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Mardi 28 février 2012 - 68 e année - N˚20872 - 1,50 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Erik Izraelewicz Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,50 ¤, Cameroun 1 600 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 600 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,80 ¤, Gabon 1 600 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 750 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,50 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,20 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 600 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 35 KRS, Suisse 3,00 CHF, TOM Avion 380 XPF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 600 F CFA, V ictime de son succès, la Cour européenne des droits de l’homme est dans le collimateur de l’un des Etats qui en sont pourtant à l’origine, la Grande-Bretagne. Alimenté par le fort courant eurosceptique qui prévaut dans les rangs du Parti conservateur à Westminster, le contentieux s’alourdit entre Lon- dres et la Cour de Strasbourg, à partir d’une affaire relativement mineure : la Cour européenne considère que le Royaume-Uni, en refusant par principe d’accorder le droit de vote aux détenus, contrevient au droit à des élec- tions libres. Le Royaume-Uni occupe actuel- lement, jusqu’à mai, la présidence tournante du Conseil de l’Europe, organisation qui a son siège à Strasbourg et dont dépend la Cour. Le premier ministre britan- nique, David Cameron, y a pro- noncé fin janvier un discours dans lequel il a accusé la Cour de « déformer » le concept des droits de l’homme. Il s’y est aussi fait le porte-parole d’une « anxiété démocratique crédible », causée, selon lui, par certaines décisions des juges européens. Outre l’affai- re du droit de vote des détenus, M. Cameron reproche à la Cour une décision qui a contraint Lon- dres à remettre en liberté sans pouvoir l’expulser l’islamiste radi- cal Abou Qatada. L’élection d’un magistrat bri- tannique, Sir Nicolas Bratza, au poste de président de la Cour en novembre n’a pas réussi à calmer le jeu. Le gouvernement britanni- que veut proposer en avril une série de réformes visant à élargir « la marge d’interprétation » des Etats et donc à réduire l’influence de la Cour. La Belgique, l’Autriche et surtout l’Allemagne y sont farouchement opposées. La Fran- ce, qui s’intéresse assez peu à la Cour de Strasbourg, y est plutôt favorable. Cette polémique est regretta- ble. En plus de cinquante ans d’existence, la Cour européenne a acquis un rôle essentiel sur le continent, non sans froisser les susceptibilités gouvernementa- les. Les 47 juges des 47 Etats mem- bres du Conseil de l’Europe inven- tent jour après jour un droit euro- péen, à mi-chemin entre la com- mon law anglo-saxonne et le droit romain, particulièrement protec- teur des droits fondamentaux, avec des conséquences importan- tes sur la vie de nos sociétés. C’est un cas unique au monde. Aujour- d’hui, les juges nationaux assimi- lent sa jurisprudence et prennent des décisions qui heurtent parfois le droit national : cela a été le cas en France, par exemple, pour la garde à vue. Certaines critiques britanni- ques, cependant, sont fondées. La Cour européenne, qui peut être saisie par chacun des 800 mil- lions de citoyens des Etats mem- bres, est menacée d’asphyxie par la multiplication de contentieux mineurs : près de 150 000 requê- tes sont actuellement en instance. Les gouvernements des Etats membres du Conseil de l’Europe doivent lui donner les moyens de fonctionner et accepter les réfor- mes qui rationaliseront et rédui- ront sa charge, sans pour autant remettre en cause son autorité. C’est à ces conditions qu’ils pour- ront garder une Cour forte, effica- ce et indispensable. p Lire page 13 ÉPIDÉMIOLOGIE La faune sauvage fait l’objet d’une campagne de surveillance. Cerfs, sangliers et désormais blaireaux deviennent un vecteur de la maladie. P. 9 ÉLECTION Le scrutin présidentiel sénégalais du 26 février laisse entrevoir un second tour entre Abdoulaye Wade et son ancien premier ministre, Macky Sall. P. 6 L a victoire de l’équipe de Fran- ce de rugby 23-17, dimanche 26 février à Edimbourg, dans un stade de Murrayfield plein à cra- quer, face à des Ecossais admira- bles de panache, a démontré la soli- dité et la maturité du XV tricolore, finaliste de la Coupe du monde de rugby. Elle a également confirmé l’éclosion d’un joueur de 24 ans : Wesley Fofana, Parisien de naissan- ce, Clermontois d’adoption. Le jeune centre a marqué un essai plein de fougue et de fluidité, le deuxième en seulement deux sélections, débloquant le comp- teur des Français au moment où ces derniers étaient menés 10-0 et sévèrement secoués. p Lire page 21 SYRIE Les journalistes blessés à Homs ont refusé, vendredi, de parcourir la distance qui les séparait des véhicules du CICR. Les négociations continuent. P. 7 Editorial Triomphe français à Hollywood Le Monde Economie Haro sur les blaireaux, nouveau réservoir de tuberculose bovine Ces réformes Sarkozy que garderait Hollande t Le rôle de la France à l’OTAN n’est plus contesté Surprise à Dakar : le président Wade serait en ballottage Les 400 mètres qui ont fait échouer l’évacuation d’Homs Comment rendre la France plus compétitive ? a Le 17 février, syndicats et patronat ont entamé les négociations « compétitivité-emploi » destinées à relancer l’activité en France par un desserrement des contraintes et une baisse du coût du travail a L’Espagne et l’Italie ont choisi de faciliter les licenciements afin de lever les freins à l’embauche a Mais la réduction des coûts ne suffit pas à éviter les délocalisations Débats, p. 18, et supplément « Le Monde Economie » Wesley Fofana, le diamant brut du XV de France UK price £ 1,50 A Los Angeles, dimanche 26 février. CHRIS CARLSON/AP ONS SIM Photo non contractuelle DES PRIX TOUT EN DOUCEUR SUR LES LITERIES FASCINATION, CONSTELLATION... ET L’ENSEMBLE DES EXCLUSIVITÉS GRAND LITIER. À PARIS DEPUIS 1926 ESPACE TOPPER - GRAND LITIER SUR 500 M 2 André Renault, Bultex, Dunlopillo, Epéda, Sealy, Simmons, Swiss confort, Tempur, Tréca... les plus grandes marques associées aux conseils d’experts. 66 rue de la Convention Paris 15 e , ouvert 7j/7 de 10h à 19h, tél. : 01 40 59 02 10, M° Boucicaut, parking gratuit. FABRICATION FRANÇAISE Matelas capitonné, couchage double face, soutien indépendant et progressif de votre corps, garnissage noble, esthétique raffinée... la technologie Simmons atteint son apogée. ESPACE TOPPER, LES PRIX VOUS LAISSENT RÊVEURS... Conforter le succès de la Cour de Strasbourg La révolution invisible du gaz, par Martin Wolf Supplément t « The Artist » remporte cinq Oscars, dont celui du meilleur acteur pour Jean Dujardin Le regard de Plantu D u quinquennat qui s’achève, quel- les réformes conserveraient les socialistes s’ils gagnaient l’Elysée ? Loin de faire table rase, le candidat du PS opterait davantage pour le remplacement et l’accommodement que pour l’efface- ment. « L’idée n’est pas de défaire, mais de faire », explique Pierre Moscovici, direc- teur de campagne de François Hollande. Si la circulaire Guéant sur les étudiants étrangers, les peines planchers pour les récidivistes, la réforme territoriale et celle de la formation des enseignants devraient être supprimées, bien d’autres mesures, telles que l’entrée de la France dans le com- mandement militaire intégré de l’OTAN, la création de Pôle emploi ou la loi sur le service minimum ne seraient pas remises en cause. p Lire pages 10-11

journal le monde du 28-2-2012

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صحيفة لوموند ليوم 28-2-2012

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Page 1: journal le monde du 28-2-2012

Mardi 28 février 2012 - 68e année - N˚20872 - 1,50 ¤ - Francemétropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur: Erik Izraelewicz

Algérie 150 DA,Allemagne 2,00 ¤,Antilles-Guyane 2,00 ¤,Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,50 ¤, Cameroun 1 600 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 600 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,80 ¤, Gabon 1 600 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤,Hongrie 750 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,50 ¤,Malte 2,50 ¤,Maroc 10 DH,Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,20 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 600 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 35 KRS, Suisse 3,00 CHF, TOM Avion 380 XPF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 600 F CFA,

V ictimede son succès, laCour européennedesdroits de l’hommeest dans

le collimateurde l’undes Etatsqui en sontpourtant à l’origine, laGrande-Bretagne.Alimentépar lefort courant eurosceptiquequiprévautdans les rangs duParticonservateuràWestminster, lecontentieuxs’alourdit entre Lon-dres et la Cour de Strasbourg, àpartir d’une affaire relativementmineure: la Cour européenneconsidèreque le Royaume-Uni, enrefusantpar principed’accorderle droit de vote auxdétenus,contrevient audroit à des élec-tions libres.

Le Royaume-Unioccupeactuel-lement, jusqu’àmai, la présidencetournanteduConseil de l’Europe,organisationqui a son siège àStrasbourget dont dépend laCour. Lepremierministre britan-nique,DavidCameron, y a pro-

noncé fin janvier undiscoursdans lequel il a accusé la Cour de«déformer» le concept des droitsde l’homme. Il s’y est aussi fait leporte-paroled’une «anxiétédémocratiquecrédible», causée,selon lui, par certainesdécisionsdes juges européens.Outre l’affai-re dudroit de vote des détenus,M.Cameron reproche à la Courunedécisionqui a contraint Lon-dres à remettre en liberté sanspouvoir l’expulser l’islamiste radi-calAbouQatada.

L’électiond’unmagistrat bri-tannique, SirNicolas Bratza, aupostedeprésidentde la Cour ennovembren’a pas réussi à calmerle jeu. Le gouvernementbritanni-queveut proposer en avril unesérie de réformesvisant à élargir

«lamarged’interprétation»desEtats et donc à réduire l’influencede la Cour. La Belgique, l’Autricheet surtout l’Allemagney sontfarouchementopposées. La Fran-ce, qui s’intéresse assez peu à laCourde Strasbourg, y est plutôtfavorable.

Cettepolémiqueest regretta-ble. Enplusde cinquante ansd’existence, la Cour européenneaacquisun rôle essentiel sur lecontinent, non sans froisser lessusceptibilitésgouvernementa-les. Les 47 juges des 47 Etatsmem-bresduConseil de l’Europe inven-tent jour après jourundroit euro-péen, àmi-cheminentre la com-mon law anglo-saxonneet le droitromain, particulièrementprotec-teurdes droits fondamentaux,avecdes conséquences importan-tes sur la vie denos sociétés. C’estun casunique aumonde.Aujour-d’hui, les juges nationauxassimi-

lent sa jurisprudenceet prennentdesdécisionsqui heurtentparfoisle droit national: cela a été le casenFrance, par exemple, pour lagarde à vue.

Certaines critiquesbritanni-ques, cependant, sont fondées. LaCour européenne, qui peut êtresaisiepar chacundes 800mil-lionsde citoyens des Etatsmem-bres, estmenacéed’asphyxieparlamultiplicationde contentieuxmineurs: prèsde 150000requê-tes sont actuellementen instance.Les gouvernementsdes EtatsmembresduConseil de l’Europedoivent lui donner lesmoyensdefonctionner et accepter les réfor-mesqui rationaliserontet rédui-ront sa charge, sanspour autantremettre en cause sonautorité.C’est à ces conditionsqu’ils pour-ront garderuneCour forte, effica-ce et indispensable.p

Lire page13

ÉPIDÉMIOLOGIE La faune sauvage fait l’objet d’unecampagne de surveillance. Cerfs, sangliers et désormaisblaireaux deviennent unvecteur de lamaladie.P.9

ÉLECTIONLe scrutin présidentiel sénégalais du 26févrierlaisse entrevoir un second tour entre AbdoulayeWadeet son ancien premierministre,Macky Sall.P. 6

L avictoirede l’équipedeFran-ce de rugby 23-17, dimanche26février à Edimbourg, dans

unstadedeMurrayfieldpleinàcra-quer, face à des Ecossais admira-blesdepanache,adémontrélasoli-dité et lamaturité duXV tricolore,finaliste de la Coupe dumonde derugby. Elle a également confirmél’éclosion d’un joueur de 24ans :WesleyFofana,Parisiendenaissan-ce, Clermontois d’adoption. Lejeune centre a marqué un essaiplein de fougue et de fluidité, ledeuxième en seulement deuxsélections, débloquant le comp-teur des Français au moment oùces derniers étaientmenés 10-0 etsévèrement secoués.p

Lire page21

SYRIELes journalistes blessés àHoms ont refusé,vendredi, de parcourir la distance qui les séparaitdes véhicules du CICR. Les négociations continuent.P.7

Editorial

TriomphefrançaisàHollywood

LeMondeEconomie

Harosurlesblaireaux,nouveauréservoirdetuberculosebovine

CesréformesSarkozyquegarderaitHollandetLe rôle de la France àl’OTANn’est plus contesté

SurpriseàDakar: leprésidentWadeseraitenballottage

Les400mètresquiontfaitéchouerl’évacuationd’Homs

CommentrendrelaFrancepluscompétitive?aLe 17février, syndicats etpatronatont entamélesnégociations«compétitivité-emploi»destinéesà relancer l’activité enFranceparundesserrementdes contraintes etunebaisseducoûtdu travailaL’Espagneet l’Italie ont choisi de faciliter leslicenciements afinde lever les freins à l’embaucheaMais la réductiondes coûtsne suffitpas à éviterlesdélocalisationsDébats, p.18, et supplément «LeMondeEconomie»

WesleyFofana,lediamantbrutduXVdeFrance

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ALos Angeles,dimanche 26 février. CHRIS CARLSON/AP

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DES PRIX TOUT EN DOUCEURSUR LES LITERIES FASCINATION,CONSTELLATION... ET L’ENSEMBLEDES EXCLUSIVITÉS GRAND LITIER.

À PARIS DEPUIS 1926ESPACE TOPPER - GRAND LITIERSUR 500 M2

André Renault, Bultex, Dunlopillo, Epéda,Sealy, Simmons, Swiss confort, Tempur,Tréca... les plus grandes marques associéesaux conseils d’experts.66 rue de la Convention Paris 15e, ouvert7j/7 de 10h à 19h, tél. : 01 40 59 02 10,M° Boucicaut, parking gratuit.

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Matelas capitonné,couchage double face,soutien indépendantet progressif de votrecorps, garnissage noble,esthétique raffinée...la technologie Simmonsatteint son apogée.

ESPACE TOPPER,LES PRIX VOUS LAISSENT

RÊVEURS...

Conforter le succèsde laCourdeStrasbourg

La révolution invisibledu gaz, parMartinWolfSupplément

t«TheArtist»remporte cinqOscars, dont celuidumeilleur acteurpour JeanDujardin

LeregarddePlantu

D u quinquennat qui s’achève, quel-les réformes conserveraient lessocialistes s’ils gagnaient l’Elysée?

Loin de faire table rase, le candidat du PSopteraitdavantagepour le remplacementet l’accommodement que pour l’efface-ment. «L’idée n’est pas de défaire, mais defaire», explique Pierre Moscovici, direc-teurde campagnede FrançoisHollande.

Si la circulaire Guéant sur les étudiantsétrangers, les peines planchers pour lesrécidivistes, la réforme territoriale et cellede la formationdesenseignantsdevraientêtre supprimées, bien d’autres mesures,tellesquel’entréedelaFrancedanslecom-mandement militaire intégré de l’OTAN,la création de Pôle emploi ou la loi sur leserviceminimumneseraientpas remisesen cause.p Lire pages10-11

Page 2: journal le monde du 28-2-2012

Les indégivrables Xavier Gorce

Société éditrice du «Monde»SAPrésident du directoire, directeur de la publication Louis DreyfusDirecteur du «Monde»,membre du directoire, directeur des rédactions Erik IzraelewiczSecrétaire générale du groupe Catherine SueurDirecteurs adjoints des rédactions SergeMichel, Didier PourqueryDirecteurs éditoriauxGérard Courtois, Alain Frachon, Sylvie KauffmannRédacteurs en chef Eric Béziat, Sandrine Blanchard, Luc Bronner, Alexis Delcambre,Jean-Baptiste Jacquin, Jérôme Fenoglio, Marie-Pierre Lannelongue («M Lemagazine duMonde»)Chef d’édition Françoise TovoDirecteur artistique Aris PapathéodorouMédiateurPascal GalinierSecrétaire générale de la rédactionChristine LagetDirecteur du développement éditorial Franck NouchiConseil de surveillance Pierre Bergé, président. Gilles van Kote, vice-président

0123est édité par la Société éditrice du «Monde» SADurée de la société : 99 ans à compter du 15décembre 2000. Capital social : 94.610.348,70¤. Actionnaire principal : Le Monde Libre (SCS).Rédaction 80, boulevardAuguste-Blanqui, 75707Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00Abonnements par téléphone : deFrance 32-89(0,34¤TTC/min); de l’étranger : (33) 1-76-26-32-89oupar Internet : www.lemonde.fr/abojournal

l’événement

L esbookmakersaméricainsavaientrai-son, qui attribuaient l’Oscar dumeilleur film à The Artist. Neufmois

après sa présentation au Festival de Can-nes, le long-métragemuet, ennoir et blancet au format 4:3 deMichelHazanavicius aremporté cinq trophées lors de la 84ecéré-monie des Academy Awards, célébréedimanche 26février à Los Angeles. Outrel’Oscar du meilleur film, les votants del’Académie des arts et sciences du cinémaont décerné les trophéesdumeilleur réali-

sateur àMichel Hazanavicius, dumeilleuracteur à Jean Dujardin, de la meilleuremusiqueàLudovicBourceetdesmeilleurscostumesàMarkBridges.C’est lapremièrefoisqu’unfilmfrançaisremporteuntelsuc-cès. La carrièredeTheArtist auxEtats-Unisdevrait connaître une nouvelle jeunesse.Depuis sa sortie, en novembre2011, le filma rapporté près de 30millions de dollars(22millionsd’euros)de recettes.

Sur la scène de l’Hollywood andHighland Centre (l’ex-Kodak Theatre,débaptisé à la suite de la faillite du fabri-cantdepellicule), l’accent français s’est faitentendredans toute sa splendeur. LudovicBource a salué les autres compositeursnommés, parmi lesquels JohnWilliams, lemusiciendeStevenSpielberg.MichelHaza-naviciusavait oublié sondiscours lorsqu’ila reçu l’Oscar du réalisateur, et s’en estmanifestementsouvenuenremontantsurscène lors de la remise de l’Oscar dumeilleur film. Il a alors remercié trois per-sonnes: «Billy Wilder, Billy Wilder et BillyWilder.» Entre-temps, Jean Dujardin avaitsalué la mémoire de Douglas Fairbanks,l’un des modèles du personnage de Geor-ges Valentin dans The Artist. Il a ensuitemontréaupublic«cequeGeorgesValentindirait s’il n’était pasmuet» et s’est écrié, enfrançais: «Putain, génialmerci !». Contrai-rement aux jurons américains, celui-ci n’apas été recouvert d’unbippar les censeursde la chaîne ABC, propriété du groupeDisney,qui retransmettait la cérémonie.

C’est le producteur Thomas Langmannqui a reçu l’Oscar dumeilleur film, ce quilui a permis d’introduire àHollywoodunetraditionfrançaiseenremerciantsonpère,Claude Berri, mort en 2009, comme touslesprofessionnelsducinémaontcoutumede le faire lors des remises de Césars. Jus-

qu’ici, ClaudeBerri était le seul producteurfrançais à avoir été nomméà l’Oscar, pourTess, dePolanski, en 1980.

Ennombrede trophées,The Artist a faitjeu égal avec un autre film qui évoque letemps du cinéma muet, Hugo Cabret, deMartin Scorsese. Mais cette productioncolossale dont le budget est estimé à quin-ze fois celui de The Artist (qui s’élevait à13,5millions d’euros) a dû se contenter derécompenses dans les catégories techni-ques: image, effets spéciaux, décors, prisedesonetmontageson.

George Clooney, vedette de TheDescen-dants, Brad Pitt pour Le Stratège, GaryOld-man, nommé pour la première fois en unquartdesiècledecarrièrepourLaTaupe, etl’acteurmexicain Demien Bichir (nommépour A Better Life, inédit en France) ontdonclaissél’OscaràJeanDujardin.Entoutelogique – le trophée du maquillage ayantété attribué à La Dame de fer –, c’est lamaquillée,Meryl Streep, qui a reçu l’Oscarde lameilleureactrice.

Le dernier favori, La Couleur des senti-ments, de Tate Taylor, chronique de la viedes domestiques noires dans le sud desEtats-Unis, a dû se contenter de l’Oscar dusecond rôle féminin, qui est allé à OctaviaSpencer. Il y a 72ans, le premierOscar afro-américain était attribué à Hattie McDa-niels pour son rôle d’esclave dans Autanten emporte le vent. Sur ce front, T.J.Martin,coréalisateur d’Undefeated, film évoquantune équipe de football de Memphis, estdevenu le premier cinéaste noir à recevoirun Oscar, celui du documentaire. Quant àWoodyAllen,absent, commeàsonhabitu-de, il recevra probablement son Oscar du

scénariooriginalpar laposte.Enfin,letrophéedumeilleurfilmenlan-

gue étrangère est allé à Une séparation,d’Asghar Fahradi. Dans son discours, lecinéaste iranien a évoqué « les paroles deguerre, d’intimidation, d’agressionéchan-géesentrepoliticiens»pourlesopposerà la«richeetancienneculture»desonpays.Cet-te intervention, dont chaque terme étaitmanifestementpesé (Asghar Fahradi tientà ne pas couper les ponts avec l’Iran), futl’occasion d’une des seules irruptions del’actualité dans une cérémonie tournéevers le passé. Présenté par Billy Crystal,63ans,héritierdescomiquesdumusic-halldes années 1930, Henny Youngman ouGeorge Burns, le chassé-croisé autour ducinémamuet (The Artist rendant homma-ge aux premières stars hollywoodiennes,Hugo Cabret rendant la politesse àMéliès,sans parler de la nostalgie parisienne deWoodyAllen)n’incitaitpas au futurisme.

Dans les semaines qui ont précédé lacérémonie, l’Académie s’était par ailleursdistinguée par son conservatisme, refu-santque lesMuppets viennent interpréterleur chanson s’ils gagnaient l’Oscar (ce quiest arrivé) ou cherchant à confisquer lesbillets de l’acteur Sacha Baron Cohen, quiavait manifesté l’intention de fouler letapis rouge en uniforme de dictateurmoyen-oriental, afin de promouvoir sonprochain film. Finalement, le comédien amis sa menace à exécution, apparaissantgrimé, une urne funéraire au nomdeKimJong-il sous le bras, parce que, a-t-il expli-qué, le dirigeant nord-coréen avait «tou-jours rêvé»d’assister auxOscars. p

Thomas Sotinel

Unenouvellevictimedelacrisegrecque:lagastronomie

A l’heureoù les tablesétoiléesnesuffisentplusàassouvirl’appétitdecélébritédenos

grandschefs, à l’heureoù lesplusambitieux,ou lesplus célèbres, lesDucasse,Gagnaire,Pourcel,Bocu-se,Picet tantd’autressedémulti-plient,essaimentpartoutdans lagalaxie, jouentdes coudespourdécrocherdeconfortablesman-datsdeconsultants, les cuisiniersgrecssontconfrontéspour leurpartàdesquestionsd’unetoutautrenature.

A l’heure, enfin, où la gastrono-mie semeurt enbeauté dans sapatrie de cœur,muséifiée aupatrimoine immatérielmondialde l’Unesco, les chefs grecs ont àchoisir entre l’exil et la faillite.

C’est en substance lemessaged’YannisBaxevanis, l’undeschefs les plus talentueuxde sagénération– élu douze fois cuisi-nierde l’annéepar le TimeOutgrec, couronné chef de l’avenirpar l’Académiegastronomiqueinternationale.

Lepropriétairedu restaurantMazi, au centred’Athènes, s’affir-me comme le chantre de la cuci-napovera (cuisinepauvre) enGrè-ce, cette tendanceprônant leretour aunaturel, auxproduitsdeproximité, au sauvage – quifait les beaux jours desmeilleu-res tables dumonde, de Copenha-gueà Sydney. Baxevanis a apprisdes vieilles Crétoises lamagiedessimples et l’art desherbes comes-tibles. Et réalisedans sonensei-gnevoisinede laplace Syntagmaet duParlement grecune cuisinesimple et lumineuse, dépouilléeet inventive.Ouplutôt réalisait,contraint à son tour de s’expa-trier et de se démultiplier,nonpar goût deshonneurs,mais bienpar la réalité.

Consultantpourplusieurs

hôtels, Yannis Baxevanis tra-vaille l’été à l’Hôtel Lagonissi,paradis du luxe à quarantekilo-mètresd’Athènes, voyage dans lemondeentier surmandatde l’Of-fice depromotiondesproduitsgrecs et a ouvertun restaurantàDubaï. Récemment, il posait sescouteauxau LausannePalace,évoquantAthènes en état de siè-ge, sans savoir ce qu’il retrouve-rait à son retour…

Réservations annulées«En janvier, lesgensne sontpas

sortisde chez eux; là-dessus, touts’estmisàbrûler. La semaineder-nière, toutes les réservationsontétéannulées. Si ca continue,ondevra fermer. Lesbons restaurantsont tous fait faillite.AvecuneTVAà23%,personnene consommeplus.»Lepersonnelde cuisineestdéjàpasséde cinqpersonnes lesoiret trois lemidiàun seulaide.

On l’a traité de fou lapremièrefois qu’il a prétendu remplacer lefoie graspar ses plats auxplantessauvages? Il a revisité le répertoi-re classique, longtemps limité àlamoussaka, pour imaginer unecuisineultra contemporaineallé-gée etnourrie de ses racinespay-sannes.«Amonpremierposte enCrète, les vieillesmontagnardesm’ont initiéà unherbier incroya-ble.»Aujourd’hui, la guimauve,lepissenlit ou le fenouil demer –entreautres végétaux tirésdel’oubli par Yannis – se trouventsur lesmarchésd’Athènes. Il s’ap-prêteà lancerunmanifestedeschefs, exortantàn’utiliser quedesproduits locaux– au lieudestomatesoudes orangesvenuesd’Espagne.

La cucinapovera?Une tendan-ce qui ressembledécidément à lacouleurdes temps enGrèce.p

VéroniqueZbinden

La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’administration. Commission paritairedes publications et agences de presse n° 0712 C 81975 ISSN0395-2037

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Imprimerie du Monde12, rue Maurice-Gunsbourg,

94852 Ivry cedex

80, bd Auguste-Blanqui,75707 PARIS CEDEX 13Tél : 01-57-28-39-00Fax : 01-57-28-39-26

Président : Louis DreyfusDirectrice générale :Corinne Mrejen

JeanDujardin :«Putain,génial,merci !»Contrairementauxjurons

américains,celui-cin’apasétérecouvertd’unbipparlescenseurs

La cérémonie desOscars

Meilleur film TheArtist , producteurThomasLangmannRéalisateurMichelHazanavicius pourTheArtistActeur JeanDujardinpour TheArtistActriceMeryl Streep pour LaDamede fer,de Phyllida LloydActeurdansunsecond rôleChristopherPlummerpour Beginners, deMikeMillsActricedansun second rôleOctaviaSpencer pour La Couleur des sentiments,de Tate TaylorFilmen langueétrangère Une séparation,d'Asghar Farhadi (Iran)Filmd'animation Rango ,deGoreVerbinskiDocumentaire Undefeated,deDaniel Lindsay et TJMartinAdaptation TheDescendants,d'Alexander Payne

Scénariooriginal Minuit à Paris,deWoodyAllenMusiqueoriginale Ludovic BourcepourTheArtistCostumesMarkBridges pour TheArtistMaquillageMarkCoulier et J.RoyHellandpour LaDamede ferMixageTomFleischman et JohnMidgleypour HugoCabret, deMartin ScorseseMontageson Philip Stockton et EugeneGeartypour HugoCabretDécorsDante Ferretti et Francesca LoSchiavopour HugoCabretPhotoRobert Richardsonpour HugoCabretEffets spéciauxRobLegato, JossWilliams,BenGrossman et AlexHenningpour HugoCabretMontageKirk Baxter et AngusWall pourMillenium

RécitMeilleur film,meilleur réalisateur,meilleur acteur,meilleuremusique,meilleurs costumes…CinqOscarspour le filmdeMichelHazanavicius

«TheArtist»:dujamais-vupourunfilmfrançaisàHollywood

Thomas Langmann, JeanDujardin,Michel Hazanavicius, James Cromwell, Bérénice Bejo, Penelope AnnMiller,Missi Pyle ainsi que le chienUggy, le 26 février, après la remise des prix, àHollywood. JOEL RYAN/AP

Lepalmarès de la 84e cérémonie desOscars

2 0123Mardi 28 février 2012

Page 3: journal le monde du 28-2-2012

l’evénement

C ’est l’histoire d’un gars quine savait rien faire d’autre.Même son amiMarc Lièvre-

mont, ancien entraîneur duXVdeFrance, doit bien l’admettre, luiqui a déjà fait semblant de lui dis-puter le ballon sur un terrain derugby: «Heureusement que Jeanachoisi de faire du cinéma…»

Jean Dujardin, le petit dernierd’une famille de quatre frères,dont trois auxprénomsd’apôtres,n’étaitpasdouépourgrand-chose.Freluquet, mutique, nul à l’école,incapable d’écrire sur les lignescomme de lire en continuité, touslessymptômesde ladyspraxie.Aurugby, il valait mieux qu’il courevite pour ne pas se faire plaquerpar ses frères. «Que va-t-on fairede lui ?», s’angoissait sa mère. Onl’appelait « Jean de la Lune». Ilrêvait. «Je n’étais pas du toutmal-heureux, précise-t-il avec ce souri-re fatal où pointe une canine droi-te légèrement décalée. J’étais trèsbiendansmonpetitmonde.J’obser-vais, jedessinais.A la finde l’année,j’imitais les profs. La classe riait etj’étaiscontent.Toutceque je savaisfaire, c’était jouer.»

C’est l’histoire d’un Français onne peut plus français, né dans lesHauts-de-Seine et enraciné dansles Yvelines, avec un petit vent desud-ouest.Unnom, JeanDujardin,commedestinéaupatrimoinegau-lois. S’appeler Dujardin et grandirà Plaisir : quel programme! Jeanest né d’unemère aimante et effa-cée, d’unpèreautoritaireetmous-tachu. Le père Jacques, rebaptiséen douce «Lamoustache» par sesquatre fils, un ancien militairedevenu chef d’entreprise dans lebâtiment, rugbyman lui-même, amis tous ses fils au rugby.

Autant dire que dans cettefamille de garçons, françaismoyens de la bourgeoisiemoyen-ne, élevés dans le sens du devoir,les valeurs de la tradition catholi-que et un même gros rire jovial,rien ne compte autant que la troi-sième mi-temps : picoler entremecs, faire des vannes sur lesfilles, se chambrer, se marrer, sebagarrer,setaperducoudeetchan-ter JoeDassinpar cœur. Jouer, tou-jours.

Ce gars-là vient de toucher lesétoilesetonne l’avaitpasvuvenir.Si français dans son être et si peufrançais dans son jeu. Le contrairede l’acteur cérébral : intégrale-ment physique, un charisme virilà la Clark Gable, une voix vague-ment nasillarde de doubleur dewestern, un corps qu’on diraitfabriqué pour occuper l’espace etprendre la lumière. Un frenchlover comme les Américains lesaiment, avec le mauvais accent etl’élégance coquine. Dans les talk-shows populaires d’outre-Atlanti-que, le héros muet de The Artistleur a donné ce qu’ils voulaient: ila joué des claquettes, imitéRobertDeNiro, fait lamoue du chameau.A l’animateur JayLeno, il a racontéses séances, enfant, chez un psy-chologue qui n’avait que quatredoigts à chaque main. « Il medemandait ce qui n’allait pas chezmoi. Je lui disais : “Ben moi, çava…”»Pour l’Oscar, c’était gagné.

Avantqu’ilnedeviennemueteten noir et blanc, on ne s’était pasvraiment rendu compte que JeanDujardin était beau. Il étaitd’abord le gars d’«Un gars, unefille», avec Alexandra Lamy, cha-quejouravantlejournalde20heu-res sur France 2, de 1999 à 2003. Ilétait ce trentenairenormalqui fai-sait rire à la télé parce qu’on avaitlemêmechezsoipournouscrêperle chignon, égoïste, tendre, jaloux,

râleur, lâche, énervant. Il est deve-nu Brice de Nice (2004), surfeurdébile et perdu dans le rêve d’unevague impossible. Puis OSS 117(2006 et 2009), l’espion idiot, pré-tentieux, raciste, misogyne, fran-chouillard ethilarant.

Il est aujourd’hui le-beauf-qui-ne-pense-qu’à-baiserdansLes Infi-dèles, la désopilante comédie àsketches, intelligemment ironi-que, qu’il vient de réaliser avecGilles Lellouche. Dans sa carrièreencore courte, Jean Dujardin s’estfait une spécialité des héros stupi-des. «C’est parce que je suis en ter-rainconnu», lance-t-il, l’œil réjoui.Il ajoute : «Le héros veule, c’est labible de la comédie. Il a aussi leméritederendrelepublicplusintel-ligent que le personnage.» « Jouerle lâche, c’est être tout près de l’hu-main», dit Gilles Lellouche.

NicoleGarcia, l’unedespremiè-res, l’a sorti de l’ornière. Dans Un

balcon sur la mer (2010), on ne ritplus, Nicole Garcia saisit l’acteurdans sa part d’ombre et de drame.«Il y aunemélancolie en lui, expli-que-t-elle, quelque chose d’obscurqui passe dans son regard, mêmedans OSS. Il pouvait être le hérosromanesque que je cherchais : legendre parfait qu’une inquiétudefait basculer.»

Depuis le «Balcon», JeanDujar-din appelle Nicole Garcia «Monchef». Peut-êtreparcequ’il luidoitses premières larmes. Parce qu’el-le a su le mettre à l’os et le fairepleurer, quand le héros du filmrevient dans la maison de sonenfance à Oran. Elle lui disait :«Enlève, enlève encore!». « Je lui aiexpliqué l’exil qu’il ne connaissaitpas, raconte-t-elle, ce chahut à l’in-térieur de soi qui n’est pas du cha-grin, le retour de ce qu’on croyaitperdu. Jean m’a dit “d’accord”. Ils’est assis sur la terrasse, il faisait

40 degrés, il y avait le bruit assour-dissantdelaville. Il s’estdéfaittota-lement et s’est écroulé en larmes. Ilm’adonné ça.»

Il l’a donnéencoredans Les Infi-dèles, toujours un peu plus loin.Poussé au bout de sa vulnérabilitépar Emmanuelle Bercot dans lesketch central, qui commencedans la grivoiserie et finit dans letragique d’un couple éprouvé parle jeu de la vérité. JeanDujardin etAlexandra Lamy, unis dans la vie,jouentàsedirevraidansle film.Laréalisatrice s’est servie de plansvolésoùilrépétait,s’énervait,cher-chait.Aunmomentdufilm, leper-sonnage frappe le mur et crie dedouleur : c’est en fait Jean Dujar-din, entre deux prises, malheu-reuxparce qu’il n’y arrivepas.

Le raté de la famille Dujardinn’aurait jamais imaginéen arriverlà. Il avait commencé comme ser-rurier et bricoleur en tout genre

dans l’entreprise paternelle. Lepèreaviteabdiqué.Lepetitnepen-sait qu’àunechose: jouer la comé-die, inventer des sketches. Et par-mi les valeurs des Dujardin, il y acelle-ci : «Ce qu’on veut faire, on lefait jusqu’au bout.» Les sketchesprennent forme: pendant son ser-vicemilitaire, dans les cafés-théâ-tres, avec sa bande des Nous cnous, Jean Dujardinmodèle com-me un orfèvre un personnaged’adolescent attardé, fantasmed’une enfance rêveuse et sanstabous, dont la grande occupationest de «casser» (clouer le bec) parune repartie très fine. Du genre :«T’escommeleccédilledans“surf”,t’existespas…Cassé!»

BricedeNice est en traindenaî-tre. Dujardin et ses compères pas-sent un peu à la télé, chez PatrickSébastien, Thierry Ardisson oudans «Graines de star». Les adul-tes n’y comprennent rien, les ados

adorent.BricedeNicevit savie surInternet. Les fans font le buzz. Lesparents se demandent pourquoileurs enfantspassent leur tempsàdire «Cassé!», la main comme uncouperet, quand ils ont le derniermot.

La productrice Isabelle Camus,qui l’avait repéré dans l’émission«Graines de star», lui propose departiciper au casting d’«Un gars,une fille». « Il était très réticent,raconte-t-elle. Il ne se sentait pascomédien, il avait peur de ne pasêtre bon.» JeanYanne le remarquedans la série. « Il n’est pas mal, cemec-là, tudevrais le regarder», dit-il à Annabel Karouby, un tempsson agent. De leur côté, les frèresproducteurs Eric et Nicolas Alt-mayer, intrigués par l’incompré-hensible notoriété de Brice deNice, entreprennent le film. Puis,dans la foulée, les OSS. Les réalisa-teurs James Huth et Michel Haza-navicius entrent en scène. Brice etHubertBonisseurdeLaBathtriom-phent. L’acteurDujardin est né.

Jean Dujardin, 40 ans en juin,est un enfant de la télé devenuadulteavecleWeb.Decettegénéra-tion d’acteurs propulsés à la célé-brité sans filtre, par un simple«buzz». Ils ne s’empoignent passur lapolitique,nesontpashantéspar la littérature ni par les filmsd’auteur comme les cinéphiles delaNouvelleVague.«Ilsontencom-mun une totale décontraction parrapport à l’érudition, au statut desuns et des autres, constate le pro-ducteur Alain Attal. Ils n’ont pashontedeciterdescomédies“lourdo-tes” américaines. Chacunparticipeà tout sur un film, sans frontièresentre lesmétiers.»

Rêver, sa fragilité d’enfance, estdevenu son ancrage. Le cancre quiavaitobtenuà lamaternelle leprixde l’observation reste un observa-teur obstiné. Pour interpréter lehéros de Frédéric Beigbeder dans99F, de Jan Kounen, il a passé desnuits de fiesta avec sonmodèle auMontana ou au Mathis bar. «Je levoyaism’espionner,sesouvientFré-déricBeigbeder. Il construisaitmonpersonnage. Il allait même beau-coupplusloincarilaunetrèsbonnedescente. L’alcool, ona l’impressionqueçaneluifaitrien.Jedisrespect.»

«Je n’ai jamais vu un acteur tra-vaillerautant, ditEmmanuelleBer-cot. Il propose toujours une versiondifférente. Entre deux prises, il ditsontexteenboucle,surtouslestons.Il refaitmêmeles scènesqu’onafinide tourner, anxieux que ça puisseêtre mieux.» Guillaume Schiff-man, directeur de la photo: «Il esttout le temps en recherche, hantépar ses textes. SurOSS, il travaillaitdéjà le “Ouaip”deLuckyLuke.»

Perfectionniste jusqu’à l’angois-se, Jean Dujardin. Le doute est safaille,lacaninedécaléedesonsouri-re presque parfait. La face sombreque l’on peine à trouver chez cegentleman, bon camarade et drôleàmourir, àqui tout réussit.Mais saforce,danssonascensionfulguran-te et quasi inhumaine, c’est de res-terungarsnormal.JamesHuth,quil’adirigédansBricedeNiceetLuckyLuke, essaie de comprendre. «AOrly,aupiedd’unescalator, il regar-dait un panneau blanc. Il m’a ditque c’est lui qui l’avait vissé là dansletemps.Sonsecretestlà: ilsaitd’oùil vient et la véritédes choses.»

Dans la conversation, entredeuxblagues, lenouveauroid’Hol-lywood semble parfois rattrapéparune ombrevague. Cet air d’en-fant égaré qui le poursuit. Il lâchesoudain:«Jecroisquejenesuispasfait pour être connu.»p

MarionVanRenterghem

La cérémonie desOscars

JeanDujardin,ungarsdanslesétoilesL’acteurfrançaisa imposésoncharismeviril, sonâmed’enfantrêveuretsonhumourpotache

Sifrançaisdanssonêtreetsipeufrançais

danssonjeu.Lecontraire

del’acteurcérébral

Perfectionnistejusqu’àl’angoisse.

Ledouteestsafaille, lacaninedécaléedesonsourirepresqueparfait

Apresque 40ans, JeanDujardin devient le premier acteur français a remporter l’Oscar dumeilleur acteur. JEAN-FRANÇOIS ROBERT/MODDS

30123Mardi 28 février 2012

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4 0123Mardi 28 février 2012l’événement

La cérémonie desOscars

CesFrançaisqui,avanteux,ontconquisdesOscarsLes dixnominationsdu filmdeMichelHazanavicius,TheArtist, le pla-çaientdéjà largement en tête dupalmarèsdes longsmétrages françaisnommésauxOscars : cinqnominationspourCyranodeBergerac,deJean-PaulRappeneau (en 1991) et Le FabuleuxDestind'Amélie Poulain,de Jean-Pierre Jeunet (en 2001) ; deuxnominationspourCamilleClaudel,deBrunoNuytten (en 1990), pour Indochine,deRégisWargnier(en 1993) et pour Les Choristes,deChristopheBarratier (en 2005).MichelHazanavicius rejoint le Franco-PolonaisRomanPolanski (récom-pensépour Le Pianiste en 2003) dans le cercle très restreint des cinéas-tes français ayant obtenuunOscar dumeilleur réalisateur. Il n'apasréussi à obtenir l'Oscardumeilleur scénariooriginal au contrairedeClaudeLelouch (pourUnhommeet une femme en 1967) et du Franco-GrecCosta-Gavras (Missing - Porté disparu en 1983).

JeanDujardin, quant à lui, réalise un exploit en étant le premier Fran-çais à décrocherunOscardumeilleur acteur. Avant lui, Charles Boyer,MauriceChevalier etGérardDepardieuont été en lice pour cette statuet-te, sept fois à eux trois,mais ont tous été distancés. Les deuxpremiersontnéanmoinspu se consolerpar la suite avecunOscar d'honneur.Seules trois actrices françaises ontdécroché le précieux trophéede la

meilleureactrice : ClaudetteColbert(pourNewYork-Miami en 1935), Simo-ne Signoret (pour Les Chemins de lahaute ville en 1960) etMarionCotillard (pour LaMôme en 2008). Anoter queCatherineDeneuvea éténomméepour l'Oscar de lameilleureactrice grâce à son rôle dans Indochi-ne,deRégisWargnier (en 1993).JulietteBinoche reste, quant à elle, laseule Française à détenir unOscardelameilleure actrice dansun secondrôlepour Le Patient anglais,d'Antho-nyMinghella (en 1997).Une catégoriedans laquelle Bérénice Bejo (TheArtist)n'a pas renouvelé l'exploit des

Césars (elle a obtenu le César 2012 de lameilleure actrice).Mais c'est incontestablementdans la catégoriedumeilleur filmen lan-gue étrangèreque la France a éténommée leplusgrandnombrede fois(39nominations) et a décroché le plus de récompenses (12Oscars).Les Français se distinguentégalementdansdeuxautres secteurs àHol-lywood : lamusiquede filmavecdes compositeurs commeMichelLegrand (troisOscars),Maurice Jarre (troisOscars), Francis Lai (unOscar)etGeorgeDelerue (unOscar). Auxquels est venu s'ajouter LudovicBour-ce,Oscar 2012de lameilleuremusiqueoriginalepourTheArtist.

Et le filmd'animation, avec l'Oscardumeilleur filmd'animationobte-nu en2010par Logoramadu studioH5 (FrançoisAlaux,Hervé deCrécyet LudovicHouplain) et lesnominations, entre autres, de Persepolis,deMarjaneSatrapi et Vincent Paronnaud (2008), de L'Illusionniste,de Syl-vainChomet (2011) et d'Une vie de chatd'AlainGagnol et Jean-LoupFeli-cioli (2012).p

Etaussi : lesfilmsfrançaispriméscommemeilleurfilmétranger1949MonsieurVincent,deMauriceCloche1951Au-delàdes grilles,deRenéClément1953 Jeux interdits,deRenéClément1959Mononcle,de Jacques Tati1963 Les Dimanchesde Ville-d’Avray,de Serge Bourguignon1967Unhommeet une femme,deClaude Lelouch, récompenséaussi par l’Oscar dumeilleur scénario1970 Z,deCosta-Gavras1973 Le Charmediscret de la bourgeoisie,de Luis Buñuel1974 LaNuit américaine,de François Truffaut1977 LaVictoire en chantant,de Jean-JacquesAnnaud1978 LaVie devant soi,deMoshéMizrahi1979 Préparez vosmouchoirs,deBertrandBlier1993 Indochine,deRégisWargnierAuxquels il faut ajouter les deux films documentaires récompenséspar l’Oscar dumeilleur documentaire:1957 LeMondedu silence,du commandantCousteau.2006 LaMarchede l’empereur,de Luc Jacquet.

LelongparcoursdescombattantsDuFestivaldeCannesauxOscarsd’Hollywood, «TheArtist»auragrimpétoutes lesmarches

Chronologie

A l’automne 2010, une tribufrançaise, emmenée parMichelHazanaviciusdébar-

que à Los Angeles pour tournerTheArtist.

Avril2011Le film est proposéau Festival de Cannes, le déléguégénéral, Thierry Frémaux le sélec-tionne d’abord pour une projec-tionhorscompétition.Cédantauxinstancesdu réalisateur et dupro-ducteur, ilaccepteensuitedelefai-re concourir pour la Palmed’or.

14mai A la veille de sa projec-tiondans lacompétitioncannoise,The Artist, produit par ThomasLangmann, est acheté par le pro-ducteur et distributeur américainHarveyWeinstein pour assurer sasortie auxEtats-Unis.

22mai C’est finalement JeanDujardinqui reçoitunprixd’inter-prétationmasculinelorsde lacéré-moniedeclôture,poursapremièrevenuesur laCroisette.Leprésidentdu jury cannois, Robert De Niro,aurait déclaré avoir souhaité luidécerner laPalmed’ormaisyavoirrenoncépouréviterundoubleprixattribuéàunseul film.

SeptembreTheArtistestremar-qué au festival très chic de Telluri-de, dans le Colorado, avant d’êtreprojeté lors d’une séance spécialeau Festival du film de Toronto enseptembre2011. Ilyreçoitunexcel-lent accueil dupublic et de la pres-

se, ce qui augure bien de sa sortieauxEtats-Unis.

Automne En attendant, le filmestprésentéauxfestivalsdeDeau-ville, Athènes, Saint Sébastien,Zurich et Lyon.

12octobre Sortie française deTheArtist

23novembreLaWeinsteinCom-panysort le filmdansquatresallesàNewYork et LosAngeles.

Novembre Le film, accompa-gnéparsonéquipeestprojetédansles grandes villes des Etats-Unis.

Partout, la critiqueest favorable.Décembre Réalisateur et

acteurs prennent d’assaut lesmédias américains, de la télévi-sion à la Toile, en passant par lapresse écrite. Il s’agit de s’assurerdu soutien des votants pour lesprix décernéspar la critique.

15janvier2012Cettephasede lacampagneseconclutparuntriom-pheauxGoldenGlobes,prixremispar la presse étrangère américai-ne. The Artist en remporte trois :meilleur film, dans la catégorie

comédie ou comédie musicale,meilleur acteur de comédie oucomédiemusicalepourJeanDujar-din, et meilleuremusique de filmpour Ludovic Bource.

25janvier En France, le film n’apas franchi la barre des deux mil-lions d’entrées, sans doute entravépar le succès d’Intouchables. Fortedu succès international du film, lafilialefrançaisedelaWarnerquidis-tribue le film en France le ressortsur plus de 300écrans. L’objectifdes deux millions d’entrées estatteint dans les jours qui suivent.Aux Etats-Unis, les nominationsaux Oscars sont annoncées, TheArtist en rafle dix, un chiffre sansprécédentpourunfilmfrançais.

Fin janvier Les professionnelsaméricains emboîtent le pas auxcritiques et remettent le prix de laScreen Directors Guild à MichelHazanavicius (28janvier), et celuide la Screen Actors Guild à JeanDujardin (29janvier).

12février L’industrie cinémato-graphique britannique décerne leBafta dumeilleur filmàTheArtist.

24févrierL’équipe repart duThéâtre du Châtelet avec sixCésars.

25 février En guise d’amuse-bouche californien: quatre Inde-pendent Spirit Awards.

26 févrierCérémonie desOscars.p

Thomas SotineletCristinaMarino

L e destin de TheArtist est sansprécédent. Il sera probable-mentsans lendemain.Lesuc-

cès du film de Michel Hazanavi-cius tient à la faculté qu’il a dereconstruire pour un instant latourdeBabelquefutlecinémajus-qu’à l’invention du parlant. Avant1928, les spectateurs et les produc-teurs se moquaient de l’accent etde l’élocution des acteurs. En 2011,les votants pour les Baftas anglais,les Goyas espagnols, les Césarsfrançais et les Oscars américainsontété séduitspar ce retourà l’âged’or et ont enfoui The Artist sousles lauriers.

Bien plus qu’un film français,c’estunmorceaud’histoireduciné-ma qui a été ainsi distingué, aumoment où le septième artconnaît sa mutation technologi-quelaplusradicale.LesOscars2012ontétéremisdansunesallequi,jus-qu’en 2011, portait le nom deKodak.MaislafirmedeRochesterafait failliteet le théâtreaétédébap-tisé,parcequeleprocédéphotochi-miquedereproductiondelaréalitéestdésormaisobsolète.

Au moment de franchir unefois pour toutes le seuil de l’âgenumérique, les professionnels ducinéma ont peut-être aussi voulu,en couronnant The Artist, direadieu à la pellicule perforée, auxprojecteursetauxcamérasélectro-

mécaniques.Ce retourvers les ori-ginesducinémaestde toute façonperceptible dans d’autresœuvres,à commencer par le Hugo Cabretde Martin Scorsese qui l’a traitéavec une impressionnante débau-che de moyens numériques–relief, images de synthèse, camé-ras 3D empruntées à James Came-ron.

CettesingularitéirréductibledeThe Artist fait que le film nedevraitpasavoirbeaucoupd’ému-les. D’autant qu’il a été produitdans des circonstances très parti-culières. Michel Hazanaviciusaime à rappeler que, mis à part leproducteur Thomas Langmann,«personnene voulait de ce film».

Il a finalement été financé pardes chaînes de télévision françai-ses publique (France3) et privée(Canal+), et par l’engagementfinancierduproducteurlui-même,ce qui n’est pas une pratique cou-rantedans le cinémafrançais.

Ensuite,leproducteuretleréali-sateur sont tombés d’accord pourrenoncer aux économiesqu’aurait permises un tournageen Europe. Réalisé aux Etats-Unis,tourné dans une autre langue quele français, le film perdait sesdroits à certaines aides publiques.

Ce choix du tournage améri-cain s’est avéréun investissementjudicieux. Outre-Atlantique, le

public et les professionnels ontapprécié, les uns de reconnaîtredes visages familiers parmi lesseconds rôles (John Goodman,PenelopeMiller), les autresdevoirles noms de leurs collègues augénérique.

Touscesélémentss’écartenttel-lement de la norme de la produc-tion cinématographique en Fran-

ce que l’on voitmal comment TheArtist pourrait être une tête depont pour les films produits de cecôté-ci de l’Atlantique.

Enfin, il ne faut pas minimiserla part prise dans ce triomphe parHarvey Weinstein, le distributeurdu film aux Etats-Unis. Le patronde laWeinsteinCompanys’est faitlaréputationdepouvoirporterjus-qu’à l’Oscar le film de son choix.C’estainsiqu’en2011ilaservi larei-ne d’Angleterre en permettant auDiscours d’un roi, de TomHooper,de l’emporter sur The SocialNetwork,deDavid Fincher.

Cette année, il s’est mis aux

ordres de la République françaiseet a orchestré la sortie de TheArtist avec une subtilité tactiquenapoléonienne:projetédansqua-tre salles en novembre 2011, lefilm devrait désormais être visi-ble sur deuxmille écrans. Parallè-lement, il a organisé unemultitu-de de projections à l’attentiondesdifférents corps de métiers quivotent tout au long de la saisondes trophées, des critiques auxmetteurs en scène.

Cette progression très lente apermis de circonvenir laméfianceaméricaine à l’égard des produitsculturels français. Une méfiancequi ne s’est pas dissipée, commeen témoignaient, tout au long decette nuit des Oscars, les tweets etpostsdesprofessionnelshollywoo-diens. L’auteur du roman dont esttiréTheDescendantsa tweetté:«Jefais la queue derrière les gens deThe Artist, maintenant je sens lacigarette et la condescendance.»

Une méfiance qui peut aussitourner à l’admiration. StevenSpielberg s’est publiquementémerveillé de voir que pareil filmaitpuêtreproduit,cequi, selonlui,auraitété impossibleàHollywood.Les acteurs et le metteur en scènesontdésormaissous l’ailed’agentsinfluents. Il ne leur reste plus qu’àperdre leur accent français.p

T.S.

AuBarney’sBeanery,Wyattdemande:c’estqui,Dujardin?

Simone Signoret, en 1960.RUE DES ARCHIVES

L’affiche de «NewYork-Miami», avec Claudette Colbert. RUE DES ARCHIVES

Juliette Binoche, dans «Le Patient anglais», en 1996. RUE DES ARCHIVES

Bienplusqu’unfilmfrançais,c’estun

morceaud’histoireducinémaquiaétéainsidistingué

EnsouvenirdelaBabelducinémaAl’aubedutout-numérique, lesprofessionnelsontvoulusaluer la find’uneère

JeanDujardin et Bérénice Bejo dans «TheArtist». RUE DES ARCHIVES

A LosAngeles, seuls les «hap-py few» sont invités à lacérémonie, et les autres se

répartissentdans les «viewingparties» enville. La plus couruemais la plus fermée est celle dufameuxmagazineVanity Fair surSunsetBoulevardoùgravitaient,enplein après-midi sous le soleil,des invités en smokingarrivésdansd’immenses limousines.

Moins selectmaisplus améri-cain, Barney’sBeanery, unbar desports sur SantaMonicaBoule-vard, célèbreparce que lesDoorsont enregistréLAWoman justeen face, et que Janis Joplin y aprissondernier repas.

En cedimanche soir, les clientssontpartagés entreunmatchde

basketde laNBAet la cérémoniedesOscars telWyatt Lowther,43ans, plongédans l’écrande latélévisionpour la distributiondesprix. Vous aimez JeanDujar-din? « Je ne sais pas qui c’est !»

Tous fans deMerylCommebeaucoupd’Améri-

cains,MonicaGuevara, 44 ans,qui dîne au restaurantMarix enregardant le grandécrande télévi-sion, n’a pas encore vuTheArtist,mais elle a l’intentiond’y aller:«J’ai beaucoupentenduparler dufilmet si vousarrivez à jouer sibien sans parler, quoi demieux?»Elle applaudit quandChristopherPlummer repart avec la statuetteet encoreplus quandMeryl

Streepgagne la sienne. L’actricede LaDamede fer jouit d’unesuper-cotedepopularité auprèsdes clients-spectateurs.

Et tous se réjouissent lorsquel’actrice obtient l’oscar de lameilleure actrice. Du jeune LoisMarjulis, 25 ans (qui applaudiraégalement à tout rompre lorsqueWoodyAllen est annoncédans lacatégorie du scénario original), àSalterGiddens, 45 ans, qui expli-que avoir entendudu biendeTheArtistmais n’a pas encore vule film.

Quanddeuxvisagesquasiinconnusdupublicaméricain,MichelHazanaviciuset JeanDujar-din,gagnent, lapetiteassembléecommenceà sedemandersi ce

filmfrançaismuetennoir etblancnevapas finirparêtre sacrémeilleur film!Desneufnominésdanscette catégorie,TheArtistestloindes recettesaubox-officedesconcurrentsqu’il vabattre –envi-ron32millionsdedollarsauxEtats-Unis, alorsque LaCouleurdes sentimentsaengrangé 170mil-lionsdedollars,TheDescendants,presque80millions,HugoCabret70millions,etMinuitàParis56millions.

Mêmemunis in finede sescinqprestigieuses statuettes, onsedit queTheArtist a encorequel-quespas de danseà faire pourconquérir (toute) l’Amérique…p

ClaudineMulard(LosAngeles, correspondance)

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international

ADakar, le président sénégalais AbdoulayeWade, candidat à sa succession pour un troisièmemandat,arrive à son bureau de vote, dimanche 26 février. JOE PENNEY/REUTERS

EnColombie,laguérilladesFARCannoncelafindesprisesd’otagesDixsoldatsoupoliciersencorecaptifs seraientbientôt libérés. Leprésident JuanManuelSantosestimequec’estunpas important,maispassuffisant

DakarEnvoyé spécial

L a journée électorale du prési-dent sénégalais AbdoulayeWade avait commencé sous

demauvaisauspicesdansunepeti-te école transformée en bureau devote au Point E, un quartier rési-dentieldeDakar.Candidatàsapro-pre succession pour un troisièmemandat, il a voté, dimanche26février, sous les huées de quel-quesdizaines demilitants d’oppo-sition qui, en wolof, scandaient lesloganpeurespectueuxmaisbeau-coup entendu au Sénégal ces der-niers temps: «Wadedégage».

Ce premier tour de scrutin s’estterminé, dans la soirée, par l’an-nonce de la défaite présidentielledans son propre bureau de vote.Cette défaite locale semble enannoncer une plus lourde. Aprèsavoir claironné qu’il serait élu dèsdimanche, le président va proba-blement être contraint à unsecond tour qui s’annoncepérilleuxfaceàunlargefrontd’op-position mobilisé depuis dessemainespourcontesterla légalitéde sa candidature.

Il ne s’agit encore que de résul-tats très partiels que les radios ettélévisions locales ont laborieuse-ment égrainés pendant toute unepartiedelanuit,bureaudevoteparbureaudevote,entempsréel.Maisl’euphorie qui régnait au quartiergénéraldeMackySall, l’undescan-didats de l’opposition, laissaitentrevoirl’hypothèsed’undeuxiè-me tour. Ancien premier ministre(2004-2007) d’AbdoulayeWade etex-présidentde l’Assembléenatio-nale,MackySall, 50ans,estdevenuunadversaireacharné.Etpeut-êtreson futur challenger direct lorsd’un second tour qui serait organi-sé, au plus tôt, dans la deuxièmequinzainedemars.

DevantlavilladuquartierLiber-té6, quelques centaines de mili-tants de Macky Sall en étaientconvaincus. Ils ontdanséet chantéalors que, dans les couloirs étroitsduQG, lesresponsablespolitiques,hilares et leur famille s’étrei-gnaient avant de faire le siège dubureaude leur champion.

Sereinetdansuneretenuehabi-tuelle tranchant avec l’agitationextérieure, cet ingénieur diplôméde l’Institut français du pétrole aétébrefetmesuré:«D’aprèslesten-dances lourdes qui se dégagent desrésultats encore partiels, on s’ache-mineversunsecondtour.»«Onver-ra ensuite qui de lui [le présidentsortant] ou moi arrive en tête», aajoutéMacky Sall.

Les résultats officiels doiventêtre publiés d’ici au 2mars, maisles compilations réalisées par cha-que parti devaient permettred’avoir, dès lundi, une photogra-phieassez fidèledurésultatdecet-te présidentielle à laquelle partici-paient 14candidats.

Sans attendre, l’un des direc-teurs de campagne de Macky Sall,Samba Douldé Thiam, affirmaitque «seulement un coup d’Etat de[Abdoulaye] Wade lui permettraitd’éviterunsecondtour».«A86ans,il s’est entêté à un âge auquel pluspersonne ne prétend pouvoir diri-ger un pays», ajoute-t-il. En 2000,Abdoulaye Wade avait mis fin àquarante ans de règne socialisteassurés sans discontinuer depuisl’indépendanceenbattantdans lesurnes Abdou Diouf, le successeurde Leopold Sedar-Senghor. «Wadeétait alors un héros, il terminerapiteusement», lâche Samba Doul-déThiam.

Il fait notamment référenceà lacontroverse qui entache la candi-dature du président sortant. Une

réforme constitutionnelle adop-tée en 2001 limite à deux le nom-bre de mandats présidentielsconsécutifs. Dans un premiertemps, Abdoulaye Wade, réélu en2007, avait exclu de pouvoir sereprésenter en 2012. Il a ensuiteestimé que son premier mandataccompli durant la précédente loifondamentaleéchappait auxnou-vellesrègles.Cequ’avalidé,finjan-vier laCourconstitutionnelle,pro-voquant la colère d’une opposi-tion qui dénonçait une décisionprisepar cinq juges «auxordres».

Mais rien, et surtout pas lesmanifestations de rues souventclairsemées, n’ont fait revenir leprésident en arrière. Au contraire,«Gorgui» («le vieux», enwolof) sedisait convaincu de passer au pre-

mier tour «avec 53% des voix »avait lâché l’un de ses proches. Lespremiers résultats contredisentcet objectif d’autant plus ambi-tieux que la formation politiqueaupouvoir – leParti démocratiquesénégalais (PDS) – avait « large-ment perdu les municipales de2009», reconnaîtAmadouSall,por-te-paroleduprésident-candidat.

Et depuis, des cadres majeursdu PDS ont fait défection pourrejoindre l’Alliance pour la Répu-blique(APR)fondéeparMackySallaulendemaindesondépartdupar-ti au pouvoir. Un départ motivénotammentpar la contestationdela promotion expresse, à la tête deplusieursministères d’Etat, du filsduprésident,KarimWade(42ans),quesonpèreimaginaitbienluisuc-céderun jourprochain.

Touscesplanssontcompromis.Dimanchesoir, ausiègedecampa-gne d’Abdoulaye Wade, l’ambian-ce était morose. «C’est une soiréede travail, pas une fête électorale»,justifiait Amadou Sall, communi-quant en chef du candidat. Un tra-vail qui consistait à tester un dis-cours qui préparerait lesmilitantsà un deuxième tour que l’on avaitjusque-là exclu. «Nous espérions

passer au premier tour, si ce n’estpas le cas, ce n’est pas une calami-té», expliquait Amadou Sall. «Leprésident a avalé beaucoup depoussières pendant sa campagne(…), ajoutait-il. Il peut encore le fai-re pour le deuxième tour.»

Amadou Sall brise même untabouenévoquantuneéventuelledéfaite. «Nous ne ferons pas com-me Laurent Gbagbo [le présidentivoirienquiarefusésadéfaiteélec-

torale jusqu’à plonger son paysdans le chaos en 2010] qui avaitdéclaré : “je gagne ou je gagne”.Nous, c’est : “on gagne ou on per-d”.»M.Sall se félicitaitdudéroule-ment « libre et pacifique» d’unscrutin que l’on prédisait à hautsrisques après des semaines de

contestations soldées par la mortd’aumoins six personnes.

Ces tensions préélectoralesexpliquent peut-être un taux departicipation des 5,1millionsd’électeurs inscrits qui pourraitêtre assez faible. Dans la cour dugroupe scolaire du quartier deDerklé à Dakar, le décompte desvoix montrait ainsi que seul unélecteur sur deux s’était déplacé.«Certains ont pensé que le voteallait être reporté, d’autres ont eupeur d’éventuelles violences »,avance Ben Diop, comptable etconseillermunicipal deDerklé.

Il prédit un second tour«périlleux»pour unprésident quia dressé contre lui un large frontd’opposition. Au-delà des fractu-res politiques traditionnelles, ellerassemble les syndicats et unegrande partie de la populationéreintée par la pauvreté et le chô-mageoudesjeunesquineserecon-naissent plus dans leur présidentvieillissant. Proche des socialistes,BenDiop se rangera derrièreMac-ky Sall, dissident du PDS. «Macky,c’est un moindre mal », dit-il.«Wade, il n’est pas méchant maisonne l’aimeplus», conclut-il.p

ChristopheChâtelot

Sénégal:M.WadeseraitcontraintàunsecondtourMackySall,ancienpremierministre,talonneraitlechefdel’Etatsortantàlaprésidentielle,selondesrésultatspartiels

BogotaCorrespondante

L es Forces armées révolution-naires de Colombie (FARC,extrême gauche) ont annon-

cé,dimanche26février, laprochai-ne libérationdesdixderniersmili-taires ou policiers encore détenuscomme otages et leur décision demettre un terme à la pratique desenlèvements de civils. «Nousannonçonsqu’àpartirdece jour, lapratique des rétentions de person-nes est proscrite de notre actionrévolutionnaire», dit le communi-quédes FARCpublié sur Internet.

Le président colombien, JuanManuel Santos, s’est félicité de ladécision de la guérilla. «C’est unpas important et nécessaire mais

pas suffisant», a-t-il écrit sur Twit-ter. La guérilla réitère sa disposi-tion au dialogue, mais n’évoquepas les autres conditions poséespar le pouvoir, qui réclame l’aban-dondurecrutementd’enfants-sol-dats et la findes attentats terroris-tes.LeprésidentSantosaconfirméqu’ildonneraitlesgarantiesnéces-sairespour la libérationdesotagestout en exigeant qu’elle se fasse«sans cirquemédiatique».

«C’est une annonce historique,juge le politologue Armando Bor-rero, puisque,pour lapremière foisdepuis leur création en 1964, lesFARC s’engagent à renoncer auxprises d’otages. » Dès la fin desannées 1960, la guérilla y a eurecours. Il y a quinze ans, la prati-que s’est généralisée. Les FARC

séquestraientalors par centaines.«Nous ne savons pas attaquer

des banques», expliquait un petitchef de cette guérilla ancrée dansle monde rural. Les FARC, qui onttoujours refusé le terme d’otages,distinguaient les «prisonniers deguerre»–soldatsetpolicierscaptu-rés au combat et personnalitéspolitiques détenues en vue d’unéchange de «prisonniers» – des«civils retenus à des fins financiè-res». Selon M.Borrero, « les ran-çons obtenues pour la libérationdes civils ne représentent aujour-d’hui qu’une source secondaire definancementpourlesFARC». Letra-fic de drogue apris la relève.

Lesquatresoldatsetsixpoliciersqui devraient retrouver la libertéaurontpasséplusdedouzeansaux

mains de leurs geôliers. La guérillaavaitannoncé–endécembre2011–la libération de six d’entre eux. Ilsattendent toujours en captivité.«Nous voulons manifester notreadmirationpourlesfamillesdessol-dats et des policiers en notre pou-voir », dit le communiqué desFARC.Lapressecolombienneacriti-qué le cynismedupropos.

Echanges épistolairesIl y a dix ans, les FARC déte-

naient 63otages, dont la franco-colombienne Ingrid Betancourt.Près d’une vingtaine ont été libé-rés par l’armée, d’autres se sontéchappés. Depuis 2008, vingt ontété relâchés unilatéralement. Etquatre ont été assassinés ennovembre2011.

L’organisation Colombiens etColombiennes pour la paix, qui,sous l’égidede l’anciennesénatricePiedad Cordoba, entretient depuistrois ans des échanges épistolairesintermittents avec la guérilla, necessait de demander à celle-cil’abandondéfinitifdesprisesd’ota-ges. Les FARC acceptent l’offre duBrésil, qui a proposé de fournir lesmoyensnécessaires à unemissionhumanitaire.Laguérilla réclamelaprésence de Marleny Orjuela,emblématiqueprésidentedel’asso-ciationdes famillesdemilitairesetpoliciers retenusenotages.

«La prolongation de la guerreapporteraavecelle sonlotdemortset de destructions. L’heure estvenuequelerégimepensesérieuse-ment une issue différente au

conflit, qui commence par la régu-larisation de la confrontation et lalibération des prisonniers politi-ques», précise le communiquédesFARC. Observateurs et analystess’interrogent sur les véritablesintentions des guérilleros et deleur nouveau chef, Timochenko.Les FARC compteraient encore9000hommesen armes.

SelonM.Borrero, «une trêve esttoujours difficile à instaurer entreunearmée et uneguérilla.Or, pourenvisager une négociation, unminimum de confiance entre lesparties est nécessaire. Aucuneconfiance n’existe aujourd’huientre le gouvernement et les FARC.L’annoncede laguérilla estun toutpetit pas… très important».p

MarieDelcas

«Nousespérionspasseraupremiertour,sicen’estpaslecas,cen’estpasunecalamité»

AmadouSall

communiquant deM.Wade

GAMBIE

GUINÉE-B ISSAU

GUINÉE

SÉNÉGAL

MAURITANIE

Dakar

Kolda

Sénégal

Casamance

OCÉANATLANTIQUE

100 km

Diakène

Saint-Louis

Chef de l’Etat Abdoulaye Wade

Superficie 197 000 km2

Population 12,8 millions

Croissance 4 %

PIB réelpar habitant

1 095,7 dollars

Indice dedéveloppementhumain

155e sur 187 pays

SOURCE : BILAN DUMONDE 2012

6 0123Mardi 28 février 2012

Page 7: journal le monde du 28-2-2012

international

T out est possible dans le paysdu président BacharAl-Assad, même la tenue

d’unréférendum,enpleinerépres-siond’unerévolution,surunenou-velleConstitution.Leprojetinstau-re théoriquement le multipartis-me, abolit le «rôle dirigeant» duparti Baas au pouvoir depuis cin-quanteans,et limiteàdeuxsepten-nats–àcompterde2016– lesman-dats du président, doté de largesprérogatives.

Dimanche 26 février, 14mil-lions d’électeurs étaient appelés àse rendre dans 14000bureaux devote. BacharAl-Assad et son épou-se Asma ont glissé leur bulletindans l’urne un peu avant midi, àDamas, sous les applaudisse-ments. A la même heure, Homs,«capitalede la révolution»et troi-sième ville dupays, était pilonnéeà l’arme lourde pour le 24e jourconsécutif. La situation des habi-tants du quartier de Baba Amro,privés d’eau, d’électricité, devivresetdesoins, yestdésespérée.

La répressiondes forcesdesécu-ritéaentraînédesmortsdimancheàDamas,Deraa,DeirEz-Zor, IdlibetHama.Lebilande la journéeoscilleentre 30 et 60tués, selon l’opposi-tionsyrienne.Cettedernièreaappe-lé au boycottage du référendum,qualifié de «mascarade» et de«diversion». La consultation n’apas pu être organisée sur des par-ties entières du territoire. Le régi-me n’avait pas divulgué lundimatin le chiffre de la participationet n’avait pas non plus indiquéquand il publierait les résultats.Imperturbable,ilcompteorganiserdes législativesd’ici à troismois.

Maisoùenseralepays,quiglisseinexorablementvers laguerrecivi-le? La Syrie n’est plus un pays cou-péendeux,cesontdeuxpaysenunseul, suivant l’endroit où l’on setrouve, le discours que l’on écoute.Vendredi,àTunis,70paysetorgani-

sations internationales se réunis-saientafinde trouverunmoyendemettre fin au bain de sang, uneconférence qualifiée de «campa-gnemédiatique»parM.Assad.

Nouvelles sanctionsMais cette coalition des «Amis

du peuple syrien» diverge encoresur la manière de procéder. L’Ara-biesaoudite,paysleplushostileaurégime de Damas, n’a pas cachéson irritation face aux atermoie-ments des autres participants :Riyad voudrait que l’on arme lesopposantssyriens,pourfairepièceà«lamachineà tuer»dupouvoir.

Le Qatar et la Tunisie militentpouruneforcedepaixLiguearabe-ONU, chargée de faire observerunhypothétique cessez-le-feu. AvecousansmandatduConseildesécu-rité de l’ONU? L’obstruction russe

auConseil hypothèque cette pers-pective, mais certains diplomatesestiment qu’un mandat n’est pasnécessaire,enseréférantà l’opéra-tionde l’OTANauKosovoen 1999.Se pose aussi la questiondes trou-pes pour une organisation qui n’ajamaismenéune tellemission.

LesOccidentauxhésitent.Hilla-ry Clinton y est défavorable,arguant qu’une interventionmili-taire«précipiterait» la guerrecivi-le. La secrétaire d’Etat américaines’inquiète du fait qu’Al-Qaidapourrait tirer profit de livraisonsd’armes.

Pourtant, le statu quo risque dene pas être tenable longtemps. Encas d’aggravation de la situation àHoms, la question de l’interven-tion «va se poser avec urgence»,fait-on remarquer au Quai d’Or-say. «Cela n’attendra pas la pro-

chaineréuniondesAmisde laSyrieà Istanbul, dans trois semaines. S’ilyaunmassacre,onnepeutpaslais-ser faire ça.» Tout en écartant «unscénario d’intervention directe dela France comparable à la Libye»,la diplomatie française envisagetoutes les options : faut-il ouvrirdeszonesprotégéespour lescivils,des corridorshumanitaires?

Enattendant,Alain Juppéparti-cipait, lundi matin à Bruxelles, àunconseil européenqui doit enté-riner de nouvelles sanctions, dontle gel des avoirs de la banque cen-trale syrienne, puis, l’après-midi àGenève, à l’ouverturede la sessiondu Conseil des droits de l’homme,àquiildoitdemanderd’étudierlesconditions d’une saisine de laCour pénale internationale pourjugerBacharAl-Assad.p

ChristopheAyad

L’énergie est notre avenir, économisons-la !

TOUT LE MONDE CHERCHE LA BONNEFAÇON DE PRODUIRE DE L’ÉLECTRICITÉ.

POUR NOUS, LA BONNE, C’EST D’EN AVOIR PLUSIEURS.Les besoins en électricité vont doubler, d’ici à 2050, dans le monde. Pour les satisfaire,

il n’y a pas une énergie miracle. La solution, c’est un mix énergétique qui combine différentessources de production, nucléaire, thermique et renouvelables.

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E n dépit de l’appel au calmelancé, dimanche 26février,par le président afghan

Hamid Karzaï après une semainedemanifestationsmeurtrières fai-santsuiteà l’incinérationdecoranssur la base américaine de Bagram,au nord de Kaboul, cet incidentsemble avoir relancé les attaquescontre la coalition. Selon la prési-dence afghane, 30 personnes sontmortesetplusde200blesséesdansles échauffourées intervenues enmargedesrassemblementsdénon-çant l’atteinteau livre sacré.

Lundi matin, neuf personnesont été tuées et huit blessées dansun attentat suicide à l’aéroport deJalalabad, une autre base stratégi-quedel’OTANsituéeprèsdelafron-tière pakistanaise. Le mouvementtalibana revendiqué, commeàsonhabitude,parses canauxtradition-nels, l’attentat en indiquant qu’ils’agissait«d’une réponseà l’inciné-rationduCoran».Lebilandesauto-rités afghanes, lundimatin, faisaitétat du décès de six civils, de deuxgardesde sécurité privés étrangersetd’unsoldatde l’arméeafghane.

Dimanche, sept membres desforces spéciales américaines ontété blessés, dont certains griève-ment, quand des individus sortisd’un défilé dénonçant la profana-tion d’exemplaires du Coran ontjeté une grenade sur un camp del’OTAN dans la province de Kun-duz, aunorddupays.

Samedi, deux conseillers mili-tairesaméricainsontété tuésdansles locaux du ministère de l’inté-rieuràKaboulparunemployéatta-chéàunservicede renseignementintérieur. D’après les élémentslivrés par les autorités afghanes,l’assaillant aurait assassiné lesdeux hommes d’une balle dans lanuqueavantdeprendre la fuite.

Les talibanssesontapproprié laresponsabilité de cet acte sur l’unde leur site attitré, Voice of Jihadl’associant à la profanation deslivres sacrés à Bagram. Néan-moins, rien n’indique, à ce jour,d’après une source du Monde, àKaboul, que l’auteur des coups defeumortelsaitde liensavérésavecl’insurrection.

Selon l’un des responsables del’OTAN chargé de la formation dessoldats et policiers afghans, «unetrès grande partie de ce que l’onappelle désormais des infiltrationssont l’œuvre de personnes auto-radicalisées».L’intéressépeutdoncavoirde lui-mêmeagienréactionàl’affaire des corans brûlés. Par

mesure de précaution, la France etl’Allemagne ont retiré tous leursofficiers détachés au service d’offi-cielsafghans.Lundi,lesAméricainset les Canadiens avaient laissé enplace leur représentant travaillantavec le ministre de la défenseafghan,AbdulRahimWardak.

Risquede retrait accéléréVendredi, deux soldats améri-

cains ont également été tués, parun soldat afghan dans la ville deNangarhar le long d’un cortège demanifestants demandant « ledépart des étrangers qui blasphè-ment le Coran». Le 20février, unsoldat albanais avait connu lemêmesortsouslesballesd’unpoli-cier afghan dans le sud du payspourdesmotifs similaires.

L’épisode des corans brûlés aenfinétéutiliséparM.Karzaïpourappuyer certaines demandesauprèsdesAméricains. Il a eneffetestimé que cette affaire ne seraitjamais arrivée si la prison améri-caine construite à l’extérieure dela base de Bagram et dédiée auxseuls insurgés était gérée par lesAfghans. Les corans étaientdétruits car ils servaient aux pri-sonnierspour communiquer.

M.Karzaï exige que la gestionde cet établissement américain,dont le contrôle échappemême àl’OTAN, passe sous contrôle deKaboul avant fin février. Ce trans-fert de responsabilité est l’un despoints d’achoppement sur lequelbute encore l’accord entre Kaboulet Washington sur un partenariatdedix ans entre les deuxpays.

Interrogé,dimanche,l’ambassa-deur des Etats-Unis en Afghanis-tan, Ryan Crocker, a, pour sa part,appelé les partenaires de son paysauseindelacoalitioninternationa-le à ne pas surréagir aux récentsévénements «en accélérant leurretrait d’Afghanistan».p

Jacques Follorou

Homs:l’évacuationdesjournalistesaéchouépour400mètres

PAKISTAN

IRAN

TADJ IK .TURKMÉNISTAN

OUZB.

AFGHANISTAN

Kaboul

JalalabadBagram

200 kmASIE

L’affairedesCoransbrûlésarelancé laferveurdesinsurgésEnAfghanistan, lesmanifestations contrelaprofanationduCoranont fait 30morts

Manifestation anti-Bachar Al-Assad, à Idlib (nord de la Syrie), le 26février. RODRIGO ABD/AP

EnSyrie,Damasmetenscèneunréférendumetpoursuit larépressionEndépitdesviolences, le régimesyrienaorganiséuneconsultationsurunprojetdeConstitution

LESDEUX JOURNALISTESocciden-tauxblessés àHoms, la FrançaiseEdithBouvier et le BritanniquePaulConroy, étaient toujours blo-qués, lundi 27février aumatin,dans le quartier de BabaAmro,pilonnédepuis trois semaines parl’armée syrienne.

Vendredi, leur évacuationavecles corps de leurs collèguesRémiOchlik etMarie Colvin, tuésmer-credi dansunbombardement, aéchouédepeu. «Les ambulancesduCroissant-Rougearabe syrien[CRAS] sont entrées dans le quar-tier, déclare auMondeBéatrice

Mégevand,directrice pour leMoyen-OrientduComité interna-tional de la Croix-Rouge [CICR].Les journalistes ont eu l’opportuni-té de sortir,mais ils ont refusé. Ilsvoulaient être accompagnéspar leCICR.Nos véhicules étaient à400mde là. Nous le leur avonsdit,mais ils ont estiméque les condi-tions de sécurité n’étaientpas réu-nies.» Les combattantsde l’Arméesyrienne libre (ASL), retranchésdansBabaAmro, seméfientduCRAS,membredumouvementinternationalde la Croix-RougeetduCroissant-Rouge,qu’ils jugent

tropprochedu régimesyrien. Ilsl’accusentd’avoir livré desblessésauxautorités, ce que dément leCICR. «C’est de lamauvaise foi,ditMmeMégevand.Cela fait onzemoisque le CRAS fait un travail extraor-dinaire àHoms.Quand ils secou-rentunblessé, ils le laissent choisirson lieud’évacuation.»

Dans le cas deHoms, «l’urgen-ce est telle», nuance cependantMmeMégevandquedes blessésontété amenés à l’hôpital situé à l’en-tréede BabaAmro, c’est-à-diredansunezone sous le contrôledes forcesde sécurité syrienne. « Il

y aunproblèmede confianceentre les parties, reconnaîtundiplomateoccidental.Audébut,c’estDamasqui bloquait etmainte-nant, ce sont les gens à l’intérieur.»

Unenouvelle tentatived’éva-cuation est prévue lundi. Interro-gé lundimatin sur RTL, le prési-dentNicolas Sarkozya estiméqu’une«amorcede solution» esten train de s’esquisser.De sourcediplomatique, onprécise qu’EdithBouvier, blessée à la jambe, ne ris-queplus d’hémorragie.p

ChristopheAyadetBenjaminBarthe

70123Mardi 28 février 2012

Page 8: journal le monde du 28-2-2012

8 0123Mardi 28 février 2012

ScènedecampagneélectoraledansunemosquéedeTéhéran

Imagesd’Iran (1/6)

Italie

PrescriptionpourSilvioBerlusconidansleprocèsMillsMILAN. Le tribunal deMilan adéclaré, samedi 25février, prescrit le délitde corruptionde témoindont était accusé l’ ancien chef dugouverne-ment italien SilvioBerlusconi dans leprocèsMills,mettant fin àuneprocéduredeprès de cinqans. Le parquet avait requis cinq ansdepri-son, tandis que la défense réclamait l’acquittement,ou àdéfaut la pres-cription.Dans ce procès àmultiples rebondissements, le Cavaliere étaitaccuséd’avoir «acheté» pour450000eurosdes faux témoignagesdesonancien avocat britannique,DavidMills, dans deuxprocéduresdatantdes années 1990.Désormais «Silvio Berlusconi bat le tribunal deMilanpar six prescriptionsà zéro», écrit dans son éditorial le chroni-queur judiciaireduCorriere della Sera, qui estimeque l’ancienprési-dentduConseil profite des lois faites surmesurepour lui. – (AFP.)p

YémenM.Saleh remet officiellement le pouvoirau nouveau présidentSANAA. Le présidentyéménite sortant, Ali AbdallahSaleh, a officielle-ment cédé le pouvoir à son successeur,AbdRabboMansourHadi, aprèstrente-trois ans à la tête dupays, lors d’une cérémonieorganisée lundi27février aupalais présidentiel de Sanaa.Dans undiscours,M.Salehaappelé les Yéménites à «soutenir la nouvelle directionpour reconstruirece qui a été détruit par la crise». M.Hadi a été élu le 21février parplus de99%des voix.Dans le cadre de l’accordde transition, il était le seul can-didat, pourunepériode intérimairede deuxans. – (AFP.)

Australie La premièreministre, Julia Gillard,confirmée à son poste par les travaillistesSYDNEY. Les travaillistes australiensont confirméà sonposte, lundi27février, lapremièreministre, JuliaGillard, auxdépensdesonchefde ladiplomatieKevinRuddqu’elleavait évincéen2010etqui souhaitaitreprendreses fonctionsenvuedes législativesen2013.–(AFP.)

MoscouCorrespondante

R épondant à l’appel desréseaux sociaux, plus de30000 Moscovites ont for-

mé une vaste chaîne humaine lelong du boulevard circulaire deMoscou, dimanche 26février. Ilssont venus dire leur refus duretour annoncé par les sondagesde Vladimir Poutine au Kremlin,dès le premier tour de la présiden-tielle du 4mars.

Des milliers de personnes sesont rassemblées dès 14heurespour former un cercle, main dansla main, sur le boulevard long de16km. Les organisateurs avaientcalculé qu’il fallait 34000 partici-pants, leursattentesontétédépas-sées.Entre14heureset15heures, la«chaîne blanche» (le blanc est lacouleurde référencedes anti-Pou-tine) était dense.

Les Moscovites étaient venusdire leur lassitudedurégime.Touslesâges, touteslescatégoriessocia-les étaient représentés : femmesenlongsmanteauxdevison,retrai-tés aux manteaux élimés, jeunesen anorak et baskets. «Cela faitdouze ans qu’on nous sert Poutineà toutes les sauces, il faut que celachange», confieMarina,unejeuneinformaticienne, ruban blanc à laboutonnière.

Des jeunes partisans de Vladi-mir Poutine s’étaient joints à lachaîne. Boulevard Zoubovski, ils

étaient quelques dizaines à arbo-rerdescœursrougesavecl’inscrip-tion «Poutine aime tout le mon-de». Malgré une légère bouscula-de, personne n’en est venu auxmains.

Ces derniers jours, les jeunespoutiniens ont ratissé la capitale,immeuble après immeuble, pourinciter lesMoscovitesàmettredesdrapeaux à l’effigie du «guide»aux fenêtres de leurs apparte-ments, sans succès.

Marina, une retraitée, est enco-re sous le choc. Vendredi après-midi, les jeunes poutiniens ontsonnéàsaporte, luiontmisundra-peau à l’effigie de Vladimir Pouti-ne entre les mains. Ils lui ont ditque ses voisins l’avaient décritecomme une inconditionnelle dupremier ministre. Elle a eu peur,cela lui a rappelé l’époque soviéti-que, les dénonciations, l’omnipré-sencede la policepolitique (KGB).

Machine à frauderPrésente aussi à Saint-Péters-

bourg,oùplusde 3000personnesontmanifesté samedi, la contesta-tion ne devrait pas porter ombra-geàVladimirPoutine,donnécom-me le favori de la présidentielle.Toutefois, à Moscou et à Saint-Pétersbourg, son score sera faible.

«Les fraudes seront plus impor-tantes que celles du 4décembre(jour des législatives)», affirmeDmitriOrechkine,créateurdupro-jet «Le citoyen électeur». Desmil-liers de jeunes observateurs, for-més par les ONG (Golos, la Liguedes électeurs, Le citoyen électeur)s’apprêtentà les repousser.

D’oresetdéjà, lamachineàfrau-derestàl’œuvre.2,6millionsdebul-letins «volants» permettant devoter dans n’importe quel bureau,à plusieurs reprises, ont été émis.Dans chaque quartier de Moscou,lamunicipalité exigedes commer-çants qu’ils fournissent les don-néesdepasseportsdeleursprochespour pouvoir voter à leur place.Mikhaïl, 42 ans, a des restaurantsrapides en ville. La politique n’estpas son fort, il ne votera pas. Il n’aguère apprécié d’avoir à fournirune telle liste, noms, prénoms,numérosdepasseports.«Si je refu-se, je peux faire une croix sur monbusiness », explique-t-il, l’airgêné.p

Marie Jégo

Russie:une«chaîneblanche»défieM.PoutineLessondagespromettent aupremierministreunevictoire aupremier tourde laprésidentielle

international& europe

LeCaireCorrespondance

L es relations entre l’Egypte etles Etats-Unis ont connu unregain de tension, dimanche

26 février, avec l’ouverture auCai-re du procès de 46employés d’or-ganisations non gouvernementa-les (ONG), dont 19ressortissantsaméricains.

Toussontaccuséspar le gouver-nement égyptien d’opérer sansautorisation légale et de bénéficierdefinancementsétrangersvisantàfomenter la sédition sous couvertde défense des droits de l’homme.Ils sont notamment soupçonnésd’êtreà l’originedesaffrontementsentre jeunes révolutionnaires etforces de l’ordre qui ont embraséles rues duCaire depuis un an, fai-santdescentainesdemorts.

Parmi les ONGmises en cause,le National Democratic Institute(NDI), l’International RepublicanInstitute (IRI) et Freedom Housesont directement financés par legouvernement des Etats-Unis, et,bien qu’ils se déclarent indépen-dants,affiliésauxdeuxgrandspar-

tis américains – Madeleine Albri-ght, ancienne secrétaire d’Etat deBillClinton,présideleconseild’ad-ministration de l’IRI et JohnMcCain, ancien candidat républi-cain à la présidence, celui duNDI.

Depuislarévolution,cesinstitu-tionsontdéveloppé leursactivitéset se lancent dans des opérationsde grande ampleur pour supervi-ser les élections, fournissant desformationsàdesdizainesd’activis-tesetauxpartis lesplusdivers,dessalafistes aux révolutionnaires,pourmener à bien leur campagneélectorale. Selon laministre égyp-tienne de la coopération interna-tionale, qui les accuse de « tra-vaillerpour laCIAet Israël», l’enve-loppe qui leur est allouée auraitdoublé en 2011, pour atteindre40millions de dollars (29,7mil-lionsd’euros).

Si le Conseil supérieur des for-ces armées (CSFA), qui dirige lepays par intérimdepuis la révolu-tion, semble inquiet de voir l’aideaméricaine financer des campa-gneshostilesauxmilitaires, le rôleet le statut des ONG américainesinterpellent y compris dans lesmilieux révolutionnaires.

Pour Richard Falk, professeurde droit international à l’universi-té de Princeton et rapporteur desNations unies pour les droits del’hommeenPalestine,«cesorgani-sations se présentent comme desONG bénévoles et innocentes quiaident les Egyptiens àmaîtriser lespratiques démocratiques, notam-ment les élections, mais il est toutsimplement faux de les présentercomme des organisations “nongouvernementales”oudesémana-tions de la société civile: ce sont enfait des “OGI” : des organisationsgouvernementales informelles».

Et l’universitaire d’ajouter : «Ilest connuque l’IRI et le DNI ont parle passé déstabilisé des gouverne-ments étrangers hostiles à l’agen-

da politique américain, par exem-ple les gouvernements de gaucheen Amérique latine et en Asie. L’IRIa distribué beaucoup de fondspour se débarrasser du gouverne-ment Aristide en Haïti, ou pouraider les partis du centre-droit enPologne. Il est donc normal que legouvernement égyptien s’inquiètede leurs activités.»

Mais,pourdenombreuxactivis-tes, les ONG américaines ne sontpas forcément les cibles prioritai-res de cette offensive. «Ce sont desoutilsdepolitiqueextérieureaméri-caine,mais lebutdel’arméeestsur-

tout de diaboliser les véritablesONGégyptiennes», estimeZeynabAbouAl-Magd,professeurd’écono-miepolitiqueà l’université améri-caine duCaire. «Tout cela, c’est ducinéma. Le Conseil militaire essaiede redorer son image de patriote,tout en attaquant les ONG et lesdéfenseurs des droits de l’hommequi enquêtent sur les crimesde l’ar-mée. Ce qui va se passer, c’est qu’ilsvont relâcher les Américains, maissanctionner lesEgyptiens.»Defait,aupremierjourduprocès,quidoitreprendrele26avril,seuls lesaccu-sés égyptiens étaient présents etbeaucoupd’étrangersavaientdéjàfui le pays.

Faceauxmenacesdugouverne-ment égyptien, qui, au cours dumois de décembre2011, a effectuédes perquisitions aux sièges desONG et fait fermer leurs bureaux,l’administrationObama a explici-tement menacé de couper l’aideallouée à l’Egypte (3,5milliards dedollars annuels, dont 1,3milliardpour la défense).

Cette menace a provoqué lasurenchèreimmédiatedesislamis-tes, qui ont à leur tour averti quel’annulation de l’aide américainerendraitcaducs lesaccordsdepaixde Camp David signés avec Israël,en 1978. De concert avec l’offensi-ve xénophobe menée par le gou-vernement, ils se sont lancés dansunecampagnenationalistecontrel’aide et les prêts étrangers. Lecheikh salafiste Mohammed Has-san a commencé à lever des fondspourl’arméeauprèsdesescompa-triotes lespluspauvres: il a récolté60millions de livres égyptiennes(plus de 7millions d’euros) endeux jours.

Depuis la chute du présidentHosni Moubarak, en février2011,denombreuxbailleurs internatio-naux se succèdent en Egypte etrepartent sans avoir pu verserleurs fonds d’aide, faute d’interlo-cuteurs. Des millions d’aide audéveloppement échappent ainsiau pays à cause de la gabegie dupouvoir militaire qui refuse dechangersonmodèlededéveloppe-ment et de mettre en place unevéritablepolitiqueéconomique.

Mais, pour l’économiste WaelGamal, membre de la Campagnepour l’annulationde ladetteégyp-tienne, la corruption et l’absencededémocratienesontpas lesvraisfreins au versement de l’aide :«Cela fait des années qu’ils s’ac-commodent de la corruption del’armée, souligne-t-il. Ce qui blo-que, c’est que leur agenda ne collepas avec celui des militaires. LesAméricains sont inquiets du rap-prochement entre les Frères et l’ar-mée, et développer les ONG peutêtre pour eux un moyen de fairecontrepoids.Mais larelationstraté-giquen’estpasenjeu, lesEtats-Unisont applaudi au transfert de pou-voir au CSFA, et ils ne couperontjamais leur aidemilitaire.» p

ClaireTalon

SAMEDI 25FÉVRIER.UNE FEMMEPASSEDEVANT la fenêtred’unemos-quéede Téhéranpendantune réunionpolitiquemenéepar trois repré-sentantsdu«Front de la persistancede la Révolution islamique». Lacampagneofficiellepour les législativesdu 2mars s’est ouverte le23février. 3444 candidats ont été autorisés à concourir et 290 siègessont en jeu. Le scrutin se déroule en l’absencedenombreux réforma-teurs, qui doutentde la sincérité du scrutin et entendentprotestercontre la répressiondont ils sont victimesdepuis la réélection contes-tée duprésidentMahmoudAhmadinejad en 2009.

Plusqu’une oppositionentre réformateurs et conservateurs, les élec-tions s’annoncent commeunaffrontement entre factionsdu campconservateur,plus divisé que jamais.Deux forcesprincipales enémer-gent: le «Frontuni des conservateurs», dominant auParlement sor-tant, proche de l’actuel présidentduParlementAli Larijani et dumairedeTéhéranMohammadBaqerQalibaf, quimet en avant sonoppositionauprésidentAhmadinejadet prôneplus de«rationalisme», et le«Front de la persistancede la révolution islamique», qui se présententcomme la seul à réellementdéfendre le guide suprême,Ali Khamenei.

La faiblesse desdébats politiques, et l’absenced’enjeuxvisibles ontabouti à unepré-campagneparticulièrementmorne, dansun climatplombépar les tensions internationales sur la questionduprogrammenucléaire. p ASLON ARFA POUR «LE MONDE»

DesONGmisesencausesontfinancéesparlegouvernement

desEtats-Unis

Une commission pourune nouvelle Constitution

Uncomplot contreM.Poutine aurait été déjoué

Les deux chambres du Parle-ment égyptien doivent se réunirsamedi 3mars pour nommer unecommission qui sera chargée derédiger une nouvelleConstitution, a rapporté la télé-vision d’Etat, dimanche26février.LaConstitution en vigueur a étésuspendue après la chute d’Hos-niMoubarak, en février 2011,mais une déclaration constitu-tionnelle adoptée par référen-dumenmars a permis demainte-nir certains principes de base enattendant l’adoption d’une nou-velle loi fondamentale.

EnEgypte, l’affairedesONGprovoqueunesurenchèrenationalisteUnequarantainedemembresd’ONG,dont19Américains, sontaccusésd’incitationàlaviolence

La première chaîne publique rus-se a rapporté, lundi 27février,l’existence d’un complot pourassassiner Vladimir Poutine.Selon la chaîne contrôlée par leKremlin, deux hommes ont étéarrêtés par les forces spécialesukrainiennes après une explo-sion qui a fait unmort dans unappartement d’Odessa (Ukrai-ne). «Notre but était d’aller àMoscou et de tenter d’assassi-ner Poutine», a avoué à la télévi-sion un hommeprésenté com-me l’un des conspirateurs. Il fai-sait partie d’un groupe terroris-te du nord du Caucase venu àOdessa via les Emirats arabesunis et la Turquie, a précisé lachaîne.

Page 9: journal le monde du 28-2-2012

planète

Des sangliers capturés dans le cadre duprogramme lancé par l’Organisation nationale de la chasse et de la faune sauvage, en Côte-d’Or. ONCFS

Unarrêt trop précocede la prophylaxie

L’Union européenne accorde lestatut d’« indemnede tuberculo-se bovine» à un pays dès lorsqu’il a démontré, trois ans de sui-te, l’absence d’infections dansaumoins 99,9%de ses chep-tels. La France comptant envi-ron 200000élevages, il suffiraitque 200 soient déclarés infec-tés pour que la barre soitfranchie. Ce qui, de l’avis de tousles experts, se produira en 2012.La faute d’un arrêt trop précocede la prophylaxie. Autrefois réali-sé une fois par an sur chaquebovin, le test tuberculinique, quipermettait de repérer les foyersde contagion, a commencé àêtremoins pratiqué à la fin desannées 1990, avant d’être pres-qu’arrêté. On est alors passé àune inspection systématiquedes carcasses à l’abattoir, enréservant le test biologique auxélevages suspects.Mais la tuber-culose est unemaladie qui pro-gresse lentement et ne rendpastoujours les animauxmalades: àcesser trop vite le dépistage sys-tématique, on a laissé l’agentinfectieux se redévelopper.

EnAngleterre, letonmonteentreéleveursetdéfenseursdesblaireaux

I l n’y a ni cerfs, ni sangliers, niblaireaux au Salon internatio-nalde l’agriculture,qui se tient

à Paris jusqu’au dimanche 4mars.Trop sauvages. Ou trop conta-gieux. Ces occupantsdenos forêtssont en effet l’objet d’un plannationaldesurveillanceépidémio-logique, lancé en septembre2011par leministèrede l’agriculture.

La raison? Ils sont porteurs, ennombrecroissant, de la tuberculo-sebovine, faisant craindre l’instal-lation d’un réservoir sauvage decette maladie. Une situationd’autant plus inquiétante que laFrance, déclarée depuis dix ansindemne de tuberculose bovinepar l’Unioneuropéenne, vaproba-blementperdre ce statut en 2012.

Due à la bactérie Mycobacte-rium bovis, cette affection chroni-que ne constitue plus, dans lespaysdéveloppéspratiquantlapas-teurisation du lait, un problèmedesantépublique.Nimêmedesan-té animale depuis que ces payssontparvenusàassainirleurstrou-peauxparabattageet surveillanceépidémiologique. Alors que 25% à30% des élevages bovins françaisétaienttouchésen1954,onnetrou-vait plus l’agent infectieux quedans 52 cheptels en 2002, et dans42seulementen2004,suruntotaldequelque 200000élevages.

Autant dire rien. Mais la propa-gation entre élevages a insidieuse-ment recommencé à se dévelop-per : 97 nouveaux foyers ont étédécouverts en 2010, et sans doutebien plus d’une centaine en 2011.Pire: non contente de s’épanouir ànouveaudanslestroupeaux,labac-térie M.bovis se développe désor-maisdans la faunesauvage.Car cetagentmicrobien,loind’êtrespécifi-queauxbovins,peut infecterprati-quementtous lesmammifères.

Dans de nombreux pays déve-loppés, d’importantespoches d’in-fectionpersistentchezcertainsani-mauxsauvages:lesanglierenEspa-gne, le blaireau en Grande-Breta-

gne, l’opossum (ou phalanger vul-pin)enNouvelle-Zélande, le cerfdeVirginieauxEtats-Unis…

Vacciner les blaireaux?En France, « la bactérieM.bovis

aété détectéepour la première foisen 2001 sur des cerfs et des san-gliers, et depuis 2009 sur des blai-reaux», indique le vétérinaireJeanHars, chef de l’équipe mala-dies transmissibles de l’Officenationalde la chasseet de la faunesauvage (ONCFS). Qui précise aus-sitôt que « les animaux sauvagesont servi de révélateur du problè-me subsistant dans les élevages, et

non l’inverse ». Une hypothèseconfirmée par Didier Calavas,expert en épidémiologie animaleà l’Agence nationale de sécuritésanitairedel’alimentation,de l’en-vironnementetdutravail (Anses) :«La tuberculose bovine est unemaladiedesbovins.Cesonteuxquiconstituent le réservoir de lamala-die et la transmettent à l’occasionaux animaux sauvages», affir-me-t-il. Ce qui n’exclut pas le ris-quedevoircesderniersdevenirdenouveauxréservoirs.

Ce scénario, les autorités veu-lent l’éviter à tout prix, tant lasituation deviendrait alors incon-

trôlable. «Jusqu’à présent, le seullieu de France où a été découvertunvrai réservoir sauvagede tuber-culosebovineest la forêtdeBreton-ne, en Seine-Maritime», préciseM.Hars. Dans cette zone bien déli-mitée, l’infectionatteignitenquel-ques années 20%des cerfs et 30%des sangliers. En 2006, les autori-tésdécidèrentdeprocéderà l’abat-tage systématique des cervidés.Moyennant quoi « le problème estenpasse d’être réglé».

Depuiscettepremièreetsérieu-se alerte, des carcasses de gibiersauvage infectées ont été décou-vertes dans d’autres départe-

ments : en Côte-d’Or, où 6% à 7%des sangliers seraient porteurs dela bactérie, en Dordogne et, à unmoindredegré, dans les Pyrénées-Atlantiques, enAriège et enCorse.

Mais ce ne sont désormais pluslescerfs et les sangliersqui inquiè-tent les experts : ce sont les blai-reaux, qui se contaminentnotam-ment en cherchant des vers dansles bouses de vaches. En Côte-d’Ortoujours, on redoute que cetteespèce soit d’ores et déjà devenueun réservoir. «Depuis 2002,130cheptels ont été infectés, dont45 pour la seule année 2010. Et cer-tains éleveurs ont dû abattre leur

troupeau deux ou trois années desuite. Le doute est vraiment per-mis», estimeM.Hars.

Que faire dans ce cas? En pre-mier lieu, tenter d’enrayer la pro-gressiondumal: depuisdeuxans,des milliers de blaireaux ont étéabattus en Côte-d’Or, ce qui n’em-pêchepas le taux d’infectionde semaintenir autour de 6%-7% dansleurs populations. Mais aussiessayerd’ensavoirplussurlesrela-tions qu’entretient l’espèce avecles bovins.Un travail de recherchevient d’être lancé, pour suivre lesdéplacements de sangliers et deblaireaux équipés de colliers GPS.Descamérasinfrarougesontégale-ment été installées auprès de silosà grains et de mangeoires, afin devérifier si ces installations reçoi-ventdes visiteursnocturnes.

Destinée àmieux évaluer le ris-que de voir se constituer de nou-veaux réservoirs de la maladie, lacampagne de surveillance de lafaune sauvage lancée par les pou-voirs publics vise à dresser un étatdes lieux sur l’ensemble du terri-toire national. En avril 2011, enconclusiond’unrapportsurcethè-me, ledirecteurgénéralde l’Anses,MarcMortureux,estimaitqu’il fal-lait, en cas de diffusion de l’infec-tion, «se préparer dès maintenantàlapossibilitéd’engagerunevacci-nationdesblaireauxpar leBCG».p

CatherineVincent

LatuberculosebovineestderetourenFranceUnecampagnedesurveillancede la faunesauvage,quimenacededevenirunréservoirde lamaladie,est lancée

6000 RECRUTEMENTS EN FRANCE, EN 2012.

En 2012, EDF va embaucher 6 000 nouveaux collaborateurs et accueillir 3 000 alternantsdans tous ses champs d’expertise, partout en France. Il n’en faudra pas moins

pour satisfaire les besoins en électricité de demain.

edfrecrute.comL’énergie est notre avenir, économisons-la !

EDF552081317RCSPARIS,75008Paris–

LondresCorrespondance

Les blaireauxbritanniques vont-ils être sauvés parunepanneinformatique? Ladécisiondepro-céder à une campagned’abattagede cesmustélidés, prise endécem-bre2011 par le gouvernement, estactuellementbloquéepar unbugdesordinateursde l’Agencedeslaboratoiresvétérinaires et de lasantédes animaux.Depuis lechangementde son système infor-matique, il y a sixmois, le rassem-blementdes statistiques sur la

tuberculosebovine, dont les blai-reauxsont unvecteur, ne fonc-tionneplus. Impossiblede savoirexactementoù en est lamaladie.

Les deuxpremiers tests d’abat-tage – dans le Somerset et leGlou-cestershire, dans l’ouest de l’An-gleterre –ne sont prévusqu’à par-tir de l’automne. L’agence assureque la panne informatiqueseraréparéed’ici là.Mais ce dernierépisode rocambolesque illustrel’étonnant feuilletonqui opposeagriculteurset défenseursdes ani-mauxoutre-Manche.

A l’origineduproblème, une

forte augmentationde la tubercu-lose bovinedepuis unedécennie.Lamaladie s’est particulièrementpropagéedans l’ouest et le sud-ouest de l’Angleterre, oùprès duquartdes fermesbovines est affec-té. Chaquevache contrôlée positi-vedevant être abattue, cela s’esttraduit en 2010par lamise àmortde 32000animaux. Il en coûteenviron 100millionsd’euros paranen compensations accordéesaux éleveurs.

Les blaireauxétant l’unedesprincipales sourcesde transmis-sion, le syndicat national des agri-

culteurs appelle depuisdesannées àunprogrammed’abatta-ge. C’était compter, dansunpaysoù la protectiondes animauxestun sujet extrêmement sensible,sans la réactiondes groupesdedéfensedes blaireaux.«Arrêtez lemeurtre!», lanceOperationMeles, l’une des associations lesplusvirulentes. La Ligue contreles sports extrêmesvient de lan-cer un appel pour bloquer lestests d’abattage: elle affirmeavoir réuniplus de 100000signa-turesde soutien. Et elle souligneque tuer les blaireauxpourrait ne

pas être efficace: de l’aveumêmedugouvernement, cela ne rédui-rait la tuberculoseque de 16%.

Tous espèrent à terme trouverune solution grâce à lamise aupoint d’un vaccin. En attendant,le désaccord continue. Voilà peu,la BBC s’interrogeait sur l’étrangeaffection des Britanniques pources animauxqui ne sont absolu-ment pas en danger d’extinction,se demandant: «Pourquoi som-mes-nous si sentimentaux enversles blaireaux?» Bonne ques-tion.p

EricAlbert

90123Mardi 28 février 2012

Page 10: journal le monde du 28-2-2012

présidentielle2012

PierreMoscovici:«L’idéen’estpasdedéfaire,maisdefaire»

Q ue conserveront-ils de Nico-lasSarkozy?Duquinquennatqui s’achève, les socialistes

n’entendent pas forcément fairetable rase. Loin de se préparer à uneffacementsystématiquedesréfor-mes de son prédécesseur, le candi-datsocialiste,sid’aventureilluisuc-cédait, a opté pour leur remplace-ment, voire par un accommode-ment. Philosophie dont MichelSapin, responsable de son projet,résume les grandes lignes : «Aquoi servirait-il de se lancer dansune bataille d’abrogation?», indi-que le député de l’Indre, qui préci-sequ’«ilyaquelquesloisembléma-tiques sur lesquelles il faudra reve-nir». Ainsi la «circulaire Guéant»sur les étudiantsétrangers, lespei-nesplanchersoularéformeterrito-riale. Mais nombre de mesuressymboliques, comme la créationde Pôle emploi ou l’entrée dans lecommandementmilitaire intégréde l’OTAN,ne semblentpasdevoirêtre remises en cause.

Immigration,sécurité

Interdictionduportduvoile inté-gralLoiemblématiqueadoptéeenseptembre2010, cette mesure éri-gée au rang de symbole par l’UMP.François Hollande, qui à l’époqueavait fait part de son opposition,ne l’a pas évoquéedepuis.

Organisation de la sécurité Lacréationdeladirectioncentraledurenseignement intérieur (DCRI),qui fusionne DCRG et DST, nedevrait pas être remise en cause.Au-delà, concernant la multitudede loisdesécurité intérieureadop-tées depuis l’installation deM.Sarkozy àBeauvau, «l’idée n’estpas de supprimer tout ce qui a étéfait, indique François Rebsamen,maire de Dijon et chargé du pôlesécurité dans l’équipe de M.Hol-lande. Sur les 28 lois prises depuis2002, il faudra évaluer celles quin’ontaucunimpact,aucuneeffica-cité et celles quimarchent».

Justice

Peines planchers et rétention desûreté Introduitespar la loiDatide2007, les «peines planchers»fixent le minimum que doit infli-ger un juge en cas de récidive oupour certains crimes et délits. «Ilfaudra les supprimer», expliqueFrançois Rebsamen. Le PS se mon-tre plus prudent quant à la réten-tion de sûreté, votée en 2008, quipermet de placer, à l’issue de leurpeine,desprisonniers jugésdange-reuxdansdescentressocio-judiciai-

resfermés.AndréVallini,responsa-bledupôlejustice,estimeque«si larétentionde sûreté consisteàmain-tenir enprisonquelqu’unqui apur-gé sa peine, c’est contraire au droit.Mais on ne peut relâcher dans lanature sans surveillance des gensconsidéréscommedesmalades».

Juréscitoyensencorrectionnel-leMis en place par Nicolas Sarko-zy, les premiers ont siégé au prin-temps. «Une idée intéressantemaisgâchéeparexcèsdeprécipita-tion», indique M.Vallini, qui luipréfère le concept d’«échevinage,avec des citoyens volontaires asso-ciés au travail desmagistrats».

Réforme de la carte judiciaire.La suppression de 17tribunaux degrande instance avait déclenchéunefrondedanslemondejudiciai-re. Interrogésuruneréinstallationdestribunaux,alorsquelescréditsmanquent, M. Vallini préfèreannoncerune «grande réformedel’organisationjudiciaire,quiremet-trait notamment à plat la distinc-tion entre tribunaux d’instance etde grande instance».

RéformeduCSMetde lagardeàvue Le Conseil supérieur de lamagistrature (CSM), qui a désor-maislepouvoirdenommerlespro-cureurs, sera à nouveau réformé,ceux-ci seront nommés sur lemodèle des juges du siège. Autregrande réforme, imposée par l’Eu-rope, la présence d’un avocat lorsdesgardeàvue.Ils’agitpourM.Val-lini d’une «réformeminimale qu’ilfaudra poursuivre pour mettre austandarddespayseuropéens».

Justice des mineurs NicolasSarkozyaengrandepartiedétrico-té celle-ci en revisitant de nom-breuses fois l’ordonnance de 1945.«Cela fait partie des réformes àabroger», explique M.Vallini, quiannonceun«retourauprincipedel’ordonnance de 1945, spécialisa-tion des juridictions, atténuationderesponsabilitéetprimatdel’édu-catif sur le répressif».

Education

Loi LRU Tantôt critiquée, tantôtsaluée comme une réussite, cette

réformequeNicolasSarkozyneces-sedemettreenavantsembleembar-rasser le PS.«Cen’estpaspournousle sujetmajeur,mêmes’il est emblé-matique», estime Vincent Peillon,chargé du pôle éducation, qui voitdans la questionde son abrogation«un faux débat. Ce qui est impor-tant, c’est ce par quoi on remplace,en l’occurrence une loi-cadre quiinterviendra assez rapidementaprèsunecourteconsultation».

Suppressionde la carte scolaireLa réforme était combattue par lagauche. Elle n’a pourtant pasentraîné de révolution sur le ter-rain. Pas sûrque le PS reviennesurce dispositif, M.Peillon estimantlui-même que « lesmodèles précé-dents n’étaientpas formidables».

Réforme de la formation desenseignants. Le gouvernementFillon a ouvert la voie à une sup-pression des instituts universitai-res de formation des maîtres(IUFM), au profit d’une formationen master des enseignants. Le PSannonce qu’il «reviendra entière-ment sur la réforme de formation

des enseignants, qui a été détrui-te», selonM.Peillon.

Institutions

RéformeconstitutionnelleAdop-tée en2008, cette réforme limite àdeux le nombre de mandats duchefde l’Etat, luipermetd’interve-nirenCongrès,renforcelepouvoirduParlement,ouinstaurelapossi-bilité d’une saisine du Conseilconstitutionnelparles justiciablesavec la question prioritaire deconstitutionnalité(QPC).LePSévo-que de nouveaux aménagementsinstitutionnels (part de propor-tionnelle, parité), mais n’évoquepasde retour sur ces nouveautés.

Réforme territoriale Votée en2010,elle instaureleconseillerter-ritorial, destiné à siéger à la fois auconseilrégionaletauconseilgéné-ral. Le PS a promis de revenir surcette réforme. Selon le présidentdu Sénat, Jean-Pierre Bel, «tout oupresque sera abrogé, à part peutêtre la partie intercommunalité».M.Bel se dit «favorable au main-tien de tous les niveaux: commu-ne, intercommmunalité, départe-ments et régions». Quant à la sup-pression de la taxe professionnel-le (TP), elle sera «plus difficile àdéfaire», concèdeM.Bel.

Fonctionpublique

RGPP Le non-remplacement d’unfonctionnaire sur deux a permisde réduire de plus de 100000 leseffectifs de l’Etat. Le PS et FrançoisHollande promettent «d’en finiravec la RGPP aveugle », maisdemeurent flous sur les chiffres.LecandidatduPSapromisdescréa-tions de postes, sans augmenterl’effectif de fonctionnaires. Ceteffort devrait donc nécessiter lapoursuitedunon-remplacement.

Pôle emploi Issu de la fusion del’ANPE et des Assedic, Pôle emploia été créé en février2008 afin desimplifier lesdémarcheset lesuivides demandeursd’emploi, tout endiminuant les coûts. Son bilan estmitigé. Le PS ne compte pourtantpas revenir sur cette création.

Service minimum Instauré en2007, la loi surleserviceminimumneserapasmodifiée, adéjàannon-

céFrançoisHollande,quijugequ’el-le est«entréedans lesmœurs».

Santé,retraites

Carte hospitalière Le gouverne-ment l’a réformée en fermant desétablissements jugés non renta-blesoutroppetits.FrançoisHollan-de s’est engagé à permettre unaccès de chacun à un établisse-ment d’urgence àmoins de trenteminutes, sans préciser quelsseraient les établissements rou-verts ou créés.

Réforme des retraites Votée en2010, la réforme fait passer l’âgeminimum de départ à 62 ans etl’âge de départ à taux plein à 67ans, et le nombred’annéesde coti-sation à 41 ans. M.Hollande a pro-mis depermettre auxpersonnesàjour de cotisation de partir à laretraite avant l’âge l’égal, sanschanger celui-ci.

Culture

Hadopi La loi réprimant le télé-chargement illégal, votée en2008,fait l’objet d’une valse-hésitationdu PS. François Hollande prometdésormais un «acte II de l’excep-tion culturelle». Aurélie Filipetti,chargée de la culture, évoque uneoffre légale, la lutte contre lacontrefaçon commerciale et l’élar-gissement des sources de finance-ment, mais sans licence globale,jugée trop incertaine.

International

Europe Concernant le traité voulupar M. Sarkozy et MmeMerkel,M.Hollande, s’engage à le renégo-cier.PourM.Moscovici,«laratifica-tion, qui aura été interrompue parla période électorale, ne sera pasengagée s’il n’y a pas réorientationde la constructioneuropéenne».

OTAN M.Sarkozy avait choisi dès2007 le retour de la France dans lecommandementmilitaire intégréde l’OTAN, qu’elle avait quitté en1966. Une décision alors critiquéepar la gauche. Selon PierreMosco-vici, le départ de la France n’estplus envisagé. p

Samuel LaurentetDavidRevaultd’Allonnes

CequeHollandeseprépareàgarderdeSarkozyBeaucoupderéformesseraientconservées,ycompris le retourde laFrancedans lecommandementde l’OTAN

Le candidat socialiste, François Hollande, entend revenir sur quelques lois emblématiques du président Nicolas Sarkozy. PATRICK KOVARIK/AFP ET CYRIL BITTON/FRENCH-POLITICS POUR «LE MONDE»

Entretien

Ledirecteurde campagnede Fran-çoisHollande, PierreMoscovici,explique ce qui changera en casdevictoire du candidat socialiste.Aumenu: loi de programmationdes finances publiques, fiscalitédu capital, quotient familial,circulaireGuéant.Dubilan législatif deNicolasSarkozy, faudra-t-il entièrementfaire table rase si FrançoisHollande accède à l’Elysée?

Il ne s’agira pas depratiquerunantisarkozysmedeprincipeoud’abroger simplement telle ou tel-lemesure spectaculaire. Il s’agitdemettre enplaceune autrepoli-tique.

Mais il est exact que cela suppo-se aupassagedes changementsetdes remises enquestion radicales.L’idéen’est pas de défaire,mais defaire.De construire.Ces remises enquestion doivent-elles enpriorité toucher la fiscali-té, qui constitue depuis cinq ansle cheval de bataille du PS?

LequinquennatdeNicolas

Sarkozya commencépar l’injusti-ce et se termine dans l’incohéren-ce. C’est le cas dupaquet fiscalTEPA [travail, emploi, pouvoird’achat], petit à petit détricotésans fil directeur, si cen’est unplande rigueur qui aggrave lesinégalités.

Pourmarquer le changement,nousadopterons rapidementuneloi de programmationdes finan-cespubliquespour réduire lesdéficits, ainsi qu’une loi de finan-ces rectificative.Nous taxeronsles revenusdu capital comme lesrevenusdu travail, nous revien-drons sur les allégementsde l’im-pôt sur la fortune institués aprèsla réformedubouclier fiscal enrelevant les tauxd’impositiondesplus grospatrimoines.Nousremettrons enquestion lesheu-res supplémentairesdéfiscalisées,qui, en réalité, ont surtout incité ànepas embaucher.

Et surtout, nousmettrons l’ac-cent sur la progressivité de l’im-pôt, engagerons la fusionà termede l’impôt sur le revenuet de laCSG, et réviserons le quotient

familial pourpermettre d’aug-menter l’allocationde rentrée sco-laire.Nous instaureronsun tauxdifférenciéde l’impôt sur les socié-tés en fonctionde la taille desentreprisespour encourager lesPME innovantes.N’y a-t-il pas cependant desmesures emblématiques que leprésident FrançoisHollande vou-drait symboliquement abroger?

Nousabrogerons la circulaireGuéant sur les étudiants étran-gers, absurde et inique, qui inter-dit à ceux-ci d’étudierdansdebon-nes conditionset dedevenir ensui-te les ambassadeursde la France àl’étranger, comme ils devraientl’être.Mais nousprocéderonsaus-si parmodifications, commecellede la loi LRU [relativeaux libertéset responsabilitésdesuniversités],dans le sensd’un rééquilibragevers lesuniversitésdélaissées.Reviendrez-vous sur la créationdePôle emploi?

Cette réformevoulait allerdansle sensd’unepersonnalisationdutraitementdesdemandeursd’em-ploi.Mais elle s’est surtout accom-

pagnéed’unebaissedesmoyens.Le renforcementdePôle emploiconstitueradonc l’unedenosprio-rités, comme l’éducationnationa-le, la justice et la police.FrançoisHollande sortira-t-illa France du commandementintégré de l’OTAN?

La réintégrationdans le com-mandementmilitaire intégré aété décidéeen 2007demanièreprécipitée et sans effet probant.

Apart un engagement supplé-mentairedes troupes françaisesenAfghanistan. FrançoisHollan-de s’est engagé à les en retireravant la fin 2012, en concertationavecnos alliés. Il faudra aussi don-nerun sens à la présencede laFrance au seindu commande-ment intégréde l’OTAN.Et la loi Hadopi? FrançoisHollande a-t-il enfin statué?

Nous remplaceronsHadopiaprèsune large concertationaveclesmilieux concernés, pour soute-nir le droit d’auteur à la fois patri-monial etmoral, et encourager lacréation.p

Proposrecueillis parD. R.A.

10 0123Mardi 28 février 2012

Page 11: journal le monde du 28-2-2012

présidentielle 2012

A les écouter, laVeRépubliquen’a pas connupire président.«Depuis 1958, par-delà les alternances et les époques, tousceuxqui ont exercé lamagistrature suprêmeont contribué

au rayonnementde la France. Tous, sauf l’actuel chef de l’Etat»,peut-on lire enpage11 duprojet duPS. SiM.Hollande l’emporteface àM.Sarkozy, il ne détrôneradoncpasun simple adversairepolitique,mais celui qui, «pour la première fois», «autilisé sonmandat à affaiblir la Républiqueplutôt qu’à la renforcer».

Cesmots sontdurs, très durs. Ils scellentune condamnationsans appel : pour les socialistes, le quinquennatqui s’achève auraété celui de tous les échecs, de tous les abaissements, de tous lesdéboires.Un tel jugement,martelé pendant cinq ans, devrait logi-quement les conduire à abroger à la chaîne.A effacer avant de réfor-mer. A déchirer la page du sarkozysme,plus encore qu’à la tourner.

A les interroger, pourtant, il n’en sera rien. «L’idéen’est pas dedéfaire,mais de faire», nous expliquePierreMoscovici, le directeurde campagnedeM.Hollande. Sagesse juridique? Sans doute. Pru-dencepolitique? Assurément. Fatalité historique? Egalement.Après tout, telle a toujours été la loi des alternances: aupouvoir, ladroite comme la gaucheont plus souvent conservéqu’enterré cequ’elles avaienthonni: du très laïc Cartel des gauches, renonçant,en 1924, à remettre enquestion leConcordat de 1802 dans l’Alsace-Moselle recouvrée, à la très libéralemajorité de 2007 évitant d’abro-ger les 35heures tant conspuées, les exemplesnemanquentpas.

«Le changement, c’estmaintenant», clament les socialistes. S’ilsl’emportent,des réformesaussi emblématiquesque l’autonomiedesuniversités, la créationde laDCRIoucelledePôle emploi, neserontpourtantpas jetées auxoubliettes. Le changement,peut-être.Malgré laviolenceduréquisitoire, la table rase, certainementpas.p

www.facebook.com/ChevalDeGuerrewww.facebook.com/ChevalDeGuerre

CO-PRODUCTEURS

CASTINGDE“CHEVAL DE GUERRE” (WAR HORSE)

PRODUITPAR ETSCENARIO

DEREALISE

PARD’APRES LEROMAN DE

PRODUCTEURSEXECUTIFS

DIRECTEUR DELA PHOTOGRAPHIEDECORS

MONTAGEDECOSTUMES

MUSIQUEDE

PRESENTENT UNE PRODUCTION UN FILM DEETCO-

PRODUCTEURSCASTING

DE“CHEVAL DE GUERRE” (WAR HORSE)

PRODUITPAR ETSCENARIO

DEREALISE

PARD’APRES LEROMAN DE

PRODUCTEURSEXECUTIFS

DIRECTEUR DELA PHOTOGRAPHIEDECORS

MONTAGEDECOSTUMES

MUSIQUEDE

PRESENTENT UNE PRODUCTION UN FILM DEET

BANDE ORIGINALE DISPONIBLE CHEZ SONY CLASSIQUEBANDE ORIGINALE DISPONIBLE CHEZ SONY CLASSIQUE Distribué par WALT DISNEY STUDIOS MOTION PICTURES FRANCEDistribué par WALT DISNEY STUDIOS MOTION PICTURES FRANCE

UN FILM DE

sLEBILLETParDavid Revault d’Allonnes et ThomasWieder

Latablerase?Pasmaintenant...

I l y a un peu plus de cinq ans, leCercle des économistes s’étaitglissé dans la campagne électo-

rale avec Politique économique dedroite, politique économique degauche (Perrin, 2006). Cet ouvragepassionnant précisait les margesdemanœuvredelafuturemajoritéet ce que pouvaient être, sur degrandesthématiquescommel’em-ploi, la santé ou la politique indus-trielle, l’analyse et l’approche dechaque camp. Il avait révélé larichesse du débat économique etl’existence de convergences par-fois surprenantes.

Un quinquennat sarkozyste etdeux crises mondiales plus tard,ce groupe d’experts – une trentai-ne d’économistes de sensibilitéspolitiques différentes – rééditel’opérationavecDroitecontregau-che?«Aujourd’hui, l’ordredesprio-ritésn’estplus lemêmequ’en2007.Certains débats, comme celui desretraites, polarisent moins l’atten-tion, alors que d’autres, tels ceuxrelatifsà la rigueur, à la fiscalité ouà la place de l’Etat, attirent tous lesregards.Maisune réalitédemeure:quel que soit le discrédit jeté sur leséconomistes [dont bien peuavaient vu venir la crise de2008-2009]et lespolitiquesécono-miques,c’estsurcessujetsquel’élec-tion se jouera», écrivent en intro-duction Jean-Hervé Lorenzi et Oli-vier Pastré, sous la direction des-quels l’ouvrage a été rédigé. Ils yinvitent à un débat politique«clair» – ils n’ont guère été exau-cés à ce jour! – et à quelques réfor-mes«incontournables, sur lesquel-les il ne devrait pas y avoir débat».

Curieuse campagne2012 n’étant pas 2007, toute-

fois, la campagnemanque cruelle-ment de fond, entre un candidatsocialiste qui peine à expliquer lacohérencede sonprojet et à recen-trer le débat politique sur lesgrands sujetsdumoment– l’Euro-pe, la croissance, le dynamismeéconomique et la justice sociale –et un candidat-président quimul-tiplie les fausses annonces pouroccuper le terrain, avecuncoupdebarreàdroiteendirectiondel’élec-toratdu Frontnational sur les thè-mesdel’immigrationoudel’assis-tanat, etuncoupdebarreàgauchequand il relance les polémiquessur les salaires des patrons.

Dans cette campagne curieuse,l’ouvrage collectif du Cercle des

économistes est bienvenu, car ilredonnedusens, identifie lesvraiset les faux clivages sur l’emploi, larechercheoul’éducation.Il rappel-le aussi, comme la Courdes comp-tes l’a fait dans son rapport publicannuel, que la nécessité du désen-dettements’imposeraaunouveauprésident, quel qu’il soit, dans unmonde revenu du keynésianismeetdunéolibéralisme.

Dansunecontributionintitulée«Rigueurdedroite,rigueurdegau-che», Jacques Mistral, directeurdes études économiques à l’Insti-tut français des relations interna-tionales (IFRI), appelle un chat unchat. «L’orientation de la politiqueéconomique qui va marquer lestrois prochaines années estconnue: l’heure seraà la rigueur, lavraie, pas les mesurettesd’août2011 ;prétendre lecontraire,c’estmentir auxélecteurs», écrit-il.

Pourlamajorité,cepourraitêtre« l’occasion de renoncer aux illu-sionssur l’Etatprotecteuretde faireenfinlepariaudacieuxenfaveurdumarché qui devrait être la marquede ladroite», observe l’économiste.Quant à la gauche, M.Mistral sedemande si elle est «condamnée àappliquer comme en 1981 un pro-gramme qui, même s’il est définiavec beaucoup plus de prudence,seraconsidérépar lesmarchéscom-medéphaséparrapportauxurgen-ces de l’heure», ce qui la conduiraità devoir ajuster et durcir sa politi-queéconomique, commeen 1983.

Lemoinsquel’onpuissedireestque, sur ce sujet, les candidats neprennentpas le risquede sedévoi-ler.C’estdommageet, sommetou-te, bienpeudémocratique.p

ClaireGuélaud

«Droite contre gauche?», du Cercledes économistes, Fayard, 2012, 19 euros.

sLIVREDE CAMPAGNE LeCercledeséconomistespublie«Droitecontregauche?»

Larigueurquineditpassonnom

D epuis la loi TEPA (travail,emploi, pouvoir d’achat)d’août2007, la fiscalité est

aucœurde lacritiquesocialisteduquinquennat de Nicolas Sarkozy.Les impôts et taxes forment aussile socle du projet de François Hol-lande, qui a promis de revenir surla plupart des mesures fiscalesadoptéesdepuis cinq ans.

Cette révision devrait s’opérer,nonpar desmesures d’abrogationspécifiques, mais principalementdans un projet de loi de financesrectificative, à l’été 2012, puis àl’automneavec le budget 2013.

Bouclier fiscal Avec la crise, lebouclier fiscal, qui plafonnaitdepuis 2007 les impôts directs etprélèvements sociaux dus par uncontribuable à 50% de ses reve-nus,aétédeplusenpluscritiqué,ycomprisàdroite.M.Sarkozyadéci-dé, en avril 2011, sa suppressionprogressive. M.Hollande prévoit

de supprimer intégralement, dèscette année, ce qu’il en reste.

Impôt de solidarité sur la fortu-ne (ISF)Pouratténuer l’impactdela suppression du bouclier fiscal,le gouvernement Fillon a réformél’ISFen2011.Troiscentmillecontri-buables ont cessé d’y être assujet-tis.M.Hollandeprévoitdemainte-nir le seuil d’entrée dans l’impôt à1,3million d’euros, tout en calcu-lant la cotisation à partir de800000euros, et de rétablir l’an-cien barème, qui comportait untauxmarginal à 1,8%.

Contribution sur les hauts reve-nus En 2012 a été instaurée unecontribution sur les hauts reve-nus,qui intègre les revenusdutra-vail et ceux du patrimoine. Sontaux est de 3 % au-delà de250000euros par part.M.Hollan-de veut créer une tranche supplé-mentaire à 45% au-dessus de

150000euros par part. Parallèle-ment, il maintiendra la contribu-tion sur les hauts revenus à 3%au-delà de 250000euros par partet il la fera passer à 5% au-delà de500000euros.

NichesfiscalesDepuis 2009aétéinstitué un plafonnement globaldes niches fiscales, à 18000euroset6%durevenuimposabledanslebudget 2012. M.Hollande prévoitde limiter le plafonnement globalà 10000euros et de réduire enoutre spécifiquement certainesniches.

Imposition des revenus du capi-tal Le prélèvement forfaitaire libé-ratoire est passé, en 2011, de 19% à21%pourlesdividendesetde19%à24% pour les intérêts. M.Hollandeveutimposerlesrevenusducapitalcommeceuxdutravail, c’est-à-direles soumettre au barème progres-sifde l’impôt sur le revenu.

Droits de succession La loi TEPAde2007avaitprévuunallégementmassif des droits de succession etde donation. «Ce ne sera pas leretour à la case départ», expliqueMichel Sapin, conseiller deM.Hol-lande. Le candidat propose deramener l’abattement sur les suc-cessions d’un parent à un enfant à100000euros et l’abattement surles donations à 100000euros parenfant tous lesquinze ans.

Revenu de solidarité active(RSA) Depuis 2009, le revenu desolidarité active a pris la place durevenuminimumd’insertion.Des-tiné à éviter les effets de seuil et àfaciliter le retourà l’emploi, le RSAconcerne 1,87million de foyersbénéficiaires,dont470000perçoi-vent le volet complément de reve-nudans le cas d’un travail à tempspartiel. Le PS n’envisage pas derevenir sur ce dispositif. p

S. L. , D. R.A., C. Gu

Leseuildel’impôtsurlafortuneseraitmaintenuà1,3milliond’eurosLecandidat socialisteprévoit aussid’aménager la loiTEPAsur les successions sans l’annuler

110123Mardi 28 février 2012

Page 12: journal le monde du 28-2-2012

présidentielle 2012

PourClaudeGuéant, le FNest «nationaliste»et«socialiste»ClaudeGuéant a jugé, dimanche 26février sur RadioJ, que le FN est unparti «nationaliste» et «socialiste». «Je dirais que ce n’est pas unpartirépublicain, c’est unparti qui est nationaliste et socialiste», a estimé leministrede l’intérieur, faisant la différenceavec «national-socialiste».«Non, nationaliste et socialiste», a-t-il insisté. «Il y a quelquesmois,[MarineLe Pen] voulait tout», a-t-il justifié. Le vice-présidentdu FN,LouisAliot, demande la démissiondeM.Guéant, évoquantune «insulteà desmillions depatriotes attachés à la nationet à la République».

Jean-LucMélenchonmeilleur défenseur des ouvriers,selon un sondage TNSSofresUnpeuplus d’un tiers des Français (35%) estimentque Jean-LucMélen-chonest le candidat qui défend lemieux les ouvriers, selonun sondageTNSSofrespour l’émission«Dimanche+» (Canal+), réalisé les 21 et22février. FrançoisHollande est deuxième (30%), devant FrançoisBayrou (16%), Nicolas Sarkozy (12%),Marine Le Pen (10%).

Lemodèle deNicolas Sarkozyn’est pasAngelaMerkel,mais unmélangede Silvio

Berlusconi et deVladimir Poutine»NAJATVALLAUD-BELKACEMporte-parole de François Hollande, dimanche 26février,dans un communiqué.

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MarineLePen:«RemettrelaFranceruraledanslaFrancetoutcourt»

MarineLePen s’est adressée, dimanche26février lors d’unmeetingàChâteauroux, à la «France rurale, grandeoubliée»dupouvoir. «Ensem-ble, nous allons rompreavec lemépris d’une petite élite parisienne qui secroit supérieure et nous allons remettre la France rurale dans la Francetout court», a lancé la présidenteduFN.MmeLePen s’est ensuite lancéedansunedéfensemuscléedes servicespublics, notammentde LaPoste, devenueune société anonymeà capi-tauxpublics en 2010: «Je redonnerai à LaPoste son statut d’entreprisepubliquede l’Etat», a affirmé la candidatedu FN. Elle propose aussid’inscriredans la Constitution l’accès, pour chaqueFrançais, auxmêmes servicespublics, indépendammentde ses revenusoude sonlieude résidence. Elle s’est égalementprononcéepour la finde l’ouver-turedu rail à la concurrence.pAbelMestre (PHOTO: AFP)

D u classique, mais avec unsoupçon de véhémencedans le ton, pour tenter de

faire la différence.Durant leweek-end des 25 et 26février, FrançoisBayroua fait feu de tout bois, avecunobjectifsimple:éviter lamargi-nalisation en douceur qui le guet-te. Après un début de campagnesaluépar les sondages, il estdésor-mais à la peine, aux alentours de11% à 13% des intentions de vote,loin du duel annoncé entre Fran-çoisHollande etNicolas Sarkozy.

Samedi, le candidat centriste abouclé sa série de «forums» pro-grammatiques en annonçant savolonté,s’ilestélu,defaireunréfé-rendum sur la «moralisation» dela vie politique. Dimanchematin,il a enfilé son costume d’exploi-tant pour sillonner les travées duSalon de l’agriculture, à Paris, aulendemain de la visite de NicolasSarkozy. L’occasion d’ironiser surceuxqui ne viennent qu’«une foispar an» pour «flatter les croupesdes vaches». Puis, le soir, invité duGrand Jury RTL-Le Figaro-LCI, ils’en est pris, cette fois, à FrançoisHollande, jugé «condescendant»et sujet à l’«excès de confiance».

Des railleries, il y en a donc eupour les deux candidats du«monopole», commeleditM.Bay-rou. Samedi, à la Maison de lachimie, devant une salle acquise,leprésidentduMoDema lâchésescoups. «Ils sont l’un et l’autre à latête des deux partis qui ont bafouédepuisdesannées lesprincipesquenoustenonspoursacrés. Ils ontmisà mal sans cesse la séparation despouvoirs. Ilsontaccumulé lesprivi-lèges partisans, ils ont tous deuxdes affaires à la pelle et des cada-vres dans les placards», a lancéFrançoisBayrou.

Difficile d’aller plus loin.MêmesiM.Bayrouadénoncé la pratiquedupouvoir de l’UMP, «perpétuelleinstallation d’affidés ou de récom-pensésdansunemultitudedefonc-tions d’Etat», il a réservé ses flè-ches lesplusacéréesauParti socia-liste. « Ils ont plus de pouvoirslocaux, municipaux, départemen-taux, régionaux, qu’aucun partin’en a jamais eus depuis que laRépubliqueestRépublique.Ilsprati-quent savamment l’art d’addition-

ner les privilèges, les élus étant sisouvent en même temps salariésd’autres élus, d’autres collectivités,de groupes politiques dansd’autres assemblées ou de structu-res collectives. Dépendants de cesréseaux, ils ne sont plus libres deleur parole.»

Gouvernement resserré«Produire»,«instruire»etmain-

tenant«construire» ladémocratie:voilà désormais le troisième panannoncé de son programme, qu’ilégrènedepuissonentréeencampa-gne. François Bayrou prône l’orga-nisation, s’il est élu, d’un référen-

dumsurla«moralisation»delaviepublique dès le 10juin. M.Bayrousouhaiteun gouvernement resser-rédemoinsdevingtministres,uneinterdiction du cumul des man-dats pour les députés et la limita-tion pour les sénateurs, la diminu-tion du nombre de députés d’untiers, et l’instaurationde la propor-tionnelle pour le quart des sièges àl’Assemblée nationale. La mesure-clé est la dernière : le MoDem,aujourd’hui, ne compte que troisélus auPalais-Bourbon (M.Bayrou,JeanLassalle etAbdoulatifouAly).

Autre proposition, la suppres-sion des micropartis qui sont au

nombre de 300 et assurent, selonM.Bayrou,«desfinancementsillici-tesàceuxquin’acceptentpaslesdis-ciplines de notre loi ». Ces partisavaient créé la polémique aumoment de l’affaire Woerth-Bet-tencourt, en 2010.

Samedi, M.Bayrou, en appui deson discours sur la moralisation, areçu opportunément le soutienpublic de l’ex-avocat général à lacourd’assisesdeParis,PhilippeBil-ger, qui l’avait déjà soutenu en2007. Au Salon de l’agriculture,dimanche,M.Bayrou a défendu saproposition de référendum. «Onen parle depuis des années, avecmoi ce serait fait le 10juin», affir-me-t-il. Mais il a surtout renouéavec sa posture de défenseur dumonderuraletagricolede2007,ensecond plan dans sa campagne de2012,qu’ilaaxéesurl’industrieetle«produireenFrance».«Il fautarrê-ter de parler aux agriculteurs com-me à un électorat, mais comme àdes hommes et des femmes», a-t-ilrépété… à la nuée de caméras quil’entouraient, cordon souventinfranchissable.p

Pierre Jaxel-Truer etAnne-SophieMercier

445C’est le nombredepromessesde parrainagequeMarineLePen, la candi-date du Frontnational, a recueillies à ce jour. Leparti d’extrêmedroitedevrait communiquer, jeudi 1ermars, unpremier chiffre de signaturessûres d’élus, tandis que le dépôt légal desparrainages est fixé au16mars. Le FNcompte sur un tauxdedéperditiond’environ 10%parrapport auxpromesses. Sonobjectif est doncd’atteindre 410signaturesfermes le 1ermars.

O uiaumeaculpa,maispointtrop n’en faut. Si NicolasSarkozy a regretté sa nuit

du Fouquet’s au soir de son élec-tion en 2007, il ne veut plus qu’onl’accuse d’être l’ami des riches etdes grands patrons. «C’estmoi quisuis l’ami de M.Bergé, propriétaireduMonde, financier revendiquédeFrançois Hollande? De M.Pigasse,richissime, mettant l’ensemble desesmoyensauservicedeM.Strauss-Kahn, puis de M.Hollande?», s’estinterrogé, lundi 27février sur RTL,M.Sarkozy, attaquant deux desactionnaires à titre individuel dujournalLeMonde,PierreBergé,fon-dateur du groupe Yves Saint Lau-rentetMatthieuPigasse, directeurgénéral déléguédeLazard France.

Lecandidatdel’UMPs’estensui-te interrogé sans la nommer sur lacompagne de François Hollande,la journaliste Valérie Trierweiler,qui anime une émission surDirect8, la chaîne de Vincent Bol-loré. «Est-cemoi qui travaille pourle groupe de M.Bolloré? Personnen’a d’émission dans le groupe Bol-loré?», a demandé le chef de l’Eta-t… qui débuta son mandat sur lePaloma, yachtdumêmeBolloré.

Leprésidentn’est pasprésidentdes riches. Il amisenavant la taxa-

tion accrue des stock-options etdes retraites chapeaux. «C’est unprocès en sorcellerie, qui permetdemasquer l’absence de proposi-tions», a-t-il asséné.

NicolasSarkozypoursuitsastra-tégie : rendre la parole au peuplevia les référendums et dénoncer«l’entre-soi»desélites,uneexpres-sion prononcée à Marseille le19 février que sa plume, HenriGuaino, est fier d’avoir imaginée.Il s’agit donc de séduire la Francepopulaire.Aprèsl’opérationrecon-quête des agriculteurs, réaliséeavec succès depuis deux ans, sil’on en croit les enquêtes d’opi-nion, et avant celle des ensei-gnants, perdue d’avance selon cesmêmes enquêtes, M. Sarkozy avouluparler à l’électorat ouvrier.

La course aux usines se pour-suit.M.Sarkozya tentédevoler ausecoursdusitedeFlorange(Mosel-le),propriétéd’ArcelorMittal.Com-me toujours, il se veut volontaris-te. «La France ne laissera pas tom-ber la sidérurgie », a assénéM.Sarkozy. Le candidat-présidenta critiqué la proposition de Fran-çoisHollandequi veut forcer ceuxqui ferment un site à le revendre.«Pour le vendre à qui? À un autrequi se trouvera sixmois après dans

la même situation?», a demandéM.Sarkozy. Non, le chef de l'Etat,qui dit avoir eu au téléphone plu-sieurs fois Lakshmi Mittal, lepatron du groupe, veut renoueravec le pompidolisme industriel.Il laisse entendre que l’Etat vainvestir 150millions d’euros dansle site, dans le cadre du grandemprunt.

Mais grâce à la question d’unauditeur syndicaliste de Forceouvrière, M.Sarkozy doit préciserque l’Etatnepourra agir qu’à la finde l’année, dans le cadre d’unappeld’offreslancéparlaCommis-sion européenne, le projet Ulcos.Ce consortium européen vise àréduire les émissions de CO2 dansla sidérurgie. L’urgence, selon lesyndicaliste, est de redémarrer lehaut-fourneau. M.Sarkozy pro-metdespropositions,pourque les

travauxde rénovationnécessairesaient lieu dès ce semestre.

Cette semaine est celle de l’édu-cation.Lecandidatdeladroitedoitexposer ses vues lors d’un dis-cours mardi à Montpellier, aprèsavoir visité un internat d’exc-ellence.«Ilfautrevaloriserd’urgen-ce la fonctionenseignante», aassé-néM.Sarkozy,quienasurtoutpro-fité pour dénoncer les proposi-t ions de création de60000emplois dans l’éducationpar M.Hollande. De la «démago-giedanscequ’elleadeplusextrava-gant».

AttaquerM.Hollande, c’est le filrougedeM.Sarkozy:surleblocagedu prix de l’essence, M.Sarkozy aestimé que «c’est se moquer desFrançais de dire qu’on va bloquerles prix ». Il a poursuivi par ladénonciation de la fermeture de24réacteurs nucléaires par le PS.Enfin, le président sortant s’en estpris au PS qui n’a pas voté enfaveur du Mécanisme européende solidarité. Nicolas Sarkozy, lui,dit avoir voté pour deux traitésnégociés par FrançoisMitterrand:Maastricht et l’acte unique de1986.C’est faux:M.Sarkozyn’étaitpasdéputé à l’époque.p

ArnaudLeparmentier

Réuni encongrès, samedi25février, leNouveauCentre achoisi de soutenirNicolasSarko-zy.Deuxmotions, l’uneduprési-dentduparti,HervéMorin, etl’autredudéputé de laSommeOlivier Jardé, allaientdans cesens: ellesont recueilli 84,2%dessuffrages expriméspar lesmilitants (67,6%pourM.Morin,16,5%pourM.Jardé).Un troisiè-metexte appelait à soutenir Fran-

çoisBayrou: il n’a obtenuque15,8%.Samedi, ce petit parti delamajorité crééen2007par lesélusde feu l’UDFqui ne voulaientpassuivre la ligne«ni droite nigauche»deM.Bayrou, a, au-delàdeces scores, étalé ses divisions.M.Morin, hué lematinpendantsondiscours, accuse le numérodeuxduparti, Jean-ChristopheLagarde, d’avoir organisé la«cla-que»contre lui.

FrançoisBayrou,quichercheunsecondsouffle,durcitletonfaceau«monopole»duPSetdel’UMPLecandidatduMoDemprôneunréférendumsur la«moralisation»de laviepublique

Desdocumentsdéclassifiésdansl’affairedes«fadettes»La Commission consultativedu secret de la défensenationale (CCSDN)a émis deux avis favorables à la déclassificationde six documentsdeMatignonet duministèrede l’intérieur dans l’affaire des factures télé-phoniquesdétaillées (fadettes) des journalistes duMonde. L’affaire,très technique, tourne autour de l’interprétationdes articles20 et22 dela loi du 10juillet 1991 sur les interceptionsde sécurité (les écoutes), àune époqueoù les fadettes n’existaientpas. Bernard Squarcini, le direc-teurdu renseignement intérieur (DCRI),mis en examen le 17octobre2011 pour «collecte de données à caractèrepersonnel», «atteinte ausecret des correspondances» et «recel de violationdu secret profession-nel», avait fait état de ces documents pour justifier la réquisition desfadettes. Parmi ces documents, unenote classée «confidentiel-défen-se» de Jean-Paul Faugère, le directeur de cabinetdupremierministre,datéedu 17février 2010, que laDCRI avait interprétée commeunedéro-gationdu cadre légal pour se procurerdes fadettes auprèsdes opéra-teurs téléphoniques, sans contrôlepréalable de la Commissionnationa-le de contrôle des interceptionsde sécurité (CNCIS).Mais le cabinet dupremierministre a considéré que les policiers abusaientde la procédu-re, et envoyé, le 13octobre 2010, un courrier – également concernépar ladéclassification– auministèrede l’intérieurpour lui rappeler que la loiinterdisait aux services de renseignementde seprocurerdirectement les fadettes.p Franck Johannès

Lecandidatpoursuitsastratégie:rendrelaparoleaupeupleparleréférendum

etdénoncer«l’entre-soi»desélites

Aprèslespaysans, lesouvriers:SarkozyàlareconquêtedelaFrancepopulaireLechefde l’Etat sedéfendd’être l’amides richeset s’enprendauxactionnairesdu «Monde»

LeNouveauCentre choisit Nicolas Sarkozy

«Il faut arrêter de parler aux agriculteurs comme àun électorat, mais comme àdeshommeset des femmes», a déclaréM.Bayrou au Salon de l’agriculture, dimanche 26février. BERTRAND LANGLOIS/AFP

12 0123Mardi 28 février 2012

Page 13: journal le monde du 28-2-2012

france

a CONDAMNATIONS DES ÉTATS MEMBRES EN 2011

5

4

4

5

3

3

3

1

1

0

1

2

31

27

1919

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6

8

7

9

8

9

9

10

Allemagne

France

Hors cadreIslande 0Chypre 1

* La Biélorussie n’est pas membre du Conseil de l’Europe

Arménie 2Géorgie 3Azerbaïdjan 9

Portugal

Pologne

Russie

Ukraine

Roumanie

Hongrie Moldavie

Bulgarie

Grèce

Italie

Turquie

*

a CONDAMNATIONS RENDUES PAR LA COUR EN 2011en %

Droit à un procès équitable

Interdiction de la torture*

Protection de la propriété

Droit à la liberté et à la sûreté

Droit à un recours effectif

Droit à la vie

Autres violations

33,7

15,1

14,6

13,7

9,9

8,4

4,6

a NOMBRE DE REQUÊTES ENVOYÉES À LA COUR

1999 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11

64 50080 000

0

20 000

40 000

60 000

8 400

Un nombre de requêtes annuelles multipliées par huit en douze ansUn nombre de requêtes annuelles multipliées par huit en douze ans

SOURCE : COUR EUROPÉENNE DES DROITS DE L’HOMME (CEDH)*et des traitements inhumains et dégradants

D avid Cameron s’est rassiset les jugesde laCoureuro-péenne se sont regardés

avec un soupir de soulagement.Le discours du premier ministrebritannique, le 25 janvier à Stras-bourg,était attenduavecanxiété:la Grande-Bretagne préside pourun semestre le Conseil de l’Euro-pe et entend bien mettre au pasuneCourquiosesemêlerdela jus-tice de Sa Gracieuse Majesté aulieu de s’occuper des Ukrainiensou des Turcs.

Le discours était finalementfort modéré, le premier ministren’a pas fait à nouveaupart de son«dédain pour les bureaucratesnon élus de Strasbourg», commeil l’avait fait à Londres enfévrier 2011, mais la Cour euro-péenne des droits de l’homme abien conscience de traverser laplus grave crise de son histoire etredoute les propositions anglai-ses de réforme qui seront débat-tues en avril lors de la conférencede Brighton.

La Grande-Bretagne n’a pas deleçons à recevoir en matière desdroits de l’homme, a rappeléDavid Cameron devant les juges,depuis laMagnaCarta de 1215 quia garanti ledroit à unprocès équi-table ou la «Pétition des droits»de 1628 qui a interdit les déten-tions arbitraires. «Mais lemoment est venu de se poser desérieuses questions sur la façondont travaille la Cour», a repris lepremier ministre, qui estimequ’elle devrait se concentrer sur« les violations les plus sérieusesdes droits de l’homme» et «ne pascompromettre sa réputation encontrôlant des décisions nationa-les qui n’ont pas besoin l’être», lesdécisions britanniques notam-ment, on l’aura compris.

C’estquelecontentieuxs’enve-nime. La Grande-Bretagne a étécondamnée en octobre2005 par-ce qu’elle privait automatique-ment sesdétenusdudroit de vote(arrêt Hirst), décision confirméeen avril 2010 contre l’Autriche(arrêt Frodl), puis à nouveau en2011 contre le Royaume-Uni(Greens etMT).

Le conseil des ministres duConseilde l’Europe,chargédefaireappliquer les décisions de la Cour,s’est ému en 2009 du retard prispar l’Angleterre pour réformer saloi.LaChambredescommunesbri-tannique a, au contraire, adopté le10février 2011 unemotion favora-ble au maintien de l’interdictionde vote, et à une écrasantemajori-té. Le Conseil de l’Europe a donné

jusqu’au11octobreàlaGrande-Bre-tagnepour semettreenconformi-té. Puis a repoussé le délai jusqu’àsix mois après un arrêt définitifcontre l’Italie sur la même ques-tion (arrêt Scoppola), qui devraitêtre rendu avant l’été. Londres n’aaucuneenvie de céder.

Une nouvelle affaire a tenduencore davantage les relations. LaCour s’est opposée le 17 janvier àl’extraditiond’un islamiste en Jor-danie, Omar Othman, dit AbouQatada, parce que des preuvesobtenues sous la torture pou-vaient être retenues contre lui etque celamalmenait son droit à unprocèséquitable.Fautedepouvoirl’extrader, un juge britannique aété obligé de le libérer sous condi-tions. «Un terroriste sur le chemindes écoliers », s’est offusqué leDaily Mail, parce que l’homme

avait été autorisé à conduire sesenfants à l’école. Le Sun a sombre-ment évoqué la «capitulation bri-tannique» : «Une fois encore, lesjugeseuropéensonttranchécontrelesdroits des citoyensbritanniquesà vivre en sécurité et en faveur desdroits d’unmonstred’Al-Qaidaquiveutnotremort.»

Sir Nicolas Bratza, le présidentdelaCoureuropéenne,amêmedûsortir de sa réserve et dénoncer enmars2011 à Edimbourg «l’hystériedescritiquesauvitriol –et je regret-te de le dire, xénophobes – contreles juges de ma Cour». Il pensaitquel’électiond’un jugeanglaisà latête de la Cour européenne, ennovembre2011, serait « largementsaluée» dans son pays. La pressepopulaire lui a répondu que sonpère était serbeet qu’il n’était qu’àmoitié britannique.

Mêmeoutrées, les critiquesbri-tanniques sont en partie fondées.La Cour, c’est vrai, est menacéed’asphyxie. Elle a été saisie de45000 requêtes au cours de sestrente premières années ; elle en areçu 64500 nouvelles rien qu’en2011, et 151000 dossiers sont enattente. Il y a un légermieux, ellesétaient 160000 avant l’entrée envigueur duprotocole 14, une sorte

d’amendement à la Conventioneuropéenne des droits de l’hom-me, qui a permis de confier lesaffaires les plus simples à un jugeunique et amélioré de 30% le trai-tementdesrequêtes.Ilpermetaus-sid’écarter lesdossiersoù lepréju-dice est insignifiant. David Came-rona raillé la saisinede laCourparuntouristequi réclamait90eurosà une compagnie de bus pour unvoyage Bucarest-Madrid moinsconfortablequepromis…

Le paradoxe est que la Grande-Bretagnea été l’unedespremièresàratifierlaConvention(en1951– laFrance en 1974), c’est aussi l’unedesmoins condamnée: 8 fois seu-lement pour 955 requêtes dépo-sées en 2011 contre le Royaume-Uni.

Le nouveau projet de réformede la Cour, qui sera examiné à Bri-

ghton, rogne pourtant sévère-ment les pouvoirs de l’institution.Les Anglais en ont présenté unepremièremouturejeudi23février.Ils souhaitent notamment que«chaque Etat dispose d’unemarged’appréciation considérable enmatièred’applicationetdemiseenœuvre de la Convention. Cela tra-duit le fait que les autorités natio-nalessontenprincipelesmieuxpla-cées pour appliquer les droits pré-vus par la Convention dans lecontextenational».

Le projet de Brighton prévoitaussi qu’une requête devant laCour soit irrecevable «si elle est ensubstance identique à une ques-tionquiaétéexaminéeparunejuri-diction nationale en tenant comp-tedesdroitsgarantisparlaConven-tion». La Cour européenne nepourraitêtresaisiequ’encas«d’er-

reur manifeste» ou de problèmed’interprétation. Il est certainqu’àces conditions, la Cour n’auraitplusbeaucoupdedossiersàsemet-tre sous la dent, et que ce serait lecrépusculedudispositif européende protection des droits de l’hom-me.

La première réunion des47représentants des pays mem-bres aura lieu le 5mars. La Belgi-que, l’Autricheet surtoutl’Allema-gne, fervents défenseurs de laCour,devraients’opposerauxpré-tentions anglaises; la France ou laSuisse plutôt les appuyer. Paris nes’intéresse d’ailleurs qu’assez peuàlaCour.NiFrançoisFillonniNico-las Sarkozy n’ont jugé utiles de serendreuneseule fois àStrasbourg,à ladifférenced’AngelaMerkel, oudeFrançoisHollande,le19septem-bre 2011.

Les réformes anglaises ne sontcependant pas encore adoptées: ilfaudra d’abord tomber d’accord –à 47 –; adopter un texte communles19et20avrilàBrighton,puisfai-re ratifier le nouveau protocoleparchacundes47Etats.Leprotoco-le14,signéenmai2004,n’aétérati-fié par la Russie que le 15 janvier2010… p

Franck Johannès

Plus de 50 ans d’existence

Fondation LaCour européennedesdroits de l’hommea été fon-dée en 1959pour statuer sur lesviolations de laConvention euro-péenne, adoptée neuf ans plustôt. Elle siège à Strasbourg.

ArrêtsElle a rendu son 10000e

arrêt en 2008, a examiné52188requêtes en2011 et rendu1157arrêts.Mais 64500 requêtesont été déposées en 2011 et151000dossiers sont en attente.

CondamnationsPlus de lamoitiédes requêtes visent quatre pays,laRussie (26,6%), la Turquie(10,5%), l’Italie (9,1%) et la Rou-manie (8,1%).

Les jugesElle est composéede47 juges, élus sur une liste présen-tée par chacun des47paysmem-bres duConseil de l’Europe. Lejuge français, André Potocki, élupour neuf ans en juin2011, étaitconseiller à la Cour de cassation.

Financement LaCour est finan-cée par les Etats, au prorata deleur population et de leur PIB.Sonbudget est de 58,9millionsd’euros. La France contribue aubudget duConseil de l’Europe àhauteur de 27,1millions d’euros.

Mêmeoutrées,lescritiques

britanniquessontenpartiefondées.LaCour,c’estvrai,est

menacéed’asphyxie

MenacesurlaCoureuropéennedesdroitsdel’hommeL’institutionestprésidéeparLondres,qui luiesthostile.Les47Etatsmembresseréunissentenavrilpour la réformer

Jean-MarcSauvé:«Lesystèmeeuropéendesdroitsestnotrebiencommun»

PourJean-MarieDelarue, lecontrôleurgénéraldes lieuxdeprivationde liberté,«il ne fautpas résister à la Cour, il faut s’ef-forcer de la devancer. Il y a eu33affaires concernant la Franceen 2011, et la France a été condam-née 23fois, dont 5 pour “torture,

traitements inhumains ou dégra-dants”. Il y a quand même de quoifrémir. Ce que révèle la Cour, cesont des pratiques qui ne sont pasbonnes. Je n’en suis pas un thuri-féraire, elle n’est pas toujourscommode à suivre, mais c’est unmoteur pour la démocratie».

Entretien

Vice-présidentduConseil d’Etat–le premierministre en est le pré-sidentde droit –, Jean-Marc Sauvéadmetque la Cour européenne,vu lenombredes requêtes, est«victimede son succès». Mais ilinsiste sur la nécessité d’avoir«une cour forte et efficace».LaCour européenne semble tra-verser l’une des pires crises deson histoire. Comment analysez-vous la situation?

LaCour existedepuisplusdecinquanteanset a étéprofondé-ment réforméeàplusieurs repri-ses. La crise à laquelle elle estaujourd’hui confrontée résultedesadifficulté à faire face àunnom-bre croissantde requêtes; elle est,enquelquesorte, victimede sonsuccès. Leprincipal risqueest celuide sonenlisement.Ce constat estpartagéet chacuns’accorde sur lanécessitéde réformes, l’enjeuétantdegarantir la viabilité à longtermedu systèmeeuropéendeprotectiondesdroits de l’homme.

Une autrequestion est desavoir si la cour restedans les limi-tes du rôle que lui a assigné laConvention. La Cour a contribué,

à partir desmeilleures traditionsdespays d’Europe, à la primautédudroit dans 47 Etats comptantplusde 800millionsd’habitants.Elle a pubousculer certainesconceptionsnationales, parfoisheurterdes Etats,mais elle aapportéune contributionexcep-tionnelle à la protectiondes liber-tés et des droits fondamentaux.Le systèmeeuropéendeprotec-tiondesdroits de l’hommeestnotre bien commun.Les réformes pour désengorgerlaCour n’ont, semble-t-il, passuffi. Existe-t-il des solutions?

Ladernière, le protocole 14,était nécessairepour faire face à lacroissance considérabledes requê-tes. Il a permisde réelles avan-cées, enparticulier de déclarerirrecevablesdes requêtesne révé-lant aucunpréjudice important etde simplifier grandement le traite-mentdes requêtes irrecevablesourépétitives. Ceprotocole n’estentré en vigueur que le 1er juin2010 etn’a pas encorepleinementproduit ses effets. Les premiersrésultats sont toutefoispositifs :en 2011, les décisionsd’irrecevabi-lité ont augmentéde 31% et,depuis le 1eraoût 2011, le volume

des affaires en instance a com-mencéàdiminuer.Mais il fautaller plus loin et développer enco-re les capacités de filtragede laCourpour les requêtesdépour-vuesde substance.Le gouvernement britanniqueentend proposer des réformesradicales. Est-ce souhaitable?

Toutes les contributions sontutilesmais toutes les réformesnesont pas pertinentes. Plusieurspointsne sauraient être remis encause. Le premier est l’autorité delaCour. Quedirait-on si les Etatsmembrespouvaient eux-mêmesdécider si leurs procédures sontcompatibles avec la Convention?Le secondest le droit de recoursindividuel. Ces deuxprincipessont les piliers de la garantie col-lectivedu respect des droits del’hommeenEurope. Leur remiseen cause signifierait la fin de cettegarantie.

Mais il convient ausside respec-ter leprincipedesubsidiarité:c’estd’abordauxEtats et aux juri-dictionsnationalesqu’il revientdeveiller aurespectdesdroits et à lameilleurearticulationentre lagarantieeuropéenneet lesméca-nismesnationaux.A cet égard, la

questionprioritairede constitu-tionnalité– laQPC– constituecheznousunprogrèsessentiel enpermettantde régler auplan inter-nedes litiges quinepouvaienttrouver leur issuequ’à Strasbourg.

Enfin, la Courn’est pas unqua-trièmedegré de juridictionet elledoit préserverunemargenationa-le d’appréciation. La substancedesdroits protégésdoit être res-pectéedemanièreuniforme,mais dans leurmise enœuvre, ilexisteunemargequi varie enfonctiondes traditionset spécifici-tés de chaquepays.En France aussi, « l’ingérence»de la Cour est parfois contestée.Faut-il réduire son influence?

LaCour européennedesdroitsde l’hommea reposé sur unpari ;elle est une réussite. Elle a permis,mêmedans les Etats de la premiè-re générationduConseil de l’Euro-pe comme la France, le Royaume-Uniou l’Allemagne, de révéler deszonesd’ombredans la garantiedesdroits fondamentaux. Lesexemplesde son influencebénéfi-que sont nombreux: elle a impo-sé l’égalité des droits pour lesenfants adultérins, la dépénalisa-tionde l’homosexualité, l’admissi-

ondes femmesdans l’armée,l’abolitiondes châtiments corpo-rels à l’école, l’encadrementdesécoutes téléphoniquesoudes per-quisitionsdouanières et fiscales…LaCour insuffle dans le droit desEtats européensunedynamiquepositivequin’a pas d’équivalentdans lemonde.

LaConventioneuropéennedesdroitsde l’homme, tellequ’inter-prétéepar laCour, est par consé-quent trèsprésentedans la juris-prudenceduConseil d'Etat: celui-ci en fait applicationdansprèsd’unquart de ses décisions. C’estdire à quel point, avec le contrôlede constitutionnalité – le Conseild’Etat a reçuenmoinsdedeuxansprèsde 500QPC–, la garantiedesdroitsprocédantdenos engage-mentseuropéensest essentielle.

Avec la crise économique, dansunepériodeoù les rapportssociauxpeuvent se durcir et lessolidarités se distendre, il fautœuvrerpour la consolidationdusystèmeeuropéendeprotectiondesdroits et contre sa dilution. LaConventioneuropéenneest unpatrimoinepartagé; elle a besoind’uneCour forte et efficace.p

Proposrecueillis par F. J.

«Unmoteur pour la démocratie», selonM.Delarue

130123Mardi 28 février 2012

Page 14: journal le monde du 28-2-2012

économieEnhaussela publicité – Lesdépensespublicitairesmondialesdevraientaugmenterde4,9%cetteannée, contre3,8%en2011, selonStrategyAnaly-tics. EnFrance, lahausseseraplus limitée (+3,2%).La télévisiondevraitencore s’octroyer40%desdépenses,mais Internetprogresse (18%).

Enbaissetransocean – Le groupe suisse Transocean,leadermondial du forage pétrolier enmer, aannoncé, lundi 27février, une perte de 5,7mil-liardsde dollars pour son exercice 2011, prove-nant essentiellementdeprovisions liées à l’ex-plosionde la plateformeDeepwater. – (AFP.)

L e président de la République,Nicolas Sarkozy, n’en finitpas de s’inspirer de l’Allema-

gne. Après avoir voulu copier la«règle d’or» budgétaire, il tentemaintenant de faire du chômagepartiel un outil aussi puissantqu’il l’est outre-Rhin. Réforméeen2009, cette mesure vient de subirunnouveaulifting,censélarendreplus attractive. Ces changementss’appliqueront à partir du 1ermars.Suffiront-ils à doper ce dispositif,qui vise à atténuer les effets d’unemauvaise conjoncture et éviter,oudifférer, les licenciements?

Tombéequasiment en désuétu-de depuis le début des années2000, cette mesure, rebaptisée«activité partielle», a été forte-ment utilisée à partir du 4e trimes-tre 2008. Son usage est toutefoisresté limité par rapport à d’autrespaysd’Europe, enparticulier l’Alle-magne – celle-ci y a consacré, en2009, 6milliards d’euros, soit dixfois plus que la France. Depuis le4e trimestre 2009, le chômage par-tiel est à nouveau en forte baissedans l’Hexagone.

Lorsdusommetsocialdu18jan-vier, le gouvernement français aannoncé plusieurs mesures pourinciter les entreprises à y recourirdavantageplutôtquede licencier.

Le coût pour les entreprises aétéallégégrâceàunepriseenchar-ge accrue de l’Etat, de 100millionsd’euros. Les partenaires sociauxdel’Unionnationalepourl’emploidans l’industrie et le commerce,qui finance l’activité partielle delongue durée (APLD), ont décidéd’y consacrer 80millions d’euroscetteannée,s’ajoutantaux40mil-lions non dépensés auparavant.Des formations pourront avoirlieupendant les heures chômées.

Afindesimplifier l’accèsauchô-magepartiel, leministredutravail,Xavier Bertrand, a aussi décidé lasuppressiondel’autorisationadmi-nistrativepréalableàsamiseenpla-ce, contre l’avis des syndicats. Et

sans tenir compte du rapport 2011de la Cour des comptes, qui a esti-méque«l’importancedesaidesjus-tifieun régimed’autorisationpréa-lable». Celui-ci existe dans beau-coupdepays,dont l’Allemagne.

Jusqu’à présent, avant de don-ner son accord, l’inspectiondu tra-vail devait s’assurer auprès de l’en-trepriseducaractère temporaireetexceptionneldelaréductiond’acti-vité.Elleavaitvingtjourspourdon-ner sa réponse. Désormais, l’avisdes représentants du personneldevra simplement être transmis àl’administration.Encasd’avisnéga-

tif,celle-cipourrademanderàl’em-ployeurdeséclaircissements.

«Il y aura des abus, tout simple-mentparcequenousne seronspluslà pour rappeler les règles auxemployeurs», craint Astrid Tous-saint, membre du conseil nationaldusyndicatSUD-Travaildel’inspec-tion du travail. L’entreprise devraensuiteadresserà l’administrationune demande de paiement desaides pour les heures réellementchômées, avecdes justificatifs.

Les causes de la «sous-consom-mation» des dispositifs de chôma-gepartielenFrancesontmultiples.«La plupart des entreprises ont unaccord d’annualisation du tempsde travail, qui leur donne de la sou-plesseetqu’ellesdoiventd’aborduti-liser», préciseMmeToussaint.

«Dans l’automobile, certainsaccords prévoient des jours deréductiondu temps de travail “col-lectifs” dans le compte épargnetemps, que le salarié est obligé deprendreencasdesous-activité, relè-ve Jean-Christophe Sciberras, pré-sident de l’Association nationaledes directeurs des ressourceshumaines (ANDRH). Cela coûtemoinscheràl’entreprisequelechô-magepartiel.»

Les statistiques montrent aussiqu’en réalité, seuls 30% à 40%des

heures de chômage partiel autori-sées sont consommées. Car lesentreprisesse couvrent, aucasoù.

Chez STX (chantiers navals), àSaint-Nazaire (Loire-Atlantique),par exemple, en 2008 et 2009,«nousavonsutiliséuntiersdesheu-res demandées grâce à la signature

d’un accord d’accompagnementpermettant des redéploiements depostesversd’autresservicesoufilia-les et parce que nous avons eu desretours de charge, témoigne MarcMénager, délégué syndical CFDT.Lesentreprises«préfèrentfonction-ner avec plus de contrats à duréedéterminée, d’intérim et de sous-traitance qu’avec du chômage par-tiel». PourLaurentBerger, secrétai-re confédéral de la CFDT, « le butn’est pas que les entreprises utili-sent1000heuresparanetparsala-

rié. C’est que plus d’entreprises yrecourent,notamment les PME».

La référence constante aux«modèles» étrangers a aussi seslimites. Certes, en Allemagne, en2009, il yaeu1,5milliondesalariésenchômagepartiel, contre275000en France. Mais les systèmes sontdifférents.

La Cour des comptes relève quel’Allemagneetl’Italieontdesdispo-sitifs couvrant le chômage partielsaisonnier, structurel ou conjonc-turel, alors qu’en France, il neconcerne que la sous-activitéconjoncturelle.Lesaidesauxentre-prises y sont supérieures. De plus,outre-Rhin,l’indemnitéestdirecte-mentverséeauxsalariésparl’assu-rance-chômage, évitant auxemployeurs d’en faire l’avancecommeenFrance.

Au final, combien d’emploissont-ils préservés grâce au chôma-ge partiel? Chez General Motors(GM), à Strasbourg, Roland Robert,délégué syndical CGT s’interroge:«Nous sortons de deux plans delicenciement,en2008et 2009,avecdu chômage partiel de longueduréeenmêmetemps.Etpour2012,trente-neuf jours de chômage par-tiel sont encore prévus pour800salariés surunmillier.»

Dans le même temps, s’insur-

ge-t-il, «les cadences augmentent,les salariés vont perdre de l’argentmais GM Strasbourg, qui fait desbénéficesdepuisdesannées,vatou-cher 1,5million d’aides publiquespour le chômage partiel cetteannée». L’avenir de l’usine n’estpasassurépourautant.

«Le chômage partiel n’est pasuneassurancetoutrisquecontre lesplans de licenciements, concèdeM.Berger. Il viseàéviter les licencie-ments trophâtifs.»

L’Organisation de coopérationet de développement économi-quesestimequ’en2008-2009,ilyaeu 221500 emplois préservés enAllemagne, et entre 15000et18000en France. Toutefois, lerecul est encore insuffisant pouravoirdesdonnéesfiablesetcomplè-tes.D’autant que le gouvernementn’apasengagédemécanismed’éva-luationlorsqu’il a réactivé ledispo-sitif en 2009, comme le souligne laCourdes comptes.

«On ne sait pas combien d’em-ploisontété sauvés, onne saitpas silagarantied’emploi liéeà l’APLDestrespectée, déplore Stéphane Lardy,secrétaire national de FO. On nepeut pas continuer comme ça, enaveugle.» L’accord APLD de 2012prévoit«unbilan»enfind’année.p

FrancineAizicovici

Lescoursdujour ( 27/02/12 ,09h42 )

«Lechômagepartieln’estpasune

assurancetoutrisquecontrelesplans

delicenciements»LaurentBerger

secrétaire confédéralde la CFDT

L’activité partielle «classique»L’Etat a décidé d’augmenter d’uneuro l’heure l’allocation spécifi-quede chômage partiel verséeaux entreprises. Elle est portée à4,33 euros l’heure pour les entre-prises de plus de 250 salariés, à4,84euros pour les autres, avecunmaximumde 1000heuresparan et par salarié. Le salarié per-çoit 60%de son salaire brut.

L’activité partielle de longuedurée La rémunération passe à75%du salaire brut dans le casde l’activité partielle de longue

durée (APLD), et à 100%pen-dant les tempsde formation.Financée par l’Unedic, à hauteurde 2,90euros de l’heure, l’APLDest prévue par un accord nationalinterprofessionnel du 6février2012, qui réforme le dispositif de2009. Les représentants du per-sonnel doivent être consultés surdes actions de formation. Lesconventions d’APLDdoivent êtresupérieures à 2mois (3moisauparavant). L’employeur s’enga-ge àmaintenir les emplois concer-néspour unedurée égale audou-ble de celle de la convention.

Chômagepartiel:peut-oncopierl’Allemagne?Legouvernementfrançaisveutrendrecettemesureplusattractive.Unnouveaucadreentreenvigueur le 1ermars

NewYorkEnvoyée spéciale

Q ui est l’élu promis à rempla-cer l’un des hommes les plusriches au monde et les plus

admirés des Etats-Unis? Lemystè-re reste entier quant au nom dusuccesseur de Warren Buffett, lemilliardaire à la tête du fondsd’in-vestissementBerkshireHathaway.

Mais dimanche 26février, unepartie du voile a été levée à l’occa-sion de la publication de la lettreannuelle aux actionnaires dufondsdeM.Buffett.Pourlapremiè-refois,à81ans, le«Papydelafinan-ce» a indiqué qu’undauphin était

désigné. En contact avec lesmem-bresduconseildeBerkshire, celui-ci prendra ses fonctions le jourvenu, «sans heurt», a promis l’oc-togénaire. Le nom d’Ajit Jain à latête d’une compagnie de réassu-rance détenue par Berkshire estrégulièrementcité.Maisonignoresi M. Jain convoite réellement leposte.Quelqu’il soit, cesuccesseurseraépaulépardeuxgérantsrecru-tés récemment, Todd Combs etTedWeschler.

Après un demi-siècle passé à latête de sa société,M.Buffett a tou-tefois pris soin de préciser que nilui ni son compère de toujours,Charlie Munger, alias «Charlie»,

88 ans, ne comptaient quitter lesaffaires. On «reste dans les para-ges, écrit-il. Et ne déduisez pas deces discussions que Charlie et moipartons où que ce soit, nous som-mes toujours en excellente santé etnousaimons ce quenous faisons».

La succession de l’homme d’af-faires était devenue un sujet d’an-goisse pour les actionnaires deBerkshire. Qui pourrait remplacerce financier au sens des affairesquasi infaillible, capable de resterà l’écart de la bulle Internet et deproduits toxiques comme les sub-primes? Qui saura mieux que luiles enrichir encore?

Car, crise ou pas, les affaires de

M.Buffett prospèrent: en 2011, lesprofits de Berkshire ont reculé de21%, mais la valeur nette compta-ble de ses actifs a progressé de4,6%, plus que la Bourse de WallStreet. La capitalisation boursièredu fonds atteint 198,1milliards dedollars (147,3milliardsd’euros).

De la finance à la politiqueEnmai2010, lorsdel’Assemblée

générale de Berkshire, «Charlie»ne voyait plus qu’une solutionpour venir à bout du casse-tête dela succession de son partenaire:«Shoothim!» («Tuez-le !»), avait-ilplaisanté, avant que la compagnienedésigneplusoumoinsofficielle-

ment David Sokol, l’un des lieute-nants du milliardaire, comme lefutur «Warren Buffett Junior».Mais suspecté de délit d’initiés,M.Sokol avait dû démissionnerquelques semainesplus tard.

Le rôle incombe donc désor-mais au mystérieux «élu». Sau-ra-t-il l’assumer? En un demi-siè-cle, Warren Buffett a su transfor-mer Berkshire en un géant finan-cier composéentreautresdeparti-cipationsdansl’informaticienIBMoulacompagniede cheminsde ferBurlingtonNorthernSantaFe.

Encensé parWall Street,M.Buf-fett a commis toutefois quelqueserreurs. Il a notamment reconnu

s’être complètement trompé enannonçant le redressement dumarché immobilier. Il n’empêche,les prochains investissements dupapy milliardaire resterontl’exempleà suivre.

A moins que M.Buffett ne sedétourne du terrain de la financevers celui de la politique… Démo-crate convaincu, il est à l’origined’un plaidoyer appelant à taxerdavantage les super-riches com-melui.Uneintrusionmalvuechezlesrépublicains.ChristopherChris-tie, gouverneur du New Jersey, aainsi suggéréàM.Buffett«de faireun chèque et de la fermer».p

ClaireGatinois

WarrenBuffettgardesecretlenomdesondauphinàlatêtedeBerkshireHathawayLavaleurnettedesactifsdufondsaprogresséde4,6%en2011et sacapitalisationboursièreatteint 147,3milliardsd’euros

Euro 1euro 1,343dollar (achat)Or Onced’or 1777,5dollarsPétrole LightSweetCrude 108,81dollarsTauxd’intérêt France 3,07 (àdixans)Tauxd’intérêt Etats-Unis 1,96 (àdixans)

Denouvellesmesures d’incitation

Un dispositif peu utilisé en FranceA ÉVOLUTION DU CHÔMAGE PARTIELAUTORISÉ ET CONSOMMÉ

ENTRE 2007 ET 2010 EN FRANCEA RÉPARTITION DES HEURES CONSOMMÉES

DE CHÔMAGE PARTIEL, en %A PARTDES SALARIÉS PARTICIPANT À UN

DISPOSITIF DE CHÔMAGE PARTIEL DANSLE TOTALDE LA POPULATION SALARIÉE, en 2009et en %

A NOMBRE DE SALARIÉS AU CHÔMAGE PARTIELEN MOYENNE UNMOIS DONNÉ DE L’ANNÉE

SOURCES : DARES; COUR DES COMPTES

Nombre d’heures de chômage partiel autorisées (axe de gauche)

Nombre d’heures de chômage partiel consommées (axe de gauche)

Taux de croissance du produit intérieur brut (axe de droite)Danemark

Pays-Bas

France

Espagne

Irlande

Moyenne OCDE

Allemagne

Italie

Belgique

0,75

0,83

1,01

1,03

1,44

3,17

3,29

5,6

0,47

en millions d’heures en %

0

20

40

60

80

100

120 – 2

– 1,5

– 1

– 0,5

0

0,5

T12007 2008 2009 2010

T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4

1

2008 2009 20102007

11 56135 639

230 564

78 085

Par secteur d’activité

Par taille d’établissement

Industrie Agriculture

83,9

0,5

Services13,1

Construction2,5

50 à 499 salariés 500 salariésou plus

35,5

Moins de 20 salariés13,5

20 à 49 salariés11,2

39,8

14 0123Mardi 28 février 2012

Page 15: journal le monde du 28-2-2012

économie

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L a réunion des ministres desfinances, qui s’est tenuesamedi 25 et dimanche

26février àMexico, a cristallisé lespositions à propos de la demandedu Fondsmonétaire international(FMI) d’augmenter ses réserves de600milliardsdedollarspour fairefaceàdenouvellesdifficultéséven-tuelles dans certains pays. Aupointque l’Allemagnes’y est trou-véesingulièrementisoléeetque lesommetdelazoneeuro,prévujeu-di1ermarsetvendredi2mars,pour-rait être annulé.

En effet, tout le monde saitqu’une notable partie de cetteénormesommepourraitêtreaffec-téeàlazoneeuroaucasoùlaGrècemais aussi l’Espagne et l’Italienécessiteraient de nouveauxplans de sauvetage, les 400mil-liards de dollars de réserves duFMIn’y suffisantpas.

Cette perspective a suscité uneposition résumée ainsi par GuidoMantega, le ministre brésilien desfinances:«Lespaysémergentsaide-ront» l’Europe si «elle renforce sonpare-feuet fait plus qu’aujourd’huiavec son fondsde stabilité».

Les 500milliards d’euros del’actuelFondseuropéendestabili-té financière (FESF) semblent éga-lement insuffisants aux Etats-

Unis, dont le secrétaire au Trésor,Timothy Geithner, a appelé,dimanche, la zone euro à «pren-dre l’engagement d’en faire plusque nécessaire».

Japonais, Canadiens, Britanni-ques ou Indiens conditionnenteuxaussileursnouvellescontribu-tionsauFMIà laconstructiond’unMécanisme européen de stabilité(MES) –quidoit succéderauFESF–fort d’au moins 750milliards dedollars. Dans ce cas, ils accepte-raient d’apporter leurs fonds sousforme bilatérale au compte ordi-naire du FMI, afin que cet argentserve «à tous les membres du FMIet pasàune régionenparticulier»,précise le communiqué final.

La pression est donc très fortesur l’Allemagne, que semblentavoir abandonnée les Pays-Bas etla Finlande, adeptes de la mêmeorthodoxie. Berlin estime suffi-sant que son Bundestag vote, lun-di 27février, le plan de sauvetagede 130milliards d’euros en faveurde la Grèce dont elle est le princi-palcontributeur.Maislachanceliè-re Angela Merkel campe sur unrefus d’aller au-delà des 500mil-liards d’euros prévus pour le FESF.Pas question de faire plus lors duprochain sommet européen du1er et du 2mars.

Wolfgang Schäuble, le ministreallemand des finances, a rétorquéàM.Geithnerquecelan’avait«pasdesenséconomiqued’injecterindé-finiment de l’argent dans les fondsde sauvetage,ni demettreen routela planche à billets de la Banquecentrale européenne».

AMexico, il n’a donc pas accep-té le principed’une augmentationdu pare-feu européen, mais il aassoupli sa position en annonçantun «réexamen» de son efficacité« dans le courant du mois demars».

Leditpare-feuneseraitpasdes-tiné à être utilisé, surtout aumomentoùlasituationdesécono-miesespagnoleet italiennes’amé-liore. Il constituerait une policed’assurance destinée à rassurerles marchés sur la capacité de lazone euro à affronter les pires dif-ficultés.

C’est cette nécessité qu’expri-maitàMexicole secrétairegénéralde l’Organisation de coopérationet de développement économi-ques (OCDE), Angel Gurria, quandila invité, luiaussi, lesEuropéensàrenforcer leur Fonds de stabilité.«Est-ce 1000milliards qu’il luifaut? a-t-il déclaré. Ou peut-être1 500milliards ? Pour être forts,nous devons avoir un pare-feuépais, élevé, large, un très grandpare-feuqui soit crédible.»

Angela Merkel se trouve dansune posture politique délicate.Elle doit tenir compte du fait que62% de ses compatriotes interro-gés à l’occasion d’un sondage,publiéparBildamSonntagdiman-che, se déclarenthostiles au verse-ment des 130milliards d’eurosque l’Union européenne et le FMIviennentd’accorderà laGrèce.

Cela n’empêchera pas un votefavorable du Bundestag, lundi, lessociaux-démocrates et les Vertsayantannoncéqu’ilsvoteraientenfaveur du plan. Mais la révoltegronde dans les rangs chrétiens-démocrates, et plusieurs députésentendent voter unemotion com-plémentairepours’opposerauren-forcement du pare-feu européenréclamépar lemonde entier.p

AlainFaujas

Lepare-feuneseraitpasdestinéàêtre

utilisé. Il constitueraitunepolice

d’assurancepourrassurer lesmarchés

U nanaprèsledébutdu«prin-temps arabe», les pays duGolfe restent sur leurs gar-

des. Plus question d’afficher desdépenses extravagantes risquantd’attiser la colère populaire. AbuDhabihésiteraitàs’offrir leClubdefootball Manchester City, Dubaï àselancerdans laconstructiond’îlesartificielles, et le Qatar à investirchez Porsche. Tous ces pays s’em-ploientàréduirelesinégalités,l’œilrivé sur le cours du baril, car leursdépensespubliquesexplosent.

EnArabie saoudite, poids lourdde la région avec ses 27millionsd’habitants et sa productionrecorddepétrole, les autorités ontréagidès le début de 2011. Il y avaiturgence.L’écartentrerichesetpau-vres est patent dans le royaumeetla minorité chiite est une sourcede contestation permanente. Aubudget initial de 155milliards dedollars,Ryadaajouté130milliardspour l’éducation, la santé et lesaffaires sociales.

100%dehausse de salairesIl a été décidé de construire

500000logements sociaux, dereleverlesalaireminimumetd’ac-corder d’importantes augmenta-tions de salaires. Au ministère del’intérieur, 60000nouveaux pos-tesde fonctionnairesont été créés.

Pour 2012, la vigilance reste demise. Le budget de cette année estunbudgetrecord.L’éducationet lasanté demeurent prioritaires.Pour aider les sans-emploi – offi-ciellement 10% de la populationactive,maisde30%à40%chez lesjeunes –, une allocation-chômagea été instituée. La politique desquotas a été réactivée: les sociétésétrangères qui n’appliquaient pasrigoureusementl’obligationd’em-ployer des Saoudiens se voienttenuesde le faire.

SiOmanaréussiàrétablir lecal-mepardeshaussesde salaires,desrecrutements dans la fonctionpubliqueetquelquesmesurespoli-tiques, cen’estpas lecas àBahreïn.«Malgré une augmentation dessalaires de 30%, la tension restelatente dans cet émirat, après queles émeutes ont été matées avecl’aide de l’Arabie Saoudite. On ne

sait pas comment ça va tourner»,indiqueJean-MichelSaliba,écono-miste Moyen-Orient à la Bank ofAmericaMerrill Lynch.

Aux Emirats arabes unis (EAU),à Qatar et au Koweit, les autoritésfont plutôt de la prévention. Dansces petits pays au nombre d’habi-tants réduit, où les nationauxcomptent pour 15% à peine de lapopulation, aucune tension n’estperceptible. Mais les famillesrégnantes se montrent plus sou-cieuses qu’autrefois du bien-êtrede leurs ressortissants.

«Dans les Emirats, les salairesdanslafonctionpubliqueontgrim-pé l’annéedernièrede 35%à 100%,dans les secteurs de la justice, de lasantéetdel’éducation.Lesretraitesdesmilitaires viennent d’être reva-lorisées de 70%. Par ailleurs, unplan triennal de 1,6milliard de dol-larsaété lancé,pourréduire les iné-galités, surtout dans les émirats dunord», indiqueMarc-Antoine Col-lard, économiste risques pays à laSociété Générale. A Dubaï, le plusdiversifié des sept émirats de laFédération, un fonds de 2,7mil-liards de dollars a été créé pouraider les citoyens à bas revenus.

AuKoweit, lesnationauxonteudroit en 2011 à une prime de3600dollars par personne et à

une nourriture gratuite pendanttreizemois.AuQatar, le salairedesfonctionnaires a été augmenté dequelque 60%. Avec une attentionparticulière pour les militaires,qui ont vu leurs soldes grimperdans des proportions pouvantaller jusqu’à 120%.

Si leQatarn’avaitpasattendule«printempsarabe»pour sepréoc-cuper du développement de sesinfrastructures et investir dans lesecteur gazier, il y est désormaisquestion d’un nouveau plan de100milliardsdedollarsd’investis-sements dans tous les domaines,notamment éducatif. Le Qatarambitionne de devenir « le hub»universitairede la région.

LespaysduGolfepeuvent-ilssepermettre un pareil accroisse-ment de leurs dépenses? Pour lesEAU,leQataretleKoweit, leproblè-me ne se pose pas, étant donnéleurs richesses en hydrocarbureset leur population restreinte.

En revanche, la situation estplus délicate pour l’Arabie saoudi-te,d’autantqu’elleaidefinancière-ment de nombreux pays arabes,l’Egypte et la Jordanie notam-ment. Jusque-là,Ryad jouait la car-te de lamodération quant au prixdubaril. Ellenepeutplus se le per-mettre. Ce qui explique la récente

déclaration du ministre saoudiendu pétrole, Ali Al-Naïmi, selonlequel le baril à 100dollars seraitsouhaitable.Maisl’économiemon-diale ralentit. La demande améri-caine et européenne est en baisse.Et même si la Chine et l’Inde res-tent trèsdemandeursd’ornoir, unralentissementest prévisible.

Ryad peut tenir. «A moyen ter-me, en revanche, ce sera de plus enplusinsoutenable.Parcequ’elleres-te prisonnière de son pétrole, l’Ara-bie saoudite court le risque d’unecrise systémique», avertit FatihaHeni, politologue spécialiste de lapéninsule arabique. p

FlorenceBeaugé

Pouréviteruneexpansiondes«printempsarabes», lespaysduGolfemultiplientlesdépensesàcaractèresocialPour financercesbudgets, l’Arabie saoudite souhaiteunprixdubarildepétroleà 100dollars

Conjoncture

MarioDraghivoit«quelquessignes»d’uneaméliorationenEuropeLeprésidentde la Banque centrale européenne (BCE),MarioDraghi, aestimé, dimanche 26février, àMexico, que l’économie européenneétait en trainde se stabiliser.«Nous avons euunquatrième trimestretrès faible en 2011, a-t-il déclaré à l’issuede la réunionduG20 finances.Maintenant, on constateune stabilisationhésitanteavec des niveaux fai-bles d’activitémais aussi quelques signes, de touspremiers signes, d’unecertaineamélioration ici ou là.» Selon lui, «dans certainspays il y auraune légère récession,mais pour lamoyennede la zone euro, la situationsemble en train de se stabiliser». Il a ajouté: «Onpeut voir qu’il y a unretourde la confiancedesmarchés financiers envers l’euro. Donc, le senti-ment général, c’est que l’euro estmaintenantplus sûr qu’il n’était aumomentdu sommetdeCannes»,débutnovembre2011. – (AFP.)p

BarceloneEnvoyées spéciales

S ony a voulu faire les chosesen grand, dimanche26février, en ouverture du

Mobile World Congress, le plusgrand rendez-vous mondial desprofessionnelsdumobile, àBarce-lone. Ecrans géants, musiqueassourdissante, près d’un millierde journalistes…

Il s’agissait, pour le géant japo-naisdel’électroniquegrandpublic,de présenter Xperia, une nouvellegammedesmartphones.Mais sur-tout d’acter officiellement lerachat, effectif depuis le 16février,despartsd’Ericssondansleurcoen-treprise, Sony Ericsson, et la nais-sance de Sony Mobile, une filialedésormaisà 100%.

Le but de cette opération, dontle coût est évalué à 1milliard d’eu-ros pour Sony, est de se relancersur le créneau des téléphonesmobiles,où legroupenipponavaitperdupied cesdernièresannées.

Sony et Ericsson s’étaient alliésen 2001. L’équipementier en télé-communications suédois, qui dis-posait de la technologie mobile,avaitbesoindes’adosseràunemar-que forte. Sony estimait manquerd’expertise enmatière de télépho-nie, alors que l’usage du mobilecommençaitàdécoller.

Dixans plus tard, le bilan estmitigé:àpartquelquessuccèsd’es-time – les téléphonesWalkman etCybershot–, la coentreprisea com-plètementraté,commed’autres, levirage de l’Internet mobile et destéléphones intelligents (les smart-phones), initié par Apple avecl’iPhone.

Selon les derniers chiffres ducabinet Gartner, Sony Ericsson nedisposait, en 2011, que de 1,8% departs de marché au niveau mon-dial, tous modèles de téléphonesconfondus.«LamarqueSonyErics-son aurait certainement disparu,nous devons nous réinventer, com-me l’ensemble des concepteurs detéléphones, alors qu’Apple et Sam-sung font la course en tête», indi-que David Mignot, le directeurgénéralde SonyMobile France.

Les Xperia sont les premierssmartphones sous la marqueSony: le «S», le plus haut de gam-me, le «P»,milieu de gamme, et le«U», pour l’entrée de gammesontdes téléphones au design soigné,tournanttoussousAndroid, le sys-tèmed’exploitationdeGoogle.

Plusimportant,cesmobilesper-mettent d’accéder aux contenusde Sony par le biais d’applicationspré-installées:lesfilmsdeSonyPic-tures en vidéo à la demande, lamusique en streaming ou en télé-chargement.Moyennantun abon-nement de 5 à 10euros pour lamusiqueetdespaiementsàl’unitépour les films (à partir de3,99euros). Une fois téléchargéssur le téléphone,cescontenussontaussi transférables sur la télévi-sion, l’ordinateur et les tablettesélectroniques.

Sony a une carte à jouer en lamatière. A ce jour, elle est la seulesociété au monde à disposer d’àpeuprèstouslesproduitsd’électro-nique grand public (téléviseurs,PC, tablettes etmaintenant smart-phones),mais aussi d’un studio decinéma à Hollywood (Sony Pictu-res) et d’une des principalesmajors musicales (Sony Music).Sans oublier Sony Games, l’un destrois plus grands acteurs dumon-de des jeux vidéo, à l’origine de lamythiquePlayStation.

Le groupe veut faire la différen-ce enmariantdavantagecontenuset contenants, et en proposant desinterfaces les plus fluides possi-bles. «Nos clients veulent pouvoirconsommer de la musique, de lavidéo et du jeu à n’importe quelmoment et sur n’importe quel ter-minal mobile», a rappelé KazuoHirai, futur patron de Sony (à par-tir du 1eravril), présent dimanche àBarcelone.

«Toute l’industriea lemêmedis-cours : ils veulent être présents surtouslesécrans,avecleplusdeconte-nuspossibles,maispersonnen’yestencore arrivé», tempère FranciscoJeronimo,analysteducabinet IDC.

« Il est vrai que Sony a de forteschances d’y parvenir», ajoute-t-il,estimant que le japonais devraitmettre davantage en avant sesjeux vidéo, parce qu’ils sontaujourd’hui les contenus les plusplébiscités sur les smartphones. Iln’y aura qu’une dizaine de jeuxvidéo de la PlayStation disponi-bles sur les téléphonesXPeria, lorsde leur commercialisation,mi-mars.

«Le design des téléphones pré-sentésest intéressant,maisSonyvaquandmême avoir du mal à fairela différence», estime CarolinaMilanesi, du cabinet Gartner. Defait, comme désormais plus d’unsmartphone sur deux, les Xperiatournent sous Android, leur lookest directement inspiré de l’iPho-ne, là encore, comme la plupartdes téléphones concurrents. Pourêtre identifiable du premier coupd’œil,Sonyaménagé,aubasdesesXperia,unebarredemenufluores-cente. Est-ce que ce sera suffisant?

« Le problème, c’estqu’aujourd’hui, les opérateurs detélécommunication, qui sont lesprincipaux distributeurs de télé-phones, cherchent à économiserleurs dépenses et réduisent le nom-bre de modèles proposés aupublic», souligneM.Jeronimo.p

SarahBelouezzaneetCécileDucourtieux

Berlinpressédetouscôtésdedire«oui»àuneaugmentationdupare-feueuropéenLesommetde lazoneeuro,prévu jeudi 1ermarsetvendredi 2mars,pourrait êtreannulé

Acejour, l’entreprisejaponaiseest laseulesociétéaumonde

àdisposerd’àpeuprèstouslesproduitsd’électroniquegrandpublic

Sonyrepart,seul,à l’attaquedessmartphonesSonyMobile, qui succèdeàSonyEricsson,proposera, àpartirdemi-mars, lesXPeria

SOURCES : THE GULF/2000 PROJECT, IISS, BILAN DU MONDE 2012, LE MONDE

Arabiesaoudite

E.A.U.Iran Koweït Irak QatarQatar E.A.U. Koweït Bahreïn Oman Arabiesaoudite

Iran Irak

10,2

7,3

2,32,21,8 1,8

1,1

2,8

4,0

2,5 2,4

1,2

Production Exportation

HYDROCARBURES,en millions de barils par jour, en 2009

PRODUIT INTÉRIEUR BRUT PAR HABITANT,en dollars, en 2011

97 967

66 625

46 461

23 410 21 681 19 890

6 260 3 306

Des écarts de richesse très importants

150123Mardi 28 février 2012

Page 16: journal le monde du 28-2-2012

SÉLECTION publiée sous laresponsabilité de l'émetteurDernier cours connu le 27/2 à 9hValeur Cours date

en euro valeur

CM-CIC EUROPE 22,84 23/2

Fonds communs de placementsCM-CIC EUROACTS C 17,92 23/2CM-CIC SELECT.PEA 7,44 23/2CM-CICMID EUROPE 20,49 23/2CM-CIC TEMPEREC 171,97 23/2CM-CIC DYN.EUROPE 32,45 23/2CM-CIC FRANCEC 30,11 23/2CM-CIC EQUILIBRE C 71,97 23/2CM-CIC DYNAM.INTLE 27,91 23/2CM-CIC OBLI C.T.D 133,53 24/2CM-CICMID FRANCE 33,47 23/2

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SICAVET FCP

PER - Price EarningRatio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercicecourant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.

FRANCE CAC 40 3442,76 27/2 -0,70 3478,03 22/2 3114,45 9/1 9,00

ALLEMAGNE DAX Index 6820,39 27/2 -0,64 6971,03 21/2 5900,18 2/1 9,35

ROYAUME UNI FTSE 100 index 5907,02 27/2 -0,47 5964,02 24/2 5572,28 3/1 9,66

ETATS-UNIS Dow Jones ind. 12982,95 24/2 0,00 13013,82 24/2 10404,49 4/10 11,19

Nasdaq composite 2963,75 24/2 0,00 2970,88 24/2 2298,89 4/10 15,79

JAPON Nikkei 225 9633,93 27/2 -0,14 9647,38 24/2 8349,33 6/1 13,11

LESMARCHÉSDANSLEMONDE 27/2, 9h42

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PERcours 2011 2011

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VALEURSDUCAC40

Cours en euros.◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation.Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2011. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.

ACCOR ......................... ◗ 25,97 26,13 -0,61 32,60 27,74 18,70 0,62 T FR0000120404AIR LIQUIDE ....................... ◗ 97,10 97,49 -0,40 1,58 99,50 94,21 2,35 T FR0000120073ALCATEL-LUCENT ........... ◗ 1,92 1,95 -1,74 58,99 1,97 1,21 0,16 T FR0000130007ALSTOM ............................ ◗ 31,96 32,35 -1,21 36,41 32,43 21,93 0,62 T FR0010220475ARCELORMITTAL ............... 15,74 16,09 -2,27 11,32 17,96 14,03 0,16 A LU0323134006AXA .................................... ◗ 12,03 12,12 -0,78 19,76 12,92 9,39 0,69 T FR0000120628BNP PARIBAS ACT.A ........ ◗ 36,48 36,92 -1,18 20,21 38,09 27,52 2,10 T FR0000131104BOUYGUES ....................... ◗ 24,48 24,71 -0,93 0,58 25,74 22,50 1,60 T FR0000120503CAP GEMINI ...................... ◗ 32,55 32,88 -1,03 34,79 33,10 24,04 1,00 T FR0000125338CARREFOUR ..................... ◗ 18,16 18,32 -0,85 3,12 18,62 16,27 1,08 T FR0000120172CREDIT AGRICOLE ............ ◗ 4,84 4,90 -1,16 11,03 5,71 4,01 0,45 T FR0000045072DANONE ............................ ◗ 50,57 50,70 -0,26 4,12 50,90 45,93 1,30 T FR0000120644EADS ................................... ◗ 27,02 27,06 -0,13 11,90 27,66 24,02 0,19 T NL0000235190EDF ...................................... ◗ 18,57 18,59 -0,13 -1,25 19,32 16,92 0,57 A FR0010242511ESSILOR INTL .................... ◗ 59,66 59,70 -0,07 9,37 60,17 54,50 0,83 T FR0000121667FRANCE TELECOM ............ ◗ 11,72 11,73 -0,09 -3,42 12,40 11,09 0,60 A FR0000133308GDF SUEZ ........................... ◗ 19,57 19,68 -0,53 -7,34 21,85 19,06 0,83 A FR0010208488LAFARGE ........................... ◗ 35,25 35,40 -0,41 29,79 35,93 26,07 1,00 T FR0000120537LEGRAND .......................... ◗ 27,39 27,59 -0,74 10,22 27,80 24,54 0,88 T FR0010307819L’OREAL ............................ ◗ 84,88 85,00 -0,14 5,18 86,12 79,22 1,80 T FR0000120321LVMHMOET HEN. ............ ◗ 125,25 126,35 -0,87 14,49 129,60 108,00 0,80 A FR0000121014MICHELIN ........................... ◗ 52,08 53,03 -1,79 14,02 57,93 45,61 1,78 T FR0000121261PERNODRICARD ............... ◗ 76,39 76,79 -0,52 6,60 78,21 70,50 0,77 S FR0000120693PEUGEOT ............................ ◗ 15,46 15,86 -2,52 27,62 17,39 11,98 1,10 T FR0000121501PPR ..................................... ◗ 126,80 127,80 -0,78 14,60 128,50 110,70 3,50 T FR0000121485PUBLICIS GROUPE ........... ◗ 40,55 40,81 -0,65 14,08 42,60 35,30 0,70 T FR0000130577RENAULT ............................ ◗ 39,20 39,94 -1,85 46,27 42,05 26,76 0,30 T FR0000131906SAFRAN .............................. ◗ 24,27 24,22 0,19 4,57 26,01 22,75 0,25 A FR0000073272SAINT-GOBAIN .................. ◗ 35,58 36,05 -1,33 19,92 37,62 29,03 1,15 T FR0000125007SANOFI ............................... ◗ 56,04 56,30 -0,46 -1,25 57,42 54,86 2,50 T FR0000120578SCHNEIDER ELECTRIC ..... ◗ 50,42 51,05 -1,23 23,94 51,98 40,31 3,20 T FR0000121972SOCIETE GENERALE ......... ◗ 24,15 24,43 -1,15 40,37 25,25 14,88 1,75 T FR0000130809STMICROELECTR. ............. ◗ 5,36 5,45 -1,69 16,77 5,83 4,59 0,09 A NL0000226223TECHNIP ............................. ◗ 80,90 81,32 -0,52 11,40 82,68 68,76 1,45 T FR0000131708TOTAL ................................. ◗ 41,91 42,06 -0,38 6,09 42,27 38,57 0,57 A FR0000120271UNIBAIL-RODAMCO ........ ◗ 144,45 145,40 -0,65 4,00 152,25 130,35 8,00 D FR0000124711VALLOUREC ....................... ◗ 52,74 53,61 -1,62 5,14 58,24 49,68 1,30 T FR0000120354VEOLIA ENVIRON. ............. ◗ 8,86 9,06 -2,16 4,66 9,79 7,88 1,21 T FR0000124141VINCI ................................... ◗ 38,33 38,62 -0,78 13,52 38,96 33,62 0,55 A FR0000125486VIVENDI .............................. ◗ 16,38 16,49 -0,67 -3,19 17,62 15,58 1,40 T FR0000127771

Lundi 27 février 9h42Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code

cours préc. /préc. 31/12 haut bas net ISIN

OptiqueNouveauxchangementsà la tête d’OlympusLe groupe japonaisOlympus,enferrédansun scandaledemaquillagedes comptes, a annon-cé, lundi 27février, avoir choisi unnouveauPDGexécutif,HiroyukiSasa, et unnouveauprésidentduconseil d’administration,Yasuyu-kiKimoto. Tous les actuels admi-nistrateurs, dont le PDGShuichiTakayama,vont démissionneretêtre remplacéspar denouveauxdirigeants.Une assemblée généra-le extraordinairedes actionnairesest prévue le 20avril. – (AFP.)

InformatiqueLe japonaisElpida va se déclareren failliteLe fabricant japonais demémoi-res informatiques Elpida va sedéclarer en faillite en raison dedifficultés financières qui ris-quent de l’empêcher d’honorerdes obligations imminentes, ont

affirmé, lundi 27 février, plu-sieursmédias japonais. L’entre-prise, lestée d’une importantedette, est confrontée depuis desannées à une situation extrême-ment délicate, à cause d’une ren-tabilitémalmenée par les fluctua-tions de la demande, la cherté duyen et une concurrence asiatiqueacharnée. – (AFP.)

DistributionLe néerlandaisAhold rachète une sociétéde vente sur InternetLedistributeurnéerlandaisAholda annoncé, lundi 27février, lerachatpour 350millionsd’eurosde la sociétéde vente sur InternetBol.com, spécialiséedans la ventedeproduits non alimentaires auxPays-Bas et enBelgique. – (AFP.)

MédiasPearson engrangeunbénéfice 2011 en baisseLe groupebritanniquePearson,numérounmondial de l’éditionscolaire et éditeur du FinancialTimes, a fait état, lundi 27février,d’unbénéficenet 2011 de 957mil-lionsde livres (1,13milliardd’eu-ros), en baissede 26%par rapportau résultat recordde 2010 – portépar des éléments exceptionnels. –(AFP.)

CinémaTechnicolors’enfonce dans le rougeTechnicolor (ex-Thomson)aannoncé, vendredi 24février, despertes de 323millions d’euros,pourun chiffre d’affairesde3,45milliards en2011. L’entreprisea progressé sur le segment«diver-tissement» (fabricationet distri-butiondeDVD)qui a généré1,7milliardde recettes,mais areculé sur sonactivité historiquededécodeurs (pertes deplus de40millions d’euros). – (AFP.)

Marchés

Energie

MaréenoiredanslegolfeduMexique:leprocèsdeBPrepousséLeprocès qui devait s’ouvrir auxEtats-Unis, lundi 27février, pour déter-miner les responsabilitésdugroupebritanniqueBPdans lamaréenoiredugolfe duMexiqueen 2010, a été repoussé au 5mars afin de donnerplusde temps àdes pourparlers envue d’unéventuel accord, a décidé,dimanche, le tribunal de LaNouvelle-Orléans,devant lequel l’audiencedevait se tenir. Des dizaines demilliardsde dollars sont en jeu dans cet-te procédure.De nombreusesplaintes au civil du gouvernementaméri-cain, d’entreprises et de particuliers accusent BP et ses principauxsous-traitants, TransoceanetHalliburton, d’avoir fermé les yeuxounégligéles signes avant-coureursde la catastrophe.p – (AFP.)

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Laviedesentreprises

B ien. Enprogrès», dit le pro-fesseur à son élève, qui s’enréjouit. Ce souvenir expli-

que-t-il que le sentimentdepro-gresser dans son travail rendejoyeux?Oucette satisfaction est-elle inhérente à la naturehumai-ne? Toujours est-il que progresseren entreprise est aussi indispensa-ble que l’air que l’on respire. Pasforcémentprogresser enprenantdes galons.Mais progresser enconnaissance, en responsabilité;réaliserque l’ondevient capabled’accomplir des tâches comple-xes, ounouvelles.

La dernièrepublicationdubaro-mètredubien-être (etmal-être)au travail vient confirmer cettethèse, estime sonauteur, VictorWaknine, fondateur et associégérantdeMozart Consulting. Il nes’agit pas d’un énièmesondage,mais d’une étude statistique éla-boréeà partir des bases de don-nées de l’Organisationmondialede la santé (OMS), de la Caissenationaled’assurance-maladie,entre autres.

Ce baromètrepart duprincipeselon lequel «si je suis bien au tra-vail, j’y suis», expliqueM.Wakni-ne. Il quantifie le bien-être en ana-lysant le tauxd’absentéisme,derupturesde contrat, de départsforcés, etc.

Il apparaît que le climat est glo-balementbienmeilleur dans lesentreprises industrielles quedansles sociétésde services.Malgré lesmenacespour l’emploi qui pèsentsur le secteurmanufacturier, lesrisquesde délocalisation, lesniveauxde salaire qui sont généra-

lementplus faibles quedansdessociétésde conseil oud’informati-que, par exemple. C’est que «lessalariés ont un rapport direct, voi-re affectif avec ce qu’ils produi-sent», estimeM.Waknine et quece sentiment se développeplusfacilementdans l’industrie, où laproductionest concrète, la qualitémesurable.

Et, pourtant, peudedirigeantssont attentifs à ce sentimentdeprogrès (nonhiérarchique).Deuxchercheurs enmanagement, Tere-saAmabile, professeur à laHar-vardBusiness School, et Steven

Kramer, chercheur indépendantet consultant, le confirmentdansunarticle publié dans la revueMcKinseyQuarterly, dupremiertrimestre 2012.

«Lesmanagers estiment que lareconnaissance, la rémunération,la nécessitéde fixer des objectifsprécis sont les principaux facteursdemotivation.Mais très peu citentcettenotiondeprogrès», affir-ment-ils, études à l’appui.

Lesprogrès de l’entreprise résul-tentpourtant des progrès de sessalariés, et en bloquer certains àleurposte pour la seule raisonqu’ils y sont performants estcontre-productif. Evident, non?p

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Accomplirdenouvellestâchesestaussi indispensable

querespirer

Mavie en boîte | chroniqueParAnnie kahn

Enprogrès!

L amode estun éternel recom-mencement. Cette maximes’applique parfaitement au

mouvement actuel qui affecte lesdirections de plusieurs griffes decouture.

Hedi Slimane revientainsi chezYvesSaintLaurent (YSL), lamaisonde ses débuts, contrôlée par PPR.Lestylistevadevenir, dans lespro-chaines semaines, le nouveaudirecteur artistique de la marque,dont il avait signé les collectionsmasculines à la fin des années1990. Il remplacera Stefano Pilati,qui présentera, lundi 5mars, sondernierdéfilé.

Le groupe a fait savoir qu’il «ne[commenterait]pascette informa-tion», mais il n’a pas non plusdémenti cette arrivée, ce qu’ilavait pris le soin de faire jusqu’àprésent. Cela faisait longtempsqueM.Pilati était donnépartant.

Agéde43ans,M.Slimanearévo-lutionné l’allure masculine lors-qu’ilétaità la têtedeDiorHomme,de2000à2007.Pantalonslim,ves-te courte, il a modernisé le costu-me pour attirer une clientèle plusjeune.

IdentitéDepuissondépartdeDiorHom-

me, le créateur se consacrait à laphotographie,mais sonnomavaitdéjà été cité, au printemps 2011,pourleremplacementdeJohnGal-liano comme directeur artistiquechezDior.

M.Slimanearrivedansunemai-sonenbonétatdemarche,avecunchiffre d’affaires de 354millionsd’euros et un résultat opération-nelde41millionsen2011.Cesrésul-tats sont cependant inférieurs àceux affichés par Bottega Veneta–unemarquequin’apourtantpas

l’aura de YSL– et bien sûr parGuc-ci, le fleurondugroupePPR.

Le couturier devra donner unnouvelélanstylistiqueàunegriffequi ne s’est jamais remise dudépartde sonfondateur.M.Slima-ne aura aussi à cœur de montrerqu’il est capable de dessiner pourla femme, lui qui n’a, jusqu’à pré-sent, habillé que les hommes.

La situation est complètementdifférente chez Jil Sander. Depuis2005, Raf Simons a sumodernisercette marque, basée à Milan, sansdénaturer son identité.C’estpour-tant Jil Sander elle-même qui leremplaceradèsmardi 28février.

La créatrice allemande, qui afondé son label en 1968 à Ham-bourg, avait cédé à Prada, en 1999,75%desacompagnie,avantdepar-tir un an plus tard. Elle était reve-nue brièvement aux commandesen2003.

«Je suis très heureuse et enthou-siaste d’être de retour. Je me senscommeaprès un court voyage ren-trantà lamaison», adéclaré la sty-liste, âgée de68ans.

LegroupejaponaisOnwardHol-dings Co, propriétaire de la mar-quedepuis 2008, aestiméquecet-te arrivée surprise était «un pasimportant dans le développementà long terme»de la société.

Lesregardssontdésormaistour-nés vers Raf Simons. Il est, depuisquelques semaines, le favori pourprendre la direction artistique deDior, toujoursvacanteunanaprèsle départ de John Galliano. La der-nière collection Jil Sander, que RafSimons a présentée samedi27février,àMilanétaittrès«annéescinquante», commes’il avait passébeaucoup de temps dans les archi-vesdeM.Dior.Unsigne?p

JoëlMorio

économie&médias

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0123LA BOUTIQUE

Du lundi au vendredi9 h 30 à 18 h

Samedi 10 h à 14 h

Q uasiment inexistant il y aune dizaine d’années, lemarché de la carafe filtran-teenFranceestaujourd’hui

presque saturé. Environ 20% desfoyers français sont équipés de cetobjet qui permet d’enlever à l’eaudu robinet son goût de chlore, etparfois son tartre. «On voit que çastagne. Aujourd’hui la croissancedumarché est faible. C’est unmar-ché mature», explique GeorgeMacGregor, directeur général deBritapour l’EuropeduSud.

Plusieurs acteurs se partagentce marché qui concurrence leseauxenbouteille. Le leaderestBri-ta,uneentrepriseallemandecrééeen 1966 et arrivée en France en1991,mais qui ne s’est développéequ’au début des années 2000.Avec une part de marché de prèsde 80%, elle vend de 750000 à1milliondecarafesparanet15mil-lions de cartouches. Terraillon,arrivéen2007,affiche10%departde marché. Viennent ensuite lesmarques de distributeur des gran-des surfaces.

Même si le gâteau semble res-treint, de nouveaux acteurs fontleur apparition. En septem-bre2011, Tefal (GroupeSeb) a lancé

sa gamme de carafes et de cartou-ches, enutilisant la technologiedel’italienLaica,à lasuited’unaccordsigné début 2011. L’entreprise viseune part de marché de l’ordre de15%.EtElectrolux,aprèss’êtreatta-qué au marché allemand sous lamarqueAEG, s’apprête à commer-cialiser sa carafe enFrance.

«Pour l’instant, nous avons unestratégieconsistantàentrerrapide-ment sur ce marché en importantun produit standard, une carafequi séduit les consommateurs.Unefoisquenousauronsassisnotrecré-dibilité,notreambitionestdeveniravec des innovations», expliquePierre-Henry Descubes, directeurproduits International du groupeSeb.Innovationauniveaudelacar-touche, plus ciblée, et autour dudesign et du confort d’utilisationde la carafe.

Delamêmemanière,Terraillon,qui a pour objectif de doubler sapartdemarché,comptespécialisersescartouchesenfonctiondesutili-sations,etaméliorersacarafepourqu’elleindiqueplussimplementlemoment où il faut changer de car-touche, «car, en général, les gensgardent leur cartouche au-delà dutemps qui est préconisé», précise

Didier Cadeau, directeur généraldugroupeTerraillon.

L’eau filtrée est assez économi-que pour les ménages: un coût de0,04centime le litre pour l’eau durobinet, 5centimes pour l’eau fil-trée en carafe, 15 centimes enmoyenne pour l’eau de source et40centimes en moyenne pourl’eau minérale. A raison d’uneconsommation de 1,5 litre par per-sonne et par jour pour un foyer de2personnes et demi, l’eau du robi-net coûte sur un an entre 5 et6 euros, l’eau filtrée près de70 euros, l’eau de source plus de200euroset l’eauminéraleprèsde550euros.

Filtration sous évierLemarché de la filtration d’eau

– qui représentait en 2011, selon lecabinet GfK, 100millions d’eurosde chiffre d’affaires –, c’est, pourenviron 80% des ventes, celui dela cartouche, à remplacer tous lesmois. Là aussi, il y adeplusenplusde concurrence. Tefal vientd’ailleurs de lancerun exemplairequi s’adapte auxproduits Brita.

Cedernier,quià ladifférencedeses concurrents ne commercialisepas d’autres produits que de la fil-

tration d’eau, va certes améliorersa gamme, examinant la possibili-té de réchauffer, d’aromatiser oudegazéifier l’eau filtrée. Il vapour-suivre l’intégration des systèmesde filtration dans l’électroména-ger, en collaborant avec des fabri-cants demachinesqui utilisent del’eau (machines à café…).Mais Bri-ta cherche surtout de nouveauxrelais de croissance en s’attaquantauxproduitsplacéssous l’évier. Legroupevientde lancerunsystèmequi filtre l’eau du robinet directe-ment sur le tuyau.

Mais laménagère n’a pas forcé-ment besoin de faire sa vaisselle àl’eaufiltrée.Britavadoncdévelop-per un système de filtration sousévier avec une gamme de robi-nets: à droite, unemolette pour lemitigeur eau chaude-eau froide, àgauche unemolette pour l’eau fil-trée avec une cartouche à changertous les trois à six mois. Un pro-duit qui s’adressera directementaux grandes surfaces de bricolageet aux cuisinistes mandatés parles particuliers, alors que les ven-tes de Brita sont actuellementpour l’essentiel faites dans desgrandes surfaces généralistes.p

Cécile Prudhomme

LesspécialistesdelacarafefiltrantesemultiplientdansunmarchésaturéElectroluxs’apprêteàentrerdansladanse,tandisqueleleaderBritacherchedenouveauxdébouchés

Chezlesgrandscouturiers,deschangementsdetêteartistiqueHediSlimanerevientchezYvesSaintLaurent,JilSanderreprendlescommandesdesasociété

16 0123Mardi 28 février 2012

Page 17: journal le monde du 28-2-2012

H uit joursdurant,portedeVersailles, àParis, lesvachesvontdoncregarder

passer le traindescandidats.Adeuxmoisde l’électionprésiden-tielle,pasunoupresqueneman-queraà l’appel, arpentant lesalléesdu49eSalonde l’agriculture,distri-buant les rationsdebonnesparo-les, caressantchacundans le sensdupoil, cajolant lesbêtespourmieuxamadouer leséleveurs,gri-gnotantà tous les râtelierspourmieuxcomplimenter lesproduc-teurs,ne rechignantdevantrienpour flatter lemondeagricole…etsesélecteurs.

Privilègede la fonction, leprési-dentde laRépubliquea inaugurécedéfilé, samedi25février,dèspotron-minet,à l’heurede la traite.Présidentdesvilles, pousséhors-solducôtédeNeuilly, loindespâtu-ragesetdes labourages, il a finiparseplierà l’exercice.Celaavaitmalcommencé,en2008, avec lefameux«Casse toi, pauv’con»lâchéàunquidamgrincheuxquirefusaitde lui serrer lamain.Celan’avaitguèremieuxcontinué,avecdesvisitesexpédiéesendeuxheu-res,quandsonprédécesseur, Jac-quesChirac, avait élevéces inaugu-

rationsau rangdegrand-messe.Accentuépar la crise sévèrede

l’agriculturefrançaiseet l’effondre-mentde ses revenusen2008(–20%)et 2009 (– 34%), le résultatnes’estpas fait attendre.Audébutde l’année2010, la cotedepopulari-téduprésident,qui culminaità87%debonnesopinionsaumomentdesonélection,plongeaità 32%,commedans l’ensembledelapopulationfrançaise, selonl’IFOP.Et les électionsrégionalesduprintemps2010sonnaient letocsin: traditionnellementfavora-bleà ladroite, lemondeagricoleavaitboudé lesurneset, plus enco-re, les candidatsde lamajorité, sou-ventaubénéficeduFrontnational.

Biencornaquépar leministredel’agriculture,BrunoLeMaire, lechefde l’Etata, depuis,méthodi-quementreconquis le terrainper-du.En2009, iln’avait consacréquequatredéplacementsenprovinceauxproblèmesde l’agriculture.Dèsavril2010,au lendemaindesrégionales, le rythmechangebrus-quement:pasmoinsde septvisi-tesde terrainenhuitmois,de l’Es-sonneà l’Allier,de l’Eure-et-Loiràl’Aveyron,duLot-et-Garonneàl’YonneouauxAlpes-de-Haute-

Provence.Et cela continueen2011,avecundéplacementparmois,oupresque,consacréauxproblèmesde l’élevage,de laviticulture,de lasécuritéalimentaire,de la filièreforestièreoude l’avenirdumonderural.

Enmoinsdedeuxans, ce sontdoncunevingtainededéparte-mentsrurauxquiaurontété labou-rés.M.Sarkozypeutmaintenantespérerenrécolter les fruits.En jan-vier, selon lebaromètreagricoleTerre-net réaliséparBVA, ilrecueillait35%des intentionsdevotedesagriculteurspour lepre-mier tourde laprésidentielle, soitunedizainedepointsdeplusquedans l’ensemblede l’électorat.Selonunsondagequevientde réa-liser l’IFOPpourLe Journaldudimanche, 40%desagriculteursont l’intentiondevoterpour lui le22avril, contre 17%pourMarineLePen, 16%pourFrançoisBayrouet 14%pourFrançoisHollande.Sans forcémentséduire, le chefdel’Etatestnéanmoinsredevenu lefavoride l’électoratpaysan.

Labelleaffaire, dira-t-on, si cetélectorat rétrécit commepeaudechagrindepuisdesdécennies.Defait, la Francenecompteplus,désormais,que490000exploita-tionsagricoles, soit 26%demoinsqu’ilyadixansseulement.Et le sec-teuragricolene faitplus travailler

qu’unmilliondepersonnes,dont604000chefsd’exploitation,207000aides familiauxet155000salariéspermanents.

Maisces chiffressont trom-peurs, commeledémontrebienunenotedeBertrandHervieuetFrançoisPurseiglequevientdepublier leCentred’étudespoliti-quesdeSciencePo (Cevipof). Si l’ontientcomptede lapopulationdesménagesagricolesetdes retraités,«l’électoratagricole,au sens large,représenteplusde3millionsd’ins-

crits sur les listesélectorales, soitenviron8%ducorpsélectoral». Enoutre, ajoutent lesdeuxcher-cheurs,«cetélectorat se caractériseparuneparticipationélectorale for-te, quienaccroît l’influence».

L’enjeuduvotedumondeagri-coleestdonc tout sauf celuid’unfolkloredésuet.Au-delàmêmedel’importanceéconomiquedusec-teur– ilnepèseplusqu’àpeine3%duproduit intérieurbrutmais, endépitde la concurrenceredoutable

de l’Allemagnesur lesmarchésmondiaux, l’agriculture françaisereste lapremièred’Europe–, cetélectoratvolontiersconservateuret catholiqueest convoitédetouscôtés.

Si leprésident-candidats’estemployé,commeonl’avu, àconso-lider le traditionnelancrageàdroi-tedumondeagricole, laconcurren-ceestvive.Dèsdimanche,au lende-mainde lavisiteprésidentielle, lecandidatcentriste, FrançoisBay-rou,nes’estpasprivédefaire

valoir ses titresen lamatière.«Jesuis le seul, dans lemondepoliti-que, quiaitnonseulementdes raci-nes,maisuneviedans lemondeagricole», a soulignéce filsdepay-sanetéleveur lui-même.«Moi,c’estpaspour faire semblant. L’agri-culture, j’y suisné, j’yaipassé toutemavieet j’ai voulurester chefd’ex-ploitation», a-t-il insistépourmieuxsedistinguerdetous lesautres.

LaprésidenteduFrontnational,

quivisitera leSalonvendredi,n’estpasen reste. Si ellenepeutguèresetarguerde tellesracines, elleentendbienprolonger lapercéeréaliséepar sonpèreen2002, lors-qu’il avait recueilli 22%des suffra-geschez lesagriculteurs, jusque-làtrès réticentsà l’égardde l’extrêmedroite.Encouragéepar les sonda-ges,MarineLePenentendseposerenchampionnede la«Francerura-le», commeelle l’adéclaré,diman-che, àChâteauroux.Et ellevientd’ouvrirunsite Internetqui tireàboulets rouges sur«lesmensongesdeBrunoLeMaire», lespromessesdeGascondeFrançoisBayrououlesdiktatsde l’Europe.

Quantaucandidat socialiste, lar-gementdistancédanscet électorat,ilnedésespèrepasde fairevaloirsesattachescorréziennes–voire labienveillancede l’ancienprésidentChirac–pour s’attirer lesbonnesgrâcesdumondepaysan. Pourpreuvedesadétermination,Fran-çoisHollandeaannoncéunevisite-marathondedixheures,mardi.Cerecorddesollicitude luivaudrapeut-être lemériteagricole.Mais iln’estguèreprobablequ’il luiper-mettede remporter le concoursdumeilleurcandidat,organisé tousles cinqansà laportedeVersailles.p

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Cinquante ans après les accords d’Evian et le cessez-le-feu, la guerre d’Algérie reste une plaieouverte. La réconciliation entre les deux pays paraît encore lointaine, tant le cloisonnement desmémoires et le ressentiment restent forts.

Le Monde vous invite à découvrir la réalité de cette guerre au travers des travaux des historiens,des témoignages des protagonistes des deux pays, des portfolios et des documents inédits.

décryptagesANALYSES

E crire ses Mémoires ou sessouvenirs n’est jamais debon augure pour son auteur.

Soit c’est le chant du cygne, soit letocsin a déjà sonné, et le lecteurs’ennuie. C’est loin d’être le casavec Pierre Lescure, 66 ans, qui aencore (on lui souhaite) de beauxjours devant lui. Si certains l’ontdit « fini» après son éviction de

Canal+ par Jean-Marie Messier en2002, il montre dans son livre(écritencollaborationavec la jour-nalisteSabrinaChampenois), qu’ilena encore«sous lapédale», com-me disent les cyclistes. Avec, enplus, la gouaille des titis parisienset l’ironie des faubourgs, très uti-les pour ce genred’exercice.

Excellent conteur, jouisseur dela vie à la curiosité insatiable,hyponcondriaque sévère atteintde collectionnite aiguë, chef debande timide au bras des plus bel-les femmes, bon pote aux pochespercées, acharné du boulot sousdes fausses allures de dilettante, ilse revendique surtout comme le«glandeur» en chef de sa généra-tion de baby-boomer bénie desdieux de l’insouciance. Sansregrets ni remords, mélancoliquemaispasnostalgique.

Il faut dire que le bonhommepossède de sacrées histoires danssabesace:quaranteannéesdejour-nalisme (RTL, RMC, Europe 1,Antenne2) aux côtés des plusgrands (Pierre Desgraupes, Philip-pe Gildas…), des émissions cultes(«Les enfants du rock») et, sur-tout, dix-huit ans à la tête deCanal+, laplus fabuleuseaventureaudiovisuelle du siècle dernieravec«leprésident»AndréRousse-let, le taiseuxmais génial Alain deGreef, le trublion Antoine de Cau-nes et touteunekyrielle de talentsqu’il a fait éclore.

Alors, raconte… A l’image dumode de vie plutôt bordélique deson auteur, le récit n’est pas chro-nologique. Il commence par unviolent règlement de comptesavec Jean-MarieMessier, le patron

mégalomane de Vivendi qui l’aviré deCanal+ et laisséKOdebout.«Messier, c’estmorneplaine,bana-lité sur banalité. (…) Zéro émotionsur la culture, et plus globalementzéro avis personnel sur la vie et lesvaleurs qui peuvent la guider. (…)Zéro vergogne, zéro principe, zéroconscience du ridicule, du tout àl’ego», écrit-il.

Autant dire l’exact contraire deLescure, fils de militants commu-nistes (son père était journaliste àL’Humanité et sa mère a usé sessemelles dans toutes les manifs)installés à Choisy-le-Roi, où habi-tait Maurice Thorez, le secrétairegénéral du PCF. Ils ont transmis àleurfilsunique laculture, la solida-rité, la générosité, l’humanisme, laconfiance et la beauté des choses.Entournantlespages,onestmêmeun peu déçu de ne pas voir surgirRobert Doisneau avec son Rollei-flexouBlaiseCendrarsécrivantsurla tabled’unvieuxbistrot.

Progressisteplutôtquecommu-niste,PierreLescures’estconstruitensolitaireàtravers lerock, laban-de dessinée, les disques, les postesde radio, la bakélite et les photosde pin-up. Prêt à traverser Parispour trouver un polar de DashiellHammett, iln’hésitepasàsepréci-piter au fin fond des Etats-Unispour rapporter unobjet unique.

Aujourd’hui, d’autres sontentrés dans son Panthéonperson-nel. Ils y côtoient Jean-MichelDes-jeunes, l’ami-frèredesdébutsjour-nalistiques qui s’est suicidé en1979 à l’âge de 36 ans, mais aussitous les requins des médias(Rupert Murdoch, Jean-Luc Lagar-dère,BarryDiller…)qu’ila fréquen-tés, admirés et haïs lorsqu’il étaitlepatrondeCanal+.«Depuis lesfif-ties, j’aiplussouventgagnéqueper-du. Mais, à l’arrivée, le compte yest», écrit Pierre Lescure en glan-deur lucide. p

Daniel Psenny

L’enjeuduvotedumondeagricoleesttoutsaufceluid’unfolkloredésuet.Au-delàmême

del’importanceéconomiquedusecteur,cetélectoratvolontiersconservateuretcatholiqueestconvoitédetouscôtés

Progressisteplutôtquecommuniste,PierreLescures’estconstruitensolitaire

France | chroniqueparGérard Courtois

Candidats,veaux,vachesetcochons

In the babaPierre LescureGrasset, 373 p., 18¤

Livredujour

Lescure,glandeurlucide

170123Mardi 28 février 2012

Page 18: journal le monde du 28-2-2012

Réduirelecoûtdutravailnesuffitpas.SeuleunepolitiqueindustrielleambitieusepermettraàlaFrancederemporter ledéfidelamondialisation

Délocalisern’estpasunefatalité

décryptages LEGRANDDÉBAT

MarieCorisMaître de conférences en économie à l’universitéBordeaux-IV, chercheuse au sein de l’équipe

Espace et industrie du Groupe de recherche en économiethéorique et appliquée (Gretha).

Marie Coris coordonne en cemomentun projet de recherche sur les délocalisations,Escape (http://escape.gretha.u-bordeaux4.fr),financé par le conseil régional d’Aquitaine

ChezLectra,l’ancragelocalestgagedesuccès

AVEC 1500 salariés à travers lemonde,Lectra est une entreprise françaisedetaille intermédiaire. Elle conçoit et fabri-quedesmatériels destinés aux industriesutilisantdesmatériauxsouples (textile,cuir, etc.). Deuxacteursmajeurs domi-nent cemarché, Lectra et son concurrentaméricain. En 2004, les actionnairesdeLectrapoussent à la délocalisationde laproductiondesmachinesde coupe, uneactivitémenée sur son site de Cestas, enAquitaine.Une étudedémontrait qu’undéplacementenChine de cetteproduc-tion amèneraitungain en termesde coûtde l’ordre de 20%. La recherche et le déve-loppement (R&D) seraientmaintenus surle territoire aquitain. Les dirigeants, oppo-sés à la délocalisation,mènentunedeuxièmeétudequi indiquequ’en recon-cevant lesmachines enpartenariat avecles sous-traitants locaux, une baissedescoûts similaires serait possible. La déloca-lisationest évitée.

Selonnotre analyse, lemaintiende laproductionen France a permisd’asseoirla stratégie industrielle de l’entreprise

selon trois axes complémentaires.Auniveaude la relationauxactionnaires:les dirigeants ontdepuis renforcé leurparticipationpour s’affranchir despres-sions auxdélocalisations.Auniveaude larelationaumarché: la reconceptiondesmachinesa permisde réduire les coûtsmais elle a surtout entraînéune remon-tée engamme (qualité et délais) grâce à laréactivitéd’unapprovisionnement«àproximité» et un repositionnementsurla fourniturede services liés. Auniveaude l’approvisionnement: la coconceptiondesmachines avec les sous-traitants aconduit à un renforcementde l’ancrageindustriel local. En tempsde crise écono-mique, ce sontd’ailleurs les approvision-nements européensqui sont favorisés.«Les zones low cost ne peuvent pas offrirde flexibilité.Or, la flexibilité joueplus quele coût de productionquandon considèrel’équationglobale.» (extrait d’un entre-tien chez Lectra)

Et si chez Lectraonditque lamain-d’œuvreest plus chère en Francequ’enChine, onydit égalementque laproducti-

vité et la cultured’entreprisecompensentenpartie ces écarts. Lectra est aujourd’huinumérounmondial sur sesmarchés.

Emblématiquede ce qui est souventpassé sous silence, ce cas invite à s’interro-ger sur ce quedoit être lapolitique indus-trielle, penséeà l’échelle régionaleet entermesde filière. Il souligneaussi l’impor-tancedesbesoinsdeproximitéentre lesdeuxactivitésd’innovationetdeproduc-tion.Cequ’ignorent les actionnairesquand ils fontpressionà ladélocalisation,c’est que ces activitésne sontpas aussi dis-sociablesqu’on ledit. Cequ’avaient antici-pé lesdirigeantsc’estqu’à terme la concep-tionaurait suivi laproduction.«Il y auntrop fortbesoindeproximité entreR&Detproductiondansnotremétierpourqu’il ensoitautrement.» p

Cette histoire est extraite de l’étude pourla Direccte Aquitaine réalisée par M.Coris,C.Carrincazeaux, V.Frigant et A.Piveteau (dis-ponible sur le site du projet Escape). Les diri-geants de Lectra ont accepté que le nom deleur entreprise soit dévoilé.

SOURCE : EUROSTAT ET CALCULS DES AUTEURS ; TRENDEO

20101992 02 04 06 08200094

2009

80 630

8 987

2 323 2 247

8,6 %

37 292 26 098

2010 2011 2009-2011

96 98

2009

274 041

11 688

3 022

2 334

3,0 %

168 127

102 800

2010 2011 2009-2011

0,8

0,9

1,2

1,1

1,0Coût unitaire du travail

Rémunération du travail

Productivité

PRODUCTIVITÉ, RÉMUNÉRATION DU TRAVAIL ET COÛTUNITAIRE DU TRAVAIL DANS L’INDUSTRIE EN ALLEMAGNE,RELATIVEMENT À LA FRANCE

(Valeur 1,0 au deuxième trimestre 1992)

DANS L’EMPLOI INDUSTRIELENSEMBLE DE L’ÉCONOMIE FRANÇAISE

Emplois supprimés dont délocalisations

157 577562 012

Combien coûte le travail en France

DR

Aprèsla«primeàlarelocalisa-tion», en 2009, une nouvel-le mesure a été annoncée,dimanche 29 janvier, par lechef de l'Etat pour luttercontre les délocalisations:

baisser le coût du travail. L’idée est sim-ple : diminution des charges socialespatronalesetcompensationparunehaus-se de la TVA (baisse des recettes oblige).Face à l’inefficacité de la mesure prise en2009 (voir le point de vue d’El MouhoubMouhoud,LeMondedu9mars 2010), quepeut-on attendre de cette proposition?Au regard des connaissances disponiblessur la question, rien. Et ce d’autant plusque lamesurese fondesurune idée reçue,celle de la responsabilité seule du coût dutravail.

Acceptons temporairement l’hypothè-se selon laquelle le coût du travail seraitbien responsabledesdélocalisationset dela désindustrialisation. Dans ce cas, cen’est certainement pas la mesure annon-cée qui modifiera la tendance. La baissesupposée du coût de production en Fran-ce (induitepar labaisseducoûtdutravail)ne peut absolument pas être suffisantepour compenser les différentiels de coûtsdu travail, y compris si elle est accompa-gnée d’une hausse de la TVA sur les pro-duits importés. Amoins d’un très sérieuxalignementpar lebas,d’uneprécarisationde l’emploi poussée à l’extrême, voired’un recours aux formes illégales du tra-vail, il n’y a aucunmoyende lutter contreles délocalisationsmotivées par les diffé-rentiels de coût du travail. Ceux-ci sontbeaucoup trop importants. La tendancenaturelle, c’est l’alignement vers le haut.Progrès social oblige, les salaires augmen-tentdans lespaysdits«lowcost», commeen Chine où on a assisté à un triplementdu salaire moyen entre 1990 et 2005,selon l’Organisation de coopération et dedéveloppementéconomiques (OCDE).

La mesure ne peut qu’être inefficace,mais là n’est pas la question. Inéluctables,les délocalisations? Pas toujours, car larelation entre désindustrialisation, délo-calisation et coût du travail est beaucoupplus complexequ’il n’y paraît.

Désindustrialisationetdélocalisationnesontpassynonymes

Les termes de désindustrialisation etde délocalisation ne vont pas de pair.Aucune relation causale n’est clairementétablie entre ces deux réalités. Sacrifionsauriteactuelpours’enconvaincre: lacom-paraisonavec l’Allemagne. Les délocalisa-tions vers les pays de l’Est sont une don-néestructurellede l’économieallemande.L’Allemagneest l’undespaysquidélocali-se leplus, sanspourautantêtrevictimededésindustrialisation.Tout ici est questionde politique et de spécialisations indus-trielles.Lafauten’incombepasauxdéloca-lisations.Allons encore plus loin.

Les délocalisations ne sont pas respon-sables des destructions massives d’em-ploisenFrance.Lesétudessur lesujetesti-ment qu’elles y contribuent à hauteur de1% à 6%, bienmoins que la montée de laconcurrenceinternationaleet l’incapacitéde l’industrie française à se projeter danscettenouvelle donnemondiale.

Le gouvernementdisposed’unConseild’analyseéconomique,placésousl’autori-té dupremierministre, dont les rapports,nombreux et richement documentés, nefont qu’étayer ces constats(www.cae.gouv.fr). Passons sur l’amalga-me, ne jouons pas sur lesmots, et intéres-sons-nous à la relation entre délocalisa-tion et coût du travail.

L’idée reçue la plus répandue enmatiè-re de délocalisations veut que leur raisond’être serait réductible aux seuls différen-tiels de coût du travail. Or, cette idée setrouvecontrariéepar lesenquêtesdirecte-mentmenéesauprèsdesfirmes.Lamotiva-tion est certes prégnante dans la décisionmais lahiérarchiedes critèresénoncésparles entreprises ne permet pas d’attester laprédominance de la motivation par lescoûts salariaux, y compris quand elles sefontà destinationdes zones«lowcost».

D’après l’Insee, 53% des délocalisa-tions se feraient d’ailleurs entre pays

développés.Onmontre au contrairequ’ilexiste un large éventail de déterminantsdont le recentrage sur le cœur de métieret la recherche de compétences complé-mentaires externes. Fait saillant de cesenquêtes: lepoidsdesdélocalisationsréa-liséessouscontraintesdespartiesprenan-tes de l’entreprise, actionnaires et don-neurs d’ordres. Ce motif explique pres-que le tiersdesdélocalisationsdespetiteset moyennes entreprises (PME) d’aprèsl’Association française des chambres decommerce internationales et nombre denos entretiens récents avec les indus-triels. Si les délocalisations ne le visent

pasdirectement,unautremotifaccompa-gne souvent la décision: l’accès auxmar-chés les plus dynamiques de la planète.Les entreprises délocalisent, certes, maiselles ne s’implantent pas simplement làoù le travail coûtemoins cher,mais là oùla consommation est en pleine croissan-ce et le pouvoir d’achat… en progression!

Lesentreprisesraisonnententermesdecoûtcomplet

L’approchepar lecoûtcomplet (ouglo-bal) tient comptede l’ensembledes coûtsdirects et indirects de l’activité : coûts de

coordination, coûts de la non-qualité,coûts de transports (directs et indirectsdufaitdesdélaisde livraison),etc. Le coûtcomplet reste difficile à appréhender exante, surtoutpour lesPMEet lesétablisse-mentsdetaille intermédiaire.Leplussou-vent, ce coût se révèle dans le temps, parl’expérience, une fois la délocalisationopérée.

Certaines entreprises en ont fait lesfrais au point de devoir relocaliser leursactivitésdeproductionenFrance(lefabri-cant demobilier de bureauMajencia, lesopticiensAtol, la chaînedemagasinsspé-cialisés dans les accessoires de cuisineGeneviève Lethu).

Pour les grandes entreprises, une esti-mation de ces coûts, bien qu’imprécise,peut être réalisée en amont de la prise dedécisionde délocaliser.Mais elle serapri-se en compte par les dirigeants dans lagestionde l’activité à long terme, pas for-cément par les actionnaires ou les don-neurs d’ordres, aveuglés par lemythe du«c’estmieuxailleurs»oumotivésparunobjectif deprofitabilité à court terme.Onretrouve l’opposition bien connue entrelogique productive (ou industrielle) etlogique financière (spéculative). Et le

poids, moins connu, de la substitutionpartielle du critère du «moins-disant»(concurrence par les coûts) à celui du«mieux-disant» (rapport qualité/prix)danslesappelsd’offresémanantdespou-voirs publics.

C’est laproductivitéquicompte

Enfin, ledernierargumentqui relativi-se l’importance du coût du travail dansles choixdedélocalisationsest celui de laproductivité du travail. C’est l’argumentque l’on entend le plus dans les débatsactuels, qu’ils portent sur la durée ou lecoût du travail. C’est une bonne chose.Qu’il s’agissedecomparer laFranceà l’Al-lemagne ou de parler de délocalisations,il est bonde rappeler que, seul, le coût dutravail ne signifie rien. La question quicompte est celle de la richesse produitepar le travail.

Or, laproductivitédutravail enFrancecompte parmi l’une des meilleures aumonde, derrière celle des pays d’Europedu Nord mais devant celle de l’Allema-gne (46,3eurosde PIB produits par heuretravaillée en 2010 pour la France contre41,5 en Allemagne, selon la base de don-nées STAN de l’OCDE) et des Etats-Unis(40,11euros, calculéselon letauxdechan-ge moyen sur 2010) et loin, très loindevant celles de la Chine et de l’Inde (laproductivité du secteur manufacturieren Inde ne représente que 2% du niveauaméricain, 5% en Chine). Cela relativisel’argument, isolé, du coût du travail. Etcela le relativise d’autant plus que l’onintègre dans le calcul les coûts indirectset la pression à la hausse des salairesdans les pays émergents.

A force de focaliser l’attention sur lescoûts, pour lesquels une partie de laguerre est perdue et pour lesquels on nepeut qu’attendre la réduction du diffé-rentiel, on oublie l’essentiel : notreman-que d’innovation et la perte du supportindispensable de la production à l’inno-vation.

C’est la faiblesse denotre industrie, enpleine mutation, et le défaut d’innova-tion et de créativité qui menacent l’éco-nomie française. En témoigne l’investis-sement en recherche et développement:seulement 2,1% du PIB, contre 2,7% enAllemagne et aux Etats-Unis, entre 3,5 et4% au Japon, en Suède ou Finlande (don-nées 2008, OCDE).

Lasolution?Elleestaucœurdudébatpolitique

Les travaux des économistes, contrai-rement à ce qu’on veut bien leur fairedire,ne s’accordentsuraucunerecette,niaucune stratégie gagnante. La seulerecommandation que l’on puisse insuf-fler est celle du cruel besoin d’une politi-que industrielle qui ne peut et ne doit seréduire à une baisse du coût du travail.

Pourquoi ? Rappelons que si c’est lecoût du travail qui est coupable, alors lesmesuresproposéesne servirontà rien. Etce d’autant moins que, après la produc-tion, c’est l’innovation qui se délocaliseaujourd’hui (à l’instar des annonces fai-tes par les grands constructeurs automo-biles français), pour suivre l’activité deproduction, pour se rapprocher desmar-chés dynamiques et pour s’appuyer surla main-d’œuvre, de plus en plus quali-fiée, des pays émergents.

La question des délocalisations estcomplexe. Elle n’explique pas la désin-dustrialisationetellenepeutpasêtre iso-lée d’autres problématiques qu’ilconvientde remettreaucœurdesdébats.Il s’agit des questions de compétitivité,de formation, d’innovation, de politiquecommerciale, demonnaie.

Derrière les discours politiques sur lesdélocalisations se cache un débatde fondentre deux visions opposées de ce quedoit être la politique économique au ser-vice de la compétitivité : faut-il agir surles coûts ou faut-il engager une véritablepolitique industrielle? Ce débat consti-tuel’undesenjeuxcruciauxdelaprochai-ne élection présidentielle, car il en va del’avenir de la France dans la mondialisa-tion.p

18 0123Mardi 28 février 2012

Page 19: journal le monde du 28-2-2012

décryptagesDÉBATS

AntoineMenusierJournaliste

Le 13février, autribunalpénaldeTurin, Stephan Schmidheiny etlebaronLouisdeCartierdeMar-chienne, anciens PDG d’EternitSuisseetBelgique,ontétérecon-nus coupables du crime de

«désastrevolontaire» et condamnésà sei-zeansdeprisonferme.Enraisondelastra-tégiecoordonnéeetdélibéréededissimula-tion des effets sanitaires de l’amiante parles industriels, lamarqueEternitestdésor-maislesymboled’unecontaminationmor-telle par l’amiante de l’habitat urbain àl’échelleplanétaire. Lemêmejour, la firmeaméricaineMonsanto a été reconnue cou-pablepar le tribunaldegrande instancedeLyon et condamnée à indemniser PaulFrançois, agriculteur, pour une gravecontaminationauxpesticides.

Pendantce temps,Michelinmet encau-se la survie d’une communauté rurale enInde. Les 1500 familles de Thervoy Kandi-gai, villaged’intouchablesà 50kmaunorddeChennai(TamilNadu),vivaientpaisible-mentdel’élevage,de laculturedurizetdesressourcesde la forêt. Fin 2007, ils appren-nent, par lesmédias locaux, que le gouver-nement du Tamil Nadu a décidé l’installa-tion d’une usine Michelin dans une zoneindustriellequ’il veut créeràThervoy.

Lesprotestationsdeshabitants, lespéti-tions et les résolutions de quatre assem-blées de village échouent. Le gouverne-mentfait intervenir lapolice,qui,en2009,jette en prison 61villageois qui protestentcontre ce projet. En février2011, plus de500femmes tentent de s’opposer aux tra-vauxdeconstructionde l’usine.Huitvilla-geois sont emprisonnés. En réaction,1200personnes engagent une grève de lafaim. Un représentant de l’Etat promet deleurdonnersatisfactionpuisrevientsursapromesse, menaçant d’arrêter tous ceuxqui s’approcheraientdu siteMichelin.

Enmars2011, lesfemmestententd’arrê-ter les bulldozers: 133 d’entre elles sontarrêtées, six sont emprisonnées. Mêmes’ils ont été relâchés, de lourdes chargespèsentsur75villageoisaccusésdetroublesà l’ordrepublic.

AThervoy,laforêtestd’uneimportancecapitalepour l’approvisionnementeneau

etlessoins.L’eaudelaforêtalimenteunlacnaturelqui sertà irriguer les champs.Pourconstruire l’usine Michelin, les pâturagessontarasésetlaforêtabattue,cequiprovo-quel’assèchementdulac,empêchantainsil’élevage. Avec la destruction de la forêt,plus de 150espèces de plantes médicina-les,utilesauxpaysans,disparaissentaussi.

Une plainte contestant les conditionsfrauduleusesd’autorisationdecetteopéra-tiondedégradationenvironnementaleesten cours d’instructiondevant le «tribunalvert» de New Delhi. La décision, qui étaitattendue le 22février, a été différée. Pen-dant ce temps, la construction de l’usinecontinue. Dans le cadre d’un accord passéavec le gouvernement du Tamil Nadu, lafirme a obtenu des dégrèvements d’im-pôts et la flexibilité des conditions d’em-ploi. Le site sera même déclaré «d’utilitépubliqueafindeprévenir toute indisciplineau travail». Mais, pour soigner son image,Michelinproposedes «projets environne-mentaux»auxcollègesdeChennaiet sub-ventionnel’Alliancefrançaisepourlaréali-sation d’un auditorium qui porterait lenomd’…EdouardMichelin!

35000 signatairesLe 16janvier, le syndicat CGT Michelin

et plusieurs associations ont remis à ladirection du groupe à Clermont-Ferrandune pétition de plus de 35000signatairesdemandant l’arrêt immédiat du projet àThervoy, la restauration de la forêt et despâturages, la levée de toutes les poursui-tes.Mais, selon la firme, «il n’existe aucunconflit dans cette région,mêmesi quelquesdizaines de personnes contestent la créa-tiondelazoneindustriellesurlaquellenoussommes implantés».

De la mise en danger d’autrui, parl’amianteoulespesticides,àlamortannon-céedemilliersd’intouchablesindienschas-sésde leurs terrespour l’installationd’uneusine chimique polluante de fabricationde pneus, les crimes industriels se perpé-tuent. Ces crimes sont souvent soutenuspar les pouvoirspublics, qui défendent lesintérêts financiersdespuissants contre lesdroits fondamentaux des travailleurs etdes citoyens.

C’est en ce sens qu’il est urgent demet-tre au premier rang des priorités politi-ques une réforme de la justice ouvrantenfin,enFrance,lavoietracéeparlesprocu-reurs et les juges italiens à Turin. Encorefaudrait-il qu’une réelle séparation despouvoirs rende aux institutions judiciai-res l’indépendance nécessaire pour quel’impunitédeceuxquicommettentcescri-mes industriels soit enfinbrisée.p

L’annéeestricheenélectionspré-sidentielles. Mais alors que lalutte sera intense en France etaux Etats-Unis, le résultat de laprésidentielledu4marsenRus-sienesembleguèrefairededou-

te. Pourtant, cette absence de suspensequant au résultat ne doit pas laisser croireque l’enjeuest limité.

D’unpoint de vueoccidental, la permu-tation de poste de Vladimir Poutine, quidevrait quitter ses fonctions de premierministrepour redevenirprésident – ce quiluiaurapermisdecontournerlarègleinter-disantauprésidentd’exercerplusdedeuxmandatsconsécutifs–pourraitlaisserpen-ser qu’il s’agit d’un «business as usual»dans le petit monde fermé du Kremlin.Mais ce n’est pas ainsi que l’ontperçumesconcitoyens, insultéspar cette perspectiveinouïe de devoir supporter un présidentinamovible pendant la prochaine décen-nie, voire plus. Les pauvres, la classemoyenneet lesrichessontdescendusdansla rue, rendus furieux par les bassesmanœuvres et autres arrangements quiont marqué les élections législatives dedécembre2011. Ce mouvement, soutenumêmepar les élites, a changé l’équationet

réduit en poussière le mythe persistantselonlequellesmassestiennentàM.Pouti-neparcequ’il incarnerait la stabilité.

M.Poutine a réagi en se moquant desmanifestants, allant jusqu’à prétendrequ’ilavaitconfondulerubanblancsymbo-le de cette opposition avec celui employépour promouvoir le port du préservatif.Lespouvoirspublicsont,quantàeux,réagiavec discrétion en lançant des réformesqui permettent l’enregistrement de nou-veaux partis politiques pour les prochai-nes élections à la Douma, et le retour àl’élection, plutôt que la nomination, pourladésignationdesgouverneursderégions.Sans le vouloir, ces utiles réformes pour-raient constituer le catalyseur de transfor-mationsplus fondamentales.

Ellesdonnent l’espoirque les grainesdelamodernitépeuventêtreplantéesdans lesol russe sous la forme de candidats devaleur pour la haute fonction publique.Despersonnalitésde l’oppositioncapablesde relever le défiposépar les structuresdupouvoir pourraient émerger. D’ici là, l’op-position politique devra se rassembler endeuxoutroisnouveauxpartis, auxcapaci-tés suffisantes pour dépasser le statu quoet permettre d’éviter le piège du Kremlinconsistantàdiviserpourmieuxrégnersurunemyriadedepetits groupesrivaux.

S’il s’agit là d’une vision à terme, quepeut-onattendredel’élection?Monespoirest que la participation sera forte et quemeschersconcitoyensprendront le tempsd’étudier les quatre candidats participantau scrutin, même si nombre d’électeursont préféré trouver d’autres noms, qui

n’ont pas été autorisés à participer. En2004, la dernière fois queM.Poutine étaitcandidat à la présidentielle, il l’a remportéaupremier tour.Nousverronsbiencequ’ilvaadvenircettefois.Maissoyonsclairs:s’ilestcontraintàunsecondtour,alorslasitua-tionseradifférente.

Un second tour signifierait que le chan-gement que nous attendons est en che-min: qu’une évolution, et nonune révolu-tion, est possible. Nous ne voulons pas dusang qui a abreuvé les rues de différentescapitales, mais nous souhaitons que leschoses changent. C’est lamission de notregénérationquedechangersansguerrecivi-le lesparadigmesde laRussie.

Les abus de pouvoir des dirigeants onttrop longtempséténotre lot. Nousdevonsmoderniser notre économie, construireune société civile authentique, mettre finau nihilisme légal et éradiquer la corrup-tion. Nous devons faire cela pour permet-tre à nos enfants et petits-enfants d’avoiruneviemeilleure.Nousdevonslefaireaus-si pour notre pays, ce pays que nousaimons et qui doit prospérer et s’adapter àunmondeenmouvement.

Il suffit pour s’en convaincre d’analyserles tenantset aboutissantsdes révolutionsarabes. Les situations de ces pays et de laRussiesontdifférentes,maisl’onpeuttrou-verdespointscommuns.D’abord,duCaireà Damas, de Moscou à Magadan, lescitoyensveulentêtretraitésavecrespectetdignité–monpaysne faitpas exception!

Ensuite, les révolutionsarabesnousontmontré que personne ne peut retenir lapuissancedesnouvellestechnologiespourinformeretmobiliser.Latechnologiearen-du le pouvoir au peuple. D’ici dix ans, lesclasses moyennes russes éduquées repré-senteront la majorité de la population.Elles demanderont leur place autour de latable, dans un système démocratique etpluraliste et n’accepteront pas qu’on laleur refuse.

Personnenes’attendàcequecelasepro-duise en une nuit, mais le vote du 4marsoffreunechancedemettrefinaumonopo-le dupouvoir duprobableprésident.Nousnedevrionspasredoutercela.Enforçant latenue d’un second tour, nousmettrons lepays sur le bon chemin. Le pouvoir prési-dentiel, qui jusqu’àprésentn’écoutaitper-sonne, sera contraintdecommencerà ten-dre l’oreille aux désirs du peuple qu’il estcensé servir. L’Etat, qui jusqu’à présentconsidérait comme acquis son pouvoirmonopolistique, devramodérer son com-portement. Les politiciens, qui se sontregroupésenopposition,pourraientdeve-nir une force à qui parler, une voix pourexprimer les pensées et les vues de ceuxqui étaient jusque-là ignorés. Le pouvoirserait contraint d’engager des négocia-

tionsavecl’oppositionetunetransitionendouceur, réelle, pourraitdébuter.

J’apprécierais aussi un changement decomportementdelapartdespaysocciden-taux. Ils devraient cesser de faire la dansedu ventre devant un tuyau de gaz! Ils doi-vent parler haut et fort, d’une seule voix,pourréclamerdevraiesréformesdémocra-tiques. Il est temps pour eux de reconnaî-trequeleseulmoyendegarantir,àlongter-me, un développement harmonieux denos relations estd’arrêter de se cacherder-rière lemythede lastabilitépour légitimerun régime qui déçoit son propre peuple –unpeuplequi est en trainde se réveiller.

Et donc jevousdemandede regarderdeprès les résultatsde cetteélection.EnFran-ce et aux Etats-Unis, le vote revient à choi-sir entre de vraies visions politiques alter-natives. Dansmonpays, le calcul électoralest plus simple : choisir Poutine au pre-mier ou au second tour. Mais ne vous ytrompezpas!Leretourdu«présidentPou-tine»auKremlin,aprèssoitavoirmanipu-lé les votes au premier tour, soit avoir étéforcé à un second tour, alertera le mondequedevraischangementssontencoursenRussie.Unchangementpolitiqueinélucta-ble. Et bienvenu. p

PierreBachelet,dansunechanson,sesouve-nait avec délice de ses 20ans, qu’il avait«pour très longtemps». La France, elle, a30ans, depuis très longtemps, et c’est unsupplice. «Même les plus chouettes souv’-nirs, ça t’a une de ces gueules», déchan-

te-t-elle avecLéoFerré. Trenteans?Plusqu’unâge, unedurée, longueetpénible, surgie

au tournantdesannées 1970-1980 telunblocdedésil-lusionsprogrammées–décroissance,décroyance. Elleestsynonymedeprocèsenincompétence,enrenonce-ment, en trahison, que les hommes politiques s’en-voient à la figure. Chroniqueurs, sondeurs, blogueurs,touss’ysontmis,doctementoudansunespritpolémi-que. La locution «trenteans» est devenue le lieu et letempscommunsdesFrançais.

En vrai, ça donne quoi? Dans l’émission «C dansl’air» du 6février, sur France5, intitulée «Le cas LePen» et portant sur les difficultés de la candidate duFrontnationalà réunir les 500signaturesdeparraina-gesqui luipermettraientdeparticiperà l’électionpré-sidentielle, la ritournelle s’est fait entendre. «Une loide plus de trente ans», a déploré l’éditorialiste IvanRioufol, du Figaro, à proposdu texte sur les cinq centsparaphes.

Interrogé hors plateau, Jean-Marie Le Pen a parléd’un «rejet des politiques qui ont été menées depuistrenteans».«Maisqu’est-cequ’ilsontfaitpendanttren-te ans?», a-t-il renchéri, visant sesmeilleurs ennemis,lespartis degouvernement.

L’emploi de cette expression a essentiellementpour objet de dénigrer l’action, ou l’inaction, d’unadversaire. Celles et ceux qui en font commerce seposent, a contrario et àpeude frais, en recours.

Criseéconomiqueet financière, institutions, immi-gration, islamformentlegrosdesonchampd’applica-tion.L’énormitédesacirconférencetemporelle–tren-te ans, ce n’est pas rien– lui confère une puissancedémiurgique, presque christique, censée terrasser lespauvreshumainssurqui elle s’abat.

Elle a cours davantage à l’oral, propice aux effets,qu’àl’écrit,quipardonnemoinslesformulestoutesfai-tes.

Enmeeting les 10 et 11septembre 2011 àNice,Mari-ne Le Pen clame son dégoût : «Depuis trenteans, lesmêmespartis, lesmêmes têtes, lesmêmes systèmes, lesmêmes affaires, les mêmes petits arrangements entreamis.»

Alorsque ledébat sur l’identiténationale, fin2009,bat son plein, le journaliste Eric Zemmour, ferventadeptedelatridécennale,s’échauffesur iTélé:«Çafaittrente ans que la gauche antiraciste nous empêche deparler.Maintenant on vaparler, on va lui dire ce qu’onpense, et ce qu’elle a fait de ce pays depuis trenteans.»La «gauche antiraciste» use très bien de cette ficelle

aussi. Interrogéenjuin2010surlesiteLePost.fr, lepré-sident de SOS-Racisme, Dominique Sopo, réplique àMarine Le Pen, qui affirmealors ne pas se reconnaîtredans certains joueurs de l’équipe de France de foot-ball : « [ELLE]utilise les mêmes arguments que l’extrê-medroite il y a trenteans.»

DanslabouchedeMmeLePenetdeM.Zemmour,l’in-vocationdes«trenteans»vautappelaudépassement,voire au renversement de « l’ordre établi» ; chezM.Sopo,elle relativise le faitobservépourmieuxl’ins-taller dans la continuité. Au FN, rien de nouveau, ensomme.

Laforcededélégitimationqu’ellepeutavoirn’apaséchappéàFrançois Bayrou–poursuivi sur la Toile pardes internautes facétieux qui le tiennent pour cores-ponsable du «bilan» des trois décennies écoulées. Le30novembre 2011, sur le plateau de BFMTV et à RMC,le candidatduMoDemà l’électionprésidentielleavaitun côté procureur dans un tribunal d’épuration:«Deux partis se sont succédé au pouvoir depuis tren-teans. Les deuxontunepartmajeurede responsabilitédans l’effondrementdupays.»

Le candidat socialiste FrançoisHollande,dans l’his-toire, est une sorte de saint Sébastien à qui le martyrdes «trenteans» réussit plutôt bien jusqu’à présent.SégolèneRoyal,sonex-compagneetadversaireàlapri-maire d’octobre, décochait à son sujet, en septembre,dans les colonnes du Figaro : «Est-ce que les Françaispeuvent citer une seule chose qu’il aurait réalisée entrente ans de vie politique? Une seule?» «Eh oui, c’estlong,c’estcourt»,pianotaitVéroniqueSanson,quiréci-tait là le tempsde l’amour.

EtcommentinterprétercettefléchettedeBriceHor-tefeux, renvoyant François Hollande à «un candidatdes années 1970-1980» au lendemain de son discoursdu22janvierauBourget:«Celanousrajeunitde trenteans», ironisait le coordonnateur de la cellule «ripos-te» de l’Elysée? Comme un trait tiré sur le passé oucommel’ardentdésir d’y retourner?

A l’heure où l’Allemagne dégoise sur la France, larapsodie des «trente ans» est unemanière de ne pasrefermer la page d’une vie antérieure, celle d’avant lapiteuse chute, une façon de croire encore au «récitnational», à l’indépendance,à la grandeur.

Mardi31janvier,sefélicitantduchoixdel’Indepourl’avion de combat Rafale, Nicolas Sarkozy a fait cetaveu touchant: «Ça faisait trente ans qu’on attendaitce jour.» «Unsiècle, une éternité» , dirait JoeDassin p

AnnieThébaud-Mony

Directrice de recherche honoraireà l’Inserm

J’apprécieraisaussiunchangementdelapartdespaysoccidentaux.Ilsdevraientcesserdefaireladanseduventredevantuntuyaudegaz!

MikhaïlKhodorkovskiAncien président de Ioukos

Cetteexpressionaessentiellementpourobjetdedénigrerl’action,oul’inaction,

d’unadversaire. Criseéconomiqueetfinancière, institutions, immigration,

islamformentlegrosdesonchampd’application.L’énormitédesacirconférence

temporelleluiconfèreunepuissancedémiurgique

¶Mikhaïl Khodorkovski

a été condamné à 14ans de prisonet incarcéré dans une coloniepénitentiaire de Karélie. Il est

reconnu prisonnier de consciencepar Amnesty International

Juger lescrimesindustrielsAprèsMonsento,Michelin?

Electionsrusses :M.Poutinevagagner,mais ladémocratiepeuttriompher

LaFranceet lefétichismedes«trenteans»Lechiffrepharedespolitiquesencampagne

190123Mardi 28 février 2012

Page 20: journal le monde du 28-2-2012

LONGUEROBE fourreaunoireavecdes applicationsde satinpourdessiner les hanches et lataille, ou tailleur jupe ajusté auxjolies épaules rondes: la collec-tionBottegaVeneta s’applique àrendre les femmesbelles.

TomasMaier, le directeur artis-tiquede la griffe depuis onze ans,sait souligner, sans vulgarité, lescourbesd’un corps. «J’utilise deslainages très denses, des crêpesaux fibres serrées venues de Fran-ce, d’Italie ou du Japon. Les fem-mes se sentent protégées enmêmetempsque leur corps est exposé.Cela leur donneune vraie libertéd’allure», précise-t-il. Ce stylisteallemand, forméà la chambre syn-dicalede la couture à Paris, est l’ar-tisande la renaissanceBottegaVeneta. Il a su transformer lemaroquinieroublié deVicence,dans la régiondeVénétie, en grif-fe de luxeglobale, pourune fem-mehautementdistinguée.«Je neregardepas ce que font les autres,explique-t-il. Je reste fidèle à noscredo: qualité, design, savoir-faireartisanal.»Pour transmettre lestechniques les pluspointues enmaroquinerie,BottegaVeneta aouvert, en 2006, une école enVénétie.

«Combinaison idéale»TomasMaier a d’autresprojets.

Aprèsunedécenniepassée danscettemaison, sa flammeest intac-te. Le jeude chaisesmusicalesentre les stylistes, cette saison?Cen’est pas pour lui.«Il n’est pasfacile de trouver la combinaisonidéale entreun styliste et unemar-que,mais quand cela arrive, onnecassepas une équipe qui gagne: jesuis très bien chezBottegaVene-ta», assure le créateur.

TomasMaier, qui a vécuvingtansdans la capitale française ettravaillé sur les collectionsHer-mès, n’a qu’un seul regret: «Paris,lanourriture, la culture et les Fran-çaismemanquent.»p

V. L.

mode

S ousdes lustres ornés de guir-landes de fleurs et un aird’opéra, unenuéedemanne-

quins en corset et bloomer noirsbrodés d’or ont envahi le podiumde Dolce &Gabbana, en final dudéfilé, dimanche 26février. La col-lection –robe au motif d’angelotsjoufflus, manteau-cape noir auxbroderies de volutes dorées, tuni-ques façon tapisseriemoyenâgeu-se–marie laRenaissance italienneavec le XXIesiècle. Mais pas seule-ment.L’opulencebaroquerencon-tre aussi les rigueurs de la Sicile,l’île où est né Domenico Dolce, àtraversces robesenguipureoucesmédaillons et ex-voto accrochés àdes rubans de velours.

Les accessoires sont inventifs àsouhait, avec des souliers au talontorsadé comme un pied de chaisebaroque,deslunettesauxbranchesen arabesques dorées, des serre-têtes surmontés deperles, et ce sacpasplusgrosqu’unpaquetdeciga-rettes suspendu à une chaîne XXL.Le tandemDolce &Gabbana, qui aarrêtédeproduire sa seconde ligneD&G, sembleviser la couture.

Des femmes qui ont du chienA l’opposé de ce monde kitsch,

qui fédère de plus en plus d’ama-teurs, il y a les férusd’architecture.A commencer par Marni, avec cevestiaire tantôt loin du corps, tan-tôt l’épousant. Petitmanteau rou-geen jacquardde lurex,visontisséde façon à recréer un manteau àmotif«touchesdepiano»,ourobe«baby-doll» aux gros boutonsdorés sur un mini corsaire…Consuelo Castiglioni, la directrice

artistique, sait comme personneparler aux adolescentes qui secherchent. Ainsi cette écharpe defourrure bicolore munie de deuxpoches,pournepasperdresamon-naie et son portable. Ou ce ciréjaune moutarde insensé qui n’apasdemanches.

Des coupes au carré, de belles

matières et zéro logo: nous voilàchez Trussardi. «Cette collectionest classique, presque ennuyeuse àcause des 100ans de la maison,maiselle est jeuneàcausedemoi»,se félicite son directeur artistiqueUmit Benan Sahin. Et il a raison.Les teintes, du beige au grège, del’orangeaurouille,dukakià l’oliveferaient fuir n’importe quellefashionista. Pourtant, les femmesTrussardiontduchien, grâceàcet-te jupeen formedeponchoportéesur unpantalon court, ce costumetrois pièces en velours soyeux àrayures fines, ou ces bermudas decuir sur bottines lacées. Avec leursac à dos en cuir et leurs lunettesd’aviateur, elles voyagent enbaroudeusesde luxe.

La femmeMissoni, elle, se capa-raçonne dans un corset de latexsous une robe de tricot sansman-che, réchauffée d’un cache-cœuren laine et fourrure. La maisonfamiliale italienne étonne par sacapacité à se renouveler à partird’uneinventionplusquecinquan-tenaire avecunemaille graphiqueaumotif zig zag.Cethiver, les tein-tes de mousse, champignon etforêt sont traitées en camaïeu. Lesbottes, vernissées et incrustées demosaïquesdorées, devraient trou-ver un large public. La collectionSalvatore Ferragamo a commencépardes tenuesmilitaires–vestesetmanteaux kaki à boutons dorés–pourterminerenjupesmouvantessous des corsages transparentsrebrodés au fil d’or. Chaque pièceest belle. Tant et si bien que l’onregarde le vêtement plutôt que lafemmequi leporte.pV.L.

Aufildesdéfilés

DubaroqueaumilitaireLescréateurshésitententrecostumesdecouret tenuesépurées

Zoom

LafemmedistinguéedeBottegaVeneta

cBottega Veneta. G. BOUYS/AFP

Séquenceémotionpar Véronique Lorelle

Ovationné telle une pop star, le créateurRaf Simons est finalement venu saluer, l’es-pace d’un éclair. Son ultime défilé, samedi25février à Milan, pour la griffe Jil Sander–désormais confiée à… Jil Sander, la créatri-ce allemande partie il y a huit ans de sapropremaison – était de toute beauté.Manteau cocon en double cachemire cara-mel et rosé, robes de mailles si délicatesque l’on dirait de la lingerie ancienne etrobe bustier laquée de noir : la présenta-tion de la dernière collection dessinée parRaf Simons, épurée et féminine, s’estterminée en apothéose.C’est déjà du Dior, se dit-on, avec ces volu-mes basculés dans le dos, ces jupes corolleà la taille fine et ce décor de bouquets defleurs aux teintes douces.Comme si Raf Simons, que les rumeursdonnent depuis des mois comme«le» successeur de John Gallianodans la maison de couture parisienne,était déjà plongé dans les archivesde Christian Dior.p

cDolce&Gabbana. GIUSEPPE CACACE/AFP

cMarni. DR

c Jil Sander. GIUSEPPE ARESU/AP

Prêt-à-porterfemmesMILAN |AUTOMNE-HIVER 2012-2013

20 0123Mardi 28 février 2012

Page 21: journal le monde du 28-2-2012

sport

L e scénario était écrit à l’avan-ce,mais encore fallait-il pla-cer lesmotsdans le bon

ordrepour yparvenir. LesBleusn’ontpas failli : ils ont renduunecopiepropre, agréable à lire pageaprèspage, jusqu’aupoint final.

A vrai dire, j’ai unepenséepourles Ecossais qui se battent et per-dent tout autant.Onnepeut avoirque le béguinpour cette équipeau cœuraussi énormeque sesmoyens sont limités. Edimbourget ses châteaux respirent la nostal-gie, et son rugbynational suit lemêmecours des espoirs évanouis.Le jeuproposé est invariablementporté sur le rythme, à renfort decouragedans l’offensive,mais ilest immanquablementpuni parle pragmatismeadverse.Diman-che, dans unstadedeMurrayfieldplein commeunœuf, ils sont par-tis comme toujours sabre au clairpourmieux se faire piétiner. LesEcossaism’ont fait penser àunecavaleriedehussards à l’assaut deblindés. Ils ne sont jamais ridicu-les, jamais largués, toujours admi-rables, fiers descendantsde «Bra-veheart»,WilliamWallace, et deses frères de lutte,mais les armessontdemétauxdifférents. Lapro-fondeurdubanc leur a fait trèsmal en secondepériode, car là oùnouspouvons faire rentrerdesofficiers aguerris – Bonnaire,Nal-let – àmesurequ’on s’approchedu«money time», ils n’ont quedebons soldats àmettre en oppo-sition. En somme, ils sontméri-tants, entreprenantset forts d’unetechnique individuelle au-dessusde lamoyenne; au lieudequoi, ilsvont se battredésormaispour évi-ter la cuiller de bois…

En tout état de cause, ça prometunmatchde feu entre Edimbourget Toulouse, enquarts de finale delaHCup, le 7avril prochain sur lamêmepelouse…

Oncraignait d’être endetted’oxygèneet ce sont finalementnosadversairesquiont fini le souf-fle court. LeXVde Francea su fai-re preuvedematurité, de patien-ce, ne cédant jamais à l’affole-ment, avant de renverser le scoreendeux coupsde cuillères à pot.Jamais je ne les ai sentis enpani-que,même lorsqu’ils n’ontprati-quementpas touché le ballon aucoursdesdixpremièresminutes.Les Français se sont appuyés surunemêlée solide, et, globalement,surunedisciplinede ferprochede

laperfection, car concéder seule-ment cinqpénalités endéfendantbeaucoupplus que l’adversairetémoigned’une rigueur admira-ble. L’unedes clés de la victoire dedimanche tient dans ce registre.

Il y avait pourtantundoute, liéaumanquede compétitionencommunaprès trois semaines.Mais les joueursont sumettre cequ’il fallait pourpasser l’écueil.Personnellement, j’ai adoré «Titi»(ThierryDusautoir). Presqu’à luitout seul, notre capitaineFracasseles a écœurésdans les rucks. J’aiégalementapprécié la prestationdeYoannMaestri, très présent endéfense, la rentréedeVincentDebaty, et la dynamite du jeuneWesleyFofana – sonessai, ledeuxièmeendeuxmatches,n’était pas inscrit d’avance.

Maintenant, les Bleusvont–enfin – se frotter à l’Irlande,dimancheprochain auStadedeFrance. L’oppositionde style seradifférente; les Irlandais sontmoinsportés par le jeu et le com-bat seraprobablementplus équili-bré. Pour autant, on sentnosjoueurs capablesd’enchaîner lesperformances. Ils s’inscriventdansunedynamiquepositive,possèdent l’essentiel, à quoi ilsviennentd’ajouterun surcroît deconfianceen s’imposant à l’exté-rieur. Les joursvenant, ils vontrégler les petites fautes de timing,gommer les approximations, amé-liorer le liant de l’animationoffen-sive, d’autantqu’onapuassister àquelquesbonsmouvements, etdeux jolis essais inscrits par lalignearrière, comme face à l’Italie.Aucun joueurn’étantpassé au tra-vers enEcosse, je verrais bien lesvingt-trois sélectionnésaller auboutduTournoi, sauf blessure. Etpour lemeilleur, tant qu’à faire.p

Ancien sélectionneur du XVde France,vice-champion du monde en Nouvelle-Zélande, Marc Lièvremont vient depublier «Cadrages &débordements »,(Ed. de La Martinière)

Football

MontpellierreprendlatêtedelaL1En s’imposant face àBordeaux (1-0), samedi 25février, grâce àunbut deJohnUtaka (81e),Montpellier s’est hissé en tête duchampionnatde Fran-ce, lors de la 25e journée. Les joueursde RenéGirard comptent désor-maisunpointd’avance sur le Paris SGqui, au termed’unmatch à rebon-dissements, a décroché lematchnul à Lyon (4-4).Dimanche, lors duder-niermatch, Lille a consolidé sa 3eplace, en signantunmatchnul à Ren-nes. Enqueuede classement, Sochaux s’est incliné à Toulouse (2-0).

TennisJuanMartinDel Potro remporte l’Open 13L’Argentin JuanMartinDel Potro a facilement remporté (6-4, 6-4) leduel de serveursqui l’opposait àMichaël Llodra, dimanche 26février,en finale du tournoideMarseille. Ce dixième titre pourDel Potro estaussi sonpremier en salle depuis le début de sa carrière.

Ski alpinBlardone devanceHirscher àCrans-MontanaL’ItalienMassimilianoBlardone s’est imposé, dimanche 26février, dansle slalomgéantdeCrans-Montana (Suisse) devant lesAutrichiensMar-celHirscher, leader du classementgénéral, etHannesReichelt. Le Fran-çais Jean-BaptisteGrange s’est classé 4e, sonmeilleur résultat de l’hiver.La veille, AdrienThéaux s’était adjugé la 2eplace dans le super-G.

La25ejournée du championnat de France

Cadrage | chroniqueparMarc Lièvremont

Cœurvaillantaupaysdeschâteaux

Résultats

Nice - CaenAjaccio - Dijon 2 - 1Montpellier - Bordeaux 1 - 0Valenciennes - Lorient 2 - 0Evian/Thonon -Nancy 2 - 0Auxerre - Saint-Etienne 0 - 0Lyon - Paris SG 4 - 4Brest -Marseille 1 - 0Toulouse - Sochaux 2 - 0Rennes - Lille 1 - 1

Classement1.Montpellier :53; 2.PSG : 52;3. Lille : 46;4.Saint-Etienne: 43;5. Lyon :40;6.Rennes : 40; 7.Toulouse :40;8.Marseille : 39;9.Bor-deaux: 36; 10.Valenciennes : 30;11.Brest : 29; 12. Evian/Thonon :27; 13.Caen : 27; 14. Lorient : 27 ;15.Dijon : 26; 16.Ajaccio: 26 ;17.Nice : 23; 18.Nancy : 23 ;19.Auxerre : 22;20.Sochaux : 20.

Hockey sur gazon

A bsentedes Jeuxolympiquesdepuis1972,l’équipedeFran-ce masculine de hockey sur

gazon a une nouvelle fois laisséfilersachance,dimanche26févrieràNewDehli (Inde), lors de l’ultimetournoi de qualification (TQO).Devant son public, l’Inde, huit foischampionneolympique, a arrachéle dernier billet en infligeant unesévèredéfaite (8-1) auxBleus.

«Une année olympique, celanous met la pression, admet Ber-trand Raynaud, directeur techni-quenational de la fédération fran-çaise (FFH). L’Etatmet des outils etdescadresàdisposition,mais lefos-sé est difficile à combler avec letop12 mondial. Cependant, nousgagnons enmaturité.»

Ce nouvel échec pourrait-ilremettreen cause le versementdela subvention dont bénéficie cesport? «Cela n’entre pas en lignede compte, répondBernardAmsa-lem,chefdemissionpour les JOdeLondres2012.Lecomitéolympiquefrançais [CNOSF] laisse les fédéra-tions s’administrer. C’est mainte-nant à la FFH de s’interroger…D’autres petits sports se distin-guent régulièrement, comme le tir,qui sera présent à Londres dans14épreuvessur15possibles.Leprési-dent de la FFH, Yves Renaud, dirigeun sport qui est essentiellementamateur.»

La FFH cherche un nouveausouffleaprèsavoirchangédedirec-teur technique (DTN) et d’entraî-

neur national en début de saison.«L’instabilité de la FFH ces derniè-res années ne plaide pas en safaveur,peut-onentendreà l’Insep,en montrant le nouveau terrainsynthétiquepayépar leministère.Alors, si la crise amène des coupesbudgétaires…»

PourJean-LucRougé,vice-prési-dent du CNOSF chargé du hautniveau,«l’essentiel est de respecterles conventions d’objectifs, fixéesavec les 17 experts de la cellule per-

formance». Chargé par leministè-re de la coordination des politi-quessportives,ClaudeFauquetestchargé de superviser ces experts.« J’ai vu le hockey à l’Insep, lorsd’une expérience commando avecun coach australien, assure l’an-cien DTN de la natation. Il y a destalents,mais cela n’a pas fonction-né. Ce sont les clubs qui créent labaseduhaut niveau!»

Lehockeyfrançaispossèdequel-ques clubs solides, principale-

ment dans les régions Ile-de-Fran-ce,Rhône-AlpesetNord.En2011, lebudget de la FFH s’élevait à2639578 euros, avec une subven-tionduministèrede917790euros.Une aide importante, comparéeaux 4millions d’euros alloués àl’athlétismeou à la natation, deuxsports qui comptent près de vingtfois plus de licenciés…

Lille, ville phareEn 1936, l’équipe de France de

hockey avait terminé à la 4eplacedes JO. Félix Grimonprez, célèbrejoueur lillois, a donné son nom austade de la ville en 1955. Aujour-d’hui, le stade Grimonprez a étérasé, mais le Nord reste au hockeyce que le Sud-Ouest est au rugby:en 2011 un tiers des 16544 licencesde la FFH venait du Nord! QuatreNordistes ont participé au tournoide New Dehli, dont le gardien duLilleHC,MatthiasDierckens.

Propriétaire de ses infrastructu-res, le club centenairedeLille tentede concilier une pratique familialeamateur, de tradition aisée, avec lemondesemi-professionnel. La FFHveut-elle s’en inspirer? FrédéricSoyez (196 sélections), entraîneurde Lille, a été appelé au chevet del’équipe de France il y a troismois.Le président du LHC, Jean-MichelDutrieux, a vraiment cru que laFrancedécrocheraitenfinsonbilletolympique: «Parmi les trente Lil-lois ayant participé aux JO, quatreétaientàMunichen1972.Alors,qua-ranteansaprès, onespérait…»p

GeoffroyDeffrennes

LesEcossaism’ontfaitpenseràunecavaleriedehussardsàl’assautdeblindés. Ilsnesont

jamais largués,toujoursadmirables

Tournoides six nations

Ecosse-France, 17-23

EdimbourgEnvoyé spécial

E ncestempsélectorauxrichesenpromesses,sansdouteest-il permis d’accorder une cer-

taine foi en la victoire de l’équipede France sur l’Ecosse (23-17),dimanche 26février au stade deMurrayfield. A commencer par lesespoirsdonnésparlesjoueursécos-sais,décidémentcantonnésaurôleingrat de perdants magnifiques,maisquipeuventprétendredélais-ser celui-ci au vu de leur engage-ment, de leur rythme et de leurcapacité retrouvée à inscrire desessais. C’est parce qu’ils ont trouvéles ressourcespourenvenir à boutque les Bleus ont, eux aussi, offertde belles promesses, incarnéesnotamment par un nouveauvenu:WesleyFofana.

Deux sélections, deux essais (lepremiercontrel’Italie)…etdeuxvic-toires dans le Tournoi des sixnations. Dans l’enceinte enfiévréede Murrayfield, le jeune centre de24 ans a été décisif, permettant àl’équipe de France de revenir dansunmatch jusque-là dominé par lafuriaécossaise.

26e minute : menés 10-0, lesBleus commencent à mettre lamain sur le ballon. Philippe Saint-André, le nouvel entraîneur del’équipe de France, décrypte l’ac-tion: «C’est la première fois qu’onréussit à bien réaliser ce qu’on vou-laitfaire:deuxoutroistempsdejeuauprès,puisécarter.EtFofanamar-queun très bel essai.»

«On savait qu’ilsmontaient trèsvite, raconte l’intéressé. Je vois quel’EcossaisvacroquerVincent[Clerc],alors je crie pour l’appeler et il mefait lapassesurunpas.Après, jen’aiplus que 15mètres à faire…» Etquandmêmetroisdéfenseursàévi-ter:pasexactementcequ’onappel-leunessai«toutfait».Lejoueurfor-mé au Paris Université Club (PUC)possède des appuis et une coursetranchantehorsducommun.

Une bonne heure après le coup

de sifflet final, c’est un hommeréservé mais plutôt à son aise quivient,aussi élégantdanssoncostu-mequesur leterrain,répondreauxquestionsdes journalistesavantderejoindre le banquet d’après-match et son incontournable hag-gis, cette panse de brebis farcie quiest le plat traditionnelécossais. Passûr qu’il l’apprécie autant que lemafécuisinépar sonpère,Mousta-pha,originairedeBamako…

Wesley, lui, estnéàParis, dans le14earrondissement, et y a grandi,tâtantdufootetdubasketavantdese mettre au rugby. En 2008, à20ans,ilrejointleclubdeClermont-Ferrand. Mais il faudra deux anspour que le «diamant brut», selonlesmots dumanageur de l’AMSCAMarc Lhermet, un brin dilettante,s’imposeunevraie«éthiquede tra-vail».

Résultat: pendant que les Bleusde Marc Lièvremont échouaient àun souffle de la victoire lors de laCoupe du monde en Nouvelle-Zélande, le Parisien se révélait enTop 14 au centre de l’attaque cler-montoise. Au point de s’imposerd’emblée à l’esprit du nouvel

entraîneurde l’équipedeFrance.Mais si son intégration a été

grandement facilitée par ses deuxcomplices des lignes arrière cler-montoises, Aurélien Rougerie etJulienMalzieu,Wesley Fofana gar-de la tête froide: «J’ai encore ratécertaineschoses,desplacageslarge-ment àma portée. Je veux les amé-liorer si j’ai la chance de rester dansle groupe.»

Ce qui l’a surpris en équipe deFrance? «L’intensité.» «C’est autrechose ! Physiquement, il faut êtreprêt.»Même s’il concède avoir étéparfoisunpeu«dans le rouge», il atenusansproblèmel’intégralitédumatch. Justement, lors de la confé-rence de presse qui a suivi la ren-contre,PhilippeSaint-Andréainsis-tésur le rythmedeplusenpluséle-vé des rencontres internationales:«La condition physique va devenirprimordialedanslesannéesàvenir.

Je suis inquiet parce que les joueursnepeuventpasjouer40matchesdecette intensitédans l’année.»

Pour l’équipe de France, il restemaintenant«troiscolshorscatégo-rieàgravird’affilée», selonl’expres-sion du sélectionneur, à commen-cerpar lematch reporté contre l’Ir-lande, dimanche 4mars, au Stadede France. Avec le même groupe?LemanageurdesBleusleconfirme-ramardi28février,maissadéclara-tion d’après-match laisse peu deplace au suspense : «Revenir de10-0dansunstadeplein, sanspani-quer, ça veut vraiment dire qu’il y ade lamoelle dans ce groupe et qu’ilest solidaire.»

Une ombre au tableau, cepen-dant: Maxime Médard, auteur dusecond essai français, s’est blesséen fin de match. Dimanche soir,PhilippeSaint-Andréconfiait:«Onattendlesexamens,maisilvacertai-nement falloir le remplacer.»

Après l’Irlande, resteront deux«cols» à franchir: l’Angleterreet lePays de Galles. Un crescendo idéalpour tenter de concrétiser les pro-messes faitesàMurrayfield.p

PhilippePérin

WesleyFofana, lafougueduXVtricoloreDéterminant faceà l’Ecosse, le jeuneClermontoispermetà laFrancedeviser legrandchelem

Devant son public, l’Inde a dominé la France (8-1). INDRANIL MUKHERJEE/AFP

Unefoisencore, leshockeyeursfrançaisraterontlesJOEcraséspar l’Inde lorsdutournoiqualificatif, lesBleusn’ontplusparticipéauxJeuxdepuis 1972

«Ilyadelamoelledanscegroupe»PhilippeSaint-André

sélectionneur

Wesley Fofana a fêté sa deuxième sélection par unnouvel essai, le 26 février, àMurrayfield. DAVID MOIR/REUTERS

210123Mardi 28 février 2012

Page 22: journal le monde du 28-2-2012

I l était une fois une salle des fêtes d’unquartier tranquille deMérignac, à dixminutes au nord-ouest de Bordeaux,

qui se transforma, en 1990, en «volcan»des musiques actuelles : le Krakatoa, dunomd’un cratère indonésiendont l’érup-tion,en1883, aurait fait lebruit leplusfortjamais entendu sur terre.

En apparence, pourtant, la salle deconcerts, 1200places, ne fait pas de bruit,coincée entre la poste, un groupe scolaireet la voie de chemin de fer. Elle est tou-jours administrativement une salle desfêtes, entre les soirées concerts deMogwaï,BenHarper,Muse, IziaouCharlieWinston.

A sa tête, tout denoir vêtu, fines roufla-quettes grisonnantes, virgule de barbi-chette et caractère entier : Didier Estèbe,trente ans d’immersion dans les musi-ques actuelles, dont vingt-deuxauKraka-toa. Au début des années 1990, ce joueurd’harmonica crée le lieu, en se disant quecela participerait à réveiller et accompa-gner les groupes de rock, souvent pro-grammésdans des conditions scabreusesou «plantés pour des raisons autres qu’ar-tistiques». A cette époque, à Bordeaux, lesgroupes répétaient dans les caves. Leschansons de Noir Désir se répandaientcomme une traînée de poudre, et c’estDidier Estèbe, manager du groupe pen-dantdix ans, qui entretenait lamèche!

Depuis 1982, cet «aficionado des NoirsDés» – lui et Bertrand Cantat s’étaientconnus dans la cour d’un lycée de Bor-deaux – s’occupait du groupe : des

concerts bricolés dans lessalles des fêtes au collaged’affiches,à latechniqueetjusqu’aux tournées inter-nationales. « Tous cesmétiers et toutes ces expé-riences m’ont permis devoir le bordel que c’étaitpour un groupe qui débutesans moyens, ce qu’il man-quait pour une salle, pourune tournée.»

C’est à l’occasion d’une répétition deNoirDésir, fin 1989, dans la salle des fêtesdeMérignac-Arlac,que sonmanagerdéci-de d’y poser ses valises. Le maire, MichelSainte-Marie, accepte sans problème.«Sans la ville, on ne serait pas là», recon-naît Didier Estèbe, surnommé un temps«leCheGuevaradesmusiquesactuelles»,pour ses utopies, ses valeurs humaines,mais aussi son tempérament sanguin.Deuxansplustard, ilquitteNoirDésir,« lamortdans l’âme». Ilvafairepartiedecettegénération de militants bâtisseurs desmusiques amplifiées à Bordeaux, avecEric Roux, de la Rock School Barbey,Patrick Duval, de Musique de nuit Diffu-sion, aujourd’hui au Rocher Palmer, etPatrice Dugornay, de Rock &Chanson.Tous se retrouvent dans le Réseau aqui-tain des musiques amplifiées (RAMA),dont Didier Estèbe est l’un des membresfondateursavec les trois autres, chargédestructurer cette filière.

D’abord salle de diffusion – une pro-grammation éclectique actuelle de qua-rante-cinqconcerts enmoyenne –, le Kra-katoa va ajouter petit à petit des cordes àsa guitare. Il impose une première partiedans chaque concert. Les prix d’entrée nedoiventpasdépasser25eurosetonrefusetoutgroupeauxpropossexistesouhomo-phobes.Sondirecteur,undesraresàavoirété«desdeuxcôtésde labarrière»,propo-se rapidement des répétitions, une pépi-nière pour la scène locale, des résidences,un centre de ressources d’informationspour consulter gratuitement revues, gui-des et ouvrages de référence. Dans cet

esprit,d’abordsousformatpapier,aujour-d’huisur tablettenumériqueet cléUSB, le«Krakat» propose gratuitement une sor-tede couteau suisse des informations surlestatutdel’artiste, lescontratsduspecta-cle, ledéveloppementd’unprojetouenco-re la gestion d’une association. Près decinq cents unités ont déjà été distribuées.La structuregirondineest devenue la têted’un réseau de dix régions, sept de plusattendues cette année.

Une fois par mois, boule à facettes,sirop de grenadine et bonbons accompa-gnent les «Krakaboums», où desmômesentre 4 et 10 ans se déhanchent les same-dis après-midi sur du Clash ou les TingTings. Des goûters-concerts sont aussiorganisés avec des groupes. Et si le jeunene vient pas auKrakatoa, le Krakatoa va àlui,de lamaternelleau lycée,danslecadred’ateliers, de rencontres, de visites. Jus-qu’aux plusmalades d’entre eux: depuisquatre ans, desminiconcerts sont organi-sés à l’hôpital des enfants ou dansd’autres services duCHU tout proche.

A 50 ans, le «volcan Estèbe» est tou-joursactif.«Lesbriscardscommeluineres-tent pas enfermés dans leurs certitudes,assure Florent Teulé, directeur du RAMA.Ilscontinuentàs’interrogersur leursprati-ques, sur l’évolution du secteur, et fontavancerdesprojets qui les dépassent. C’estbien.»p

ClaudiaCourtois(Bordeaux, correspondante)

Prochain article Guy Pezet, fondateurdu Festival de cinéma Rencontresà la campagne, à Rieupeyroux (Aveyron)

culture

JohannChristianBach(1735-1782)«AMusic Party». Quintet-tes op.11nos1, 2 et3. Quin-tettes op.22nos1 et2. Sex-tuor en domajeur.Héloïse Gaillard (hautbois), EnsembleAmarillis.Ledernierdes onze fils deBachsortirait-il enfinde l’ombreportéede l’écra-santgéniepaternel?C’est ceque l’épo-que sem-blenousfaireaccroi-re après larésurrectionde sonAmadis deGaule en janvier à l’Opéra-Comi-que. Resteque cetteMusic Partyestunebénédiction tant ypri-mentverve galante et allant raffi-né. Si les premiersquintettesop.11 (pour flûte, hautbois, violon,alto et basse continue) restentdans l’esprit dudivertissement,ceuxde l’op.22 (le violoncelle enplus) s’amusentd’un jeudecontrastes entre expressivitéconcertée et joutes concertantes.Quant au sextuorpourhautbois,violon, violoncelle, deux cors etclavecinobligé, quimet envaleurla luminosité duhautbois d’Héloï-seGaillard, il révèle surtout le bon-heur conjugué (quasi conjugal)desAmarillis.Undisquepourpas-ser au chaud la fin de l’hi-ver. pMarie-AudeRoux1CD Agogique

MichaelRiesslerBigCircleDans laprésentationqui accompa-gne Big Cir-cle,duclari-nettiste etsaxopho-nisteMichaelRiessler, lenomdeFrank Zappa (1940-1993) est citéà plusieurs reprises commeunepossible référence. Zappa en com-positeur de pièces orchestralessophistiquées, auxmétriquescontrariées,mêlant jazz et élé-ments demusique contemporai-ne, et non celui qui empruntaitaux codes du rock, de la pop oudu funk. Pour autant Riessler pro-pose avec Big Circleun travail ori-ginal, superbement écrit pourque chacun des neufmusiciensconviés participe à une créationcollective. Parmi eux, Pierre Cha-rial, maître de l’orgue de Barba-rie et des cartons perforés, l’undes plus subtils batteurs et per-cussionnistes du jazz afro-cubain, RobbyAmeen, la saxo-phoniste Stefanie Lottermoserou le tromboniste Peter Palmer.Difficile de préférer l’une des dixcompositions à une autre, un thè-me annonçant le suivant.

Un ensemble audacieux et imagi-natif.pSylvainSiclier1CD Intuition/Challenge Records.

OtisTaylorContrabandParmi lesmusiciens identifiés aublues, le guitariste et banjoïsteOtis Taylor, 63ans, est probable-ment celui qui explore le plus decourantsmusicaux, n’hésitantpas à sortir du sempiternelrecours à l’exposédu thèmeendouzemesures avec cycles de par-ties solistes sans surprises.Contra-band, son nouvel album (depuisl’an 2000, il enpublieunpar an)le prouve ànouveau.Démarragedansune ambiance soul-gospelpourTheDevil’sGonna Lie, viréeenballade jazz-folkpourBlindPia-no Teacher, passagepar la countryavec banjovirevoltant dans LayonMyDeltaBedouYellowCar, Yel-

low Dog,urgencerockdansle final ICan SeeYou’reLying. OtisTaylorn’en

fait pas unedémonstration stylis-tique,mais trouvepour chaquethème la couleur sonore juste etl’arrangement idéal.Onentend ici un cornet (RonMiles), un violon (AnneHarris),des vrombissementsd’orgue, despercussionsafricaines…et aucœurde chaque chanson, la voixchaude,prenante par son expres-sivité, d’Otis Taylor.p S.Si1CD Telarc/Socadisc.

RingoStarrRingo2012Contrairement à ses ancienscamarades des Beatles, le bat-teur et chanteur Ringo Starr,72ans, n’a pas cherché dans sacarrière phonographique solo àaller vers l’expérimentation.D’album en album, une vingtai-ne depuis 1970, dont plusieursenregistrés en public, il proposedes recueils de chansons sim-ples, bien construites, révélant,dans la plupart d’entre elles, unesprit joyeux. En neuf composi-tions, dont deux reprises, Ringo2012ne joue donc pas la surprise.D’une durée de moins de trenteminutes, à l’ancienne, avec ryth-mique carrée, accroches rock etpop, Ringo2012 revient à Liver-pool, évoque les «quatre gar-çons dans le vent», les espéran-ces peace and love... Les guitaris-tes Joe Walsh (Eagles) et DaveStewart (Eurythmics), DonWas(producteur des Rolling Stoneset de Bob Dylan entre autres) àla basse, Van Dyke Parks (colla-boration avec Brian Wilson etles Beach Boys) et Edgar Winteraux claviers, sont de la partie,en copains de ce propos savou-reusement intemporel.p S.Si.1CD Hip-O Records/Universal Music.

Faiseursdeculture | Présidentielle : laparoleàceuxqui fontbouger les régions

DidierEstèbe, àMérignac

Qu’attendez-

vous d’une

politique cultu-

relle?

«Qu’elle soità l’écoute,volontaire etengagée,soutiennela création enconcertationavec lesacteurs cultu-rels, les artis-tes et lespublics,qu’elle tiennecompte de ladiversité etrespecte tou-tes les esthéti-ques, et per-mette aupublic d’enêtre acteurs,pas simplesconsomma-teurs»

du lundi au vendredià 21h25

franceinfo.fr

“A LA UNE DU MONDE”Sur France Info

avec

SélectionCD

Arts de la rue

NiceEnvoyé spécial

P renezRenéTramoni. Il estundesacteursessentielsducar-naval de Nice, où chacun est

plus ou moins comédien. Depuis1988, Tramoni partage avec Fran-cisMagnanou l’honneurd’animerles corsos fleuris et illuminés ducarnaval de Nice. Cent cinquanteminutes de tchatche, micro enmain, un salut adressé à la fouledans sept langues connues, et lecommentaire«endirect live».Tra-monidémarresur leparcours, lan-ce des «olas» de catégorie, faitoublierlecôtéhivernaldel’aventu-re(lanuit,9˚C,«ressenti»: frisque-ton), et s’installe, fiches en main,au sommetdes échafaudages.

Tramoni le Magnifique a unlourd passé : cabarets, galas,congrès, Club Med, formule1, unan au TNP de Jean Vilar, en1962-1963, on l’a bombardé «res-ponsabledes loisirs de la6eRégionmilitaire». Laquelle s’en souvientencore. Tramoni figure aussi auGuinness Book en tant que«parleur le plus rapide du mon-de», 668mots (compréhensibles)à laminute.

Des chiffres.Une fréquentationau sommet. Quatre-vingt millefleurs offertes au peuple de Nice:œilletsdeNice,mufliers, gerberas,cinqtonnesdemimosas lancées lesamedi 25février. Il serait vain depinailler sur le don bien comprisou la transgression contrôlée. Lajoie demeure.

Carnaval 2012 se voue au sport,sa Reine, ses chars, ses corsos fleu-ris ou illuminés, ses charivaris, ilest fait «Roi du sport ». Invitésd’honneur, lesAnglaissontdepro-menade. Le carnaval de Nice resteune grande fête populaire jouée

par les Niçois, amis et voisins. Ondénombretroismanièresd’yparti-ciper: nepas y aller ; y aller et s’en-chanter; une fois sur unmillion, yaller et bouder sonplaisir.

Le corso, l’image la plus connuedu carnaval de Nice, décline envingt chars le sport en tous sesétats. Figures géantes, animations,machineries, astuces, tout prête àcommentaire.Lafoule,entribunesou sur le parcours, s’amuse, rigole,lance des confettis, s’inonde de cetruc bizarre qui gicle des bombesde «Fun String» et colle aux che-veux.Chauvequipeut.Desnourris-

sons aux anciens, des chômeursauxpuissants,desnatifsauxétran-gers, tout le monde est là. Lesenfants servent d’alibi. On y vapoureux. Carnaval «Roi dusport»ne tait rien: ni le pognon roi, ni lesélections, ni les cyclistes à serin-gue,ni leshandicapés.

Boogie-woogies, valsesDans les travées, infatigables,

les 60membresde la BAT, brigadeanimation tribunes, font le show.Le niveau sonore (bande créée parMagnini et Chevalier) reste trèsconvenable, ne changez rien, les

gars. Deux mille personnes tra-vaillent aupiquagedes fleurs, auxchars, aux installations: belle usi-ne, belle usine qui bosse sans seprendre au sérieux.

Le carnaval deNice se transmetà travers les ateliers scolaireset les«carnavaliers», artisans, fleuris-tes, circassiens, arts de la rue. Sivous faites la gueule, prenez laGrande Roue. Les images vousferont l’effet d’une planète desfous très sages, et les sons, d’unconcert de John Cage. Si vraimentvous ne vous déridez pas, partici-pezaubaindudimanche«pour lesenfantsmalades», à 11heures: eauà 14,5˚C, ressenti : aglagla, propa-gande locale : «C’est bien mieuxqu’ailleurs en plein été.»

Etalors,vraiment,encasdeneu-rasthénie avancée, promenez-vous au cœur nucléaire du carna-val, son «Jardin ludique»: ici, desartistes désopilants, des anima-tionsaussi génialesquemodestes,plus un manège, « Le Bestiairealpinenboisflottéàénergieparen-tale» (no comment), installé par leThéâtre de la Toupine. SuperbesanimauxdesAlpesenboisrécupé-ré sur les plages.

Deuxparents, surunebalancel-le, commandent divers rouagesqui font tourner le manège desenfants.Unpianistealigneboogie-woogies, valseset autres rigodons.Et si c’était ça, la vie? Qu’on nousl’avait pas dit… Au fond du jardin,Monsieur Dezordo, cinq généra-tions de forains, cuisine sa «soc-ca». Galette de pois chiches avechuile d’olive, croustillante à sou-hait. Au troisièmeverre de rosé deProvence, température extérieu-re: 16˚C, ressenti : 37,5˚C.p

FrancisMarmande

Jardin ludique, bataille de fleurs, corsoilluminé (3mars) ; incinération du Roi,feu d’artifice (4mars).

LeschansonsdeNoirDésirserépandaientcommeunetraînéedepoudre,etc’est lui,managerdugroupependantdixans,quientretenait lamèche!

Vingt chars ont défilé dans la ville, samedi 25février. ONLY FRANCE/AFP

Uncarnavalsouslesoleil,exactementANice, figurines,machinerieset confettispourunefêteoùmusiqueetscènesemélangent

22 0123Mardi 28 février 2012

Page 23: journal le monde du 28-2-2012

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AU CARNET DU «MONDE»

Naissances

Wambrechies.

Delphine DELOFFRE,Pierre DUTOUR

et Louise,sont heureux d’annoncer le naissance de

Arthur,le 18 janvier 2012, à Lille.

Cécile et Eric BASSIont la joie d’annoncer la naissance de

Augustin,le 23 février 2012, à Paris,à l’hôpital Necker.

Décès

Neuilly-sur-Seine.

Michel Castera,son époux,Florence et Denis Carot,Jean-Christophe et Valérie Castera,Bertrand et Catherine Castera,

ses enfants et leurs conjoints,David, Arthur et Octave,César, Oriane, Ferdinand et Henri,Claire et Manon,

ses petits-enfants,Nicole Signoret,

sa sœur,

ont la tristesse de faire part du décès de

Chantal CASTERA,survenu au Fraysse, à Saïx (Tarn),le 24 février 2012,dans sa quatre-vingt-deuxième année.

La cérémonie religieuse sera célébréele mardi 28 février, à 16 heures, en l’églisede Saïx.

Gérard CHAMPLONG,

nous a quittés le 22 février 2012.

Une cérémonie religieuse a été célébréece lundi 27 février, à 14 h 30, en l’églised’Hermillon.

Anne, Marie, Jeanne, Antoineet Gabriel,ses enfants,

ont la tristesse de faire part du décès de

Bernard CHARDIN,

survenu le 23 février 2012, à Bénodet.

Il rejoint à Treilles (Aude) notre mère,

Agnès CHARDIN,

décédée le 1eroctobre 2011.

La cérémonie religieuse a été célébréece lundi 27 février, à 9 h 30, en l’églisede Treilles.

Mme Brigitte Loir Chatel,ses enfants et petits-enfants,M. et Mme Stéphane Dutheil

de la Rochère,leurs enfants et petits-enfants,Mme Bertrand Chatel de Brancion,

ses enfants et petits-enfants,Marie-Magdeleine Lessana,

ses enfants et sa petite-fille,Elisabeth et François Labroille,

leurs enfants et petits-enfants,Mme Patrick Manaud,

ses enfants et petits-enfants,Paul et Catherine de Brancion

et leurs enfants,

font part du décès, survenu le 22 février2012, à Hyères, dans le Var, de

Jacques CHATEL,comte de RAGUET de BRANCION,

officier de la Légion d’honneur,capitaine de Corvette (H),

président honoraire du Groupe EPC,

leur père, grand-père et arrière-grand-père,dans sa cent-deuxième année.

Les obsèques seront cé lébréesen l’église Saint-Pierre de Neuf-Marché,le mercredi 29 février, à 11 heures, suiviesde l’inhumation au cimetière de Neuf-Marché (Seine-Maritime).

Il y a un mois disparaissait

Franz Albert DAMAMME.

Que ceux qui l’ont aimé gardent de luile souvenir d’un homme chaleureuxmalgré ses tourments intérieurs.

[email protected]

Mme Pierre Dethomas,née Anne-Marie Poirot-Delpech,son épouse,M. et MmeMichel Legueltel,M. et Mme Jean-Paul Dethomas,M. et Mme Bruno Dethomas,

ses enfants,Ses petits-enfants,

leurs conjointsEt ses arrière-petits-enfants,

ont la tristesse de faire part du décès de

Pierre DETHOMAS,survenu le 22 février 2012,dans sa quatre-vingt-dix-septième année.

La cérémonie religieuse a eu lieuce lundi 27 février, à 10 h 30, en l’églisede Saint-Germain-des-Prés, à Paris.

Nous avons la tristesse de faire partdu décès du

docteur Raymond DUGUY,officier de la Légion d’honneurau titre de l’environnement,

conservateur du muséum d’histoirenaturelle de La Rochelle (1961-1992),

directeur-fondateurdu Centre national d’étude

des mammifères marins (1972-1992),président d’honneur

de la Société de sciences naturellesde Charente-Maritime,

survenu le 22 février 2012,dans sa quatre-vingt-cinquième année.5, rue de Norvège,17000 La Rochelle.

Anaelle Soler-Galli,son épouse,Sophie-Véronique Galli-Lohéac,

sa fille,Chloé et Thibault Galli,Anaïs et Raphaël Lohéac,

ses petits-enfants,ont la tristesse d’annoncer le décès de

Pietro GALLI,chevalier

dans l’ordre des Arts et des Lettres,ancien chef de chant

du ballet de l’Opéra de Paris,survenu en Gironde, à l’âge de quatre-vingt-deux ans, endormi dans la paix de samusique.Une messe du souvenir sera célébrée

le samedi 3 mars 2012, à 11 heures,en la chapelle Sainte-Rita, 65, boulevardde Clichy, Paris 9e.

François Garapon,Monique et Jean-Louis L’Hirondel,Jean et Marie-Christine Garapon,Thérèse et Michel Brian,Antoine et Claire Garapon,Paul et Natalie Garapon,

ses enfants,Ses petits-enfants,Ses arrière-petits-enfantsEt toute la famille,

ont la tristesse de faire part du décès deMme Robert GARAPON,née Gabrielle DESPRAIRIES,

rappelée à Dieu le 24 février 2012,à Sceaux (Hauts-de-Seine),dans sa quatre-vingt-treizième année,munie des Sacrements de l’Église.La cérémonie religieuse sera célébrée

le mercredi 29 février, à 14 h 30, en l’égliseSaint-Jean-Baptiste, 1, rue du DocteurBerger, à Sceaux, suivie de l’inhumationau cimetière de Sceaux, dans le caveaude famille.Famille Garapon,1, rue des Imbergères,92330 Sceaux.

Zoé et Roméo,ses enfantset leur père Nicolas Testas,Jacques Gérard-Hirne,

son père,Christine, Sylvie et Benoit,Sophie et Xavier, Pierre et Justine,François et Martine,

ses frères et sœurs et leurs conjoints,Sarah, Roxane, Simon, Cécilia,

Martin, Valentine, Aurélien, Marie,Alexis et Salomé,ses neveux et nièces,Françoise Moulin-TestasAinsi que tous ses amis,

ont l’immense douleur de faire partdu décès de

Claire GÉRARD-HIRNE,survenu le 19 février 2012.Elle avait quarante-huit ans.Les funérailles auront lieu le vendredi

24 février, à 14 h 30, au cimetière anciende Montreuil, 31, rue Galilée, Montreuil(Seine-Saint-Denis).

Clairon, tu pétilleras toujoursdans nos cœurs !103 bis, rue de Paris,93100 Montreuil.

Fabien, Olivia et Delphine,ses enfants,Elliot, Félix et Oscar,

ses petits-enfants,La familleEt ses amis,

ont la profonde tristesse de faire partdu décès de

Herbert MAISL,chevalier de la Légion d’honneur,

officier dans l’ordre national du Mérite,chevalier

dans l’ordre des Palmes académiques,

conseiller d’Etat honoraire,président de section

à la Cour nationale du droit d’asile,ancien recteur de l’Académie de Rennes,professeur de droit public des universités

d’Orléans, Paris X-Nanterre,Paris I - Panthéon-Sorbonne,

survenu le 19 février 2012, à Paris,à l’âge de soixante-neuf ans.

La cérémonie religieuse se tiendraen l’église Saint-Julien-le-Pauvre, Paris 5e,le jeudi 1er mars, à 14 heures.

Cet avis tient lieu de faire-part.

www.maisl.fr/herbert

Le président de l’université Paris 1 -Panthéon-Sorbonne,Le directeur de l’UFR de droit,

administration et secteurs publics,Les enseignants,Le personnel administratif,Les étudiants,

ont la tristesse de faire part du décès,survenu le 19 février 2012, de

Herbert MAISL,ancien professeur de l’université.

Ils expriment à sa famille leurssentiments de condoléances.

Gérard Ruffault,son époux,Léon et Elie,

ses fils,leurs conjointes,Toute sa familleEt ses amis

ont la grande tristesse de faire partdu décès de

Charlotte RUFFAULT,née VENARD,

survenu le 22 février 2012.

Une cérémonie d’hommage lui serarendue le mercredi 29 février, à partir de14 h 30, aux « Erables », 15 bis, rue MarcelAllégot, Meudon (Hauts-de-Seine).

Cet avis tient lieu de faire-part.

[email protected]

Suzanne Sigal,son épouse,Michèle, Brigitte, Robert, Frédéric,

ses enfantsainsi que leurs conjoints,Jonathan, Lara, Raphaël, Fabien,

Philippe, Gabriel, Judith, Léo, Nathan,Faustine, Nissim, Guilaume, Nicolas,Olivier,ses petits-enfants,Max, Romane,

ses arrière-petits-enfants,Albert-Abraham,

son frèreainsi que son épouseEt toute sa famille,

ont la tristesse de faire part du décès de

Simon SIGAL,survenu le lundi 21 février 2012,à l’âge de quatre-vingt-sept ans.

Les obsèques ont eu lieu à Jérusalemdans la plus stricte intimité.

Cet avis tient lieu de faire-part.

14, rue Guynemer,75006 [email protected]

Maryse Dole,sa compagneet ses petites-filles, Maureen, Miaet Aline Dole,Juliette Ziesel-Hunt et Nicolas Ziesel,

ses enfantset leur mère, Monique Venier-Ziesel,Lou et Lila Ziesel,

ses petites-filles,

ont la profonde douleur de faire partdu décès de

Jean-Pierre ZIESEL,directeur de recherche au CNRS,

survenu le 22 février 2012, à Toulouse.

L’inhumation a eu lieu ce lundi27 février, à 15 heures, au nouveaucimetière d’Auzielle.

Juliette Ziesel-Hunt,24, rue de la Pacaterie,91400 [email protected]

Avis de messe

« Le corps s’en va, le cœur séjourne. »Chrétien de Troyes.

A l’occasion de l’anniversaire de sondécès, survenu le 6 février 2011, une messeà l’intention de

Andrée CHEDID,

sera célébrée le jeudi 1er mars 2012,à 11 heures, en l’église Saint-Séverin,Paris 5e.

Séminaire

L’Institut hospitalier de psychanalysede Sainte-Anne

etla Société de Psychanalyse Freudienne,

dans le cadre du séminaire« Psychanalyse et psychiatrie,aujourd’hui et demain »,le docteur Françoise Gorog

et le professeur Patrick Guyomardrecevront le mardi 6 mars 2012,

à 21 heures,amphithéâtre Raymond Garçin,

hôpital Sainte-Anne,2 bis, rue d’Alésia, Paris 14e.Les docteurs Paul Bercherieet Dominique Wintrebert.Entrée libre sur inscription

auprès de Mme Sophie Rigaud :01 45 65 80 88

ou [email protected]

Communication diverse

Avis clôture de liste.L’Association des rapatriésde Côte d’Ivoire (ARCI)

informe les victimes des exactionscommises lors des évènementsde 2002 et 2004 en Côte d’Ivoire

et ayant atteint des ressortissants français,que la remise des dossiers de demandes

d’indemnisation sera closele 29 février 2012 à minuit.

Le numéro de téléphone suivant :09 7228 9230 est à leur disposition

pour tout renseignement complémentaire.Courriel : [email protected]

Adresse : ARCI,6, rue Léon Betoulle, Le Lioran,

87170 Isle (France).

Page 24: journal le monde du 28-2-2012

TestàdesseinComment savoir si un artiste sommeille en vous? Par un test, celuidu site Signus.fr qui dispense un «cours de dessin à suivre entière-ment sur Internet». En 6minutes, il permettrait de dénicher lestalents cachés. «Ce test a révélé des vocations de dessinateurs, de pein-tres, d’illustrateurs, etmême si vous aimez seulement dessiner, peindreou aquareller pour votre plaisir, vous saurez quelles sont vos chancesde voir votre talent exploser…»L’évaluation débute. «Si vous deviez à l’instant dessiner au crayon:vous sauriez tout de suite où trouver un crayonnoir bien taillé, uncrayonmais pas forcément bien taillé, ou il n’y a pas de crayon là oùvous êtes.» Je vaisme contenter d’un crayonnon taillé ! Les questionsse bousculent: sur la façondont j’indiqueun itinéraire. Si je connais lenomde telle police de caractère…Puis, place à la pratique: je dois dessi-ner «une flèche, une simple flèche». Jem’exécute surmonbloc et, àl’écran suivant, je désigne sa sœur jumelle. «Vous allez faire unautredessin»,me presse-t-on;mais «aviez-vous l’intentionde le faire sur lamême feuille et lamême face, lamême feuillemais l’autre face ou surune autre feuille?» Je nem’étais pas posé la question.Dessinerune cas-serole à bec verseur? Sur-le-champ. Et sur lamême feuille!Mais quellesurprise, à l’écran suivant, de lire que «le bec n’est jamais dans le prolon-gementdumanche,mais perpendiculaireà celui-ci. Avez-vous fait uneerreur en plaçant le bec?»Personnedansmondos pourtant…eh bienoui,monbec verseur estmal placé! Des questionsplus techniques sui-vent: «Si jemélange ce rouge et ce vert, j’obtiensun ton…», «Savez-vousce qu’on appelle le “solide des couleurs”? », «Désignez la ligne de terre dece dessin», «Qui a peint Les EpouxArnolfini?»Bilan? Très fourni etbienplus précis quemon coupde crayon. Ce quim’octroieun «accès à9modules offerts, soit 9 semaines de cours de dessin,modèles, exercices,démonstrationset corrections vidéo». Pas de taille-crayon? p

PolitiquePeuple, qui es-tu?Le termedepeuple n’est pas seulementvieillot. Il est antique. César éta-blit un liendirect entre le chef qu’il est et la voxpopuli. Devant les réti-cencesdes sénateurs, il entreprendd’apparaître sur le forumpourpren-dre le peuple à témoin. Aujourd’hui, de la gaucheà la droite, on redécou-vre ce conceptque l’on croyait définitivementdisqualifié. Surprise, carun siècle demarxismenous avait pertinemmentdécrit les peuplescommecomposésde strates contradictoires et antagonistes. Elles enseraientmême la dynamiquehistorique. Il y a le peuple desouvriers,des cols blancs, les bourgeois, le peuple ado, les chanteurspopulaires. Ily amêmedes people.D’ailleurs, la langue anglaise refusede définir lepeuple:people signifie autant les gens dans leur individualité que legroupe. Reste la survivancede ce fantôme lexical savoureuxqui plai-rait aubonpeuple, héritier d’HenriIV, de France, etmêmedeNavarre.Aussi bon soit-il, il ne saurait faire un électorat.

Jean-Marie Baurens,Montpellier

Courriels

C’est toutNet! Marlène Duretz

Lundi27févrierTF1

20.50 Parole de candidat.François Hollande. Emission présentée parLaurence Ferrari.22.50 Esprits criminels.Série. Plus sombre que la nuit [1 et 2/2] (S5,23/23 ; S6, 1/24)V. Requiem (S6, 2/24)U.1.10 Au Field de la nuit.Magazine. Invités : Louis Gardel, Bruno Migdal,Dominique Bona, Philippe Lellouche, Julie Gayet,Clémentine Célarié et Yvan Le Bolloc'h (85min).

FRANCE2

20.35 Cold Case/Affaires classées.Série. Wasp (saison7, 5/22, inédit). Justice(saison5, 10/18)U. Ophélie (saison 1, 11/23)U.23.00Mots croisés.Et les salaires ?Débat.0.15 Journal, Météo (20min).

FRANCE3

20.35 36e Festival internationaldu cirque deMonte-Carlo. Spectacle.22.35 et 2.35 Soir 3.23.00 Chefs des chefs.Dans les coulisses du Palais de Monaco (2012).0.00 Dans les coulisses du Kremlin (2012).0.50 La Case de l’oncle Doc.Malarjez. L’Ile-Grande et son carnaval (55min).

CANAL+

20.55 Kaboul Kitchen.Série (saison 1, 7 à 9/12, inédit).22.15 Les Aventures de «The Artist»en Amérique. Documentaire (2012).22.45 84e cérémonie des Oscars.0.15Mensomadaire (30min)U.

ARTE

20.34 Cycle Alfred Hitchcock.20.35 L’Ombre d’un doutepp Film AlfredHitchcock. Avec Joseph Cotten, Teresa Wright,Henry Travers (Etats-Unis, 1943, N.).22.20 Cinquième colonnepFilm Alfred Hitchcock. Avec Robert Cummings,Priscilla Lane, Otto Kruger (EU, 1942, N.).0.10 La Lucarne - Monsieur M, 1968.Documentaire (France, 2011, 55min).

M6

20.50 Top chef. Episode 5. Télé-réalité.23.40 Un dîner presque parfait.Jeu. Lyon - spécial « Experts » (145min).

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Météorologue en directau 0899 700 703

1,34 € l’appel + 0,34 € laminute7 jours/7 de 6h30-18h

Nord-Ouest

Ile-de-France

Nord-Est

Sud-Ouest

Sud-Est

Jours suivants

www.meteonews.fr

Températures à l’aube l’après-midi

Front chaud Front froid

DépressionAnticyclone

Occlusion Thalweg

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Lisbonne

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En EuropeAmsterdamAthènesBarceloneBelgradeBerlinBerneBruxellesBucarestBudapestCopenhagueDublinEdimbourgHelsinkiIstanbulKievLa ValetteLisbonneLjubljanaLondresLuxembourgMadridMoscouNicosieOsloPragueReykjavik

RigaRomeSofiaStockholmTallinTiranaVarsovieVienneVilniusZagrebDans le mondeAlgerAmmanBangkokBeyrouthBrasiliaBuenos AiresDakarDjakartaDubaiHongkongJérusalemKinshasaLe CaireMexicoMontréalNairobi

New DelhiNew YorkPékinPretoriaRabatRio deJaneiroSéoulSingapourSydneyTéhéranTokyoTunisWashingtonWellingtonOutremerCayenneFort-de-Fr.NouméaPapeetePte-à-PitreSt-Denis

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Mercredi

Mardi 28 février28.02.2012

20 km/h

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Pays Baltes Aeez froid mais plutôt ensoleillé

En Europe12h TU

Le ciel restera très nuageux vers lesfrontières du nord-est où de rarescrachins se produiront. Le reste de lamoitié nord verra davantaged'éclairciesmalgré un contexte asseznuageux. Plus au sud, aprèsdissipation de quelques brumes etbrouillardsmatinaux, l'astre du jourprendra le dessus pour brillergénéreusement. Les températuresafficheront des valeurs assez douces.

Saint RomainCoeff. demarée 59/53

LeverCoucher

LeverCoucher

Calme et doux

Aujourd’hui

météo& jeux écrans

Mardi28févrierTF1

20.50 Dr House.Série. House-sitter. La Petite Dernière (S7, 5et 6/23, inédit). L’argent ne fait pas le bonheur.Le Cœur du problème (saison 6, 4 et 5/21)U.0.05 Forgotten. Série.Le Réseau identité. L’Inconnue au diamantU(S1, 1 et 2/17). Avec Christian Slater (105min).

FRANCE2

20.35 Histoires en série.Disparitions mystérieuses : quand les famillesmènent l’enquête.Magazine.22.50 Infrarouge.Les Fils de la terre.Documentaire (2012).0.35 Nos années. Année 60 : Les Mythologies.0.20 Journal, Météo (20min).

FRANCE3

20.35 Petits arrangementsavecmamère.Téléfilm. Denis Malleval. Avec Line Renaud,Samuel Labarthe, Michel Aumont (Fr., 2011).22.15 et 1.10 Soir 3.22.40 Ce soir (ou jamais !). Magazineprésenté par Frédéric Taddeï (120min).

CANAL+

20.55 Tout va bien :The Kids are all rightpFilm Lisa Cholodenko. Avec Annette Bening,Julianne Moore, Mark Ruffalo (EU, 2010)U.22.35 Mes parents sont homosexuels (2012).23.40 Ce n’est pas un film de cow-boys (2011).23.55 Angèle et Tonypp

Film Alix Delaporte. vec Clotilde Hesme,Grégory Gadebois (France, 2010, 80min)U.

ARTE

20.35 Thema - I Love Democracy.20.40 I Love Democracy. [2/6] Russie.Documentaire (France, 2012).22.10 Dans la peau de Vladimir Poutine (2012).23.30 Le Dessous des cartes. Visions de la Russie.23.45 Anna Politkovskaïa. Une vie pour la liberté.1.10 Yourope. Féminisme (40min).

M6

20.50OSS 117 : Rio ne répond plus.Film Michel Hazanavicius. Avec Jean Dujardin,Louise Monot, Alex Lutz (Fr., 2009, audiov.)U.22.40 Le Phénomène Jean Dujardin.Documentaire (France, 2012, 85min).

Lessoiréestélé

Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditionsdatées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi.Tous les joursMots croisés et sudoku.

Sudokun˚11-050 Solutiondun˚11-049

Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ;

télécopieur : 01-57-28-21-21Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ;

Par courrier électronique : [email protected]édiateur :[email protected]

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Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/Tarif 1 an : France métropolitaine : 394 ¤

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Emploi : www.talents.fr/ Immobilier: http ://immo.lemonde.fr

Documentation : http ://archives.lemonde.frCollection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40

Le Mondesur microfilms : 03-88-04-28-60

Résultats du tirage du samedi 25 février.4, 7, 8, 19, 27 ; numéro chance : 1.Rapports :5 bonsnuméros etnuméro chance : pas de gagnant ;5 bonsnuméros : 32 342,00 ¤ ;4 bonsnuméros : 410,10 ¤ ;3 bonsnuméros : 5,40 ¤ ;2 bonsnuméros : 3,60 ¤.Numérochance : grilles à 2 ¤ remboursées.Joker : 9 931 868.

Loto

Motscroisés n˚11-050

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6 1 9 4 5Realise par Yan Georget

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9 7 3 1 6 8 4 2 5

6 2 5 7 4 3 8 9 1

4 8 1 9 2 5 7 6 3

FacileCompletez toute lagrille avec des chiffresallant de 1 a 9.Chaque chiffre ne doitetre utilise qu’uneseule fois par ligne,par colonne et parcarre de neuf cases.

Lesjeux

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Solution du n° 12 - 049

HorizontalementI. Constipation. II. Alourdis. Lia.III.Mincies. Cour. IV. Ibère. Sert.V.Or. Eugène. Cu.VI.Nîmes.Traire.VII.Nuisette. Car.VIII. Est.Hendaye. IX. Epia. Aaron.X. Rassortiment.

Verticalement1. Camionneur. 2.Olibrius.3.None. Mites. 4. Sucrées. PS.5. Trieuse. Io. 6. Ide. Thar.7. Pissette. 8. As. Enrênai. 9. Créa.Dam. 10. Ilot. Icare. 11.Oiu (oui).Crayon. 12.Narguèrent.

Philippe Dupuis

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1.Ouverture sur lemonde. 2.Desfemmes au service des femmes.3. Belle de la Côte. Buccin descôtes. 4. Avec la part de Bercy.Moment de grande liberté. Aucœur d’unmenhir. 5. Regarde leschoses en face. 6.Ne fait pastoujours rire. Sa raison écrasetout. 7. Fait la grue. On peutcompter sur lui en principe. 8. Finde dictée. Ailes européennes. Faittomber les rois. 9. Lieu d’échange.Vache par amour. A l’est avant.10.Gamins de la capitale.L’Africain était géographe. 11.Aussi. Rassasia. 12. Violentesopposantes.

I. Evitera bien des problèmes desuccession. II.Met en circulation.Profita de la succession.III.Détruit sur son pasage. Sortdangereusement la tête. IV. Fait delamousse au pub. Obsidienne oubasalte après refroidissement.Prépare les jeunes à l’emploi.V.Moitié demoitié. Quittais lepays.VI.Mettent les paysansrusses à l’abri. Peuple du Nigéria.Sur la portée.VII. Justicenaturelle. Suit le précédent.VIII. Sans intérêt. Grecque. Pourde beaux rideaux. IX. Lumières dela ville. A perdu son hostilité.X.Entraînent vers ce qu’il y a de plusbeau.

24 0123Mardi 28 février 2012

Page 25: journal le monde du 28-2-2012

BlogMais pourquoi donc... ?Quelpoissonpeut tenir tête auxpiranhas? Les femmes fertiles rendent-elles vraiment les hommesplus éloquents?A quoi ressemblait la végé-tationenChine il y a 300millionsd’années?Autantde questions auxquelles PierreBarthélémy, journaliste scientifi-que, répondsur sonblogduMonde.fr, Passeurde sciences, consacréauxpetites et grandesnouvellesde l’actualité des sciences et de l’envi-ronnementet qui, enmoinsde troismois d’existence, a dépassé la barredes 2millions depages lues.http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/

Anepasmanquer sur0123.fr

«MaisquiestOlliRehn?»

LettreduBeneluxJean-Pierre Stroobants

5,95SEULEMENT

Je croyais assez bien connaître Paris, mais en étudiant la question, je m’aperçus que non seulementje ne connaissais pas Paris, mais que peu de personnes pouvaient prétendre à cette connaissance.Ainsi disait Raymond, qui avait exploré Paris sous toutes les coutures.Le Monde vous propose de retrouver dans son hors-série jeux les 456 questions qu’il a publiées,de 1936 à 1938, dans le journal L’Intransigeant. Perdez-vous, avec Raymond Queneau, dans ce dédaleParisien d’anecdotes et d’histoires choisies pour leur actualité et leur saveur incomparable.

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0123

I l s’appellePaulMagnetteet appartientàuneespèceraredans lapolitiquebel-ge, celledesuniversitairesdescendus

de leur tourd’ivoirepour, commeon ledithabituellement ici,«mettre lesmainsdansle cambouis». Cequi, aupassage, traduit lepeudeconsidérationdont jouissent lesélus, aussi appréciésde leurs concitoyensque lesagentsde labrigadedesmœursdans lesbarsdeDodo laSaumure…

PaulMagnette,donc, estunprofesseurréputéde l’Université libredeBruxelles,dont ildirigea l’Institutd’étudeseuropéen-nes.Unposteunpeutropdiscretpeut-êtrepourcequadra, socialisteconvaincuetambitieux,dont lephysiqueaussi le dis-tinguede l’homopoliticusbelgicusmoyen,avec sonœil rieur, son filetdebarbesoi-gneusementmal taillé et ses airsdedoc-teurHouse.

Projetésur la scènepubliqueparElioDi

Rupo, l’actuelpremierministreduroyau-me,PaulMagnetteest rapidementdevenuministre (duclimatetde l’énergie) et,simultanément,avaincu les sarcasmesens’imposant, comme«unvraipolitique», àla têtede la fédérationsocialistedeCharle-roi.Unbastionrougeperclusde scandalesetdont leprofesseura retourné lesaffiliésensa faveur.Aupointqu’ildoitdésormaisdécider s’il sera, ounon, le bourgmestre(maire)decettevillemaudite, où«la crisede lagouvernance», commeondit à l’uni-versité, a atteintdes sommets. L’euro-poli-tologuehésiteraitbeaucoupà l’idéededevenir, après lesmunicipalesde l’autom-ne, lemairede lapremièrevillewallonne.

Dans l’immédiat, il a d’autressoucis.Car il s’est fait «allumer»–etpasunpeu–danssonpayspouravoirposéuneques-tionsemble-t-il iconoclaste:«Mais qui estOlliRehn?»Biensûr les lecteursavisés

répondront:«Le commissaireeuropéen[finlandaiset libéral] chargédesaffaireséconomiqueset financières.»Certaineconsœurperfideajoutant:«Unresponsa-bledont jen’ai jamaispuécouter jusqu’auboutundiscourspuisque jem’endorsavant.»

Làn’est toutefoispar leproblème.Autraversdesaquestion, c’estune interroga-tionsur l’efficacitéet la légitimitéde lapolitiquemenéepar laCommissioneuro-péennedans le cadrede la crise actuellequeM.Magnetteposait. Et il fournissaitdes réponsesmuscléesquin’ontvraimentpasplu.

Sans,disait-il, viser lapersonnalitédeM.Rehn, leministrebelge, auteurd’ouvra-ges savants sur lapolitiquecommunautai-re, entendaitmettreenévidence la«fai-blesse structurelle»de laCommissiondans la criseactuelle. Inconnuedugrandpublic,«irresponsable» faceauxélecteursetdoncprivéede légitimitédémocratiquemais imposantauxgouvernementsnatio-naux–soumis, eux, auverdictdesurnes–desdécisionssévèresetmême,désormais,le contrôleconcretde leurexécution.L’équipeduprésidentBarrososerait enoutre, ajoutaitM.Magnette,«unbastionde ladroiteultra-libérale»etpréparerait«quinzeansde récession». Le toutdansunclimatde«penséeunique»et de«consen-susbruxellois»étouffant toutdébat sur lamanièred’affronter la crise, alorsmêmeque«l’économien’estpasune scienceexac-te».

Lesdirigeantssocialistesdusudde l’Eu-

ropeontdûbeaucoupapprécier lespro-posde leur amibelge.D’autresresponsa-blesaussi,mais, tétaniséspar l’ampleurdesdéficitsqu’ils ont laissé se creuseret lanécessitéde se soumettredésormaisaucontrôlestrictde laCommissionpourévi-ter lepire à leurpays, ils sont restésmuets.Et tout lemondes’est contentédes répon-sesde l’entouragedeM.Rehn: «LaCom-

missionn’est ninéolibérale,ni socialiste,niverte. Le choixn’estpas entre ladisciplinebudgétaireet la croissance; l’objectif, cen’estpas l’unou l’autre,mais les deux.»

Leporte-paroleducommissaireajou-tait, à juste titre, que les règles imposéesauxcapitales –dont celledes3%dedéficitpublic–ontété approuvéespar les Etats etpar leParlementeuropéens.Unevéritédont le rappel traduit lemalaisedumoment:divisés, lesdirigeantsnationaux

évitentde se confrontervraimentmais seretrouventpourrejeter à tourde rôle lafaute sur la technocratiebruxelloise…toutenconfiantà ladite technocratiedenou-veauxpouvoirs – ceuxdu fameux«sixpack»,décisifs sur leplanbudgétaire!

M.Magnetten’ignore riende tout cela.Devait-il se tairepourautant,parcequ’ilestdevenumembred’ungouvernementluiaussi contraintà l’austérité?Convenait-il ducoupde le traiterde«stupide»oud’«arrogant»alorsmêmequ’il relayaitl’opiniond’économistesaussi renommésque JosephStiglitz etPaulKrugman, selonlesquels l’austériténepeut fonctionnerenpériodede récessionetne fait, aucontrai-re,qu’aggraver lesmauxque l’onprétendcombattre? Le contrôlepolitiquede laCommissionet le coût (lui aussipolitique)desdécisionsqu’ellen’apas àassumersontd’autresvrais sujets.

EnBelgique,M.Magnetten’apourtantpucompterquesur le soutiendesesanciensconfrères. Lesuniversitaires (néer-landophones)PaulDeGrauwe,professeurà la LondonSchoolofEconomics, etDaveSinardet,politologueà l’universitéd’An-vers,notamment,ont souligné ledangerde rejeterparprincipe toutealternativeàlapolitiqueactuelle. Et à l’UniversitédeBruxelles,onprépareuneconférence inti-tulée«Peut-onencorecritiquer l’Euro-pe?».QuantàOlli Rehn lui-même, il pro-posedésormaisàM.Magnetteunerencon-treetundébat…p

[email protected]

Q ui aurait dit il y a dix ansque l’Argentinedeviendraitun jourpour l’Europe sinon

unmodèle à suivre, dumoinsunexempleàméditer?Quel téléspec-tateur, de ce côté-ci duGulfStream, aurait pensé s’entendredireun soir parune ancienneclo-chardedeBuenosAires reconver-tie dans le business du recyclage:«Nous les Argentins, nous som-mes les spécialistes pour sortir dela crise.Ondevrait peut-êtreapprendreaux Européens ce quec’est que d’avoir faim, quedeman-ger les restes dans les poubelles.»

C’est pourtant cela qu’on estallé chercher et qu’on a trouvé,dimanche26février, en regardantsur France5 lemagazine«LeMon-de enmarche» consacré à l’Argen-tine.Quandon revoit les imagesde la faillite dupays en 2001, laviolencedans les rues, l’impuis-sancedupouvoirpolitique, ellesrappellent celles qui, depuis plu-sieursmois, nousviennentdeGrè-ce. Aujourd’hui, l’économieargen-tine afficheune croissancede 8%et, puisquenotre guide aupays dela prospérité retrouvée,HervéChabalier, nous annonceque«l’énergie se palpe» et que «lesbuildings fleurissent», on le suitvolontiers.

Il nousemmèned’aborddans lebureaudeRobertoLavagna, grandargentierde l’Argentinedésargen-téede 2002à2005: l’ancienminis-trede l’économieexplique tran-quillementavoirdésobéi auFondsmonétaire internationalqui réclamaitunplande rigueur,et fait obéir lesbanquesquiontdûreporter les échéancesdes crédits.

La consommationest repartie,suiviede la productionet desexportations.Ça roule commeuncercle, c’est simple comme la ver-tu,mais pour quenous compre-nionsmieuxencore,HervéChaba-

lier nous entraîne chezAmelia,Guido, les deuxClaudia, Luis:autantdepetits bouts du cerclevertueux.

L’économiedu troc : Amelia lapsy a échangédes séances dedivancontre des heures deména-ge. Le «patriotismeéconomi-que»: si Guido l’importateur-exportateurveut continuer à fai-re venir de lamoutardedeDijon,il doit aussimettre sur lemarchéune saucebarbecuemade inArgentina. L’aide sociale : enaccompagnantClaudia et deuxdeses six enfants à l’école, on a ledroit de s’arrêter pour acheter desbonbons. Lamaîtrisede l’infla-tion: Claudia la poissonnière gar-de ses clientes grâce à son affichet-te «Ici on encadre les prix». Leboomdu soja : Luis le producteur

a gagné saplace dans lamondiali-sationcar, dit-il, «unAméricainpeutmanger unpoisson chinoisnourri avec du soja argentin».

Il y a aussiMaria Julia, la «carto-nera» qui fouillait les poubellespendant la crise, et qui ramasseaujourd’hui les papiers et le plasti-que à recyclerpourunvrai salai-re. «Tu t’es parfuméparce que tuvas être vu en France», lance-t-elleen riant àun jeunehommechar-gé de cartons. Il ne fallait pas, cherhabitantdeBuenosAires, ce soir,c’est la France qui prenddesleçons.p

Laconsommationestrepartie, suiviedelaproduction

etdesexportations.Çaroulecomme

uncercle, c’estsimplecommelavertu

Sansviser lapersonnalitéducommissaireeuropéen

chargédesaffaireséconomiques

etfinancières, leministrebelgeentendait

mettreenévidencela«faiblessestructurelle»

delaCommissiondanslacriseactuelle

C’est toutvu! | chroniquetélépar Isabelle Talès

LebonairdeBuenosAires

pTirageduMondedatédimanche26-lundi27février2012 :394684exemplaires. 1 2 3

250123Mardi 28 février 2012

Page 26: journal le monde du 28-2-2012

En 2012, avec 160 000 collaborateurs en France et hors de France,le groupe Crédit Agricole s’engage et agit pour faire face à la criseet jouer pleinement son rôle au service de l’économie.

www.credit-agricole.com

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POURPRÉPARERL’AVENIRNOUS AGISSONSEn 2011, nous avons pris des décisions responsables et nécessaires pour faire faceà la crise et pour préparer l’avenir. Malgré l’impact de ces mesures qui se sont traduitespar un résultat déficitaire de Crédit Agricole S.A., notre société cotée en bourse,le groupe Crédit Agricole dans son ensemble, avec ses 39 Caisses régionales, a réalisé unbénéfice de 812 millions d’euros.

NOUS FINANÇONSLe Crédit Agricole joue un rôle capital en finançant à lui seul un quart des besoinsde crédit de l’économie française : familles, artisans, professionnels, agriculteurs,entreprises et collectivités. En 2012, pour préparer l’avenir, nous continuons de faire notremétier de prêteur et d’accompagner les projets de nos clients.

NOUS EMBAUCHONSEn 2012, nous continuons à recruter pour préparer l’avenir. Nous embaucherons3 500 nouveaux collaborateurs, principalement en banque de proximité, dans toutes lesrégions. Et nous accueillerons pour les former 3 000 jeunes en alternance.

Appel gratuit depuis un poste fixe