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Intervention sociale en santé mentale Énoncé de position OTSTCFQ - 7-10-2013

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AUTEURS

Marie-Lyne Roc, T.S., M.Sc., chargée d’affaires professionnelles, OTSTCFQ

Alain Hébert, T.S., M.Sc., chargé d’affaires professionnelles, OTSTCFQ

SOUTIEN À LA RECHERCHE

Geneviève Cloutier, T.S., Ph. D., courtière de connaissances, OTSTCFQ

COLLABORATION SPÉCIALE

M. Henri Dorvil, T.S., Ph. D., professeur au Département de travail social de l’UQAM

Outre les professionnels de la permanence de l’OTSTCFQ, ont lu et commenté une

version préliminaire de ce texte :

Christine Archambault, T.S, CSSS du Sud-Ouest―Verdun

Florence Déplanche, M. Sc., Institut national de santé publique du Québec

Linda Fortier, T.S., Institut universitaire de santé mentale de Montréal

Claudia Lévesque, T.S., Institut universitaire de santé mentale de Québec

Dominic Melasco, T.S., CSSS de la Montagne

Chantal Normand, T.S., CSSS de la Montagne

Paul Morin, Ph. D., professeur au Département de service social de l’Université de Sherbrooke

Martin Robert, T.S., CSSS de Memphrémagog

Éric Vaillancourt, T.S., CSSS Champlain―Charles-Le Moyne

MISE EN PAGE :

Isabelle Tessier, secrétaire, direction des communications, OTSTCFQ, stagiaire-technicienne,

Bureautique, Microédition et Hypermédia, Collège de Rosemont

RÉVISION ET PRODUCTION :

Direction des communications, OTSTCFQ

DÉPÔT LÉGAL

ISBN 978-2-920215-44-3 (Imprimé)

ISBN 978-2-920215-45-0 (PDF)

Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2013

Bibliothèque et Archives Canada, 2013

L’énoncé de position : L’intervention sociale individuelle en santé mentale dans une perspective

professionnelle, a été adopté par le Conseil d’administration de l’OTSTCFQ, le 4 octobre 2013.

NOTA : Dans ce texte, le genre masculin désigne aussi bien les femmes que les hommes.

L’utilisation du pluriel comprend le singulier, le cas échéant.

Ce document a été rendu public dans le cadre du Symposium Santé mentale et

intervention sociale de l’OTSTCFQ, le 7 octobre 2013.

La reproduction en tout ou en partie du contenu de ce document est permise à la condition d’en

mentionner clairement la source. Ce document est soumis à la politique de réduction d’empreinte

écologique de l’Ordre, voulant que tous les documents soient d’abord et avant tout accessibles

sur notre site Internet (www.otstcfq.org) et qu’un nombre minimal de copies soit imprimé.

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AVANT-PROPOS .............................................................................................................. 1

CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES ............................................................................................ 2

Mise en contexte ..................................................................................................... 2

Les problèmes de santé mentale et les troubles mentaux .............................. 5

DÉFINITION ET ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS ...................................................................... 7

Définition de l’intervention sociale individuelle en santé mentale ............ 7

La personne ............................................................................................................. 7

L’environnement .................................................................................................... 8

La souffrance et la détresse au plan personnel et social ................................. 9

Des actions professionnelles qui ciblent à la fois la personne et

son environnement .............................................................................................. 10

L’accompagnement .................................................................................................. 10

Le soutien ................................................................................................................... 11

La défense de droits et la représentation (advocacy) ............................................ 12

La mobilisation de ressources personnelles et de ressources sociales .............. 12

La portée souhaitée et la finalité de l’intervention sociale .......................... 13

ÉLÉMENTS EXPLICATIFS ......................................................................................................... 15

Une intervention fondée sur une évaluation initiale rigoureuse du

fonctionnement social ......................................................................................... 15

L’histoire sociale ....................................................................................................... 16

Une démarche fondée sur les principes d’empowerment et

de rétablissement ................................................................................................. 17

L’empowerment ........................................................................................................... 18

Le rétablissement ...................................................................................................... 18

Une intervention qui intègre les déterminants sociaux de la santé ........... 19

ÉLÉMENTS COMPLÉMENTAIRES ......................................................................................... 23

Les théories et les approches de référence ...................................................... 23

Des outils cliniques en lien avec la personne et son environnement ........ 24

Les dispositifs et les paramètres de l’intervention sociale........................... 25

MESSAGES CLÉS ............................................................................................................ 27

Notes ................................................................................................................................... 29

Références bibliographiques ......................................................................................... 30

Bibliographie complémentaire ...................................................................................... 36

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Le présent document est rédigé sous la forme d’un énoncé de position. Il ne s’agit

ni d’un traité académique, ni d’un guide de pratique, ni de lignes directrices ou

encore de normes de pratique professionnelle. Ainsi, il ne cherche pas à

déterminer la conduite professionnelle à adopter par les travailleurs sociaux au

plan méthodologique.

Ce document expose plutôt la position de l’Ordre des travailleurs sociaux et des

thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec (OTSTCFQ) au sujet de

l’intervention sociale individuelle1 en santé mentale. Cet énoncé s’appuie sur la

littérature et les données de la recherche.

Cet énoncé de position est publié en réponse aux questions qui se posent dans les

milieux de pratique au sujet de la nature et de la contribution de l’intervention

clinique des travailleurs sociaux en santé mentale dans le contexte actuel. Il vise

également à alimenter la réflexion quant à l’importance d’agir sur les déterminants

sociaux pour améliorer la santé mentale des personnes.

Afin d’être bien compris, ce document doit être lu dans son ensemble. Nous

souhaitons que les repères qu’il propose puissent à la fois soutenir les travailleurs

sociaux et inspirer les décideurs afin de leur permettre de contribuer à leur juste

valeur, par leur expertise et leurs compétences, à l’amélioration de la santé mentale

de la population du Québec.

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Dans son rapport de 2010, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estimait que

450 millions de personnes étaient atteintes de troubles mentaux à travers le monde.

Ce chiffre ne serait que la pointe de l’iceberg considérant la stigmatisation associée

aux troubles mentaux et le manque de services adéquats qui contribuent à sous-

estimer la prévalence de ces troubles dans une majorité de pays (CSBE, 2012). Au

Canada, une personne sur cinq est aux prises avec une maladie mentale chaque

année alors qu’au Québec c’est près d’une personne sur quatre qui est susceptible

de souffrir d’un problème de santé mentale au cours de sa vie (CSMC, 2012; ISQ,

2010). La prévalence des problèmes de santé mentale associée aux impacts de ces

problèmes pour les individus et les communautés font de la santé mentale un

champ de préoccupation de l’heure.

Depuis toujours, les travailleurs sociaux œuvrent dans le champ de la santé

mentale, que ce soit à travers les réseaux institutionnels, les milieux

communautaires ou encore le secteur privé. Des transformations majeures

marquent cependant le contexte de pratique du travailleur social dans le domaine

de la santé mentale depuis la réforme survenue dans le réseau de la santé et des

services sociaux, en 2003-2004, et la publication du Plan d’action en santé mentale

2005-2010 La force des liens. Pensons notamment à l’organisation des services qui

s’articule de plus en plus autour d’interventions ayant démontré leur efficacité sur

la base des données probantes, aux normes d’efficience et de productivité

auxquelles souhaitent répondre les organisations sous la gouverne de la nouvelle

gestion publique et à la redéfinition du champ d’exercice de la profession de

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travailleur social et des autres disciplines dans le domaine de la santé mentale et

des relations humaines, ainsi que la réglementation de la psychothérapie issues du

projet de loi 21.

Largement documenté ces dernières années, le construit social autour des logiques

de performance, de productivité, d’autonomie et d’épanouissement sur lequel se

fonde l’analyse des problèmes de santé mentale favorise des interventions

psychologisantes, axées sur la symptomatologie (De Gaulejac, 2010; Moreau, 2011;

Otero, 2012 et 2007). Ces interventions responsabilisent l’individu d’abord tant

dans l’explication que dans la réponse à donner à ses difficultés et ce, au détriment

des interventions qui ciblent les déterminants sociaux tels que le revenu, le statut

social, le niveau de scolarité, l’environnement physique, les conditions de

logement et de travail et les réseaux de soutien social et personnel.

Or, la recherche actuelle met en évidence le rôle crucial des inégalités sociales et

des déterminants sociaux sur la santé. Une association étroite entre le statut socio-

économique et la santé a été établie au regard de plusieurs facteurs dans toutes les

sociétés où elle a été examinée, suivant ce qu’on appelle le gradient de la santé

(Dorvil, 2007) et la santé mentale ne fait pas exception. Il s’agit d’une donnée

probante : les personnes vivant dans des conditions désavantageuses au plan

social et économique sont plus susceptibles de vivre des problèmes de santé

mentale. D’ailleurs, l’important rapport de la Commission des déterminants

sociaux de la santé de l’Organisation mondiale de la santé (2009) fait un appel

pressant pour une action à l’échelle locale et internationale en vue d’agir sur les

déterminants sociaux dans une perspective de réduction des inégalités.

Cet appel à agir sur les inégalités sociales pour améliorer la santé mentale des

personnes et des collectivités rejoint le travail social non seulement dans ses

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fondements historiques, mais également dans ses grands courants actuels,

notamment au plan international2. Comme profession, le travail social s’est

développé en grande partie en réaction aux inégalités sociales et à leurs impacts

sur la vie, la santé et le quotidien des personnes, tant au plan individuel que

collectif. Témoins au quotidien des répercussions réelles qu’ont les conditions de

vie des personnes sur leur qualité de vie, plus particulièrement sur leur santé

physique et mentale, les travailleurs sociaux ont développé tout un savoir pour

intervenir à la jonction des personnes et de leur environnement et pour prendre en

compte leur réalité subjective, leur contexte et leurs conditions de vie, leurs rôles

sociaux et leur réseau, dans une perspective de rétablissement, de pouvoir d’agir,

de pleine citoyenneté et de justice sociale.

Considérant toute l’expertise développée en travail social dans le domaine de la

santé et de la santé mentale et l’état des connaissances concernant les déterminants

sociaux de la santé, les grandes associations et regroupements en travail social font

actuellement valoir publiquement la légitimité, voire la responsabilité des

travailleurs sociaux de demeurer engagés dans la lutte aux inégalités sociales à

travers leur pratique professionnelle3 (Clark, 2013). Plus précisément, ils rappellent

l’importance et le devoir de poser des actions à l’échelle macrosociale et

microsociale dans le but de renforcer à la fois les communautés et les individus qui

la composent (Hudson, 2012). Ceci implique d’agir tant au niveau des structures,

des politiques sociales et du développement des communautés par l’intervention

collective qu’en ce qui concerne le soutien des personnes dans le développement

de leurs compétences et de leurs ressources personnelles à travers l’intervention

sociale individuelle et de groupe (Bywaters, McLeod & Napier, 2009; FITS, 2012;

Rosenberg, 2008).

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À ce jour, au Québec, le traitement des problèmes de santé mentale est

essentiellement abordé dans une perspective biomédicale et psychologique. Les

déterminants sociaux de la santé sont souvent considérés comme étant

uniquement du ressort de l’action communautaire, de la santé publique et des

politiques sociales. L’OTSTCFQ estime qu’il est grand temps d’intégrer la prise en

compte des déterminants sociaux, non seulement dans la lecture et l’analyse des

problèmes de santé mentale, mais également dans leur traitement. L’intervention

sociale individuelle constitue une contribution essentielle en ce sens.

L’OMS (2010) définit la santé mentale comme « un état de bien-être dans lequel la

personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un

travail productif et fructueux et contribuer à la vie de sa communauté ». Dans cette

définition, la santé mentale est plus que l’absence de troubles ou de handicaps

mentaux. Elle est le fondement du bien-être d’un individu et du bon

fonctionnement d’une communauté. La Fédération internationale des travailleurs

sociaux, une organisation qui constitue une référence d’envergure mondiale pour

la discipline du travail social, abonde dans le même sens en rappelant que cette

compréhension de la santé mentale est en parfaite concordance avec le travail

social (FITS, 2012).

Ainsi, pour agir sur la santé mentale des personnes et des populations, il importe

non seulement d’agir sur les déterminants physiques, physiologiques et

psychologiques, mais également sur les déterminants sociaux de la santé,

c’est-à-dire, les facteurs qui configurent la santé tels que le statut social, le revenu,

les conditions de vie et de travail, le réseau familial et social ainsi que le

soutien communautaire.

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Dans cet esprit, la santé mentale des personnes est aussi une réalité éminemment

sociale qui se doit d’être comprise et traitée en considération de l’environnement

(immédiat et sociétal) dans lequel elle s’inscrit, s’installe, existe et persiste. La prise

en compte de cet environnement est fondamentale pour saisir le sens que la

personne et son milieu donnent aux diagnostics, aux manifestations du trouble

mental ainsi qu’à leurs conséquences. L’aide offerte aux personnes aux prises avec

un ou des problèmes de santé mentale ou atteintes de troubles mentaux doit donc

également impliquer des actions sur les facteurs environnementaux et sociétaux

sous l’angle de leur interaction dynamique avec et sur les personnes.

L’intervention sociale individuelle agit sur le rapport dynamique entre la personne

et l’environnement au-delà du diagnostic, des symptômes, des déficits de la

personne. En raison du sens social donné aux difficultés éprouvées par la personne

aux prises avec un problème de santé mentale ou au trouble mental sur lequel elle

se fonde, l’intervention sociale directe auprès des personnes implique un ensemble

d’actions, de rôles et d’activités dont la portée se veut aussi collective même si

l’intervention comme telle se fait auprès de la personne et de son

réseau principalement.

Pour l’Ordre, en fonction de sa nature et de ses visées, l’intervention sociale

individuelle telle que l’entendent les travailleurs sociaux, doit être considérée

parmi les pratiques essentielles en matière de santé mentale et ce, non seulement

dans une perspective de traitement, mais également de promotion et

de prévention.

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L’OTSTCFQ définit l’intervention sociale individuelle en santé mentale comme suit.

L’intervention sociale individuelle en santé mentale est une réponse d’aide

professionnelle pour une personne dont les difficultés associées à son état de santé

mentale ou au trouble mental qui lui a été attesté, entraîne une souffrance ou une

détresse au plan personnel et social. Cette réponse se fonde sur une alliance

collaborative et comprend une combinaison stratégique et structurée d’actions

professionnelles qui ciblent à la fois la personne et son environnement dans une

perspective d’interaction dynamique entre les deux. Elle implique

l’accompagnement, le soutien, la défense de droits, la représentation et la

mobilisation de ressources personnelles et de ressources sociales. Elle a pour but

d’apporter des changements significatifs pour la personne au plan personnel,

interactionnel, environnemental.

Cette définition s’inscrit dans le paradigme de la profession de travailleur social,

laquelle évalue et intervient dans une perspective d’interaction entre la personne

et son environnement, en intégrant une réflexion critique des aspects sociaux qui

influencent les situations et les problèmes vécus par la personne4.

La personne est vue avant tout comme un acteur social qui doit nécessairement

être considéré dans son contexte de vie et abordé par ses relations

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interpersonnelles et sociales. De ce point de vue, la situation d’une personne aux

prises avec un problème de santé mentale est appréhendée en prenant en

considération ses rapports sociaux en regard de son statut social et économique,

son groupe ethnique, son sexe, ses appartenances religieuses, culturelles, ses

handicaps ainsi que des normativités sociales dans une perspective d’inégalité, de

stigmatisation, d’oppression et d’exclusion sociales.

La personne est considérée capable de changer, d’évoluer selon ses besoins et ses

aspirations. Elle est aussi considérée capable d’influencer et d’agir sur son

environnement en lien avec ses droits fondamentaux. Dans cet esprit, le regard

porté sur la personne aux prises avec un problème de santé mentale se veut global

et s’attarde à ses besoins, ses aspirations, ses compétences, ses habiletés et ses

connaissances, au-delà du diagnostic et des symptômes associés. Le rétablissement

de la personne n’est donc pas vu comme une fin en soi, ni comme un objectif

absolu à atteindre, mais plutôt comme un processus unique et propre à chaque

personne qui le définit, lui donne un sens et l’articule selon ses forces, son

potentiel et ses ambitions (OTSTCFQ, 2011a).

Il concerne à la fois l’environnement qui a une influence sur la vie quotidienne de

la personne (environnement immédiat) et le contexte social dans lequel elle évolue

(environnement sociétal). L’environnement immédiat réfère aux interrelations

entre la personne et les différents acteurs présents dans son milieu de vie (réseau

familial et social), ses conditions de vie et matérielles, les caractéristiques de son

milieu ainsi que les ressources formelles. L’environnement sociétal réfère aux

normativités sociales, aux politiques sociales et économiques, dont les mesures de

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protection sociale de la société en général et de la communauté d’appartenance de

la personne en particulier (OTSTCFQ, 2011b).

L’environnement, à la fois immédiat et sociétal, est considéré comme fondamental

dans l’analyse des situations vécues par les personnes au plan individuel. Cet

environnement influence la personne dans ses rapports avec la société, ses

relations interpersonnelles ainsi que son rapport avec elle-même. Il influence

également ses conditions de vie, son état de santé ainsi que son état de santé

mentale. Il est abordé autant dans ses dimensions de protection, de soutien et de

sécurité pour la personne que dans ses dimensions de risque, de stigmatisation,

d’oppression, d’aliénation et d’exclusion au plan personnel et social.

La souffrance et la détresse sont ici considérées d’une part à travers une lecture

intrapersonnelle, en prenant en compte les sentiments, les affects et l’état physique

et émotionnel de la personne. D’autre part, elles sont appréhendées à travers une

lecture interactionniste et sociale qui prend en compte les composantes morales et

normatives de l’environnement dans lequel la personne évolue ainsi que de leur

impact au plan personnel, relationnel et social, notamment en terme de préjugés et

de stigmatisation.

Il est en effet reconnu que les préjugés à l’égard des troubles mentaux constituent

un stress environnemental qui affecte lourdement l’estime de soi, la santé et la

réinsertion sociale des personnes diagnostiquées (Dorvil, 2010). À l’instar des

usagers en santé mentale, Dorvil (2007) souligne que tout le problème de la

stigmatisation réside dans la confusion entre « avoir un trouble mental » et « être

un malade mental ». Cette stigmatisation discrimine les personnes, les exclut de

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plusieurs sphères de nos sociétés telles que les services de santé, le logement et le

travail. Elle engendre aussi très souvent une perte de dignité et un retrait de

participation à la société de la part des personnes, en raison de leur regard sur

elles-mêmes. Dans le domaine de la santé mentale, la stigmatisation constitue

clairement une forme spécifique d’inégalité sociale (Dorvil, 2010 et 2009).

L’intervention sociale en santé mentale est une réponse d’aide professionnelle qui

se fonde sur une alliance collaborative5. Elle se décline sous différentes actions

dans une perspective interactionniste et constructiviste. En effet, d’une part, ces

actions ciblent à la fois la personne, son environnement et leur dynamique

interactionnelle. D’autre part, elles sont privilégiées, choisies et déployées à partir

du caractère unique de chaque personne et de chaque situation avec la

participation des acteurs sociaux concernés. La portée de ces actions se veut à la

fois sur la personne et sur la collectivité dans une perspective d’amélioration de

conditions de vie, de développement social et de lutte à la stigmatisation.

Selon le paradigme de la profession de travailleur social, l’accompagnement revêt

différents sens. D’abord, l’accompagnement renvoie à la notion « d’aller avec »

(OTSTCFQ, 2012a). Dans le domaine de la santé mentale, cet accompagnement

peut prendre la forme de visiter avec la personne une ressource d’hébergement, de

se déplacer avec elle pour une démarche de demande d’aide auprès d’une instance

gouvernementale ou encore de se présenter avec elle devant un tribunal.

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L’accompagnement renvoie aussi à la notion de fournir des conseils personnalisés

dans une perspective de développement d’aptitudes et de compétences dans le but

de trouver un mieux-être et des solutions à des difficultés. À cet égard,

l’accompagnement peut prendre ici la forme de rencontres sous diverses modalités

(face à face, entretiens téléphoniques ou virtuels, etc.) de façon régulière ou

ponctuelle à travers lesquelles le travailleur social écoute, reçoit, accueille la

détresse et la souffrance de la personne, lui prodigue des conseils et lui fait des

recommandations. Enfin, dans l’intervention sociale contemporaine,

l’accompagnement réfère souvent au fait d’aider la personne à élaborer et mettre

en action son projet de vie (Astier, 2013).

Le soutien revêt également plusieurs sens et s’articule autour de différents

moyens. Il renvoie non seulement à la notion d’appuyer, de supporter,

d’encourager, d’épauler, mais également à la notion de renforcer, de promouvoir

et de favoriser. Dans un contexte d’intervention sociale en santé mentale, le soutien

peut se déployer auprès de la personne par un accueil, une écoute, une

réassurance, des conseils et de l’information dans le cadre d’entretiens individuels

afin de renforcer sa capacité à utiliser ses ressources personnelles et celles de la

communauté pour résoudre ses problèmes (ACTS, 2009). Le soutien peut

également impliquer d’appuyer une démarche, une demande d’accès à une

ressource ou un service, d’encourager des stratégies déployées par la personne ou

par son environnement pour résoudre des problèmes ou faire face à la situation.

Le soutien peut se faire tant auprès de la personne directement, qu’auprès de son

environnement et des acteurs qui le composent, dont sa famille et ses proches,

dans une visée du mieux-être de la personne dans et avec son environnement.

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S’inscrivant dans la finalité même de la profession de travailleur social, laquelle est

de favoriser et de renforcer le pouvoir d’agir des personnes dans leurs relations

interpersonnelles, l’accomplissement de leurs rôles sociaux et l’exercice de leurs

droits individuels et sociaux, la défense de droits et la représentation constituent

une part importante, voire essentielle de l’intervention sociale. Connues également

par l’expression advocacy, ces deux actions renvoient à la notion d’intercession avec

la personne, ou en son nom, pour défendre ses droits, faire valoir ses intérêts ou

promouvoir sa cause auprès de l’environnement tant immédiat que sociétal.

En contexte d’intervention dans le domaine de la santé mentale, la défense de

droits et la représentation impliquent notamment de lutter avec la personne, ou en

son nom, pour défendre son droit à une ressource, à une aide financière ou à un

programme social en particulier; faire valoir avec la personne, ou en son nom, ses

volontés par rapport à son traitement, la gestion de sa médication auprès de

l’équipe soignante et auprès de sa famille (Peterson, 2012; Regehr & Glancy, 2010;

Rodriguez del Barrio & Poirel, 2007). La défense de droits et la représentation

peuvent donc prendre différentes formes et s’articulent autour de moyens variés

selon la personne et la situation, allant de la sensibilisation et l’éducation à

l’implication dans des démarches administratives pouvant porter sur la

modification de procédures d’attribution d’un service ou la mise en place de

services ou ressources adaptés aux besoins de la personne (Bilodeau, 2005).

Fondées sur les valeurs et les principes de la profession de travailleur social, ces

deux actions sont au cœur de l’intervention sociale. Elles consistent d’une part à

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miser et à utiliser les ressources personnelles et sociales en répertoriant avec la

personne aidée celles qui existent, celles qui peuvent être offertes, celles qui

peuvent être obtenues ou celles qui doivent être créées. Ces actions doivent être

considérées ici dans une perspective interactionniste ou, tant la personne que son

environnement, dans toutes les dimensions qui les constituent et les influencent

sont pris en considération et mis à contribution dans une visée de mieux-être

psychologique et social pour la personne et de développement social pour

l’ensemble de la société. En contexte d’intervention en santé mentale, cela implique

notamment de miser sur les habiletés, les compétences, les connaissances, les

aspirations de la personne, ses relations significatives, les services disponibles dans

sa communauté comme leviers et ancrages dans son processus de rétablissement.

Cela consiste aussi à saisir des occasions dans la communauté dans le but de

contrer la stigmatisation, d’améliorer les conditions de vie de la personne en ayant

recours par exemple à des programmes d’insertion et réinsertion sur le marché du

travail, des programmes d’intégration ou de réintégration scolaire et professionnel

pertinents.

L’intervention sociale en santé mentale a pour but d’apporter des changements

significatifs pour la personne au plan personnel, relationnel, environnemental. Ces

changements s’inscrivent dans une démarche planifiée et sont définis

conjointement entre la personne et le travailleur social. Ils peuvent être de l’ordre

de modifications dans les croyances de la personne, dans ses perceptions, ses

comportements, dans sa façon d’être avec les autres et d’interagir avec son

environnement. Par ailleurs, les actions posées dans le processus de l’intervention

sociale peuvent également modifier des éléments dans l’environnement de la

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personne dans le but d’un mieux-être pour elle et d’un mieux vivre ensemble au

plan social. Ces changements peuvent être de l’ordre des perceptions, des attitudes

et du comportement de la part de l’environnement par rapport à la personne, ou

encore dans les structures et politiques en lien avec ses besoins. Ces changements

visent ultimement à réduire, voire faire disparaître la détresse émotionnelle et la

souffrance sociale qu’entraînent les difficultés associées aux problèmes de santé

mentale que vit une personne. À cet égard, la portée de l’intervention se veut

clairement thérapeutique.

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L’évaluation du fonctionnement social constitue un préalable incontournable pour

déterminer la pertinence d’entreprendre une intervention sociale. En effet, ni le

diagnostic, ni les symptômes associés au trouble mental ou au problème de santé

mentale ne justifient à eux seuls la nécessité ou encore la pertinence

d’entreprendre une intervention sociale. Ce sont surtout les difficultés, les

obstacles ou toutes autres conditions associées à l’état de santé mentale qui

entraînent, maintiennent ou exacerbent la vulnérabilité, la souffrance sociale ou la

détresse émotionnelle de l’individu, au plan personnel et social, qui légitiment

l’intervention sociale.

L’évaluation du fonctionnement social consiste en une analyse contextuelle de la

situation sociale de la personne dans une perspective d’interaction dynamique

entre elle et son environnement. Elle intègre également une réflexion critique des

aspects sociaux qui influencent la situation de la personne et les problèmes qu’elle

rencontre en accordant une attention particulière aux questions de préjudice, de

stigmatisation, de discrimination, d’exclusion et d’oppression ainsi qu’aux

inégalités sociales et économiques (Thornicroft, 2006). Elle conduit à porter un

jugement professionnel éclairé et crédible sur la nature des rapports entre les

personnes et leurs contextes de vie ainsi que sur leurs conséquences en termes

d’obstacles, de limites, de défis pour la personne, mais aussi d’opportunités en lien

avec ses besoins, ses aspirations, l’exercice de ses rôles sociaux et de ses droits

(OTSTCFQ, 2012a; 2012b). Dans cet esprit, le fonctionnement social est documenté,

analysé et jugé sous l’angle des rapports entre la personne et son environnement

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dans une visée de bien-être, de participation sociale et de développement social

plutôt que du fonctionnement social adéquat attendu de la personne selon les

normativités sociales.

Dans le domaine de la santé mentale, l’évaluation du fonctionnement social

consiste à produire une compréhension de la situation actuelle de la personne à la

lumière des multiples facteurs et dimensions qui sont en cause. L’interaction

dynamique entre les facteurs et dimensions propres à la personne et

l’environnement renvoie nécessairement à la notion de complexité. Cette

complexité est au cœur du paradigme de la profession de travailleur social pour

comprendre et intervenir en santé mentale.

L’histoire sociale constitue la pièce maîtresse de l’évaluation. Elle consiste en une

description détaillée et une analyse des différents aspects et dimensions

concernant la personne et son environnement qui s’avèrent pertinents avec la

situation actuelle. L’histoire sociale inscrit également la situation actuelle de la

personne dans son contexte global en accordant une attention particulière tant aux

conditions objectives de vie et de développement de la personne, qu’aux

subjectivités liées à sa trajectoire et ses expériences.

En contexte de pratique en santé mentale, l’histoire sociale traite de la situation

actuelle de la personne en ce qui a trait aux difficultés vécues, aux manifestations

en lien avec son état physique et psychologique, aux conditions de vie au plan

familial, social et économique. Elle reprend ses antécédents au plan médical,

psychologique, familial. Elle relate son histoire familiale et sa trajectoire sociale (au

plan scolaire, migratoire, professionnel) à travers le temps en accordant une

Page 21: Intervention sociale en santé mentale   Énoncé de position OTSTCFQ - 7-10-2013

17

attention particulière aux évènements considérés ou vécus comme marquants pour

la personne (Barker, 2003; OTSTCFQ, 2011a). L’histoire sociale rapporte également

les besoins exprimés par la personne et ses aspirations, non seulement en lien avec

son rétablissement par rapport à son état de santé mentale, mais aussi en lien avec

l’exercice de sa citoyenneté, de ses rôles sociaux et de ses droits. Enfin, l’histoire

personnelle est intégrée dans son contexte social plus large, lequel est également

décrit et analysé. Selon leur pertinence avec la personne et sa situation, des

informations supplémentaires concernant l’environnement au plan démo-

graphique, culturel, politique, social, économique et sanitaire pourront compléter

l’histoire sociale.

En raison de sa valeur au plan scientifique et empirique, l’histoire sociale constitue

un référent précieux pour saisir le tableau clinique. Elle s’avère particulièrement

utile et aidante pour analyser et comprendre les situations de grande complexité,

notamment celles de comorbidité ou de cooccurrence. Par ailleurs, l’histoire sociale

se révèle également un puissant levier pour l’intervention. En effet, elle permet à la

fois d’établir l’alliance collaborative avec la personne, de reconnaître et de valider

son expérience et ce, au-delà de son vécu comme personne atteinte d’un trouble

mental ou aux prises avec un problème de santé mentale. Elle la révèle au-delà du

diagnostic et de la symptomatologie, dégage ses forces et ses capacités sur

lesquelles il est possible de miser en intervention.

Les principes d’empowerment et de rétablissement guident l’intervention sociale en

santé mentale tant au plan méthodologique, analytique que pratique.

Page 22: Intervention sociale en santé mentale   Énoncé de position OTSTCFQ - 7-10-2013

18

L’empowerment, ou le pouvoir d’agir, est à la fois un processus et une finalité à

travers lequel une personne, un groupe ou une collectivité acquiert la maîtrise de

moyens qui lui permettent de se conscientiser, de renforcer son potentiel, de se

transformer et ce, dans une perspective de développement, d’amélioration de ses

conditions de vie et de son environnement (Bilodeau, 2005; Ninacs, 2008). La

notion d’empowerment se reflète tant dans les méthodes et techniques

d’intervention utilisées, le choix des moyens pour atteindre les objectifs que dans

l’attitude du travailleur social. En contexte d’intervention sociale en santé mentale,

l’empowerment se traduit par la mise en place d’un dispositif d’intervention qui

encourage et reconnaît l’implication de la personne à toutes les étapes du

processus d’intervention et qui permet d’établir un rapport de complémentarité

entre les compétences issues des expériences de la personne et les compétences

professionnelles du travailleur social. Concrètement, cela se traduit en interpellant

la personne tant dans l’analyse et la compréhension de sa situation que dans la

décision des moyens et des actions à mettre en place pour atteindre les objectifs de

changements au plan personnel et social.

Découlant de l’influence déterminante du mouvement des usagers, le

rétablissement est également une notion fondamentale de l’intervention sociale en

santé mentale (Gould, 2010; Regehr & Glancy, 2010). Fondé sur la singularité

qu’est l’expérience de vivre un problème de santé mentale, le rétablissement

renvoie au processus unique qu’implique de vivre, au plan personnel et social,

avec ou à la suite d’un problème de santé mentale. Il implique d’affronter autant

les obstacles (préjugés sociaux, pauvreté économique, effets iatrogènes de l’aide)

Page 23: Intervention sociale en santé mentale   Énoncé de position OTSTCFQ - 7-10-2013

19

qu’à surmonter les contraintes exercées par la maladie, les handicaps (Bilodeau,

2005). Le rétablissement est avant tout un projet « sur mesure » en regard des

caractéristiques de la personne, celles de son environnement, à la lumière de ses

désirs, ses aspirations, ses forces, ses possibilités ainsi que les ressources et les

opportunités de son environnement. Il ne vise donc ni une rémission des

symptômes, ni un retour à la vie « avant la maladie ». Misant sur l’espoir, le

rétablissement s’inscrit dans une démarche de réflexion et de conscientisation face

à la santé mentale au plan personnel et social (Dorvil, 2009).

L’intervention sociale individuelle en santé mentale intègre les déterminants

sociaux de la santé tant dans l’analyse de la situation de la personne que dans le

choix des cibles d’intervention possible.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit les déterminants sociaux de la

santé comme étant les conditions dans lesquelles les personnes naissent,

grandissent, vivent, travaillent et vieillissent. À leur tour, les conditions dans

lesquelles les gens vivent et meurent dépendent des forces politiques, sociales et

économiques (CDSS, 2009). On parle traditionnellement, en travail social, des

facteurs sociaux et environnementaux dont on a nommé certains, historiquement,

les « conditions objectives de vie » (Bilodeau, 2005 : 67). Ainsi, parler de

déterminants sociaux de la santé, c’est dépasser le strict point de vue biomédical et

considérer la santé comme un fait social (Dorvil, 2007).

De nombreux modèles conceptuels ont été élaborés au cours des dernières années

afin de rendre compte des processus en jeu dans l’influence des déterminants

sociaux sur l’état de santé des personnes (DC-MSSS, 2010; Solar & Irwin, 2010;

Page 24: Intervention sociale en santé mentale   Énoncé de position OTSTCFQ - 7-10-2013

20

Thomas, Crouse Quinn, Butler, Fryer & Garza, 2011). Plusieurs soutiennent que

l’interaction de certains de ces déterminants induit un état de stress qui affecte la

personne de manière telle qu’à force de persistance et d’intensité en découle, en

interaction avec ses caractéristiques personnelles, certains problèmes de santé

(Brunner & Marmot, 2006; Fisher & Baum, 2010) dont des problèmes de santé

mentale (Patel, Lund, Hatherill, Plagerson, Corrigall, Funk & Flisher, 2009).

Il existe également un grand nombre de nomenclatures des déterminants sociaux

de la santé. Celle que proposent Mikkonen & Raphaël (2011) présente l’avantage

d’être assez opérationnelle pour l’intervention sociale individuelle. Elle comporte

les déterminants suivants : chômage et sécurité d’emploi, emploi et conditions de

travail, filet de sécurité sociale, insécurité alimentaire, petite enfance, revenu et

répartition du revenu, sexe, éducation, exclusion sociale, handicap, logement, race,

services de santé, statut d’Autochtone. En santé mentale, on a notamment

documenté au cours des dernières années le rôle crucial joué par certains

déterminants tels que le revenu (Caron & Lui, 2010; Rosenberg, 2008), l’habitation

(Gilbertson & Green, 2006; Morin, Crevier, Couturier, Dallaire, & Johnson-Lafleur,

2009; Pelletier, Piat, Côté & Dorvil, 2009), le soutien social (Caron & Guay, 2005;

Mackereth & Appleton, 2008), les conditions de travail (Stanfeld & Candy, 2006;

Vézina, Bourbonnais, Marchand, & Arcand, 2008) et le capital social/inclusion

sociale (De Silva, McKenzie, Harpham, & Huttly, 2005; Gould, 2010; Tew, Ramon,

Slade, Bird, Melton & Le Boutillier, 2012).

Par ailleurs, chacun de ces déterminants comporte différentes facettes, lesquelles

joueront un rôle différent selon la personne, la situation et le contexte. Le logement

en est un bon exemple. En effet, ce déterminant à lui seul comporte plusieurs

éléments, que ce soit au plan physique, géographique, social, voire psychologique.

Le logement ne peut donc être considéré comme une donnée objective, neutre,

Page 25: Intervention sociale en santé mentale   Énoncé de position OTSTCFQ - 7-10-2013

21

mais doit plutôt être analysé sous ses différentes composantes pour en saisir toute

l’influence dans la situation et l’état de santé de la personne. Ainsi, la salubrité et

sécurité des lieux, les possibilités d’accès aux services et ressources dans le

quartier, la sécurité du quartier, le voisinage en termes de rapport et soutien social

ne sont que quelques exemples d’éléments qui peuvent influencer la qualité de vie

des personnes et contribuer ou non à leur mieux-être. Aussi, les déterminants

agissent très souvent les uns sur les autres. Pensons simplement au revenu qui

détermine le type de logement, le quartier, l’accès à la propriété ou encore au

travail qui influence clairement le revenu et le réseau social des personnes.

Ces exemples démontrent à quel point les différents éléments reliés aux

déterminants sociaux qui entrent en jeu, le font dans des processus complexes et

en fonction de la situation singulière de chaque personne et des caractéristiques de

sa communauté (Frohlich, De Koninck, Demers & Bernard, 2008). Aussi, faut-il

éviter les généralisations ou les associations causales simplistes et linéaires.

En contexte d’intervention, les déterminants sociaux impliqués en rapport avec les

problèmes de santé mentale vécus par la personne sont identifiés. Des hypothèses

sur leur influence et leur importance relative sont formulées et partagées avec elle

afin de lui fournir une compréhension de ce qu’elle vit et qui reflète les aspects

sociaux impliqués dans ses difficultés. Cette compréhension contextualisée de la

situation de la personne est également partagée avec les autres intervenants

impliqués auprès d’elle afin de les aider à saisir l’impact des facteurs sociaux sur

ses difficultés. Il s’agit là d’une contribution spécifique de l’intervention sociale à

l’équipe interdisciplinaire (Morley & Macfarlane, 2010).

En lien avec les éléments reliés à un ou à plusieurs déterminants sociaux, des cibles

de changement sont convenues avec la personne. Les objectifs et les actions sont

Page 26: Intervention sociale en santé mentale   Énoncé de position OTSTCFQ - 7-10-2013

22

donc planifiés selon ce qu’elle souhaite apporter comme changement dans les

sphères de vie concernées et en fonction de ce qui est possible compte tenu de ses

ressources personnelles et des ressources de l’environnement (Hudson, 2012).

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L’intervention sociale individuelle en santé mentale se fonde d’une part sur les

théories reconnues scientifiquement pour comprendre l’individu au plan

psychique, émotif, cognitif, comportemental, développemental et relationnel,

théories issues notamment de la psychiatrie, de la psychanalyse et de la

psychologie. D’autre part, elle se base également sur les théories reconnues pour

comprendre les phénomènes sous-jacents aux problèmes personnels et sociaux

issues notamment de la sociologie et des disciplines connexes, comme

l’anthropologie, les sciences économiques et politiques. À cet égard, les théories

psychanalytiques, de l’apprentissage, du développement, la théorie des systèmes,

la théorie marxiste et les théories féministes sont les références principales des

approches les plus utilisées en intervention sociale dans le domaine de la santé

mentale (Van de Saude, Beauvolsk & Renault, 2011).

Les approches utilisées en intervention sociale s’inscrivent dans le large spectre

« personne-environnement » allant de celles axées principalement sur la personne

à celles davantage axées sur l’environnement, en passant par celles s’attardant

surtout à leur interaction dynamique. Elles englobent les approches classiques en

travail social clinique, dont l’approche psychosociale, l’approche centrée sur la

modification du comportement, l’approche systémique, l’approche écologique,

l’approche structurelle et l’approche féministe. Elles comptent aussi les approches

plus contemporaines et tout aussi pertinentes telles que l’approche axée sur les

forces, l’approche court terme planifiée ou centrée sur la tâche, l’approche centrée

sur la résolution de problème, l’approche centrée sur les solutions, l’approche

Page 28: Intervention sociale en santé mentale   Énoncé de position OTSTCFQ - 7-10-2013

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narrative, l’approche interculturelle, l’approche milieu ou réseau (Bilodeau, 2005;

DuRanquet, 1991; Van de Saude, Beauvolsk & Renault, 2011).

Selon le contexte, la situation de la personne, ses besoins, les changements

souhaités de sa part, les objectifs d’intervention ciblés ainsi que les orientations

théoriques du travailleur social, une ou plusieurs approches seront privilégiées à

travers le processus clinique. Ainsi, pour aider une femme nouvellement établie au

Québec après avoir fui son pays d’origine en guerre et ayant un diagnostic de

syndrome post-traumatique, la travailleuse sociale pourrait s’inspirer de

l’approche interculturelle et de l’approche psychosociale pour comprendre et

travailler les aspects liés aux émotions, aux perceptions, aux croyances, aux

relations entre la personne et son environnement. Elle pourrait également recourir

à des techniques issues de l’approche réseau pour soutenir et faciliter notamment

ses démarches d’immigration et de recherche de logement. Enfin, elle pourrait

utiliser d’autres techniques issues de l’approche cognitivo-comportementale pour

l’aider à faire face à certaines situations reliées aux traumatismes vécus dans son

pays d’origine.

Considérant la perspective sous laquelle la santé mentale est appréhendée,

analysée et comprise, les outils cliniques qui sont privilégiés tant dans l’évaluation

que dans l’intervention sociale qui en découle visent d’une part à prendre et

rendre compte de la complexité des rapports entre la personne et son

environnement. Ils ont également comme objectif de clarifier, voire d’élucider le

sens personnel et social donné aux difficultés et aux expériences vécues. Ces outils

sont utilisés de manière co-constructive et évolutive, c’est-à-dire avec la personne

de façon continue, à la lumière de l’évolution du processus d’intervention. Pensons

Page 29: Intervention sociale en santé mentale   Énoncé de position OTSTCFQ - 7-10-2013

25

notamment au récit de vie, au génogramme, au sociogramme, à l’« écomap » et à la

carte du réseau social. Ces outils documentent et démontrent très bien, souvent

même de façon graphique, la teneur et la complexité des rapports entre la

personne et son environnement. Ils constituent également des leviers de

changement dans la mesure où ils génèrent un processus de réflexion, de

construction de sens et de solutions pour la personne.

L’intervention sociale se distingue particulièrement par la diversité et la variété

des lieux où elle s’exerce. C’est pourquoi il est probablement plus juste de recourir

au terme « dispositif » plutôt qu’à celui de « cadre » lorsqu’il s’agit d’expliquer le

déploiement de l’intervention sociale.

Essentiellement, le ou les dispositifs mis en place en intervention sociale

s’inscrivent, eux aussi, dans un paradigme interactionniste et constructiviste. Ils

sont privilégiés selon la situation de la personne, ses besoins, ses conditions de vie

et les particularités de son environnement. Pour cette raison, les dispositifs mis en

place doivent être flexibles, évolutifs, variés et permettre des actions ciblant tant la

personne (interventions directes) que son environnement (interventions

indirectes). Ils sont aussi discutés et convenus avec la personne à la lumière des

objectifs de l’intervention. Ainsi, l’intervention sociale peut se déployer dans le

milieu de vie de la personne, que ce soit à son domicile ou encore dans son lieu

d’hébergement. Elle peut aussi se faire dans les lieux où exerce le travailleur social,

à ciel ouvert, dans les espaces publics, dans un organisme ou encore dans toutes

autres ressources dans la communauté.

Page 30: Intervention sociale en santé mentale   Énoncé de position OTSTCFQ - 7-10-2013

26

Selon la situation et les particularités de la personne et de son environnement, les

dispositifs peuvent varier à travers le processus d’intervention ou demeurer les

mêmes. Par exemple, l’intervention sociale pourra se déployer en rencontres

individuelles au bureau du travailleur social pour des interventions directes

auprès de la personne et en rencontres à domicile pour des interventions auprès

des proches ou du voisinage. Pour une autre personne, l’intervention se déroulera

dans son milieu de vie pour des rencontres individuelles et familiales et dans le

quartier pour un accompagnement dans certaines démarches afin de lui permettre

de mieux connaître les ressources disponibles dans sa communauté, d’y obtenir du

soutien au plan social ou encore, y recevoir des services particuliers au plan

personnel.

Enfin, l’intervention sociale est planifiée et structurée. Encore là, selon le contexte,

la situation de la personne, ses besoins, les changements souhaités de sa part, les

objectifs d’intervention ciblés et les approches privilégiées par le travailleur social,

l’intervention sociale pourra soit s’inscrire dans un suivi à court, moyen ou long

terme ou se déployer sur une base ponctuelle. Les paramètres du suivi sont

discutés et convenus avec la personne visée par l’intervention sociale afin que

celle-ci puisse consentir de façon éclairée à l’aide et aux dispositifs qui lui

sont proposés.

Page 31: Intervention sociale en santé mentale   Énoncé de position OTSTCFQ - 7-10-2013

27

Ce document présente la position de l’OTSTCFQ au sujet de l’intervention sociale

individuelle en santé mentale. Fondée sur la littérature scientifique en travail social,

cette position s’inscrit dans le courant international qui cible tant les aspects personnels

que les déterminants sociaux dans le cadre de l’intervention clinique. Les principaux

éléments à retenir sont résumés sous la forme de messages clés.

La recherche actuelle démontre l’influence cruciale des déterminants sociaux

sur la santé mentale des personnes, c’est-à-dire, des facteurs tels que le statut

social, le revenu, les conditions de vie et de travail, le réseau familial et social

ainsi que le soutien communautaire.

La profession de travailleur social s’est développée en grande partie en réaction

aux inégalités sociales et à leurs impacts sur la vie et la santé des personnes tant

au plan individuel que collectif.

L’intervention sociale individuelle constitue une méthode du travail social qui

intègre les déterminants sociaux tant dans l’analyse de la situation de la

personne aux prises avec un problème de santé mentale que dans les actions

qu’il est possible de convenir avec elle pour améliorer sa situation.

L’intervention sociale en santé mentale, telle que l’entendent les travailleurs

sociaux, agit sur le rapport dynamique entre la personne et son environnement

au-delà des diagnostics et des symptômes, en s’appuyant sur ses forces, dans

une perspective de pouvoir d’agir, de rétablissement, de lutte à la

stigmatisation et de développement social.

Ce sont surtout les difficultés, les obstacles ou toutes autres conditions associées

à l’état de santé mentale qui entraînent, maintiennent ou exacerbent la

vulnérabilité, la souffrance sociale ou la détresse émotionnelle de l’individu au

plan personnel et social qui légitiment l’intervention sociale.

Page 32: Intervention sociale en santé mentale   Énoncé de position OTSTCFQ - 7-10-2013

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En raison du sens social donné aux difficultés de la personne aux prises avec un

problème de santé mentale, l’intervention sociale implique un ensemble

d’actions, de rôles et d’activités dont la portée se veut collective même si

l’intervention se fait auprès de la personne et de son réseau principalement.

L’intervention sociale individuelle, telle que l’entendent les travailleurs sociaux,

doit être considérée parmi les pratiques essentielles en matière de santé mentale

non seulement dans une perspective de traitement, mais également de

promotion et de prévention.

Page 33: Intervention sociale en santé mentale   Énoncé de position OTSTCFQ - 7-10-2013

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1 Dans la littérature francophone, il est soit question d’intervention sociale

individuelle (Bourgon & Gusew, 2007); De Robertis, 2007; Drolet, 2013) ou

d’intervention sociale personnelle (Turcotte & Deslauriers, 2011) pour décrire le

travail social clinique auprès des individus. Cette méthode d’intervention du travail

social inclut l’intervention auprès des proches et des familles.

2 C’est d’ailleurs un des principaux messages qui ressort lors de la 7e Conférence

internationale sur le travail social en santé et en santé mentale tenue du

23 au 27 juin 2013 à la USC School of Social Work à Los Angeles à laquelle nous

avons participé.

3 Social Work & Health Inequalities Network - SWHIN est un réseau qui vise à

promouvoir la recherche, les échanges et les actions de différents acteurs du travail

social (chercheurs, professeurs, praticiens et gestionnaires) dans le but de combattre

les causes et les conséquences des inégalités en santé : www.warwick.ac.uk/go/swhin.

4 Plusieurs textes ont été consultés lors de la rédaction de cet énoncé de position,

notamment des textes de référence en travail social et des documents de référence

de l’OTSTCFQ. Une bibliographie complémentaire est annexée à la fin du

document, en plus des références.

5 L’alliance collaborative est « constituée de composantes qui peuvent être divisées

comme suit : les composantes associées à l’établissement d’une alliance à l’aide de

l’empathie, de la réceptivité, de la compréhension, etc., les composantes liées à

l’engagement et à la mobilisation vers des objectifs thérapeutiques, de

développement ou d’adaptation » (OTSTCFQ, 2012a : V).

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