36
La biodiversité, un actif pour les entreprises ! Pourquoi ? Comment ? Synthèse de la conférence-débat du 26 mai 2011 organisée par les Auditeurs du Cycle des Hautes Etudes en Développement Durable des Pays de la Loire à l’Ecole Supérieure d’Agriculture d’Angers. www.chedd-paysdelaloire.fr

Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

Embed Size (px)

DESCRIPTION

La prise en compte de la biodiversité pour les entreprises

Citation preview

Page 1: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

La biodiversité, un actif pour les entreprises !Pourquoi ? Comment ?Synthèse de la conférence-débat du 26 mai 2011

organisée par les Auditeurs du Cycle des Hautes Etudes en Développement Durable des

Pays de la Loire à l’Ecole Supérieure d’Agriculture d’Angers.

www.chedd-paysdelaloire.fr

Page 2: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

LEXIQUE

IDH : Indice de Développement HumainCOV : Composé Organique Volatils

CPIE : Centre Permanent d’Initiatives pour l’EnvironnementUICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature

La convention de Ramsar est un traité international adopté en 1971 pour la conservation des zones humides ZICO : Zone d’Importance pour la Conservation des Oiseaux

ZNIEFF : Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique

Page 3: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

CHEDD: Cycle des Hautes Etudes en Développement Durable

Avant-propos

A l’origine : la réflexion du CHEDD 2010/2011

Pendant plusieurs mois, les 20 auditeurs du CHEDD ont débattu de leur manière de voir ou d’appréhender le développement durable dans la cité. Les débats se sont nourris des différentes expériences, expertises et manières de voir du groupe.

La promotion 2011 avait un objectif commun : apporter sa contribution, si modeste soit elle, aux enjeux de la biodiversité sur le territoire des Pays de La Loire.

Persuadés qu’il devient essentiel d’intégrer la biodiver-sité dans les critères d’évaluation des entreprises, les auditeurs du CHEDD ont pris le parti de s’intéresser à l’entreprise dans sa diversité de structure, de taille et de secteur d’activité.

Convaincus que l’entreprise est un acteur de poids dans la préservation de la biodiversité, ils forment le vœu que les entreprises pionnières en la matière ne restent pas une minorité.

L’objectif de la conférence du 26 mai 2011 : aborder le lien entre l’entreprise et le monde du vivant

Autant que le changement climatique, le maintien de la biodiversité constitue le second grand défi écologique

des 20 prochaines années. Les conditions de vie sur Terre, dans le futur, dépendent étroitement de la façon dont nos sociétés sauront le relever.

Bien que méconnue, la biodiversité, tissu vivant de notre planète, rend des services essentiels et gratuits : elle est la source unique de notre alimentation, elle fournit des matières premières, maintient la qualité de l’eau, de l’air et du sol, façonne les paysages, agrémente le cadre de vie…

L’entreprise (ou l’agence, l’établissement…), quels que soient sa taille et son domaine d’activité, est aujourd’hui directement concernée par cette question, à travers ses approvisionnements en matières premières, les tech-nologies qu’elle utilise, les impacts qu’elle génère. Il en va aussi de son image…

Peut-on à la fois mieux protéger la biodiversité et mieux profiter de ses bienfaits pour le développement harmo-nieux des activités économiques ? Peut-on se dévelop-per avec la Nature ?

La conférence du 26 mai 2011, retranscrite ci-dessous, avait pour objectif d’apporter des éléments de réponse à travers des interventions d’experts et des témoign-ages d’entreprises des Pays de la Loire. Le document qui en résulte vise à porter à connaissance la teneur des débats. Chacun sera libre d’en apprécier la pertinence et la portée.

Page 4: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf
Page 5: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

Qu’est que la biodiversité ?La biodiversité, c’est le monde du

vivant, dont l’Homme fait partie.

La biodiversité s’appréhende à 3 niveaux :

- La biodiversité génétique intra-spécifique (races animales, variétés végétales, adaptations…)

- La biodiversité spécifique (mammifères, oiseaux, levures, champignons, fleurs…)

- La biodiversité des écosytèmes (forêt tempérée, récifs coralliens, haie bocagère, désert arctique ...).

Le mot biodiversité date d’à peine 20 ans. Il a permis d’inclure l’Homme dans la nature.

Les services écologiques liés à la biodiversité

Le Millenium Assessment propose une typologie en quatre grands types de services :

- la fourniture de ressources (eau, pêche, énergie…),

- les services de régulation (climat, pollinisation, épuration d’eau…),

- les services d’appui (grands cycles géochimiques, formation des sols, production d’oxygène…)

- les services culturels (valeurs récréatives et esthétiques…).

Nous sommes 100 % dépendants de la biodiversité. Sans biodiversité, pas de photosynthèse, pas d’oxygène (services supports), pas de nourriture (services d’approvisionnement).

La biodiversité fournit aussi des services de régulation (climat, qualité de l’air et de l’eau,…) et des services culturels (récréatifs, éducatifs,…). On parle de l’assurance-vie de l’Homme.

Les menaces

Les causes d’érosion de la biodiversité sont multiples : destruction et fragmentation des milieux (forêts, récifs coralliens, …), surexploitation (commerce des plantes, surpêche,..), invasions biologiques (soit du fait des introductions volontaires - aquaculture, l’élevage, chasse,…- ou accidentelles - ballasts de bateau, fuites -), pollutions chimiques, biologiques, physiques.

La biodiversité est également menacée par le réchauffement climatique. Celui-ci entraîne une modification des conditions physico-chimiques, la modification des habitats et des proies, l’arrivée d’espèces généralistes plus compétitrices, l’apparition de maladies.

Les scientifiques annoncent la 6ème grande extinction d’espèces depuis que la vie est apparue sur Terre ; sachant que lors des 5 premières, on estime que 80 à 98 % des espèces ont disparu. Il n’est pas certain que l’espèce humaine en réchapperait. Lorsque l’on défend la biodiversité, c’est donc l’Humanité dans un monde vivant que l’on défend.

Bernard Cressens, Conseiller scientifique WWF France

Page 6: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

L’indice « Planète Vivante » (IPV) : - 30 % depuis 1970

L’IPV mesure 8000 populations d’espèces animales dans le monde. Il est en déclin (+ 30 % depuis 1970).

Il est étonnement en progression dans les espaces tempérés (+ 29 %) ; ceci s’explique par le fait que la situation était dégradée dans les années 1970 et que, depuis, des efforts de conservation ont été faits.

En revanche, il est dramatiquement en chute (- 60 %) dans les espaces tropicaux (voir le rapport « Planète vivante » du WWF qui paraît chaque année).

Empreinte écologique et biocapacité

L’empreinte écologique est un indicateur de la pression de l’Homme sur la planète. Elle mesure la surface nécessaire pour produire nos ressources et absorber nos déchets. L’empreinte écologique permet une comparaison avec la biocapacité.

La biocapacité est la capacité de la planète à nous fournir les services dont nous avons besoin, c’est en quelque sorte la « biodiversité utilitaire ». Celle-ci est très inégalement répartie. ½ de la biocapacité totale se trouve au sein de 10 pays : Brésil, Chine, USA, Fédération de Russie, Inde, Canada, Australie, Indonésie, Argentine, France. La biocapacité par personne est également très contrastée : elle est forte lorsque de vastes espaces accueillent une petite population (exemple : Gabon).

Au niveau mondial, la biocapacité est dépassée de 50%

Depuis 1980, l’empreinte écologique mondiale a dépassé la biocapacité de la planète. Aujourd’hui, elle excède la biocapacité de 50 %. Ramenée à la personne, l’empreinte écologique est de 2,7 ha, alors que la biocapacité est de 1,8 ha. Autrement dit, au mois de septembre, nous avons consommé ce que la planète est capable de nous donner !

De septembre à décembre, nous vivons donc à « crédit écologique ». Ceci est possible uniquement parce que l’atmosphère sert de soupape : nous consommons de la biodiversité fossile (pétrole, charbon, gaz naturel). En deux siècles, nous aurons consommé une ressource qui avait mis des millions d’années à se constituer.

L’empreinte carbone (surface nécessaire pour absorber le CO2) est le composant majeur de l’empreinte écologique.

Les plus fortes empreintes écologiques sont celles des Emirats Arabes Unis, du Qatar, du Danemark, de la Belgique, des USA, de l’Estonie, du Canada, de l’Australie, du Koweit… La France arrive au 28ème rang.

Si l’on extrapole les tendances actuelles, l’humanité aura besoin de 2 planètes en 2030 et de 2,8 en 2050.

Les outils pour évaluer l’évolution de la biodiversité

Page 7: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

La France, en déficit écologique

Pour la France, l’empreinte écologique / personne est de 5 ha (dont 2,5 d’empreinte carbone) et la biocapacité, incluant les forêts tropicales guyanaises, est de 3 ha. Si tout le monde vivait comme les Français, il faudrait 3 planètes.

Facteur déterminant : la surconsommation des pays riches

Biodiversité / Indice Planète Vivante Empreinte écologique

Pays à fort revenu + 5 % Hausse significative

Pays à revenu moyen

- 28 % Légère hausse

Pays à faible revenu - 50 % Baisse !

Page 8: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

Développement et bien être humain : « graines d’espoir »

Changer d’indicateur

Un haut niveau de consommation n’est pas nécessaire pour atteindre un haut niveau de développement. Aujourd’hui, les indicateurs doivent changer. Lor-sque l’on croise l’IDH avec l’empreinte écologique, on s’aperçoit que seul le Pérou est en équilibre.

Agir sur les bons levier

L’alimentation et l’énergie sont les principaux leviers pour alléger l’empreinte écologique et préserver la biocapacité.

Il faut opter pour :

• une meilleure efficacité énergétique • un basculement vers les énergies renouvelables (EnR) • une meilleure répartition alimentaire pour éviter les gaspillages (50 % de

la nourriture est jetée aux USA et 26 % en Europe…) • une production agricole doublée avec une empreinte écologique stable • un régime alimentaire modifié (moins de viande et de laitages) • des produits certifiés (FSC, MSC ,…) garantissant le respect de la biodi-

versité • le « zéro déforestation ».

Avec 95 % d’EnR et une alimentation comparable à celle de la Malaisie, le niveau d’empreinte écologique en 2050 serait ramené à un peu plus d’une planète, contre 2,8 planètes avec le scénario actuel !

Page 9: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf
Page 10: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

La dépendance de l’entreprise vis-à-vis de la biodiversité renvoi à la notion émergente de services écologiques.

Cette notion est née d’un rapport (Millennium Ecosystem Assessment -MEA-), réalisé par un groupe de scientifiques réuni sous l’égide de l’ONU. Le MEA distingue plusieurs types de services : les services d’approvisionnement (bois, plantes, fibres, eau), les services de régulation (pollinisation, recyclage,…), les

Dépendances des entreprises vis-à-vis de la biodiversité

services culturels. Des études ont montré que l’économie mondiale dépend de la biodiversité à hauteur de 40 %.

Un secteur d’activité sur 4 dépend de la biodiversité à hauteur de 25 % : tourisme, hygiène-beauté, chimie, bois, pêche.

Or, on estime que 60 % de ces services écologiques sont dans un état de dégradation important et

peuvent disparaître. Il faudrait alors les remplacer et ce remplacement aurait un coût. La disparition des services écologiques remettrait en cause la durabilité de l’entreprise.

Consciente de ce risque, la société L’Oréal a fait l’inventaire de toutes les plantes dont elle dépend directement ou indirectement pour fabriquer ses produits.

L’inventaire a révélé que les 1200 matières premières utilisées sont issues de 230 plantes.

Très souvent les entreprises ne voient pas en quoi elles sont concernées par la biodiversité. Le sujet est encore émergent ; le concept récent et complexe. L’enjeu concernant la biodiversité a été très longtemps occulté par la question du changement climatique.

En 2007, Gondwana a réalisé la première étude concernant la prise en compte de la biodiversité auprès des entreprises du CAC 40.

A l’époque, Gondwana a relevé 20 entreprises qui déclaraient avoir mené des actions en faveur de la biodiversité et, parmi elle, 10 qui avaient intégré la biodiversité dans leur stratégie.

Un important décalage est apparu entre les entreprises françaises et anglo-saxonnes : aux USA, les grands groupes ont intégré la biodiversité dans leur stratégie depuis 20, 25 ans.

Un sondage mené en 2010 par le Ministère de l’Ecologie, auprès de 3600 entreprises de toute taille, révélait qu’un quart d’entre elles seulement menaient des actions en faveur de la biodiversité ; alors que les 2/3 reconnaissaient avoir des impacts négatifs.

Véronique DhamDirectrice générale de Gondwana Biodiversity Development

Page 11: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

Impacts des entreprises sur la biodiversité

Facteurs d’actions pour l’entreprise

Des impacts directs

Les activités industrielles

dégradent les habitats et la biodi-

versité qu’ils hébergent par :

• la destruction d’habitats (construction de routes, d’autoroutes, de bâtiments, …)

• les pollutions diverses ; • la surexploitation de ressources

naturelles (bois, pêche,…)

La réglementation

Le contexte réglementaire évolue.

Une étude du ministère en charge de l’Environnement montre d’ailleurs que c’est la réglementation qui incite l’entreprise à agir en faveur de la biodiversité, avant les questions d’image.

Plusieurs réglementations euro-

péennes concernent l’entreprise :

• le réseau Natura 2000, pour celles qui ont une emprise foncière (l’activité ne doit pas impacter les espèces ou les habitats qui font l’objet de cette protection) ;

• le volet « faune/flore » de la directive sur la responsabilité en-vironnementale des entreprises qui précise que tout exploitant,

Sans statut réglementaire propre-

ment dit, certains référentiels in-

tègrent également la biodiversité :

• des labels ou certifications : HQE, par exemple ;

• la norme ISO 26000, qui y consa-cre tout un chapitre.

La pression des parties prenantes

Un sondage du WWF a montré que 87% des consommateurs considéraient que les entreprises avaient des impacts négatifs sur la biodiversité et qu’ils attendaient, de leur part, des gestes permettant de démontrer qu’elles la prennent en compte.

Les ONG font également pression et ceci aboutit à des décisions (arrêt de la vente de thon rouge chez Carrefour et Auchan, par exemple).

Des impacts indirects

C’est souvent sous la pression des consommateurs et/ou des ONG que les entreprises prennent conscience de leurs impacts indirects.

C’est ainsi que Carrefour et Auchan ont décidé de supprimer la vente de thon rouge.

Dans le secteur bancaire, les banques peuvent être attaquées sur des projets qu’elles financent et dont les impacts sont désastreux sur la biodiversité (ports, plateformes pétrolières,…).

qui n’a pu éviter ou réparer les dommages causés aux es-pèces et habitats protégés, a l’obligation de compenser.

Certaines réglementations na-

tionales touchent également

l’entreprise :

• la trame verte et bleue, instituée par le Grenelle Environnement, qui, à travers les documents d’urbanisme, concerne les en-treprises dont l’emprise foncière peut porter atteinte aux continu-ités écologiques ;

• l’affichage environnemental sur les produits (lois dites Grenelle), auquel il est question d’intégrer un indicateur « biodiversité ».

Page 12: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

Risques et opportunités pour l’entreprise

L’entreprise doit considérer les risques de rupture d’approvisionnement des matières premières indispensables à ses produits. L’opportunité est de prendre les devants et d’assurer ces approvisionnements pour l’avenir.

Le risque à ne pas prendre en compte la biodiversité est illustré par l’exemple de la société Ikea. Ikéa a acheté des terrains à Fos-sur-mer pour construire une grande plateforme logistique sur l’emprise de laquelle poussaient 3 espèces d’orchidées endémiques. L’entreprise est restée sourde aux alertes lancées par les associations. Il y a eu un procès, une couverture médiatique désastreuse, le chantier a été suspendu entrainant de gros problèmes pour l’entreprise.

Il existe également des risques et des opportunités sur le plan marketing. Bientôt, certains produits pourront être déréférencés pour ne pas avoir pris en compte la biodiversité ou, à l’inverse, être avantagés car ils l’auront fait. La société Lapeyre, par exemple, qui a été attaquée sur l’utilisation de bois non certifié pour des portes et des fenêtres, a développé un brevet avec l’INRA et décidé d’utiliser des bois de forêts européennes dont les

caractéristiques sont semblables à celles des bois exotiques.

Le critère financier est également important. Les agences de notation extra-financière estiment qu’une entreprise durable doit avoir pris en compte la biodiversité dans ses activités.

Pour lever des capitaux, pour attirer des nouveaux investisseurs, les entreprises doivent donc montrer qu’elles ont intégré la biodiversité dans leur stratégie et qu’elles ont mis en place des plans d’actions.

Page 13: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

François GuérinDirecteur général de Bel’M

Bel’m, entreprise spécialisée dans la fabrication de portes d’entrée pour maisons individuelles, emploie 700 personnes. Son siège social est à Machecoul et son chiffre d’affaires s’élève à 100 millions d’euros. Selon ses dirigeants, le développement de la société ne peut se faire que s’il est économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement responsable. Bel’m vise une performance durable

Pour réduire les impacts sur la biodiversité 

Maîtrise des pollutions

Pour réduire les impacts sur l’eau, le chrome 4 a été éliminé du processus de thermolaquage et une étude est en cours pour supprimer tous les rejets liquides en 2012 ;sur l’air, les finitions sont réalisées en phase aqueuse (suppression des COV) et les flottes de véhicules sont toutes en dessous des primes malus CO2 ; sur le sol, tous les sites de production sont équipés de kit anti-pollution en cas de déversement accidentel.

Diminution de l’impact environnemental

L’entreprise a travaillé sur l’amélioration de la performance thermique de ses produits (diminution de 30 % des déperditions

de chaleur pour la nouvelle gamme de portes).

Elle travaille également, avec l’ADEME, à un meilleur recyclage et une meilleure valorisation de ses déchets

Amélioration des sources d’approvisionnement en bois.

L’entreprise a développé les achats de bois certifiés et s’est engagée dans les certifications FSC et PEFC.

Bel’m a créé une gamme de portes éco-conçues dans laquelle le bois noble est utilisé seulement en surface et remplacé, à l’intérieur, par un bois de pays dont la performance thermique est bien supérieure.

Ce travail d’éco-conception est important : il a mobilisé 2 ingénieurs pendant 3 ans pour réaliser une analyse de cycle de vie de chaque produit et en déduire les actions à mener pour diminuer leur impact environnemental.

L’information au consommateur

Bel’m a imaginé un affichage environnemental sans attendre que celui-ci devienne obligatoire (2012). Par ailleurs, l’entreprise participe à une expérimentation sur l’affichage environnemental qui rassemble 68 entreprises.

de l’entreprise basée sur 3 piliers : la performance économique, la qualité et l’innovation, le champ social/sociétal/environnemental. Les décisions se prennent avec ces trois filtres.

L’entreprise a construit un plan

d’actions RSE comprenant 3 axes :

• le produit,• le process et le bâtiment• le social et le sociétal.

Bel’m est titulaire du label délivré par l’association Lucie suite à un audit réalisé par Vigeo.

Le process de fabrication consomme des matières premières assez diverses : bois, aluminium, acier.

C’est pourquoi Bel’m s’est engagée dans un programme qui consiste à éco-concevoir le produit et à essayer d’optimiser les matières utilisées.

Page 14: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

Christian LafageDirecteur Développement durable de Remy Cointreau

Présentation de Rémy Cointreau

Avec ses 1500 collaborateurs et un chiffre d’affaires de 800 millions d’euros, Rémy Cointreau est une société cotée qui vend des vins et des spiritueux dans 150 pays.

Le marché international représente plus de 90 % des ventes, réparties comme suit : Amériques 34 %, Asie et autres 31 %, Europe 35 %.

Dès 2003, Rémy Cointreau s’est engagé dans une démarche RSE dans le cadre d’une réflexion conduite en interne de façon volontaire. Depuis 3 ans, la société est de plus en plus sollicitée à ce sujet par les parties prenantes et s’organise de façon très active sur le sujet.

Pour exemple de sollicitation, liée au Grenelle de l’environnement, un dossier a été remis à la Commissaire générale au développement durable pour expliquer le positionnement de l’entreprise sur la Stratégie nationale de développement durable élaborée par le Ministère, à la demande de celui-ci.

La société a signé également

une charte internationale, le

«Global Compact», qui comporte 4

objectifs environnementaux :

• la réduction de la consommation des ressources naturelles et la préservation de la biodiversité ;

• l’adoption d’une démarche fondée sur le principe de précaution en matière d’environnement ;

• la promotion d’une plus grande responsabilité environnementale ;

• le développement et la diffusion des technologies respectueuses de l’environnement.

Et surtout, la société est amenée à fournir des informations sur ses engagements en matière de RSE à la demande des agences de notation extra-financières ou des fonds d’investissement socialement responsables qui, phénomène nouveau depuis 4 ans, se sont rapprochés du groupe. Elle rend dans ce cadre des comptes sur la biodiversité, l’accès à l’énergie, les émissions de carbone ou les risques.

En quelques années, le groupe a donc basculé de l’engagement éthique volontaire interne à un engagement visible, compte tenu de la sollicitation des parties prenantes qui se constate aujourd’hui et répond à toutes les questions de celles-ci.

Charte et engagements RSE

6 principaux engagements « RSE »

couvrent désormais toute l’activité

du groupe :

• Contrôle et accompagnement des fournisseurs, achats responsables ;

• Démarche « Qualité, Sécurité, Environnement »

• Respect de l’environnement (viticulture)

• Promotion de la consommation responsable

• Partage d’expériences avec les parties prenantes

• Equité, formation

Parmi ces engagements, la démarche « biodiversité » relève principalement de l’axe relatif à la viticulture et de l’axe relatif à la démarche globale « qualité, sécurité et environnement ».

Actions dans le domaine de la viticulture

Les produits du groupe sont issus essentiellement de la viticulture qui représente donc une activité très importante.

En outre, les agences extra-financières interrogent le groupe sur les risques du changement climatique pour la viticulture.

Le sujet de la viticulture constitue donc un point clé.

Pour cela, le groupe met en avant la notion de qualification de l’agriculture « raisonnée » des domaines viticoles et accorde beaucoup d’importance à la

Page 15: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

sensibilisation des 1400 viticulteurs partenaires.

Au-delà de l’activité agricole, le groupe a mis en place des actions de protection de la biodiversité locale comme la protection des abeilles par la mise en œuvre de 20 hectares de jachères apicoles.

Cette action permet, outre la protection des abeilles, de lutter contre les nuisibles présents sur les vignobles et d’entretenir la fertilité des sols sans augmenter l’utilisation de fertilisants.

Un boisement expérimental occupe une partie de 3 hectares sur une parcelle en exploitation.

Cette parcelle environnementale jouxte une rivière et est située en zone Natura 2000. Elle permet le suivi d’un travail sur la biodiversité alluviale, conduit avec la LPO (types d’arbres, actions pour favoriser la faune présente de façon naturelle…).

Le groupe est également engagé dans le défi « Ecophyto 2018 » issu du Grenelle Environnement, qui prévoit des objectifs de réduction de 50 % de l’usage des produits phytosanitaires, et met en place un réseau pour y travailler.

Autres actions en faveur de la biodiversité

Par ailleurs, de nombreux sujets

traités par l’entreprise au niveau

environnemental ont un lien avec

la biodiversité. Rémy Cointreau a

notamment mis en œuvre :

• un plan de mesures (l’empreinte Carbone) et de réduction des émissions CO2 (déplacements, éco-conception des productions, réduction des consommations d’énergies), ainsi que les perspectives attendues,

• un plan d’optimisation de la consommation des ressources naturelles (eau, papier, carton, bois).

Par exemple, le groupe souhaite s’approvisionner en bois certifié PEFC afin que les fûts qu’il utilise soient issus de forêts gérées durablement.

Cependant, être porteur de bonnes paroles ne suffit pas et le groupe se voit confronté à la dépendance aux fournisseurs qui ne peuvent toujours répondre à la demande.

Autre exemple : en tant qu’utilisateur de bois de chêne pour la fabrication de fûts, la société s’intéresse à la conservation des forêts de chêne en France.

Ainsi s’est-elle engagée dans un projet avec l’ONF qui porte sur la plantation de 50 hectares de chênes dans une forêt d’Eure et Loire.

Cet exemple est une des illustrations qui montre que l’engagement de la société se fait en lien avec son activité, afin de faire converger les engagements en matière de biodiversité et les objectifs du groupe.

En conclusion, il est constaté que les actions de recherche engendrées par les questions environnementales amènent à trouver de nouvelles technologies et façons de faire, et donc de l’innovation, et s’accompagnent d’une réduction de coûts systématiques, même si cela nécessite parfois certains investissements au départ.

Ces démarches ont montré que les objectifs de développement économique et de rentabilité d’une part et les objectifs écologiques d’autre part se rejoignaient.

Page 16: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

Eric Lescoublet Responsable de Qualité Sécurité Environnement et Développement durable, TDV Industries

Présentation de TDV Industries

Basée à Laval, TDV Industries, avec un effectif de 170 personnes et un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros, est un acteur majeur dans la conception de produits textiles pour les vêtements professionnels. Son actionnariat familial lui permet de rester indépendante vis-à-vis des banques.

Sans y être contrainte - car ne faisant pas partie des géants du CAC 40 -, elle a initié une démarche de développement durable dès 2005/2006 et communique depuis peu à ce sujet.

La démarche de développement

durable s’articule autour de 10

axes :

1. Management de l’environnement selon la norme ISO 14000

2. Sensibilisation et éducation du personnel au développement durable

3. Réduction-tri-valorisation des déchets générés par l’entreprise

4. Eco-conception (résolution de la problématique-déchet des vêtements en fin de vie)

5. Réduction des consommations d’énergie (gaz-électricité – air comprimé – vapeur- fuel) et recherche de nouvelles technologies permettant

Page 17: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

l’utilisation d’énergies renouvelables

6. Réduction de la consommation /récupération

7. Gestion de l’impact écologique dans la filière : empreinte écologique du site, modélisation de l’information à destination du marché

8. Implication des sous-traitants9. Développement des offres

« Bio » et « Equitable »10. Action de solidarité : ouverture

aux jeunes, solidarité nord/sud.La biodiversité sera au centre des préoccupations du prochain Agenda 21 de TDV Industries.

Vers l’utilisation de nouvelles fibres

Le prix du coton a beaucoup augmenté ces deux dernières années ; ceci pose la question de la rentabilité de cette matière première qui, de surcroît, nécessite l’emploi de grandes quantités de pesticides. Dès lors, TDV Industries met l’accent sur l’innovation. Une personne en interne est dédiée à la recherche et à la veille pour concevoir de nouveaux produits.

Des nouvelles matières premières, à base d’orties ou de ricin, sont actuellement testées. Elles possèdent les caractéristiques naturelles de résistance à l’abrasion recherchées pour les vêtements professionnels et constituent une alternative économique dans un contexte de flambée des matières premières historiques (pétrole notamment). Cependant, les obstacles sont encore nombreux avant de pouvoir lancer

une fabrication industrielle.

Des colorants naturels à l’étude

Les colorants naturels posent le problème de leur tenue. Aujourd’hui, il faut encore leur ajouter des produits qui ont un impact négatif sur l’environnement. Cela pose la question de la pertinence de ce choix à l’échelle industrielle.

De nouvelles finitions pour limiter les lavages

La société a mis au point une finition sur les tissus qui permet de limiter le nombre de lavages. Cette approche basée sur le bon sens peut devenir un véritable argument commercial.

Le projet « Un arbre de vie, une forêt solidaire »

Historiquement, TDV travaille beaucoup avec le Mali car le coton africain présente des qualités naturelles de résistance qui conviennent à l’usage professionnel.

Depuis peu, la société soutient financièrement un projet autour d’un arbre, le Carapa Procera, dont les fruits donnent une huile qui constitue un biopesticide pour la culture du coton.

Ce projet est également un moyen d’aider les populations locales à développer une activité économique. Il s’agit d’une filière vertueuse de tout points de vues puisqu’elle allie respect de l’environnement, développement d’une économie locale et innovation.

Page 18: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

Samuel GaboryPrésident Directeur Général, Laboratoire Alvend - Fleur des Mauges

Présentation du Laboratoire Alvend – Fleur des Mauges

Créée en 1985, l’entreprise familiale Laboratoire Alvend – Fleur des Mauges (Maine et Loire) offre un bel exemple de la capacité de la biodiversité à être un moteur de richesse économique. En effet, pour cette entreprise d’une centaine de salariés, « c’est la biodiversité qui fait richesse ».

Pour l’entreprise qui commercialise trois gammes de produits - détergents écologiques, cosmétiques naturels, huiles essentiels et compléments alimentaires - la biodiversité permet la qualité et l’efficacité des matières premières utilisées. Sa matière première est végétale.

La biodiversité comme source de richesse économique

Le créneau de l’entreprise sur le marché est donc lié à la biodiversité : il s’agit de la recherche de matières premières habituellement non commercialisées et de l’exploitation de leurs vertus.

Les tensio-actifs (agents moussants) utilisés sont ainsi issus de la paille et du son, et non du savon ou de l’huile de palme. Ceci a un réel intérêt économique, et c’est la synergie des

plantes qui rend l’actif efficace.

Au-delà de la diversité du végétal, le groupe Alvend – Fleur des Mauges essaye également d’exploiter toute la diversité des actifs d’une plante dans ses productions. On trouve ainsi souvent 200 composants dans une huile essentielle.

Une biodiversité traduite au quotidien dans l’activité de l’entreprise

L’entreprise centre ses recherches de matières premières sur des espèces produites localement. Les plantes utilisées pour le processus de fabrication sont des plantes produites localement et qui consomment peu d’eau.

L’entreprise a ainsi préféré développer une production de mélisse et de calendula avec des producteurs locaux au lieu d’utiliser des matières premières qu’il aurait fallu importer.

La recherche en matière de biodiversité a permis de trouver de nouvelles possibilités techniques d’obtenir des saponines, cet agent qui augmente l’effet moussant.

Un partenariat conclu avec l’association Saponina permet ainsi

de développer des plantes locales contenant de la saponine par sélection variétale. En conclusion, deux pistes de réflexion sont importantes pour l’entreprise. Tout d’abord la taille : quelque que soit les attentions portées à la nature, les activités de taille importante semblent toujours avoir un impact sur la biodiversité.

Ensuite, les labels : ils permettent l’information et le développement des produits respectueux de la biodiversité. Il faut être prêt à en assumer le coût.

Page 19: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf
Page 20: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf
Page 21: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

Thierry RollandResponsable Environnement et R&D, Groupe Brangeon

Présentation du groupe Brangeon

Créée en 1919, le Groupe Brangeon est une PME familiale qui exerce principalement ses activités dans le domaine de l’environnement : gestion déchets, recyclages, compostage, extraction de sable et négoce de matériaux.

Une petite filiale de ce groupe, la société de Dragage du Val de Loire (SDVL), montre qu’une activité économique peut être source de biodiversité si l’entreprise s’engage dans ce domaine.

Cette expérience est d’autant plus intéressante que l’activité de cette entreprise, l’extraction de sable, est considérée comme ayant un impact négatif sur l’environnement (classement ICPE).

Une sablière en bordure de Loire au lieu-dit le Seuil de Loire, à Montjean sur Loire, proche de sites classés Natura 2000, est ainsi devenue une réserve de biodiversité.

Une action de restauration de la biodiversité sur un site en activité économique

Afin de réinstaurer la biodiversité locale sur un site auparavant consacré à l’agriculture intensive, SDVL a conclu un partenariat avec le

CPIE Loire et Mauges. Un travail préalable d’inventaire et d’identification des fonctionnalités de l’écosystème a été nécessaire.

L’action mise en œuvre a eu pour but de développer un habitat favorable pour des espèces migratrices nidifiant généralement sur les grèves de Loire.

Huit ilots flottants ont été créés sur un plan d’eau artificiel, lui-même restauré du point de vue du paysage, pour permettre à une espèce d’oiseau protégé, la sterne pierregarin, de venir nicher.

Ces équipements ont permis d’accueillir une importante population de sternes. Sur 650 couples nicheurs recensés en Pays de la Loire, dont 300 à 350 en Maine et Loire, près de 100 ont été recensés sur le site de SDVL, soit près du tiers de ces oiseaux nicheurs dans la région.

Cette colonisation a eu lieu alors que l’activité économique sur le site était importante.

Elle a été permise par le développement de techniques adaptées, respectueuses de la tranquillité des oiseaux migrateurs : utilisation d’une dragueuse électrique, régulation des mouvements et des flux du personnel.

Une expérience utilisée pour plaider la cause de l’activité d’extraction

Le site de SDVL est considéré comme le premier site artificiel de nidification de sternes pierregarin en Europe. L’expérience démontre que des activités impactantes pour l’environnement, comme les carrières, peuvent devenir aussi des lieux d’opérations favorables à la biodiversité.

Pour le Groupe Brangeon, cet engagement en faveur de la biodiversité permet de promouvoir l’activité d’extraction auprès des services de l’État et d’essayer d’en

préserver la pérennité.

Page 22: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

Muriel AlamichelChargée de mission du programme « ADEME exemplaire », ADEME

L’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), établissement public sous tutelle principale du Ministère en charge de l’environnement, a pour objectif de mettre à disposition des différents acteurs - entreprises, collectivités locales, particuliers - une expertise sur tous les sujets liés à l’environnement, à l’exception de l’eau et de la biodiversité (pour en savoir plus : www.ademe.fr).

L’action décrite ici est une démarche interne destinée à développer la biodiversité sur le site de l’ADEME à Angers et à sensibiliser les salariés.

De la résolution d’un problème ponctuel, à la construction d’un programme global

A Angers, le siège de l’ADEME est implanté sur un site de 5 ha à proximité du lac de Maine. Ce terrain

est constitué de pelouses, de zones boisées, de massifs arbustifs, de parkings, de voieries et d’un linéaire de haies de plus de 830 m.

Malgré le caractère privilégié du site, la préoccupation de la biodiversité a émergé, non par la beauté naturelle des lieux, mais par un accident malheureux survenu il y a deux ans. La structure bâtie est composée de deux bâtiments (rénovation performante sur le plan énergétique pour l’un, construction neuve BBC et HQE pour l’autre), reliés entre eux par une passerelle transparente.

De trop nombreux oiseaux mourraient en heurtant les vitres de cette passerelle.

Ce problème n’avait en effet pas été pris en compte, malgré l’approche environnementale de la construction. L’ADEME s’est donc tournée vers la LPO qui a proposé la

mise en place de stores pour casser la transparence. Ceci fut le point de départ d’une démarche devenue depuis plus ambitieuse, la LPO ayant proposé, par la même occasion, d’entrer dans une démarche de « Refuge LPO ».

C’est l’origine du projet « biodiversité » de l’ADEME qui s’inscrit dans une démarche globale d’exemplarité intitulé « ADEME exemplaire ».

Page 23: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

Le programme « biodiversité » de l’ADEME : approche scientifique et mobilisation du personnel

L’approche scientifique, un double appui :

• Avec l’aide de la LPO, l’ADEME a mis en place un inventaire faune-flore, puis un plan de gestion et d’entretien différencié assorti d’actions de communication destinées à expliquer les modifications de l’aspect visuel du parc,

• * L’intégration à un programme d’expérimentation et de recherche sur le sol : GESSOL

L’ADEME est coordinateur du programme. L’animateur scientifique se trouve sur le site d’Angers. C’est ainsi que le site est devenu un des lieux de prélèvement de la micro faune.

Suite à l’inventaire, le terrain s’est révélé relativement pauvre, autant en faune qu’en flore, car les techniques d’entretien n’étaient pas propices à la biodiversité.

Une gestion différenciée a été mise en place et, à peine un an plus tard, des différences évidentes ont été observées : des haies plus larges, des nouvelles variétés d’espèces et de plantes (insectes, sauterelles, grillons, graminées…).

Une évaluation sera réalisée sur 5 ans dans le cadre du protocole des « niches LPO »

La mobilisation du personnel

ALe programme GESSOL a été l’occasion de mettre en place une animation auprès du personnel pour expliquer la microfaune et le lien qui peut exister entre la façon d’entretenir un terrain et la richesse de sa litière.

Le projet a immédiatement reçu l’adhésion du personnel qui s’est montré volontaire pour y participer.

Une opération de prélèvement a été mise en place avec l’aide du personnel volontaire et du scientifique responsable du programme : explication du protocole, distribution de fiches de reconnaissance, tri, classement, pesage, observation et notation.

Résultats : 38 participants, 2 experts, 11 points d’échantillonnages, 8 groupes d’animaux recensés et une surprise : une importante masse de vers de terre (entre 100 kg et 3 t à l’ha) !

Par ailleurs, les jardiniers appartenant à une association de personnes handicapées ont été associés à l’ensemble du programme « biodiversité » et ont été formés aux nouvelles pratiques d’entretien.

Les enseignements

Les enseignements sont de deux ordres : • la biodiversité n’est pas encore

assez intégrée aux systèmes de management environnemental ;

• le regard porté sur le parc a changé : ce n’est plus un regard d’ordre strictement esthétique, mais un regard « averti », sensible à la richesse biologique du site.

Page 24: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

Odile ChanterelleConseillère en développement territorial, Chambre d’Agriculture du Maine et Loire

L’expérience « L’éleveur et l’oiseau »

La Chambre d’Agriculture accompagne l’association « Eleveurs des Vallées Angevines », dont l’objectif est de concilier l’élevage de la viande bovine avec la préservation d’une espèce rare : le râle des genêts.

L’habitat du râle des genêts menacé de disparition

Le râle des genêts est un oiseau rare qui vit en Afrique et vient nicher dans les vastes herbages des basses vallées angevines et de la vallée de la Loire. Il fait partie des oiseaux en voie de disparition figurant sur la liste rouge de l’UICN . La préservation de son habitat revêt donc une grande importance.

Les causes de dégradation de l’habitat du râle des genêts

En 1990, une forte déprise agricole, entrainant l’apparition de friches, et la plantation de peupliers ont perturbé cet habitat pourtant reconnu comme un site exceptionnel bénéficiant d’un classement Ramsar, ZICO ou ZNIEFF .

Ces classements permettent de mesurer l’importance de ce site, dont les habitants de la région n’ont pas toujours conscience.

La mise en place de mesures agri-environnementales

Face à la dégradation du site, les agriculteurs et la LPO se sont réunis pour réfléchir au maintien des pratiques agricoles nécessaires à la préservation du site et à la mise en place de mesures agri-environnementales. Ce travail a été réalisé en associant l’ensemble des autres acteurs intervenant sur ce territoire, popiliculteurs, chasseurs, pêcheurs…

Il a abouti en 1993 à un programme agri-environnemental destiné à permettre de protéger le râle des genets en tant que tel, mais aussi, le râle des genets en tant qu’espèce dite « parapluie ». Les mesures ainsi définies consistent à retarder les fauches pour protéger la nidification, à ne pas utiliser de produits phytosanitaires ni d’engrais, à entretenir les fossés…

Page 25: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf
Page 26: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

Création d’une marque : « L’éleveur et l’oiseau, le bœuf des vallées »

Certains agriculteurs ont adhéré à ces mesures agri-environnementales sans pour autant connaître les aspects environnementaux.

Ils les ont découvert au fur et à mesure, puis ont souhaité mettre en valeur leur territoire de façon à mieux le préserver, tout en continuant à exploiter leurs prairies.

Ils ont cherché à promouvoir de leur territoire en valorisant les produits qui en sont issus.

La marque

Après réflexion et enquêtes auprès des consommateurs, les agriculteurs ont créé la marque « l’Eleveur et l’oiseau, le bœuf des vallées ».

Le cahier des charges s’appuie sur :le fait que les agriculteurs adhèrent aux mesures agri environnementales qu’ils recourent à des pratiques d’élevage spécifiques : alimentation à base d’herbe essentiellement, présence sur l’exploitation, chargement (nombre d’animaux par hectare) à respecter…

Le montage de la commercialisation

La question de la commercialisation ne s’est pas faite sans mal, et n’est pas encore complètement résolue aujourd’hui.

Un premier essai a dû être arrêté en 2004-2005 suite à un problème de suivi commercial.

Un travail a été alors initié pour la recherche d’un nouveau partenaire. C’est avec un laboratoire basé en Vendée « Vendée Loire Viande », laboratoire qui s’intéresse beaucoup à des niches de production, en Brière, à Belle Ile et dans d’autres secteurs particuliers, que s’est conclu le partenariat.

Depuis 2010, celui-ci recherche des magasins pour commercialiser la marque. Il s’agit plutôt de magasins de proximité, moyennes et petites surfaces. Le projet est également construit avec un commerçant en bestiaux du Maine et Loire.

Suite aux difficultés rencontrées pour la commercialisation, il est en effet apparu important que l’organisation mise en place regroupe à la fois les éleveurs, l’abattoir et le commerçant en bestiaux.

Actuellement, 5 magasins commercialisent la viande de la marque « L’éleveur et l’oiseau, le bœuf des vallées ».

La sensibilisation et la communication des commerçants

Il n’est pas facile, pour un nouveau produit, de faire sa place, car les

bouchers ont leurs habitudes. Il est donc très important de sensibiliser les directeurs des commerces et les bouchers pour les convaincre de l’intérêt de proposer les produits de la marque. Ce travail est en cours.

Un projet de territoire et la reconnaissance d’un service rendu par la biodiversité 

Aujourd’hui, on peut affirmer que l’association a réussi à faire reconnaître le travail des éleveurs par rapport à la biodiversité.

Désormais, il est entendu que leur présence est indispensable dans ces vallées et que leurs pratiques d’élevage sont fondamentales pour la préservation de ce territoire.

En effet, les résultats sont là, puisque les deux tiers de la population du râle des genêts se situent dans ces zones herbeuses des basses vallées angevines et de la vallée de la Loire.

Historiquement, la relation des éleveurs avec les naturalistes n’était pas facile. Or, aujourd’hui, il est fréquent que les éleveurs signalent aux naturalistes la présence du râle et les accompagnent dans les suivis de l’oiseau.

Une vraie coopération s’est instaurée. L’évaluation et la re-discussion des mesures à prendre

Page 27: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

sont effectuées avec les éleveurs, ce qui est très important puisque ce sont eux qui sont amenés à les appliquer.

Ce travail est conduit également avec les élus qui apportent un fort soutien à la démarche, que ce soit au niveau du Conseil Général, de l’agglomération d’Angers, des communautés de communes ou des communes.

L’idée est maintenant de présenter ce projet de territoire au grand public pour faire prendre conscience de la présence des éleveurs sur le site et de leur rôle pour la protection du râle des genêts.

Il s’agit bien là de faire connaître un service rendu par la biodiversité.

Page 28: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

Véronique DhamFondatrice et directrice générale de Gondwana

La mission de Gondwana

Gondwana est la première agence française de conseil en stratégie et en partenariat, spécialisée dans la protection de la biodiversité.

Son rôle est d’aider les entreprises à définir leur politique dans cet univers et à nouer des partenariats durables avec les acteurs de la protection de l’environnement (ONG, associations de protection de la nature, parcs et réserves naturels, programmes et expéditions scientifiques, parcs zoologiques).

Les outils d’auto-évaluation pour les entreprises

En matière de biodiversité, les outils ne sont pas aussi standardisés que le sont le Bilan Carbone et l’Analyse du Cycle de Vie.

Dès lors que l’objet est le monde du vivant, l’approche consistant à concevoir un outil standard est délicate à mettre en place.

En effet, avec des critères multiples comme les espèces, les saisons ou la localisation, il est très difficile d’isoler la biodiversité dans un indicateur unique.

En revanche, il existe des outils d’évaluation qualitative qui s’appuient sur des données scientifiques. Depuis des années, des

experts produisent des référentiels et étudient les impacts subis par la biodiversité.

Trois types d’outils existent aujourd’hui :

• un outil développé par des entreprises anglo-saxonnes ;

• un outil développé par l’association l’OREE (une association qui regroupe des entreprises, des collectives locales et des associations) ;

• un outil proposé par le Ministère de l’Ecologie dans le cadre de l’Année internationale de la Biodiversité (2010).

L’objectif de ces outils est bien d’inciter les entreprises à s’auto-évaluer sur leur dépendance vis-à-vis de la biodiversité.

Celles-ci prennent alors conscience qu’elles sont dépendantes et ont des impacts sur les écosystèmes, et donc une responsabilité vis-à-vis du vivant.

Les limites des outils existants

Sur un sujet que les entreprises connaissent encore très mal, il leur est difficile de faire une auto-évaluation et de s’appuyer sur une démarche interne pour définir un plan d’actions. C’est sur l’idée qu’une entreprise a besoin d’un

regard expert et d’une mise en cohérence de ses actions que l’outil de Gondwana a été fondé.

En effet, la pertinence de la démarche « biodiversité » pour une entreprise ne repose que sur la qualité du diagnostic. Celui-ci et le plan d’actions qui en découle doivent être réalisés avec des professionnels, des associations ou des scientifiques compétents. Enfin, Gondwana déplore que la biodiversité soit quasiment absente de tous les outils de management environnemental ainsi que des études d’impact. Or, ces oublis peuvent avoir de graves conséquences pour la survie de certaines ressources naturelles.

Aussi, lors de ses interventions, l’agence Gondwana recommande systématiquement de faire un audit.

Page 29: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf
Page 30: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf
Page 31: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

Conclusion de Bernard Cressens Conseiller scientifique, WWF France

L’ensemble des interventions de cette conférence confirme que la biodiversité ne se résume pas à l’environnement.

En effet, la biodiversité englobe la totalité du vivant. Au-delà du bilan carbone, il faut s’intéresser au vivant, ce que fait notamment l’empreinte écologique développée par le WWF.

Les entreprises qui se sont exprimées ont réalisé un travail important sur l’approvisionnement, même s’il existe une problématique sur les labels. Elles ont également travaillé sur l’éco-conception, la proximité et l’innovation.

Autre élément marquant à retenir : l’affichage environnemental., à l’image de l’électroménager où les classes peu performantes écologiquement ont quasiment disparu.

L’affichage environnemental montre que si on donne un signal fort aux entreprises via le consommateur, celles-ci ont une capacité à s’adapter.

Le véritable problème actuel est le peu d’attention porté à la terre, à la biodiversité du sol. Un hectare de terre comprend pourtant 4 tonnes de micro organismes avec 1 millard d’individus au gramme.

Or, on a épuisé la richesse des sols avec l’agriculture intensive. Il est donc nécessaire de développer le génie écologique, c’est-à-dire une agriculture compatible avec la biodiversité. Il est également possible de travailler à la valorisation économique de la biodiversité avec les agriculteurs (voir l’exemple « L’éleveur et l’oiseau »).

En réponse à une question sur les risques d’une approche trop culpabilisante de l’environnement que pourrait induire l’empreinte écologique, il est rappelé que le rôle du WWF est de monter des programmes et d’envisager des scenarii possibles.

Selon le WWF, il faut notamment que le consommateur, servile dans une société de consolation, se transforme en citoyen « consom’acteur », tout en gardant de la place pour la Nature, qui est aussi une source de spiritualité.

Les entreprises qui s’engagent pour la biodiversité développent une relation basée sur la confiance, la sincérité, et l’authenticité avec leurs clients.

En référence à Saint Exupéry qui disait : « Tu n’as pas à prévoir l’avenir, mais juste à le permettre », il faut préparer le changement culturel.

Page 32: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

Conclusion de Gilles MahéVice-Président de Angers Loire Métropole et Adjoint à l’environnement de la Ville d’Angers

La biodiversité, c’est l’affaire de tous

Le développement durable et notamment la biodiversité, c’est bien l’affaire de tous : l’affaire des collectivités locales, l’affaire des entreprises, (vous en avez été ici l’expression et en avez traduit la détermination) et l’affaire de l’ensemble des concitoyens…

La collectivité locale a une responsabilité sur la biodiversité par ses compétences en matière d’aménagement du territoire

Compétente en matière d’aménagement du territoire, la collectivité locale se doit d’inscrire dans les documents d’urbanisme des enjeux de son territoire (SCOT, PLU…).

Aujourd’hui la biodiversité doit donc être complètement intégrée dans ces démarches avec des diagnostics le plus exhaustifs possible, l’intégration de la trame verte et bleue, l’intégration des corridors écologiques…

Les collectivités locales gèrent également un certain nombre d’espaces urbains végétalisés sur

lesquels il faut imprimer une gestion qui soit complètement en rupture avec la gestion antérieure exercée sur ces espaces. Chaque collectivité le fait à son rythme. Angers Loire Métropole, par exemple, s’est fixé l’objectif « zéro phytosanitaire » à la fin du mandat.

Au-delà du slogan, il s’agit de permettre aux services techniques de répondre à cette commande (techniques de gestion différenciée, types de végétaux à utiliser…)

La collectivité locale comme animateur des acteurs du territoire sur les questions de biodiversité

La collectivité locale doit également prendre en compte la nécessité de la compréhension de ces nouvelles dimensions par le public. En effet, l’aspect visuel des espaces change et la perception d’un espace public « soigné » ne peut plus être la même.

Parallèlement à ses choix politiques, la collectivité locale se dote d’outils pour déployer un ensemble d’accompagnement (sensibilisation, information... ), tel que, à Angers, le Muséum d’Histoire Naturelle, la Maison de l’Environnement, des réunions organisées dans les quartiers…

Des explications sont importantes pour aller vers une plus grande acceptabilité des changements et une appropriation par l’action individuelle.

Au-delà des espaces emblématiques sur lesquels la collectivité communique, l’action de la collectivité locale doit pouvoir motiver les habitants pour qu’ils agissent sur les espaces privés, nombreux sur le territoire (jardins privatifs...).

Pour y arriver, la collectivité est obligée de travailler avec d’autres acteurs tels que les jardineries par exemple.

La collectivité, en plus des réponses techniques qu’elle apporte, a ainsi ce rôle d’animateur des différents acteurs du territoire.

La collectivité locale et sa responsabilité vis-à-vis de la biodiversité en tant qu’acheteur public

En tant qu’acheteur public, à travers la dynamique de la mise en œuvre de sa politique d’achat, la collectivité locale peut agir en faveur de la biodiversité.

Le code des marchés publics qui permet, en effet d’intégrer, dans

Page 33: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

les appels d’offre, des critères qui ne sont plus « le moins disant », mais des critères qualitatifs (article 53 pour la dimension sociale et article 14 pour la dimension environnementale).

Les fournisseurs doivent être au fait de cela et comprendre que la commande se modifie avec des exigences en matière d’impact des produits, mais aussi des exigences sur la manière dont l’entreprise s’organise…

Les critères RSE sont des critères qui vont être intégrés. Dans le Grand Ouest, une association a été constituée pour définir les besoins des collectivités et travailler avec les fournisseurs pour aller vers une adéquation entre l’offre et la demande.

Quelques mots des auditeurs du CHEDD

Afin de produire suffisamment sans prélever dans la nature plus que ce qu’elle est capable de produire et de recycler, il est devenu nécessaire de synchroniser les cycles économiques et écologiques.

Le travail d’exploration conduit par les auditeurs du CHEDD pour la préparation de cette conférence leur a permis de découvrir l’urgence de ce sujet, les approches possibles et l’engagement existant d’ores et déjà par plusieurs entreprises.

Que ce soit par une gestion responsable de leurs approvisionnements, par une réduction de l’impact de leurs activités ou par une action délibérée

sur leur environnement immédiat, elles sont plusieurs, quelque soit leur taille, a avoir décidé de s’impliquer et a avoir mis en œuvre des actions concrètes, comme le montrent les témoignages présentés lors de la conférence.

Page 34: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf
Page 35: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf

Réalisation : Pascale Robinet, Hugo Ponce, Jérôme Jumel, Florence Albert

Remerciements

Les auditeurs du CHEDD tiennent à remercier tous les intervenants qui ont accepté de consacrer du temps à partager leurs connaissances et témoigner de leurs expériences lors de cette conférence, ainsi que les 4 écoles – Ecole Supérieure d’Angers, Ecole des Mines de Nantes, Ecole Centrale de Nantes, Audencia – et leurs enseignants qui les ont accompagnés tout au long de la préparation.

Page 36: Chedd 2011 synthese conference biodiversité.vf