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1 Les rencontres de l’initiative locale – Liffré le 4 octobre 2016
Présentation de l’unité de méthanisation et de la station d’injection de
biométhane au Gaec* du Champ Fleury, à Liffré (Ille-et-Vilaine)
Après l’implantation d’une première unité de méthanisation sur sa station de
traitement des eaux usées, la ville de Liffré, commune de 7 300 habitants située
en Ille-et-Vilaine, dispose depuis le 3 septembre 2015 d’une deuxième
installation sur le GAEC (Groupement agricole d’exploitation en commun) de
Champ Fleury, situé à quelques kilomètres.
Si la première unité était conçue pour l’autoconsommation du méthane produit à partir des boues
issues du traitement des eaux, la seconde est un véritable projet d’entreprise de production d’énergie.
Le biométhane est injecté dans le réseau de GRDF grâce à une canalisation spécifique qui relie la
ferme à la branche située à quelques kilomètres.
Il s’agit du 1er site d’injection dans le réseau de gaz naturel en Bretagne.
Bernard Aulagne, président de Cœnove, a accompagné le 4 octobre dernier,
un groupe d’élus locaux, de techniciens de collectivités locales, des
responsables de bureaux d’études et d’investisseurs à visiter ce site. Il a été
reçu par Jean-Christophe Gilbert, initiateur du projet et gérant de l’exploitation
agricole (à gauche de l’image).
Un modèle de conduite d’opération
Cette initiative s’est concrétisée en seulement cinq ans.
Elle repose sur la volonté initiale des promoteurs de diversifier leurs revenus agricoles.
La ferme de Champ Fleury, d’une superficie de 270 ha, rassemble
plusieurs bâtiments d’élevage et compte, en moyenne annuelle, 320 têtes
de bovins : 180 vaches et 150 génisses, maintenues majoritairement en
stabulations.
Ce cheptel produit quotidiennement 18 m³ de déjections sous forme de
fumier et de lisier. Le volume annuel d’effluent pris en compte pour ce
projet était de 11 000 t.
Étape 1 : L’étude. L’analyse des capacités locales de consommation du biométhane produit s’est
déroulée au cours de l’année 2013. Il concluait la possibilité d’absorption par les débouchés locaux
du méthane d’origine renouvelable.
Étape 2 : Le parcours administratif. Conseillés par l’entreprise locale Planet Biogaz France, installé
à Liffré, les responsables du GAEC ont très tôt informé leur réseau de leur projet : élus de Liffré,
voisinage, administrations… L’année 2014 a été consacrée à ces démarches : celles-ci ont
rapidement été concrétisées par l’obtention du permis de construire et du classement ICPE
(Installation classée pour la protection de l’environnement).
Étape 3 : Le chantier et la mise en service. Les travaux, gérés par Planet Biogaz France, ont débuté
fin 2014 ; la première injection de gaz a eu lieu début septembre 2015.
2 Les rencontres de l’initiative locale – Liffré le 4 octobre 2016
Le prestataire technique a intégralement pris en charge la conduite des travaux. Ceux-ci ont été
principalement confiés à l’entreprise Bio-Dynamics France, concepteur et constructeurs des cuves
de méthanisation.
Ces équipements doivent en particulier répondre à un cahier de charges précis de formulation du
béton, de coulage de la dalle sur un isolant épais, de placement du système de réchauffage dans le
voile de béton, et de conception du « ciel de gaz » étanche, à trois couches de membranes.
Pour assurer une réaction biologique optimale, les intrants sont régulièrement testés afin de les
soumettre aux bactéries les plus adaptés à leur composition ; ce travail est assuré par laboratoire
de Biogaz Planet.
Par ailleurs, le méthaniseur est maintenu en permanence à une température intérieure de 40 °C.
L’apport de chaleur est assuré par une chaudière alimentée par le biogaz produit sur site et diffusé
par la « ceinture » chauffante coulée dans l’enceinte circulaire et verticale en béton.
Un équipement industriel qui compte localement
Cet outil industriel a demandé un investissement de 2,5 M€ au GAEC du Champ Fleury. La Région
Bretagne et l’Ademe ont apporté une aide de 18 % de ce montant.
Sa première année d’exploitation s’est traduite par un résultat positif.
Plus encourageant encore, l’activité de méthanisation s’est révélé
profitable bien au-delà du périmètre de la ferme. Aux 11 000 t
annuelles initialement prévues dans l’étude de l’installation se de
bovins, des déchets de fruits) et par des collectivités (tontes de parcs
et jardins municipaux, déchets verts de particuliers
déversés en déchetteries…).
Pour ces agriculteurs, ce gisement extérieur fait l’objet d’une gestion au jour le
jour, tant la pression de l’offre sont déjà ajoutées 4 000 t d’effluents fournis par
les industries agro-alimentaires (des déchets abattoirs est désormais importante.
Ces partenaires ont en effet perçu tout l’intérêt environnemental et énergétique
de cette activité ; par ailleurs, elle leur évite des coûts d’élimination en décharge,
relativement élevés.
3 Les rencontres de l’initiative locale – Liffré le 4 octobre 2016
Des bénéfices aussi pour l’exploitation agricole
Outre la revente d’énergie à un fournisseur de gaz naturel selon les
principes dictés par la réglementation de fin 2014, ce passage des
effluents dans le méthaniseur présente l’avantage de produire un
digestat qui conserve sa charge en azote, phosphore et potassium
(NPK), et se retrouve débarrassé du carbone. Ce sous-produit
constitue un engrais riche, véritable substitut à « l’amonitrate »,
traditionnellement répandu sur les sols, et sans odeur (à la
différence du lisier ou du fumier). En outre, les sols l’assimilent
mieux. Les gérants du GAEC de Champ Fleury ont immédiatement
pu en apprécier l’avantage cultural et financier.
Le méthaniseur est conçu pour recevoir 20 t de matières par jour, ce au rythme de quelque 830 kg
par heure ; le temps de séjour est de 80 jours. « Machine biologique » par définition, il rejette la
même quantité chaque jour.
Quant à la production de gaz, elle atteint 70 Nm³/h. Le volume à injecter a été défini
contractuellement avec l’acheteur ; le contrat est d’une durée de 15 ans.
Il est établi à 6,3 GW PCS annuels mensualisés. Ce volume doit être géré le plus finement possible
– au jour le jour, au mois le moins – afin atteindre l’objectif annuel. Si le réseau connaît parfois une
saturation – l’été, période de moindre consommation, et notamment en week-end – les exploitants
gèrent l’injection à l’aide d’une seconde enveloppe-tampon d’une capacité d’une journée de
production. Celle-ci est vidée en fin de semaine pour pouvoir recevoir une partie de la production
des samedis et dimanches. Ce qui évite de torcher un surplus trop abondant.
En sortie de méthaniseur, le biogaz est filtré du CO2 et épuré. Cette installation a retenu la
technologie membranaire, qui permet de fournir un gaz composé de 99 % de CH4. À noter que le
taux de biométhane atteint 70 % du volume de biogaz.
Un nouvel outil économique
En valorisant ces gisements gisement de déchets locaux – sur site et apportés –, cette unité de
méthanisation contribue à fournir 30 % de la consommation de gaz de la ville de Liffré, soit
l’équivalent des besoins de 500 logements.
Pour Loïg Chenais-Girard, maire de Liffré et 1er vice-président de la Région
Bretagne, ce projet qui associe énergie et économie illustre les démarches de
boucles locales vertueuses à développer. Pour étendre les projets, il évoque d’ores
et déjà le soutien des usages du biogaz par la mobilité et le transport logistique.
Pour Eric Feuillet, directeur territorial Ille-et-Vilaine de GRDF, ce premier point d’injection de
biométhane devrait prochainement être suivi dès 2017. Près d’une quarantaine sont en portefeuille
– dont la moitié a dépassé le stade de l'étude –, et ces réalisations constitueraient à terme quelque
3 à 3,5 % du gaz acheminé en Bretagne. Une présence déjà remarquable.