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Le congrès de Saragosse a profondément modifié notre compréhension des congrès annuels de l’association ; c’est un bon exemple de l’influence du numérique sur les organisations, par les codes, les méthodes, l’approche relationnelle qu’il induit. Alors même qu’il s’agissait au départ d’inviter à réfléchir les établissements de la Mlf sur leur « entrée en numérique », c’est la Mlf qui s’est d’abord trouvée interrogée sur les ouvertures que suggérait voire imposait l’objet même du congrès dans sa façon de piloter son réseau, de repenser ses méthodes et outils en ligne, de mettre ces outils en relation avec les axes d’animation pédagogique de ce réseau et à leur service. Tout cela pour l’élève, notre raison d’être, et qui pour la première fois y est intervenu en direct, en acteur, en sujet, par la voix d’un de ces exemples de surdoué numérique de sa génération. On n’oubliera pas à Dijon que le numérique place vraiment cette fois l’élève au centre de son propre processus d’apprentissage. Et on se donnera les outils pour le montrer. Si ce congrès a été jugé passionnant par les participants, c’est qu’il a induit un changement de méthode et de posture : on a vu que le numérique interdisait toute verticalité du message ; qu’il imposait une curiosité et une modestie partagées devant le potentiel inconnu ; qu’il met- tait en œuvre une dynamique collective fondée sur une lucidité commune devant l’enjeu. Une sorte de sentiment de combativité à la hauteur de la compétitivité découlait de l’irruption du numérique dans le paysage éducatif international. Ce ne sera pas le moindre des enjeux du congrès 2015 que de retrouver l’oxygène qu’apporte la promesse d’une culture renouvelée par les langages et une égalité entre acteurs, condition de leur mobilisation autour d’un projet commun… sans naïveté ni espoirs excessifs, mais avec la certitude tout de même que la pé- dagogie doit faire sens avec le numérique si l’on veut éviter que l’usage numérique ne fasse sens par lui-même à l’école. L’étape suivante sera réussie en conservant la dynamique, une sorte d’enthousiasme inquiet, en lui assignant des objectifs à la fois ambitieux, réalistes et concrets : Le premier enjeu désigne l’humain dans le numérique. Non pas que le numérique serait a priori l’inhumain, mais la Mlf souhaite mettre en évidence ce que le numérique peut enrichir d’humain en l’homme « scolaire » : l’élève et l’équipe qui agit autour de lui et pour lui. Dans le premier cas, les compétences à construire sont visées, nous les avons synthé- tisées : communiquer, devenir citoyen, construire son autonomie. Dans le second cas, on voudra savoir comment le numérique peut construire une communauté plus solidaire autour des apprentissages, et plus conviviale dans les relations qui l’unissent pour la réus- site des élèves qui lui sont confiés. 1/2 Congrès des personnels d’encadrement Mlf/OSUI 2015 11-13 mai - Dijon

Congres Dijon

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Le congrès de Saragosse a profondément modifié notre compréhension des congrès annuels de l’association ; c’est un bon exemple de l’influence du numérique sur les organisations, par les codes, les méthodes, l’approche relationnelle qu’il induit. Alors même qu’il s’agissait au départ d’inviter à réfléchir les établissements de la Mlf sur leur « entrée en numérique », c’est la Mlf qui s’est d’abord trouvée interrogée sur les ouvertures que suggérait voire imposait l’objet même du congrès dans sa façon de piloter son réseau, de repenser ses méthodes et outils en ligne, de mettre ces outils en relation avec les axes d’animation pédagogique de ce réseau et à leur service. Tout cela pour l’élève, notre raison d’être, et qui pour la première fois y est intervenu en direct, en acteur, en sujet, par la voix d’un de ces exemples de surdoué numérique de sa génération. On n’oubliera pas à Dijon que le numérique place vraiment cette fois l’élève au centre de son propre processus d’apprentissage. Et on se donnera les outils pour le montrer.

Si ce congrès a été jugé passionnant par les participants, c’est qu’il a induit un changement de méthode et de posture : on a vu que le numérique interdisait toute verticalité du message ; qu’il imposait une curiosité et une modestie partagées devant le potentiel inconnu ; qu’il met-tait en œuvre une dynamique collective fondée sur une lucidité commune devant l’enjeu. Une sorte de sentiment de combativité à la hauteur de la compétitivité découlait de l’irruption du numérique dans le paysage éducatif international. Ce ne sera pas le moindre des enjeux du congrès 2015 que de retrouver l’oxygène qu’apporte la promesse d’une culture renouvelée par les langages et une égalité entre acteurs, condition de leur mobilisation autour d’un projet commun… sans naïveté ni espoirs excessifs, mais avec la certitude tout de même que la pé-dagogie doit faire sens avec le numérique si l’on veut éviter que l’usage numérique ne fasse sens par lui-même à l’école.

L’étape suivante sera réussie en conservant la dynamique, une sorte d’enthousiasme inquiet, en lui assignant des objectifs à la fois ambitieux, réalistes et concrets :

� Le premier enjeu désigne l’humain dans le numérique. Non pas que le numérique serait a priori l’inhumain, mais la Mlf souhaite mettre en évidence ce que le numérique peut enrichir d’humain en l’homme « scolaire » : l’élève et l’équipe qui agit autour de lui et pour lui. Dans le premier cas, les compétences à construire sont visées, nous les avons synthé-tisées : communiquer, devenir citoyen, construire son autonomie. Dans le second cas, on voudra savoir comment le numérique peut construire une communauté plus solidaire autour des apprentissages, et plus conviviale dans les relations qui l’unissent pour la réus-site des élèves qui lui sont confiés.

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Congrès des personnels d’encadrement Mlf/Osui 2015

11-13 mai - Dijon

� Le second enjeu désigne le fonctionnement de l’organisation éducative révisé voire rebâti par le numérique. Il n’y a pas de miracle par le numérique, c’est un parcours vers une culture : autant qu’il soit le moins individualiste, le plus participatif, et le plus réflexif possible. La charte numérique permettant de faire cheminer l’établissement vers une conscience et des modalités d’action partagées constitue un outil immédiat, facile d’ac-cès, d’usage, peut-être adaptable, en tout cas objectif pour une mobilisation efficace. En même temps, c’est tout le projet d’établissement qui se trouve interrogé, mais aussi re-vitalisé si besoin était car lui aussi est une démarche vers une culture commune. Il n’est pas impossible que le numérique ait besoin de ce point d’appui-là, et que le projet retrouve des couleurs c’est-à-dire une légitimité et une nécessité que trop d’usage et l’usure ont ternies pour un certain nombre d’enseignants.

� Le troisième enjeu est celui de la coopération, de la circulation des idées, des projets, de la mobilité des élèves et de leurs enseignants avec le numérique ou sans lui car rien ne remplace le voyage et le contact humains pour grandir. L’immense apport du congrès de Saragosse est d’avoir ouvert la voie d’une coopération entre le petit monde éducatif Mlf (l’étranger) et ses partenaires hexagonaux et la Mlf en est fière. Ces mondes qui aspirent à se découvrir, au motif que l’éducation est un face à face avec le Monde, ont été si peu sensibles l’un à l’autre dans le passé qu’on peut s’étonner de la sous-exploitation mutuelle de leurs potentiels respectifs. Avec le numérique, il n’y a plus de sachants et d’apprenants, tout le monde tâtonne, apprend des autres. Et un établissement scolaire apprend qu’il se construit avec les autres, dans sa proximité, sa périphérie, sa source (nationale). On attend du congrès de 2015 qu’il conforte cette mise en relation, entre nos institutions, qu’à l’échelle gérable d’organisations curieuses les unes des autres, des partenariats se développent (entre établissements), des circulations se mettent en place sur projets (la vie scolaire, les CVL, la pédagogie des langues, la réflexion sur les programmes en contexte), des expertises circulent au service de la compétence des personnels. Le numérique est ici un moteur, un prétexte, un outil d’une culture de la quête, de la complicité, du partage.

En somme, ce congrès, nous le souhaitons comme une coproduction, un moment de hardiesse et d’inventions partagées autour de la pédagogie, une vision concrète de l’établissement d’en-seignement français tel que le numérique peut apporter dès maintenant, demain, aux élèves qui nous font confiance.

Jean-Christophe DEBERRE Directeur général

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