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MCG – page 1 – Université de Parents de Vaux Le Pénil Suisje une bonne mère ? Ce dossier n’a pour but que d’éveiller votre propre questionnement et n’est qu’un début d’informations, lesquelles pourront être complétées, à loisir, par les nombreuses références citées (livres, sites Internet) et lors de notre présente conférence. La conférence que nous vous proposons ce soir, n’est en aucune façon un cours magistral mais bien la possibilité pour chacun de s’exprimer, de questionner et surtout d’échanger, avec notre spécialiste mais aussi entre nous, alors n’hésitez pas à intervenir à tout moment. Des pages vierges, en fin de document, vous sont réservées pour que vous puissiez prendre vos propres notes.

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Suis­je une bonne mère ?

Ce dossier n’a pour but que d’éveiller votre propre questionnement et n’est qu’un début d’informations, lesquelles pourront être complétées, à loisir, par les nombreuses références citées (livres, sites Internet) et lors de notre présente conférence.

La conférence que nous vous proposons ce soir, n’est en aucune façon un cours magistral mais bien la possibilité pour chacun de s’exprimer, de questionner et surtout d’échanger, avec notre spécialiste mais aussi entre nous, alors n’hésitez pas à intervenir à tout moment.

Des pages vierges, en fin de document, vous sont réservées pour que vous puissiez prendre vos propres notes.

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SOMMAIRE

1. Comment devenir une mère parfaite...................................................................................................... 3 2. Le revers de la médaille ........................................................................................................................ 4 3. Historiquement ..................................................................................................................................... 5 3.1 Pouvoir et présence des mères ....................................................................................................... 5 3.2 Quand les psys s’en mêlent ........................................................................................................... 5 3.3 Tradition et inconscient collectif ................................................................................................... 6 3.4 Bonnes intentions et logique de la preuve ...................................................................................... 7 3.5 Les antécédents sacrificiels ........................................................................................................... 8

4. La vie de l’enfant avec une mère parfaite .............................................................................................. 8 5. La bonne mère n'existe pas.................................................................................................................... 9 6. Quelques faits et pièges à connaître..................................................................................................... 10 7. CONCLUSION .................................................................................................................................. 10 8. BIBLIOGRAPHIE.............................................................................................................................. 11 8.1 Livres pour parents .......................................................................................................................... 11 8.2 Livres pour enfants .......................................................................................................................... 11

9. ADRESSES UTILES.......................................................................................................................... 12 10. SOURCES ...................................................................................................................................... 12 9.1 Livres :........................................................................................................................................ 12 9.2 Internet :...................................................................................................................................... 12 9.3 Autres sources :........................................................................................................................... 12

NOTES................................................................................................................Erreur ! Signet non défini.

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1. Comment devenir une mère par faite

Notre époque s’avère chargée d’un passé collectif profond : le syndrome de la « mère par faite », et le despotisme qui en découle très souvent. Qui n’est pas, d’ailleurs, sans rapport avec le culte de l’enfant roi dans l’inconscient collectif français !

Les mamans se demandent toujours si elles font ceci ou cela convenablement, si telle ou telle décision qu'elles ont prise était la bonne. Nombreuses d'entre nous se sentent coupables des situations désagréables que vivent leurs enfants. Et quelquefois on se demande même si on a l'étoffe d'une bonne mère.

On se sent responsable de ce lien de sang ou de coeur qui unit une mère à son enfant. Ce lien qui, contre vents et marées, est solide comme le roc et ce, peu importe la situation. Notre faculté à omettre le pire pour aimer le meilleur m’étonnera toujours.

Les stars elles­mêmes ne tarissent pas d’éloges au sujet de la maternité : «Ma vie n'était pas complète avant d'avoir un bébé», déclarait la top­modèle Cindy Crawford au lendemain de la naissance de son premier enfant ; «Il n'y a rien de plus enrichissant que d'être mère», chantent en choeur Madonna, Rosie O'Donnell et Nicole Kidman.

À coup de reportages sur celles qui réalisent trop tard qu'elles ont erré en n'ayant pas d'enfant, et d'entrevues avec des vedettes qui affirment avoir connu la félicité le jour où elles ont expulsé leur placenta, les médias, magazines féminins en tête, contribuent à créer un mythe complètement romantique: celui de la mère parfaite. D’après cette tyrannie ambiante (*1) : une mère par faite est celle qui :

­ ne se donne pas le droit de prendre de mauvaises décisions ­ se lève avant tout le monde pour que le petit déjeuner soit prêt et que les sols soient propres ­ sent toujours bon ­ anticipe les besoins de son enfant avant même qu’il ne les aient exprimés ­ ne se permet pas de prendre du temps pour elle ­ ne profite jamais d’une bonne grasse matinée ­ est toujours très fière de ses progénitures ­ se sent coupable d’aller travailler à l’extérieur ­ n’imagine pas demander de l’aide et prend tout sur ses épaules ­ est douce et câline ­ ne laisse jamais de désordre dans la maison ­ dirige les faits et gestes de chacun ­ a toujours une maison brillante avec des draps toujours frais ­ évite les bêtises avant qu’elles ne soient commises ­ reste toujours disponible et fait preuve de patience en toutes circonstances ­ aide aux devoirs, à s’habiller, à acheter… ­ ne vit qu’à travers et pour son enfant !

Outre la presse et les livres, il y a maintenant la téléréalité : transformations esthétiques, défis de décoration, fées du logis, nounous hyper performantes…

A croire, si vous voulez mon avis, que la mère parfaite est dotée de six bras, deux têtes, de journées de 48 h au lieu de 24 et enfin n’a pas besoin de dormir !

(*1) Les médias ont­ils contribué à créer le mythe de la mère parfaite? C'est ce qu'affirme The Mommy Myth, un livre qui déconstruit avec humour l'image de la super­maman proposée par les magazines et la télévision.

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Cette nouvelle religion, qu’est le syndrome de la mère parfaite, prêche toujours la même chose : la mère est la meilleure personne pour prendre soin des enfants, et pour être une bonne mère, elle doit consacrer tout son être (physique, psychologique, émotif et intellectuel) au bien­être de son enfant, 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

En surface, cette nouvelle religion donne l'impression de célébrer la maternité, mais dans les faits, elle ramène la femme à l' âge de pierre en fixant des objectifs impossibles.

Le discours a l'air branché et progressiste parce qu'on dit aux femmes qu'elles sont autonomes et qu'elles maîtrisent la situation, alors que dans les faits, on exige encore plus d'elles que dans les années 50. On leur dit aussi que les femmes ayant visité le monde du travail (comprendre : le monde des hommes) se sont rendu compte que leur place était à la maison. Bref, on puise dans le féminisme, mais en même temps, on le répudie !

On ne compte plus les livres consacrés à l'éducation de l'enfant : il doit être éveillé, stimulé, hydraté, massé, socialisé, nourri « bio », repas préparé par maman, vacciné, habillé à la dernière mode, etc. Pas de doute, le travail de mère est un travail à temps plein, heures supplémentaires assurées mais non rémunérées.

Le marketing bat son plein. Il y a tellement d'argent à faire quand les mères se sentent coupables et inquiètes. Aujourd'hui, on offre à nos enfants des jouets et des meubles qui étaient autrefois réservés aux enfants du shah d'Iran. Et que dire de l'industrie du jeu dit « éducatif »?

Dans les années 70, le travail des mères était décrit comme difficile. Les magazines nous disaient, entre autres, de laisser faire le travail domestique parce qu'on ne pouvait pas tout faire. On mettait l'accent sur l'entraide entre les mères ou les générations (grand­mères, sœurs, tantes…) vous noterez quand même qu’à l’époque on ne proposait pas de passer le relais aux pères, grand­pères…

Aujourd’hui, la presse idéalise, il faut dire que les vedettes deviennent mères ! Lorsque l’on dressait tout à l’heure le portrait de la maternité parfaite, joyeuse, sans aucun stress, on ommettait de préciser que cette même presse ne vous dira jamais que Cindy Crawford a eu des problèmes d'allaitement ou que le petit de Madonna a des coliques qui la tient éveillée toute la nuit. De toute façon, ces gens­là ont des nannies, des entraîneurs personnels, des cuisiniers... Leur vie est tellement facilitée, elle n'a rien à voir avec la vie des femmes « ordinaires » (la nôtre !).

Les mères ne sont­elles pas assez lucides pour comprendre que le message véhiculé dans les médias est un leurr e ? !!!

Bien sûr, au prime abord, les mères trouvent ce discours ridicule, mais en même temps, elles s’y laissent prendre. Quand un discours est diffusé avec une telle ampleur, cela devient LA norme et les femmes qui ne correspondent pas au modèle proposé ont l'impression d’être jugées, une impression renforcée par le fait que les femmes s'observent entre elles, se jugent et se condamnent trop souvent.

2. Le revers de la médaille

Etre une mère parfaite: un sport extrême qui s'avère dangereux tant pour les mamans que pour les enfants !

Nous nous devons d’éclaircir les problématiques mêlées, actuelles et passées, qui brouillent les pistes de l’éducation des enfants actuels et qui laissent, au regard de la société toute entière, de véritables despotes détruire de manière durable l’équilibre psychologique de leurs enfants pour de bonnes intentions.

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En effet, s’il y a recherche permanente de perfection, on se rend compte très vite que la mère par faite est aussi celle qui :

­ ne voit que les traces de saleté qu'il laisse sur son tapis neuf, au lieu de regarder avec fierté son enfant qui joue avec plein de vivacité

­ ne laisse grandir son enfant qu’à travers un regard de perfection et non en respectant ses intérêts, ses choix ­ n’admet pas ses torts et ne s’excuse pas auprès de son enfant le cas échéant ­ n’accepte pas que l’enfant puisse avoir d’autres personnes significatives dans sa vie (belle­mère, amis..) ­ ne se pardonne pas de s’être fâchée pour une stupidité alors qu’elle était épuisée ­ laisse un bris d’objet altérer la relation privilégiée avec son enfant ­ est dans l’incapacité à transmettre l’estime de soi, le respect et surtout l’autonomie ­ ne laisse pas le droit à l’erreur (laquelle, pourtant, construit !) ­ n’accepte jamais sa propre fatigue et « tire » sur la corde jusqu’à la rupture (souvent la dépression) ­ ne prend tout simplement pas le temps d’être une femme !

3. Histor iquement

3.1 Pouvoir et présence des mères

Reprenons les choses dans leur ordre, le pouvoir des mères est un concept très complexe au sein de notre société car il mélange une grande quantité de notions, dont certaines sont issues de la tr adition, d’autres de l’inconscient collectif pr ésent, portant des traces inavouées de cette tradition, d’autres de l’héritage éducatif personnel, et enfin les derniers de la personnalité de la mère et de ses relations avec d’autres enfants, ses frères et sœurs en premier lieu.

Derrière un certain nombre de pathologies importantes chez l’enfant, on retrouve souvent le spectre de la mère. Ceci n’est bien entendu pas un cas général, mais si le père peut être source de pathologies psychologiques de l’enfant, notamment par son absence (qu’elle soit physique ou morale), la mère possède souvent, de part sa présence souvent envahissante, un pouvoir que n’a pas le père dans le quotidien de l’enfant.

En ce sens, on peut parler d’un certain pouvoir de la mère sur l’enfant.

Mais, cela n’est pas seulement un avantage, ce pouvoir peut être aussi néfaste au point que la mère va exercer un effet parfois désastr eux sur l’émancipation de l’enfant. En quelque sorte, cette présence est à double tranchant, car l’enfant devra un jour ou l’autre entrer en conflit avec sa mère s’il veut acquérir une certaine liberté.

Les enfants qui n’en sont pas capables verront leur vie d’adulte pénalisée par cette prédominance de l’image de la mère.

3.2 Quand les psys s’en mêlent

D’aussi loin que l’on puisse remonter, de Freud jusqu'au docteur Mailloux, en passant par une multitude de psys, d'ici et d’ailleurs, il y a toujours eu une foule d'experts pour reprocher quelque chose aux mères.

Si les enfants sont obèses, c'est la faute des mères: elles ne les incitent pas assez à bouger. Pire, elles font mal à manger. Si les garçons

ne se sentent pas bien dans leur peau, c'est la faute des mères: elles les couvent trop. Si les jeunes filles sont trop sexy, c'est aussi leur faute: elles ne les couvent pas assez.

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Les problèmes des filles, tout particulièrement, une fois devenues grandes (parfois mères à leur tour), remonteraient souvent à l'enfance. Si elles manquent de confiance en elles, si elles sont renfermées, si elles sont extraverties, c'est souvent, paraît­il, par imitation ou en r éaction à la mère.

Pourquoi? Parce que la mère est vr aiment notr e base ! On vient toujours du ventre de nos mères.

Reste que l’on attend beaucoup d'elles: il faut être présentes, mais pas trop, tolérantes, mais pas trop, patientes, mais pas trop, parfaites mais avec des défauts !…

3.3 Tradition et inconscient collectif

La tradition est très souvent plus vivace qu’il n’y paraît. Pour les parents âgés de la trentaine aujourd’hui et nés dans les années 70, le problème est double :

­ leurs grands­parents sont la plupart du temps issus d’un monde ouvrier ou agricole, sous une forte dominante morale et religieuse où le divorce était quasiment impossible et où l’on devait s’accommoder du manque de contraception, entre autres ;

­ leurs parents quant à eux ont vécu les années 60 et le choc de la révolte de mai 68, étape qui a causé sur notre société des confusions morales importantes et un rejet de l’autorité.

Cette incohérence de pr incipes, a le mauvais goût de durer dans l’inconscient collectif plus qu’on ne pourrait le penser, le rendant tantôt révolutionnaire et tantôt réactionnaire. Or, malgré une prédominance de l’intellect dans notre société actuelle, la plupart des gens sont souvent persuadés d’avoir abandonné la tradition, de l’avoir digérée, d’en avoir fait un fait passé mort et enterré, de baigner en plein libre arbitre.

Mais la plus petite contrainte ou le plus petit événement extérieur porteur de pression implique de manière automatique un repli vers le comportement traditionnel et sûr, sans prise de conscience a posteriori du caractère dangereux de cette démarche.

La prise de conscience d’un problème d’image par rapport à la tradition, d’identification rassurante avec la tradition, ne s’est souvent pas produite chez la mère despotique. Il y a donc, comme dans une large part de la société névrotique, au contraire, une certitude de la liberté qui n’est guidée que par un seul pr incipe : les bonnes intentions.

Pour être une mère parfaite, il est clair qu’il faut avoir le rôle phare de l’éducation des enfants. De quel droit et selon quelle tradition le père doit­il se mêler de l’éducation des enfants, si ce n’est en instance punitive suprême (chose de moins en moins répandue d’ailleurs) ?

La tr adition comme caution est une arme à double tranchant car elle génère chez la femme moderne un profond désarroi quant à sa vie de femme : comment, en effet, lutter pour garder cette tradition, pour conserver ces rites du passé qui permettent à la mère d’être le parent le plus important et le plus présent et à la fois avoir une vie professionnelle épanouie, pouvoir penser à sa carrière et à son développement personnel ? L’alchimie de ces deux dimensions est perdue d’avance, même si elle est un des traits de la mère parfaite.

La mère parfaite veut souvent être parfaite en tout, du point de vue personnel comme professionnel, tout obstacle la gênant ou gênant le développement qu’elle a prévu pour ses enfants engage des logiques conflictuelles.

Paradoxalement, moins les gens ont d'enfants et plus ces enfants deviennent pour certaines personnes des enjeux de perfection.

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3.4 Bonnes intentions et logique de la preuve

Ce manque de conscience par rapport à la tradition laisse la mère parfaite dans les bras d’un fonctionnement par « bonnes intentions ».

Il faut noter que ce mode de fonctionnement éducatif est très pernicieux, cela pour plusieurs raisons.

La première est qu’il n’existe pas de cadre rigoureux dans lequel l’enfant doit s’épanouir en respectant des règles. Les bonnes intentions de la mère sont donc très arbitraires car ce sont des intentions d’adultes, regardant souvent ses propres enfants comme plus mûrs qu’ils ne le sont, car ne parvenant pas à saisir l’essence de cette enfance en perpétuelle mutation.

C’est l’ouverture à un règne de décalages désastr eux dans les relations que l’enfant entretient avec sa mère d’abord, puis avec les autres membres de la famille, puis enfin avec le reste de la société (école, amis, etc.) :

­ l’enfant ne fait pas de jeux de son âge ou ne s’habille pas comme on devrait être habillé à son âge, ­ l’enfant ne comprend pas la valeur de l’argent, ­ l’enfant ne comprend pas le « non » et le vit comme une blessure profonde, ­ l’enfant devient incontrôlable.

La seconde est que la logique des bonnes intentions est une logique névrotique très dangereuse pour la mère, car elle est, à la fois le départ et l’aboutissement de ses raisonnements : les bonnes intentions interviennent en premier, c’est souvent un désastre pour l’enfant qui devient alors, dans l’esprit de la mère quelqu’un de méchant s’il n’accepte pas les conséquences de ces bonnes intentions dont il n’a souvent que faire.

La mère tente de culpabiliser l’enfant de ses réactions, ce qui marche hélas trop souvent et laisse un enfant dans un état psychologique de désarroi complet. Ou il a obéit à sa mère en ne comprenant pas pourquoi faire cela à ce moment, ou il a refusé d’obéir et est chargé d’une culpabilité qui n’était pas la sienne.

La conséquence de la systématisation des bonnes intentions est la logique de la preuve.

Afin de se garantir du fait que des intentions bonnes impliquent naturellement des conséquences bonnes pour l’enfant, la mère parfaite cherchera avidement des preuves. Au lieu de s’ouvrir sur un côté affectif qu’elle ne connaît souvent que peu, elle cherchera intellectuellement à se démontrer et à démontrer à ses détracteurs que ce qu’elle fait est bien. La preuve intellectuelle soutient la morale dans ces accès de recherche de la preuve ; la mère parfaite est une mère despotique, cela avec ses enfants et avec son conjoint, car elle sait mieux que les autres que ce qu’elle fait est bien (elle en a la « preuve »).

D’une manière générale, les mères voulant être parfaites sont des personnes dont le côté cérébral est surdimensionné par rapport au côté affectif, aussi étrange que cela puisse paraître, des genres de monstres froids et sans possibilité de voir et de ressentir ce qui se passe chez l’autre, fut­il enfant ou conjoint.

Les bonnes intentions sont donc le trait originel de la logique despotique de la mère voulant être parfaite, c’est en quelque sorte son armure, qui fait que rien ni personne ne peut lui reprocher des choses. Ne parvenant pas à voir plus loin que ces bonnes intentions, les conséquences de ces dernières ne sont jamais examinées pour ce qu’elles sont et, notamment, sur la psychologie de l’enfant.

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3.5 Les antécédents sacr ificiels

Sans rentrer dans une psychanalyse un peu simpliste, les antécédents de la mère parfaite sont souvent d’avoir eu une mère parfaite, inflexible, doctrinaire, despotique. Cette mère de la mère s’est « sacrifiée » pour ses enfants, qui ne lui ont jamais donné que du malheur notamment lorsqu’ils sont partis.

Bien entendu, ce tableau est un peu schématique mais il montre que la mère parfaite possède très souvent une combinaison des deux névroses suivantes :

­ un complexe d’infériorité par rapport à sa propre mère ­ une dette à rembourser pour payer le sacrifice de sa mère de son propre sacrifice.

Dans le premier comme dans le second cas, il est nécessaire de montrer que les impulsions inconscientes de la mère parfaite ont quelque chose d’irrationnel.

Dans le premier cas, ce complexe d’infériorité se teinte très fortement d’un complexe d’être une mauvaise mère, cela dû au fait que la femme moderne travaille alors que souvent, sa propre mère ne travaillait pas.

Dans le second cas, il y a refoulement du complexe de mauvaise mère, par rapport à la mère sacrificielle dont elle a bénéficié, voire a épuisé, voire dont elle a gâché la vie ! Il y a donc, dans le syndrome de la mère parfaite, un syndrome plus profond qui est la relation avec la mère sacrificielle, sans notion de relativité d’époque et de contraintes que vit la femme moderne et que ses propres parents ne connaissaient pas. Le poids de cette dette ainsi que les complexes liés à la mère, référent unique de l’éducation incontestable, font de la mère parfaite une femme pour laquelle il est à soupçonner quelque névrose.

4. La vie de l’enfant avec une mère par faite

La vie d’un enfant sous la domination d’une mère parfaite n’est pas spécialement difficile, au quotidien, on pourrait même dire plus, elle comporte même souvent trop de facilités :

­ cadeaux inopinés et injustifiés tout le temps, ­ mansuétude de la mère dans les jeunes années du développement de l’enfant (avec rigueur souvent excessive à

l’adolescence) ­ état fusionnel entre la mère et l’enfant, avec projection des angoisses de la mère ou des passions de la mère

dans l’enfant ­ défense inconditionnelle de l’enfant dans des situations ne le méritant pas.

De plus, dans un couple où la mère se dit parfaite ou cherche à approcher de la perfection, le père est souvent absent, même quand il est présent. Il sent souvent qu’il n’est pas à sa place dans les conflits et que ses méthodes peuvent être totalement décalées dans les marchandages faits des bonnes intentions de la mère parfaite.

Bien entendu, certains pères soutiennent aussi cette démarche des bonnes intentions et partent du principe que si l’intention des parents est bonne, il ne tient qu’à l’enfant que cette intention soit bien reçue et bien acceptée. Pourtant, les choses sont souvent plus complexes que cela.

L’enfant avec une mère parfaite entre dans une voie dans laquelle se profile un choix clair : ou l’enfant se révolte à certain moment contre sa mère et ses bonnes intentions, ou il ne le fait pas.

Dans le premier cas, la crise se passera probablement à l’adolescence (étant entendu que l’adolescence peut évoluer de l’âge de dix ou onze ans jusqu’à la trentaine !)

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Si crise il y a, il faut souligner toute la violence de la crise dans laquelle la mère, faisant usage du chantage aux sentiments, usera de tous les moyens de pression psychologiques les plus abjects pour faire plier l’enfant ou l’adolescent, ainsi que de toutes les punitions les plus arbitraires et les plus injustifiées (par rapport à la gravité des faits reprochés ou par rapport au moment où ils ont été commis). Dès lors, même extraits de cette dépendance, les enfants des mères parfaites peuvent ne pas s’en tirer sans séquelles et eux­mêmes doivent beaucoup travailler sur eux au delà ce conflit, pour avancer dans la vie.

Dans le second cas, marqué par des dispositions tyranniques d’une mère qui sait tout en raison de sa perfection, l’enfant subira le poids de ce passé jusqu’à ce qu’il ou elle soit en mesure de résoudre ce problème avec un psychanalyste.

5. La bonne mère n'existe pas

Non, il n' est pas nécessaire de se sacr ifier pour êtr e une bonne mère. D'ailleurs, la bonne mère n'existe peut­ être même pas. Dans le documentaire « Le mythe de la bonne mère » diffusé dans Zone Libre la réalisatrice avoue sa « légère déception » à la naissance de ses enfants qui n'était pas « comme dans les livres et les idées « populairement véhiculées ». « Je suis tombée de mon nuage que je croyais si solide. Elle y dénonce la « sentimentalisation de la maternité » présentée comme un « beau bonbon » par la publicité, ainsi que la pression sociale d'une maternité dite « vitale », où « il faut être mère sans quoi la vie n’a aucun sens ». « C'est une pression considérable qu'on internalise rapidement, nous, les mères ».

Mais après cette pression monstre véhiculée par des décennies d'études psy, voilà que des experts viennent désormais nous dire qu' il n'est pas nécessair e d'être par faite. Mieux, que cette perfection n'existe pas ! Il est impossible qu’une mère qui élève de jeunes enfants se couche le soir parfaitement en paix avec elle­même. L’image de la mère en parfait contrôle semble totalement utopique . Ce n'est pas ça la vraie vie ! Non ?

Bon nombre de femmes (sinon toutes) avant d'avoir des enfants, ont ou avaient des idées bien arrêtées sur l'éducation. Et puis peu à peu, ont appris à lâcher du lest parce qu'un enfant, c'est un enfant et qu'on ne peut pas dire « non » tout le temps.

Prenez Lynette de Desperate Housewives, pourtant d’un extrème laxisme, dans un moment d'égarement (?) elle abandonne ses « monstres » au bord de la route pour les rendre obéissants.

Il n’y a pas de maman de sitcom, impeccablement coiffée et manucurée, qui rentre légère de son conseil d’administration et dépose un baiser sur le front de deux chérubins parfaitement lavés et qui filent se coucher sans protester.

Il y a des mamans qui travaillent ou non, se débrouillent plus ou moins, et bricolent au jour le jour un quotidien tissé de petites ou de grandes victoires, et de demi­échecs, et c’est très bien ainsi.

Il y a des mamans qui offrent à leurs enfants une leçon de vie sans grands mots, juste en les confrontant à ceci : on tâtonne, on essaye, on réussit parfois, on persévère autant que l’on peut, en tant que parents, en tant que couple, en tant que professionnels, chacun dans notre domaine

En fait, la meilleure façon de devenir une mère par faite est avant tout d'accepter justement que vous ne l'êtes pas !

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6. Quelques faits et pièges à connaître

Il n’y a malheureusement pas de solutions pour bien élever les enfants et même si ces solutions existaient, la plupart d’entre nous ne pourraient les appliquer pour des raisons d’incompatibilité avec leur tempérament personnel.

Pour autant il existe des constantes qui doivent être soulignées et si, de ce dossier, vous ne deviez retenir qu’une seule chose, ce sera sans contexte l’énumération suivante :

­ l’enfant nécessite une image maternelle et paternelle, de l’amour et des attentions ­ l’enfant n’est pas le jouet des parents ­ l’enfant est une personne, mais pas encore un adulte ­ l’enfant a besoin de limites, sans elles, il par t à la dér ive ­ l’enfant ne peut pas faire son éducation seul et nécessite de l’autor ité (à ne pas confondre avec

autor itar isme) ­ l’enfant est en perpétuelle mutation, c’est pourquoi il faut sans arrêt ajuster les limites à son âge et à ses

aspir ations tout en ne r emettant jamais en cause le noyau dur des barr ières imposées ­ fair e plaisir à l’enfant n’est pas un but en soin, au contr aire, il vaut mieux éveiller le désir de l’enfant.

Que ces lignes puissent à tout le moins faire réfléchir des mères qui, en voulant être parfaites, en arrivent à détruire leurs enfants et leur psychologie.

7. CONCLUSION

Mères, il est grand temps de déculpabiliser ! Comme disait Freud « quoi que vous fassiez en tant que mère, vous le fer ez mal de toute façon ! » alors soyez vous­mêmes, faites pour le mieux selon VOS convictions et votre instinct.

Nous l’avons démontré la maman parfaite n’existe pas, tout comme l’être humain… ça se saurait ! Et puis si c’était le cas… qu’est­ce qu’on s’ennuierait !

Une seule question à vous poser : «de quoi nos enfants ont­ils besoin ? » ; tout simplement de cette vérité­là, d’adultes qui ne font pas semblant : c’est celle­là même qui est le fondement de notre autorité. Et de beaucoup d’amour, mais cela, vous le saviez déjà !

Pas de recette !

Finalement, Winston Churchill avait raison : il n'y a aucune recette pour devenir une mère parfaite, mais il y a mille et une façons d'être une bonne mère.

Chacune d'entre nous n'a qu'à trouver toutes les façons qui lui ressemblent et qui lui permettront de continuer d'être une bonne mère.

La meilleure mère que votre enfant puisse avoir ... c'est vous!

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8. BIBLIOGRAPHIE

8.1 Livres pour parents

Dans les silences des mères André Agard­Maréchal Ed. Albin Michel

L'amour en plus "Histoire de l'amour maternel (XVII e ­XX e siècles)" Elisabeth Badinter Ed. Flammarion 1980

Le bébé Marie Darrieussecq Ed. POL 15 €

Spirale n° 18 " L'amour maternel" Paul Marciano (dir.) Ed. Erès 2001

Mères juives des hommes célèbres "Celles qui firent le XX e siècle" Bruno Halioua Ed. Bibliophane 2002 ­ 20 €

Comment ne pas être une mère parfaite Libby Purves Ed.Pocket 1996 ­ 5,50 €

Mal de mère, mal d'enfant "Angoisse et bonheur de la maternité" Catherine Garnier­Petit Ed. Albin Michel 1999

Parlez­moi des mères Brigitte Arnaud Ed. Alias etc. 2002 11 €

Mutation n° 90 " La mère Au commencement..." Ed. Autrement 1987 14,18 euros

Eloge des mauvaises mères Catherine Serrurier Ed. Hommes et perspectives, 1992

La folie maternelle ordinaire Recueil de psychanalyses Ed Puf

Peut­on être une bonne mère Christiane Olivier Ed. Fayard 2000

Mère et fils Nicole Czechowski, Marie­Claire Pasquier, Luba Jurgenson Ed. Autrement 2001 ­ 14,94 euros

The Mommy Myth: the Idealization of Motherhood and how it Has Undermined Women de Susan J. Douglas et Meredith W. Michaels

La fille de sa mère de Véronique Moraldi, Éditions de l'Homme.

8.2 Livres pour enfants

Moi je déteste, Maman adore ! Elisabeth Brami, Lionel Le Néouanic Ed. Seuil Jeunesse 1999 12,50 €

Sainte Maman Olivier Jedwab Ed.Rocher 2003 11,50 €

Selma Jutta Bauer Ed. La Joie de lire 2003

Moi, je suis... Dominique Peysson, Rémi Ed. Mango Jeunesse, 2002 ­ 5 euros

Maman, pourquoi tu m'aimes ? Stéphanie Blake Ed. Albin Michel Jeunesse, 1999

Tu m'aimes, dis ? Simone Schmitzberger, Anne Letuffe Ed. Père Castor Flammarion 2000

Mademoiselle Zazie veut un bébé Thierry Lenain Ed. Nathan 2001

Edwina l'émeu Sheena Knowles, Rod Clement Ed. Kaléidoscope, 1999 ­ 12,04 €

Quand Big Mama a créé le monde... Phyllis Root, Helen Oxenbury Ed. Père Castor Flammarion 2002

L'Album de ma maman Diane Barbara, Christine Donnier Ed. La Martinière Jeunesse, 2002 ­ 14 €

Vrrr... Christian Bruel, Nicole Claveloux Ed. Etre, 2001 ­ 10,37 euros

Quitte ta mère Jeanne Benameur Ed. Thierry Magnier 1998

Le Livre de maman Alex Sanders, Pierrick Bisinski Ed. Gallimard Jeunesse, 2001

Liste de livre non exhaustive bien sûr

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MCG – page 12 – Université de Parents de Vaux Le Pénil

9. ADRESSES UTILES

• Pôle écoute et accompagnement de parents Tél. : 01 64 71 51 53 Réservé aux Pénivauxois et aux Livryens Aide aux parents rencontrant des difficultés avec leur(s) enfant(s).

• Inter Service Parents Tél. : 01 44 93 44 93 Orientation de tous les parents dans les problèmes quotidiens.

• Ecoute Parents Tél. : 01 44 93 44 86 Réserve un accès privilégié aux parents parisiens d'enfants de 6 à 18 ans.

• Par is Parent Seul Numéro Azur : 0 810 10 75 75 Pour les femmes enceintes, les mères et les pères isolés en situation de rupture familiale.

10. SOURCES

9.1 Livres :

­ « Comment ne pas être une mère parfaite » de Libby Purves ­ « Le mythe de la mère parfaite » Susan Douglas et Meredith Michaels

9.2 Inter net :

­ http://1001nights.free.fr ­ www.magicmaman.com ­ www.lesmaternelles.fr ­ www.cyberpresse.ca

9.3 Autres sources :

­ les expériences des mamans de sortie d’école avec lesquelles je discute ­ Le journal de Montréal, citations de Claudine Potvin ­ La Presse, citations de Silvia Galipeau et de Nathalie Collard ­ interview de Susan J. Douglas , professeur à l’Université du Michigan ­ Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH)