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Le ralentissement de l’économie chilienne s’accélère et à l’instar de la zone, sa devise s’est dépréciée. La Banque Centrale du Chili (BCCh) a récemment abaissé son taux directeur à 4.00%, dans le prolongement du premier cycle baissier observé depuis la crise de 2008. Les prévisions hebdomadaires des économistes interrogés par la BCCh suggèrent un potentiel de 1 à 2 baisses supplémentaires d’ici fin 2014. Enfin, la balance cou- rante continue d’être largement déficitaire malgré une amélioration des échanges extérieurs. Taux d’intérêt : Target Banque Centrale BCCh Le Chili maintient des prévisions de croissance élevées pour 2014, pariant sur une consommation domestique soutenue, alors que le taux de chômage repart légèrement à la hausse à 6.4% fin mars (contre un plus bas à 5.7% en 2013). Cependant la croissance nette du PIB ne cesse d’être revue à la baisse au fil de l’eau. A l’inverse du cycle baissier de taux et du ralentissement économique, le pays doit faire face aussi à une remontée de l’inflation, principalement due aux services et à l’énergie (voir publication trimestrielle de la BCCh sur l’inflation, Mars 2014), et à une faiblesse de la devise renchérissant les risques d’inflation importée. La conjonction de ces deux facteurs a eu cependant un effet positif sur le crédit et l’immobilier alors que ces derniers étaient fortement dépri- més il y a encore quelques mois . Dans cet environnement, la baisse des taux accompagne le ralentisse- ment de l’activité, les inquiétudes persistantes sur la zone LatAm et les matières premières ne risquant pas de s’amenuiser tant l’incertitude sur la croissance mondiale demeure. Bien que les attentes pour 2014 restent fortes, à court terme les indica- teurs d’activité des chefs d’entreprises sont en berne à l’image du gra- phique ci-dessus. Seul l’indice de confiance des ménages en l’écono- mie (IPEC publié par GfK Adimark) tire son épingle du jeu, demeurant au-dessus de 50 après un été difficile. Un constat similaire sur l’enquête IPeCO peut être dressé. Les autres enquêtes PMI « Icare » par exemple renforcent ce signal baissier de momentum de l’activité et militent pour une baisse des taux supplémentaire, pouvant aller jusqu’à 3% comme le présente notre modèle ci-dessus. A court terme, nous maintenons un avis baissier sur la politique de taux de la Banque Centrale du Chili, qui s’explique par le manque de dynamisme de l’activité. Analyses et Prévisions : Amérique du Nord et du Sud Juin 2014 Amérique Latine : Chili [S&P AA- / Moody’s Aa3] 34 OFP Funds Fig. 2-2 : Enquêtes d’activité nationales Principaux Indicateurs Fig. 2-1 : Problématique d’Inflation Fig. 2-3 : Taux court chilien et séries domestiques 034_048_ameriques.indd 1 30/05/2014 16:07:43

Green book june 2014 chili

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Notre analyse en français de la situation macroéconomique du Chili présentée en Juin dernier lors de notre conférence semi annuelle à l’Hôtel Bristol

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Page 1: Green book june 2014 chili

Le ralentissement de l’économie chilienne s’accélère et à l’instar de la zone, sa devise s’est dépréciée. La Banque Centrale du Chili (BCCh) a récemment abaissé son taux directeur à 4.00%, dans le prolongement du premier cycle baissier observé depuis la crise de 2008. Les prévisions hebdomadaires des économistes interrogés par la BCCh suggèrent un potentiel de 1 à 2 baisses supplémentaires d’ici fin 2014. Enfin, la balance cou-rante continue d’être largement déficitaire malgré une amélioration des échanges extérieurs.

Taux d’intérêt : Target Banque Centrale BCCh

Le Chili maintient des prévisions de croissance élevées pour 2014, pariant sur une consommation domestique soutenue, alors que le taux de chômage repart légèrement à la hausse à 6.4% fin mars (contre un plus bas à 5.7% en 2013). Cependant la croissance nette du PIB ne cesse d’être revue à la baisse au fil de l’eau.

A l’inverse du cycle baissier de taux et du ralentissement économique, le pays doit faire face aussi à une remontée de l’inflation, principalement due aux services et à l’énergie (voir publication trimestrielle de la BCCh sur l’inflation, Mars 2014), et à une faiblesse de la devise renchérissant les risques d’inflation importée.

La conjonction de ces deux facteurs a eu cependant un effet positif sur le crédit et l’immobilier alors que ces derniers étaient fortement dépri-més il y a encore quelques mois .

Dans cet environnement, la baisse des taux accompagne le ralentisse-ment de l’activité, les inquiétudes persistantes sur la zone LatAm et les matières premières ne risquant pas de s’amenuiser tant l’incertitude sur la croissance mondiale demeure.

Bien que les attentes pour 2014 restent fortes, à court terme les indica-teurs d’activité des chefs d’entreprises sont en berne à l’image du gra-phique ci-dessus. Seul l’indice de confiance des ménages en l’écono-mie (IPEC publié par GfK Adimark) tire son épingle du jeu, demeurant au-dessus de 50 après un été difficile. Un constat similaire sur l’enquête IPeCO peut être dressé.

Les autres enquêtes PMI « Icare » par exemple renforcent ce signal baissier de momentum de l’activité et militent pour une baisse des taux supplémentaire, pouvant aller jusqu’à 3% comme le présente notre modèle ci-dessus.

A court terme, nous maintenons un avis baissier sur la politique de taux de la Banque Centrale du Chili, qui s’explique par le manque de dynamisme de l’activité.

Analyses et Prévisions : Amérique du Nord et du Sud Juin 2014

Amérique Latine : Chili [S&P AA- / Moody’s Aa3]

34 OFP Funds

Fig. 2-2 : Enquêtes d’activité nationales

Principaux Indicateurs

Fig. 2-1 : Problématique d’Inflation Fig. 2-3 : Taux court chilien et séries domestiques

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Page 2: Green book june 2014 chili

A plus long terme, des problématiques de croissance nominale condi-tionnent un retour vers les 5 à 6% des taux, afin d’éviter la formation de bulles liées à une politique de taux inappropriée.

Le graphique ci-dessus donne quelques points de repère, notamment grâce au regain d’activité dans la construction. Selon l’organisme CChC, spécialisé dans la construction, on ne doit cependant pas s’at-tendre à une croissance forte des volumes dans les mois qui suivent.

Le graphique ci-dessus a un pouvoir prédictif puisque la série verte est présentée avancée d’environ 6 mois et anticipa correctement la crise de 2008 tout comme la remontée des taux de 2010.

Taux de Change : Peso Chilien (CLP)

Le cuivre demeure la première richesse du Chili qui dispose de la plus grande part des réserves mondiales. Dans ce climat de baisse des prix, dont nous faisions déjà état toute l’année 2013, il est important de voir que les exportations du minerai rouge en dollars n’ont guère changé, signe d’une augmentation des volumes pour pallier à la baisse des re-venus.

La baisse de la balance commerciale, qui flirtait avec zéro depuis de nombreux mois, semble désormais faire partie de l’histoire ancienne. Cette dernière renoue avec les grands excédents de 2010 et 2011, outrepassant très largement les soldes mensuels observés en 2012 et 2013. Le Chili est toujours très dépendant des capitaux extérieurs. Ces derniers représentant 8% du PIB, ils sont un moteur non négligeable de performance de l’économie et à ce titre la faiblesse de la balance cou-rante demeure une épée de Damoclès pour le pays (attendue en contraction de 3.6%).

Fort heureusement, le pays jouit d’un endettement somme toute faible et de confortables réserves de change (équivalentes à environ 15% du PIB).

Nos modèles attendaient une légère appréciation du CLP pour la fin d’année / début 2014, notamment grâce au rééquilibrage de la balance en biens. Le Peso chilien a néanmoins perdu plus de 10% de sa valeur depuis mi-2013 et l’amélioration attendue s’est produite sur l’indice boursier l’IPSA 40 qui enregistre un léger gain depuis notre dernière publication.

Nos modèles restent positifs mais la prudence suggère d’attendre des signaux plus encourageants en raison du retrait de l’activité et d’enquêtes hors ménages mal orientées. Sources : Encuesta : Evaluación Gestión de Gobierno, Informe Mensual Abril 2014.

IPEC : Índice de Percepción de la economía, Informe Mensual Marzo 2014

Informe de Política Monetaria, Marzo 2014

Índice de Percepción del Consumidor, Centro de Estudios en Economía y Negocios, Universidad del Desarrollo.

ICARE Instituto Chileno de Administración Racional de Empresas

[…]

Analyses et Prévisions : Amérique du Nord et du Sud Juin 2014

OFP Funds 35

Fig. 2-4 : Ratio constructions / population vs taux court chilien

Fig. 2-5 : Modèle domestique sur le Peso chilien

Fig. 2-6 : Exportations mensuelles de cuivre en USD

Fig. 2-7 : Prévisions sur le Peso chilien (CLP)

Le Pérou maintient des perspectives de croissance que de nombreux voisins envieraient avec un endettement global relativement stable (voir table ci-dessus).

Ainsi le Pérou demeure le pays avec le plus fort potentiel de croissance avec une estimation supérieure à 5%, loin devant le Brésil et le Mexi-que.

La Banque Centrale du Pérou (BCRP) maintient son taux directeur à 4.00% depuis plusieurs mois et les prévisions des modèles sug-gèrent une reprise du cycle d’assouplissement en raison de la baisse de l’inflation et du crédit. La devise n’a que marginalement souffert de la crise de Janvier, l’investissement massif étranger et une consommation domestique soutenue ont occasionné la créa-tion d’un important déficit de la balance courante qui devrait per-durer à ce niveau, et militent pour un sol péruvien globalement inchangé.

Taux d’intérêt : Target Banque Centrale CBRP

En Novembre dernier, dans le livret vert OFP, nous évoquions l’arme du ratio de réserves comme le meilleur outil de transmission de la politique monétaire. Ce dernier demeure un outil majeur pour stimuler une activi-té de crédit faible et combattre aussi la dollarisation des prêts et des dépôts.

Ainsi, la Banque Centrale a continué d’abaisser le taux de ce dernier de 16% à 12% en Décembre, avec une marge potentielle de baisse, car encore loin des niveaux de 2009 (voir graphe ci-dessus).

A l’instar de nombreux voisins, l’inflation demeure au-delà de la bande de fluctuation du mandat de la banque centrale mais sans que cela ne remette en cause les anticipations d’inflation à long terme.

On peut ainsi dire que les anticipations demeurent ancrées quand bien même le taux de chômage demeure bas. De fait, ceci maintient des marges d’actions pour la banque centrale qui peut agir sur le RRR com-me énoncé précédemment. Mais aussi le taux directeur à mesure que l’inflation recule et une fois l’impact de la baisse de la devise en 2013 éliminé du calcul du glissement annuel.

Par conséquent, et conformément à notre modèle de taux présenté ci-dessus, nous nous attendons à un début de cycle baissier pour stimuler une activité de crédit qui peine à accélérer (ratio M4/M1 continue de chuter)

Analyses et Prévisions : Amérique du Nord et du Sud Juin 2014

Amérique Latine : Pérou [S&P BBB+ / Moody’s Baa2]

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Fig. 2-9 : Inflation et anticipations fin d’année (enquête CBRP)

Principaux Indicateurs

Fig. 2-8 : Ratio de réserves obligatoires - Crédits en PEN Fig. 2-10 : Prévisions modèle OFP - Données domestiques

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