4
universitaire universitaire l’Action LE JOURNAL DE L’UNION NATIONALE INTER-UNIVERSITAIRE N°250 Juillet-Aôut 2005 2 Euros l’Action L’action universitaire - page 1 UNI - LA DROITE UNIVERSITAIRE - 8, rue de Musset - 75016 Paris - 01.45.25.34.65 - fax. : 01.45.25.51.33 Directeur de la publication : J. Rougeot - CPPAP 0507 G 79428 - dépôt légal troisième trimestre 2005 - Mensuel Travail salarié et études, Un passeport pour la réussite Par Olivier Vial ertaines idées reçues ont la vie dure, comme celle consistant à prétendre que le tra- vail pendant les études est un obs- tacle à la réussite des étudiants. Une étude (1) réalisée par deux chercheurs et publiée en 2004 dans la revue « Economie et sta- tistique », permet, enfin, de faire taire cette rumeur. Une pratique habituelle Le travail pendant l’année scolaire est, en réalité, une pratique très courante pour les étudiants. Ils ne sont que 5 % à n’avoir jamais tra- vaillé dans une entreprise ou une administration. 80 % des étu- diants sortis de l'enseignement supérieur en 1998 ont « signé au moins un contrat de travail qui n’est pas un stage, c'est-à-dire de leur propre initiative » pendant leurs études. L’exercice d’une acti- vité rémunérée est donc largement répandu et même valorisé par les étudiants. Ils considèrent ainsi que ce travail leur a apporté des com- pétences, des réseaux de relations professionnelles ou tout au moins une expérience méritant d'être signalée dans leur CV. La réalité est, une nouvelle fois, très loin de la caricature misérabiliste présen- tée par l’UNEF. Bien entendu, plus les activités sont en lien avec les études suivies ,plus elles sont valorisées par les étudiants et leurs futurs employeurs, mais le fait d'avoir exercé des petits boulots même sans rapport direct avec ses étu- des, est aussi apprécié par les recruteurs qui y voient le signe d’un tempérament volontaire et d’une bonne organisation. Un choix réfléchi Les raisons qui amènent un étu- diant à travailler pendant ses étu- des sont multiples. Bien entendu, le désir de gagner un peu d’argent pour financer ses études ou se faire plaisir occasionnellement est une des premières explications qui vient à l’esprit. Les auteurs de cette étude remarquent que « sou- vent partiel ou complémentaire au début, ce financement par l’activi- té professionnelle prend une part de plus en plus importante dans les ressources de l’étudiant au fur et à mesure qu’il avance dans ses études ». Dans la mesure où les effectifs de deuxième cycle vont continuer à augmenter, le nombre C ATTAC contre l'école Avec plus d'un tiers de ses adhé- rents (1) dans l'éducation natio- nale, ATTAC a lancé une vérita- ble OPA sur l'Ecole. Afin de faire barrage à " la marchandisation et à l'offensive libérale contre l'éco- le", la nébuleuse antimondialiste tente d'infiltrer les salles des profs pour y répandre son idéo- logie marxiste et anti-libérale. Le manifeste de l'association annonce clairement la couleur : "nous souhaitons oeuvrer à ce que les esprits conditionnés par près d'un quart de siècle de bourrage de crâne libéral recom- mencent à fonctionner libre- ment". Au vue des thèses avan- cées par l'organisation et de cel- les enseignées dans nos lycées, on est en droit de se demander qui est réellement à l'origine de ce bourrage de crâne ? En France, l'enseignement de l'é- conomie est assez différent de celui qui est pratiqué, sous le même vocable, dans les autres pays de la planète, sans doute pour protéger les élèves des risques de la mondialisation. Largement influencés par des gourous néo-marxistes ou par ceux de l'école de la régulation, (suite page 3)

Action universitaire - juillet 2005

  • Upload
    uni

  • View
    121

  • Download
    3

Embed Size (px)

DESCRIPTION

AU 250

Citation preview

Page 1: Action universitaire - juillet 2005

universitaireuniversitairel’Action

❚ LE JOURNAL DE L’UNION NATIONALE INTER-UNIVERSITAIRE ❚ N°250 ❚ Juillet-Aôut 2005 ❚ 2 Euros ❚

l’Action

L’action universitaire - page 1

UNI - LA DROITE UNIVERSITAIRE - 8, rue de Musset - 75016 Paris - ✆ 01.45.25.34.65 - fax. : 01.45.25.51.33Directeur de la publication : J. Rougeot - CPPAP 0507 G 79428 - dépôt légal troisième trimestre 2005 - Mensuel

❚ Travail salarié et études,

Un passeport pour la réussite Par Olivier Vial

ertaines idées reçues ont lavie dure, comme celle

consistant à prétendre que le tra-vail pendant les études est un obs-tacle à la réussite des étudiants.

Une étude (1) réalisée par deuxchercheurs et publiée en 2004dans la revue « Economie et sta-tistique », permet, enfin, de fairetaire cette rumeur.

Une pratique habituelle

Le travail pendant l’année scolaireest, en réalité, une pratique trèscourante pour les étudiants. Ils nesont que 5 % à n’avoir jamais tra-vaillé dans une entreprise ou uneadministration. 80 % des étu-diants sortis de l'enseignementsupérieur en 1998 ont « signé aumoins un contrat de travail quin’est pas un stage, c'est-à-dire deleur propre initiative » pendantleurs études. L’exercice d’une acti-vité rémunérée est donc largementrépandu et même valorisé par lesétudiants. Ils considèrent ainsi quece travail leur a apporté des com-pétences, des réseaux de relationsprofessionnelles ou tout au moinsune expérience méritant d'êtresignalée dans leur CV. La réalitéest, une nouvelle fois, très loin de

la caricature misérabiliste présen-tée par l’UNEF.

Bien entendu, plus les activitéssont en lien avec les études suivies,plus elles sont valorisées par lesétudiants et leurs futursemployeurs, mais le fait d'avoirexercé des petits boulots mêmesans rapport direct avec ses étu-des, est aussi apprécié par lesrecruteurs qui y voient le signed’un tempérament volontaire etd’une bonne organisation.

Un choix réfléchi

Les raisons qui amènent un étu-diant à travailler pendant ses étu-des sont multiples. Bien entendu,le désir de gagner un peu d’argentpour financer ses études ou sefaire plaisir occasionnellement estune des premières explicationsqui vient à l’esprit. Les auteurs decette étude remarquent que « sou-vent partiel ou complémentaire audébut, ce financement par l’activi-té professionnelle prend une partde plus en plus importante dansles ressources de l’étudiant au furet à mesure qu’il avance dans sesétudes ». Dans la mesure où leseffectifs de deuxième cycle vontcontinuer à augmenter, le nombre

C

ATTAC contre l'école

Avec plus d'un tiers de ses adhé-rents (1) dans l'éducation natio-nale, ATTAC a lancé une vérita-ble OPA sur l'Ecole. Afin de fairebarrage à " la marchandisation età l'offensive libérale contre l'éco-le", la nébuleuse antimondialistetente d'infiltrer les salles desprofs pour y répandre son idéo-logie marxiste et anti-libérale.

Le manifeste de l'associationannonce clairement la couleur : "nous souhaitons oeuvrer à ceque les esprits conditionnés parprès d'un quart de siècle debourrage de crâne libéral recom-mencent à fonctionner libre-ment". Au vue des thèses avan-cées par l'organisation et de cel-les enseignées dans nos lycées,on est en droit de se demanderqui est réellement à l'origine dece bourrage de crâne ?

En France, l'enseignement de l'é-conomie est assez différent decelui qui est pratiqué, sous lemême vocable, dans les autrespays de la planète, sans doutepour protéger les élèves desrisques de la mondialisation.

Largement influencés par desgourous néo-marxistes ou parceux de l'école de la régulation,

(suite page 3)

Page 2: Action universitaire - juillet 2005

page 2 - L’action universitaire

d’étudiants « travailleurs »devraient lui aussi croître. Il estdonc important de cesser de fairela politique de l’autruche commele fait la gauche étudiante en niantcette évidence.

Le besoin de financement n’estcependant pas la seule motivation.Avec la massification de l’enseigne-ment supérieur, certains desbacheliers qui entrent à l’universi-té n’ont parfois qu’un projet pro-fessionnel et académique très flou.« Celui-ci va s’affirmer, en fonctionde leur réussite, mais aussi partâtonnements et choix successifsentre les différentes filières de for-mation qui s’offrent à eux et le caséchéant, la recherche d’activitésprofessionnelles partielles. » Ainsi,plus de 25 % des jeunes qui ontquitté le système d’enseignementsupérieur en 1998, déclarent avoirabandonné leurs études parcequ’ils avaient trouvé un emploi.

Les différentes études qui abordentles motivations et les stratégiesrelatives aux choix des étudiantspermettent de mieux comprendrecertaines de leurs décisions en lamatière. De façon consciente ouinconsciente, les étudiants évaluentla qualité de leur diplôme, notam-ment son caractère professionnali-sant. A partir de cette perception,ils mettent en œuvre des stratégiesvisant à optimiser leur temps deformation. En effet, dans uncontexte de baisse de rendementde l’éducation et de déclassementimportant des diplômés à la sortiedu système éducatif « les jeunes,sans réduire la durée globale deleurs études, peuvent avoir intérêtà consacrer une partie de leurtemps scolaire à d’autres activitéspour compenser une baisse derendement du diplôme. »A niveau de formation donné, lafilière suivie et la spécialité desétudes influent très fortement et

très significativement sur la proba-bilité d’avoir un emploi régulier :elle est plus élevée dans les filièresgénérales que professionnelles etdans les spécialités tertiaires, lett-res, langues, droit, communica-tion…

Cette stratégie « compensatoire »explique que le travail en coursd’études soit, d’ailleurs, plus déve-loppé dans les filières et les spécia-lités où les diplômés connaissentle plus de difficultés d’insertion àla fin de leurs études.

Le travail perturbe-t-il lesétudes ?

Moins de 16 % des étudiantsjugent que ce travail a perturbéleurs études. De nombreux travauxde psychologie, de sociologie etd’économie ont été réalisés sur lelien entre travail étudiant et pertur-bation des études notamment auxEtats-Unis, où le travail en coursd’études est largement développé.Il en ressort un large consensussur le « fait qu’une activité, lors-qu’elle ne représente pas un inves-tissement trop important, ne gênepas outre mesure le déroulementdes études. » Certaines analysesmontrent également que l’exerciced’une activité professionnelle peutmodifier les comportements etaugmenter l’efficacité du tempsalloué aux études.

Les auteurs notent d'ailleurs quecontrairement à ce que l'on pour-rait croire, le taux d'échec ayantentraîné un abandon d'étudespour les étudiants salariés est plusfort dans les filières où l'investisse-ment en temps de travail est leplus faible. Ainsi, les élèves ingé-nieurs, les étudiants en médecineou en DUT sont relativementmoins nombreux à arrêter leursétudes du fait de leur activité queles étudiants de lettres ou de scien-

ces humaines. Les auteurs expli-quent ce phénomène par un senti-ment de lassitude vis-à-vis de saformation universitaire. Dans cecas, les étudiants arbitrent enfaveur de leurs activités salariées(qui semblent mieux correspondreà leurs attentes) au détriment deleurs études.

Mieux concilier travail etétudes

La question du travail pendant lesétudes doit aujourd’hui être poséeaux différents partenaires de la vieétudiante (CROUS, universités,écoles …). Des solutions doiventêtre proposées afin de mieuxconcilier travail et études. De nom-breuses pistes existent : généralisa-tion des polycopiés de cours,meilleure utilisation des nouvellestechnologies comme supportpédagogique, gestion plus soupledes horaires, généralisation desemplois destinés aux étudiants ausein des universités, des restau-rants universitaires, des biblio-thèques.

Par dogmatisme, la gauche univer-sitaire a toujours bloqué ces réfor-mes, préférant le tout assistanatavec son projet de sous RMI jeunes(l’allocation d’autonomie univer-selle). Les attentes des étudiantssont très différentes. Ils aspirent àune formation leur garantissantune insertion professionnelle réus-sie. Le fait d’avoir travaillé pendantses études est indéniablement unplus au moment de la recherched’emploi. Il est donc urgent demettre en place des dispositifs per-mettant de concilier dans de bon-nes conditions ces deux activités.

1) Catherine BEDUWE et Jean FrançoisGIRET, “le travail en cours d’études a-t-ilune valeur professionelle “ Economie et Statistique, n° 378 -379, 2004

Page 3: Action universitaire - juillet 2005

page 3 - L’action universitaire

Pour sa pré-rentrée médiatque,l’UNEF a présenté une enquêtesur la situation sociale des étu-diants. Plus proche du bidouillagepolitique que de l’analyse sociolo-gique, cette enquête conclut à la « paupérisation des étudiants ».Leur pouvoir d’achat aurait ainsidiminué de plus de 5 % cetteannée.

Formée à lamanipulationpolitique, l’UNEFs’essaie mainte-nant à la manipu-lation statistique.Tout au long deson « enquête »,aucun ordre degrandeur n’estjamais présenté, « ces apprentissociologues » se contentent dejouer avec des pourcentages sansprésenter de chiffres en valeurabsolue.

L’UNI a réparé cet oubli, et arefait les calculs de l’UNEF avecces chiffres. Le résultat est trèsdifférent.

En effet, si l’on prend l’exempled’un étudiant type (selon l’UNEF)qui est inscrit en licence, boursieréchelon 5, affilié à la sécuritésociale étudiante et qui va trèsrégulièrement au restaurant uni-versitaire (150 fois par an selonles estimations de l’UNEF), l’aug-mentation annuelle des droitsd’inscription, de la sécurité socia-le étudiante et du prix du ticketrestaurant universitaire ne repré-sente que 19,5 euros par an, soit1,6 euros par mois.

Alors que dans le même temps,

l’augmentation de 1,5 % desbourses représente pour un bour-sier échelon 5 (catégorie d’étu-diants les plus en difficultés) unehausse de 53 euros.On est loin de la prétendue pau-périsation des étudiants puisquel’augmentation des bourses mêmesi elle est en pourcentage plus fai-

ble que l’aug-mentation desdépenses citéesprécédemmentreste bien supé-rieure en valeurabsolue.

Le différentielrestant dans lapoche de cet «étudiant type »étant de 33,5

euros.

Les factures des étudiants seréglant avec des euros « absolus » et non avec des pour-centages d’euros, la démonstrationde l’UNEF tombe à l’eau.

Malheureusement, même avec uneficelle aussi grosse, nombreuxfurent les journalistes qui ontmordu à l’hameçon et ont reprisen écho ces mauvais chiffres. Lejournal «Le Monde», allant jusqu’àconsacrer une partie de sa uneainsi qu’une pleine page à cettefarce statistique.

Afin d’éviter que cette manipula-tion statistique devienne un desmarroniers de la rentrée étudian-te, Gilles de Robien a annoncé lamise en place d’un groupe d’étu-de en collaboration avec l’INSEEpour créer un véritable indice desprix étudiants.

❚ Conditions sociales des étudiants

L’UNEF bidouille les chiffres ( suite de la page 1)

les cours d'économie aux lycéesressemblent trop souvent à desréquisitoires anti-entreprises.

Les premières victimes de cedogmatisme sont les élèves quipayeront très cher leur mécon-naissance de l'entreprise aumoment de chercher leur pre-mier emploi.

Un sondage publié par « ValeursActuelles » et réalisé par l'IFOPpour le compte d'ETHIC témoi-gne du profond divorce qui exis-te entre les Français et les pro-fesseurs sur cette question.

En effet, 93 % des Français sou-haitent que l'on parle de l'entre-prise aux enfants. Ils ne sont que8 % à faire confiance aux ensei-gnants pour remplir cette mis-sion. Alors qu'ils estiment à plusde 54 % que ce sont les chefsd'entreprises qui sont les mieuxplacés pour faire partager leursexpériences et ouvrir un peul'Ecole au monde de l'entreprise.

Quelques initiatives favorisant cerapprochement ont été lancéesdepuis 2002 (avec notamment lasignature d’une charte EntrepriseEcole). Ces mesures de bon sens,souhaitées, comme l’atteste lesondage de l’IFOP, par une trèsforte majorité de Français seheurtent à une vive résistancedes syndicats, mais aussi desprofesseurs affiliés à ATTAC.

Matthieu Levrault

(1) L’association revendique 36 000membres, dont environ 12 000 dansl’éducation

par Arthur Jean

Page 4: Action universitaire - juillet 2005

page 4 - L’action universitaire

Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code Postal : . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél. : . . . . . . . . . .

Profession : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Etablissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . .

❏ désire s’abonner à l’Action universitaire 38 euros (un an)❏ désire souscrire un abonnement de soutien à partir de 230 euros : . . . .

❏ désire soutenir financièrement l’UNI et verse : ❏ 300 euros ❏ 500 euros ❏ 1.000 euros ❏ . . . . . . . euros❏ déclare adhérer à l’UNI 35 euros (lycéens 5 euros, étudiants 10 euros, membre bienfaiteur 100 euros, cotisation de soutien à partir de 200 euros)

Date et signature :

8, rue de Musset75016 Paris

✆ 01.45.25.34.65fax : 01.45.25.51.33

Imprimé par nos soinsCCP 30 075 33 Y Orléans La Source

universitaireLE JOURNAL DE L’UNION NATIONALE INTER-UNIVERSITAIRE

l’Action

Pour un mutazilisme du XXIe siècle ❚ L’identité de l’islam ❚ Islam et philo-sophie ❚ L’islam et l’Europe ❚ L’islam et l’occident au XXe siècle ❚

Questions théologiques ❚ Origines de l’islam:: le point sur la recherche ❚Le Jihad comme anti-dialogue ou le trilogue comme anti-jihad ❚

Vient de paraîtreConflits actuels n°15 - 2005-1 - 16 euros - 224 pages - ISSN 1283-1255

Conflits actuels est disponible sur commande chez les libraires ou directement auprès de la revueConflits actuels BP 305 - 75767 Paris cedex 16

Pour en savoir plus : www.conflits-actuels.com - [email protected] actuels - Revue universitaire semestrielle d’étude politique

Abonnement 2 numéros par an : 26 euros (étudiants : 20 euros sur justificatif)Directeur de la publication : A. Hurel Rédacteur en chef : C. Réveillard

Intelligence et dureté : aspects de l’Islam

On parle beaucoup de l’Islam. L’évolution de la société française et l’ac-tualité internationale en font l’un des sujets les plus fréquemment évo-qués par les hommes politiques, les médias, les citoyens eux-mêmes.Qu’il s’agisse de l’intrusion de la religion musulmane dans le paysageculturel français, de la future entrée de la Turquie dans l’Union euro-péenne, du terrorisme islamiste dans le monde, s’opposent quelquesthèses rudimentaires sur la nature des « valeurs » musulmanes et surleur degré de compatibilité avec l’occident, la démocratie, le judaïsmeou le christianisme. Mais il n’est pas sûr que l’on sache très bien dequoi l’on parle. À croire même, parfois, que l’on nous donne à enten-dre que ce que l’on souhaite !

Par une série d’explorations thématiques, ce 15e numéro de Conflitsactuels entre dans le contenu même, dans l’esprit de l’Islam, dans son intelligence toutcomme dans sa dureté. Car jusqu’ici, du fait de notre position d’extériorité, nous avons surtout étudié lesrelations de la culture islamique avec nous et pas sa substance. Ainsi, l’on entend dire tantôt que l’Islam estune religion fondamentalement « conquérante », tantôt qu’elle est une religion « d’amour et de tolérance ».Mais ces définitions sont superficielles, car on ne prend généralement pas la peine de préciser ce que l’Islamentend ou pourrait bien entendre par « tolérance », ni ce qu’il entend par djihad. Après tout, les deux pour-raient n’être pas contradictoires. Tenter de définir l’Islam et d’en cerner l’« essence » ne revient pas à présup-poser que cette religion soit incapable d’évolution -comme si nous la figions dans une sorte d’« idée plato-nicienne ». Non, car la nature d’une doctrine, comme celle d’un être vivant, peut contenir les germes de sondevenir, les principes de son développement, les ressorts de son dynamisme. Mais on ne peut pas non plusconsidérer que l’Islam soit le simple produit de son évolution historique. Il comporte nécessairementquelques principes intangibles, qu’il doit être impossible de nier sans nier l’Islam.

Jean Alcader ❚ Guillaume Bergerot ❚ Christophe Beyeler ❚Remi Brague ❚ Jean-Paul Charnay ❚ Malek Chebel ❚Jacques Frémeaux ❚ Michel De Jaeghere ❚ MaximeLenôtre ❚ Kostas Mavrakis ❚ Jean Salette ❚ Sadek Sellam

Revue d’étude politique

diffusion universitaires

ASPECTS DEL’ISLAM

8ea

nn

ée -

Nu

méro

15 -

2005 -

1

onflits actuelsc

Centre d’études et de

Nu

mér

o 1

5 -

2005

- 1

c