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SYNDROME NEURO-ANÉMIQUE DR KHELLAF DR SEMRA MAI 2016 SERVICE DE NEUROLOGIE CHU BENBADIS - CONSTANTINE

Avitaminose B12 en Neurologie

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Page 1: Avitaminose B12 en Neurologie

SYNDROME NEURO-ANÉMIQUE

DR KHELLAF

DR SEMRA

MAI 2016

SERVICE DE NEUROLOGIE

CHU BENBADIS - CONSTANTINE

Page 2: Avitaminose B12 en Neurologie

PLAN :

INTRODUCTION

HISTORIQUE

PHYSIOPATHOLOGIE

CLINIQUE

EXAMENS COMPLEMENTAIRES

ETIOLOGIES

DIAGNOSTIQUE DIFFERENTIEL

EVOLUTION

TRAITEMENT

CONCLUSION

Page 3: Avitaminose B12 en Neurologie

INTRODUCTION

le déficit en vitamine B12 (cobalamine) est un désordre fréquent et

potentiellement grave.

Il est souvent sous-diagnostiqué en raison de son installation insidieuse

et de ses manifestations cliniques souvent frustes ou atypiques [1-3].

Page 4: Avitaminose B12 en Neurologie

INTRODUCTION

La sévérité potentielle de ses complications, notamment hématologiques

et neurologiques, rend compte de la nécessité d’une connaissance

parfaite par le clinicien des signes et symptômes de cette affection.

Toutefois, il existe de nombreux cas de déficits peu ou pas

symptomatiques [2].

Sur le plan neurologique, la sclérose combinée de la moelle est le tableau

clinique le plus évocateur de la carence en vitamine B12.

Page 5: Avitaminose B12 en Neurologie

INTRODUCTION

L’anémie pernicieuse est en réalité une cause rare d’hypovitaminose B12,

dont le mécanisme est une insuffisance de facteur intrinsèque.

Les causes les plus fréquentes sont des pathologies gastriques, une

insuffisance pancréatique exocrine, une pullulation bactérienne, ou la

prise de médicaments, qui interfèrent avec la digestion de la vitamine

B12, ou encore une atteinte de la muqueuse iléale qui diminue son

absorption.

Page 6: Avitaminose B12 en Neurologie

INTRODUCTION

Le traitement de la carence en vitamine B12 est possible par voie orale,

quelle qu’en soit la cause, mais il n’a été validé que dans des petites

séries.

Le traitement parentéral demeure donc indiqué en cas de troubles

neurologiques sévères ou de doutes sur la compliance du patient.

Page 7: Avitaminose B12 en Neurologie

INTRODUCTION

La prévalence de la carence en vitamine B12 est d’environ15–20 % dansla population générale [1] mais varie entre 5 %et 60 % selon la définitionutilisée. Elle est plus élevée chez le sujet âgé et/ou institutionnalisé : entre30 % et 40 % [2].

[1] Lindenbaum J, Rosenberg IH, Wilson PW, Stabler SP, Allen RH. Prevalenceof cobalamin deficiency in the Framingham elderly population. Am JClinNutr 1994;60:2–11.

[2] den Elzen WP, van der Weele GM, Gussekloo J, Westendorp RG, AssendelftWJ. Subnormal vitamin B12 concentrations and anaemia in olderpeople:a systematic review. BMC Geriatr 2010;10:42.

Page 8: Avitaminose B12 en Neurologie

HISTORIQUE

L’histoire de la vitamine B12 était toujours attachée à celle de l’anémie

pernicieuse (AP).

La littérature médicale du XIXème siècle est caractérisée par des cas

étranges et mortels d’anémie d’origine inconnue, caractérisée par des

symptômes polymorphes : asthénie, glossite, diarrhée, douleurs

abdominales, et une atteinte du système nerveux.

Page 9: Avitaminose B12 en Neurologie

HISTORIQUE

En 1832, Combe a pu caractériser cette maladie comme « anémie

pernicieuse » parce qu‘elle semblait plus nocive que les autres anémies et

aussi parce qu‘elle n'a pas répondu au traitement habituel.

En 1849, ce type d'anémie a été étudié et décrit dans la littérature

médicale par Thomas Addison. Et elle a été appelée ainsi la maladie de

Thomas Addison ou anémie pernicieuse d’Addison.

Page 10: Avitaminose B12 en Neurologie

HISTORIQUE

Les troubles neurologiques par carence en vitamine B12 ont été

considérés au début comme liés à l’anémie d’où la dénomination de

« syndrome neuroanémique » [4].

En 1887, Osler et Gardner ont décrit des signes neurologiques de

l’anémie pernicieuse.

Russel en 1900, a pu dresser le tableau complet de sclérose combinée de

la moelle [2, 3].

Page 11: Avitaminose B12 en Neurologie

HISTORIQUE

En 1925, George Hoyte Whipple (Rochester) puis Minot, Murphy et

William B (Harvard), et suite à l’amélioration des manifestations de la

fameuse anémie pernicieuse par une alimentation à base du foie cru, ont

émis l'hypothèse que le foie contenait un essentiel de facteur pour le

traitement de l'anémie pernicieuse.

Ce facteur inconnu s’est appelé alors « le facteur antipernicieux ». Ce

qui leur a valut le prix Noble de médecine en 1934.

Page 12: Avitaminose B12 en Neurologie

HISTORIQUE

Castel a également montré que l'anémie pernicieuse peut être contrôlée

par une alimentation à base de muscle de veau incubé dans le suc

gastrique normale, bien que ni le muscle de veau ni le suc gastrique seul

était effective dans le contrôle de l’anémie.

Ce constat a amené les autres chercheurs à postuler que deux

considérations doivent être impliqués : un facteur extrinsèque présent

dans les aliments et un facteur intrinsèque présent dans le suc gastrique

normal, et c’est l’ensemble des deux facteurs est capable de promouvoir

la régénération des globules rouges [4].

Page 13: Avitaminose B12 en Neurologie

HISTORIQUE

En 1948, La découverte de la vitamine B12 a été réalisée

indépendamment par différents chercheurs. Rickes, Folkers (Etats Unis)

et Smith et Parker (Angleterre) qui ont réussi à isoler à partir du

concentré du foie un pigment rouge cristallin qu'ils ont appelé la vitamine

B12.

La première thérapie utilisant de la vitamine B12 a été rapporté par West

et Reisner un an plus tard.

Page 14: Avitaminose B12 en Neurologie

HISTORIQUE

Les manifestations neurologiques de la maladie de Biermer ont été

considérées, à partir de 1940, comme pouvant être isolées et révéler la

maladie de Biermer.

Cette atteinte neurologique était attribuée selon White et al à

l’intervention de la vitamine B12 dans la réaction d’isomérisation de

l’acide méthylmalonique en acide succinique [4].

Page 15: Avitaminose B12 en Neurologie

HISTORIQUE

En 1955, Dorothy Hodgkin (Oxford) a découvert la structure

tridimensionnelle de la vitamine B12, pour lequel elle a reçu le Prix

Nobel en 1964.

Plus tard, il a été constaté que des concentrés de vitamine B12

hautement actifs pourraient être produits par cultures de certaines

bactéries et champignons.

En 1965, docteur Herbert et Sullivan ont montré que de petites doses

de vitamine B12, d’ordre de 0,1 microgrammes, peuvent être

thérapeutiques et efficace.

Page 16: Avitaminose B12 en Neurologie

HISTORIQUE

En 1980, les apports journaliers recommendés (AJR) en vitamine B12 ont

été calculés et établis officiellement à : 2,5 - 3,0 microgrammes pour les

adultes et 4,0 microgrammes pour les femmes enceintes et allaitantes [1].

« If it swims, flies, or runs it has vitamin B12… » Dr Herbert

Page 17: Avitaminose B12 en Neurologie

METABOLISME : Apports et Réserves

La vit. B12 ou cobalamine est synthétisée uniquement par des bactéries

et provient exclusivement de produits animaliers : Abats - viande (bœuf

+++) - Poissons - Œufs - Produits laitiers.

Selon le régime alimentaire, son apport quotidien varie entre 5 et 7 mg

pour une dose recommandée de 2 mg/j.

Page 18: Avitaminose B12 en Neurologie

METABOLISME : Apports et Réserves

Cette vitamine est principalement stockée dans le foie et on estime ses

réserves entre 2 et 5 mg, ce qui correspond à environ 1000 jours

d’apport.

Les conditions de stockage hépatique participent à la difficulté

diagnostique du dosage sérique de la cobalamine et expliquent le délai

existant entre le déficit d’apport et le début du déficit cellulaire.

Page 19: Avitaminose B12 en Neurologie

METABOLISME : Absorption

Deux systèmes distincts contribuent à son absorption intestinale.

Le premier, dépendant du FI, est spécifique et efficace mais

saturable : une succession de transports intraluminaux aboutit à la

liaison du complexe vit.B12-FI au récepteur de la cellule iléale terminale.

Le second, indépendant du FI, permet l’absorption par diffusion simple de

1% à 5% de la dose ingérée de vit. B12 : il est insuffisant pour apporter

à l’organisme la dose quotidienne nécessaire lors d’un régime alimentaire

équilibré, mais il est non saturable, ce qui explique la possibilité de la

substitution orale.

Page 20: Avitaminose B12 en Neurologie

METABOLISME : Transport

Même si la compréhension de la physiologie de la phase sanguine estencore incomplète, on sait que

Trois transporteurs sériques, les transcobalamines (TC I-III), participent àdes systèmes de transport parallèles.

Seule la holotranscobalamine II (HoloTC II) semble avoir un rôlephysiologiquement important par liaison spécifique à la membranecellulaire, permettant ainsi l’apport vitaminique aux voies métaboliquescellulaires.

Son dosage sérique est plus précis que celui de la vit. B12 qui lui,quantifie la quantité de cobalamine liée aux trois transporteurs.

Page 21: Avitaminose B12 en Neurologie

METABOLISME : Cytoplasme

Dans le cytoplasme:

La vit. B12 intervient principalement en tant que coenzyme sous forme

méthyl-Cobalamine catalysant l’action de la méthionine synthétase

permettant les deux réactions combinées suivantes :

Conversion de l’homocystéine en méthionine

Conversion du méthyl-tétrahydrofolate en tétrahydrofolate (THF) qui

pourra être utilisé dans la synthèse des bases puriques et pyrimidiques.

Page 22: Avitaminose B12 en Neurologie

METABOLISME : Cytoplasme

Conséquences de la carence en méthyl-Cobalamine:

Blocage de la réplication de l’ADN liée à la diminution du THF

Myélogramme: mégaloblastose, anomalies nucléaires, asynchronisme de

maturation nucléo-cytoplasmique

Déficit en méthionine

Augmentation de l’homocystéinémie

Page 23: Avitaminose B12 en Neurologie

METABOLISME : Mithochondrie

Dans la mithochondrie:

sous la forme d’adénosyl-B12 intramitochondriale, elle permet la

conversion du propionyl-CoA en méthylmalonyl-CoA et finalement en

succinyl-CoA, un métabolite du cycle de l’acide citrique.

Page 24: Avitaminose B12 en Neurologie

METABOLISME : Mitochondrie

Conséquences de la carence en 5’ déoxy-adénosylcobalamine

Accumulation d’acide méthylmalonique:

• Vomissements, déshydratation, retard staturo-pondéral

• Hypotonie, troubles de la conscience, coma

• Acidose métabolique, hyperamoniémie, acétonurie, hyperglycémie,hypoglycémie

• Anémie, leucopénie, thrombopénie

Déficit en succinyl CoA qui est un intermédiaire du cycle de Krebs

Page 25: Avitaminose B12 en Neurologie

METABOLISME

L’acide méthylmalonique (AMM) et l’HC sont deux marqueurs

métaboliques de ces voies, ils augmentent en cas de carence cellulaire en

vit. B12.

L’élimination du surplus sérique est rénale. Le taux sérique est modulé

par l’utilisation des réserves hépatiques, par un système de réabsorption

tubulaire rénale et par un cycle entéro-hépatique.

Page 26: Avitaminose B12 en Neurologie

Figure 1

Page 27: Avitaminose B12 en Neurologie

Les troubles neurologiques observés au cours de la carence en vitamine

B12 seraient dus à un trouble de la méthylation des gaines de myéline.

La méthionine qui participe à la formation de la protéine basique de la

myéline.

L’hyperhomocystéinémie qui en résulte constitue un facteur de

risque cérébrovasculaire indépendant et pourrait être responsable

d’accidents cérébraux ischémiques et/ou de troubles cognitifs.

PHYSIOPATHOLOGIE

Page 28: Avitaminose B12 en Neurologie

Un autre mécanisme évoqué dans la genèse de ces troubles

neurologiques serait l’accumulation de l’acide méthylmalonique qui est un

acide gras toxique pour la myéline.

PHYSIOPATHOLOGIE

Page 29: Avitaminose B12 en Neurologie

Un facteur précipitant l’apparition ou l’expression des troubles

neurologiques est classiquement décrit. En effet, ces derniers apparaissent

parfois après un traitement substitutif insuffisant ou à la suite d’un

traitement par folates.

C’est la théorie du « folate trap » où l’apport de folates mobiliserait les

derniers stocks de vitamine B12 en faveur de la lignée hématologique

plutôt que neurologique, maintenant ainsi la synthèse des acides

nucléiques au détriment de la formation de la méthionine et donc de la

myéline.

PHYSIOPATHOLOGIE

Page 30: Avitaminose B12 en Neurologie

La carence en B12 peut mettre plusieurs années avant de se révéler.

CLINIQUE

Page 31: Avitaminose B12 en Neurologie

Vingt-six à 66 % des patients développent des complications neurologiques

dont :

la sclérose combinée de la moelle (SCM),

les neuropathies

les syndromes démentiels

sont les formes les mieux connues [Healton et al., 1991 ; Maamar et al., 2006].

Ces différents syndromes peuvent etre associés chez un meme patient et

notamment les SCM et les neuropathies dans environ 50 % des cas [Saperstein et al.,

2003).

CLINIQUE :

Page 32: Avitaminose B12 en Neurologie

Représentée par un syndrome combiné de la moelle, les premiers signes sont ceux du

syndrome cordonal post :

Paresthésies (fourmillements, picotements, engourdissements et douleurs)

prédominant aux membres inferieurs et parfois au niveau du tronc et membres

supérieurs.

Un signe de Lhermitte.

Une ataxie proprioceptive qui est constante et qui peut être isolée sans anomalie

de l’examen objectif.

À l’examen on retrouve des trouble de la sensibilité profonde surtout

l’apallésthésie : constante dans 88% des cas

CLINIQUE : Atteinte du SNC

Page 33: Avitaminose B12 en Neurologie

En absence de traitement:

Les troubles sensitifs subjectifs s’accentuent avec extension proximale des troublessensitifs objectifs, et accentuation de l’ataxie.

La survenue d’un syndrome pyramidal qui se manifeste par :

• Un déficit moteur des 4 membres

• ROT vifs

• Un signe de Babinski

• Une hypertonie spastique surtout aux membres inferieurs

L’aréflexie tendineuse, limitée aux achilléens ou touchant aussi les rotuliens, est unsigne inconstant mais fréquent, indiquant la participation des fibres périphériques auprocessus pathologique.

CLINIQUE : Atteinte du SNC

Page 34: Avitaminose B12 en Neurologie

En absence de traitement:

Les troubles sensitifs subjectifs s’accentuent avec extension proximale des troublessensitifs objectifs, et accentuation de l’ataxie.

La survenue d’un syndrome pyramidal qui se manifeste par :

• Un déficit moteur des 4 membres

• ROT vifs

• Un signe de Babinski

• Une hypertonie spastique surtout aux membres inferieurs

L’aréflexie tendineuse, limitée aux achilléens ou touchant aussi les rotuliens, est unsigne inconstant mais fréquent, indiquant la participation des fibres périphériques auprocessus pathologique.

CLINIQUE : Atteinte du SNC

Page 35: Avitaminose B12 en Neurologie

les neuropathies représentent

30 à 50 % de complications neurologiques d’une carence en B12 [Healton et

al., 1991 ;Aaron et al., 2005 ; Puri et al., 2005 ; Maamar et al., 2006]

6 à 8 % des cas dans des études de cohortes toutes causes de

neuropathies confondues [Saperstein et al., 2003 ; Nardin et al., 2007].

Il s’agit principalement de neuropathies sensitives, modérées, non

ataxiantes, symétriques et longueur dépendantes. Le début peut être

insidieux mais il est le plus souvent aigu ou sub-aigu.

CLINIQUE : Atteinte du SNP 30 À 50%

Page 36: Avitaminose B12 en Neurologie

Dans les formes poly névritiques pures, le tableau est celui d’un syndrome sensitivo-

moteur de type périphérique, sur le plan électrique c’est une polyneuropathie

axonale, rarement démyélinisante ou mixte.

Les signes restent habituellement dominés par les paresthésies, les troubles de la

sensibilité profonde.

Il est probable qu’une partie des symptômes attribués classiquement à la

dégénérescence combinée de la moelle soit mise au compte de la neuropathie

périphérique associée (Trb. sensibilité superficielle dans 25% des cas)

CLINIQUE : Atteinte du SNP

Page 37: Avitaminose B12 en Neurologie

CLINIQUE : Atteinte du SNP

Indépendamment des marqueurs biologiques, ces éléments contextuels face

à une neuropathie sensitive d’installation aigue¨ ou sub-aigue¨ doivent donc

faire évoquer une carence en B12 afin de débuter au plus tot un traitement

substitutif, qui, en cas d’efficacité sera l’argument le plus fort en faveur de

cette hypothèse.

Page 38: Avitaminose B12 en Neurologie

CLINIQUE : Atteinte du SNP

Page 39: Avitaminose B12 en Neurologie

L’atteinte dysautonomique n’est pas rare au cours de la carence en B12

puisqu’elle est estimée a` 22 % des cas, inaugurale 1 fois sur 2 [*]

Il s’agit principalement d’une hypotension artérielle orthostatique ou de

troubles génitosphinctériens [*]

* : El Otmani H, Moutaouakil F, Midafi N, Moudden M, Gam I, Hakim K, et al. Cobalamin deficiency: neurological

aspects in 27 cases. Rev Neurol (Paris) 2009;165(3):263–7.

CLINIQUE : Atteinte du SNA

Page 40: Avitaminose B12 en Neurologie

Il s’est démontré aussi que La carence en vitamine B12 est la maladie organique

(physique) associée la plus fréquente chez les patients atteint de démense. Entre 29%

et 47% des patients atteints de démense (l’Alzheimer en particulier), présentent des

taux sériques bas de vitamine B12.

En France l’ANAES (agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé)

recommande le dosage de la vitamine B12 dans le bilan de l’Alzheimer. D’autres

auteurs proposent d’étendre ces recommandations au bilan de tous les démenses.

CLINIQUE : Autres signes neurologiques

Page 41: Avitaminose B12 en Neurologie

Atteintes des nerfs crâniens : Des cas de diplopie ou de NORB ont été décrits , BAV

souvent bilatérale, un scotome central et, tardivement, un aspect atrophique de la

papille.

Des troubles psychiatriques à type d’instabilité de l’humeur, d’hallucination,

d’agressivité, modification du caractère, ralentissement intellectuel, difficultés

mnésiques ont été rapportés.

Des AVC et athérosclérose (hyperhomocystéinémie), syndromes parkinsoniens,

dépression, épilepsie, troubles du sommeil.

CLINIQUE : Autres signes neurologiques

Page 42: Avitaminose B12 en Neurologie

CLINIQUE : Autres Manifestations [1]

1: K. Serraj, M. Mecili, E. Andrès ; Signes et symptômes de la carence en vitamine B12 : revue critique de la littérature. mt, vol. 16, n° 1, janvier-février-mars 2010

Page 43: Avitaminose B12 en Neurologie

1-NFS :

• L’anémie n’est présente que dans 75% des cas, classiquement macrocytaire, elle est

normocytaire dans 1/4 des cas.

• Plus les anomalies sanguines sont marquées, moins on observe d’atteinte nerveuse, et

inversement quand le tableau neurologique est prédominant et riche, les

signes sanguins font souvent défaut.

• La numération des GB et des plaquettes est normale, mais on peut observer une

hyper segmentation des PNN.

EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

Page 44: Avitaminose B12 en Neurologie

2- DOSAGE DE LA VIT. B12 :

• Il n’existe pas actuellement de critères biologiques formels pour affirmer le

diagnostic d’une carence en vitamine B12.

EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

Page 45: Avitaminose B12 en Neurologie

Différentes propositions des critères de définition d’une carence en Vit. B12 [1]:

EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

1: Andrès E, Affenberger S, Vinzio S, Noel E, Kaltenbach G, Schlienger JL. Carences en vitamine B12 chez l’adulte : étiologies, manifestations cliniques

et traitement. Rev Med Interne 2005 ; 26 : 938-46.

Page 46: Avitaminose B12 en Neurologie

EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

• Le dosage de l’holotranscobalamine II, fraction active de la vitamine B12,

suivi de celui de l’acide méthyle-malonique seraient, pour certains

auteurs, les index les plus précoces et sensibles d’une carence en

vitamine B12.

Page 47: Avitaminose B12 en Neurologie

EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

• Contrairement aux idées reçues, un dosage sérique normal de vitamine B12n’élimine pas une carence cellulaire. En effet, 54 % des patients carencés enB12 car répondeurs cliniquement et biologiquement a` la substitution en B12ont un dosage préthérapeutique en B12 normal [*].

• Les métabolites cellulaires de la B12, l’homocystéinémie et l’acide méthyl-malonique sérique peuvent aussi être pris à défaut car ils sont normaux dansrespectivement 50 et 25 % des cas [*].

• Ainsi, si l’on se limite aux marqueurs biologiques, 63 % des patientsrépondeurs ne seraient pas traités [*]

* : Solomon LR. Cobalamin-responsive disorders in the ambulatory care setting: unreliability of cobalamin, methylmalonic acid, and

homocysteine testing. Blood 2005;105(3):978–85.

Page 48: Avitaminose B12 en Neurologie

ETIOLOGIES

Page 49: Avitaminose B12 en Neurologie

ETIOLOGIES

Figure 2

Page 50: Avitaminose B12 en Neurologie

ETIOLOGIES :

1- CARENCE D’APPORT EN VIT B12

La carence d’apport ou nutritionnelle est rare chez l’adulte bien portant.

• régime d’exclusion stricte de type végétarien

• chez des sujets déjà dénutris

• les personnes âgées.

La supplémentation en vitamine C a été rapportée comme susceptible

d’induire un déficit en cobalamine par inactivation de celle-ci.

Page 51: Avitaminose B12 en Neurologie

ETIOLOGIES :

2- MAL ABSORPTION DE LA VIT. B12

Chez l’adulte, les gastrectomies ainsi que les résections

chirurgicales du grêle terminal sont des étiologies classiques mais

finalement rares de malabsorption de la B12.

Parmi les autres causes de malabsorption des cobalamines, plus rarement

rencontrées citons : La maladie de Crohn, les lymphomes, la tuberculose,

l’amylose, la sclérodermie... voire la maladie cœliaque ; la prise de

colchicine ou de cholestyramine.

Page 52: Avitaminose B12 en Neurologie

ETIOLOGIES :

2- MAL ABSORPTION DE LA VIT. B12

Actuellement, l’étiologie la plus fréquente est représentée probablement

par les déficits de la fonction exocrine du pancréas suite à une

pancréatite chronique (habituellement alcoolique) ou à une

pancréatectomie.

Page 53: Avitaminose B12 en Neurologie

ETIOLOGIES :

3- MALADIE DE BIERMER

Sur le plan clinique, l’une des particularités de la maladie de Biermer est

d’être associée à de nombreux désordres auto-immuns:

vitiligo,

dysthyroïdies,

maladie d’Addison,

syndrome de Sjögren...

D’exceptionnelles associations avec des hépatites chroniques C (traitées

par interféron alpha),

des déficits immunitaires communs variables ont également été

rapportées.

Page 54: Avitaminose B12 en Neurologie

• La recherche des AC anti facteur intrinsèque : sensibilité 50 %, spécificité > 98 %.

• La recherche des AC anti cellules pariétales gastriques : moins spécifiques (50 %), mais plus sensibles (> 90 %).

• Le test de Schilling ou le chimisme gastrique : Ne sont plus préconisés pour le diagnostic de maladie de Biermer, l’intérêt du myélogramme reste discuté.

• La fibroscopie gastrique : Demeure indiquée une fois le diagnostic établi. Elle sert d’examen de référence pour le suivi systématique ultérieur, étant donne la possible complication avec une néoplasie.

ETIOLOGIES :

3- MALADIE DE BIERMER ; Examens de Diagnostic

Page 55: Avitaminose B12 en Neurologie

• Le LCR est en règle normal.

• Les potentiels évoqués somesthésiques montrent un allongement

du temps de conduction centrale au niveau médullaire, en particulier

cervical.

• L’électromyogramme est altéré en cas d’atteinte périphérique

associée à l’atteinte centrale.

ETIOLOGIES :

3- MALADIE DE BIERMER ; Examens de Diagnostic

Page 56: Avitaminose B12 en Neurologie

• L’imagerie du neuro-Biermer n’est pas spécifique.

• Les images typiques de sclérose combinée de la moelle associent un

élargissement du cordon médullaire et un hyper signal T2 étagé des

cordons postérieurs le plus souvent cervical et de forme longitudinale

et plus rarement multifocal.

• L’existence d’une prise de contraste est possible.

ETIOLOGIES :

3- MALADIE DE BIERMER ; Imagerie

Page 57: Avitaminose B12 en Neurologie

• Les signes IRM de sclérose combinée de la moelle peuvent manquer

dans certains cas au début de la maladie.

• L’IRM cérébrale dans les cas de neuro-Biermer associe a une démence

peut montrer, des images de leuco encéphalopathie diffuse, toutefois

totalement aspécifiques

ETIOLOGIES :

3- MALADIE DE BIERMER ; Imagerie

Page 58: Avitaminose B12 en Neurologie

A. Rimbot, R. Juglard, E. Stéphant, C. Bernard, F. Aczel, B. Talarmin, H. Paoletti, C. Artéaga; Sclérose combinée médullaire : apport de l’IRM.

Journal de Radiologie, Volume 85, Issue 3, Pages 271-343 (March 2004) Pages 326-328

MALADIE DE BIERMER ; Imagerie

Page 59: Avitaminose B12 en Neurologie

A. Rimbot, R. Juglard, E. Stéphant, C. Bernard, F. Aczel, B. Talarmin, H. Paoletti, C. Artéaga; Sclérose combinée médullaire : apport de l’IRM.

Journal de Radiologie, Volume 85, Issue 3, Pages 271-343 (March 2004) Pages 326-328

MALADIE DE BIERMER ; Imagerie

Page 60: Avitaminose B12 en Neurologie

ETIOLOGIES :

4- SNDB12PP (60%)

1-Syndrome de non-dissociation de la vitamine B12 de ses

protéines porteuses « food cobalamine malabsorption » :

Caractérisé par une incapacité à libérer la B12 des protéines alimentaires

et/ou des protéines intestinales de transport, notamment en cas

d’hypochlorhydrie alors que l’absorption de la B12 « non liée » est normale.

Page 61: Avitaminose B12 en Neurologie

ETIOLOGIES :

4- SNDB12PP, CARACTÉRISTIQUES [1]

1. * Concentration sérique de vitamine B12 < 200 pg/Ml

2. * Test de Schilling standard (avec de la cyanocobalamine libre marquée au cobalt-58) normal ou test de Schilling « modifié » (utilisant de la vitamine B12 radioactive liée à des protéines alimentaires) anormal

3. * Pas de carence nutritionnelle en vitamine B12 (apport > 2 μg par jour)

4. Existence d’un facteur prédisposant à la carence en vitamine B12 :

• gastrite atrophique, infection chronique à Helicobacter pylori, gastrectomie, by-pass gastrique ;

• insuffisance pancréatique exocrine (éthylisme...) ;

• éthylisme chronique ;

• prise d’anti-acides (antihistaminiques 2 ou inhibiteurs de la pompe à protons) ou de biguanides (metformine) ;

• pullulation microbienne, sida ;

• Sjögren, sclérodermie ;

• « Idiopathique » : lié à l’âge ou au déficit congénital homozygote en haptocorrine.

* Présence nécessaire.1: Andrès E, Perrin AE, Demangeat C, et al.The syndrome of food-cobalamin malabsorption revisited in a department of internal medecin.A monocentriccohort study of 80 patients. Eur J Intern Med 2003;14:221-6.

Page 62: Avitaminose B12 en Neurologie

ETIOLOGIES :

4- SNDB12PP, CAUSES [1]

Tableau 2

Page 63: Avitaminose B12 en Neurologie

ETIOLOGIES :

5- LES CAUSES TOXIQUES :

Le protoxyde d’azote utilisé en anesthésie est un agent oxydant

puissant qui oxyde de façon irréversible l’atome de cobalt de la vitamine

B12, ce qui rend la méthyl-cobalamine inactive.

La conversion de l’homocystéine en méthionine est ainsi inhibée.

Chez les patients avec une réserve limite de vitamine B12, une brève

exposition au protoxyde d’azote est suffisante pour déclencher

l’apparition d’une carence en vitamine B12.

Page 64: Avitaminose B12 en Neurologie

ETIOLOGIES :

6- MALADIES HÉRÉDITAIRES DU MÉTABOLISME DE LA VIT B12 :

Déficit en FI dans le cadre de formes juvéniles et familiales de la maladie

de Biermer.

Déficit en cubiline comme dans la maladie d’Imerslund-Gräsbeck de

transmission AR, s’accompagne d’un défaut sélectif de l’absorption de la

B12 et d’une protéinurie tubulaire par défaut d’expression du récepteur

(cubuline) et d’un cofacteur produit du gène AMN à la surface de

l’entérocyte et du tubule rénal par anomalie de structure.

Page 65: Avitaminose B12 en Neurologie

ETIOLOGIES :

6- MALADIES HÉRÉDITAIRES DU MÉTABOLISME DE LA VIT B12 :

Déficit en transcobalamine II lié à l’absence d’ARNm et de la

protéine (le gène étant normal).

Exceptionnellement des déficits en enzymes intracellulaires

participant à la biosynthèse des formes actives des cobalamines :

adénosyl- et méthyl-cobalamine.

Notons que ces déficits sont de révélation néonatale et ne concernent

habituellement pas les adultes.

Page 66: Avitaminose B12 en Neurologie

Andrés et al. 2004, 2005 et 2007

Page 67: Avitaminose B12 en Neurologie

DGC DIFFÉRENTIELS :

Devant un tel tableau clinique et des hyper signaux en T2 postéro-

médullaire on évoque:

une SEP a expression clinique purement médullaire

une neuro-myélite optique de Devic

une myélite infectieuse

une CML ?

Page 68: Avitaminose B12 en Neurologie

TRAITEMENT:

A l’heure actuelle, il n’existe aucune recommandation concernant les

modalités de traitement des complications neurologiques par carence en

B12.

Deux mille microgrammes par voie orale sont aussi efficaces qu’un

microgramme par voie intramusculaire, meme dans la maladie de

Biermer [1].

La majorité des patients répondent dans les 3 mois de substitution par

voie orale [2], le risque de séquelles dépendant du délai d’introduction de

la vitaminothérapie.

1: Vidal-Alaball et al. Oral vitamin B12 versus intramuscular vitamin B12 for vitamin B12 deficiency. Cochrane Database Syst Rev 2005;3:CD004655.

2: J. Franques, S. Gazzola ; Neuropathies métaboliques et carentielles : mise au point sur le diabète, les carences en vitamine B12 et les carences en cuivre. Rev,

neurol. 169 (2013) 991–996

Page 69: Avitaminose B12 en Neurologie

TRAITEMENT:

Page 70: Avitaminose B12 en Neurologie

TRAITEMENT:

Page 71: Avitaminose B12 en Neurologie

ÉVOLUTION : sur le plan clinique

Si diagnostic précoce, le TRT: disparition complète des troubles.

Si non, l’aggravation se poursuit de façon plus ou moins régulière vers un

tableau de paraplégie flasque avec troubles sphinctériens et atteinte grave

des divers modes de sensibilité.

Page 72: Avitaminose B12 en Neurologie

ÉVOLUTION : sur le plan clinique

Généralement, les troubles nerveux commencent à régresser après une

semaine de traitement.

L’amélioration est optimale après 2 à 3 mois. Parfois, l’état de certains

patients s’améliore jusqu’à 12 mois, voire 3 ans.

En cas d’anémie associée au syndrome neurologique, la récupération

nerveuse est moins bonne.

Page 73: Avitaminose B12 en Neurologie

ÉVOLUTION : sur le plan radiologique

La réversibilité complète des images est corrélée à une guérison sans

séquelle.

Cependant au stade trop tardif de dégénérescence axonale et de gliose,

les lésions sont irréversibles : il persiste alors des anomalies en imagerie

et des séquelles neurologiques.

Page 74: Avitaminose B12 en Neurologie

TSE T2: SCM avant TRT TSE T2: SCM avant TRT/ Vit B12

Page 75: Avitaminose B12 en Neurologie

CONCLUSION :

Les troubles neurologiques par carence en vitamine B12 sont

polymorphes et peuvent survenir en dehors de tout contexte

hématologique.

De ce fait et indépendamment de l’étiologie, le dosage de la vitamine

B12, mais aussi des marqueurs précoces comme l’homocysteine et

l’acide méthyle-malonique doivent être systématiques, voire répètes

devant tout signe clinique compatible, ce malgré l’absence d’anémie ou

de macocytose.

Page 76: Avitaminose B12 en Neurologie

CONCLUSION :

Cette recherche doit d’autant plus être motivée lorsque l’ordonnance

des patients mentionne une substitution en folates sans substitution en

vitamine B12 car responsable alors d’un piège folique. En effet, le retard

diagnostique et ainsi de substitution vitaminique est le principal facteur

pronostique de cette maladie « bénigne » dont la prévalence est

probablement sous-estimée.

Page 77: Avitaminose B12 en Neurologie

اًشكر