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Enjeux ESG en perspectives : le pic bleu dans l'ombre du pic noir

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Longtemps considrée comme une ressource gratuite ou peu coûteuse, l'eau constitue l'un des principaux enjeux du Développement Durable.Moins médiatisé que n'a pu l'être le pic pétrolier, le pic de l'eau est devant nous. Ressource

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Longtemps considérée comme une ressource gratuite ou peu

coûteuse, l’eau constitue l’un des principaux enjeux du Développement

Durable. Moins médiatisé que n’a pu l’être le pic pétrolier, le pic de

l’eau est devant nous.

Ressource rare ou trop abondante, inégale en qualité, elle est

aujourd’hui source de conflits entre acteurs économiques.

Plusieurs facteurs indiquent que la pression sur la ressource devrait

s’accroître fortement au cours du 21e siècle. Rares sont les régions

du monde qui peuvent espérer être épargnées par les difficultés

d’approvisionnement en eau.

La question est : comment répondre aux besoins croissants de la

population mondiale avec des ressources limitées ? Certaines

entreprises, du fait de leurs activités et/ou de leur implantation

géographique, vont se trouver en risque sur leurs approvisionne-

ments, ceci se traduisant par une hausse des coûts ou par une

pénurie mettant en péril l’activité.

L’efficacité des modes de consommation sera l’une des clés ainsi

que le traitement et la gestion de la distribution. Le potentiel

d’amélioration dans l’utilisation de la ressource est substantiel

dans de nombreux secteurs et notamment dans l’agriculture.

Eric VAN LA BECK

Directeur Recherche et Développement ISROFI ASSET MANAGEMENT

ÉDITO

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Le pic bleu dans l’ombre du pic noir • Juillet 2014 | 1

L’eau, l’abondance de la rareté ...................................... 2

Une demande en mutation ............................................. 3

L’émergence d’un nouveau

modèle économique ......................................................... 5

SOMMAIRE

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2 | Le pic bleu dans l’ombre du pic noir • Juillet 2014

UNE RESSOURCE PEU DISPONIBLEET INÉGALEMENT RÉPARTIE

Si l’eau recouvre à plus de deux tiers notre planètedite « bleue », moins de 1 % de cette ressource estdisponible sous forme d’eau douce. En effet, 97,5 %de l’eau sur terre est salée et 70 % de l’eau douce estgelée donc non disponible. À eux seuls, les glaciersreprésentent 69 % de l’eau douce mondiale contre30 % pour les eaux souterraines et seulement 0,4 %pour les eaux de surface !

De plus, l’eau douce est inégalement répartie. Dèslors, la disponibilité de la ressource doit s’apprécierlocalement. Une dizaine de pays se partage 60 % del’eau douce disponible. Il s’agit du Brésil, de la Russie,de la Chine, du Canada, du Congo, de la Colombie,de l’Inde, des États-Unis et de l’Indonésie. Même àl’intérieur de ces pays, l’eau peut être rare si on lamet en perspective avec la densité de la population.Ainsi, si la Chine et l’Inde sont très bien dotées enmatière d’eau disponible, elles le sont beaucoupmoins si on rapporte la quantité au nombre d’habi-tants. À l’inverse, des pays comme l’Irlande, la Suèdeou la Norvège affichent une quantité d’eau disponibleimportante rapportée au nombre d’habitants.

UNE MAUVAISE GESTION DE L’EAU

Selon la Banque Mondiale, les fuites représentent àelles seules des pertes de 50 millions de m3 par jour !Notons que si près des deux tiers d’entre elles ontlieu dans les pays à faibles et moyens revenus, lespays développés ont les mêmes problématiquespuisqu’aux États-Unis les fuites représentent 15 %(1)

du volume total d’eau potable.

UNE RESSOURCE DÉGRADÉE

Au-delà de la quantité disponible, la pénurie peutégalement provenir d’une détérioration de la res-source. Dans les zones urbaines, la pollution de l’eauest souvent liée à une utilisation inappropriée desespaces et à un système de traitement insuffisant.Par ailleurs, le développement de l’agriculture intensive nécessitant une utilisation massive d’en-grais et de pesticides a entraîné une dégradation dela qualité de l’eau par, notamment, une concentra-tion excessive d’éléments nutritifs entraînant la prolifération d’algues vertes. Enfin, dans les pays en développement, les sources d’eau sont souventconsidérées comme des égouts à ciel ouvert et l’inadéquation, ou l’absence totale, de réseau de traitement des eaux usées a pour conséquenceune forte pollution.

L’EAUL’ABONDANCE DE LA RARETÉ

Source : ONU, 2014

(1) American Society of Civil Engineers

Parallèle entre répartition de la ressource en eau et population

60%

31%

8%15%

13%13%

1%12%

13%7%

6%22%

Source : ONU, 2013

97,5 %eau salée

2,5 %eau douce EAU

DOUCE70 %

glace

30 %eau

souterraine

Répartition de la ressource en eau sur la planète

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(2) Food and Agriculture Organization

L’eau que nous consommons est très largement utilisée pour l’agriculture (70 %) et dans de moindresmesures pour l’industrie (20 %) et la consommationdomestique (10 %). Néanmoins, une modification de cet équilibre peut être envisagée dans les annéesà venir, notamment en raison des pratiques des paysen développement.

L’AGRICULTURE : LA DEMANDE ENEAU DEVRAIT SE STABILISER À TERME

Selon la FAO(2) , il faut 1000 fois plus d’eau pour nourrirune population que pour satisfaire sa soif. L’enjeu estd’autant plus important que la demande mondialeen nourriture augmente au fur et à mesure que la population mondiale croît et que les habitudes alimentaires s’alignent sur le mode de consomma-tion occidental. Aussi, l’élevage est nettement plusconsommateur d’eau que les différentes culturescomme les céréales. Selon la FAO, et en prenant en compte l’ensemble du cycle de production, il faut15 500 litres d’eau pour produire 1 kg de viandecontre 590 litres d’eau pour 1 kg de blé.

L’utilisation, non soutenable, de l’eau par les agricul-teurs s’est accélérée en raison de la combinaison deplusieurs facteurs comme la diminution des coûtsd’extraction ou encore les subventions gouverne-mentales pour l’installation de pompes. Les poli-tiques économiques en matière agricole ont eu unevision à court terme favorisant des comportementsnon durables.Néanmoins, la FAO attend une diminution de laconsommation d’eau nécessaire à l’agriculture enraison principalement de la baisse des besoins en irrigation (- 14 % entre 2000 et 2050). Le dévelop-pement des systèmes d’irrigation dits « intelligents »devrait permettre de réduire les consommationsd’eau en apportant uniquement l’eau dont a besoinla plante.

L’INDUSTRIE : LE PLUS GRANDCONSOMMATEUR DE DEMAIN

En fonction des pays, la consommation d’eau variefortement. Alors que, selon la Banque Mondiale, l’industrie représente une grande partie des prélèvements en eau dans les pays à hauts revenus,ils tombent à 10 % dans les pays à faibles et moyensrevenus. Dès lors, le développement économiqueentamé par ces derniers va mécaniquement entraînerune augmentation de la consommation d’eau.Deux secteurs industriels sont plus particulièrementconcernés par cet enjeu. Le secteur de l’énergie abesoin d’une grande quantité d’eau afin d’alimenterses systèmes de refroidissement. 20 % des besoinsen eau du secteur industriel en Chine sont liés à la production d’électricité et ils devraient atteindre les40 % durant la prochaine décennie. De même, lesecteur pétrole et gaz, avec le développement del’extraction non conventionnelle devrait voir ses besoins augmenter fortement.

LA CONSOMMATION DOMESTIQUE :LA FORTE CROISSANCE DE LA DEMANDE

Nous attendons une forte augmentation de laconsommation d’eau domestique. Cette dernièredevrait être la conséquence de trois tendances delong terme.En premier lieu, la très forte croissance de la populationmondiale va entraîner une plus forte consommation

UNE DEMANDE EN MUTATION

6 000 Km3

5 000

4 000

3 000

2 000

OCDE BRICS2000 20502000

Irrigation Domestique

Bétail Industrie

Électricité

2050

1 000

0

MONDE2000 2050

AUTRES2000 2050

Répartition de la demande en eau

Quantité d’eau nécessaire pour 1 kg

Source : OCDE, 2013

Source : FAO, 2013

Bananes345 L

Blé590 L

Riz1 600 à 5 000 L

Coton5 263 L

Boeuf15 500 L

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en eau. La population devrait atteindre les 9 milliardsen 2050 contre 7 en 2011(3) !En deuxième lieu, l’urbanisation grandissante en-traîne une augmentation de la pression sur l’eau.Selon les Nations Unies, 70 % de la population mondiale sera citadine en 2050. Or l’urbanisation ralentit le taux de renouvellement des nappesphréatiques et impacte la qualité de l’eau. Dès lors,la fourniture en eau de ces populations sera un enjeumajeur et il faudra mettre en place des infrastruc-tures efficientes.En troisième lieu, l’augmentation du niveau de viede ces nouvelles populations urbaines augmenteleur consommation en eau. Et ce, en conséquencede la modification de leur régime alimentaire (aug-mentation de la consommation de viande) et du développement des loisirs.

Ces tendances de long terme montrent que la pression sur l’eau devrait s’accentuer dans les années à venir. La combinaison de ces facteurs (une ressource rare, une population mondiale enaugmentation et le développement économique)entraîne un phénomène de stress hydrique.

UN DÉSÉQUILIBRE ENTRE L’OFFREET LA DEMANDE : LE STRESS HYDRIQUE

Le stress hydrique se définit comme une situationoù la demande en eau est supérieure aux ressourcesdisponibles. Selon le World Resources Institute, aujourd’hui, les zones géographiques en stress hydrique ou proches de l’être se situent en Afriquedu Nord, au Moyen-Orient, en Australie, en Afriquedu Sud, aux États-Unis, au Mexique ou encore

en Chine. En Europe, certaines régions d’Espagne,d’Italie, de France et même de Belgique sont touchées. Comme évoqué précédemment, nous retrouvons, logiquement, des régions peu dotées en eau (ex : Afrique du Nord) mais aussi des pays oùla ressource en eau est importante (ex : Chine).

Le changement climatique devrait accentuercette situation de stress hydrique. À horizon 2025,sur la base d’un scenario intermédiaire du GIEC(4),ces situations soit stagneront, soit s’aggraverontcomme par exemple au Moyen-Orient et en Afriquedu Nord.

(3) Nations Unies • (4) Groupement d’Experts Intergouvernementaux sur le Climat

Consommation quotidienne moyenne d’eau domestique par personne

Quantité d’eau douce disponible par personne

Source : UNESCO, 2013

Sources : FAO, Nations Unies, World Resourcess Institute (WRI), United Nations Environment Program & Philippe Rekacewicz

(Le Monde Diplomatique)

10L200L

400L

Américain Européen Africain

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Le prix de l’eau est souvent trop faible pour inciterles consommateurs à réduire leur consommationd’eau. Pourtant, le prix de l’eau peut être significatifcar il englobe le coût du transport, celui du traite-ment de l’eau et ceux liés à l’exploitation et à lamaintenance des sites de production et d’achemi-nement. En octobre 2012, au niveau de l’OCDE, uneétude conduite auprès de 244 cadres d’entreprisesdu secteur a montré, qu’à leurs yeux, la principalebarrière pour répondre à la demande est le gaspil-lage de l’eau.

Aussi, la tarification durable des services liés à l’eau(recommandée par l’OCDE) pourrait être un moyende mettre en exergue la rareté de la ressource etdonc de promouvoir une meilleure efficacité dans lagestion de la ressource et une plus grande maîtrisede la demande en eau. Néanmoins, l’eau ne doit pasêtre considérée comme un produit quelconque dansla mesure où il correspond à un besoin vital del’Homme. Il est fondamental de trouver un systèmepermettant l’accès à l’eau pour l’ensemble de la population.

LA GESTION DE LA RESSOURCE EN EAU : UN RISQUE POUR LES ACTEURS ÉCONOMIQUES

Naturellement, le premier secteur concerné est celuides services aux collectivités avec les acteurs qui ontune activité de gestion de la ressource en eau (eauet assainissement). De la même manière, le secteur« boissons » est au cœur de la problématique puisquecertains acteurs en font commerce.

Il ne faut pas néanmoins oublier les consommations« cachées » d’eau. Certains secteurs, ou la dépen-dance en matière d’eau est moins évidente, sontparticulièrement dépendants. C’est le cas du secteurdes semi-conducteurs où le processus de productionnécessite d’importantes quantités d’eau hautementpurifiée afin d’assurer la pureté des matériaux. Ainsi,la consommation quotidienne mondiale d’eau dusecteur est estimée entre 7,5 et 15 millions de litresd’eau !

UN TRIPLE RISQUE

• Le risque de réputation : une mauvaise gestion de la ressource en eau peut avoir un impact négatifsur l’image d’une entreprise auprès de ses partiesprenantes. Aussi, NestLé a été forcée de renégocier ou a perdu des contrats d’exploitation de sourcesaux États-Unis en raison de la pression des parties prenantes. En 2005, à Fryeburg dans le Maine(États-Unis), Nestlé – qui avait obtenu l’autorisationd’exploiter une nouvelle source d’eau et de la trans-porter par camions – s’est vue retirer son permisd’exploitation suite aux plaintes portées devant lestribunaux par une association de riverains.

• Le risque de production : le prix des matières premières peut augmenter en raison de la rareté de l’eau pour les cultiver. CarLsberg a ainsi vu sesmarges opérationnelles passer de 27,8 % en 2010 à 21,7 % en 2011 en raison des variations des prix du blé.

• Le risque légal et de régulation : l’apparition de nouvelles lois peut entraîner des surcoûts pourles entreprises. Ainsi, en Inde, l’État du Kerala aadopté une loi autorisant les riverains à poursuivreCoCa-CoLa en justice pour dégradation de l’envi-ronnement.

Notre analyse nous permet d’identifier les entre-prises qui intègrent au mieux ces risques dans laconduite de leur activité.

UNE SÉLECTION D’ACTEURS QUI MAITRISENT LEURS RISQUES

• Secteur «Boissons» :HeiNekeN, ab iNbev, Diageo,sab MiLer, CarsLberg et CoCa-CoLa HbC sem-blent être les « meilleurs » dans la mise en place demoyens significatifs pour gérer ce risque. Parmi lesmesures mises en place par certains, on peut noterla collaboration avec les agriculteurs pour améliorerleurs pratiques, le calcul de l’intensité en eau (quan-tité d’eau nécessaire pour produire une quantité de produit fini), la cartographie des zones géogra-phiques à risque, l’installation de leur propre usinede retraitement de l’eau ou encore la fixation d’objectifs de réduction de la consommation d’eaupour les unités de production.

L’ÉMERGENCED’UN NOUVEAU MODÈLE ÉCONOMIQUE

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• Secteur « Produits alimentaires » : DaNoNe etUNiLever sont les entreprises les plus en avance pour gérer cet enjeu grâce notamment à la fixationd’objectifs ambitieux, des outils de mesure de l’affectation de la ressource, une collaboration avecles agriculteurs…

• Secteur « Hôtellerie et voyages » : aCCor semblel’entreprise la plus en avance en raison de la gestionde ses impacts directs sur l’eau et des mesuresprises pour les limiter : recours à des régulateursd’eau, systèmes de récupération des eaux de pluieset certification de certains hôtels.

• Secteur « Semi-conducteurs et équipements deproduction » : st MiCroeLeCtroNiCs a su intégrerà son processus de production des objectifs de réduction de sa consommation en eau, la réutilisa-tion et le recyclage de l’eau utilisée et la mise enplace de stratégies adaptées à chaque site.

• Secteur « Services aux collectivités-producteursd’électricité » : aCCioNa, eDP et CeNtriCa ont no-tamment mis en place des programmes de gestion des risques, de réductions des prélèvements en eau,des plans de prévisions des sécheresses ou encoredes produits plus efficaces (pompes par exemple).

• Secteur « Service aux collectivités eau et assai-nissement » : veoLia eNviroNNeMeNt et sUezeNviroNNeMeNt sont les mieux placées en raisonde la fixation d’objectifs de réduction de fuites, de la R&D (recharge de nappes phréatiques à partird’eaux de pluie et d’eaux usées dépolluées, valorisa-tion des eaux usées, compteurs intelligents), de l’incubation de start-up, d’outils de mesure de

brasseur opérant dans lemonde entier, ab inbev estimplanté dans des zones destress hydrique. L’entreprise a

conduit une étude montrant que 7 % de ses usinessont situées dans des régions de fort stress hydrique. Conscient de cet enjeu, ab inbev a investisignificativement afin de réduire sa consommationd’eau dans son processus de production. aussi, l’entreprise a vu sa consommation d’eau pour la production d’un litre de bière passer de 4,3 L en 2009à 3,5 L en 2012 (- 19 %).

acteur majeur du secteur des semi-conducteurs, stMicroelectronics a mis en place une politique de diminution de ses consommations

d’eau très développée et a obtenu de sérieuses réductions en la matière. L’entreprise s’est fixée un objectif long terme de réduction de 5 % par an de ses consommations d’eau par unité de production.ainsi de 2000 à 2010, stMicroelectronics a vu son intensité en eau se contracter de 50 %. La politique du groupe s’articule autour, d’une part,des investissements dans des outils de productionmoins consommateurs en eau et, d’autre part, dansle recyclage et la réutilisation de l’eau utilisée lors du processus de production.

L’entreprise affiche une faible intensité en eau de 37 516 m3

pour générer 1000 $ de chiffred’affaires contre 349 546 m3

pour la moyenne du secteur. si une partie de l’écarttrouve son explication dans la différence des modesde production entre les acteurs (ex : nucléaire vs éolien), l’autre partie provient des efforts fournis par le groupe. Pour atteindre ce résultat, acciona acommencé par faire l’analyse de ses consommations,puis a mené des audits et a pris des mesures correc-tives. Par ailleurs, une partie de sa recherche & Déve-loppement est destinée à diminuer la pression sur la ressource en eau. À titre d’exemple, l’entreprise ainvesti dans des technologies visant à remplacer l’utilisation des eaux de surface par le retraitementdes eaux usées.

en tant qu’entreprise mondiale du secteuralimentaire concentrée sur la nutrition,l’enjeu « eau » revêt un caractère particu-lièrement important. Danone a mis en

place un outil de mesure de son empreinte en eaupermettant d’évaluer sa dépendance en eau tout aulong du cycle de vie de ses produits. aussi, Danoneaffiche une réduction de 41 % de ses consommationsd’eau de 2000 à 2010 (au-delà de son objectif quiétait de 30 %). en 2011, sa consommation d’eau acontinué de baisser de 5,2 %.

Premier opérateur hôteliermondial, le groupe est im-planté dans de nombreusesrégions en situation de stress

hydrique. en 2010, accor s’est fixé comme objectif deconstruire des nouveaux hôtels consommant 20 %d’eau en moins. Concernant les hôtels déjà construits,l’objectif est de réduire sa consommation en eau de15 % à horizon 2015 (vs 2011). À titre d’exemple, legroupe a installé des systèmes permettant de suivreles consommations d’eau dans 96 % de ses hôtels et93 % sont équipés de régulateurs de débit pour lesdouches et les robinets. Notons que l’entreprise entend sa responsabilité au sens large puisqu’elle va déployer un plan visant à réduire l’eau utilisée afinde produire la nourriture servie dans ses hôtels.

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l’empreinte eau pour les clients, de la réduction desprélèvements sur la ressource, de la gestion de la demande, de la réduction des fuites…

• Le secteur « Mines et sidérurgie » ne semble pasavoir pris la mesure de la problématique. En effet,aucune entreprise n’est à prendre en exemple pourses bonnes pratiques. Deux entreprises, aCeriNoxet saLzgitter, sont plus avancées que les autres.

L’EXPLOITATION DE LA RESSOURCE EN EAU : DE NOUVELLES OPPORTUNITÉSPOUR LES APPORTEURS DE SOLUTIONS

Parallèlement, un ensemble d’acteurs peut avoir des opportunités à saisir en apportant des solutions.Nous pouvons les distinguer selon trois catégories :

UNE SÉLECTION D’ACTEURS QUI SURFENT SUR LA VAGUE

Parmi les entreprises qui se distinguent, on peutciter :

• Désalinisation : sUez eNviroNNeMeNt (via safiliale Degrémont), aCCioNa, abeNgoa ou veoLiaeNviroNNeMeNt.

Positionnement des entreprises par rapport à leur secteur sur la thématique

de la gestion de la ressource en eau

Source : ONU, 2013

AB INBEV DANONE ACCOR STM ACCIONA VEOLIA

EntrepriseMeilleure / Plus faible du secteur10

9

8

7

6

5

4

3

2

1

0

TRAITEMENT DE L’EAU

Founisseurs de matériels (filtres, adoucisseurs, produits chimiques...)

Fourniture de services (traitement chimique des eaux usées)

Contrôles(tests de qualité de l'eau)

GESTION DES RESSOURCES

Limitation du recours à l'irrigation(plants résistants à la sécheresse)

Systèmes d'irrigation plus économes en eau (utilisation de l'eau en fonction des besoins)

Meilleure mesure des consommations d'eau (compteurs « intelligents »)

INFRASTRUCTURES ET FOURNISSEURS

Renouvellement ou développement des infrastructures

(financement, conception, construction...)

Exploitation des réseaux de distribution

Fournisseurs d'eau en bouteille

Degrémont, filiale de suez environ-nement, est un pionnier (depuis1969 sur l’île de Houat) concernantla technologie dite « d’osmose

inverse ». Cette technique consiste à faire passer l’eausous pression à travers une membrane qui laisse circuler l’eau mais qui retient les sels. Dans le mêmetemps, suez intègre le recours aux énergies renouve-lables afin d’alimenter les usines, favorise la récupé-ration d’énergie en interne et met en œuvre desprocédés de dispersion des concentras salés pourprotéger la faune et la flore marines.

La politique de réductiondes consommations d’eauengagée par le groupe estlargement fondée sur la

réduction des fuites d’eau concernant son réseau de distribution. ainsi, l’entreprise s’est fixée comme objectif de réduire de 4 % les pertes liées à des fuitessur la période de 2011 à 2014. Parallèlement l’entre-prise s’est également engagée à augmenter de 10 %la part de l’eau réutilisable après son retraitement.

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• Traitement de l’eau : aLFa LavaL (filtres, décan-teurs, centrifugeuses), basF (produits chimiques detraitement, plastiques pour filtrage…), best WaterteCHNoLogies (filtres, adoucisseurs, constructiond’usines de traitement des eaux), keMira (servicesde traitement chimique de l’eau pour les industries),oUtoteC (traitement des eaux des mines, chimieet eaux usées).

• Contrôle : bUreaU veritas (tests de la qualitédes eaux après traitement), sgs (test qualité deseaux, traitement des eaux contaminées par des métaux lourds pour mines et industrie), sPirax-sarCo (contrôle et efficience de l’utilisation de la vapeur d’eau).

• Irrigation : basF, MoNsaNto, syNgeNta qui développent des plants résistants à la sécheresse ou des traitements chimiques (aux conséquencessanitaires encore mal évaluées) visant à diminuer les consommations d’eau (certains produits maintiennent un taux élevé de photosynthèse enpériode de stress hydrique), geberit (systèmesd’irrigation).

• Mesure des consommations : HexagoN (program-mes d’optimisation des consommations d’eau pourl’agriculture), itroN (compteurs « intelligents » decollecte et de transmission de données).

kemira est une entreprise dechimie basée en Finlande etspécialisée dans le traite-ment de l’eau pour les entre-

prises industrielles. en 2012, près de 80 % de son chiffred’affaires concernait le traitement de l’eau. Plus parti-culièrement, le groupe intervient sur les secteurs du papier (44 %), des municipalités (30 %) et des secteurs pétrolier et minier (15 %). Les solutions développées par le groupe permettent de gérer des volumes importants tout en garantissant une parfaite qualité de l’eau, d’améliorer les consomma-tions énergétiques et d’économiser les matières premières.

syngenta est le numéro 1mondial concernant la protection des cultures.Les solutions dévelop-

pées par le groupe permettent une utilisation efficacede la ressource en eau tout en conservant un haut rendement. ainsi, le groupe commercialise unsystème permettant d’évaluer le niveau d’eau dans le sol et ainsi d’adapter la quantité d’eau à fournir à la plante. De la même manière, la solution invisa,permet de bloquer le processus de vieillissement naturel de la plante, ce qui lui permet de mieux résister aux périodes de sécheresse. À long terme, syngenta devrait être bien positionnéepour profiter des phénomènes météorologiques extrêmes liés au dérèglement climatique.

spirax-sarco est le leadermondial dans le contrôle et la gestion de la vapeur etautres fluides industriels.

Contrairement aux fournisseurs de traitement de l’eautraditionnels qui se concentrent sur la chaudière, spirax-sarco prend également en considération lesystème de vapeur et de condensation. L’offre développée permet d’analyser la qualité de l’eau,d’augmenter l’efficacité de l’usine, de réduire les consommations énergétiques et les coûts demaintenance.

Hexagon fournit un sys-tème visant à mesurer lesobjets en 1, 2 ou 3 dimen-sions.

Les applications et services touchent aussi bien lesentreprises qui fournissent l’eau, que les agriculteurs(permet d’optimiser l’utilisation de l’eau aux besoinsde la plante) ou les grosses infrastructures comme les barrages. ainsi, Hexagon a remporté le marché pour le barragedes trois gorges en Chine.

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(5) Le Carbon Disclosure Project fournit aux investisseurs et décideurs de l’information concernant l’impact environnemental des entreprises en matière de gaz à effet de serre, d’eau et de forêt.

Le parallèle entre le dérèglement climatique et la pénurie d’eau est

intéressant. Si le dérèglement climatique est largement couvert d’un

point de vu médiatique, il en est différemment pour la disponibilité

de la ressource en eau. Or, tout nous laisse à penser qu’il s’agit d’une

problématique en devenir.

Cet écart entre l’attention que nous portons à la thématique clima-

tique, d’une part, et l’eau d’autre part, est certainement voué à se

réduire à mesure que la pression sur la ressource va croître. Cette

pression va se renforcer d’autant plus que le dérèglement climatique

va s’intensifier. Cette tendance nous semble d’ores et déjà perceptible

à travers certaines initiatives telles que le Carbon Disclosure Project

(CDP)(5) qui était initialement focalisé sur l’enjeu carbone et qui a

développé de nouvelles thématiques dont, notamment, l’eau à

travers son outil de reporting CDP water.

Le Groupe OFI a pris la mesure de cet enjeu en identifiant les secteurs

à risques sur la problématique de l’eau et en étant capable d’identifier

les entreprises les moins risquées en la matière au sein de ces

secteurs à risque. De la même manière, nous avons déterminé les

secteurs pour lesquels la problématique de l’eau allait générer des

opportunités économiques ainsi que les acteurs les mieux placés afin

d’en bénéficier. Enfin, le Groupe OFI marque son engagement en tant

qu’investisseur responsable en la matière en s’impliquant dans des

initiatives volontaires comme signataire du CDP water.

CONCLUSION

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