVENU GLOBALDES SALARIÉSla part que peut représenterla prime commerciale.