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MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet MCI PART TIME 2010/2011 THÈSE PROFESSIONNELLE Sébastien JEHLEN L’ENSEIGNEMENT / APPRENTISSAGE DES LANGUES ÉTRANGÈRES A L’HEURE DU WEB 2.0 ET DES RÉSEAUX SOCIAUX

L'Enseignement des langues à l'heure du Web 2.0 & des réseaux sociaux

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Thèse effectuée à l'issue de mon MBA Marketing Commerce sur Internet à l'Institut Léonard de Vinci, Paris La Défense.

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MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet

MCI PART TIME 2010/2011

THÈSE PROFESSIONNELLE

Sébastien JEHLEN

L’ENSEIGNEMENT / APPRENTISSAGE DES LANGUES ÉTRANGÈRES A L’HEURE DU

WEB 2.0 ET DES RÉSEAUX SOCIAUX

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L’ENSEIGNEMENT / APPRENTISSAGE DES LANGUES ÉTRANGERES A L’HEURE DU WEB 2.0 ET DES RÉSEAUX SOCIAUX

Sébastien JEHLEN

MCI Part -Time 2010 | 2011

THÈSE PROFESSIONNELLE

JANVIER 2012

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M

E

R

C

I

remerciements

Giedo CUSTERS, pour ses conseils formateurs

Professeur Agrégé de Français Langue Étrangère (F.L.E.) et Chef de Projet à l’Université Catholique de Louvain, Belgique

Christophe JAEGLIN, pour son expertise

Professeur Agrégé d’allemand, Formateur T.I.C.E.

Carmen VERA PEREZ, pour son éclairage avisé sur les T.I.C.E.

Docteur en Philologie française, Professeur Agrégé de Français Langue Étrangère (F.L.E.)

Arnaud PORTANELLI, pour son expérience

Co-fondateur et Directeur Marketing de Lingueo et PolyglotParty

Guillaume de MENTHON, pour ses réponses éclairantes

Directeur Général de goFluent France

Stéphanie DUPUIS, pour sa passion

Professeur d’anglais au collège Matisse, ISSY-LES-MOULINEAUX

Marie HOCHET, pour son aide précieuse

Commerciale chez Learnship

Diane PEDRO, pour son suivi de tous les jours et son sourire

Assistante pédagogique à l’Institut Léonard de Vinci

Mathilde HOFFMANN, pour sa disponibilité

Assistante pédagogique à l’Institut Léonard de Vinci

Gabriel, pour son soutien précieux

Dominique, pour ses conseils et son soutien indéfectible

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TABLE DES MATIÈRES

RÉSUMÉ……………………………………………………………………………………..P. 1

INTRODUCTION…………………………………………………………………………....P. 2

SYNTHÈSE DES RECOMMANDATIONS……………………………………………….P. 4

PART APPLICATIVE - PARTIE 1……………………………………………………….. P. 5

I. Panorama de l’e-formation, le médium digital de la connaissance…………… P. 6

A. La formation digitale s’impose peu à peu…………………… …………………………………P. 6

1. L’e-learning, apprendre et enseigner grâce aux o utils numériques ……………………………………………P. 6

2. Les T.I.C.E., l’école du XXI ème siècle ………………………………………………………………………………. …P. 9

3. La formation ouverte d’hier à aujourd’hui …………………………………………………………………………..P. 10

B. Les « vieilles » et les « nouvelles » technologi es…………………………………………….P. 13

1. La radio et la télévision scolaires, le savoir a u service des masses ………………………………………......P. 14

2. L’informatique, nouvel environnement pédagogique …………………………………………………….………P. 14

3. Le magnétoscope et la V.H.S., l’image à l’infini …………………………..........................................................P. 15

4. Le multimédia où la conjonction de vecteurs pour une pédagogie dynamique …………………………….P. 15

5. Internet, la connaissance n’a plus de frontière ni de limite dans le temps …………………………………..P. 16

C. La pédagogie en trois dimensions : l’éducation n ationale, la formation continue,

l’apprentissage autonome……………………………………………………………………… ...P. 17

1. La formation initiale, l’école de Jules Ferry et Napoléon …………………………………………………….....P. 17

2. La formation continue ou comment démultiplier se s compétences ………………………………………….P. 18

3. L’apprentissage autonome : apprendre tout au lon g de son existence ………………………………….......P. 19

D. État des lieux des T.I.C.E. en milieu scolaire : un usage contrasté…………………… …P. 20

1. Une distorsion notable entre les moyens et les u sages ………………………………………………………...P. 20

2. Les Espaces Numériques de Travail, la systémique des ressources ………………………………………..P. 28

E. L’e-formation est désormais bien installée dans l’enseignement extrascolaire……… P. 28

F. L’enseignement des langues a très vite succombé aux sirènes du Web………… …….P. 33

1. Les leaders n’occupent pas une position dominant e sur le marché ………………………………………...P. 33

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2. Une nébuleuse d’acteurs de l’e-formation linguis tique …………………………………………………………P. 38

G. Les théories de l’apprentissage, quelles méthode s pour bien apprendre ?…………… P. 39

1. Le connectivisme : une synthèse salutaire des gr andes théories ?. …………………………………………P. 39

2. L’apprentissage linguistique, en théorie ça donn e quoi ? ...........................................................................P. 43

II. Le Web 2.0 ou l’interaction partout, tout le te mps……………… ………………P. 45

A. Définition et tour d’horizon du Web de deuxième génération…….…............................. .P. 45

B. La force de frappe des réseaux sociaux et de l’i ntelligence collective…….….............. .P. 48

C. Le social learning en phase de lancement…………………… …………..............................P. 50

D. Do you speak Web 2.0 ?.......................... ...............................................................................P. 51

1. L’expression et la compréhension orales ……………………………..............................................................P. 51

2. L’expression et la compréhension écrites ………………………………………………………………………...P. 53

E. Sur le Web, les outils linguistiques performants ne manquent pas…………………… ...P. 63

1. Les outils généralistes made in Web 2.0 …………………………………………………………………………..P. 65

2. Les outils spécifiques à la pédagogie linguistiq ue………………………………………….............................P. 67

III. L’efficacité comme problématique centrale de l ’e-formation……………… ...P. 69

SOLUTIONS PROPOSÉES - PARTIE 2………………………………......... ...............P. 70

1. Quelle peut être et doit être la place du format eur pour une e-formation efficiente ? ..............................P. 71

Parmi les professeurs, deux populations s’opposent… …………………………………………………..P. 71

L’apprenant ne doit pas se sentir seul face à son programme de formation……………………….... P. 72

Qui dit formateur en langue(s) dit échanges linguis tiques…………… ……………………………….....P. 73

2. Comment conserver l’implication et la constance de l’apprenant et éviter l’isolement ? ........................P. 76

La motivation, la clé de voûte de l’e-apprentissa ge………………………………………………………..P. 76

Qui dit stimulation dit échanges fructueux………………… ………………………………………………..P. 77

Les échanges fructueux sont-ils possibles via les réseaux sociaux ?................................. ..............P. 77

3. Comment gérer les échanges différés pour la maît rise du « vertige asynchrone » ? ...............................P. 78

L’approche asynchrone génère de l’autonomie…………………… ……................................................P. 78

Mais l’autonomie n’est pas une condition sine qua non dans la réussite d’une e-formation… …....P. 78

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4. Comment sélectionner ses outils pour une pédagog ie dynamique ? ........................................................P. 79

En entreprise, il faut capitaliser sur les échanges entre salariés……… ………………………………..P. 79

A l’école, il est nécessaire d’effectuer la synthès e du ludique et de l’éducatif…………………… .....P. 80

En autonomie, il est primordial de multiplier les i nteractions sociales............................... ...............P. 81

5. Comment éviter l’appauvrissement des contenus du , entre autres, à une offre pléthorique ? ...............P. 82

6. Comment appréhender le social learning mais auss i le flux apprenant/apprenant ? .........………….…...P. 83

Le feedback, clé de voûte de l’apprentissage d’une langue……………… ………………………….......P. 83

Qui dit social learning dit toutes les nationalités , tous les profils, tous les niveaux………… .……..P. 84

RECOMMANDATIONS DETAILLÉES – PARTIE 3…………………………………. .P. 85

CRITIQUE ET QUESTIONNEMENT – PARTIE 4…………………………………..…P. 99

1. L’avenir de l’e-formation sociale pourrait pa sser par le social rich learning ………………………………..P. 102

2. L’e-learning va muter pour devenir le we-lear ning …………………………………….....................................P. 102

3. L’e-learning linguistique sera une expérience grâce à la réalité augmentée ………...................................P. 103

CONCLUSION……………………………………………………………………………..P. 107

SOURCES………………………………………………………………………………….P. 109

GLOSSAIRE………………………………………………………………………………..P. 114

ANNEXES………………………………………………………………………………......P. 118

Interviews……………………………………………………………………………………………………… .….P. 119

Enquête Profetic……………………………………………………………….…………………… ………….....P. 127

Quiz………………………………………………………………………………………………………………... ..P. 138

Pour aller plus loin………………………… ……………………………………………………………………..P. 139

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Cette étude, dont le sujet est l’enseignement/apprentissage des langues à l’heure du Web 2.0 et des réseaux sociaux, se propose de vous conduire dans l’écosystème de l’e-formation linguistique, à l’école, en entreprise et en autonomie pour mieux cerner les enjeux et problématiques en termes d’efficacité mais aussi préconiser des axes d’optimisation. L’approche ludo-éducative, l’alternance des contextes, la place de l’oral et de l’écrit, le social language learning, le m-learning, entre autres, sont des leviers que nous mettons en exergue. Outre ce panorama domestique de l’e-apprentissage des langues, nous nous interrogeons sur des points de développement, comme par exemple, le social rich learning. Cette réflexion est également l’opportunité de démontrer l’aspect majeur des langues secondes qui mettent en relief des cultures, des liens humains à une époque où les médias sociaux vont révolutionner les échanges et le partage pour une société collaborative au modèle économique largement ouvert sur le monde.

Mots-clés : langues, Internet, Web 2.0, e-formation , social learning, m-learning, efficacité

This study, which subject is the Web 2.0 and social media’s contributions to the e-language learning, focuses on the e-learning ecosystem for foreign languages at school, in the professional field and at home. It is an opportunity to highlight challenges and issues in terms of efficiency and to make recommendations for the purpose of optimisation. Edutainment, context alternation, oral and writing dimensions, social language learning, m-learning are some of the levers that I would recommend. Beyond this national panorama, some prospective paths can be drawn as, for example, the social rich learning. This study also demonstrates the major dimension of foreign languages in terms of culture and human bonds at a time social media are about to revolutionise our civilisation through increased worldwide exchanges and collaborative sharing.

Key words: languages, Internet, Web 2.0, e-learning , social learning, m-learning, efficiency

Este estudio, cuyo sujeto es el aprendizaje de idiomas con la Web 2.0 y las redes sociales, enfoca en el ecosistema del e-learning en escuela, en empresa y en autonomía para delimitar los desafíos y las problemáticas en términos de eficacia y también recomendar ejes de optimización. El enfoque ludo-educativo, la alternancia de los contextos, la utilización del oral y del escrito, el social language learning, el m-learning son, entre otros, unos puntos clave que ponemos de manifiesto. Más allá de este panorama nacional del aprendizaje digital de los idiomas, nos interrogamos en cuanto a las oportunidades de desarrollo como, por ejemplo, el social rich learning. Esta reflexión es también la ocasión de demostrar el aspecto mayor de los idiomas que resaltan con las culturas, los enlaces humanos en un periodo en el que las redes sociales van a revolucionar los intercambios y el compartir en una sociedad de colaboración con un sistema económico muy abierto al mundo.

Palabras claves: idiomas, Internet, Web 2.0, e-lear ning, social learning, m-learning, eficacia

Questo studio, il quale soggetto è l’insegnamento/apprendimento delle lingue straniere nell’epoca del Web 2.0 e dei social networks, si focalizza sull’ecosistema dell’e-learning linguistico a scuola, in azienda ed da casa per capire meglio le sfide e le problematiche in termini di efficacia e per proporre metodi di ottimizzazione. L’edutainment, l’alternanza dei contesti, l’utilizzazione dell’orale e dello scritto, il social language learning, l’m-learning, tra gli altri, sono alcuni degli strumentisu cui proponiamo di far leva. Al di la di questo panorama nazionale dell’insegnamento/apprendimento delle lingue straniere, ci interroghiamo su punti da sviluppare come, ad esempio, il social rich learning. Questo studio si propone inoltre di dimostrare l’aspetto prevalente delle lingue in termini di valorizzazione di culture e legami interpersonali in un’epoca in cui social networks stanno per rivoluzionare gli scambi e la condivisione in vista di una società il cui modello sia largamente aperto sul mondo.

Parole chiavi: lingue, Internet, Web 2.0, e-learnin g, social learning, m-learning, efficacia

E N R É S U M É

résumé / abstract / resumen / riassunto

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EN INTRODUCTION

QUE VAIS-JE APPRENDRE ?

Charles QUINT

Je parle italien aux femmes, français aux hommes et allemand à mon cheval

I N T R O

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Maîtriser une ou plusieurs langue(s) étrangère(s) est devenu un critère distinctif. A commencer par l’entreprise où il y a ceux qui parlent anglais, ceux qui font du mieux qu’ils peuvent et ceux qui ne le parlent pas. Nous avons tous entendu des connaissances se lamenter de leur faible niveau en langues – quand nous ne faisons pas partie nous-mêmes des « laissés pour compte linguistiques » - et désespérant de pouvoir combler leurs lacunes héritées d’un enseignement scolaire perçu, au choix, comme inadapté, peu probant voire dramatique. Il est donc naturel que les langues aient toujours été des disciplines plébiscitées dans la formation à distance. Combien de salariés français réclament une formation linguistique lors de leur entretien annuel avec l’espoir d’enfin pouvoir maîtriser la langue ciblée à moyen terme ?

L’arrivée d’Internet, entre autres source universelle de la connaissance, et de sa batterie d’outils variés a amplifié ce désir d’apprendre ou perfectionner sa maîtrise d’une ou plusieurs langues secondes. Mais, la résistance, volontaire ou inconsciente, aux nouvelles technologies, la pluralité des outils, des supports, des approches pédagogiques peuvent en décourager plus d’un. C’est d’autant plus le cas pour les apprenants autonomes qui ne sont ni des scolaires ni immergés dans une formation professionnelle. Pourtant, apprendre une langue étrangère n’a jamais été aussi facilité. Le Web 2.0,

via sa dimension participative et collaborative, bouscule les usages et revitalise l’enseignement linguistique.

A l’école, en entreprise ou en autonomie, apprendre une langue seconde n’est plus le cheminement long et coûteux, tout autant émotionnellement que matériellement, d’antan. Mais cela vaut si les indicateurs établis sont clairs et réalistes, les leviers actionnés source de motivation, et les outils employés adéquats et engageants. Dans ce rapport, nous dresserons un panorama national de l’e-formation linguistique, en 2012, que ce soit en milieu scolaire, professionnel ou privé, avant de cerner la problématique de l’enseignement/apprentissage des langues à l’heure du Web 2.0 et des réseaux sociaux, pour y répondre avec les recommandations et solutions que nous estimons probantes, puis nous nous interrogerons de manière plus prospective sur les futurs axes de développement de l’e-formation linguistique.

Via ce travail, nous ouvrirons une fenêtre sur les nouvelles technologies dans le vaste domaine de la formation tout en nous glissant dans la peau d’un apprenant lambda projeté dans l’écosystème digital bouillonnant et mutant. Cette étude, nous l’espérons, sera également l’opportunité de transmettre notre passion pour les cultures étrangères mais aussi Internet, une révolution pour l’Humanité.

Suivez-nous dans les arcanes de la formation linguistique numérique et de ses thématiques, passionnantes et d’actualité, telles qu’entre autres le devenir du professeur, les échanges synchrones et asynchrones, le social language learning, le mobile learning ou encore le connectivisme. Levons hic et nunc1 le voile sur l’enseignement/apprentissage des langues étrangères à l’heure du Web 2.0 et des réseaux sociaux.

1 Locution latine. « Ici et sans délai »

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R E C O S

synthèse des recommandations

Désigner au moins un référent pour le guidage du pa rcours pédagogique

Le facteur humain ne peut être exclu de l’e-formati on linguistique

Privilégier un apprentissage ludo-éducatif pour une motivation maximale

La pédagogie 2.0 doit savoir provoquer l’engagement et optimiser la motivation des apprenants

Diversifier les contextes pour alterner les registr es de langue et les situations

La langue parlée est différente de la langue écrite . L’anglais professionnel n’est pas l’anglais des pubs londoniens

Rythmer la motivation par la correction, la gratifi cation et l’évaluation

Corriger, orienter, apporter du feedback qualitatif mais aussi savoir récompenser sont des points essentiels de la pédagogie

Combiner l’oral à l’écrit tout au long du parcours pédagogique

Parler une langue, c’est aussi savoir l’écrire et l a lire

Multiplier les échanges et le partage

Les interactions collaboratives sont les passerelle s du rich learning

Encourager l’apprentissage par affinités

Apprendre main dans la main avec ceux qui partagent nos intérêts, nos passions est un tremplin pédagogique

Favoriser le recours au social language learning

Savoir tisser des liens avec ses alter-égos digitau x pour apprendre ensemble, c’est optimiser ses connaissances

Exploiter la complémentarité du m-learning

Utiliser son mobile ou sa tablette entretient la va luable knowledge

Permettre un continuum dans l’apprentissage délivré

La motivation et l’autonomie acquise durant le parc ours pédagogique doivent être entretenues au-delà de la classe

Découvrez le contenu exhaustif de ces recommandatio ns dès la page 85.

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P A R T I E 1

PART

APPLICATIVE

PANORAMA DU

SUJET

Confucius

Je ne puis apprendre à parler à qui ne s’efforce pas de parler

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Ce sujet s’inscrit pleinement dans le vaste domaine de la formation des individus avec, pour fers de lance, la pédagogie linguistique et les vecteurs numériques. Ce rapport limitera son périmètre au marché français afin de brosser le plus exhaustivement possible un portrait de la situation domestique. En préambule, il est important de poser une dichotomie notable : en entreprise et dans la sphère privée, on parlera d’e-learning ; lorsqu’il s’agira des instances scolaires françaises, c’est l’expression T.I.C.E. (Technologies de l’Information et de la Communication appliquées à l’Enseignement) qui sera retenue.

A. La formation digitale s’impose à peu à peu

1. L’e-learning, apprendre et enseigner grâce aux o utils numériques

L’e-learning propose l’exploitation des technologies de l’information et de la communication pour un enrichissement des apprentissages via l’accès à distance à des ressources et services mais aussi par la collaboration et l’échange (Source : Educsol, e-formation et e-learning). En France, l’e-learning, est le terme retenu pour les formations digitales dispensées dans le cadre de la formation continue ou souscrites en autonomie par les particuliers.

En parallèle de l’instruction brick and mortar, l’e-learning affiche une forte progression ces dernières années de par les gains de temps, économique et d’intelligence que ce système induit.

Dans une perspective économique, l’e-learning a généré un chiffre d’affaires de 144 millions d’euros et a bénéficié d’une croissance annuelle de 25%, en 2010, soit une hausse de 66% par rapport à 2008, année lors de laquelle un décollage a été constaté.

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En septembre 2010, le cabinet spécialisé Féfaur a publié les résultats de son étude « L’offre professionnelle e-learning en France ». Celle-ci met en relief la segmentation du marché, à savoir :

>Les contenus sur-mesure, soit 44% du marché

>Les contenus sur étagère pour 26%

>Les learning management systems (L.M.S.) pour 21%

>Les outils et services d’auteurs avec 4%

>Le serious gaming avec 3%

>Les autres types de modules pour 2%

Les contenus sur-mesure sont basés sur le cahier des charges et les pré-requis des entreprises pour une analyse des besoins et objectifs poursuivis avec pour finalité la création de modules pédagogiques adaptés.

Les contenus sur étagère sont, a contrario, des modules standard proposés par l’offreur.

Les learning management systems sont des systèmes logiciels mettant à disposition des enseignants un contrôle des accès, la gestion des cours et des outils de communication dans le cadre d’une démarche collaborative et work in progress. Sur le plan technique, on peut les rapprocher des C.M.S. (Content Management Systems).

Les outils d’auteurs sont des logiciels open source qui peuvent être personnalisés.

Les serious games conjuguent le ludique au technologique pour livrer un contenu pédagogique basé sur un environnement de type jeu vidéo et, ainsi, permettre une démarche ludoéducative plus impliquante (simulation de cas réels, 3D, …).

Source : Rapport « L’e-transformation de la formation », Institut Léonard de Vinci, juin 2011

C.A. généré : 144M. €

+25% par rapport à 2009

65% des grandes entreprises ont déjà recours à l’e-learning

44% des salariés ont déjà bénéficié d’une formation faisant appel à l’e-learning

Le marché de l’e-learning en France en bref - 2010

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Afin de mieux appréhender la pénétration de l’e-learning dans le vaste domaine de la formation, le diagnostique stratégique suivant dresse un portrait succinct de ce jeune marché en devenir :

L’e-learning, vocable désormais bien connu des masses, se démocratise peu à peu puisque les français, que ce soit dans le cadre d’une démarche professionnelle ou privée, sont de plus en plus nombreux à se renseigner sur les possibilités offertes par l’e-learning. Cependant, « e-learning » étant un terme générique pour l’enseignement en ligne, ils lui préfèrent des recherches plus précises sur la base de leurs besoins spécifiques, comme en attestent les index de Google Tendance des Recherches.

L’occurrence « e-learning » tend à voir sa volumétrie se réduire ces dernières années puisque les utilisateurs lui préfèrent des recherches moins larges telles que « e-learning anglais ».

Du côté du search

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Lorsque l’e-learning est associé aux cours classiques en face à face et que, de fait, le présentiel et le distantiel sont conjoints, on parle de blended learning, « blended » signifiant « mélange ». Il s’agit donc d’un enseignement mixte combinant, par exemple, des cours par téléphone à des cours en salle et par Internet. La démocratisation des smartphones voit aujourd’hui l’essor du m-learning ou mobile learning pour un accès à des contenus pédagogiques en toute mobilité.

2. Les T.I.C.E., l’école du XXI ème siècle

L’acronyme T.I.C.E. désigne et regroupe toutes les techniques utilisées principalement pour la création, la diffusion et le traitement d’informations pédagogiques. Avec l’essor de la société de l’information, au cours du vingtième siècle, l’usage des télécommunications, de l’informatique puis d’internet a tendu à largement se développer pour la formation des individus que ce soit en milieu scolaire ou dans le cadre d’une formation autonome ou continue. Les principales techniques usitées sont l’informatique, la microélectronique, les télécommunications et réseaux, le multimédia, les logiciels et tous les médias électroniques. Les applications des T.I.C.E. consistent en la production, le traitement, le stockage, la classification et l’échange de contenus numériques pour l’enseignement et l’apprentissage d’une discipline.

Les T.I.C.E. sont communément regroupées sous trois grands pôles applicatifs qui tendent parfois à se chevaucher, à savoir :

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1 | Le pôle audiovisuel, à savoir le traitement de l’image et du son.

2 | Le pôle informatique : l’ordinateur devient un outil intellectuel puisque la connaissance n’est plus uniquement transmise mais également inductive via les diverses expériences vécues par les apprenants au contact de la machine. Le professeur cohabite désormais avec celle-ci.

3 | Le pôle des télécommunications qui regroupe la télédiffusion, à savoir la télécommunication unilatérale vers un grand nombre de destinataires disposant du matériel de réception adéquat (radiodiffusion, vidéographie, etc.), la télématique qui est la symbiose des télécommunications et de l’informatique (le Minitel en étant l’exemple le plus probant) et les télécommunications qui sont l’ensemble des moyens de communication à distance (téléphone, fax, télévision, …).

Ces trois pôles sont amenés à se chevaucher car ils forment le multimédia qui, on le verra postérieurement, a pris son essor à l’issue des années 80 pour un enseignement multicanal. En 2011, les T.I.C.E. font partie intégrante du paysage scolaire. Professeurs et élèves apprennent ensemble à multiplier les activités numériques pour une pédagogie plus dynamique. D’autant que les élèves doivent désormais obtenir le Brevet Informatique et Internet (B2i). Créé en 2000, le B2i établit les compétences informatiques que les élèves doivent maîtriser à l’issue du collège. Reçu sous la forme d’une attestation, le B2i est nécessaire à l’obtention du brevet des collèges.

La création du B2i prouve l’importance accordée par l’Éducation Nationale à l’usage tout autant autonome que collectif des technologies de l’information et de la communication. Cependant, les disparités sont nombreuses et la situation française, au sein des pays de l’O.C.D.E., est sujette à plusieurs interrogations comme nous allons le voir dans ce rapport.

L’e-learning et les T.I.C.E. ont pour creuset l’enseignement ouvert, ou à distance, dont les grandes étapes historiques sont mises en exergue dans le chapitre suivant.

3. La formation ouverte d’hier à aujourd’hui

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1849/1919 | L’enseignement par correspondance prend son envol

1860 Deuxième partie du dix-huitième siècle : les cours par correspondance se développent grâce à l’essor de l’imprimerie et des services postaux, notamment en Allemagne et au Royaume-Uni puis en France (1877, Cours HATTEMER).

1920/1945 | Les prémices du multimédia, déjà…

1920/1930 Développement du cinéma et enregistrement et diffusion de cours de langues sur disques 78 Tours.

1936 Essor de la radio scolaire.

1939 Création du Centre National du Télé-enseignement (C.N.T.E.) suite à l’exode des populations du Nord et de l’Est vers la zone libre. Le C.N.T.E. deviendra en 1986 le C.N.E.D. (Centre National d’Enseignement à Distance) qui dispense aujourd’hui environ 300 000 formations.

1945 Création de la télévision française à vocation pédagogique via l’O.R.T.F. (Office de Radio Télévision Français).

1946/1971 | Le paysage de la formation à distance e st remanié

1946/1947 Réorganisation des associations professionnelles et mise en place de la formation professionnelle.

1950 Développement du microsillon et du magnétophone, nouveaux supports d’enseignement.

1963 Télé-CNAM est lancée

1969 Développement et soutien de la télévision scolaire dans les pays en voie de développement sur la volonté de l’UNESCO.

1970/1994 | déclin puis reprise de la télévision éd ucative, essor de l’enseignement à distance à l’échelle internationale

Années 70 Création du Conseil International de l’Enseignement à Distance et du Consortium International Francophone de Formation à Distance (C.I.F.F.A.D.).

1974 Dissolution de l’O.R.T.F. pour favoriser la concurrence télévisuelle ; sur le petit écran la formation s’incline face au divertissement.

1982 Les magnétoscopes et la V.H.S. se généralisent peu à peu.

1984 L’ordinateur personnel s’impose, notamment grâce au Macintosh d’APPLE.

1985 Lancement du plan Informatique Pour Tous (I.P.T.) (voir ci-après).

1988 Les logiciels à vocation pédagogique fleurissent dans la distribution spécialisée.

1994 Lancement de la Cinquième (désormais France 5), la télévision de la connaissance et du savoir.

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FOCUS SUR LE PLAN INFORMATIQUE POUR TOUS (I.P.T.)

Le 25 janvier 1985, le gouvernement français, soucieux d’équiper les 50 000 écoles, collèges et lycées nationaux en matériel informatique, annonce la mise en place d’un plan de 1.8 milliard de francs pour l’installation de 120 000 ordinateurs et l’accès à l’informatique des 11 millions d’élèves français. Ce plan très ambitieux a permis une vulgarisation de l’informatique auprès de la population scolaire. Cependant, celui-ci est considéré comme un échec puisque la programmation a été privilégiée au détriment de l’utilisation de logiciels mais aussi car les professeurs n’étaient que peu formés et le matériel souvent obsolète. D’ailleurs, par protectionnisme, ce sont des sociétés françaises qui ont été sélectionnées telles que THOMSON et BULL. Or, très vite, se sont imposés les équipementiers américains APPLE et IBM.

1995/2011 | la montée en puissance du multimédia

1995 Les particuliers découvrent Internet et ses ressources universelles. Création de l’A.R.F.E. (Anneau des Ressources Francophones de l’Education) par des enseignants, chercheurs et étudiants. De nombreux documents éducatifs téléchargeables y sont implémentés.

1996 Plusieurs académies scolaires proposent leur site internet et les établissements scolaires commencent à souscrire des connexions Internet.

1997 Lancement du plan national pour l’équipement et la connexion de tous les établissements de l’enseignement public, de la maternelle à l’université, d’ici l’an 2000. Généralisation du D.V.D.

2000 Tous les lycéens métropolitains et ultramarins sont équipés, les écoles et collèges accusent un certain retard.

2003 Le Web 2.0, concept défini par Dale DOUGHERTY et Tim O’REILLY, transforme les usages d’Internet.

2010 En France, on dénombre 1 P.C. pour 4 lycéens, 1 pour 6 collégiens, 1 pour 10 élèves de primaire. A peine 20% des établissements proposent une connexion Wi-Fi.

2011 Adoption du plan France Numérique 2012 pour l’économie numérique.

FOCUS SUR LE MULTIMÉDIA

Le multimédia se caractérise par la conjonction digitale d’au moins deux médias distincts parmi le texte, le son, l’image fixe ou l’image animée. C’est dès 1978 que François BILLETDOUX, auteur et romancier français, invente ce néologisme qui deviendra peu à peu le terme désignant toute l’industrie des éditions numériques que ce soit en termes de contenant (consoles, ordinateurs, tablettes, …) et de contenus (l’information créée puis transmise et diffusée).

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Sur le plan de l’apprentissage, le multimédia se caractérise par le regroupement de médias sur un même support (logiciel, internet) favorisant l’interactivité (navigation, hyper navigation, recherche d’informations, aide en ligne) avec l’apprenant. C’est donc la logique L.M.S. (Learning Management System, système d’apprentissage web pour accompagner toute personne dans son processus d’apprentissage et la gestion personnalisée de son parcours) qui prédomine via l’évaluation, le cheminement (laisser des traces de sa progression) et la communication synchrone et asynchrone (facteur temps) avec ses pairs et/ou un enseignant.

Cette chronologie démontre combien l’évolution de l’enseignement à distance et, plus globalement, des T.I.C.E. a été rythmée par l’introduction de technologies innovantes. La partie suivante s’attachera donc à présenter ces vecteurs pédagogiques et, ainsi, mettre en relief les progrès dans le domaine de l’e-formation.

B. Les « vieilles » et les « nouvelles » technologi es

Sur la frise ci-dessus est illustrée de façon synthétique les diverses grandes technologies ayant concouru à façonner l’enseignement ouvert.

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1. La radio et la télévision scolaires, le savoir a u service des masses

A la fin des années vingt, l’Etat prend en compte l’enseignement et la formation à distance et encourage l’introduction de technologies dans l’enseignement notamment par l’usage de la radio et du téléphone. Cependant, le téléphone est un support vite abandonné car coûteux et encore peu généralisé. En 1926, Radio Luxembourg est la première radio à transmettre un programme éducatif. Puis, en 1936, les premiers grands projets de formation par l’utilisation du support radiophonique soutenus par l’Etat sont opérationnels. Radio Sorbonne, par exemple, voit le jour en 1937.

Plusieurs radios publiques comme privées diffusent des émissions éducatives à grande échelle pour les personnes désireuses d’accroître leurs connaissances. Le succès est au rendez-vous, notamment dans les zones rurales.

En parallèle de la radio, la télévision s’intéresse très vite à l’éducation des masses. Dès 1957, de courts programmes pédagogiques sont diffusés. En 1963, c’est outre-manche que la télévision éducative trouve ses lettres de noblesse avec le lancement d’une chaîne dédiée aux adultes par la B.B.C. En France, Télé-CNAM est lancée. Dès 1965, la Radio Télévision Scolaire (R.T.S.) encourage de multiples émissions éducatives majoritairement à destination des adultes. Les Pays-Bas, l’Allemagne, la Pologne, le Québec suivent.

Aujourd’hui, BBC Learning et BBC Schools font toujours office de références. Dans le monde francophone c’est R.F.I., pour la radio, et France 5 et certaines de ses jumelles nationales (Radio Canada), pour la télévision, qui sont actuellement les principaux vecteurs éducatifs. Ces deux médias tendent à s’effacer devant Internet.

2. L’informatique, nouvel environnement pédagogique

Suite au colloque de l’O.C.D.E. à Sèvres, en 1970, la France, qui est en pleine période de développement, introduit l’informatique dans l’enseignement secondaire. On fait le choix d’introduire l’informatique en tant que support et non en tant que discipline indépendante. Se pose alors le problème de l’équipement qui est coûteux et volumineux. Seuls 58 lycées sont équipés entre 1972 et 1976.

D’un lycée à l’autre, les initiatives et pratiques sont très diverses : club informatique, cours de programmation, enseignement assisté par ordinateur (E.A.O.). C’est cette dernière initiative qui prend le dessus et tend à plus largement se développer à l’orée des années 80 bien qu’en 1978 le rapport Simon insiste sur l’importance de finalement définir l’informatique comme une discipline à part entière. En 1979, l’opération « 10 000 micro-ordinateurs » est validée.

Les professeurs étant très peu voire mal formés, on établit des stages d’un an dans chaque académie pour palier à cette problématique. En parallèle, on crée l’option informatique pour les secondes, premières et terminales. En 1983, le gouvernement entérine le projet « 100 000 micro-ordinateurs» qui sera renforcé par le plan Informatique Pour Tous (I.P.T.) déjà cité. Aujourd’hui, informatique et multimédia sont presque indissociable, Internet étant devenu un outil logiciel important au sein des classes.

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FOCUS SUR L’E.A.O. OU ENSEIGNEMENT ASSISTÉ PAR ORDI NATEUR

Lorsqu’un apprenant utilise un logiciel sur micro-ordinateur pour apprendre, on parle d’Enseignement Assisté par Ordinateur. L’E.A.O. s’appuie sur des didacticiels (contraction de logiciels didactiques), à savoir des logiciels à portée pédagogique, articulés autour du triptyque stimulus/réponse/évaluation, notamment dans le cas des didacticiels exerciseurs qui consolident une notion par le phénomène de répétition (behaviorisme, notion que nous développerons par la suite). Les didacticiels se distinguent par leurs fonctions interactives. Se superposent les tutoriels qui ont pour unique but de dispenser un contenu pour offrir et/ou renforcer la connaissance d’un sujet précis.

L’E.A.O., choix des gouvernements français successifs, bénéficie de nombre d’intérêts mais souffre aussi de lacunes évidentes. L’E.A.O. apporte de nombreux stimuli à la motivation des élèves et leur propose des activités interactives et ludiques qu’un enseignant ne peut pas toujours créer ni effectuer. En revanche, ces programmes manquent parfois d’empathie et ne peuvent pas toujours apporter une réponse à des cas spécifiques où l’accompagnement humain est important. Bien évidemment, l’E.A.O. suscite également des réserves de par sa substitution à l’enseignant, le facteur humain étant considéré comme déterminant dans l’apprentissage.

Ce que l’on désigne désormais par l’acronyme T.I.C.E. est essentiellement le fruit de la synthèse de l’E.A.O. et du multimédia.

3. Le magnétoscope et la V.H.S., l’image à l’infini

Avec l’enregistrement du son et de l’image sur bande magnétique, la vidéo s’impose très vite comme un excellent vecteur pédagogique, au cours des années 80. Les possibilités sont immenses : illustration de cas, descriptions pédagogiques, insertion de photographies, plan rapprochés, division de l’image, ralentis, retours en arrière, passage accéléré à la séquence suivante, etc. En tant que support peu encombrant et facile d’utilisation, la V.H.S. devient vite un outil pédagogique incontournable que ce soit en classe ou en autoformation, par exemple.

Cependant, la vidéo est parfois décriée pour son manque d’implication réelle de l’apprenant, le fait qu’elle ne soit pas forcément adaptée à l’auditoire et, de plus, non modifiable mais également pour sa couverture parfois très superficielle d’un sujet derrière de divertissants atours.

C’est pourtant une technologie désormais universelle et qui a su se renouveler dès 1997 avec le lancement du Digital Versatile Disc (D.V.D.) qui truste toujours une place importante dans les méthodes pédagogiques.

4. Le multimédia ou la conjonction de vecteurs pour une pédagogie dynamique

Les bases du multimédia pédagogiques ont été jetées par l’E.A.O. et la vidéo éducative. A la fin des années 70, avec l’essor du multimédia, la formation à distance commence à être perçue comme une sphère éducative indépendante par les pouvoirs publics qui appréhendent plus aisément ses enjeux, ses expériences, ses caractéristiques et ses problématiques propres.

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Cela se double d’une réelle empathie pour le public apprenant. On mène des études de comportement à la fois sur les formateurs et les formés et la recherche technologique dans l’éducation est plus largement encouragée. Avec pour conséquence une assimilation du concept d’individualisation. Dès 1987, le Ministère du Travail lance un appel à projets « systèmes de formation multimédia individualisés ». A l’échelon européen, le programme D.E.L.T.A. voit le jour, en 1991, avec pour objectif la recherche et le développement d’applications basées sur les nouvelles technologies d’information et de communication dans l’éducation. Sur le plan national, le programme F.O.R.E. (Formation Ouverte et Ressources Éducatives) permet la généralisation de formations à distance dans les entreprises et les centres de formation.

Dès 1988, avec la généralisation des micro-ordinateurs, tout un chacun peut désormais acquérir des logiciels pour se former ou renforcer ses compétences. L’école, de son côté, n’est pas en reste avec la constitution de logithèques.

5. Internet, la connaissance n’a plus de frontière ni de limite dans le temps

En 1995, une révolution technologique voit le jour, à savoir Internet. Les instances européennes, bientôt relayées par leurs pendants nationaux et régionaux multiplient les initiatives mettant le multimédia au cœur de l’éducation. On l’a vu précédemment, les établissements français se dotent relativement rapidement d’une connexion pour tirer partie de ce nouvel outil mettant à portée de clic la connaissance universelle.

On commence à numériser les ouvrages, on publie divers travaux et recherches. Les Campus Numériques Universitaires sont mis sur pied ; le concept d’e-université est né. L’e-learning prolonge cette notion à toutes les classes d’âge, à tous les niveaux scolaires. On parle de Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (N.T.I.C.) puis, les développements étant particulièrement fulgurants, de T.I.C. L’enseignement qui, comme on l’a vu sait tout le potentiel qu’offrent ces technologies, définit très rapidement le concept de T.I.C.E.

En 2003/2004, le Web vit sa première grande révolution. Le Web 2.0 prend le relais. D’un Internet aux contenus pratiquement figés et peu interactifs, on passe à l’implémentation d’outils en cascade pour un recentrage sur l’internaute et, de fait, une plus grande horizontalité. La vidéo, les plug-ins, les podcasts et A.P.I. se généralisent sur la Toile. Autant d’attributs particulièrement adaptés pour faire d’Internet une formidable source éducative. Les contenus numériques publiés ne sont plus uniquement l’apanage d’experts puisque tout un chacun peut interagir avec les internautes. Outre la multiplication des sources et l’aplanissement du facteur temporel, on se connecte sur différents devices (ordinateurs, tablettes, téléphones mobiles) pour un accès extrêmement facilité à l’information qui se régénère constamment.

En parallèle du flux logique et bien établi enseignant/apprenant, se développe les flux enseignant/enseignant et apprenant/apprenant qui sont particulièrement encouragés avec l’apparition des réseaux sociaux. Ces plateformes d’échanges planétaires, au succès croissant depuis 2006, sont certainement le principal catalyseur de la notion d’individualisation de l’enseignement dans la lignée des logiciels. Le paysage pédagogique est, une nouvelle fois, bousculé et les vérités d’hier ne sont pas forcément celles d’aujourd’hui. Le « décor » de la formation ouverte étant planté, il me paraît essentiel à ce niveau de passer en revue la situation des T.I.C.E. dans l’Hexagone à l’école mais aussi de l’e-learning en entreprise et à la maison, en 2012.

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C. La pédagogie en trois dimensions : l’éducation n ationale, la formation continue, l’apprentissage autonome

Lorsque l’on évoque le vaste domaine de l’éducation des personnes, on distingue deux grands « compartiments », à savoir l’éducation scolaire, sous la houlette de l’éducation nationale et du ministère du même nom et la formation continue qui s’exerce au cours de la carrière professionnelle. On parle de formation initiale par opposition à la formation continue. Cependant, lorsque l’on évoque l’éducation, il ne faut pas minorer l’importance de l’apprentissage autonome, à savoir les démarches personnelles des individus souhaitant se former à une ou plusieurs discipline(s) ou approfondir leurs connaissances. A contrario des formations précédentes, il n’y a pas forcément de structure encadrante.

1. La formation initiale, l’école de Jules Ferry et de Napoléon

Il s’agit de l’éducation intellectuelle et morale d’une personne obtenue au terme d’un cycle d’étude.

C’est via l’école, dans toutes ses composantes, qu’est donc dispensée la formation initiale, généralement sanctionnée par un ou plusieurs diplôme(s). Sont considérés en formation initiale les individus qui :

>N’ont pas interrompu leurs études au-delà de deux ans

>Travaillent en temps partiel en parallèle de leurs études

Le système scolaire français, qui se base sur une instruction obligatoire de 6 à 16 ans, s’articule en trois grandes périodes que sont :

>L’enseignement primaire, de 2 à 10 ans, et qui rassemble les écoles maternelle et primaire.

>L’enseignement secondaire, en moyenne de 11 à 18 ans, qui est la synthèse du collège et du lycée.

>L’enseignement supérieur qui revêt diverses formes selon l’orientation choisie ou subie à l’issue du collège et pendant les années lycée.

Evaluation 2.0 Ludique

Synchrone/Asynchrone

Encadrement

Formation Education 2.0 Autonomie Partage des données

T.I.C.E. Pédagogie 2.0

Classes Virtuelles

e-twinning

Motivation

Web 2.0

E.A

.O.

Multimédia

Blogs e-learning Learner2Learner

Interactivité E.N.T. Tâches

Apprentissage

Chat Widgets Wikis Syndication

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2. La formation continue ou comment démultiplier se s compétences

La formation continue est l’éducation concernant les apprenants qui ont quitté la formation initiale et sont donc entrés dans la vie active. Elle désigne de fait les apprenants adultes. La formation continue revêt deux formes :

>la reprise d’études avec des modalités proches de la formation initiale

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>la formation professionnelle continue (F.P.C.)

Dès 1946, la république inscrit la formation professionnelle dans la constitution française. En 1949, l’A.F.P.A. (Association pour la Formation Professionnelle des Adultes) voit le jour. A partir de 1959, la loi Debré permet aux centres de formation de dispenser des cours du soir. On considère que la formation est un effort personnel récompensable par une promotion professionnelle. La reconversion professionnelle est prise en compte, en 1963, via le Fonds National pour l’Emploi (F.N.E.) qui participe à la restructuration du secteur industriel et de ses moyens humains. Suite à mai 68 et, après de profondes négociations, les partenaires sociaux font entrer la formation professionnelle au cœur du droit du travail via l’accord national interprofessionnel (A.N.I.), permettant ainsi de corriger les inégalités du système éducatif, la réponse aux besoins en main d’œuvre et aux aspirations individuelles à la promotion. Tous les salariés, excepté ceux du secteur public, sont concernés.

Depuis la loi du 16 juillet 1971, la F.P.C est dispensées par des organismes reconnus aux statuts très divers. L’Etat, les collectivités et les cotisations patronales sont les sources de financement de la F.P.C. qui jouit aujourd’hui d’un budget annuel avoisinant les 30 milliards d’euros. En 1984, le congé individuel de formation (C.I.F.) voit le jour suivi, en 1989, par le crédit formation.

Une rationalisation des organismes de formation est menée en 1991 suite à certaines dérives. Des labels sont délivrés. En 1993, c’est le financement qui est assaini : les O.P.C.A. (Organismes Paritaires de Collecte Agréés) sont instaurés. Le capital temps formation voit le jour et permet aux salariés de profiter de formations inscrites au plan de formation de leur entreprise pendant leur temps de travail. 2004 signe l’instauration du droit à la formation professionnelle tout au long de la vie de l’individu. Depuis 2007, certaines branches de la fonction publique bénéficient également de ce système. C’est ainsi que le droit individuel à la formation (D.I.F.) est créé : le salarié dispose de vingt heures de formation par an, des heures cumulables sur plusieurs années.

Avec le D.I.F., les services Web prennent de l’ampleur, comme nous le verrons plus largement dans la suite de ce rapport, et le salarié est parfois directement sollicité par les offreurs du marché de l’e-learning.

3. L’apprentissage autonome : apprendre tout au lon g de son existence

Nous avons précédemment souligné l’importance de l’individualisation. Au cours du vingtième siècle, la notion d’apprentissage autonome s’est largement développée en parallèle de l’évolution des techniques pédagogiques. En effet, l’apprentissage en autonomie jouit d’une batterie d’avantages pour un apprenant désireux de se former ou d’approfondir ses connaissances par lui-même, à savoir :

>Une autonomie permettant une gestion personnelle des efforts et du temps consacré

>Un apprentissage basé sur les besoins et attentes spécifiques de l’apprenant

>Un apprentissage décentralisé par rapport aux personnels et locaux disponibles

>Une souplesse dans la progression et une pression moindre par rapport aux objectifs

>Un coût maîtrisé, notamment à l’ère numérique

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En 2011, c’est l’ordinateur qui très majoritairement est choisi par les individus. Cependant, selon l’appétence à l’informatique, l’âge ou encore les ressources, certains privilégient encore la formation par les livres, cassettes audio et vidéo ou D.V.D. Ces choix tendent à se marginaliser devant la force de frappe des logiciels et d’Internet. En effet, l’apprentissage autonome via ces outils conventionnels souffre notamment des points faibles suivants :

>Pas ou peu de contact avec d’autres apprenants

>Moins de possibilités d’échange

>Un partage d’expériences peu favorisé

>Une évaluation rare ou inexistante des progrès accomplis

Il est difficile de quantifier l’apprentissage autonome qui est un choix personnel qui s’exerce en dehors des structures scolaires et professionnelles. Si la France se positionne comme la championne du soutien scolaire, avec 2.2 milliards € et une croissance annuelle de 10%, quid du « marché adulte » de l’apprentissage autonome ? D’autant qu’avec Internet, les démarches sont grandement facilitées.

FOCUS SUR LE SOUTIEN SCOLAIRE

La France étant l’un des rares pays où le soutien scolaire bénéficie d’une réduction fiscale, les cours de soutien connaissent une envolée ces dernières années. En surimpression de ce coup de pouce, la culture typiquement française de l’élite, où l’échec est très mal vécu, est un paramètre à prendre en compte.

D’autre part, le développement des technologies numériques permet désormais une très grande flexibilité en termes horaires, pécuniaires, organisationnels et de motivation. Prof Express, Educastream, Maxicours, Teacheo et consorts ont su tirer partie du Web 2.0 en implémentant des outils variés pour un parcours personnalisé des élèves. Acadomia, leader du cours à domicile, s’est récemment lancé dans les cours de langue en ligne selon les niveaux reconnus par le C.E.C.R. que nous expliciterons ultérieurement.

D. État des lieux des T.I.C.E. en milieu scolaire : un usage contrasté

1. Une distorsion notable entre les moyens et les u sages

Bien que parmi les pays de l’OC.D.E. la France ne soit pas des plus en avance, le recours aux nouvelles technologies s’est grandement accéléré ces dernières années. Il est pour autant nécessaire de souligner que cette progression est très logique voire urgente puisque notre pays accuse un lourd retard en la matière.

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Source : Éducnet, Débit de l’accès à Internet, 2010

En 2010, parmi les pays de l’Union Européenne, la France arrive en huitième position en termes d’équipement informatique. Bien que notre pays soit la deuxième économie de cette zone, il s’agit d’un rang somme toute honorable et qui est le fruit d’efforts continus, ces dernières années, de nos gouvernants pour équiper les établissements nationaux et ultra-marins. Cependant, le taux d’équipement subit de regrettables variations d’une académie à l’autre, un déséquilibre qui pourrait s’aggraver avec les récentes lois de décentralisation.

Source : Éducnet, Nombre d’élèves par ordinateur, 2010

Le graphe ci-après, qui s’attarde sur les matériels technologiques utilisés est édifiant. Hormis les photocopieurs, tous les autres outils sont majoritairement fournis par les enseignants qui doivent très souvent mobiliser leurs ressources personnelles pour permettre un accès facilité et multi-supports de leurs élèves aux T.I.C.E. Pour l’usage d’un simple ordinateur de salon, cinq fois sur dix, c’est l’ordinateur personnel de l’enseignant qui est mis à contribution.

L.P.

Lycées Professionnels

L.E.G.T.

Lycées d’Enseignement Général & Technologique

Vocabulaire

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Source : Éducnet, Équipements à la disposition des enseignants, 2010

Source : IPSOS, Etude sur les TICE et les enseignants, Utilisation des équipements à titre professionnel, 2010

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Source : IPSOS, Etude sur les TICE et les enseignants, Utilisation des équipements, 2010

Le recours aux équipements permettant une utilisation d’Internet s’est accéléré. Pourtant, les enseignants restent prudents dans leurs usages en favorisant des matériels classiques dont ils maîtrisent parfaitement l’utilisation. Les tableaux blancs, les classes mobiles et les tablettes, notamment, suscitent même des freins notables. Le tableau blanc interactif dispose d’un écran tactile, d’un stylet et d’un capteur suivant les mouvements de l’utilisateur. Il est généralement relié à la Wi-Fi. La classe mobile permet de favoriser les travaux en réseau. Ces résultats dénotent de la frilosité de certains professeurs envers ces outils technologiques révolutionnant l’approche pédagogique.

En ce qui concerne la place des T.I.C.E. à l’école, les résultats sont édifiants : sur les 27 pays que compte l’U.E., notre pays se classe au vingt-quatrième rang pour l’usage de ces technologies dans la classe. Ce déséquilibre a pour résultante une distorsion entre les capacités et les usages. L’accès des élèves aux ressources est désormais généralisé mais ceux-ci ne bénéficient que très peu des dernières innovations ou pour des tâches encore très basiques. Outre les moyens financiers et techniques, il est nécessaire de prendre en considération « l’évangélisation des enseignants » pour clarifier ce retard inquiétant.

Depuis le Plan Informatique pour Tous de 1985, la formation et, en préambule, la sensibilisation des professeurs a bien souvent été le parent pauvre des programmes et politiques décidées par le Ministère de l’Éducation. En conséquence, il n’y a pas dans notre pays de véritable « coaching » et donc d’adhésion pleine et entière des enseignants autour des multiples possibilités des T.I.C.E. A contrario de certains de ses alter-egos, l’enseignant français reste donc timoré dans son approche et dans son usage des T.I.C.E., sauf exception, et n’explore que très peu de méthodes et travaux en dehors de ceux mis en exergue par les instances éducatives.

Les conséquences sont les suivantes :

>La défiance vis-à-vis des T.I.C.E. est encore notable

>Le recours spontané au T.I.C.E. est donc faible

>La créativité pédagogique est minorée

>La « veille techno-pédagogique » est rare parmi le corps enseignant peu sensibilisé

L’étude sur les T.I.C.E. et les enseignants, menée en 2010 par l’IPSOS, donne un éclairage très parlant sur la perception des outils numériques par les professeurs. L’histogramme ci-après démontre que ces techniques sont plus largement vues comme des leviers du savoir-être avant d’être de probants vecteurs du savoir. 87% des enseignants jugent les T.I.C.E. comme un moyen de permettre un usage raisonné d’Internet par les élèves et apportant une certaine maîtrise de l’information et de la communication. L’aide à la pratique d’une langue étrangère (52%), à la rédaction (44%) et à la maîtrise du français (41%) ou bien encore à la

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maîtrise des mathématiques et des sciences et technologies (38%), qui se situe sur le plan du savoir, sont des critères cités par moins d’un enseignant sur deux.

Source : IPSOS, Etude sur les TICE et les enseignants, Compétences développées par les TICE, 2010

On constate, à la lecture des réponses données, que le corps enseignant appréhende encore très largement les T.I.C.E. comme un moyen plus que comme un faisceau de sources de la connaissance. Pour preuve, le graphique suivant qui aborde les bénéfices des T.I.C.E. ressentis par les professeurs. Les mentions « apprendre de manière interactive et ludique » et/ou « consolider les savoirs », par exemple, ne figurent pas parmi les résultats proposés par le ministère. Pour la grande majorité des enseignants, les T.I.C.E. sont le moyen idoine de préparer des supports de cours et de réaliser des tâches administratives. Ils ne sont que 66% à plébisciter l’item « faire cours ». Et seuls 49% sont tout à fait d’accord avec l’affirmation « réaliser un suivi personnalisé des élèves et leur évaluation, en dehors de la classe ». Les T.I.C.E. sont considérées comme des techniques organisationnelles pratiques pour les professeurs et qui, lorsqu’elles sont utilisées avec les apprenants, le sont essentiellement en classe.

Source : IPSOS, Etude sur les TICE et les enseignants, Bénéfices des TICE, 2010

Devant cette perception encore très classique, les réponses à la question « quelles actions pour généraliser l’usage des T.I.C.E. ? » sont éloquentes : 8 professeurs sur 10 réclament des

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formations et une aide à la gestion de la maintenance. 57% demandent l’adaptation des programmes et ils sont 40% à souhaiter que les instances scolaires communiquent bien plus sur les bénéfices que les T.I.C.E. peuvent apporter aux enseignants, ce qui illustre clairement le manque « d’éducation » du corps enseignant à ces technologies. D’ailleurs, le fait qu’ils soient 71% à estimer qu’il est important de prendre en compte le fait que l’usage des T.I.C.E. nécessite un temps de préparation plus long prouve la méconnaissance des pédagogues puisque les T.I.C.E. sont censées, entre autres, permettre une gestion facilitée et donc plus rapide des cours. Seuls 2% répondent qu’ils ne voient aucun intérêt aux T.I.C.E., ce qui souligne la prise de conscience relative à l’importance et à l’impact de ces outils par la communauté scolaire.

Source : IPSOS, Etude sur les TICE et les enseignants, Quelles actions pour généraliser l’usage des TICE ?, 2010

Les deux tableaux ci-après listent les types d’actions principalement menées par les enseignants lorsqu’ils ont recours aux technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement. Le premier tableau concerne le cycle primaire, le suivant le secondaire.

>Les sciences et technologies sont logiquement en tête

>Les maths trustent la seconde place avec plus de 20%

>Le rédactionnel (lettres, sciences humaines et langues) peinent encore à « se digitaliser »

>Les technologies complexes accusent un fort retard

Disciplines et T.I.C.E.

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Source : Éducnet, Services en lignes à l’école

A la lecture de ces indices, on constate que c’est étonnamment en maternelle que l’on fait le plus appel aux ressources pédagogiques en ligne. Suivent les lycées avec 71%, les collèges et écoles primaires avec 64% et les lycées professionnels avec 53%. En France, les nouvelles technologies à l’école semblent être essentiellement synonymes de praticité et gain de temps dans l’approche organisationnelle : on délivre les emplois du temps, les notes et actualités scolaires avec Internet pour appui.

Source : IPSOS, Etude sur les TICE et les enseignants, Moyens d’évaluation utilisés, 2010

Cependant, les enseignants se convertissent peu à peu l’évaluation 2.0 pour une interactivité plus forte, comme le démontrent les indices ci-dessus. Les tâches multimédia sont encore

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disparates mais les formateurs ont intégré l’aspect facilitateur de la notation grâce aux outils numériques. Pour les devoirs sur table, les exercices ou encore les interrogations écrites et orales, les moyens d’évaluation numériques sont de plus en plus utilisés par les enseignants. Cependant, dans le cadre des devoirs à la maison ou préparations d’exposés, les professeurs appliquent rarement une évaluation basée sur les outils digitaux en mode asynchrone donc à distance.

A l’heure du Web 2.0, il est surprenant de constater que les outils digitaux employés par le corps enseignant demeurent relativement conventionnels, comme en atteste le graphique ci-dessous à gauche. Le rédactionnel reste majoritaire avec l’utilisation et l’entretien d’un blog pour 27% des répondants. Facebook et Twitter, largement utilisés par les élèves en tant qu’agréments, ne sont que peu exploités (9% Vs. 2%) en classe.

Sur le chapitre des réseaux sociaux (graphique de droite), la méconnaissance est malheureusement criante : 31% des sondés ont opté pour l’item « Ne sait pas » à l’affirmation « Les réseaux sociaux peuvent servir de vecteur pédagogique » et pratiquement 2 professeurs sur 10 ne sont pas d’accord avec cette affirmation.

Source : IPSOS, Etude sur les TICE et les enseignants, 2010

Le social learning, qui s’appuie sur le mode collaboratif induit par les médias sociaux et que nous aborderons plus loin dans ce rapport, n’a pas encore les faveurs du corps enseignant. Pourtant, l’installation et le renforcement inévitable des T.I.C.E. dans le paysage scolaire français vont amener les instructeurs à optimiser leurs usages en ce domaine et, surtout, à travailler en mode systémique, comme le résume l’infographie ci-après.

Outre les supports papier classiques, les professeurs devront s’adonner à la gestion d’outils électroniques divers (wikis, blogs, réseaux sociaux, vidéoconférence, webinars, etc.) tout en gérant l’approfondissement de leurs rapports avec les familles, leurs collègues (best practices, …), leur hiérarchie mais aussi et surtout avec leurs élèves bien plus informés et exigeants. L’interdépendance et le partage vont prendre une autre dimension à l’école sous la houlette de professeurs bien plus aguerris aux nouvelles technologies.

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Source : The networked teacher, Alec COUROSA, 2010

2. Les Espaces Numériques de Travail, la systémique des ressources

Cependant, l’Etat a réagi en instaurant les E.N.T. (Espaces de Travail Numérique) dans les établissements secondaires puis universitaires. Il s’agit de fournir aux utilisateurs (élèves, professeurs, chercheurs) un accès aux ressources liées à leur(s) activité(s). Ce point d’entrée est constitué d’un socle de services applicatifs pour des recherches profondes de données. Les E.N.T. ont permis de donner un accès en dehors des structures scolaires aux bénéficiaires pour un partage collectif de l’information, de moderniser la scolarité en encourageant l’utilisation de ressources pédagogiques au sein des familles, permettre aux scolaires la gestion de l’information et donc de mieux appréhender la société de l’information et, enfin de rendre possible par tous et pour tous l’utilisation de formes alternatives d’enseignement et d’apprentissage. Les E.N.T. sont les équivalents nationaux des L.M.S anglo-saxons, soit des centres de ressources.

E. L’e-formation est désormais bien installée dans l’enseignement extrascolaire

Selon une étude de Cegos (« La formation professionnelle, aujourd’hui et demain »), en 2010, 24% des salariés français ont suivi un cours en e-learning contre 51% en Espagne et 47% au Royaume-Uni. Cependant, ce retard devrait être comblé d’ici 2012 puisque on observe une accélération du recours à l’e-learning au sein de nos entreprises. Les employeurs incluent désormais plus facilement un volet e-learning à leur plan de formation. Les causes en sont essentiellement la flexibilité et la réduction de certains coûts, à une époque où les dépenses sont étudiées à la loupe.

L’enquête CEGOS met en avant 7 tendances lourdes encourageant la conversion des ressources humaines à l’e-learning.

>Il est connecté

>Il doit constamment se former

>Il connaît la valeur de la collaboration

>Il est la porte d’entrée vers le réseau

>Il est le nœud des échanges

>Il connecte les intelligences

>Il lie le tangible au virtuel

Le prof dans l’œil du cyclone

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Source : BISEUL Xavier, « E-learning : la France en cours de rattrapage », 15 janvier 2010

L’étude « e-transformation de la formation » conduite par les étudiants de l’Institut Léonard de Vinci (I.L.V.), en 2011, met en exergue le potentiel de l’e-learning dont la part budgétaire ne représente qu’un pourcent du budget total de la formation quand celle-ci atteint les 11% au niveau mondial. Ce sont logiquement les grandes entreprises et les multinationales qui génèrent 73% du chiffre d’affaires de ce secteur. Selon Philippe GIL, de DEMOS E-Learning, « les entreprises du CAC 40 estiment que la part de l’e-learning sera en augmentation ou en forte augmentation dans les deux ans à venir. Aucune ne prévoit de réduire l’effort d’investissement ». Le potentiel de croissance est donc vaste. D’autant que 85% de ces sociétés font de l’outsourcing pour la réalisation de modules de formation.

Il s’agit donc essentiellement de contenus sur mesure, à savoir répondant à un cahier des charges établi selon les besoins du donneur d’ordre. Suivent les contenus sur étagère, ou standard, désormais majoritairement liés aux thématiques managériales. Outre ces deux segments désormais largement exploités, le serious gaming fait une percée remarquable ces derniers mois. Le plan France Numérique 2012, pour le développement et l’offre de contenus numériques, dispose d’un budget de 20 millions d’euros pour le soutien de 48 projets de serious gaming. Ce segment de l’e-learning génère 1.5 milliard d’euros et atteindra les 10 milliards en 2015. Le potentiel est donc considérable et les entreprises se laissent désormais séduire par cette pédagogie ludique très réaliste permettant une forte implication et donc une adhésion de leurs salariés. Ces « jeux sérieux » combinant le ludique à l’interactivité peuvent être de six natures :

>Les advergames ou jeux publicitaires pour la promotion d’une marque

>Les jeux ludo-éducatifs pour apprendre tout en s’amusant

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>Les jeux de marché qui servent la stratégie de communication et les enjeux sociaux

>Les jeux engagés pour la dénonciation de problèmes généralement d’ordre éco-politique

>Les jeux de simulation permettant la reproduction d’une tâche ou manœuvre

>Les jeux expérimentaux généralement à dimension scientifique

Bien évidemment, les sociétés sont bien plus enclines à mettre en place les jeux ludo-éducatifs et de simulation. Cependant, les autres types sont parfois utilisés par les marques auprès du marché donc de leurs consommateurs, notamment les advergames. A noter que L’OREAL a, par exemple, recruté un tiers de ses stagiaires via le jeu Reveal, en 2010.

L’étude de DEMOS E-Learning démontre également que 30% de ces entreprises du CAC 40 offrent la possibilité à leurs salariés de suivre leurs modules d’e-formation à domicile. On constate une accélération de la délinéarisation de la formation professionnelle par le recours renforcé aux solutions digitales. Six entreprises sur dix, pour parer à la solitude de l’apprenant mais également stimuler sa motivation, ont mis en place un système d’accompagnement tel que le tutorat. En effet, si le distantiel, soit l’apprentissage à distance, a des nombreux avantages, les employeurs sont soucieux d’entretenir la motivation de leurs ouailles.

A l’instar d’autres enquêtes, celle-ci démontre une nouvelle fois la montée en puissance du blended learning ou mélange des modalités pédagogiques relatives au présentiel et au distantiel. 44% des sociétés renforçant leur formation autour du blended learning ont réduit le présentiel. Il s’agit, désormais, de bien préparer son mix learning pour effectuer un savant dosage entre le présentiel et le distantiel mais aussi, en termes de vecteurs, savoir quels outils sélectionner et quelle part leur donner dans la stratégie globale du plan de formation professionnelle.

Car si le blended learning est très prometteur, il s’agit de bien préparer en amont les contenus et leur séquençage en choisissant la durée, les outils, l’interface et l’ergonomie les plus à mêmes d’engendrer une efficacité pédagogique si possible zéro défaut pour enseigner mais aussi motiver et entretenir l’attention tout en mesurant les progrès accomplis et mettant en exergue les mesures correctrices à mener au fur et à mesure que se déploie l’apprentissage. D’une offre plutôt standard, on est passé à une offre affinée selon les besoins des entreprises et de leurs effectifs. Le blended learning va certainement connaître un développement majeur dans les prochaines années.

FOCUS SUR LE BLENDED LEARNING

Le blended learning permet une formation multimodale pour offrir à l’apprenant la formation la plus complète et flexible possible. Le blended learning s’appuie sur un savant mix learning pouvant s’appuyer pêle-mêle sur le face à face, le téléphone, l’e-mail, la visioconférence et bien évidement tous les outils digitaux pédagogiques connus. Bien que le blended learning puisse être employé dans divers domaines, c’est dans la formation linguistique que ce concept serait le plus efficient. TELELANGUE, leader des cours de langue à distance, quantifie entre 30 et 50% le gain d’efficacité engendré par le blended learning pour, de plus, un coût inférieur par rapport aux cours classiques. 64% des formations en blended learning sont des cours de langue.

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Le blended learning, concept probant pour apprendre une langue

Trois motifs justifient la forte efficacité de blended learning dans la formation linguistique :

>L’assimilation : grammaire, orthographe, vocabulaire sont acquis au rythme de l’apprenant via les outils digitaux utilisés. Mais la restitution des acquis est assurée par le professeur, seul capable de faire travailler efficacement les réflexes.

>La rapidité : l’apprenant progresse deux fois plus vite grâce à un enseignement disponible anytime anywhere et parfaitement calibré à ses besoins et à son niveau.

>La double flexibilité : l’employeur tout comme son salarié bénéficient d’une flexibilité dans l’enseignement/apprentissage puisque les contenus peuvent être accessibles 24/24h, en entreprise ou à l’extérieur.

Source : DEMOS E-Learning, Enquête “Blended learning et tutorat”, 2009

Avec la montée en puissance des smartphones, certains anticipent déjà la croissance logique du m-learning ou mobile learning. Certains acteurs commencent à investir le micro marché de la pédagogie nomade. C’est le cas, par exemple, de MICROPOLE et 4N MEDIA. Les salariés étant amenés à souvent se déplacer, tels les visiteurs médicaux ou les commerciaux, vont donc être amenés à de plus en plus bénéficier de modules pédagogiques via leurs smartphones. Sans pour autant ne concerner que les geeks, le m-learning induit une adhésion forte des utilisateurs aux nouvelles technologies, bien plus encore que dans le cas de l’e-learning conventionnel. De plus, le fond et la forme des contenus pédagogiques doivent être adaptés à l’usage sur mobile. Selon le blog Innovative Learning Technologies, 5 raisons majeures illustrent les prémices du succès du m-learning :

>L’exploitation optimale du Web 2.0 dans une logique communautaire

>Le support idéal pour des exercices d’entraînement

>Le développement de nouvelles tâches (utilisation des flashcodes, par exemple)

>Permettre des formations d’un nouveau genre sur un appareil du quotidien

>La dématérialisation des frontières de l’espace de formation

On entrevoit combien l’e-learning originel cède peu à peu la place à un e-learning 2.0. car désormais les particuliers n’hésitent pas à aller à la source pédagogique pour se former par

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eux-mêmes, c’est-à-dire approfondir leurs connaissances ou développer de nouvelles compétences. L’écueil principal étant de savoir piocher parmi les gigantesques ressources d’Internet. Les critères observés sont majoritairement le coût, la qualité des contenus et l’interface graphique et l’ergonomie. Notons qu’avec Internet, il est souvent possible de faire son menu e-formation gratuitement ou, à tout le moins, pour un faible coût. Cependant, la qualité sera très variable.

La capture d’écran ci-dessous nous donne un aperçu des référencements gratuit et payant lorsqu’il s’agit de l’occurrence « cours en e-learning ».

Comme souligné précédemment, les recherches relatives à l’e-learning sont désormais plus pointues : face à la largeur de l’offreur mais aussi sur la base d’une exigence plus forte, les Français tapent désormais « cours d’anglais », « cours d’italien », « e-learning langues », etc. Le graphe ci-après, issu de Google Tendance des Recherches, prouve l’essor des recherches plus profondes à partir de 2004.

Ce graphe établi à partir de l’occurrence « cours d’anglais » illustre également le fait qu’Internet soit désormais un vecteur de choix dans la recherche d’une pédagogie adaptée par des apprenants de plus en plus séduits par la Toile pour répondre à leurs besoins, que ce soit en mode présentiel ou distantiel.

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Outre les professionnels et les scolaires, les particuliers sont désormais une cible de choix pour les acteurs de l’e-learning qui ont constaté l’importance du phénomène et tirent partie notamment du droit individuel à la formation (D.I.F.). Le marché de la formation linguistique se caractérise par une offre très atomisée rassemblant un grand nombre d’organismes, d’individus et d’entreprises de toutes tailles, avec des statuts et des offres de formations très variés, exerçant une activité dans le domaine des cours de langue.

F. L’enseignement des langues a très vite succombé aux sirènes du Web

A l’heure où la mondialisation régit l’économie et la géopolitique internationales, la maîtrise de langues étrangères devient déterminante. Les marchés domestiques étant saturés, dans de nombreux secteurs d’activité, les P.M.E./P.M.I. emboîtent le pas aux grandes entreprises en se lançant à l’export afin d’obtenir des débouchés commerciaux. Outre l’anglais qui est bien souvent impératif dans le recrutement de talents, les langues secondes prennent une plus grande importance. Et la progression des B.R.I.C.S. (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et du Moyen-Orient amène les entreprises à rechercher des locuteurs de langues plus ardues telles que l’arabe, le mandarin ou le japonais.

C’est pourquoi les perspectives pour les offreurs sont placées sous les meilleurs auspices. Passons désormais en revue les sociétés référentes sur ce marché.

1. Les leaders n’occupent pas une position dominant e sur le marché

Dans son édition du 29 novembre 2010, le Journal du Net a remis les conclusions de son étude « L’anglais en e-learning : les formations au banc d’essai ». Quatre leaders sont isolés de la masse toujours plus importante des offreurs.

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>Notation des méthodes pour l’évaluation du niveau du requérant :

>Notation des modules d’e-learning proposés :

Ces quatre entreprises occupent 30% du marché et ont su tirer partie du booster qu’a été l’e-learning dans la formation en langues. TELELANGUE bénéficie d’une croissance d’environ 26% sur les derniers exercices grâce à des investissements massifs dans son concept Cyberteachers (10 millions d’euros) qui combine blended learning, téléphone, modules e-learning, cours en présentiel et outil de gestion LMS. Cette stratégie lui permet aujourd’hui de fortement concurrencer les pure players GOFLUENT et PROFORMATION. De même, BERLITZ, via son concept Virtual Classroom, a su se renouveler et, surtout, se redresser suite à des années 2003 et 2004 difficiles.

L’étude du JDN démontre que, sur ce marché, ce sont étonnamment encore les click and mortar qui tiennent le haut du pavé. En effet, seul GOFLUENT est un pure player.

Seuls 60% du marché sont détenus par les spécialistes du secteur.

Parts de marché

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1 370€ H.T. pour 20 heures de

téléphone et 20 heures multimédia

79€ par mois pour un engagement

d’un an

1 790€ pour 30h de cours (18h

multimédia, 12h de téléphone)

1 450€ H.T. pour 20h de téléphone

et un accès multimédia illimité

1 669€ H.T. pour 21 heures de

téléphone et 21 heures multimédia

Sur devis

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TELELANGUE passe sous pavillon Américain [E-learning-infos.com , 8 septembre 2011]

Un coup de tonnerre dans le ciel de la formation linguistique… Berlitz accélère son développement en rachetant Telelangue

La fin - ou le début ? - d'une belle aventure pour Jean-Michel Dubedout qui a su faire de Telelangue, l'un des leaders européens de la formation linguistique à distance.

La mariée est belle : pionnier de la formation à distance, avec notamment la création des cours de langue par téléphone, éditeur de solutions e-learning spécialisées, présent en France à travers une trentaine de centres, Telelangue a formé plus d'un million d'apprenants et sert plus de 15,000 entreprises clientes de par le monde. Quant à Berlitz, il est un acteur global de la formation linguistique et des services interculturels avec plus de 550 centres dans 70 pays.

Les motifs du rapprochement sont raisonnables. La complémentarité géographique, et celle surtout des approches de la formation, permettra au nouvel ensemble de peser plus que la seule somme des parties. Les clients de Berlitz devraient être les premiers bénéficiaires des innovations pédagogiques et de la technologie développée par Telelangue, facteurs de renforcement de la formation et d'optimisation des coûts. "Ce qui est en jeu, explique Jean-Michel Dubedout, c'est notre capacité à répondre à de grands appels d'offre internationaux. La compétition est devenue mondiale, et les acteurs susceptibles d'y participer en très petit nombre. En se rapprochant de Berlitz, Telelangue fait mieux que de rester dans la course".

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99€ par mois pour l’offre Private

Teacher

89€

pour 6 mois

Sur devis

Sur devis

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La formation linguistique est en effet particulièrement sensible aux réductions qui affectent les budgets formation des entreprises. C'est une autre raison des rapprochements en cours : les investissements nécessaires pour continuer d'innover sont importants, et leur retour suppose une base internationale de clients de plus en plus étendue.

Par ailleurs, ces innovations peuvent aussi inspirer d'autres thématiques de formation, comme le souligne Marc Verger, Président Directeur Général de Berlitz France SAS : "La technologie de Telelangue nous ouvre également d’autres perspectives de développement pour nos formations en management, leadership, diversité ou encore l’accompagnement interculturel".

Cette opération fait bouger les lignes : les grands concurrents de Telelangue, à commencer par Auralog, devront sans doute revoir leur copie stratégique.

Le mapping ci-après se propose de répartir les offreurs les plus influents selon deux axes qui nous semblent pertinents, à savoir les acteurs clic and mortar / clic only en ordonnée et les solutions payantes / outils gratuits ou semi-gratuits en abscisse.

À la lecture de ce mapping, deux populations s’opposent diamétralement : les acteurs clic and mortar aux L.M.S. complexes et dont le tarif des solutions peut en conséquence varier du simple au double et les réseaux sociaux linguistiques bien plus abordables voire totalement gratuits. Les offreurs clic and mortar proposant des outils très accessibles sont rares. Les outils en question ne sont pas adossés à un L.M.S. Les pure players sont peu nombreux sur un marché encore très occupé par les spécialistes ayant acquis une forte légitimité sur le offline.

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2. Une nébuleuse d’acteurs de l’e-formation linguis tique

Les acteurs suivants sont une vue succincte de ce qui est proposé sur Internet par des acteurs de moindre ampleur et dont les business models sont parfois aux antipodes les uns des autres.

>La réputation d’ASSIMIL conjuguée à l’audience de TOUTAPPRENDRE.COM

Fort de la centaine de langues enseignées, de son assise construite depuis 1929, de ses 37 millions de clients et de sa méthode spécifique, ASSIMIL s’est associée à TOUTAPPRENDRE.COM pour superposer des modules e-learning à son offre livres et CD-Rom. Ces modules s’adressent prioritairement aux particuliers favorisant un apprentissage autonome. Pour 59€ annuels, 110 leçons sont disponibles.

>MAXICOURS.COM, une notoriété digitale qui n’est plus à faire

Passant en revue les matières scolaires pour apporter un soutien approfondi pour la somme de 9.99€ mensuels, MAXICOURS.COM a très vite étoffé son offre en ajoutant l’allemand et l’espagnol à l’anglais. Bien connu des scolaire et mis en avant par les médias, la pédagogie uniquement digitale de MAXICOURS.COM connaît un beau succès. En langues, cours, vidéo, animations, exercices corrigés sont au menu.

>APPRENDRE-LANGUES.COM a choisi la gratuité comme modèle économique

Ce site, lié aux Éditions Vasseur, propose treize langues – dont le néerlandais, l’arabe ou encore le turc – en toute gratuité. La méthode repose sur le téléchargement de fichiers textes et son. Mais les fichiers sont facturés 0.90€ l’unité. Pour aller plus loin, les apprenants sont bien évidemment dirigés vers le site des Éditions Vasseur afin d’acquérir les Cd-Roms afférents. La pédagogie en ligne reste très en surface voire basique mais a le mérite de donner quelques notions.

>LAPASSERELLE.COM, 90 leçons de langues gratuites

Ce site, à l’ergonomie très Web 1.0, propose 90 leçons d’anglais totalement gratuites. L’apprenant est encouragé à faire un don de 5, 10€ ou plus à sa convenance. Fichiers son et textes sont téléchargeables. Comme dans le cas précédent, l’acquisition de logiciels est l’étape suivante mais, à la différence d’APPRENDE-LANGUES.COM, il s’agit de plug-ins directement téléchargeables.

Pour parler correctement le russe, apprenez d'abord l'anglais; ça vous permettra de vous rendre compte que ces deux langues n'ont

absolument aucun rapport entre elles.

Pierre DAC

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G. Les théories de l’apprentissage, quelles méthode s pour bien apprendre ?

1. Le connectivisme : une synthèse salutaire des gr andes théories ?

Il semble ici important de faire un point sur ce que les spécialistes préconisent en termes de méthodes d’apprentissage probantes, notamment pour les langues. En effet, dans le milieu éducatif, trois théories de l’enseignement sont plus communément admises. Il s’agit du behaviorisme, du cognitivisme et du constructivisme.

Le behaviorisme – ou comportementalisme dans notre langue –, défini en 1913 par John BROADUS WATSON, envisage l’enseignement sur la base de comportements observables chez l’élève sans faire appel aux mécanismes neurologiques. Le behaviorisme est dérivé de la psychologie animale puisque les behavioristes considèrent l’homme comme un pigeon complexe. Cette théorie s’appuie notamment sur le phénomène de répétition et le conditionnement via le dyptique stimulus/réaction. L’expérience la plus marquante pour illustrer le comportementalisme est celle du physiologiste russe Pavlov : en 1889, celui-ci démontra que si l’on habitue un chien à accompagner sa nourriture d’une manifestation sonore (stimulus), celle-ci pouvait à la longue déclencher un phénomène de salivation de l’animal (réaction) sans pour autant être accompagnée de nourriture. Le canidé était au fil des jours conditionné à recevoir des aliments dès qu’une cloche était activée ; l’animal associa mentalement ce son à la nourriture.

Le fait d’apprendre par cœur, par exemple, s’inscrit parfaitement dans une démarche behavioriste. En France, l’enseignement s’est largement appuyé sur le behaviorisme jusque dans les années 90. L’influence de cette théorie a depuis largement décrue de par les critiques constantes émanant des humanistes, psychanalystes et phénoménologues mettant en avant la force de l’inconscient dans le processus d’apprentissage.

Pour autant, les T.I.C.E. font parfois encore appel au comportementalisme. Christian BARRETTE, Analyste à l’Association pour la Recherche au Collégial (A.R.C.), préconise la diversification des approches pédagogiques lors de l’emploi d’outils T.I.C.E. et argue du fait que des études empiriques montrent que les T.I.C.E. servent également des approches centrées sur la « simple » transmission de connaissances en mode réactif.

Le cognitivisme se base sur le postulat établissant que la pensée est un processus de traitement de l’information. Selon les cognitivistes, le cerveau interprète puis stocke les informations. Pour schématiser, on peut définir le cognitivisme comme la science des processus mentaux par opposition au behaviorisme qui se base sur des stimuli exogènes. C’est notamment via la logique, les mathématiques puis l’informatique que la théorie cognitiviste a pris de l’ampleur.

Plus récente que le behaviorisme, la théorie cognitiviste considère le cerveau humain comme un ordinateur complexe traitant l’information grâce à des systèmes ouverts communiquant avec leur environnement. Les concepts sont reliés entre eux par des relations. Le cognitivisme étudie les procédés, les stratégies et les règles suivies par l’esprit humain en phase

L’enseignant base ses cou rs sur des exposés, la répétition

et le renforcement des

L’apprentissage se manifeste par un changement dans le

comportement de l’apprenant PRINCIPE DU

BEHAVIORISME

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d’apprentissage. L’apprenant collecte, stocke, analyse les données pour prendre des décisions et orienter sa conduite. Cela via, par exemple, la résolution de problèmes mathématiques ou l’apprentissage de la lecture. Le cognitivisme s’appuie largement sur la mémoire. La mémoire se déploie de manière constructive suite aux diverses expériences de l’individu et permet de stocker l’information et de développer la connaissance. Ce stockage dans le cerveau repose sur trois axes, à savoir le registre d’information sensorielle (vue, ouïe, toucher), la mémoire à court terme (répétition, encodage, décision, récupération) et la mémoire à long terme (stockage permanent).

Que ce soit dans la modélisation de logiciels ou via les plateformes digitales, le cognitivisme a apporté sa pierre aux T.I.C.E. Les environnements d’apprentissage proposant une présentation non linéaire de l’information, de type hypermédia, sont largement inspirés de la méthode cognitiviste. On parle de flexibilité cognitive. En termes d’ergonomie, par exemple, cela débouche sur l’utilisation de différents systèmes de classification, des modalités diverses d’accès aux données pour multiplier les parcours d’apprentissage, l’insertion de schémas, de vidéos, de photos.

Le constructivisme, qui s’est développé depuis les années 50, est une branche du cognitivisme qui a été largement exploitée ces dernières années. La théorie constructiviste se focalise sur l’apprenant a contrario du behaviorisme (stimulus externe) et du cognitivisme (traitement des informations émanant de l’environnement). Le constructivisme considère que l’on apprend via une activité mentale et la recherche de sens, de significations. Chacun produit ses règles et modèles mentaux pour donner un sens à ses expériences. Apprendre est donc un processus d’ajustement de nos modèles mentaux face à de nouvelles expériences. L’individu construit ses connaissances. D’après les constructivistes, pour apprendre, notre cerveau va mobiliser certaines facultés cognitives (la mémoire, la perception, etc.) pour une assimilation des informations ou, à tout le moins, pour une accommodation, dès lors qu’il y a résistance, pour une modification in fine des structures cognitives de l’individu. La connaissance progresse à condition d’être remise en question au contact de l’environnement.

Par exemple, l’apprenant reçoit une information, celle-ci déséquilibre son modèle de pensée établi et va donc le pousser à la disséquer, la comprendre et l’assimiler pour trouver un nouvel équilibre. Le psychologue suisse Piaget a démontré l’influence du développement cognitif dans l’apprentissage. L’apprenant va passer par différents stades pour assimiler l’information. Les étudiants apprennent donc mieux lorsqu’ils s’approprient la connaissance par l’exploration et l’apprentissage actif (cas pratiques, analyses, synthèses, etc.).

Certains constructivistes (Lave, Brown, Collins, Duguid) ont développé la notion de socioconstructivisme à l’issue des années 80. Ils estiment que la construction du savoir, bien que personnelle, s’effectue dans un cadre social et historique dont tenir compte. Les informations que l’individu traite sont en lien avec le milieu social, le contexte et proviennent à la fois de ce que l’on pense et de ce que les autres apportent comme interactions. Il s’agit de l’aspect socioculturel de la connaissance.

L’enseignant amène l’élève à traiter les informations et

interagit ave c lui

L’apprentissage se manifeste dans le changement des

structures cognitives PRINCIPE DU

COGNITIVISME

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Au sein des T.I.C.E., le constructivisme et le socioconstructivisme font une remarquable percée : mise en situation quasi réelle, résolution de problèmes et énigmes, interactions avec les autres (communautés d’apprentissage, réseaux sociaux), échange de savoirs, etc.

>Mise en perspective des trois théories en vigueur :

Source : Wikipedia, Les théories de l’apprentissage

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Outre ces trois grands mouvements contemporains, se développe le connectivisme né sur la constatation des limites des trois principales théories en vigueur. Le connectivisme observe et explique l’impact de la technologie sur la façon d’apprendre. Selon les connectivistes, la conception, la lecture et le partage – notamment grâce aux ordinateurs et Internet - permettent de co-apprendre sans forcément avoir besoin d’un encadrement supérieur prononcé. Le connectivisme se base sur les connexions au cœur d’un thème, d’un sujet ou d’une problématique. Ce sont les connexions d’informations spécialisées qui permettent d’apprendre. Les données sont telles des bourgeons ou grappes. Cela sous entend d’aller à la recherche de la connaissance.

Le schéma ci-dessus, illustre les caractéristiques du connectivisme, qui partage de nombreuses caractéristiques avec le Web 2.0, comme on le verra a posteriori. Le connectivisme est souvent considéré comme un néo-constructivisme. Selon l’International

Journal of Instructional Technology and Distance Learning, la théorie connectiviste conjugue les éléments pertinents des précédentes théories aux réseaux sociaux et aux technologies modernes pour fonder une théorie de l’apprentissage solide à l’ère numérique.

L’article de Georges SIEMENS, « Commencer à mettre en place le connectivisme », jette les bases d’une exploitation optimale du connectivisme par les enseignants. Selon cet auteur, voici les actions à mener :

>Créer des blogs pour la classe

>Utiliser des activités d’apprentissage collaboratif (wikis)

>Ouvrir ses propres ressources à la collaboration et au partage (L.M.S.)

>Les ressources et les échanges ont besoin d’un certain degré d’ouverture

>Utiliser les systèmes éducatifs ouverts dans la prestation de matériel didactique (jeux)

>Faciliter la recherche de ressources

>Privilégier l’écoute directe à la source (webinars, visioconférences, podcasts)

>Expérimenter différents outils et approches pédagogiques

>Former les apprenants à ces ressources pour qu’ils les exploitent hors de la classe

>Développer l’appétence des apprenants à participer et à contribuer aux réseaux

>Enrichir les cours grâce à un réseau d’experts externes et/ou d’autres apprenants

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2. L’apprentissage linguistique, en théorie ça donn e quoi ?

L’acquisition des langues secondes a également été théorisée. Comme dans le cas de l’enseignement au sens large, différentes écoles s’opposent. Voici un panoramique de ces diverses approches :

>La méthode audio-orale : la langue maternelle et la grammaire sont proscrites. La lecture et l’écriture sont réservées aux étudiants de niveau avancé. On va privilégier, dans un premier temps, la répétition et la substitution jusqu’à ce que l’apprenant acquiert une relative fluidité dans le discours qui soit perfectionnée cours après cours. Cette méthode s’appuie largement sur la mémorisation.

>La grammaire transformationnelle générative : cette théorie, encouragée par Noam CHOMSKY dans les années 50, considère que la répétition behavioriste n’est pas suffisante. Elle met en avant la distinction entre compétence et performance, à savoir la connaissance que le locuteur a de la langue étudiée et l’emploi effectif de celle-ci dans des situations concrètes, bref de son utilisation pratique et non plus seulement théorique.

>Le code cognitif : cette théorie se base sur le fait que les étudiants doivent penser et analyser les règles apprises pour les assimiler et les mettre en pratique. On encourage les apprenants à faire le lien entre les structures de leur langue maternelle et celle de la langue étudiée. Pour ce faire, on les place dans des situations réalistes, telles des jeux de rôle, pour qu’ils emploient ce qu’ils viennent d’assimiler. L’écriture et la lecture sont donc très importantes dès le début de l’apprentissage.

>L’approche communicative : cette théorie met en exergue deux principes, à savoir les notions et les fonctions. Les notions sont bien évidemment ce qui a été appris, que ce soit par la répétition, la mise en situation ou toute autre approche ; les fonctions consisteront, par exemple, en la demande d’éclaircissements, la formulation d’excuses ou l’expression de son insatisfaction pour permettre à l’apprenant de trouver les mots justes pour exprimer ses sentiments. Au lieu de se baser sur enseignement formel, la théorie communicative met l’élève au centre de la dynamique en servant ses besoins en matière de communication dans chaque situation.

Cependant, peu d’instructeurs basent uniquement leur enseignement sur une approche unique. Et force est de constater qu’on n’a toujours pas trouvé de méthode idéale pour une apprendre une langue seconde qui puisse être appliquée à n’importe quel apprenant. En revanche, tous les chercheurs s’accordent sur un point essentiel : il est impensable de faire une séparation entre la langue apprise et le contexte culturel dans lequel cette langue existe. Enfin, les apprenants intègrent leurs nouvelles connaissances de manière hiérarchique.

L’enseignement des langues est donc conduit par diverses théories parfois clairement divergentes dans leurs méthodes. Pourtant toutes s’accordent sur un point : la tâche. En effet, enseigner une langue n’est pas la même chose qu’enseigner une discipline scientifique, par exemple, où les données répondent à des lois ou théorèmes formels. Il est donc nécessaire de proposer des tâches structurées aux apprenants pour une évolution maîtrisée des connaissances, qu’elles soient grammaticales, orthographiques, syntaxiques, … Et, lorsque l’on s’aventure sur le terrain digital, il est nécessaire que l’enseignant conjugue créativité et rigueur pour exploiter de manière optimale les larges possibilités offertes par le Web 2.0. Le

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chapitre suivant s’attachera à présenter le Web de deuxième génération, les acteurs spécialistes des cours de langue en ligne mais également les tâches proposées.

FOCUS SUR L’ENSEIGNEMENT DES LANGUES EN FRANCE

On se lamente souvent du niveau en langue des français. Pourtant, l’enseignement des langues est très codifié en France. C’est désormais dès l’école primaire, en C.E.2. plus précisément, que début l’apprentissage d’une langue vivante. 90% des effectifs optent pour l’anglais. En quatrième débute l’enseignement d’une seconde langue. Au lycée, la poursuite de l’apprentissage des deux langues est obligatoire, même en lycée professionnel. Désormais, les enseignements linguistiques sont dispensés au lycée par groupes de compétences, non plus par classe, et les jumelages avec des établissements étrangers sont impératifs pour favoriser les échanges entre élèves et les séjours linguistiques. Il est également possible de choisir une troisième langue vivante, dès la seconde.

Le Cadre Européen Commun de Référence pour les lang ues (C.E.C.R.)

Institué en 2001, il définit les niveaux de maîtrise d’une langue étrangère. Le Cadre Européen Commun de Référence pour les langues a été établi par plusieurs experts en linguistiques européens. Ce programme communautaire permet de dresser des objectifs et une méthodologie dans l’enseignement des langues dans les établissements scolaires de l’Union Européenne. Les programmes, diplômes et certificats sont donc harmonisés depuis dix ans. La mobilité intracommunautaire est également encouragée par ce programme unique au monde.

Les collégiens français sont tenus d’obtenir le niveau A2 ou « de survie », soit celui d’un utilisateur élémentaire pour des conversations simples, les lycéens le niveau B2, celui d’utilisateur indépendant menant des conversations argumentées, pour décrocher le baccalauréat. Les niveaux C1 (usage régulier dans des contextes de difficulté raisonnable) et C2 (compréhension sans effort et maîtrise) relèvent des études supérieures. De quoi permettre aux apprenants français de tendre vers le niveau de leurs voisins scandinaves, particulièrement bons en langues.

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A. Définition et tour d’horizon du Web de deuxième génération

Sur Internet, les définitions du Web 2.0 sont légion mais bien souvent incomplètes. Je m’attacherai donc ici à faire une synthèse de diverses publications sur le sujet.

Dans le prolongement du Web classique, le Web 2.0 propose de nouvelles fonctionnalités largement centrées sur l’utilisateur et l’interaction. Les interfaces désormais dynamiques du Web 2.0 permettent aux internautes de créer eux-mêmes, de relayer ou d’adapter à leurs besoins les contenus d’Internet. Chacun devient émetteur, transmetteur et récepteur d’informations ou données via des plateformes logicielles puissantes, des standards basés sur

l’ergonomie logicielle et des conventions de programmation plus strictes. Le Web 2.0 se caractérise, de fait, par la multiplication d’outils collaboratifs à la fois communautaires et personnalisés. Les internautes sont devenus les acteurs centraux d’Internet par la création et le partage. C’est en 2003 que Dale DOUGHERTY a pour la première fois évoqué l’expression de Web 2.0 qui sera ensuite vulgarisée par Tim O’REILLY, notamment lors de la publication en 2005 de l’article « What is Web 2.0 ? ».

FOCUS SUR WHAT IS WEB 2.0? DÉCRYPTAGE…

Via son article, O’REILLY met en exergue les paramètres suivants :

>Le Web devient une plateforme logicielle

>La longue traîne : du chiffre d’affaires peut être généré via des niches

>Le Web est un activateur social

>Les flux RSS (Really Simple Syndication) bouleversent la consultation d’informations

>Les données génèrent de la valeur ajoutée

>La version bêta permanente : on améliore constamment

>L’accès est multi supports

>Les interactions homme - machine ne cesseront de s’enrichir

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Afin de mieux cerner la révolution numérique induite par le Web 2.0, voici une comparaison entre le Web classique et le Web 2.0 sur la base de critères inhérents à l’usage d’Internet.

Sources : Carmen VERA PEREZ, Le Web 2.0 dans l’enseignement des langues, 2008

http://www.marine-landre.fr/2009/06/quelles-differences-entre-le-web-20-et-le-web-10-pour-les-entreprises

D’un réseau relativement centralisé et mené par des experts, le Web s’est transformé en gigantesque outil universel de la transmission du savoir et en relais commercial de premier plan. Les clés de voûte de cette auto révolution reposent sur les attributs suivants.

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Source : Le Web 2.0 en classe de langue, Christian OLLIVIER et Laurent PUREN, juin 2011

>Stockage de documents

>Outils bureautiques

>Traitement des images

>Messageries instantanées

>Agrégateurs/syndication

>Wikis et blogs

>Gestion de tâches

>Gestion de la relation client

Les Outils du Web 2.0

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B. La force de frappe des réseaux sociaux et de l’i ntelligence collective

L’une des caractéristiques majeures du Web 2.0 est son aspect social de par la systémique horizontale induite par la deuxième génération du net. Dès lors, la notion de média social se développe. C’est l’apparition de Facebook, début 2004, Twitter, en 2006, puis de nombreux réseaux sociaux généralistes ou spécialisés, grand public ou professionnels (Viadeo, Linkedin). Le dernier né étant Google+, en juin 2011.

Outre les réseaux sociaux à l’aura universelle, certaines entreprises développent des réseaux sociaux plus confidentiels pour un rapport quasi direct avec leurs clients ; AIRFRANCE KLM a, par exemple, lancé Bluenity fin 2008. On peut définir2 un réseau social comme un système reliant des identités ou individus entre eux par des liens d’amitié, professionnels, ou d’intérêts divers permettant des interactions sociales. En bref, les individus constituent volontairement des groupes afin de partager des données, échanger des informations, mener des actions, etc.

2 Source : Wikipedia

>On publie en masse

>On commente beaucoup

>On partage facilement

>La vox populi s’exprime

>On laisse des traces

>L’info s’échange

>L’info se monnaye

Le flux conversationnel

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Source : The conversation prism, Brian SOLIS

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On peut donc imaginer combien les échanges numériques sont en plein boom, ces dernières années. Dans le cadre de l’e-learning, les réseaux sociaux deviennent des plateformes de travail particulièrement prisées de par les vastes possibilités qu’ils offrent.

Source : Socialbakers, Statistiques et infographies des médias sociaux, 23 novembre 2011

>Interaction entre les utilisateurs

>Partage des données

>Profils et groupes par centres d’intérêt

>Structuration identitaire

>Plateformes ouvertes ou semi-ouvertes

Caractéristiques des réseaux sociaux

23.2M. d’utilisateurs

+1.3M. en 6 mois

9ème pays utilisateur

Pénétration 35.89%

52% des internautes

18/34 ans 51%

Femmes 51%

CPC moyen 0.53 USD

CPM moyen 0.23 USD

Top 3 fan pages :

OASIS FUN PAGE

O.M.

DISNEYLAND PARIS

FACEBOOK en FRANCE

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C. Le social learning en phase de lancement

D’ailleurs, au-delà des médias sociaux, la force du social investit de nombreux domaines tels que, par exemple, la vente avec le social shopping et, depuis peu, la pédagogie avec le social learning. Logiquement, le social learning applique une éducation basée sur les flux d’échanges au sein d’une communauté. La motivation, la solidarité et l’engagement sont les piliers de ce concept récent pour une pédagogie active et participative qui met au centre de sa dynamique les acteurs de la chaîne, soit les apprenants, les enseignants, les chercheurs et les parents. Une revalorisation de ces intervenants est logiquement encouragée par ce système offrant une interdépendance salutaire.

Le social learning bénéficie d’avantages distinctifs notables :

>Les apprenants collaborent les uns avec les autres et sont plus actifs

>Les familles sont reliées à la communauté pédagogique et, de fait, plus impliquées

>Le soutien individualisé et personnalisé est renforcé

>Les échanges culturels et linguistiques sont favorisés

>In fine, les compétences et donc l’employabilité sont décuplées

Encore balbutiant, le social learning est arrimé à la longue traîne de l’e-formation. La courbe longue traîne ci-dessous positionne le social learning sur la dichotomie présentiel/distantiel.

Source : Rapport « L’e-transformation de la formation », La longue traîne de l’e-formation, Institut Léonard de Vinci, juin 2011

Si l’on quantifie une centaine de milliers de formateurs accrédités vivant de l’e-formation, on estime les formateurs occasionnels à 1 million d’individus. Certains voient dans le social learning l’e-learning 2.0. Un livre blanc a d’ailleurs été publié fin 2009. Les auteurs, Frédéric CAVAZZA, Cédric DENIAUD, Bertrand DUPERRIN, Clark QUINN, Harold JARCHE et

>Présentiel faible

>Variété des individus

>Compétences diverses

>Talents complémentaires

>Échange des savoirs

>Coproduction

>Work in progress

>Marketplace des savoirs

La socio-formation

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George SIEMENS (spécialiste du connectivisme dont nous avons évoqué le nom précédemment) mettent en avant le bouleversement que va induire le social learning dans la société mais aussi au sein de l’entreprise 2.0. Avec l’apprentissage social, on passe du « je pense donc je suis » à « nous participons donc nous sommes » dixit Frédéric DOMON de l’agence Social Learning.

FOCUS SUR LES CHIFFRES-CLÉS DES RÉSEAUX SOCIAUX – N ovembre 2011

750 millions de personnes sont actives sur Facebook

23 millions de Français ont un compte Facebook

Foursquare réunit 10 millions de membres

300 millions de comptes Twitter sont répertoriés

108 millions d’utilisateurs sont référencés par Linkedin

Le temps moyen mensuel passé sur Facebook est de 11 heures

On enregistre 9.2 inscriptions à par seconde

200 millions de tweets circulent chaque jour

Coca Cola fédère, à lui seul, 26 millions de fans sur Facebook

Google + rassemble déjà 25 millions d’utilisateurs

Foursquare a accueilli 4 millions de membres en plus en cinq mois

D. Do you speak Web 2.0?

Je vais m’attacher, ici, à présenter les outils collaboratifs offerts par le Web 2.0 dans l’apprentissage linguistique en ligne. Je les ai volontairement articulés autour du diptyque expression orale/expression écrite qui a toute son importance dans l’enseignement d’une langue.

1. L’expression et la compréhension orales

>Les podcasts, l’audio se décline sur la toile

Il s’agit de fichiers son implémentés sur Internet. Les apprenants peuvent ainsi les écouter et/ou les télécharger voire les transmettre dans le cas d’une utilisation libre. Ces pistes numériques encouragent la répétition pour améliorer la compréhension, la prise de notes à un moment souhaité. Les connaissances sont ainsi complétées.

Mots-clés : son, Audioboo, Vocaroo, Twaud.io, Voxli, Voxopop, Woices, Voki

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FOCUS SUR AUDIOBOO, LE MICRO-BLOGGING ORAL

Avec AUDIOBOO, l’enregistrement de messages oraux (ou boos) devient simple et rapide. Ces messages audio de 5 minutes maximum peuvent être envoyés à n’importe quel inscrit. Des photos et une géolocalisation, via l’A.P.I. GOOGLE MAPS, peuvent être ajoutées à ces pistes audio. Outre l’enregistrement en temps réel, il est possible d’en charger depuis un disque dur physique ou virtuel du moment qu’ils sont sous formats mp3, wav, flac, ogg, aiff ou aac. Avant de publier ces messages, il est possible de les réécouter, effacer et / ou compléter. Mais AUDIOBOO va encore plus loin en permettant l’ajout de tags, ou mots-clés, afin de permettre une classification optimal et un meilleur référencement.

Chaque utilisateur dispose d’une page profil, à la manière des réseaux sociaux, sur laquelle sont publiés les boos, hormis lorsqu’ils sont transmis en privé. Il est également possible d’obtenir le code html de chaque enregistrement pour les implémenter sur d’autres supports mais aussi de le partager sur Facebook ou Twitter. Mieux encore : vos boos peuvent être « podcastés » dans iTunes. Voilà de quoi encourager des tâches pédagogiques ludiques et très interactives. Dans le cas de deux classes de langue distantes, par exemple, AUDIOBOO se révèle un formidable outil social.

>La vidéo ou la puissance de l’image aux quatre coins du Web donc du monde

Dans la continuité de la V.H.S. et du D.V.D., la vidéo n’a jamais été aussi puissante. Internet, caisse de résonnance sans nulle autre pareille, a redonné un souffle à la vidéo. Chaque jour, ce sont des centaines de milliers de productions qui sont mises en lignes. Quand on sait que YouTube truste d’ores et déjà 10% de la bande passante, on imagine la force de la pédagogie visuelle via Internet.

Mots-clés : image, viralité, visioconférence, Dailymotion, YouTube

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FOCUS SUR VOXLITE, LES E-MAILS EN VIDÉO

Sans ouvrir de compte utilisateur, il est possible d’enregistrer un message vidéo d’une durée pouvant aller jusqu’à vingt minutes sur VOXLITE. Celui-ci peut être accompagné d’un texte. Si l’utilisateur dispose d’un compte, il bénéficie d’un stockage illimité et peut classer ces e-mails.

VOXLITE permet donc des échanges, par exemple, entre scolaires distants ou encore entre un formateur et son apprenant en mode asynchrone. Avec cet outil, le banal envoi d’e-mails devient à nouveau stimulant puisque le son et l’image sont ajoutés à l’écrit.

2. L’expression et la compréhension écrites

>Les blogs, des journaux digitaux à la touche toute personnelle

Les blogs peuvent être considérés comme des journaux numériques qui fédèrent des billets (ou articles ou posts) qui sont classés par date et/ou thématique(s). Dans une approche pédagogique, un blog peut aisément tirer partie de son caractère multimodal, à savoir combinant l’écrit à l’image, à la vidéo et au son. L’information circule en interne et en externe : en interne, du contenu est publié, en externe des commentaires sont postés par l’audience des blogs.

Mots-clés : articles, posts, billets, commentaires, WordPress, Blogger, Technorati

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FOCUS SUR POSTEROUS OU COMMENT BLOGUER EN TOUTE SIMPLICITÉ

Très minimaliste, l’interface de POSTEROUS permet la création d’un blog en quelques clics, cela sans forcément être inscrit. Via un contrôle par e-mail, la publication, la rédaction de brouillons et le partage d’articles sont grandement facilité. Pour poster un article, il suffit d’envoyer le contenu à [email protected] ; pour l’éditer sur un de ses autres blogs, l’adresse à utiliser est [email protected] ; pour un article privé, le texte sera transmis à [email protected] ; enfin pour conserver un brouillon, c’est [email protected] qui le permettra.

Une trentaine de templates est proposée. Photos, diaporamas, vidéos et podcasts peuvent être, en outre, implémentés. La gestion des articles est également facilitée via l’onglet Manage. Les droits peuvent être cédés à d’autres administrateurs. Enfin, la gestion de followers est possible.

>Les forums

Les forums sont des plateformes de discussion ouverte. A l’inverse des messageries instantanées, le flux de publications est en mode asynchrone et celles-ci sont organisées par thématique. Les messages sont donc organisés en cascade. Un ou plusieurs modérateur(s) régule(nt) les contributions. Certains forums sont gérés par des animateurs qui dynamisent et font rebondir les échanges. On distingue les forums privés des forums publics ou encore audio.

Mots-clés : asynchrone, posts, échange, modération, Teamspeak

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>Les wikis, plateformes du savoir

Les wikis sont des sites permettant une écriture, une illustration et la modification collaboratives entre les individus. Le plus connu des wikis est sans conteste Wikipedia, l’encyclopédie libre fédérant les contributions des internautes sur tous les sujets. Les wikis, qui tirent leur nom du terme hawaïen éponyme signifiant « vite » puisqu’il s’agit de publier rapidement et facilement, peuvent être décrits comme des communautés de la connaissance. A contrario des blogs, gérés par un auteur unique, les wikis sont développés par plusieurs auteurs de même niveau qui améliorent constamment les anciennes publications voire les suppriment pour une mise à jour perpétuelle. La notion de perfectionnement est prégnante. On parle de collaborateurs. Des traces sont laissées par chacun afin que l’on sache qui a contribué.

Mots-clés : Wikipedia, contribution, amélioration, multi source, collaboration

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FOCUS SUR VIKIDIA, le WIKIPEDIA des 8/13 ans (et de s autres)

Émanant de WIKIPEDIA, VIKIDIA est une encyclopédie à destination des tweens. Disponible en anglais, français, espagnol et néerlandais, ce site reprend le principe fondateur de son grand frère, à savoir rédiger, lire, publier, remanier des pages sur des thèmes précis. Les apprenants accèdent donc à des contenus simples, faciles d’accès et adaptés.

Les préadolescents peuvent donc aisément s’exprimer et apprendre sur les sujets qui leur tiennent à cœur. Véritable travail d’investigation, dans un cadre digital, la publication de contenus sur VIKIDIA permet de mobiliser à la fois individuellement et collectivement les talents.

>Les chats et messageries instantanées, le dialogue pour concept fondateur

Dans un contexte synchrone, le chat – dérivé de l’anglais chat soit bavardage – permet des échanges écrits en direct au cœur d’une chat room ou interface de bavardage. Les échanges sont en temps réel et les contributions de fait très rapides. Il peut s’agir d’un dialogue entre deux ou plusieurs personnes. Les chats encouragent fortement la notion de gestion de la compréhension. L’apprenant trouvera un sens à la lecture des commentaires et pourra ensuite à son tour exprimer ses idées, opinions, sentiments. Le défi du chat réside dans le fait de conserver et nourrir l’intérêt de l’élève. Avec le chat, l’apprenant va développer et exercer son esprit critique, son imaginaire, sa patience, son respect tout en travaillant en concertation et l’entraide sera favorisée.

Mots-clés : temps réel, posts, one-to-one, one-to-all, all-to-one, Voxl

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FOCUS SUR TYPEWITHME, L’ÉCRITURE COLLECTIVE EN TEMP S RÉEL

A la différence d’un wiki, TYPEWITHME permet d’éditer du texte collectivement en temps réel. Disposant d’une messagerie instantanée, apparaissant sur la partie droite de l’écran, cet outil minimaliste reprenant les fonctionnalités d’un traitement de texte autorise le partage des contenus. Jusqu’à quinze rédacteurs sont différenciés par un code couleur.

TYPEWITHME permet une expression écrite collective sur un ou plusieurs sujets connexes avec, à la clé, une amélioration des niveaux d’orthographe, de syntaxe, de grammaire mais aussi de vocabulaire. De quoi permettre de performants travaux collectifs aux classes de langue.

>La syndication et les agrégateurs ou comment référencer du contenu sur un thème

La syndication permet l’agrégation de contenus selon une thématique précise. Ainsi, il est possible d’obtenir de l’information en continu sur un sujet donné. Les flux R.S.S., par exemple, permettent d’alerter les utilisateurs de la publication de données récentes sur le thème en question. C’est en quelque sorte un abonnement aux flux d’informations publiées. Les flux R.S.S. vont « rapatrier » les informations fraîches. Sont apparus récemment des sites permettant d’agréger les contenus publiés aux quatre coins du Web sous un profil commun qui, à son tour, va fédérer une communauté de followers ou suiveurs dans la langue de Molière.

Mots-clés : Really Simple Syndication, flux, fraîcheur de l’info, Scoop.it, Netvibes

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>Le stockage en ligne, du contenu accessible 24/24h, à Paris comme à Tokyo

La partie immergée de la tendance structurelle du cloud computing permet de charger et télécharger de l’information en accès partagé. Véritables disques durs digitaux, les sites de stockage en ligne bouleversent le facteur spatial et la limitation en octets.

Mots-clés : Slideshare, dématérialisation, cloud computing

FOCUS SUR SLIDESHARE, LA PLATEFORME DE PARTAGE DE T RAVAUX

Lancé en 2006, SLIDESHARE permet l’upload de présentations aux formats PPT et PDF pour permettre une visualisation par le plus grand nombre. C’est ainsi que des millions d’internautes peuvent publier et donc partager leurs travaux sur une multitude de sujets. SLIDESHARE s’est donc très vite imposé comme une vitrine d’information et de networking. On peut y découvrir énormément de travaux d’écoliers et étudiants et, ce, dans toutes les langues.

Outre son aspect commercial (service Leadshare de prospection B2B), cet outil est résolument pédagogique puisque c’est une source profonde d’informations. A chaque publication, il est demandé à l’utilisateur de définir un titre puis des tags et une description succincte pour que sa présentation soit reliée à un thème et donc facilement trouvable via le moteur de recherche interne. Bien évidemment, il est possible de diffuser les travaux publiés via les réseaux sociaux par les boutons Facebook, Twitter, etc. connect. Dans le cadre d’un cours d’espagnol, par exemple, il est alors possible aux apprenants de se documenter sur Cervantès puis de réaliser une synthèse qui sera, à son tour, publiée par la classe et qui pourra être envoyée par les élèves sur leur page Facebook. De quoi leur permettre de se documenter, de lire puis de rédiger en espagnol. Un partage en aval sur les pages Facebook des étudiants mais aussi de l’école, si elle en a une, valorisera l’acte pédagogique accompli.des étudiants.

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>Les tags, sésames pour obtenir de la donnée multi source

Les tags sont des mots-clés apposés sur un site Web tels des étiquettes digitales. Grâce à ces mots-clés, on peut obtenir des modules d’information sur un sujet précis. On parle de folksonomy, à savoir de classification des données par les gens (folks) donc la communauté.

Mots-clés : nuage de tags, renvoi direct, folksonomy

>Les marque-pages, l’organisation des informations

Les sites marque-pages, ou de bookmarking, offrent la possibilité aux internautes d’archiver leurs pages favorites sur le(s) serveur(s) du site de bookmarking. Ces pages sont classées par des tags qui, tels des raccourcis, permettent d’atteindre directement les pages classées. Les marque-pages des utilisateurs peuvent être visibles de tous, dans une optique sociale, ou verrouillés selon la teneur du contenu et la volonté de l’archiviste.

Mots-clés : bookmark, Diigo, Del.ici.ous, Evernote

FOCUS SUR DIIGO OU COMMENT ARCHIVER DE MULTIPLES SO URCES

DIIGO permet la centralisation gratuite d’un très grand nombre de sources. Via l’archivage de ces pages Web, il est possible à l’utilisateur de les partager ou, a contrario, d’en limiter l’accès. Un apprenant en Italien peut, par exemple, faire une étude exploratoire des publications relatives à la mythologie romaine pour, ensuite, établir des marque-pages sur DIIGO, ces marque-pages étant a posteriori consultés par son formateur qui pourra requérir une fiche de synthèse dans la langue de Dante qui pourra à son tour faire l’objet d’une publication sur SLIDESHARE, par exemple.

Lors de cette démarche, l’apprenant aura compulsé de nombreuses sources donc lu et appris en Italien pour ensuite endosser un rôle plus proactif dans la rédaction.

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>Les widgets, des gadgets pédagogiques malins

Sous forme ludique, ces petites applications (traducteurs, jeux, …), dont le nom est la contraction des termes anglais « window » et « gadget », apportent un service qui, à défaut d’être très développé, se révèle très pratique au quotidien. Pédagogiquement, il s’agit de présenter les choses de manière très concise, pratique et amusante.

Mots-clés : O.S., gadget, commodité, en surface, Stepmap, Glogster, Dvolver

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FOCUS SUR STEPMAP, MODULE DE CREATION DE CARTES GEO GRAPHIQUES

Ce widget permet de créer et de personnaliser des cartes géographiques. Dans le cadre d’un cours de langue, cet outil est bien pratique pour illustrer le propos de l’apprenant ou du formateur. Gratuit, STEPMAP crée l’opportunité d’uploader sur n’importe quel site la ou les carte(s) créé(es). Dans une démarche plus sociale, n’importe quel utilisateur peut faire une recherche de cartes et utiliser les cartes créées par d’autres. Des étudiants en allemand pourront, par exemple, créer la carte de BERLIN Ouest et Est avec les divers districts pour illustrer et agrémenter un travail sur le rideau de fer.

>Les Moodles, la conjonction des wikis et des tâches pédagogiques

A l’origine, Moodle est une plateforme pédagogique fédérant aussi bien des contenus que des communautés d’apprenants. Pédagogues, chercheurs et apprenants vont chercher, implémenter, développer, télécharger des ressources. Ce concept proche de nos E.N.T. nationaux, plus formels, draine des émules.

Mots-clés : Moodle

>Les réseaux sociaux, la constitution de communautés par intérêt

Les réseaux sociaux permettent la constitution de communautés linguistiques. Basé sur l’échange, le concept du réseau social permet d’apprendre une langue étrangère grâce aux autres utilisateurs tout en enseignant sa langue maternelle en retour. Outre la publication évidente de contenus dans toutes les langues sur les réseaux sociaux classiques, certaines plateformes ont su tirer avantage de ce concept en constituant des réseaux sociaux linguistiques spécialisés où l’enseignement/apprentissage d’une langue est la clé de voûte des activités sur ces plateformes d’échange.

Mots-clés : Facebook, Twitter, Google+, Viadeo, Linkedin, PolyglotParty, échange, partage, conversation

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FOCUS SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX LINGUISTIQUES, NOUVEA UX VECTEURS

Treize réseaux sociaux se taillent la part du lion dans le domaine de l’e-formation langues :

12SPEAK

Chat, jeux et modules de vocabulaire sont proposés aux membres.

BABBEL

Ce réseau encourage l’entraide et les échanges on et offline entre membres.

BAB.LA

Système de boîtes à fiches échangées par les membres.

BUSUU

Échanges, vidéo-chat, corrections d’exercices peer-to-peer.

LEXXING

Sont privilégiés une interface et des outils à la FACEBOOK (posts, photos, vidéos, forums).

LINGOMATCH

Ce réseau s’appuie sur un système d’annonces permettant les mises en relation a posteriori.

LINGQ

Fiches et leçons, chats, fichiers son téléchargeables et tutorat sont proposés par LINGQ.

LIVEMOCHA

Publication d’exercices et de leçons. Correction par la communauté. Leader en son domaine.

MY HAPPY PLANET

Ce réseau repose essentiellement sur des échanges avec des natifs.

MY LANGUAGE EXCHANGE

Ce réseau, à l’ergonomie surannée, repose sur l’entraide entre natifs de langues différentes.

POLYGLOT PARTY

Échanges, constitution de groupes et publications. Rencontres physiques mensuelles.

POLYSPEAKS

Réseau s’appuyant uniquement sur les chats entre apprenants.

WOLTY

L’apprentissage s’effectue via la lecture et la publication de notes écrites.

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Le dyptique conventionnel expression orale/expression écrite n’est plus aussi évident avec le digital puisque le multimédia bouscule « les méthodes ante numériques » en multipliant les expériences sensorielles. Par exemple, on écoute et on regarde Youtube ou Dailymotion mais on oublie que l’on peut lire et s’exprimer via ces vecteurs.

E. Sur le Web, les outils linguistiques performants ne manquent pas

Outre les systèmes propres aux acteurs de l’e-learning, qui développe leurs L.M.S., et ceux de l’Éducation Nationale, qui privilégient certains outils T.I.C.E. spécifiques, les particuliers jouissent d’une palette de possibilités dès leur connexion. Le challenge sera de faire preuve de discernement dans la sélection de ces outils au cœur de la jungle numérique.

Prenons l’exemple d’un jeune actif français qui pratique quotidiennement l’anglais mais souffre de lacunes en espagnol alors qu’il est régulièrement face à des partenaires commerciaux hispaniques, dans le cadre de son activité professionnelle. Appelons-le Jérémy. Jérémy a un espagnol scolaire faible et désire acquérir, en 2012, une pratique plus fluide de cette langue en auto apprentissage pour un faible coût.

En début d’année, il prend la résolution de faire l’effort d’optimiser sa maîtrise de l’espagnol via Internet pour être bien plus à l’aise à court terme, d’autant qu’il projette de visiter l’Amérique du Sud à l’été 2012. Il s’est déjà renseigné sur les diverses pédagogies en ligne et finalise ses choix. Il dispose d’un ordinateur de salon et d’un smartphone pour continuer son apprentissage en toute mobilité.

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Vendredi 20 janvier 2012, 21h

Jérémy aborde son week-end. Il se connecte à Internet pour amorcer son renforcement en espagnol. Il s’inscrit sur TELELANGUE pour 3 mois à 149€. Il commence à prendre ses premières leçons en ligne.

Samedi 21 janvier 2012, 10h

Jérémy se connecte à son espace personnel sur TELELANGUE pour réviser sa première leçon d’espagnol. Il s’inscrit ensuite à LIVEMOCHA et, après quelques minutes, il est en contact avec Adrián, un madrilène ayant les mêmes centres d’intérêts et voulant améliorer son français. Lors de ses échanges, Jérémy est parfois limité en termes de vocabulaire. Il utilise REVERSO et WORDREFERENCE pour une traduction simultanée.

Dimanche 22 janvier 2012, 18h

Jérémy aborde la leçon 2 dans le cadre de son abonnement TELELANGUE. Souhaitant raconter son week-end à Adrián, il lance SKYPE pour un échange audio vidéo direct. Il se sert en même temps de REVERSO et GOOGLE TRADUCTION. Suite à cet échange, pour aller plus loin, il s’abonne aux flux d’El Páis sur TWITTER et FACEBOOK. Passionné de nouvelles technologies, il ouvre un compte SCOOP.IT et décide de suivre des contributeurs hispaniques sur le thème du Web 2.0.

Mardi 24 janvier 2012, 20h30

Jérémy révise la leçon 2 puis amorce la leçon 3 via TELELANGUE. Adrián étant en déplacement professionnel, il lui écrit un message privé via LIVEMOCHA puis ouvre un compte sur POLYGLOT PARTY afin de rejoindre le groupe I LOVE SPANISH et diversifier ses échanges via un forum. Il lit quelques articles sur SCOOP.IT puis via TWITTER.

Mercredi 25 janvier 2012, 8h

En allant travailler, il découvre les dernières publications dans la langue de Cervantés sur TWITTER mais aussi sur l’application mobile d’EL PERIÓDICO.

Mercredi 25 janvier 2012, 21h

Après avoir finalisé la troisième leçon sur TELELANGUE et « skypé » avec son nouvel ami madrilène, Jérémy crée son glog sous GLOGSTER, soit un mur avec des notes. Il invite ses amis de POLYGLOT PARTY à contribuer sur son mur et à le suivre sur SCOOP.IT.

Dimanche 25 mars 2012, 17h

Jérémy, qui s’est fortement impliqué (merci les bonnes résolutions du début de l’année) ces dernières semaines, est ravi de la qualité de ses échanges que ce soit d’ordre professionnel ou privé. Après une douzaine de leçons, nombre d’échanges sur LIVEMOCHA et POLYGLOT PARTY, plusieurs sessions via SKYPE et la lecture d’articles en espagnol grâce à TWITTER, SCOOP.IT et d’autres sites, il envisage même de créer son blog sous WORDPRESS sur les nouvelles technologies en langues française et espagnole.

Cette chronique sommaire démontre les larges possibilités offertes sur le Web pour initier, entretenir ou optimiser la pratique d’un idiome.

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1. Les outils généralistes made in Web 2.0

Dans une démarche pédagogique, le Web met à la disposition des formateurs et apprenants une kyrielle d’outils. Loin de se limiter aux outils exclusivement pédagogiques, nombreux sont les professeurs qui font appel à des outils 2.0 généralistes pour un usage ciblé. Les outils ci-après illustrés en sont quelques exemples.

>NING ou comment fédérer une communauté autour d’une thématique

Les enseignants, chercheurs, apprenants, particuliers souhaitant développer leur propre réseau social autour d’une culture, d’une langue ou d’une méthode identifiée, par exemple, peuvent pleinement bénéficier de NING et produire un hybride de FACEBOOK et MOODLE. Texte, vidéos, photos, fichiers audio, calendrier, création de groupes, importation de widgets sont autant de vecteurs proposés sur NING. Le réseau Apprendre 2.0, qui mène collégialement des réflexions autour des T.I.C.E. a su tirer partie de ce formidable outil pour centraliser des ressources et relier les talents.

>TWITTER, le micro-blogging et l’ouverture sur le monde

La timeline du réseau social de micro-blogging est une immense source linguistique méconnue. Car outre les initiatives sympathiques et cœur de cible telles que voca_anglais – qui dispense mots et expressions en anglais suivis de la traduction française – suivre les publications en langue originale de divers supports selon ses

goûts propres et centres d’intérêt permet un enrichissement notable de la compréhension mais aussi de la pratique d’une langue étrangère via le scanning d’articles, humeurs et retweets, surtout lorsque l’on sait que 61% des tweets sont en anglais. Dans le monde francophone, on recense 128 twittclasses à l’initiative de Laurence JUIN, professeur d’histoire géographie à La Rochelle.

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Source : Des gazouillis à l’envol, Nathalie COUZON, http://prezi.com/zmhgenmhu5r4/des-gazouillis-a-lenvol, 2 novembre 2011

>SKYPE, le professeur dans l’écran

SKYPE, le « téléphone digital » aujourd’hui membre de la galaxie MICROSOFT, conjugue le son à l’image en direct pour permettre des connexions gratuites de par le monde. Avec un tel outil, il n’est pas étonnant que les majors du secteur, mais aussi d’autres offreurs plus modestes, soient en train d’adopter SKYPE. Live Tutor™, chez TELL ME MORE, met en relation les apprenants avec des professeurs natifs pour des échanges approfondis sur des thèmes professionnels, culturels, du quotidien ou encore sur les loisirs et centres d’intérêt de l’apprenant. Mais, TELL ME MORE va plus loin qu’un simple échange en diffusant des reportages d’EURONEWS, la conversation avec un personnage virtuel pour les échanges plus informels et le doublage de séries pour optimiser la prononciation. L’apprenant devra cependant se délester de 326€ pour 8 cours dans le mois.

TELELANGUE propose même l’outil NetPlanning pour une réservation 24/24h de son cours de langue sur SKYPE. L’avantage de la solution TELELANGUE c’est la mise en parallèle avec son très réputé Cyberteachers pour permettre à l’élève de faire des exercices pendant la communication. L’enseignant est tenu de rédiger un compte-rendu de chaque séance dans NetPlanning afin que l’apprenant ait une restitution rapide sur ses progrès et lacunes.

>J’identifie des hashtags en anglais, arabe, …

>Je suis les comptes qui m’intéressent

>Je crée des listes de comptes par langue

>J’interagis en répondant aux tweets

Twitter et mon niveau en langues

La communauté Skype s’entraide en échangeant sur tout et rien via cet outil universel rapprochant les locuteurs de toutes nationalités, de tous âges aux centres d’intérêt divers et variés. Le téléphone digital est un facilitateur.

Allo Pronto Dígame

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2. Les outils spécifiques à la pédagogie linguistiq ue

>ENGLISH ATTACK, une offensive disruptive sur un marché à potentiel

Ce site, qui a pour signature « L’anglais 2.0 », met le jeu et l’actualité au cœur de sa pédagogie 2.0. Avec son module Vidéo Booster, ENGLISH ATTACK propose de visionner des extraits de films, séries ou documentaires, pour la compréhension orale, puis de répondre à des questions et de faire des exercices relatifs à la vidéo précédemment vue pour optimiser l’expression écrite. En amont de son lancement, ENGLISH ATTACK a été testé par 25 000 utilisateurs de par le monde. Une bonne part des fonctionnalités est gratuite. Pour déverrouiller tous les modules du catalogue, l’utilisateur paie via une monnaie virtuelle et peut acquérir des « Booster coins » par un achat direct ou la participation à des offres partenaires.

Les Photos Vocabs sont des dictionnaires visuels compilant des photos sur un sujet donné pour une mémorisation optimisée. Mots, expressions, maximes, proverbes sont couplés à ces photos via des fichiers audio. Ces outils sont complétés par des jeux de type jeux vidéo, parfois accessibles gratuitement, pour « une addiction à la révision », comme le dit le site.

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>Échanges virtuels et tangibles, la stratégie différenciatrice de POLYGLOT PARTY

En plus d’être un réseau social linguistique en pleine ascension, POLYGLOT PARTY organise régulièrement les rencontres polyglottes. Armés d’un badge spécifiant les langues maîtrisées et celles qu’ils souhaitent apprendre, les participants se retrouvent dans un bar pour y passer une soirée ludique où l’échange est le maître-mot. A l’instar des soirées Erasmus, ces événements rencontrent un grand succès de par leur convivialité, que ce soit à Paris ou dans les villes de province.

>BUSUU donne ses lettres de noblesse au m-learning linguistique

Proposant beaucoup de vocabulaire et d’exercices en totale gratuité, le téléchargement de l’application étant lui-même gratuit, BUSUU encourage un apprentissage nomade de qualité. Les working girls n’ayant pas une minute à elles n’ont plus d’excuse pour justifier leur manque de temps dans l’optimisation de leur business english. Dans les transports, à l’aéroport, au restaurant, il est désormais possible d’entretenir sinon améliorer son niveau en anglais, allemand, français, espagnol ou italien. La méthode BUSUU se base sur les niveaux reconnus par le C.E.C.R.

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Les chapitres précédents nous ont permis de dresser un panorama domestique de l’e-formation linguistique, que ce soit à l’école, en autonomie ou dans le cadre professionnel, en termes de marché, de technologie mais aussi d’usages. Ce regard à 360 degrés met en exergue plusieurs interrogations légitimes qui s’inscrivent toutes dans un axe précis : l’efficience de cette jeune forme de pédagogie. Les chapitres postérieurs s’attacheront donc à répondre à la problématique suivante :

« Le Web 2.0 et le social learning sont-ils efficac es dans l’enseignement/apprentissage des langues étrangères ? »

Cette problématique sera débattue sur la base de diverses réflexions, à savoir :

>Quelle peut être et doit être la place du formateur pour une e-formation efficiente ?

>Comment conserver l’implication et la constance de l’apprenant et éviter l’isolement ?

>Comment gérer les échanges différés pour la maîtrise du « vertige asynchrone » ?

>Comment sélectionner ses outils pour une pédagogie dynamique ?

>Comment éviter l’appauvrissement des contenus du, entre autres, à une offre pléthorique ?

>Comment appréhender le social learning mais aussi le flux apprenant/apprenant ?

Que ce soit en entreprise, à l’école ou à la maison, l’e-learning en France est en progression. Cette tendance, désormais structurelle, est appelée à encore muter avec le développement en filigrane de l’e-learning 2.0 qui repose essentiellement sur le social learning. La place de l’enseignant est donc amenée à intégrer plusieurs « mutations ». Outre le formateur e-learning en langues, le professeur en milieu scolaire devra lui aussi trouver sa place au cœur des nouvelles technologies qui, de plus en plus, impacteront la vie tangible. Qui et que sera le tuteur en langues en 2030 ? Ce « déferlement électronique » pourrait, dans certains cas dérouter également l’apprenant qui devra faire preuve d’une forte autonomie dans son parcours et dans l’usage d’outils adaptés, cela en milieu privé, en milieu professionnel, de jour comme de nuit, à Paris ou en déplacement à Tokyo. L’apprentissage asynchrone pourrait devenir la norme alors que pendant des siècles c’est le présentiel qui dominait la pédagogie.

L’optimisation et la multiplication d’applications à la disposition de l’apprenant, dans les prochaines années, finira certainement par subir une rationalisation. Pédagogues, pédopsychiatres, apprenants, chercheurs et autorités auront pour challenge principal une sélectivité rigoureuse des méthodes et outils pour une pédagogie 3.0 à l’efficacité inédite. Dans les prochaines décennies, apprendre une langue étrangère ne paraîtra plus insurmontable à certains. Les échanges transnationaux seront tellement évidents que l’on apprendra vite à se comprendre, à communiquer, à partager. L’anglais s’imposera-t-il définitivement ou, au contraire, la palette de langues n’aura jamais été aussi large ?

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P A R T I E 2

SOLUTIONS PROPOSÉES

RÉPONDRE À LA PROBLÉMATIQUE

Lernado era era era : kaj vi iam estos clera – Apprenez petit, petit, petit : un jour vous serez instruit

Proverbe en Espéranto

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1. Quelle peut être et doit être la place du format eur pour une e-formation efficiente ?

Les modalités de formation et les outils employés peuvent être définis en partie selon la place dévolue au formateur sur une échelle présence/distance/absence.

Source : Étude LINGUAID « Le marché de la formation linguistique en France », Section 3 La Formation à distance, Mars 2009

Comme nous l’avons vu précédemment, il existe des outils très pointus permettant aux apprenants de travailler en quasi autonomie voire en totale indépendance. Dès lors, on peut s’interroger sur la place du formateur. D’autant que les évolutions à venir pourraient réduire à la portion congrue le rôle de l’enseignant. Cette problématique a été mise en exergue dès les débuts de l’e-learning par des professeurs inquiets de la « fuite du savoir » car le formateur n’est plus le seul acteur de l’acte pédagogique, comme l’a souligné Anne-Marie HUSSON, formatrice et membre d’une cellule de veille sur les technologies éducatives. Il se sent parfois dépossédé de son savoir car, lorsqu’il ne délivre pas physiquement ses connaissances et/ou que celles-ci sont mises en ligne, il peut avoir l’impression d’une fuite du savoir puisque les apprenants se les approprient sans forcément faire appel à lui.

Parmi les professeurs, deux populations s’opposent

Les apprenants, toujours plus autonomes, ne sollicitent plus forcément l’expertise du formateur. Et les outils actuels « volent » une partie de cette expertise pour la diffuser au plus grand nombre. Christophe PARMENTIER, un auteur spécialisé, va jusqu’à affirmer que d’aucuns considèrent l’e-formation comme une concurrence, voire une menace. Une autre concurrence existe : celle entre ceux qui se convertissent à ces outils digitaux et ceux qui refusent ce qu’ils considèrent comme l’appauvrissement des relations pédagogiques.

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Ces ressentis ont donc pour conséquence un « schisme » au sein de la population des formateurs : d’un côté, les progressistes qui voient cette évolution comme une mutation voire une valorisation de leur rôle puisqu’ils maîtrisent de nouveaux matériels et que l’acte pédagogique est complexifié, de l’autre les pessimistes qui se désolent de cette fuite en avant technologique, de la perte de repères et du consumérisme pédagogique, voire d’une « macdonaldisation » des contenus. Enfin, la résistance au changement ne saurait être minorée.

Cependant, plusieurs études et la pratique à long terme de l’e-learning et des T.I.C.E. devraient, en partie réconcilier, ces deux groupes puisqu’il semble que l’e-formation totalement autonome soit une gageure. En effet, la perte de motivation de l’étudiant est le corollaire de l’amplification de son autonomie par l’usage bientôt généralisé de ces outils digitaux.

L’apprenant ne doit pas se sentir seul face à son p rogramme de formation

En effet, le second défi de l’e-formation, après celui de bien former les apprenants, est l’entretien de leur motivation. En effet, il est démontré que les apprenants n’ayant pas de référent pédagogique, soit un formateur en chair et en os, subissent tôt ou tard une chute de leur motivation. A l’instar des logiciels, le travail effectué uniquement via Internet peut manquer de rythme puisque les encouragements, les feedbacks, les évaluations et corrections ne sont pas délivrés par un encadrant. Les émotions, la sensibilité et toutes les composantes en relation avec les sentiments ne sont pas prises en comptes. Or, dans tout apprentissage, un suivi et une réorientation, le cas échéant, sont généralement nécessaires à la progression de l’apprenant. Les apprenants en interactivité maximum avec les machines montrent un certain découragement au bout de quelques sessions. La motivation est pourtant un élément crucial dans le suivi d’une formation à distance.

Même si l’apprenant est souvent seul face à son ordinateur, il doit pouvoir solliciter un référent. Si certains contenus sont mal appréhendés, la démotivation peut apparaître avec pour résultante un risque d’abandon pur et simple de la formation. L’aspect motivationnel est donc essentiel pour enrayer tout début de découragement. Seule la présence, synchrone ou asynchrone, d’un formateur permettra d’adapter le suivi et la progression des formés. Si le blended learning semble s’imposer comme un mode pédagogique de choix ce n’est pas un hasard. Il a été constaté que supprimer le facteur humain n’est pas viable à moyen terme. Il ne faut pas perdre de vue que l’e-formateur a avant tout un rôle de coordinateur et d’animateur. Comme le souligne l’étude conduite en 2004 par l’Université du Québec « Formation des formateurs en lignes : obstacles, rôles et compétences », l’e-formateur, outre son rôle d’instructeur, « anime des activités pédagogiques en mode synchrone et asynchrone, favorise les interactions entre les apprenants […] en utilisant le projet collaboratif, le jeu de rôle, le jeu de simulation, utilise des techniques d’animation de groupe en fonction de l’évolution des relations dans le groupe et stimule la participation des apprenants ». Il a également un rôle technique et doit utiliser « une variété de technologies afin de s’adapter aux différents styles d’apprentissage existants ».

Il est donc nécessaire de faire évoluer le rôle du coordinateur pour lui donner un relief adapté à l’heure où Internet bouscule le monde pédagogique. Le blog THOT CURSUS s’est interrogé, en 2010, sur la place du formateur dans cet écosystème et a isolé six profils distincts, à savoir :

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>Le professeur

>Le tuteur

>Le coach

>Le mentor

>L’expert

>L’auteur

Le rôle du professeur est essentiellement celui de transmettre ses connaissances en tant que pédagogue spécialiste d’une discipline. La classe virtuelle, l’enregistrement et la diffusion de sessions en présentiel ou distantiel, le chat et les forums sont ses moyens d’intervention auprès des apprenants.

Le tuteur se focalise beaucoup plus sur l’accompagnement de l’apprenant en l’orientant vers des ressources pédagogiques, en rythmant et en évaluant l’acte pédagogique à l’aide de divers outils sélectionnés en amont et en formant l’étudiant à l’usage de ces outils. Il endosse un rôle proactif dans l’organisation et l’amélioration de la formation.

>Le coach, a contrario des précédents, n’est pas forcément spécialisé dans une discipline. Il intervient beaucoup plus sur l’aspect émotionnel, organisationnel, la confiance en soi et l’individualisation de l’e-formation suivie. Le développement personnel est son champ d’action principal.

>A l’inverse, le mentor – qui est très proche du coach en termes d’attributions – est un expert qui accompagnera sur le terrain son élève et qui se posera comme une source d’inspiration.

>L’expert, qui n’endosse aucun rôle pédagogique à la différence du professeur et du tuteur, est là pour répondre aux interrogations des apprenants mais aussi les orienter dans leur démarche de par sa connaissance très pointue de la discipline concernée. Il intervient dans le contexte pédagogique en modes synchrone et asynchrone telle une balise pour guider ceux qui le sollicitent.

>Nombre de professeurs ou experts consacrent leur temps à conceptualiser, définir puis créer des outils standards ou sur-mesure à disposition de leurs collègues et de leurs apprenants. Il est nécessaire de rappeler que nombreux sont les formateurs qui réalisent les contenus voire les supports qui seront utilisés par les formés.

Qui dit formateur en langue(s) dit échanges linguis tiques

La fiche métier du professeur de langues d’un site de recherche d’emploi bien connu est éloquente :

« Le professeur de langues enseigne une langue étrangère soit au collège, au lycée, à l'université ou dans les formations pour adultes. Au préalable, il prépare les exercices et les cours qu'il va dispenser en fonction du niveau de son public. Il explique, de manière pédagogique, la grammaire, le vocabulaire et l'orthographe d'une langue. Le professeur de langues a également pour mission de faire découvrir à ses élèves une autre culture. Il utilise des outils pédagogiques variés, dans le but de captiver l'attention de son auditoire, comme :

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les films, la musique, la pratique phonétique, la mise en scène, les jeux, la lecture etc. Il a pour rôle d'aider les élèves à progresser dans leur apprentissage de la langue. Il élabore des examens d'évaluation d'acquis des connaissances puis les corrige. »

Cette illustration insiste sur l’importance d’ouvrir la conscience des apprenants à la culture entourant la langue enseignée. Qui mieux que le formateur peut sensibiliser son auditoire aux us et coutumes locaux ? Qui mieux que l’enseignant peut orienter, corriger le travail accompli ? Qui mieux que le formateur peut adapter les contenus et outils répondants aux demandes souvent bien spécifiques des ressources humaines et de leurs salariés ?

Dans le cadre scolaire, le projet européen e-twinning, lancé en 2005, s’appuie sur cet axe fort de l’e-enseignement des langues étrangères en proposant aux classes européennes de travailler conjointement sur des thèmes et sujets précis. Ce jumelage électronique rencontre un succès notable tout autant parmi les professeurs et les élèves à travers l’Europe puisqu’il permet une ouverture sur les pratiques, us et coutumes et modes de pensées des divers pays prenant part à ce programme.

FOCUS SUR E-TWINNING, LE JUMELAGE LINGUISTIQUE TRAN SEUROPÉEN

Réunissant 32 pays européens, le projet e-twinning (ou e-jumelage en français) encourage l’utilisation des T.I.C.E. entre élèves de ces pays pour mener des activités et projets de manière collaborative. 145 000 enseignants ont adhéré à ce concept. Tous les outils mis à disposition des enseignants et de leurs élèves sont gratuits. Les activités développées entre les classes européennes favorisent bien évidemment la maîtrise des outils digitaux mais aussi et surtout les interactions entre les cultures, l’échange linguistique, le travail interdisciplinaire et rythment la motivation d’élèves impliqués dans des actes pédagogiques innovants et mobilisateurs.

Recherche d’informations, vidéos, podcasts, photos et visioconférence sont les vecteurs forts de ce projet unique dans le monde. Du côté de l’enseignant, la coopération technologique, la sensibilisation aux nouvelles technologies et l’enrichissement du travail pédagogique sont les principaux axes du recours à e-twinning.

On n’apprend pas une langue sans échange. Que ce soit à l’écrit ou à l’oral, l’échange, le partage, la confrontation de points de vue sont des éléments moteurs de l’apprentissage linguistique. Pour autant, les outils précédemment décrits dans ce rapport prouvent qu’il est possible de se former aux langues en autonomie. Cependant, l’acquisition de bases solides, condition sine qua non pour une progression constante sans handicap et une motivation intacte, ne peut se faire sans « intervention humaine », a contrario de ce que certains affirment.

La copie d’écran ci-après, émanant de YAHOO Questions/Réponses, démontre combien les apprenants ont besoin de pouvoir s’appuyer sur une aide, notamment dans le cas des langues difficiles pour les locuteurs francophones :

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Avec le e-learning 2.0 qui préfigure une dématérialisation de plus en plus poussée et l’amplification du flux learner to learner, la place du professeur de langue sera pourtant déterminante. Le professeur va se transformer en tuteur voire en accompagnateur des apprenants. Et, cela, notamment pour les néophytes, en amont du processus d’apprentissage. Avec la montée en puissance de la vidéo et de la visioconférence, le tuteur pourra faire le point et ryhtmer l’apprentissage pour éviter tout abandon. Il encadrera ses élèves et sera, à tout le moins, une « bouée de sauvetage » en cas de difficulté, d’inquiétude ou de démotivation. Une e-formation linguistique sans guidage est vouée à l’échec.

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2. Comment conserver l’implication et la constance de l’apprenant et éviter l’isolement ?

Commencer à suivre une formation en e-learning, par exemple en anglais, requiert de l’avis de tous une forte dose de motivation. En effet, même à l’époque de la génération Z, l’apprentissage en classe perdure. De fait, depuis notre plus jeune âge, nous sommes habitués à apprendre par l’entremise de professeurs qui nous guident, nous stimulent et nous évaluent. Nous venons de nous interroger sur le facteur humain au cœur de l’e-formation et avons conclu qu’une e-formation sans échange, en autarcie, aboutira sur la démotivation puis sur l’abandon, a fortiori dans le domaine des langues où le feedback interculturel se doit d’être prégnant. Alors, comment éviter l’isolement de l’apprenant ?

La motivation, la clé de voûte de l’e-apprentissage

L’aspect motivationnel est crucial lorsque l’on apprend une discipline. Il l’est encore plus quand le

parcours se fait dans le cadre d’une langue inconnue, peu ou moyennement maîtrisée. Le psychologue hongrois Mihaly CSIKSZENTMIHALI a établi le concept de flux motivationnel, repris dans le domaine éducatif, qui illustre l’état d’une personne engagée dans un processus. Selon ce maître de la psychologie positive, le flow – ou flux dans notre langue – est l’état de concentration maximal d’une

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personne engagée dans une activité. Avec pour résultante un développement personnel optimal et l’atteinte des objectifs poursuivis. Selon lui, il est nécessaire d’assigner des buts clairs, de savoir doser les moyens et, surtout, de favoriser une concentration élevée. On entrevoit, via cette théorie, combien la stimulation de l’apprenant est importante.

Qui dit stimulation dit échanges fructueux

Dans le cadre d’une e-formation linguistique, bien que les outils performants soient nombreux, il est d’autant plus nécessaire de favoriser les échanges. Apprendre une langue repose sur deux piliers incontestables : l’expression et la compréhension écrites et orales. Pour éviter la démotivation voire l’abandon de l’apprenant face à son ordinateur, sa tablette ou son mobile, il faut impérativement ponctuer l’apprentissage d’échanges, de feedbacks, d’évaluations. C’est pourquoi, en entreprise, le blended learning est désormais reconnu comme la méthode la plus performante. Les apprenants doivent « rendre des comptes » mais peuvent aussi se raccrocher à des sessions synchrones avec un formateur, que ce soit en présentiel, via une session de visioconférence ou au téléphone.

Dans un processus d’autoformation, le manque de repères et de validation des connaissances linguistiques peut vite devenir le point d’achoppement de la démarche. Si un apprenant, en dehors de toute structure scolaire ou professionnelle, débute une e-formation linguistique, il devra s’astreindre à échanger régulièrement. La communication est la base de la maîtrise d’une langue. Sans véritable communication, les acquis ne sont pas utilisés, une frustration se fait jour, bref l’apprenant ne sait pas où il va et doute rapidement de la teneur des connaissances acquises. Si, de plus, le budget est faible voire nul, l’inscription aux cours proposés par les acteurs du secteur ne sera pas forcément possible ou sera limitée en termes de profondeur des contenus.

Les échanges fructueux sont-ils possibles via les r éseaux sociaux ?

L’arrivée massive de réseaux sociaux spécialisés permet, en partie, de combler cette problématique motivationnelle. En effet, les échanges pouvant être multiples, synchrones autant qu’asynchrones, les apprenants sont absorbés dans une dynamique qui mobilise à tout instant leur implication donc leur motivation pour un flow nécessaire à leur progression. Groupes d’échange, exercices, chats, vidéos et autres widgets sont déployés sur les réseaux sociaux linguistiques qui font de l’échange et de l’entraide leur mantra. L’avantage des réseaux sociaux réside, entre autres, en les échanges directs qui s’établissent.

Dans la perspective d’une autoformation sans présentiel, le défi sera plutôt de savoir trouver les interlocuteurs natifs adaptés pour bien progresser dans son apprentissage. Heureusement, la variété des profils présents sur ces réseaux permet non seulement de multiplier les échanges mais aussi une sélection de ses interlocuteurs par affinités. C’est ainsi que les divers registres de langue peuvent être couverts et les activités diversifiées puisque celles effectuées conjointement avec un premier interlocuteur pourront être d’une toute autre nature avec un autre. Cependant, lorsque des synergies s’établissent entre deux individus, chacun devra être conscient que la distance et les emplois du temps respectifs, notamment, impliqueront tôt ou tard des échanges différés. Lorsque ceux-ci sont fréquents, travailler en mode asynchrone n’est pas toujours évident. Il est donc nécessaire d’apprendre à gérer cette dimension.

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3. Comment gérer les échanges différés pour la maît rise du « vertige asynchrone » ?

Pour un apprenant faisant le choix (ou pas) d’utiliser les technologies de l’information et de la communication, il n’est pas toujours évident d’adopter la rigueur organisationnelle corrélée à ce type d’apprentissage. En effet, a contrario d’un cours fixe en salle, l’espace/temps sont

deux paramètres à gérer différemment dans le cadre de l’e-formation. Si les termes « synchrone » et « asynchrone » reviennent fréquemment dans les réflexions sur cette forme d’apprentissage, c’est bien évidemment parce que la dématérialisation, la mobilité et la distance intrinsèquement induites bousculent les usages et les habitudes.

Dans le cadre d’une e-formation linguistique, nous avons précédemment insisté sur l’importance de la communication et de l’échange, de préférence en temps réel pour permettre aux apprenants de s’entraîner, de se corriger et donc de progresser sur des bases solides.

L’approche asynchrone génère de l’autonomie

Contrairement à ce que certains affirment, l’e-formation et ses leçons asynchrones ne déshumanisent pas. Une enquête menée par des psychologues cliniciens, à Valence, a démontré que les apprenants avaient une image positive de la relation asynchrone qu’ils entretenaient avec leurs tuteurs puisqu’ils les percevaient comme finalement plus proches d’eux : « un jeune comme nous, cool et à notre écoute, qui ne se prend pas la tête ». Les formateurs eux-mêmes, en encourageant les échanges informels par e-mail, ont affirmé que les jeunes apprenants regroupés en échantillon « se montraient impliqués, plus confiants que dans une relation en face-à-face et certainement plus volontaires et donc autonomes ».

Les outils, l’approche méthodologique, s’ils sont bien définis en amont et souples dans leur utilisation, peuvent valoriser les apprenants et changer la représentation que l’on se fait de l’interlocuteur. En conséquence, les apprenants se sentiront mobilisés et seront beaucoup plus prompts à travailler seuls à distance, sans pression, tout en sachant qu’ils sont guidés lors d’étapes récurrentes que sont les feedbacks détaillés des professeurs. Cependant, il est démontré que, si les outils asynchrones sont un facteur important pour créer une dynamique pédagogique, ils exigent une rétroaction des réponses sous 24 voire 48 heures maximum afin de conserver une implication constante et entretenir la motivation.

Mais l’autonomie n’est pas une condition sine qua n on dans la réussite d’une e-formation

Adrien FERRO, Responsable Développement du Master II « Ingénierie de l’e-formation » à l’Université Rennes I estime que les échanges asynchrones n’isolent pas, bien au contraire : « Internet développe la capacité à se mettre en relation en dépit de l’éloignement physique des protagonistes de la formation (e-mail, forum, …). Sans relation humaine, la formation ne peut réussir, et ici précisément, ce sont les technologies qui permettent d’engager la présence, stimulent l’humanisation de l’apprentissage. En fait, il

faut oublier l’a priori selon lequel la formation à distance par ordinateur nécessite le développement de l’autonomie chez l’apprenant. C’est tout le contraire : les réseaux interactifs ont pour mission principale de multiplier les contacts entre deux personnes qui n’auraient jamais pu se connaître et, ce, en temps réel ».

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4. Comment sélectionner ses outils pour une pédagog ie dynamique ?

Nous avons précédemment décrit divers outils numériques, qu’ils soient généralistes ou plus spécifiques à l’enseignement des langues. Dans le cadre d’une e-formation linguistique, il est tout d’abord très important de pouvoir apporter une interface qui puisse être pris en main par le plus grand nombre. Il est ensuite nécessaire de pouvoir livrer du contenu adapté au niveau de chacun. La dichotomie compréhension/expression écrites et compréhension/expression orales sont les deux axes majeurs dans la sélection d’outils adéquats pour une e-pédagogie performante. Les aspects synchrones et asynchrones sont également un paramètre important dont tenir compte dans le rythme de l’e-formation en langues qui doit privilégier des contacts développés pour encourager diverses formes d’expression et permettre à l’apprenant de découvrir, retenir, utiliser et perfectionner son usage des mots et expressions. Bien évidemment, les choix ne seront pas les mêmes en entreprise et à l’école.

En entreprise, il faut capitaliser sur les échanges entre salariés

Désormais, le social language learning investit l’entreprise. Dans le cas d’une multinationale, on imagine aisément les « ponts » qui peuvent être établis entre les différentes filiales : l’implémentation, par exemple, d’une messagerie instantanée peut permettre au collaborateur allemand d’échanger avec son pendant français dans les langues de Goethe et Molière. L’intranet est également un vecteur de choix pour multiplier les partages linguistiques.

Bien que l’intranet soit devenu désuet, il y a de multiples possibilités offertes par cette vitrine interne. Ce support est un process de communication interne à large échelle permettant de mettre en collaboration les forces vives et tous les talents qui peuvent apprendre les uns des autres mais aussi être en relation avec la société d’e-formation éventuellement mandatée par l’employeur. D’autre part, c’est le meilleur moyen de connecter tous les métiers représentés au sein de l’entreprise et, ainsi, favoriser le champ lexical bien évidemment favorisé par l’apprenant qui souhaite apprendre ou se perfectionner de préférence dans le domaine d’activité qui représente son quotidien.

Outre l’intranet et la messagerie instantanée, les réseaux sociaux peuvent venir en complément du L.M.S. déployé par le prestataire e-formation ou tout simplement palier l’éventuel manque de stratégie digitale de l’entreprise en ce domaine. Bien qu’au sein de l’entreprise les réseaux sociaux n’aient pas toujours bonne presse, de plus en plus de sociétés japonaises, sud-coréennes ou encore américaines (MICROSOFT Developper Network) implémentent leur propre réseau social interne pour permettre à leurs salariés d’interagir en toute confidentialité. Selon I.B.M., d’ici 2014, 20% des employés de ces sociétés avant-gardistes auront délaissé l’e-mail au profit de leur réseau social d’entreprise. Via ces univers, il devient tout à fait possible de développer un social language learning fort. Visio, podcasts, messagerie, forums, photos, flux, commentaires et textes peuvent ainsi circuler pour des échanges aussi bien formels qu’informels et, ce, dans toutes les langues.

L’entreprise ne pourra pas passer outre le développement exponentiel du social Web. Dans les e-formations dispensées, se priver du social en le considérant comme exogène à la vie de la société et « top axé loisir » serait dommageable. Le social learning, au cœur du Web 2.0, est d’ailleurs le meilleur moyen d’effectuer la synthèse entre la formation professionnelle continue, et toute la rigueur en découlant, et les usages informels et ludiques corrélés aux médias sociaux largement utilisés par les collaborateurs dans le cadre personnel.

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FOCUS SUR PLAYSAY INC., LE SOCIAL LANGUAGE LEARNING VIA FACEBOOK

PlaySay Inc., the first of its kind platform for fun, rewarding, immersive and social foreign language learning on Facebook, officially launched today at TechCrunch Disrupt San Francisco 2011. By dragging and dropping pictures into a flexible interface, PlaySay users construct the meaning (semantics) of what they want to say and the system produces the correct foreign language phrase (syntax) in real time. PlaySay's language offerings are currently limited to Spanish, but the company plans to add new languages in the coming months. The company is backed by Kevin Yu, former director of PayPal Japan; Sean Glass, founder of Higher One; and Novak Biddle Venture Partners, the most active VC investors in the education space nationally.

Dans le cadre d’un L.M.S. classique, le client devra être vigilant sur les outils proposés par le prestataire e-formation langues : l’équilibre entre l’oral et l’écrit est-il bien respecté ? Est-il possible de travailler en distantiel ? Si oui, dans quelles conditions ? Quels vecteurs (texte, vidéo, podcasts, etc.) sont privilégiés ? Le social language learning, moins couteux et très collaboratif, a-t-il droit de citer ? Comment s’effectuent l’évaluation et la restitution des corrections ? Bref, il est tout autant nécessaire de disséquer la qualité du futur enseignement que les coûts engendrés et le temps neutralisé par l’e-formation linguistique. Enfin, plutôt que de rester sur un modèle vertical, de l’e-formateur vers les apprenants et vice-versa, l’entreprise à tout à gagner à favoriser les process horizontaux entre ses talents.

A l’école, il est nécessaire d’effectuer la synthès e du ludique et de l’éducatif

Les vieilles habitudes sont tenaces : les institutions scolaires ont tendance à maintenir un enseignement très théorique, même dans le cadre des T.I.C.E. Or, un enfant ou un adolescent a légitimement une propension à conserver « un esprit joueur » donc plus fantaisiste, dans le bon sens du terme, dans sa compréhension de concepts, règles et théories. Retrouver les aventures de la famille Smith du livre d’anglais habituel sur le tableau blanc interactif du collège sans qu’il n’y ait une réelle valeur ajoutée dans la mise en situation n’apportera pas une stimulation forte des esprits. Pour apprendre, par exemple, les pièces de la maison et le mobilier, tel le désormais fameux « Brian is in the kitchen », il serait beaucoup plus probant de permettre aux élèves de « gamifier » le home sweet home de la famille Smith avec, pourquoi pas, une modélisation 3D de la maison familiale et de l’ameublement de celle-ci.

Les scolaires représentant une part importante des 28 millions de joueurs nationaux sur les jeux vidéo, il serait regrettable que ceux-ci soient encore mal perçus par la majorité du corps professoral d’ici à l’horizon 2020. Les possibilités offertes par la gamification sont multiples, surtout à une époque où le divertissement occupe une place de plus en plus importante dans les sociétés développées. L’engagement est, notamment, la pierre angulaire du jeu dans le cadre de l’apprentissage. Pourquoi les scolaires ne pourraient-il pas bénéficier des apports du jeu alors que leurs aînés participent de plus en plus à des serious games ? De plus en plus d’académies scolaires commencent à mener des réflexions poussées sur l’impact bénéfique des jeux vidéo sur les T.I.C.E., à l’instar de celle de Créteil, sur la base d’exemples probants émanant d’autres pays. En 2002, une expérience particulièrement intéressante a été menée au Chili : deux groupes d’élèves ont été constitués, l’un bénéficiant d’un apprentissage traditionnel, l’autre utilisant un jeu vidéo éducatif spécifique. Les élèves du second groupe ont obtenu des résultats 50% supérieurs à ceux du premier groupe aux examens dispensés à la fin de l’expérience. Les capacités cognitives et motrices semblent, de plus, avoir été particulièrement stimulées et la connaissance de l’informatique améliorée.

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La sollicitation des sens visuel et auditif des élèves par les jeux vidéo, déjà largement utilisés à la maison, permet une optimisation de la concentration, de l’attention et de la motivation. Les informations transmises sont, de fait, retenues plus facilement. Sachant que l’échange est le cœur de l’apprentissage d’une langue, la gamification pourrait trouver une place de choix dans les enseignements linguistiques, à condition que les jeux développés soient divertissants, participatifs, interactifs et adaptés au niveau des élèves. Les aspects participatif et interactif sont d’ailleurs des points majeurs de l’enseignement linguistique ludique car faire collaborer mais aussi s’affronter les élèves favorise une harmonisation du niveau général via une stimulation et une implication plus prononcée de tous. Pourquoi la grammaire, par exemple, devrait-elle demeurer un pensum pour une grande majorité des apprenants en langues ?

En autonomie, il est primordial de multiplier les i nteractions sociales

Le marché aligne de nombreux acteurs aux solutions performantes. Cependant, souscrire un abonnement chez l’un d’entre eux ne doit pas empêcher l’apprenant d’avoir recours à des outils indépendamment de ceux proposés par le formateur. A l’heure des réseaux sociaux et de la pluralité des outils digitaux, un apprenant autonome peut largement diversifier les contacts. Cela commence par le fait d’optimiser son utilisation d’Internet. Rebondir sur les publications de ses fans et amis est une chose, rechercher des profils affinitaires d’autres nationalités pour développer de l’échange, peut-être plus productif que les échanges habituels, est un moyen d’optimiser son apprentissage. On apprend plus facilement une langue lorsque l’on s’exprime sur un sujet pour lequel on a une forte empathie.

Par exemple, via Twitter ou Scoop.it, il est intéressant de s’abonner aux flux publiés sur un sujet qui nous tient à cœur, bien évidemment dans la langue étudiée, afin de lire, voir, écouter sur ce thème tout en interagissant avec les auteurs. L’apprentissage par affinité(s) est le bon moyen d’entretenir une forte motivation et de pouvoir acquérir rapidement des notions dans la langue étudiée.

Bien évidemment, l’apprentissage d’une langue en autonomie doit pour autant éviter l’écueil de s’éparpiller sur de multiples supports avec, pour finalité, un usage sommaire des possibilités pédagogiques et un manque de profondeur dans la pratique de la langue étudiée. L’offre pléthorique et polymorphe sur Internet peut dérouter un apprenant autonome tout comme elle peut créer une indécision parmi les personnes en charge du pilotage de la formation continue en entreprise. Outre les outils identifiés comme adaptés à la future formation dispensée, comment être sûr que les contenus seront de qualité ? Le chapitre suivant s’attarde sur cette problématique.

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5. Comment éviter l’appauvrissement des contenus du , entre autres, à une offre pléthorique ?

Certains détracteurs de l’e-formation, parle d’e-llusion pour qualifier une forme de pédagogie qui, selon eux, met l’accent sur le technologique au détriment du pédagogique. Ils arguent aussi du fait que la curation des contenus, bref la reprise multiple de sources, dilue la créativité, la qualité et le dynamisme inhérents à l’enseignement d’une discipline ou d’un sujet. Il est vrai qu’au vu des prestations d’intervenants multiples sur un marché prometteur et en plein développement on peut parfois être particulièrement déçu tout autant par l’ergonomie, les méthodes ou les contenus.

Encore jeune, le marché de l’e-learning souffre parfois d’offres peu adaptées. Certains font du drag and drop de contenus issus de CD-Rom, d’autres font montre de créativité mais livrent des modules d’une platitude déconcertante. On empile les ressources sans toujours s’appuyer sur un discernement prononcé. L’appauvrissement des contenus n’est pas une fin en soi car Internet se régénère constamment via des millions de publications chaque jour. Pour un apprenant en langue, qu’il soit scolaire ou salarié, il n’y a pas encore de recette miracle. Mais, avec le digital, il y a une immensité de possibilités. L’article « Réussir son projet e-learning », publié par le Journal du Net le 27 février 2007, pose quatre prérequis indispensables pour une e-formation optimum en entreprise, à savoir :

1 | Bien définir son besoin

Sans cahier des charges précis, la formation sera un échec. Il est nécessaire de faire un tour d’horizon des ressources internes mais également des outils proposés par le prestataire.

2 | Déterminer la solution la plus adaptée

Doit-on opter pour des contenus standards, des contenus sur étagères ou sur-mesure ? L’hébergement doit-il être établi sur l’intranet ou chez le prestataire ? Il en va de la gestion voire de l’optimisation du L.M.S. qui sera implémenté avec une batterie d’outils éducatifs.

3 | Bien choisir son prestataire

La démarche qualité des prestataires doit être étudiée à la loupe. Des tests produits doivent être menés. A ce titre, il ne faudra pas se contenter d’un échantillon servi sur un plateau par les prestataires potentiels. Enfin, les champs d’action de ceux-ci sont un paramètre à prendre en compte : certains bénéficient d’une expertise dans certaines disciplines, d’autres s’appuient sur des compétences techniques pointues, d’autres, enfin, savent capitaliser sur les synergies des grands groupes (stages en interne, formations classiques largement développées, …).

4 | Accompagner le projet en interne

L’implication et la motivation dépendent d’une bonne communication interne.

Les ressources humaines vont devoir « professionnaliser » leurs cahiers des charges pour, sur cette base claire, faire montre d’un discernement dans le choix des intervenants, la cadence des cours, le dosage entre le présentiel et le distantiel mais aussi la sélection des outils.

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6. Comment appréhender le social learning mais auss i le flux apprenant/apprenant ?

Le social learning va renforcer l’autonomie de l’apprenant. Via l’observation, l’imitation, l’attitude et l’échange, les apprenants vont désormais s’entraider pour progresser. Le social learning, qui est un pont entre les théories behavioriste et cognitiviste puisque basé sur l’attention, la mémoire et la motivation, va permettre un déterminisme réciproque selon le psychologue et professeur Canadien Albert BANDURA. BANDURA est connu pour sa théorie de l’apprentissage social et le concept d‘auto-efficacité qui en découle. Selon le psychologue Canadien, l’individu est un producteur et un produit de son environnement. Il est en interaction avec d’autres individus qui vont influer sur ses croyances, son comportement ; lui-même endossera ce rôle auprès des autres de par ses attitudes, idées et opinions. L’efficacité personnelle a pour fondations la motivation, la persévérance et l’action.

Comme l’écrit Fabien HUMBERT dans son article « La révolution du social learning » (Le Nouvel Economiste, 2 mars 2011), « le social learning […] puise ses racines dans le compagnonnage ». Plusieurs études conduites en milieu universitaire ont démontré que les étudiants travaillant en groupe obtiennent de meilleurs résultats que ceux ayant travaillé seuls en bibliothèque. En entreprise, Frédéric DOMON de l’agence Social Learning voit le social learning « comme la formalisation d’un concept ancien, les échanges informels en milieu professionnel, et parle de la formalisation dans un concept d’un constat que l’on faisait déjà il y a longtemps ». Il prend l’exemple de la machine à café qui permet aux salariés « d’interagir et d’échanger des savoirs ».

Le feedback, clé de voûte de l’apprentissage d’une langue

Nous avons souligné, précédemment, l’importance des échanges interculturels. Les membres d’un réseau social, qu’il soit linguistique ou non, apprennent en créant et développant des connexions, intentionnelles ou non, via un échange d’idées, d’expériences, de best practices, d’informations. Ils collaborent, interagissent, partagent, commentent, créent et défendent leurs points de vue, idées et opinions. Les communautés permettent, forment, guident et développent les échanges enrichissants même si informels ou surprenants sur la forme. Partager des blagues, faire du « storytelling », corriger, commenter, mettre en ligne des ressources, donner des tuyaux, lire, poser des questions, donner des exemples, bref créer l’empathie sont les attributs distinctifs des médias sociaux et donc du social learning. Les horizons s’élargissent, le développement personnel s’intensifie. Le locuteur espagnol souhaitant apprendre le mandarin pourra non seulement à coup sûr trouver son pendant chinois mais également multiplier les interlocuteurs donc les approches, les vues, les styles, les méthodes.

Kirsten WINKLER, tuteur en langues éminent dans la blogosphère éducation 2.0, a publié et commenté une étude sur le social language learning, en 2009, émanant de l’enquête « Evaluation of Evidence-Based Practices in Online Learning » menée par l’U.S. Department of Education. Le titre de l’article publié sur son blog est éloquent : « The Proof that Language Learning Communities are the most efficient way of learning right now ». Elle met en relief plusieurs points cruciaux démontrant cette efficacité :

>Le mix facteur humain et interactivité avec la machine, au-delà du blended learning

>Le choix de l’environnement : informel, en mobilité, en entreprise, à la maison

>La nature et le niveau du contenu : faits, concepts, simples échanges, procédures, etc.

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>La(es) technologie(s) choisie(s) : audio, vidéo, podcast, chat, simulations, T.B.I., visio, etc.

>Le synchrone et l’asynchrone : il est prouvé que la communication à la fois synchrone et asynchrone a des effets bien plus positifs que la formation uniquement en distantiel qui ne permet pas autant d’interactions.

>Les apprenants savent discerner mieux que quiconque le contenu qui leur est approprié. Le social learning n’est pas vécu comme une contrainte puisque les apprenants vont d’eux-mêmes sélectionner leurs sources. Les résultats : une empathie majorée, un « auto-monitoring » affirmé, une « débrouillardise » forte, une réflexion amplifiée.

>Un renouvellement véloce et perpétuel : le flux est constant, la volumétrie des échanges en attestant, l’offre rencontre la demande et vice versa.

Source : http://www.kirstenwinkler.com/the-proof-that-language-learning-communities-are-the-most-efficient-way-of-learning-right-now/, Kirsten WINKLER, 14 juillet 2009

Qui dit social learning dit toutes les nationalités , tous les profils, tous les niveaux

Avec 2 milliards d’internautes dans le monde, on imagine aisément la variété des profils des social learners. Si certains parlent d’appauvrissement des contenus, ils oublient que derrière les écrans se cachent aussi des formateurs, des professeurs, des chercheurs, bref une population aguerrie à l’enseignement. Le social learning va révolutionner l’apprentissage linguistique et démontrer l’efficacité de la pédagogie 2.0 car, en dehors des classes, des entreprises ou des organismes, les échanges

continuent, l’entraide se renforce, l’interdépendance se crée. On peut aisément capitaliser sur la passion des professeurs qui sont majoritairement dans une dynamique de transmission du savoir. En conséquence, échanger, partager tout autant avec son concitoyen qu’un professeur de russe basé à Vladivostok va devenir une évidence.

EN RÉSUMÉ…

Pour une e-formation linguistique efficiente, au travail comme à la maison, il faut impérativement être vigilant sur les points suivants :

>Les objectifs sont-ils clairement définis ?

>Y aura-t-il au moins un référent pour « secourir » voire, de préférence, guider l’apprenant ?

>L’échange, la communication sont-ils au cœur de la démarche ?

>Le partage asynchrone est-il intelligemment mis en œuvre pour une bonne dynamique ?

>Les outils sont-ils adaptés au niveau des communications orale et écrite de l’apprenant ?

>L’ergonomie et la technique sont-elles optimales ?

>Le projet capitalise-t-il sur l’entraide voire l’interdépendance pour un enrichissement ?

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RECOMMANDATIONS DÉTAILLÉES

PRÉCONISER DES AXES FORTS

Apprendre coûte et savoir vaut

Proverbe Français

P A R T I E 3

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Dans ce chapitre, nous allons dresser les axes majeurs pour un enseignement/apprentissage optimal des langues étrangères à l’aide du Web 2.0 et des réseaux sociaux. En préambule de ces recommandations, il est intéressant de revenir sur les paramètres qui conditionnent l’apprentissage linguistique. Gérard POIROT, Docteur en Linguistique Malgache, met en relief douze variables principales, à savoir :

Source : Apprendre efficacement une langue étrangère, Gérard POIROT

Voici un tour d’horizon succinct de ces éléments constitutifs du parcours pédagogique dans l’enseignement/apprentissage d’une langue étrangère :

>Affectivité

Cette notion souligne la motivation et donc l’adhésion et l’implication nécessaires de la part de l’apprenant. Le digital doit donc savoir stimuler et entretenir l’enthousiasme initial de l’individu abordant une formation en langue.

>Âge

L’âge influe sur l’apprentissage, a fortiori dans le cas d’une langue étrangère. Au-delà de trente ans, le processus de mémorisation est plus lent. Cependant, en vieillissant, nous accumulons les expériences et les connaissances, ce qui favorise une plus grande performance dans les domaines familiers. Pour bien fonctionner, la mémoire doit être souvent sollicitée et challengée afin d’endiguer le plus possible la diminution des capacités attentionnelles, de la récupération active et de la vitesse de traitement de l’information. Il est donc nécessaire que l’e-formation implique une sollicitation quotidienne de la mémoire.

>Auditif et visuel

Les individus extravertis ont une prédisposition pour les langues étrangères. En effet, ceux qui, socialement, multiplient les échanges sont favorisés car ils activent très régulièrement les fonctions auditives a contrario des individus plus en retrait qui vont beaucoup plus faire appel à leur sens visuel. Dans le cas d’une e-formation en langues, il est primordial d’activer à la fois les sens auditif et visuel de l’apprenant.

>Compréhension

Pour que la mémoire soit performante, il est impératif que celle-ci appréhende parfaitement les notions enseignées. Une phrase apprise par cœur sans que l’élève ne la comprenne, en termes de sens, ne sera pas archivée de façon optimale par la mémoire.

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>Encodage

L’encodage est une étape clé du processus mémoriel. Il s’agit du traitement et de l’élaboration, à la fois conscients et inconscients, de l’information pour la transformer en souvenir. L’encodage, par des images, des sons, des émotions va créer un contexte de mémorisation en établissant des liens mentaux qui permettent de retenir l’information puis de la stocker pour pouvoir, par la suite, la retrouver au cœur de la mémoire et l’utiliser à bon escient.

>Filet sémantique

Le filet sémantique désigne le classement des informations effectué par le cerveau. Une fois archivées, les données sont reliées à des connaissances déjà acquises comme, par exemple, la signification dans la langue maternelle. La multiplication de liens mentaux autour d’une information favorise la mémorisation et la fabrication de souvenirs.

>Mémoire

La mémoire permet d’intégrer, coder, stocker et restituer les données. Celle-ci est à la fois physique et psychique. On distingue trois types de mémoire. La mémoire sensorielle est très volatile car elle a une durée de quelques millisecondes. La mémoire à court terme est très dépendante des capacités attentionnelles de l’individu. Étant limitée dans le temps, il s’agit de la mémoire sollicitée dans la poignée de minutes suivant la perception d’une information. La mémoire à long terme est illimitée sur le plan temporel et en termes de stockage. C’est le disque dur de l’individu où sont stockés les souvenirs, expériences et connaissances. L’encodage, le stockage et la restitution font partie intégrante de la mémoire à long terme. L’analyse, la concentration, la conceptualisation, le contexte, la logique, la méthodologie et l’oubli sont des composantes inhérentes à la mémoire.

>Outils

Dans l’apprentissage d’une langue, la variété des outils employés est significative dans la progression de l’apprenant. Variété ne signifie pas un éparpillement méthodologique mais l’alternance d’au moins deux supports.

>Reconstruction

La reconstruction est une autre composante de la mémoire. Lorsqu’un apprenant en langue doit restituer ses connaissances, il va devoir rappeler ses souvenirs grâce à une reconstruction basée sur des éléments disparates.

>Réflexes

Pour pratiquer une langue étrangère, il est nécessaire d’avoir des réflexes pour ne pas avoir à chercher ses mots. Lorsque nous écoutons et échangeons avec notre interlocuteur, nous faisons appel à des réflexes multiples.

>Sens

La mobilisation des sens de l’apprenant est une condition impérative du parcours pédagogique d’un apprenant en langues. La mémoire sensorielle participe pleinement à l’apprentissage.

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>Stockage

Au cœur de la mémoire, le stockage est une composante centrale. Sachant que l’oubli fait partie du processus mémoriel, la consolidation des informations doit être encouragée pour éviter l’écueil de l’oubli. La réactualisation des connaissances par le traitement d’informations plus récentes liées à une notion va permettre de contourner l’oubli. C’est pourquoi une personne ne pratiquant plus une langue seconde aura besoin d’un réajustement lorsqu’elle sollicitera à nouveau sa connaissance de cette langue lors de la rédaction d’une lettre, par exemple.

Prenant notamment appui sur ces paramètres essentiels, les recommandations suivantes décrivent les axes qu’il nous semble nécessaire de suivre pour délivrer une e-formation linguistique la plus efficiente possible.

Désigner au moins un référent pour le guidage du pa rcours pédagogique

Bien que parmi les recommandations qui vont suivre, nous allons détailler l’importance de l’autonomie dans l’apprentissage linguistique en ligne, il nous semble particulièrement important de désigner un tuteur dans le cadre d’une e-formation. L’autonomie étant corrélé à la progression pédagogique, donc à la maîtrise technique et linguistique dans le sujet qui nous intéresse, les apprenants doivent pouvoir être reliés à une autorité qui supervisera :

>Le niveau et la progression de chacun

>Les besoins technologiques et les outils à utiliser

>La variété des outils et supports pour l’optimisation des tâches

>La définition, l’animation voire la réorientation du parcours pédagogique

>L’entretien et le développement de la motivation de ses ouailles

>La correction, l’évaluation et la restitution (feedback)

>La facilitation des contacts et du partage

>La préconisation d’outils additionnels

Nous conseillons aux apprenants évoluant en totale autonomie, soit en dehors de l’école et du monde professionnel, d’identifier un ou plusieurs référent(s) afin d’optimiser leur apprentissage. Par « référent », nous n’entendons pas forcément une autorité pédagogique mais de préférence un natif faisant montre d’implication, de disponibilité et étant force de soutien. La motivation étant la pierre angulaire de l’e-formation, il serait regrettable d’étudier en semi-autarcie. Le social language learning et tous les outils interactifs doivent, dans ce cas de figure, être favorisés.

Dans le cadre professionnel, des K.P.I. (Key Performance Indicators) doivent être validés en amont avec l’e-formateur qui devra se tenir à ces objectifs tout au long de l’enseignement. A posteriori, il est légitime que les apprenants, à leur tour, puissent juger de la formation reçue.

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Privilégier un apprentissage ludo-éducatif pour une motivation maximale

Depuis les années 90 et la vague des jeux vidéo, il est acquis que le ludique peut grandement stimuler l’apprentissage. Commencer à apprendre une langue peut sembler insurmontable pour certains individus, notamment à l’âge adulte, car ils appréhendent la durée et les conditions pédagogiques. Pour prendre une métaphore, ces apprenants redoutent d’entrer dans un tunnel dont ils ne verront pas le bout et qui sera semé d’embûches. Le fait, en outre, de devoir très vite avoir des échanges dans la langue étudiée, pratiquement « sans filet de sécurité » et dans un contexte pédagogique où l’évaluation est par défaut nécessaire, peut rapidement saper leur bonne volonté initiale. Même en autonomie, l’évaluation se fera dans le jugement des interlocuteurs qui cerneront vite le niveau de maîtrise de la personne qui leur fait face.

Le fait d’introduire des modules et supports ludiques permet d’endiguer en partie ce sentiment préjudiciable à la motivation des apprenants. Plusieurs expériences, menées notamment au Royaume-Uni, au Canada et aux États-Unis, ont étudié les mécanismes psychologiques dans le cadre d’un enseignement faisant le part belle au jeu. Les résultats ont prouvé que, lorsque le jeu est combiné aux exercices et méthodes plus formels, la progression des étudiants est plus rapide. En effet, les tâches ludiques stimulent la réflexion et donc la concentration d’apprenants ravis de s’adonner à des exercices sollicitant tout autant leur imagination, leur affect ou bien encore leur esprit de compétition. Ces programmes ont démontré que les mises en situation ludiques mobilisent fortement les fonctions sensorielles aux côtés des mécanismes neurologiques classiques. Le serious gaming a donc de beaux jours devant lui.

FOCUS SUR QUEST TO LEARN, QUAND LE JEU ILLUSTRE LA THÉORIE

En 2009, à New York, a vu le jour QUEST TO LEARN, une école d’un nouveau genre. Sa conceptrice, Katie SALEN, a souhaité accueillir des classes de 6ème et 5ème, pour commencer, et leur proposer des cours conduits à la fois par un professeur traditionnel et un concepteur de jeux

pour le développement de modules ludiques à l’initiative des élèves. Par exemple, en classe de physique, c’est un module de dix semaines, Invisible Pathways, qui a été retenu. Ce jeu de rôle consistait à « transformer » les enfants en scientifiques étudiant le comportement de la lumière (réfraction, absorption, diffusion et réflexion) grâce à des caméras numériques et la modélisation 3D dans un environnement virtuel. Ainsi, les connaissances théoriques étaient directement mises en pratique dans un univers ludique pour permettre aux élèves d’élaborer de nouvelles théories, de s’interroger sur la matière, d’étudier l’œil et ses composants optiques, etc.

En histoire, les élèves sont devenus les administrateurs de Sparte et ont du « monitorer » les relations avec Athènes. Ce jeu de stratégie leur a permis de mieux appréhender le contexte et l’environnement des Cités-États de la Grèce Antique.

Cette école très digitale réfute la notation et privilégie une classification des élèves par niveau afin de les encourager à atteindre les niveaux supérieurs. Forte du succès rencontré à New York, une deuxième école ouvrira ses portes prochainement à Chicago.

Source : Quest to learn, l’école où l’on joue à apprendre, ROUTIN V. / SUSSAN R., Le Monde, 26 septembre 2011

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Diversifier les contextes pour alterner les registr es de langue et les situations

Parler une langue seconde, ce n’est pas parler comme un livre. La vie fait que l’on sera amené à rencontrer des interlocuteurs de tous horizons, dans des situations diverses. C’est le contexte qui donne du relief à nos expressions, écrites comme orales. Certaines formations, notamment en entreprise, privilégient à dessein un registre de langue que nous qualifierons d’étroit. Nous préconisons au contraire d’ouvrir l’e-enseignement linguistique à des tâches et des mises en situations diversifiées pour offrir aux formés non seulement une adaptabilité et une autonomie accrue mais aussi afin d’optimiser leur engagement. On ne parle pas comme on écrit. On ne parle pas avec son collègue espagnol comme on parle avec son client espagnol.

Les tâches et outils mis en œuvre doivent conjuguer l’écrit à l’oral, le ludique à l’académique, le langage parlé au langage formel. Le fait, par exemple, d’avoir recours au serious gaming favorise une mise en situation des formés et de leur tuteur qui vivront ce qu’ils apprendront. A la suite de cela, un débriefing dans la langue étudiée entre les participants et, encadré par le formateur, va non seulement permettre une correction mutuelle mais aussi un débat, des échanges oraux dans un registre certainement plus direct, plus percutant sans challenge, sans pression.

Les échanges en distantiel sont également un bon moyen de donner une empreinte moins formelle, notamment si ces échanges sont inter-apprenants. Débattre via les réseaux sociaux sur un ou plusieurs sujet(s) délimité(s) donnera aux contributions un cadre bien différent de celui de la classe de langues. Ce genre d’outil encourage les apports concis et percutants. C’est aussi l’occasion de casser la timidité à l’oral de certains apprenants qui peuvent, de chez eux ou ailleurs, « s’offrir » une tribune dans les échanges écrits qu’ils mèneront avec les autres. Faire participer les apprenants à un blog est un autre moyen de donner carte blanche (ou presque) à chacun qui pourra imprimer sa patte, son style.

Lorsque l’on apprend l’anglais, avoir quelques notions de slang peut toujours servir. Le langage familier fait aussi partie du contexte culturel de la langue étudiée. Outre le cadre professionnel, l’apprenant sera amené à utiliser ses connaissances en voyage ou dans ses échanges avec ses followers et amis digitaux qui ne s’embarrasseront pas toujours d’un langage soutenu, ou à tout le moins académique, dans leurs expressions. La diversité des interlocuteurs, donc des registres de langue, doit faire partie des paramètres de l’e-formation linguistique. Si, à l’école et en entreprise, il est légitime que le langage formel soit en priorité inculqué, les échanges hors classe peuvent être d’une toute autre nature. A contrario d’une discipline scientifique, le langage est polymorphe.

Pour appréhender cette diversité, donc délivrer un apprentissage efficace, la mise en situation est un point à ne pas négliger. Le digital est censé contourner la froideur que peut inspirer un livre ou un CD-Rom de leçons. Il serait donc regrettable que les moyens offerts par les médias numériques ne soient pas exploités en ce sens. Nous recommandons donc un travail fort sur les axes d’engagement des apprenants, cela pour ouvrir les esprits à la langue donc à la culture étudiée mais aussi afin d’armer les futurs locuteurs qui, à l’issue de l’e-formation dispensée, devront faire preuve de la plus grande autonomie lexicale et syntaxique face à leurs interlocuteurs.

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Rythmer la motivation par la correction, la gratifi cation et l’évaluation

Dans les langues, comme dans toutes les disciplines, la correction et l’évaluation sont importantes. Mais, dans l'enseignement d’une langue étrangère, l’élève est particulièrement désireux d’obtenir un feedback très rapide pour se sentir guidé dans sa progression. Nous avons mis en exergue l’importance de l’échange et du partage, au cours de ce rapport. En effet, ces deux variables sont cruciales dans l’apprentissage linguistique qui doit faire la part belle aux interactions entre les individus. Pour ne pas être limité dans ses contacts, qu’ils soient verbaux ou épistolaires, l’apprenant réclamera logiquement une correction et une restitution par rapport à ses productions.

Elena COŞEREANU, Docteur en Didactique du Français Langue Étrangère à l’Université Technologique de Compiègne, a rédigé en 2009 un article sur ce sujet dans les Cahiers de l’APLIUT3, au sein duquel elle démontre l’importance de la correction dans l’acquisition d’une langue seconde en se basant sur les travaux de GASS, MACKEY et ROSS-FELDMAN. La correction permet aux apprenants de se situer et les expose à faire des changements de leur output, soit leurs productions vis-à-vis du professeur et/ou de leurs pairs. L’apprenant va plus facilement prendre conscience des inadéquations et approximations entre son interlangue et la langue cible. L’interlangue étant la langue intermédiaire entre la langue source ou maternelle et la langue cible ou seconde.

Par exemple, un italien souhaitant dire « on s’appelle » pourrait, dans un premier temps, franciser l’expression italienne « ci sentiamo » en déclarant « on se sent ». L’interlangue est faite d’approximations, de maladresses, mais est une phase logique dans le parcours pédagogique linguistique. Le Docteur COŞEREANU souligne le fait que la correction encourage l’apprenant à régulièrement restructurer son interlangue pour éviter de faire les mêmes erreurs dans ses prochaines productions. L’essor des échanges sociaux, à l’heure du Web 2.0, amplifie ce phénomène de restructuration et donc de progression puisque l’e-apprenant s’expose à de multiples feedbacks correctifs qu’il peut incorporer rapidement à ses connaissances. SWAIN et LAPKIN ont également mis en évidence l’importance des épisodes communicationnels lors desquels les apprenants s’interrogent sur le langage qu’ils produisent, s’autocorrigent et corrigent l’autre dans leur ouvrage « Interaction and second language learning: two adolescent French immersion students working together ».

L’évaluation et la gratification sont logiquement liées à la correction. Depuis le plus jeune âge, nous sommes habitués à être évalués pour nos productions. Bien que certains arguent du fait que la notation n’ait pas forcément une portée bénéfique sur des élèves mis en compétition et donc sous pression, il nous semble important que l’e-formation linguistique propose une qualification des productions des apprenants. Cette qualification ne sous-entend pas forcément la notation mais à tout le moins un système clair d’évaluation permettant aux élèves de se situer. De plus, les efforts fournis peuvent être sanctionnés par une gratification personnelle et/ou collective tout autant voire encore plus génératrice de motivation que l’est la restitution induite par la correction. C’est toujours plaisant de s’entendre dire un « very good! ».

3 L’APLIUT, Association des Professeurs de Langues des I.U.T., édite la revue Recherche et pratiques pédagogique en langues

de spécialité

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Combiner l’oral à l’écrit tout au long du parcours pédagogique

Une langue étrangère ne saurait être maîtrisée sans une pratique approfondie des discours écrit et oral. En effet, le but de l’enseignement d’une langue étrangère est de permettre à l’apprenant de parler et d’écrire la langue étudiée. C’est pourquoi, on a longtemps spécifié dans nos curriculum vitae la mention « lu, parlé, écrit » au chapitre « Compétences Linguistiques ». Mais, la prédominance du livre en classe de langue, pendant des décennies, a privilégié l’écrit, l’oral ayant été majoritairement cantonné aux commentaires, débats et échanges entre le professeur et les élèves, au mieux entre les apprenants. L’arrivée de nouvelles technologies (ordinateur, V.H.S., D.V.D., logiciels, Internet) a, depuis les années 70, bousculé l’enseignement classique en revalorisant l’oral. Les programmes scolaires de 1977 réaffirmaient l’importance de l’oral et requéraient la nécessité impérative de comprendre les interventions verbales de son interlocuteur dans la pratique d’une langue seconde.

Ce glissement subit vers l’oral a failli déboucher sur un enseignement linguistique basé sur le tout-oral après des décennies de tout-écrit. Fort heureusement, la nécessité de maintenir un équilibre entre les discours oraux et écrits s’est imposée au début des années 80 alors même que les technologies se multipliaient. Les évolutions récentes ont plaidé pour une synthèse de l’oral et de l’écrit avec pour clé de voûte l’échange. Outre les compréhensions écrite et orale, le concept de compétence de communication a été développé à partir de 1995 dans les programmes scolaires. En surimpression d’un discours descriptif, il a été demandé aux apprenants de s’exprimer également à la première personne du singulier, de prendre parti, de se positionner tout en débattant avec leurs camarades. La dissociation de l’oral et de l’écrit a donc été bannie. Suite aux instructions de 1995, la prononciation orale, gage d’une expression de qualité et d’une compréhension orale optimisée, est même devenue un axe majeur de l’enseignement des langues secondes.

Désormais, le poids des T.I.C.E., à l’école, et de l’e-learning en entreprise, permet de combiner l’oral à l’écrit tout au long du parcours pédagogique linguistique. Le degré de technicité des L.M.S. est un moyen de multiplier les productions à la fois écrites et orales. Cependant, un apprenant autonome, qui ne bénéficie pas d’un encadrement et donc d’une orientation de ses travaux, devra s’astreindre à des échanges oraux et éviter l’écueil de productions uniquement écrites qui sont bien évidemment facilitées avec l’usage d’Internet. Nous recommandons que les podcasts, les échanges via Skype et autres médias oraux soient impérativement incorporés à l’apprentissage d’une langue seconde. Il est, d’ailleurs, reconnu que l’acquisition du langage s’effectue via les cinq sens qui reçoivent et interprètent les stimuli extérieurs pour, in fine, structurer les mécanismes neurologiques.

Forts de ce constat, il nous semble dommageable de ne pas avoir recours à des outils rythmant la compréhension et l’expression orales aux côtés de supports basés notamment sur le texte et la compétence écrite. Les apprenants doivent s’astreindre à progresser dans leur apprentissage de manière multimodale, à savoir par la parole, l’écoute, la lecture et l’écriture. Les e-enseignements qui auraient tendance à ne pas maintenir un équilibre entre les tâches orales et écrites sont à prescrire.

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Multiplier les échanges et le partage

Les réseaux sociaux linguistiques ne s’y sont pas trompés en favorisant les mises en relation multiples. MYLANGUAGEEXCHANGE.COM, par exemple, s’appuie sur la méthode CORMIER qui propose à un groupe de deux à quatre individus de deux nationalités distinctes d’échanger cinquante pourcents du temps dans la première langue, cinquante pourcents dans l’autre langue. Hélène CORMIER a développé cette approche pendant trois ans au sein du Club d’Échanges Linguistiques de Montréal. Selon ce réseau social spécialisé, « Il n'existe aucune autre méthode aussi efficace pour apprendre une nouvelle langue, si ce n'est la supervision directe d'un enseignant qualifié. […] Pour les étudiants de niveau intermédiaire, cette méthode est de loin la meilleure dans l'apprentissage d'une langue seconde ».

Échanger avec un natif est certainement la voie royale pour développer une maîtrise de manière optimale la maîtrise d’une langue seconde. Le site APPRENDRELANGUE.COM plaide pour cette mise en situation et déclare « Les conversations de la vie de tous les jours seront toujours différentes de ceux des livres et des méthodes audio qui supposent une utilisation correcte et sans acrobatie de la langue ». L’outil SharedTalk de ROSETTA STONE, spécialiste américain des méthodes linguistiques, propose de trouver l’interlocuteur idéal via une interface extrêmement simple et légère hébergeant un chat vocal et une messagerie instantanée. BRUNER, un psychologue américain spécialisé dans la psychologie de l’éducation, a développé le concept d’étayage, qui induit l’apprentissage par la découverte, et a mis en relief l’aspect déterminant de l’échange verbal avec l’autre pour extérioriser les processus mentaux. Pour BRUNER, le langage se développe via son fonctionnement social. Cela nous rappelle la théorie socioconstructiviste précédemment décrite dans cette étude. Dès le plus jeune âge, l’observation et l’imitation de l’autre sont déterminantes dans la progression de l’individu.

Le collaboratif est plus que jamais un sésame dans l’apprentissage d’une langue étrangère. SIEMENS, le père fondateur du connectivisme, théorie basée sur l’usage des nouvelles technologies, souligne que c´est la qualité et la pertinence du réseau de l´apprenant qui doit primer sur les connaissances elles-mêmes en déclarant que « la création de sens et la formation de connexions entre des communautés spécialisées sont des activités importantes ». La théorie connectiviste, qui nous semble particulièrement pertinente, promeut fortement l’échange en s’appuyant notamment sur les axes suivants :

>L´apprentissage et les connaissances résident dans la diversité des opinions

>L´apprentissage est basé sur les sources d´informations et les nœuds entre les individus

>La capacité d´accès à une plus grande quantité de connaissances est plus importante que

la connaissance elle-même

>La formation et le maintien des connexions facilitent l´apprentissage continu

>L´habilité à réaliser des connexions entre des champs, des idées et des concepts est une

compétence centrale

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Encourager l’apprentissage par affinités

L’apprentissage par affinités, outre le fait qu’il permette aux individus en contact d’échanger sur un domaine qui les stimule et donc de progresser plus rapidement dans leur maîtrise de la langue seconde étudiée, crée une interdépendance entre les apprenants. L’interdépendance nécessite une entraide et donc un partage fort. Dans cette optique, il est nécessaire d’effectuer un distinguo4 entre la démarche coopérative et la démarche collaborative qui repose sur le degré de contrôle et d’autonomie des apprenants.

La démarche coopérative, qui concerne généralement de jeunes apprenants ou des élèves très peu expérimentés, repose sur un contrôle fort exercé par le formateur pour combler une faible autonomie de ses élèves. Ce contrôle développera graduellement l’habilité des apprenants à passer de la coopération à la collaboration. La coopération implique la division des tâches et des responsabilités au sein d’un groupe d’élèves dans lequel chaque individu va participer à l’atteinte d’un but commun, à savoir la réalisation d’un exposé sur Dante dans le cadre d’un cours d’italien, par exemple. L’interdépendance est très forte entre les membres du groupe.

A contrario, la démarche collaborative se distingue par un faible contrôle puisque l’autonomie des apprenants est forte. Les apprenants ont également un but commun mais chacun travaillera indépendamment à atteindre ce but consensuel par ses propres efforts. Le résultat sera la production d’œuvres individuelles mises en commun pour la réalisation de l’œuvre collective. La tâche collaborative n’est pas morcelée entre les apprenants. Chaque apprenant réalise par et pour lui-même l’ensemble de la tâche en utilisant les ressources collectives mais aussi en s’appuyant sur le groupe. L’interdépendance a donc un caractère associatif. L’évolution optimale de l’apprentissage implique de passer de la coopération à la collaboration au fil de la progression de l’enseignement.

Une e-formation linguistique, pour être efficace, doit entre autres proposer des activités et tâches basées sur les contacts sociaux qui développeront un sentiment d’appartenance au groupe et d’interdépendance entre les membres de celui-ci et, dans le cadre d’un apprentissage autonome, un engagement affinitaire. Comme le soulignent Karin LUNDGREN-CAYROL et Henri France dans leur ouvrage « Apprentissage collaboratif à distance : pour comprendre et concevoir les environnements d’apprentissage virtuels », « l’apprenant demeure au centre du processus et son engagement à collaborer repose sur l’intérêt intrinsèque qu’il trouve à partager avec le groupe pour l’aider dans l’accomplissement de la tâche ». Le site MEETUP.COM propose de fédérer ses utilisateurs internationaux autour de leurs passions mais aussi de réunir par zone géographique (une ville ou un code postal peut être renseigné) ces individus qui pourront prolonger leurs échanges en mode offline.

4 Source : HENRI France / LUNDGREN-CAYROL Karin, Apprentissage collaboratif à distance : pour comprendre et concevoir

les environnements d’apprentissage virtuels, 2001

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Favoriser le recours au social language learning

Lev VYGOTSKI, psychologue russe, a déclaré « la vraie direction du développement de la pensée ne va pas de l'individuel au social, mais du social à l'individuel ». Cette affirmation vient illustrer la révolution sociale qui s’opère actuellement avec la multiplication des médias sociaux sur le Web. Le collaboratif, automatiquement induit par le Web 2.0, est un formidable tremplin dans le domaine de la formation pour optimiser l’appropriation des connaissances via le groupe, bref le collectif. Que ce soit à la maison, à l’école ou en entreprise, le social language learning nous semble un point primordial des e-formations modernes.

L’entreprise doit se projeter comme une organisatio n apprenante à tous les niveaux

Avec la poussée de l’e-learning en entreprise mais aussi la formation professionnelle continue tout au long de la carrière, l’apprentissage va devenir une notion très importante dans les politiques R.S.E (Responsabilité Sociale de l’Entreprise). Les salariés vont avoir la possibilité de se former de façon multiple, au cours de leur cheminement professionnel, ce qui leur apportera un arc de compétence élargi et donc bénéficiera également à l’employeur. L’entreprise va désormais devoir se projeter comme une organisation apprenante à tous les niveaux, que ce soit entre les métiers ou encore les fonctions. Les bénéfices des apprentissages à la fois individuels et collectifs vont converger. Bien évidemment, pour piloter au mieux ce qui nous semble être l’avenir de la formation professionnelle, il sera nécessaire de procéder à des ajustements organisationnels pour maximiser les compétences du capital humain. Les langues seront plus que jamais un volet important des plans de formation car l’accélération de la globalisation va impacter toutes les tailles de structures après avoir façonné la façon de travailler dans les multinationales et les entreprises intervenant à l’export. Les échanges et le partage seront cruciaux. En amont des domaines techniques et complexes, le verbal et l’écrit entre les individus, que ce soit en interne ou avec le marché, seront déterminants. Le social language learning nous semble donc un avantage concurrentiel à exploiter dès à présent via la mise en place d’outils efficients tels qu’entre autres les réseaux sociaux d’entreprise.

A l’école, les communautés linguistiques doivent êt re développées

Le projet e-twinning démontre, selon nous, la force des projets collaboratifs à l’école. Ce concept trans-écoles européennes offre aux enfants non seulement une expérience scolaire innovante mais aussi une sensibilisation aux autres cultures. Le contexte culturel étant un point fort de l’enseignement des langues secondes, professeurs et élèves ont tout intérêt à souscrire aux communautés linguistiques. Il est à espérer que les politiques en matière de T.I.C.E. sauront favoriser le language learning collaboratif dès l’école primaire.

L’apprentissage en autonomie ne peut se passer des échanges sociaux

Le Web 2.0 mettant à la disposition des apprenants en langues une infinité d’outils interactifs, nous préconisons la multiplication des échanges, sans pour autant tomber dans l’éparpillement, que ce soit à l’oral ou à l’écrit. Le social language learning favorisant le phénomène d’imitation, la correction mutuelle et l’interdépendance, les apprenants en autonomie doivent se lancer dans « le grand bain digital » pour bénéficier des apports de l’apprentissage collaboratif. Cent cinquante ans après l’essor de la formation à distance, les générations X, Y et Z ont la chance de pouvoir exploiter une fenêtre sur le monde sans nul autre pareil dans l’histoire de l’Humanité. Apprendre de et avec les autres n’a pas de prix.

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Exploiter la complémentarité du m-learning

Le mobile learning vit actuellement une poussée au cœur de l’écosystème e-learning. Sachant que les smartphones sont en train de démocratiser l’accès à Internet, de par le monde, il est plus que d’actualité d’envisager le mobile comme un support complémentaire à l’e-formation classique. La dynamique impulsée en présentiel mais aussi via les usages sur ordinateur peut désormais se prolonger en totale mobilité. Passons en revue les points forts et les points à améliorer du m-learning.

>Forces du mobile learning

>Faiblesses du mobile learning

Source : Nomadisme et mobile learning, e-learning actu, http://www.elearning-actu.org/mobile-learning/

Ces points devant être pris en compte, le m-learning se doit de délivrer un enseignement linguistique complémentaire, simple, concis, ludique et pratique. Les conditions d’étude pouvant être antagonistes avec la rigueur nécessaire à l’apprentissage, la voie plus informelle doit être privilégiée. À date, le mobile doit venir en complément des cours en présentiel et des autres supports digitaux.

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FOCUS SUR LE MOBILE ASSISTED LANGUAGE LEARNING (M.A .L.L.)

Le M.A.L.L. désigne l'apprentissage linguistique sur mobile, P.D.A. ou tablette et est la synthèse du m-learning et du Computer-Assisted Language Learning (C.A.L.L.). Avec le M.A.L.L., les apprenants ont accès aux ressources linguistiques et peuvent échanger tout autant avec leur tuteur que leurs pairs, partout et tout le temps. Du simple tutoriel au module de cours complet en passant par quelques widgets, le M.A.L.L. est en pleine ascension et bénéficie du développement de produits spécifiques à ce format sur la base d'une demande toujours plus conséquente. D'autant que le M.A.L.L. encourage la rétention et l'utilisation de connaissances récemment acquises en réduisant le risque de déperdition de la "valuable knowledge". Avec des apprenants toujours plus soumis à des horaires universitaires ou professionnels lourds, le temps consacré aux sessions classiques d'apprentissage ne cesse de diminuer. L'introduction du rich media, l'optimisation des contenus sur smartphones et tablettes et l'amélioration constante de la qualité de ces terminaux promet un bel avenir au M.A.L.L.

Les tablettes vont changer la donne

Avec la démocratisation progressive des tablettes tactiles, l’e-language learning va encore se développer. Que ce soit en entreprise, en autonomie voire à l’école, les tablettes pourront établir une synthèse entre la mobilité et le confort d’un P.C. pour tous les language learners désireux de travailler leur maîtrise d’une ou plusieurs langue(s) étrangère(s). La tablette à 1€ proposée par le gouvernement pourrait, de plus, renforcer cette impulsion. Les forces de vente itinérantes, pourraient également trouver leur compte dans le m-learning sur tablette. Outil de vente et de monitoring le jour, celles-ci se transformeront facilement en outil d’apprentissage à distance le soir ou dans les transports, par exemple. Les développements techniques étant spectaculaires, ces dernières années, gageons que les freins d’hier seront bientôt levés : le confort, l’ergonomie, le stockage, entre autres, sont en passe de vivre une optimisation déterminante.

Nous recommandons donc tout autant aux tuteurs qu’aux apprenants d’envisager les supports mobiles comme des relais de choix dans leur apprentissage. Offrant une grande liberté en termes d’espace/temps, ces devices sont déjà le nouveau cheval de bataille des acteurs de l’e-learning qui y voient non seulement un nouveau défi technologique mais également un moyen de prolonger l’enseignement et de capter de nouveau clients. Sachant qu’un internaute français sur quatre est un mobinaute, le champ d’action est vaste. Outre l’accès à l’Internet classique, la multiplication des applications mobiles de language learning est programmée. De plus, au vu des tarifs modérés pratiqués sur mobile, les apprenants ont tout intérêt à exploiter ce support complémentaire qui évite une trop grande interruption dans la dynamique pédagogique. Le téléphone, outil de communication par excellence, est le médium de choix pour un élève en langues. Presque un siècle après les premières tentatives d’enseignement à distance par téléphone, cet objet est devenu le prolongement de l’individu.

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Permettre un continuum dans l’apprentissage délivré

Lorsque l’on a amorcé l’apprentissage ou le perfectionnement d’une langue, il est légitime d’espérer pouvoir continuer celui-ci et/ou pratiquer la langue apprise au-delà de la formation lorsque celle-ci s’achève. On ne parle bien une langue que lorsqu’on la pratique dit-on. Lors d’une e-formation linguistique, il est donc important de donner aux apprenants des repères, des balises, dans la jungle numérique afin qu’ils puissent entrevoir comment ils pourront développer leur pratique par eux-mêmes à l’issue de la formation. L’autonomie devant logiquement se développer au fur et à mesure du parcours pédagogique, les formés étant d’abord encadrés puis guidés puis conseillés, le(s) formateur(s) ou professeur(s) se doivent de leur donner l’envie d‘exploiter cette autonomie en dehors des sessions de formation ou des cours en classe et, ainsi, poser les jalons d’un continuum dans cet apprentissage.

Cette sensibilisation doit être amorcée par le formateur au cours de la formation en projetant ses apprenants dans le futur donc dans les situations et usages qu’ils seront amenés à vivre. Les apprenants développeront, ainsi, l’envie d’entretenir les connaissances qu’ils auront acquises, via maints efforts, que ce soit en termes de temps consacré, de réflexion ou encore d’investissement matériel. Quoi de plus gratifiant qu’ajouter des cordes à son arc et de pouvoir se targuer de maîtriser et pratiquer régulièrement une langue seconde ?

De plus, l’aisance ne peut se développer que sur le long terme. Il n’est pas question de s’astreindre voire s’imposer une charge de travail identique à celle déployée lors de la formation mais plutôt de savoir conserver une gymnastique pédagogique. La lecture d’articles de presse via son smartphone, dans les transports, les contributions sur les réseaux sociaux dans la langue concernée, le fait de regarder des vidéos et tout ce qui relève du rich media ou encore lire dans la langue étudiée sur son Kindle sont des exemples parmi tant d’autres. Dans le cas de l’anglais, cette démarche est facilitée puisque la langue universelle est partout, notamment, sur le Web. Utiliser des supports offline viendra également renforcer l’optimisation de l’e-formation dispensée.

L’efficacité de l’e-formation linguistique peut, ne l’oublions pas, aussi se mesurer à l’aune de la formation aux nouvelles technologies et de l’ouverture d’esprit aux outils complémentaires et à leurs développements que cet enseignement aura conféré aux apprenants.

Ces recommandations étant posées, nous abordons désormais un chapitre plus prospectif. Le Web courant à grandes enjambées vers sa deuxième révolution de par une innovation effrénée et une exigence toujours plus forte des internautes, les perspectives de l’e-formation en langues vont, de fait, s’élargir. Quels seront les usages de demain ? Ma tablette sera-t-elle devenue un cahier électronique hyper performant ? La géolocalisation va-t-elle bousculer la distinction présentiel/distantiel ? Quelle sera l’influence du collaboratif sur l’organisation de l’entreprise ? Les interrogations sont multiples. Nous nous proposons de tenter de lever un coin du voile et, pourquoi pas ?, verser parfois dans la futurologie au fil des pages qui suivent.

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CRITIQUE ET QUESTIONNEMENT

POURQUOI ? COMMENT ?

Au cœur de la culture Internet se terre une force qui entend tout apprendre de vous

Andrew GROVE

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L’infographie ci-contre, établie par le Rasmussen College, une université américaine, sur l’évolution de la formation à distance est une synthèse historique intéressante. Celle-ci éclaire la démocratisation de l’apprentissage puisqu’on est passé du précepteur à un apprentissage de masse, via la classe d’école, puis les nouvelles technologies tout autant à l’usage des scolaires que des adultes. Les technologies ont peu à peu révolutionné l’apprentissage vertical classique en présentiel. Depuis 1996, année 0 de l’adoption d’Internet par le grand public, l’apprentissage bénéficie d’outils variés, en présentiel comme en distantiel, en modes synchrone et asynchrone, dans un contexte de plus en plus collaboratif. L’apprentissage devient horizontal et privilégie l’échange, le partage, bref l’apprentissage mutuel via une mise

en interdépendance des apprenants et de leurs formateurs. Le social learning offre une grande variété de profils, d’outils, de contextes, de modes pédagogiques. Le serious gaming revalorise l’approche ludique de la connaissance. Le blended learning permet de trouver l’équilibre entre l’enseignement en classe et à distance. Dans le cas des langues étrangères, la fenêtre sur le monde qu’est le Web 2.0 favorise une multitude d’échanges, formels et informels, au bénéfice des utilisateurs. Pourtant, on peut délibérément s’interroger sur une forme d’apprentissage qui semble cantonnée à un rôle complémentaire de l’apprentissage classique qui implique la présence et le suivi d’un catalyseur essentiel du parcours pédagogique, le professeur.

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Le social learning, à qui l’on fait endosser les habits d’un fragile e-learning 2.0, est-il suffisant pour réellement apprendre une langue étrangère, ce qui implique une forte rigueur et une pratique constante à moyen sinon long terme ? L’engagement, l’implication, la motivation, les outils, le suivi doivent être optimaux. Les médias sociaux sont-ils, à ce jour, suffisants sur le fond et sur la forme pour apprendre puis maîtriser une langue seconde ?

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Fort heureusement, le pédagogique est en train de prendre une nouvelle dimension sur le Web 2.0 avec l’arrivée et le déploiement du rich media et de la réalité augmentée. L’accessibilité, la multiplication et la rapidité des flux, le collaboratif, vont impacter les usages : nous allons passer du « j’apprends peu à peu avec Internet » au « j’apprends tout le temps sur et grâce à Internet ».

1. L’avenir de l’e-formation sociale pourrait passe r par le social rich learning

Frédéric BASCUNANA, en 2010, a publié un manifeste du social rich learning dans lequel il définit et promeut ce concept, encore flou pour beaucoup, puisqu’il estime que le social learning est encore insuffisant dans sa portée. Partant du constat que le collaboratif est bien plus impliquant que le communautaire, il théorise le lien indéfectible entre le social rich media et le social rich learning. On peut se sentir seul, au sein de sa communauté, si l’on ne collabore pas et reste passif. A contrario, le collaboratif implique de rebondir sur les contributions, de créer des interconnexions, des frictions intellectuelles, de mélanger les fluides intellectuels, cela dans un contexte d’autorégulation avec, en toile de fond, des médias engageants. Via sa WebTV collaborative, TechtocTV, BASCUNANA a mené des sessions hyper participatives où le débat, la liberté de ton sont encouragés tout en cadrant les participations. Il a constaté avec étonnement un engouement très fort autour de ces tables rondes filmées et diffusées et a quantifié à 284 le nombre de contributeurs actifs et 300 les contributeurs occasionnels sur cette plateforme.

Selon lui, le social learning distille de l’informel et crée des passerelles entre les apprenants mais, si l’on ajoute, du rich media à d’autres outils performants, cela devient du social rich learning pour créer une alchimie entre des participants bien plus mobilisés donc dynamiques. La vidéo, notamment, est impliquante car l’on engage son image. La gestuelle et tout ce qui relève du langage corporel ne peut aller à l’encontre de la parole. Les sens sont fortement sollicités. Et l’audience peut interagir en direct et donc orienter les débats. Le social rich learning va donc encourager une pédagogie toujours plus active.

2. L’e-learning va muter pour devenir le we-learnin g

Avec la généralisation du social learning, certains observateurs de l’e-learning commencent à définir un nouveau concept, le we-learning. Partant de la constatation que la connaissance est partout, liée à chaque personne physique tout autant que morale, ils estiment que savoir et expériences doivent être partagés. En entreprise, notamment, on estime à 5 à 10% la connaissance des individus réellement utilisée. Le modèle 70 : 20 : 10, qui part du constat que les salariés apprennent à hauteur de 10% de l’apprentissage formel, 20% via l’entourage professionnel et 70% par l’expérience, plaide en faveur du knowledge management, soit la gestion efficace de la connaissance.

Après que l’e-learning ait empiété sur la place du formateur au profit des développeurs, le we-learning devrait réduire le pouvoir de ces développeurs et de leurs « designers » de programmes pédagogiques digitaux. Le we-learning cassera l’hégémonie de ces offreurs puisque la mise à contribution collaborative des connaissances et talents de tout un chacun, dans l’entreprise, favorisera la diffusion de la connaissance et de l’expérience. La connaissance va circuler plus facilement. Si, sur le plan organisationnel la gestion est bien menée, les salariés comprendront l’intérêt de partager leurs connaissances et d’apprendre en commun. Cela sera facilité par un background informatique performant s’appuyant notamment sur une approche SaaS, soit software as a service, pour une utilisation mutuelle.

Les anciens paradigmes vont être remis en cause : tout comme il a fallu apprendre à se servir de Flash, à effectuer du développement de contenus ou encore à savoir mettre divers médias en systémique, il sera désormais nécessaire d’apprendre, entre autres, le learning

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community management et le tagging et de savoir définir l’architecture de l’information tout en utilisant à bon escient les analytics car l’efficacité sera bien plus quantifiée qu’actuellement. Le we-learning va créer de nouveaux marchés de par le volume d’outils et de systèmes à gérer qu’il implique.

CISCO, SUN, CITRIX, MICROSOFT investissent d’ores et déjà des millions de dollars dans le développement de systèmes d’apprentissage corporate mettant au cœur de leur architecture le collaboratif, le savoir travailler ensemble et l’exploitation des connaissances. Ces systèmes doivent beaucoup aux outils et idées développés, la plupart du temps, par des réseaux sociaux tels que Facebook, Ning, LinkedIn. L’e-learning « a libéré » l’apprenant de la salle de classe, le we-learning va le libérer de l’ordinateur. Les supports mobiles, smartphones et tablettes, vont provoquer une accélération des flux collaboratifs et permettre un partage n’importe où n’importe quand. Au-delà du blended learning, qui a vu formateurs et apprenants établir les objectifs puis travailler et collaborer en présentiel et distantiel, le we-learning va créer des communautés d’apprentissage collaboratif qui se prolongeront après la classe, physique ou virtuelle, pour appliquer ce qu’elles ont appris en amont du process.

Mais le we-learning implique également un changement culturel et managérial. Il va falloir donner aux individus les supports, la culture et la motivation corrélés au we-learning pour qu’ils s’engagent dans cette voie. En effet, au sein des entreprises, le partage d’expérience et de la connaissance n’est pas encore un réflexe évident pour les salariés. Les experts, par exemple des salariés bilingues, devront bénéficier d’incentives les amenant à contribuer à la connaissance collective de la société soit, dans notre exemple, le partage de leurs connaissances linguistiques avec ceux qui souhaitent se former aux langues secondes maîtrisées par ces experts. Ces experts devront être récompensés et leurs interlocuteurs auront pour tâche de savoir à leur tour donner leur contribution à des projets collectifs pour lesquels ils ont une compétence distinctive. Nous avons tous nos talents et il s’agira de savoir en faire profiter autrui pour soi-même bénéficier des connaissances de nos collègues.

3. L’e-learning linguistique sera une expérience gr âce à la réalité augmentée

L’interactivité, terreau de l’apprentissage d’une langue, va connaître un développement technique important, au cours des prochaines années. Grâce à la réalité augmentée, qui superpose des objets virtuels 2D et 3D à l’image classique, la perception en temps réel de la réalité va changer d’intensité. En effet, les perceptions à la fois visuelle, auditive et tactile seront très fortement augmentées. Nos travaux actuels, en deux dimensions, vont vivre une révolution. Bientôt, nous pourrons vivre sensoriellement notre apprentissage.

Lorsque nous serons en pleine conversation avec un natif, il sera possible de lui toucher la main à distance. La détection des mouvements, qui est déjà appliquée actuellement, va devenir de plus en plus puissante pour une interaction majorée avec la machine et une interactivité optimisée avec nos interlocuteurs. Comme l’a déclaré Arthur C. CLARKE « toute technologie suffisamment avancée se confond avec la magie ».

L’application mobile World Lens, éditée par QUEST VISUAL, permet une traduction instantanée en temps réel via la capture d’une image depuis un mobile ou une tablette. Si, par exemple, un touriste est perplexe devant un panneau d’affichage rédigé dans la langue locale, il lui suffit de lancer l’application – qui fonctionne en mode offline - puis de viser le panneau ou tout autre support avec du texte pour obtenir un affichage instantané de la traduction du texte. La photographie suivante est un exemple édifiant de cette technologie : le panneau de signalisation en langue française visé est instantanément traduit en anglais tout en conservant tous les attributs de l’image que ce soit en termes de taille, couleurs, de typographie, de contraste et de luminosité.

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Le jeu Yoostar, créé par MICROSOFT, permet aux téléspectateurs de rejouer les scènes d’émissions en étant intégrés à l’écran.

C’est ainsi que l’on peut revivre certaines scènes de films et donner corps à un personnage. MTV s’est associé à MICROSOFT pour une utilisation de Yoostar avec les émissions diffusées à l’antenne et, ainsi, permettre une plus forte interactivité avec son audience. L’utilisateur est projeté dans un univers d’expériences sensorielles. Dans l’enseignement linguistique, où l’aspect culturel est crucial, pouvoir incarner un personnage et multiplier les interactions vocales et textuelles avec le système et/ou d’autres apprenants est une avancée majeure.

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La réalité augmentée dans l’e-formation linguistique va bientôt permettre la sollicitation de la mémoire visuelle et gestuelle. L’incrustation de mots, d’expressions, de sons, sur des objets en mouvements, des avatars devrait toujours plus impliquer des apprenants résolument autonomes.

Les avatars, ces personnages virtuels que nous pouvons façonner et incarner sur Internet, seront bientôt nos représentants en classe virtuelle. Les univers immersifs, tels que Second Life, vont constamment s’améliorer. Ce qui était une initiative sympathique mais peu fonctionnelle devrait revenir sur le devant de la scène avec la poussée de la réalité augmentée. Les études du Professeur Karl KAPP, de l’université de Bloomsburg en Pennsylvanie, ont démontré que les apprenants s’identifient très vite à leur avatar ; il est donc possible de se mettre aisément dans la peau d’un citoyen d’une autre nationalité et d’évoluer à distance dans son environnement culturel en utilisant la langue seconde étudiée. Le projet Les Eonautes, qui s’appuie sur un logiciel de français langue étrangère, fait évoluer les apprenants dans un univers virtuel au sein duquel ils doivent remplir des missions dont les enjeux sont didactiques. Les apprenants sont plongés dans diverses époques (antique, médiévale, contemporaine) et vivent des interactions avec divers personnages (druide, prêtre, chevalier, etc.) tout au long du parcours pédagogique quiest contrôlé en back office par le formateur.

Les enseignements menés via les univers immersifs semblent accroître de 30% les résultats des élèves, selon les études de KAPP. Ce succès a pour fondement un apprentissage expérientiel avec une contextualisation de l’apprentissage, qui est donc enrichi, et une dimension collaborative forte. La création d’objets, de contenus, d’outils par les apprenants est rendue possible. Le projet English City de VIRTUAL LAB, via lequel on peut échanger avec des natifs de langue anglaise dans un univers virtuel, a levé en 2011 1 million de dollar pour poursuivre son évolution. English City aligne déjà plus de 50 000 utilisateurs provenant de pas moins de 70 pays. Des situations de la vie réelle, telles qu’aller au restaurant, faire du shopping, assister à un cours, s’échanger des

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recettes de cuisine, sont désormais transposées dans les univers virtuels ou immersifs pour apprendre un idiome via de multiples interactions avec ses pairs allophones5.

L’arrivée de la deuxième révolution d’Internet, ou Web 3.0, devrait également impacter l’e-formation. On s’accorde pour dire que le Web 3.0 réside en la notion de Web sémantique. Cela signifie que les programmes, logiciels et ressources vont devenir intelligents grâce aux métadonnées qui permettront d’agréger, de générer, de publier et d’échanger des données en fonction de leurs relations sémantiques. Les objets et les données seront reliés par un langage universel. Les ordinateurs et autres devices pourront donc avoir la capacité de comprendre les contenus qui existent sur les systèmes et les serveurs du Web. Au-delà des langages protocolaires, les objets que nous utiliserons pour nous former et, en l’occurrence pour apprendre une langue étrangère, pourront aller sélectionner contenus et ressources idoines pour, également, les agréger en toute intelligence pour un apprentissage à forte valeur ajoutée. Nos devices sauront anticiper nos besoins en allant piocher dans la jungle numérique les contenus permettant d’accélérer nos connaissances, nos expériences et donc de nous faire progresser. L’expérience digitale sera toujours plus forte.

Pourtant, cette célérité dans le traitement de l’information, la traduction simultanée, l’agrégation de contenus déjà traduits en français pourrait faire renoncer, dans les prochaines années, les bonnes volontés qui avaient pour objectif la maîtrise d’une ou plusieurs langue(s) seconde(s). Mais alors comment cerner une culture étrangère et réellement bien comprendre ses acteurs ? Sans pouvoir s’exprimer dans la langue des natifs, l’expérience touristique par exemple ne serait qu’incomplète. Certains peuples utilisent des vocables qui n’ont pas d’équivalents dans notre langue. Bien souvent, il s’agit de mots qui expriment des sentiments, des sensations, car chaque peuple, chaque culture a sa propre vision du monde.

5 Allophone : individu dont la langue est différente de celle de la communauté dans laquelle il évolue.

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C O N C L U R E

EN CONCLUSION

QU’AI-JE APPRIS ?

Quand l’eau entre dans notre bouche, il est trop tard pour apprendre à nager

Proverbe Danois

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L’accélération de la globalisation, en partie due aux développements technologiques et notamment numériques, est en train de façonner la société de demain. Une société très ouverte où les échanges seront démultipliés de par l’immédiateté et une désintermédiation accrue. Ce bouleversement va projeter les peuples, les cultures dans un tourbillon de nouvelles possibilités économiques, sociales, culturelles, politiques, bref humaines. Un grand melting-pot se fait jour : sans effacer les patriotismes, surtout à un moment où le régionalisme accuse une forte poussée, les peuples vont être amenés à échanger, à partager, à collaborer de manière inédite. Internet continuera de tisser sa toile entre des individus toujours plus interdépendants. Au cœur de cette révolution, les langues seront le sésame pour tirer partie de cette nouvelle donne de la façon la plus optimale qui soit.

Bien que l’anglais ait rythmé les échanges internationaux pendant des siècles, pratiquer plusieurs langues étrangères sera un avantage décisif. Une langue unique ne permet pas de conquérir le monde, trop divers culturellement, cela pour notre plus grande richesse intellectuelle. Et, même si demain des outils ultra performants, effectuerons une traduction simultanée de la langue première vers la langue seconde, rien ne remplacera le vrai contact humain, avec ses maladresses, son argot, sa complicité et tout l’affect qu’une conversation peut véhiculer.

Charles QUINT affirmait « Un homme vaut autant d'hommes qu'il connaît de langues ». Parler une langue, c’est ouvrir une fenêtre sur une culture, sur une histoire, sur un art de vivre. C’est aussi ouvrir son esprit à l’autre, aux autres, tout en acquérant de la connaissance donc de la compétence pour une employabilité optimisée. En phase de croissance, l’e-learning, en entreprise, et les T.I.C.E., à l’école, vont provoquer un basculement du « j’apprends longuement et durement puis je passe à la pratique » au « j’apprends rapidement, tout le temps, tout au long de ma vie, par et avec autrui ».

L’accélération du social learning, le prolongement de l’e-learning classique, conjuguée à l’incorporation d’outils multimodaux fortement interactifs et collaboratifs permet de vaincre la crainte d’aborder un apprentissage difficile, long, parfois monotone comme d’aucuns le ressentent lorsqu’ils abordent une langue étrangère. La mise en situation réelle avec le serious gaming, l’emploi des outils du quotidien, tels que Facebook et Twitter, la mobilisation des sens via les podcasts, la vidéo, les photos, etc., créent le terreau d’un nouvel enseignement accessible partout, tout le temps, sur différents supports.

Demain, apprendre une langue sera bien plus facile et passionnant. Échanger avec les peuples du bout du monde, à l’écrit comme à l’oral, sera aussi évident que discuter avec son frère vivant à l’autre bout de la ville. Les individus des cinq continents auront, pour ce faire, une langue commune : Internet.

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SOURCES

AUTOROUTES DE L’INFORMATION

C’est par ses branches que l’arbre révèle ses racines

Proverbe Arabe

S O U R C E S

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[Article] Les cours de langues sur Internet, La Croix, 22 mai 2009

[Article] MUSI Gilles, Lingueo réinvente l'apprentissage des langues sur internet, L’Expansion, 13 février 2009

[Article] CUSTERS Giedo, Le Web 2.0 dans l'enseignement des langues ?, Interculturel, 5 janvier 2011

[Article] Telelangue prend des cours avec Berlitz, Les Echos, 12 septembre 2011

[Article] HUMBERT Fabien, La révolution du social learning, Le Nouvel Economiste, 2 mars 2011

[Article] ROUTIN V. / SUSSAN R., Quest to learn, l’école où l’on joue à apprendre, Le Monde, 26 septembre 2011

Glossaire des T.I.C.E., http://www.corolia-formation.fr/outils/glossaire.htm

[Présentation] ANGLADE C. / BLONDET M. / CAPERAN C. / EDMOND C. / KUEVI F. / RAÏS R., L’e-transformation de la formation, juillet 2011, http://www.slideshare.net/eformation/e-transformation-de-la-formation

[Rapport] Étude sur les T.I.C.E. et les enseignants, IPSOS, 13 mai 2011, http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Documents/.../IPSOS_CP.ppt

[Article] CROSNIER Jean-Michel, Le point sur les Tice à l’école : la révolution numérique est-elle en marche ?, 3 septembre 2009, http://lewebpedagogique.com/jmcrosnier/2009/09/03/le-point-sur-les-tice-a-lecole-la-revolution-numerique-est-elle-en-marche/

[Webinar] WAGNER Jürgen / JAEGLIN Christophe, Web 2.0 et langues étrangères, 7 octobre 2010, http://breeze.lpm.uni-sb.de/p30931580

[Article] MORABITO Mauro / PÖPPELBAUM Yvonne, Avec Internet, une nouvelle manière d’apprendre les langues, 25 septembre 2008, http://www.cafebabel.fr/article/26434/apprentissage-en-ligne-e-learning.html

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[Article] Telelangue passe sous pavillon Américain, 8 septembre 2011, http://www.elearning-actu.org/telelangue/

[Article] O’REILLY Tim, What is Web 2.0?, 30 septembre 2005, http://oreilly.com/web2/archive/what-is-web-20.html

presse

web

110

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L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DES LANGUES A L’HEURE DU WEB 2.0 ET DES RESEAUX SOCIAUX | S. JEHLEN

[Article] LEANDRE Marine, Quelles différences entre le Web 2.0 et le Web 1.0 pour les entreprises ?, 25 juin 2009, http://www.marine-landre.fr/2009/06/quelles-differences-entre-le-web-20-et-le-web-10-pour-les-entreprises

[Infographie] Le prisme du Web 2.0, http://www.web2communication.com/?p=171

[Infographie] World Map of social networks, 2011, http://vincos.it/world-map-of-social-networks/

[Infographie] Social medias report, 23 novembre 2011, http://www.socialbakers.com/blog/317-socialbakers-social-media-report-of-facebook-pages-in-france-november-2011/

[Rapport] DEMAIZIERE Françoise, TIC et enseignement / apprentissage des langues : d’une logique d’enseignement à une logique d’apprentissage, 26 avril 2002, http://didatic.net/article.php3?id_article=16#sommaire_7

[Rapport] L'enseignement des langues étrangères en France, 12 novembre 2003, http://www.senat.fr/rap/r03-063/r03-063_mono.html#toc190

[Rapport] Apprentissage des langues, TIC et nouveaux médias : 1 circulaire, 2 enquêtes, février 2010, http://eduscol.education.fr/numerique/veille-education-numerique/fevrier-2010/apprentissage-des-langues-tic-nouveaux-medias-

[Rapport] VERA PEREZ Carmen, Le Web 2.0 dans l’enseignement des langues, 2010, http://www.slideshare.net/guest47c480a/le-web-2-1495755

[Rapport] MARINO VAZQUEZ Iria, Le profit didactique des outils du Web 2.0 dans l’enseignement et l’apprentissage des langues, Colloque Cyber-Langues 2009, http://www.slideshare.net/iria_marino/web-20-iria-vazquez-marino

[Article] Réseaux sociaux et Apprentissage des langues, 10 avril 2011, http://flenet.canalblog.com/archives/2011/04/10/14252673.html

[Article] ZOUROU Katerina / DEMAIZIERE Françoise, Médias sociaux et apprentissage des langues : (r)évolution ?, 1er décembre 2010, http://alsic.revues.org/index1692.html#tocto1n2

[Article] DUBREUCQ Martine, Le point de vue des spécialistes de l'apprentissage des langues sur le web 2.0, 13 septembre 2010, http://cursus.edu/dossiers-articles/articles/9950/point-vue-des-specialistes-apprentissage-des/

[Présentation] Language learning 2.0, 8 mars 2009, http://www.slideshare.net/AvatarLanguages.com/language-learning-20-74274?type=powerpoint

[Présentation] DREMEAU Isabelle, E-learning 2.0 : vers quel apprentissage des langues ?, 6 février 2008, http://www.slideshare.net/idremeau/elearning-20-vers-quel-apprentissage-des-langues

[Article] LABENDZKI Mathieu, Livemocha ou comment apprendre les langues grâce au Web 2.0, 20 mai 2010, http://www.revue-reseau-tic.net/Livemocha-ou-comment-apprendre-les.html

[Présentation] LAIGLE Thomas, Environnements d’apprentissage et Internet 2.0, 19 août 2008, http://www.slideshare.net/tomlaigle/eap-et-internet-20-presentation?from=ss_embed

[Article] Fédération Wallonie Bruxelles, Les TICE au service des cours de langues modernes, 2010, http://www.enseignement.be/index.php?page=26051&navi%3D2919

[Rapport] BUFFARD Elisabeth, Twitter pour l’apprentissage des langues, Colloque Cyber-Langues 2011, http://www.cyber-langues.asso.fr/spip.php?article232

[Rapport] KELLY M. / KENNELL T. / McBRIDE R. / STURM M., Analyse de la formation linguistique en ligne et à distance, juin 2007, http://ensemble.etablissement.org/ressource/allons-de-lavant-analyse-de-la-formation-linguistique-en-ligne-et-%C3%A0-distance

[Présentation] LEMERY Cédric, Le Web 2.0 pour l’enseignant, 4 mars 2009, http://www.slideshare.net/clemery/le-web-20-pour-les-profs?from=ss_embed

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L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DES LANGUES A L’HEURE DU WEB 2.0 ET DES RESEAUX SOCIAUX | S. JEHLEN

[Article] CROSNIER Jean-Michel, Les dossiers de la rentrée : Quelle place pour les TICE à l’Ecole ?, 3 septembre 2009, http://lewebpedagogique.com/jmcrosnier/2009/09/03/le-point-sur-les-tice-a-lecole-la-revolution-numerique-est-elle-en-marche/

[Article] Wikipédia, Technologies de l'information et de la communication pour l'enseignement, Dernière modification 19 décembre 2011, http://fr.wikipedia.org/wiki/Technologies_de_l%27information_et_de_la_communication_pour_l%27enseignement

[Rapport] MONTAIGU Reynald / NICODEME Raymond, Modalités et espaces nouveaux pour l'enseignement des langues, novembre 2009, http://www.education.gouv.fr/cid50854/modalites-et-espaces-nouveaux-pour-l-enseignement-des-langues.html

[Article] PEUGEOT Ludovic, La situation actuelle des T.I.C.E., 2 octobre 2008, http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/CT_PartieI1.aspx

[Rapport] Les T.I.C.E. en 2010 : quelques chiffres-clés, janvier 2011, http://eduscol.education.fr/cid56181/2010.html

[Article] KETCHUM PLEON Paris, A quel point nos enfants sont-ils connectés ?, 24 février 2011, http://mimio.wordpress.com/2011/02/24/a-quel-point-nos-enfants-sont-ils-connectes-chiffres-2010/

[Article] Médias sociaux et usages pédagogiques, 29 novembre 2011, http://eduscol.education.fr/cid58481/medias-sociaux-et-usages-pedagogiques.html

[Article] HEPPELL Juliette / HEPPEL Stephen, Using Facebook in the classroom, 24 juillet 2010, http://www.heppell.net/facebook_in_school/

[Article] 150 herramientas gratuitas para crear materiales didácticos on line, 14 octobre 2010, http://juandomingofarnos.wordpress.com/2010/10/14/150-herramientas-gratuitas-para-crear-materiales-didacticos-on-line/

[Article] PAIR Claude, Informatique et enseignement : hier, aujourd’hui et demain, 1987, http://www.epi.asso.fr/revue/47/b47p085.htm [Article] Wikipédia, Behaviorisme, Dernière modification 17 décembre 2011, http://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A9haviorisme [Article] Wikipédia, La formation continue, Dernière modification 16 décembre 2011, http://fr.wikipedia.org/wiki/Formation_continue_en_France [Article] Le socioconstructivisme, Dernière modification 11 août 2008, http://edutechwiki.unige.ch/fr/Socio-constructivisme [Rapport] Le marché de la formation linguistique en France, Section 3 La Formation à distance, Mars 2009, http://www.etude-langues.fr/.../INTRODUCTION_LINGUAID_EDMFPLE... [Article] WINKLER Kirsten, The proof that language learning communities are the most efficient way of learning right now, 14 juillet 2009, http://www.kirstenwinkler.com/the-proof-that-language-learning-communities-are-the-most-efficient-way-of-learning-right-now/

[Infographie] COUZON Nathalie, Des gazouillis à l’envol, 2 novembre 2011, http://prezi.com/zmhgenmhu5r4/des-gazouillis-a-lenvol

[Article] Quelle place pour les enseignants dans les dispositifs hybrides de formation ?, 12 mars 2011, http://cursus.edu/dossiers-articles/articles/5504/quelle-place-pour-les-enseignants-dans/

[Article] POIROT Gérard, Apprendre efficacement une langue étrangère, http://langues-africaines.com/APPRENTISSAGE/index.htm

112

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L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DES LANGUES A L’HEURE DU WEB 2.0 ET DES RESEAUX SOCIAUX | S. JEHLEN

OLLIVIER Christian / PUREN Laurent, Le Web 2.0 en classe de langue, Éditions Maison des Langues, Juin 2011

BELLIER Sandra, Le e-learning, Collection Entreprises et Carrières, Éditions Liaisons, 2001

WUNSCH-VINCENT, Participative web and user-created content: web 2.0, wikis and social networking, Organisation for Economic Co-operation and Development (OECD), 2007

ALA-MUTKA Kirsti, Learning in informal online networks and communities, 2010

HENRI France / LUNDGREN-CAYROL Karin, Apprentissage collaboratif à distance : pour comprendre et concevoir les environnements d’apprentissage virtuels, 2001

SWAIN Merrill / LAPKIN Sharon, Interaction and second language learning: two adolescent French immersion students working together, 1998

ouvrages

113

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L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DES LANGUES A L’HEURE DU WEB 2.0 ET DES RESEAUX SOCIAUX | S. JEHLEN

A

Agrégateurs Les agrégateurs s’appuient sur la syndication pour fédérer des contenus par thématique

Approche communicative Théorie de l’apprentissage des langues basée sur le sens et le contexte lors d’un échange

Asynchrone Qui n’a pas lieu en même temps

B

B2i Brevet Informatique et Internet. Certificat obtenu à l’issue du collège

Behaviorisme Théorie qui s’appuie sur l’étude du comportement et promeut la répétition

Blended learning Enseignement mixte combinant le présentiel et le distantiel

Blog Journal digital fédérant des billets ou articles ou posts

Bookmarking Équivalent anglo-saxon de marque-page. Permet d’accéder rapidement aux pages archivées

B.R.I.C.S. Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud. Acronyme désignant les pays émergents.

C

C.A.L.L. Computer-Assisted Language Learning. Apprentissage des langues sur ordinateur

C.E.C.R. Cadre Européen Commun de Référence – Harmonisation européenne des niveaux scolaires

CHOMSKY Noam (1928- ) Linguiste et philosophe américain auteur de la théorie de la grammaire générative

C.I.F. Congé Individuel de Formation

C.I.F.F.A.D. Consortium International Francophone de Formation à Distance

Classe mobile Classe travaillant en réseau

Cloud computing Dématérialisation des données sur des serveurs informatiques distants

C.M.S. Content Management System. Système de conception et de monitoring de sites Internet

C.N.E.D. Centre National de l’Enseignement à Distance

C.N.T.E. Centre National du Télé-Enseignement – Devenu le C.N.E.D. en 1986

Code cognitif Théorie basée sur les liens entre les structures de la langue maternelle et celles de la langue étudiée

Comportementalisme Terme français pour désigner le behaviorisme

Cognitivisme Théorie qui s’appuie sur les apports des nouvelles technologies dans l’apprentissage

Connectivisme Théorie basée sur les apports des T.I.C. dans l’apprentissage

Connectivité Connexions potentielles entre les systèmes, les A.P.I., etc.

Constructivisme Théorie promouvant l’apprentissage par la restructuration des connaissances via les expériences

CSIKSZENTMIHALI Mihaly (1934- ) Psychologue hongrois auteur de la théorie du flux motivationnel, soit un état de concentration et d’absorption complète dans une activité

D

Device Appareil en anglais. Il s’agit des divers supports utilisables

de

A à

Z

114

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L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DES LANGUES A L’HEURE DU WEB 2.0 ET DES RESEAUX SOCIAUX | S. JEHLEN

D.I.F. Droit Individuel à la Formation

Distantiel Adjectif désignant la formation à distance

E

E-learning Ensemble de contenus numériques mis à la disposition des apprenants

E.A.O. Enseignement Assisté par Ordinateur

Encodage Étape du processus mémoriel. Traitement et élaboration de l’information pour la transformer en souvenir

E.N.T. Espace Numérique de Travail – Système collaboratif réunissant des ressources pédagogiques

Évaluation 2.0 Mode d’évaluation basé sur l’usage des outils digitaux

F

Filet sémantique Dans l’apprentissage d’une langue, liens effectués par le cerveau entre les nouvelles connaissances et celles déjà acquises dans la langue maternelle pour donner un sens aux vocables

Flow Flux motivationnel. État mental d’un individu plongé dans une concentration maximale (Cf. CSIKSZENTMIHALI Mihaly)

Folksonomy Méthode de classification collaborative

F.O.R.E. Formation Ouverte et Ressources Educatives

Formation ouverte La formation ouverte rassemble les enseignements dispensés à distance

Forum Espace de discussion publique sur Internet. Les discussions sur un sujet sont généralement archivées par ordre chronologique

F.P.C. Formation Professionnelle Continue – Il s’agit de la formation extrascolaire reçue à l’âge adulte

F.L.E. Français Langue Étrangère

G

Gamification Ludification en français. Utilisation des jeux vidéo dans d’autres domaines, tels que l’apprentissage, pour un renforcement de l’engagement et de la motivation des apprenants

Grammaire générative Théorie d’apprentissage linguistique basée sur la distinction entre compétence et performance

H

HTML HyperText Markup Language. Langage de balisage permettant d’implémenter des liens entre des contenus numériques.

Hypertextualité Terme désignant les liens entre des contenus digitaux. Le langage HTML permet cette hypernavigation.

I

Instantanéité Vélocité des publications sur Internet

Interaction Lien entre l’homme et la machine

Interactivité Liens entre les hommes

de

A à

Z

115

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Interlangue Phase intermédiaire entre la langue maternelle et la langue étudiée. L’interlangue se caractérise par des approximations, des maladresses puisque l’apprenant va, par son intermédiaire, essayer d’exprimer ses idées sur les bases syntaxiques et grammaticales de sa langue maternelle

J

K

K.P.I. Key Performance Indicators. Indicateurs mesurant l’efficacité et la rentabilité

L

L.M.S Learning Management System – équivalent anglo-saxon de nos E.N.T.

L.E.G.T. Lycée d’Enseignement Général et Technologique

L.P. Lycée Professionnel

M

m-learning Mobile learning – Apprentissage dispensé via les smartphones

M.A.L.L. Mobile-Assisted Language Learning. Apprentissage linguistique sur smartphone, P.D.A. ou tablette

Moodle Plateforme open source d’apprentissage en ligne fédérant des contenus et activités pédagogiques

Multicanalité Interaction de plusieurs canaux sur un même support (texte, son, vidéo, …)

Multiréférentialité Synthèse de la multicanalité et de l’hypertextualité

N

O

O.P.C.A. Organismes Paritaires de Collecte Agréés – Cf. « F.P.C. »

Open source Licence logicielle permettant la redistribution et l’accès au code source et aux travaux dérivés

O.R.T.F. Organisation de la Radio Télévision Française – Dissous en 1974

P

Pavlov Ivan (1849-1936) Médecin et physiologiste russe auteur d’expériences sur les réflexes conditionnels

Piaget Jean (1896-1980) Psychologue et biologiste suisse ayant concouru au développement du constructivisme

Présentiel Adjectif désignant la formation en face à face

Posts Équivalent des termes « article » et « billets » désignant les publications sur un blog

Q

de

A à

Z

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R

Reconstruction Étape du processus mémoriel. Rappel des souvenirs de l’apprenant lorsqu’il s’exprime dans la langue seconde étudiée

R.S.E. Responsabilité Sociale de l’Entreprise. Préoccupations sociales, environnementales et économiques des entreprises engagées

R.S.S. Really Simple Syndication – L’abonnement aux flux R.S.S. d’un site Web permet d’être informé de la publication de contenus récents

S

SaaS Software As A Service. Les clients ne paient pas pour posséder un logiciel mais pour l’utiliser

Serious gaming Littéralement “jeux sérieux ». Il s’agit d’apprendre via une interface réaliste de type jeu vidéo

SIEMENS George Théoricien du connectivisme. Il poursuit désormais ses recherches à l’Université d’Athabasca, au Canada

Social learning Apprendre par le partage, l’échange et la collaboration

Syndication Agrégation de contenus par thématique. Cf. « agrégateurs »

Socioconstructivisme Théorie considérant que le contexte historique et les interactions sociales impactent l’apprentissage

Synchrone Qui a lieu en même temps

T

T.B.I. Tableau Blanc Interactif – Tableau tactile et connecté à Internet

Télédiffusion Télécommunication unilatérale vers un grand nombre de destinataires disposant du matériel de réception adéquat

Télématique Services informatiques transmis via un réseau de télécommunication

T.I.C. Technologies de l’Information et de la Communication

T.I.C.E. Technologies de l’Information et de la Communication appliquées à l’Enseignement

U

V

VYGOTSKI Lev (1896-1934) Psychologue russe connu pour ses recherches sur la psychologie du développement

WXYZ

Web 3.0 Prochaine révolution du Web. On s’accorde à dire que celle-ci passera par l’Internet des objets

Widget Contraction de « window » et « gadget » - Application sommaire ludique

Wiki Site Internet permettant l’écriture, l’illustration et la modification collaborative des contenus. Le terme Wiki provient de l’hawaïen et signifie « rapide »

de

A à

Z

117

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L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DES LANGUES A L’HEURE DU WEB 2.0 ET DES RESEAUX SOCIAUX | S. JEHLEN

ANNEXES

SOURCES D’INSPIRATION

Enseigner c’est apprendre deux fois

Joseph JOUBERT

A N N E X E S

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Guillaume de MENTHON, Directeur Général de goFluent France

Quels sont l’historique, les produits et la politiq ue actuelle de goFluent ?

GdM | goFluent a été créé par Christophe FERRANDOU, en 2000, par un concours de circonstances. Il travaillait dans une banque à New York et voulait améliorer son niveau en anglais. N’ayant pas trouvé d’offre après 18 heures, il a lancé un site Internet pour que les stagiaires puissent communiquer et apprendre entre eux. Un jour, il a reçu une commande. Cela lui a donné l’envie de lancer sa propre société, goFluent, pour mettre en relation directe apprenants et formateurs à distance.

Donnant leurs cours depuis leur pays natal, les formateurs goFluent ont révolutionné l’approche des cours de langues au grand bénéfice des entreprises, collectivités et universités. goFluent exerce désormais dans neuf pays et jouit d’une expertise internationale dans l’apprentissage de l’anglais à distance.

Quel est l’effectif du groupe ?

GdM | Nous avons 560 salariés dans le monde dont 400 formateurs de langue maternelle au Canada, aux Philippines et aux États-Unis et 30 développeurs en informatique. goFluent France fédère 70 employés.

Comment se positionne goFluent sur le marché frança is de la formation à distance ?

GdM | goFluent détient environ 40% de part de marché de la formation professionnelle à l’anglais à distance au téléphone. L’anglais représente en effet soixante-dix pourcents des demandes. Vingt pourcents du chiffre d’affaires sont générés par nos partenaires (OPCA, …), quatre-vingts en direct. Nous travaillons avec douze partenaires. À ce jour, nous avons fidélisé 2 000 entreprises et l’évolution est très rapide puisque goFluent a une croissance en moyenne de trente à quarante pourcents chaque année depuis 2007. Soixante-cinq pourcents de l’activité du groupe se fait en France.

Comment les formateurs sont-ils recrutés ?

GdM | Nos formateurs ont un niveau d’études équivalent à Bac+3 et plus et sont de langue maternelle anglaise. Ils doivent justifier d’au moins trois années d’expérience professionnelle (commercial, marketing, finance, ressources humaines, droit, etc.) pour avoir une connaissance du monde de l’entreprise et enseigner un anglais à usage professionnel. Tous nos formateurs sont salariés de goFluent qui ne fait pas appel à des prestataires externes.

Avez-vous votre propre L.M.S. ?

GdM | Nous avons notre propre plateforme de gestion logistique et de suivi administratif à disposition des responsables formation et des apprenants. Nous mettons également à leur disposition un outil permettant la conversion sous Excel des données, notamment les

interviews

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reportings. Nous investissons beaucoup dans ce support pour permettre une interactivité et une fluidification des échanges.

Quels sont les outils goFluent ?

GdM | goFluent téléphone est notre produit historique mais également notre best-seller. Il est complété par l’outil Collaboration Space qui permet des échanges écrits entre les apprenants et le formateur. Après le cours, les apprenants reçoive par e-mail un Lesson Report, soit un récapitulatif avec les corrections et la proposition de supports adaptés pour un travail efficace entre chaque cours. Les apprenants peuvent gérer leur planning de cours sur leur espace personnalisé en ligne ou via notre Service Clients 24h/24 et 7j/7.

Avec goFluent Conference, les apprenants assistent à un cours d’une heure en visioconférence en groupe de 3 à 4 personnes. C’est la solution optimale pour un renforcement en vocabulaire et en grammaire mais aussi pour l’amélioration de l’expression orale. Une cinquantaine de thèmes sont proposés aux apprenants qui peuvent directement s’inscrire au planning des conférences jusqu’à six heures avant qu’elles débutent. La conférence est facturée 25€. Les participants reçoivent, là aussi, un Lesson Report a posteriori.

Avec goFluent ePost, un espace interactif Web 2.0, les apprenants développent leur maîtrise de l’écrit en échangeant des posts avec les formateurs. Des réponses commentées sont délivrées sous vingt-quatre heures avec des exercices d’approfondissement à la clé sur leurs espaces en ligne. Sur cet espace, divers outils sont utilisés (textes, podcasts, etc.).

Selon vous, comment va évoluer le marché dans les c inq prochaines années ?

GdM | La formation à distance a fait ses preuve et se développe fortement au détriment du présentiel. Elle représentera bientôt un tiers du marché. L’appétence des formés à l’informatique et au numérique se développant fortement, la maîtrise des nouvelles technologies va faire un bond, ce qui va nous permettre de proposer des solutions toujours plus innovantes.

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Stéphanie DUPUIS, Professeur d’Anglais au Collège Matisse d’ISSY-LES-MOULINEAUX

En tant que professeur, êtes-vous amenée à utiliser les nouvelles technologies en classe ?

SD | Nous avons la chance de pouvoir utiliser le tableau blanc interactif, ce qui permet aux élèves d’utiliser les mêmes outils que sur un ordinateur mais de façon collective sur grand écran. Cela me permet de passer des extraits de films ou encore des chansons en langue anglaise. Au lieu d’être recroquevillée derrière un ordinateur, je peux commenter et faire participer plus facilement les élèves. Je fais aussi circuler l’ardoise sans fil dans la classe et, ainsi, éviter que les élèves se déplacent. Grâce au T.B.I., plus besoin de passer des transparents longs à préparer sur un rétroprojecteur projetant des images de qualité variable. Je peux me servir de ressources bureautiques ou émanant directement d’Internet.

Utilisez-vous souvent Internet dans vos travaux ave c vos classes ?

SD | Je ne dirais pas « souvent ». J’utilise essentiellement Internet dans mes recherches personnelles. Et je sais que mes élèves font de même pour effectuer leurs devoirs. En classe, via le T.B.I., j’ai accès aux ressources mises en ligne, à commencer par celles stockées par l’équipe pédagogique. Si un élève est absent, je lui envoie par e-mail un condensé des tâches effectuées en classe.

Vous servez-vous des réseaux sociaux ?

SD | Non je n’utilise pas les ce genre d’outils. Mais, j’ai conscience qu’ils permettent des échanges rapides dans différentes langues.

Saviez-vous qu’il existe des réseaux sociaux lingui stiques ?

SD | Non je ne le savais pas. Je connais essentiellement Facebook que j’utilise à la maison pour un usage personnel.

Encouragez-vous l’usage d’outils digitaux par vos é lèves, à la maison, pour effectuer leurs devoirs ?

SD | Je ne donne pas de consigne particulière mais je les encourage à faire des recherches approfondies pour les fiches de lecture et les exposés.

Selon vous, quels sont les avantages et inconvénien ts d’Internet en classe ?

SD | Quand j’utilise Internet avec mes élèves, j’apprécie son côté interactif et ludique. Les élèves sont beaucoup plus enclins à participer et à échanger. Internet est aussi très pratique pour multiplier les sources et les approches. Et c’est très pratique pour effectuer le suivi administratif. En revanche, les contenus sont parfois maladroits en termes de syntaxe ou d’orthographe voire peu travaillés contrairement à ce que l’on serait en droit d’attendre.

121

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Marie HOCHET, Commerciale chez LEARNSHIP

Pourquoi LEARNSHIP a fait le choix de ne proposer q ue des cours en présentiel ?

MH | LEARNSHIP propose un concept unique appelé le « Présentiel Online » et répond ainsi à une demande forte : bénéficier de la qualité des cours en face à face (interaction avec le formateur, possibilité de travailler les compétences linguistiques à l’écrit et à l’oral, etc.) et de la souplesse des formations à distance.

Quels sont les outils utilisés dans le cadre des so lutions LEARNSHIP ?

MH | Les outils utilisés sont les suivants :

>Ordinateur (pas d’installation de logiciel requise si ce n’est l’application Adobe Flash Player

>Téléphone (fixe/mobile)

>Casque équipé d’un micro et webcam (ces deux équipements sont obligatoires pour les formateurs mais facultatifs pour les stagiaires)

L’usage des réseaux sociaux fait-il partie des offr es LEARNSHIP ?

MH | Non, pas pour le moment. Il existe une page Facebook et un compte Twitter mais ils ne sont pas alimentés. J’ignore pourquoi.

Le mobile learning est-il envisagé par LEARNSHIP à court ou moyen terme ?

MH | À ma connaissance, le mobile n’est pas une fonctionnalité développée par LEARNSHIP actuellement.

Comment s’effectuent la correction et la restitutio n à l’issue de chaque cours ?

MH | À l’issue d’un cours, le formateur met en ligne sur l’espace personnel du stagiaire des exercices que ce dernier peut compléter à l’aide des outils interactifs de la salle de cours (pas d’impression papier). Ces exercices font l’objet d’une correction durant les dix premières minutes du cours suivants. Le formateur a également la possibilité d’adresser u feedback à son élève à l’issue d’un cours afin de lui faire part de ses progrès, l’encourager, lui indiquer les points à (re)travailler, etc. Ce dernier est aussi consultable via l’espace personnel accessible depuis le site Internet de LEARNSHIP. Le stagiaire a également la possibilité d’évaluer son cours en écrivant à son formateur via l’espace personnel. Il peut s’agir de points/compétences sur lesquels il souhaiterait travailler lors d’un prochain cours, de questions de grammaire, etc.

Pouvez-vous expliciter le concept LEARNSHIP ACADEMY ?

MH | La LEARNSHIP ACADEMY est entièrement dédiée aux formateurs, du process de recrutement aux formations (initiales et continues) sans oublier la notion de suivi qualitatif puisque les formateurs sont systématiquement informés des retours de leurs élèves, qu’ils soient positifs ou plus mitigés. Il est en effet primordial, compte-tenu de l’isolement que peuvent impliquer des formations à distance que les formateurs se sentent impliqués, considérés.

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Quelles sont les mesures de progression mises en pl ace par LEARNSHIP ?

MH | Afin de mesurer la progression des stagiaires, deux solutions sont proposées :

>Les tests de mi-parcours et/ou de fin de parcours. Le nombre de tests proposés – en accord avec le Responsable Formation – dépend de la durée du parcours de formation. Les tests, proposés et créés par LEARNSHIP, permettent de tester les progrès des stagiaires à un moment T. Il s’agira de tester tant les progrès concernant les compétences écrites qu’orales. Pour des parcours spécifiques (R.H., Marketing, etc.), il est possible de créer des tests plus particulièrement orientés sur le vocabulaire cible (terminologie spécifique). Les stagiaires se verront ensuite remettre le résultat détaillé de leur évaluation (score en pourcentage + points forts et axes d’amélioration). Si aucun test n’est proposé durant la formation, le formateur rédigera alors un bilan de fin de parcours reprenant les progrès réalisés (grammaire, expression écrite/orale, etc.) ainsi que les points sur lesquels un travail reste nécessaire.

>Afin d’évaluer le taux de satisfaction des stagiaires, un ou plusieurs questionnaire(s) qualité leur sont adressés durant leur formation (de1 à 3 selon la durée du parcours). Les stagiaires ont alors la possibilité de noter, sur une échelle allant de 1 à 5, des critères tels que le contenu des cours, la ponctualité du formateur, la pertinence des ressources pédagogiques utilisées par rapport à leurs besoins exprimés, etc. Ces formulaires comportent également deux questions ouvertes, à savoir « Qu’avez-vous le pus apprécié ? » et « Qu’est-ce qui selon vous pourrait être amélioré ? ». Ainsi, il est ensuite possible d’ajuster, au besoin, le parcours dans sa globalité (plus de temps de parole, moins de grammaire, etc.).

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Giedo CUSTERS, Chef de Projet à l’Université Catholique de Louvain, Belgique

Selon vous, comment encourager le recours au Web 2. 0 par les professeurs ?

GC | Ici, vous touchez un problème majeur: parmi les professeurs en général et les professeurs de langues en particulier, rare sont ceux qui connaissent « déjà » la terminologie web 2.0. Il y en a – pas mal - qui utilisent pour la plupart Facebook et Youtube - et rarement d’autres réseaux sociaux - sans se rendre compte du fait qu’ils sont à ce moment dans le monde du web 2.0

Le premier pas à franchir est donc de faire connaître les possibilités du web 2.0 aux professeurs.

Pendant des formations, j’utilise parfois la carte heuristique qui se trouve à l’adresse http://www.mind42.com/pub/mindmap?mid=b98ee8d0-8435-42d2-9db8-51aa73451988 pour expliquer que le Web 2.0 est plus vaste que les simples réseaux sociaux. En plus, en exploitant les fichiers mis à disposition par Isabelle Drumeau : http://idremeau.pagesperso-orange.fr/carte_outils2011.html et http://idremeau.pagesperso-orange.fr/panorama20.html , on voit très bien de quelle panoplie d’outils web 2.0 le professeur peut disposer.

Or, le point faible de toute cette richesse est le fait qu’elle est quasi inconnue. Et on ne peut pas aimer ce qu’on ne connaît pas… [L’inconnu n’est pas aimé (proverbe flamand)]

Une fois que le prof a fait connaissance avec les outils et après en avoir exploité les possibilités et les frontières, il pourra les intégrer dans son apprentissage personnel (car je considère le prof comme un être humain qui est dans une situation d’apprentissage tout au long de sa vie) et puis dans son enseignement. Je suis convaincu que cette formation est une condition sine qua non. Elle est chère ? Si la formation coûte trop cher, essayons l’ignorance.

Dans l'apprentissage d'une langue, les réseaux soci aux sont-ils des outils efficaces ?

GC | L’effet le plus important est d’avoir à n’importe quel moment, un accès facile à des locuteurs natifs et à des spécialistes en la matière. Aucune question ne restera sans réponse, une fois lancée dans les réseaux sociaux.

Des services tels que Delicious (partage de signets) facilite énormément la recherche et, en plus, permet la prise de contact avec « celui qui en sait plus ».

Dans l’apprentissage en général, les réseaux sociaux permettent de sortir de son petit jardin secret et, par la prise de contact avec des collègues, de se mettre dans une situation de collaboration qui ne peut être qu’une situation gagnant-gagnant : tous les participants gagnent car la qualité du travail réalisé augmente quand plusieurs paires d’yeux le regardent et en même temps, par le partage du travail réalisé, on arrive à une optimalisation du temps de travail : en échangeant son matériel, on reçoit plus qu’on a pu produire.

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En mode asynchrone, comment maintenir la motivation et donc l'implication des apprenants ?

GC | Déjà, vous présumez une motivation et implication des apprenants. Réalisons d’abord l’acceptation par les professeurs et l’intégration des outils web 2.0 dans la pratique quotidienne de leur enseignement.

Une fois que les outils Web 2.0 font partie intégrante de son apprentissage, l’apprenant verra les avantages que ces outils lui offrent. Il verra comment il évolue grâce aux outils 2.0 et il apprendra leur utilité pour sa formation personnelle. Ceci dit : si la motivation de l’apprenant est intrinsèque, que sa motivation est de vouloir apprendre et ne pas d’avoir assez de bonnes notes pour pouvoir réussir, il se rendra très vite compte de l’atout qui lui est offert par les outils du Web 2.0.

A part la rapidité du mode synchrone, il verra aussi la richesse du mode asynchrone : on ne peut pas être derrière son ordinateur – ou devant son écran – 24/24 et 7/7… et il y a la globalisation qui fait que son correspondant/collaborateur n’est pas nécessairement réveillé au même moment.

N’oublions pas non plus que les outils Web 2.0 ne sont pas les seuls outils pour l’apprentissage. Il existe aussi des bouquins, des encyclopédies et journaux papier, etc. Tout comme il existe des apprenants qui n’aiment pas – détestent même – ce monde électronique.

Maintenir la motivation et l’implication des apprenants n’est pas un problème lié au Web 2.0 en mode synchrone ou asynchrone, c’est un problème général de motivation pour son apprentissage tout court.

Quels sont les outils les plus adaptés à l'expressi on et la compréhension orales ?

GC | Le podcast – la baladodiffusion en français académique - est un outil très puissant puisqu’il permet d’avoir accès à une mine d’or de documents authentiques. En plus, parmi les logiciels utilisés, il en existe qui permettent de ralentir le flux sonore sans perdre le timbre de la voix. Ce qui offre aux débutants un moyen de s’exercer plus facilement.

D’ailleurs, le podcast n’est pas uniquement un outil réceptif : la production/réalisation d’un podcast est devenu extrêmement facile, ce qui offre toute une série de possibilités. N’oublions surtout pas le lien vers la publication réelle de son podcast, ce qui donne un sens à ce type d’exercices : on ne produit pas pour le tiroir du professeur, on produit pour être entendu.

Pour ce qui concerne l’expression orale (domaines de la communication et de la médiation), un outil puissant est la téléphonie sur internet – voice over IP – avec le service Skype comme outil phare. Désormais, les richesses de l’utilisation du téléphone s’offrent à l’apprenant. A part la possibilité de prendre contact avec n’importe qui, Skype permet aussi la visioconférence, ce qui rend visible le langage du corps de son correspondant, langage du corps dont on dit qu’il contribue à hauteur de 55% à l'impact/efficacité de la transmission du message à l'autre.

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A ça s’ajoute la possibilité de l’enregistrement de ses conversations en se servant de logiciels tels que Pamela (http://www.pamela.biz/en/), Skype Call Recorder (http://atdot.ch/scr/), VODBurner (http://www.vodburner.com/) et autres.

Comment piloter de manière efficace l'évaluation et la restitution des résultats pour contrôler la progression des apprenants et orienter leur progression ?

GC | A part l’installation et l’utilisation d’outils permettant de garder trace du travail synchrone effectué avec des outils Web 2.0 – le travail asynchrone laisse des traces par lui-même – l’évaluation n’est pas différente de l’évaluation habituelle faite par le prof sauf que, probablement, pas mal de travaux dans ce domaine peuvent être l’objet d’une évaluation par pairs (peerevaluation) ou autoévaluation.

Comme beaucoup des travaux où l’on se sert des outils Web 2.0 sont des travaux qui s’inscrivent dans la pédagogie par projet, c’est par conséquent l’évaluation de ce type de pédagogie qui sera valable.

Aussi bien pour l’évaluation que pour la vérification et l’orientation du progrès de l’apprenant, nil nove sub sole est : on évalue les objectifs qu’on a fixés.

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enquête Profetic, juillet 2011

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Faisons le point ensemble sur les notions, concepts et offreurs évoqués dans cette étude.

1 | Quel nom porte le concept conjuguant le présentiel au distantiel pour une plus grande efficacité ?

�Le blended learning �Le social learning �Le m-learning

2 | Quel est le nom de la théorie de l’apprentissage basée sur l’interactivité entre l’homme et les nouvelles technologies ?

�Le socioconstructivisme �Le connectivisme �Le code cognitif

3 | Quel spécialiste de l’e-formation linguistique a été racheté récemment par BERLITZ ?

�TELELANGUE �AURALOG �GOFLUENT

4 | Quel est l’équivalent français des L.M.S. anglo-saxons, à l’école ?

�La classe virtuelle �Le T.B.I. �L’E.N.T.

5 | De quelle origine est le mot « wiki » ?

�Hawaïenne �Jamaïcaine �Polynésienne

6 | Quel est le terme anglo-saxon choisi per CSIKSZENTMIHALI pour désigner l’état de concentration maximale d’une personne plongée dans un processus d’engagement fort ?

�Le fly �Le floss �Le flow

7 | L’encodage est une étape-clé de :

�L’affect �La concentration �La mémoire

8 | Quelle application permet d’automatiquement traduire un texte capturé par le viseur d’un smartphone ?

�World Lens �Language Lens �Trans Lens

9 | Quel est le nom du projet d’e-learning linguistique le plus avancé de Second Life ?

�Linguo City �English City �Linguo School

10 | Quel concept favorise particulièrement la rétention de la valuable knowledge ?

�Le social language learning �Le m-learning �Le social rich learning

quiz

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