1. 2-0668 AKOS Encyclopdie Pratique de Mdecine 2-0668
Acrosyndromes vasculaires P Humbert, JC Risold L a frquence des
acrosyndromes vasculaires est telle que le mdecin doit tre capable
de les apprhender dans leur aspect clinique et tiologique. Le
phnomne de Raynaud reprsente le trouble vasomoteur paroxystique le
plus frquemment observ dans la population gnrale. Cest un signe
clinique dappel devant faire rechercher une maladie systmique
sous-jacente, notamment lorsquil est bilatral ou implique plusieurs
territoires vasculaires. Lrythermalgie est beaucoup plus rare et
son diagnostic ne pose en gnral pas de difficult tant les accs de
rougeur, accompagns dun phnomne douloureux et dune chaleur de
lextrmit des membres sont caractristiques. Lacrocyanose reprsente
un handicap pour bon nombre de patients et malheureusement, lenqute
tiologique dans ce cadre reste le plus souvent ngative. Quant aux
engelures, elles tmoignent dune hypersensibilit au froid survenant
au cours des saisons froides, tout particulirement lors de
lexposition un temps froid et humide. 2002 Editions Scientiques et
Mdicales Elsevier SAS. Tous droits rservs. Mots-cls : syndrome de
Raynaud, acrocyanose, rythermalgie, engelure, capillaroscopie. s
Introduction Les acrosyndromes vasculaires bncient aujourdhui dun
regain dintrt en raison des moyens dexploration disponibles, et
notamment des explorations fonctionnelles non invasives, telles que
la capillaroscopie et les examens chodopplerographiques artriels et
veineux. La plupart des acrosyndromes vasculaires reprsentent un
handicap fonctionnel pour les malades. Ils reprsentent aussi un
signe dappel permettant de dpister plus prcocement une maladie
sous-jacente ; les tiologies qui peuvent en tre lorigine sont
nombreuses. s Phnomne de Raynaud Le phnomne de Raynaud a une
prvalence estime de lordre de 5 % de la population adulte [10]. Ce
syndrome touche plus frquemment la femme jeune. On doit distinguer
les phnomnes de Raynaud bilatraux ou impliquant plusieurs
territoires vasculaires et les phnomnes de Raynaud unilatraux. Dans
le cas de phnomne de Raynaud bilatral, il faudra envisager
lexistence dune pathologie sous-jacente, alors que dans le cas dun
phnomne de Raynaud unilatral, une pathologie vasculaire locale,
locorgionale ou rgionale est plus systmatiquement envisage. Aspects
cliniques Il sagit dun acrosyndrome vasculaire paroxystique dclench
par le froid. Cette notion de froid nest pas exclusive, certains
phnomnes de Raynaud pouvant tre dclenchs par les motions. Par
localisation acrale, on entend les doigts, les orteils, mais aussi
le nez, les oreilles, les lvres, voire la langue, les seins et la
verge. On dcrit trois phases qui se succdent chronologiquement. La
phase syncopale (g 1) qui consiste en une vasoconstriction des
artrioles digitales, prcde la phase asphyxique (g 2), puis la phase
rsolutive ou rythmateuse. Droulement de la crise du phnomne de
Raynaud [6] s La phase syncopale est brutale, parfois prcde de
paresthsies ; elle est caractrise par un aspect exsangue du
territoire impliqu. Elle peut durer de quelques minutes un quart
dheure et saccompagne de douleurs plus ou moins vives annonant la
phase dasphyxie. s La phase dasphyxie correspond une couleur
cyanique des tguments avec paresthsies et douleurs pulsatiles des
extrmits. s La phase hyperhmique est caractrise par linstallation
dune couleur rouge vif des tguments avec sensation de chaleur et de
cuisson intense. Elle tmoigne dune vasodilatation ractionnelle
postischmique. Certaines formes cliniques sont incompltes avec des
formes syncopales pures, des formes cyanotiques prdominantes, des
formes avec rythermalgie secondaire. Le diagnostic dun phnomne de
Raynaud est avant tout un diagnostic clinique port sur la
description des phases prcdemment dcrites. Lorsque linterrogatoire
ne permet pas de retenir formellement le diagnostic, on peut
procder limmersion des mains dans leau froide pour tenter de
reproduire une crise. Linterrogatoire est une tape longue et
importante de la prise en charge clinique et tiologique du phnomne
de Raynaud (tableau I). Il 1 1 Phase syncopale du phnomne de
Raynaud. 2 Phase asphyxique du syndrome de Raynaud. vise recueillir
la fois les antcdents personnels et familiaux, notamment la
recherche dune maladie auto-immune, la notion de facteurs de risque
(tabagisme, prise mdicamenteuse, activit professionnelle) et des
signes cliniques associs, tels que des arthralgies ou une
photosensibilit Lexamen clinique sera un examen non seulement
orient sur les extrmits impliques, mais galement un examen gnral
(tableau II). Il permet de caractriser la gravit du phnomne de
Raynaud en recherchant des troubles trophiques, mais galement de
dtecter les signes cliniques
2. 2-0668 - Acrosyndromes vasculaires Tableau I. Interrogatoire
devant un phnomne de Raynaud. - Prciser lge de survenue
(lapparition au-del de 35 ans plaide pour un phnomne de Raynaud
secondaire ; la survenue chez un homme de plus de 40 ans oriente
vers une tiologie organique) - La dure de la crise suprieure 15
minutes, latteinte des pouces, le caractre atypique - Lunilatralit
ou la bilatralit du phnomne de Raynaud - Lactivit professionnelle
et la pratique sportive la recherche de causes traumatiques,
vibratoires... - La consommation de mdicaments (btabloqueurs, drivs
de lergot de seigle, ciclosporine, interfron alpha, blomycine,
macrolides, bromocriptine...) - Le tabagisme - Recherche dantcdents
personnels et familiaux de maladies auto-immunes - Signes cliniques
associs (photosensibilit, arthralgies, signes digestifs...) Tableau
II. Examen clinique du syndrome de Raynaud. - Recherche de troubles
trophiques : ulcrations, crevasses, engelures, sclrose cutane,
cicatrices pulpaires dprimes, tlangiectasies, calcications
sous-cutanes - Recherche de signes cliniques dune maladie
auto-immune systmique (sclrodermie systmique, lupus rythmateux,
syndrome de Sharp...) - Recherche de tous les pouls vasculaires -
Recherche de souffle vasculaire et/ou cardiaque - Manuvres
vasculaires dynamiques : - manuvre dAllen : compression des artres
radiales et cubitales au niveau du poignet en faisant effectuer au
patient des mouvements de exion-extension des doigts. Ds que la
main est devenue exsangue, la dcompression de lune puis de lautre
artre va permettre la recoloration en quelques secondes. On admet
quun retard et une htrognit de recoloration pourraient tmoigner de
lexistence dune vasculite sous-jacente - manuvre du chandelier ou
manuvre de Roos : consiste maintenir les bras en abduction 90 en
lgre rtropulsion en demandant au patient deffectuer des mouvements
de exionextension des doigts 3 Hyperkratose de la cuticule, et
hmorragies du repli sus-ungual : vocateur de sclrodermie systmique,
ou autres maladies auto-immunes systmiques. diagnostique prdictive,
notamment pour la sclrodermie systmique. En outre, une
capillaroscopie normale exclut une sclrodermie, voire une autre
maladie auto-immune et apporte un argument supplmentaire pour un
phnomne de Raynaud idiopathique (cf encadr). 4 Examen
capillaroscopique la loupe binoculaire. Syndrome de Raynaud
unilatral Lorsquil est unilatral, le phnomne de Raynaud est le plus
souvent secondaire une cause locale, locorgionale ou rgionale
(tableau IV). La vrication de la prsence des pouls radial et
cubital est indispensable et il faudra penser carter un syndrome du
canal carpien par les manuvres La capillaroscopie pri-unguale
consiste observer les anses capillaires du repli cutan sus-ungual
des doigts, travers une goutte dhuile immersion, grce un microscope
et une pi-illumination (g 4). Le repli sus-ungual est un site
dobservation privilgi, car les anses capillaires sont horizontales
ce niveau et peuvent tre observes sur toute leur longueur, ce qui
permet une description morphologique prcise, alors quen pleine
peau, lobservateur ne voit que le sommet de lanse capillaire. La
capillaroscopie pri-unguale fait partie des mthodes dexploration de
la microcirculation. Elle permet, in vivo, dobtenir un reet de ltat
microcirculatoire de lorganisme. On utilise habituellement un
capillaroscope muni dun zoom permettant un grossissement variable
de 16 90 fois, ce qui est suffisant. Lclairage est assur par une
lumire froide. Un systme photographique permet de conserver des
documents de rfrence. Tableau III. tiologies des syndromes de
Raynaud bilatraux. Idiopathiques Causes mdicamenteuses et toxiques
Btabloquants Blomycine Bromocriptine Ciclosporine Interfron alpha
Maladies auto-immunes systmiques Sclrodermie systmique Syndrome de
Sharp Lupus rythmateux systmique Dermatopolymyosite Polyarthrite
rhumatode Syndrome de Gougerot-Sjgren Syndrome des
antiphospholipides Vascularites Cryoglobulinmie Maladie des
agglutinines froides Vascularites des connectivites Maladie de
Buerger Maladie de Takayasu Maladie de Horton Infection Parvovirus
B19 Certains cancers Causes endocriniennes Myxdme Thyrodite de
Hashimoto Acromgalie Phochromocytome dune maladie auto-immune
systmique, dune artriopathie localise ou systmique tiologies Si les
phnomnes de Raynaud idiopathiques restent les plus frquents, il ne
faut cependant pas mconnatre lintrt de la recherche dune tiologie
pour les syndromes de Raynaud secondaires. Syndrome de Raynaud
bilatral Le syndrome de Raynaud bilatral ou touchant plusieurs
territoires vasculaires reprsente ainsi un signe clinique dappel,
annonciateur de certaines maladies gnrales, et notamment des
maladies auto-immunes systmiques, comme la sclrodermie, le syndrome
de Sharp, le lupus rythmateux dont on recherche dautres atteintes
cliniques (g 3)... Il peut aussi rvler une artriopathie digitale,
comme une maladie de Buerger (tableau III). La capillaroscopie
pri-unguale devrait faire partie de lenqute tiologique de tout
phnomne de Raynaud bilatral, puisquelle peut mettre en vidence des
anomalies prcoces de bonne valeur 2
3. Acrosyndromes vasculaires - 2-0668 Tableau IV. tiologie des
phnomnes de Raynaud unilatraux. Tableau V. Traitements du phnomne
de Raynaud. Syndrome du canal carpien (parfois bilatral)
Athrosclrose Embolie distale Fibrodysplasie Dl costoclaviculaire
Maladie des engins vibrants Anvrisme cubital (maladie du marteau)
Microtraumatismes localiss chroniques Maladie des dcroteurs
dautoclave (parfois bilatrale) Protection contre le froid
Protection contre les traumatismes locaux Contre-indications des
btabloquants et drivs de lergot de seigle Traitements mdicamenteux
: - Inhibiteurs calciques (Nifdipinet, Diltiazemt, nicardipine) -
Trinitrinet percutane - Prazosine - Perfusion diloprost (Ilomdinet)
Sympathectomie thoracique suprieure Sympathectomie endoscopique
transthoracique Seuls lAdalatet 10 mg et le Minipresst ont
lindication traitement symptomatique du phnomne de Raynaud Tableau
VI. Traitements parentraux du syndrome de Raynaud. Perfusion de
nitroprusside Perfusion de lidocane Perfusion de prostaglandine 5
Artriographie rvlant un arrt circulatoire de lartre cubitale, dans
le cadre du syndrome du marteau . diagnostiques cliniques
classiques. Certaines manuvres dynamiques tendant reproduire les
compressions vasculaires dans diffrentes positions du bras peuvent
tre effectues. La classique manuvre dAdson qui combine une
inspiration force, une extension du rachis cervical et une rotation
de la tte du ct examin, permet soit de reproduire le syndrome de
Raynaud, soit dobserver labolition dun pouls. Des examens
complmentaires, comme une chographie artrielle couple un chodoppler
peuvent mettre en vidence une lsion athromateuse de lartre
axillaire ou de lartre sous-clavire. La mesure de la pression
systolique digitale en plthysmographie vite parfois davoir recours
lartriographie pour le diagnostic dartriopathie digitale (g 5).
Traitement du syndrome de Raynaud Il nest pas formellement
indispensable de proposer une thrapeutique devant tout phnomne de
Raynaud lorsque la gne est modre. Des conseils concernant
lexposition au froid, la contre-indication de certains mdicaments
comme les drivs de lergot de seigle et les btabloquants, seront
prodiguer. Certains mdicaments ont une certaine efficacit, mais les
effets secondaires ne sont pas ngligeables (tableaux V, VI). Dans
les cas de phnomne de Raynaud svre, saccompagnant notamment de
troubles trophiques des extrmits, des perfusions diloprost
(Ilomdinet), analogue de la prostacycline, sont mises en uvre. En
dehors des interventions chirurgicales portant sur les gros axes
vasculaires lorsquil sagit dun phnomne de Raynaud unilatral ou
encore la cure dun anvrysme artriel, le traitement chirurgical a
peu de place dans le traitement du phnomne de Raynaud. Dans
certains cas, une sympathectomie thoracique, voire une sympatholyse
chimique seront envisages. s Acrocyanose Elle survient le plus
souvent chez ladolescente ou la jeune femme. Elle correspond une
coloration allant du bleu fonc au rouge, uniforme, permanente, des
doigts, voire de lensemble de la main, mais aussi des pieds, du nez
et des oreilles. Cliniquement, les doigts apparaissent froids,
dmatis avec frquemment une hyperhidrose. Lacrocyanose est favorise
par le froid ou les motions. Contrairement certains phnomnes de
Raynaud bilatraux, il nexiste jamais dulcrations pulpaires ou de
sclrose cutane, ni mme de gangrne digitale. En revanche, une
fragilit cutane peut tre observe sous la forme de ssures, notamment
en hiver. Dun point de vue des formes cliniques, lacrocyanose peut
se prsenter sous forme de taches mouchetes tmoignant dune
inhomognit de la circulation cutane. Frquemment, les patients qui
en sont atteints, prsentent des marbrures ou cyanose des membres
infrieurs. Il a t propos par ailleurs lindividualisation dune forme
clinique particulire regroupant acrocyanose et manifestations
fonctionnelles dinsuffisance veineuse des membres infrieurs sous le
terme dacroodse [1]. Labsence habituelle de pathologie
sous-jacente, linconfort modr que procure lacrocyanose font
quactuellement on considre quaucun examen paraclinique nest
formellement indispensable. Aucun examen complmentaire nest
ncessaire pour en prciser le diagnostic. La capillaroscopie
pri-unguale peut rvler une stase capillaroveinulaire (g 6).
Physiopathologie de lacrocyanose [1] De mcanisme encore mal connu,
lacrocyanose dcoule, dans la grande majorit des cas, dun tat
constitutionnel dhypersensibilit au froid. Lhypothermie constate
tmoigne dun abaissement du dbit sanguin cutan dorigine
vraisemblablement artriolaire. De plus, la cyanose pourrait
tmoigner dune stase veinulocapillaire. 3 6 Capillaroscopie
dacrocyanose. On a pu incriminer le rle du systme sympathique, mais
aussi des rcepteurs lhistamine et, de faon plus globale,
lintervention de troubles psychoaffectifs. Il faut souligner ici la
plus grande frquence observe dacrocyanose chez des femmes atteintes
danorexie mentale. Traitement de lacrocyanose Le traitement est
purement symptomatique, aucun mdicament nayant fait la preuve de
son efficacit dans ce trouble vasomoteur. Il convient de privilgier
les protections contre le froid, larrt du tabac le cas chant et de
favoriser lactivit physique et sportive. Une amlioration spontane
est possible au cours du temps. Il sera parfois port une attention
toute particulire lhypersudation palmaire qui, elle seule, peut
reprsenter un handicap social et professionnel pour lequel des
thrapeutiques mdicales ou chirurgicales peuvent tre proposes. s
Engelures Les engelures, acrosyndrome cutanovasculaire idiopathique
bnin, sont des manifestations cliniques strotypes lies une
hypersensibilit au froid et se distinguent ainsi des gelures [4,
13]. Les priodes les plus propices la survenue dengelures sont
lautomne, lhiver et le printemps, tout particulirement lors dun
temps froid et humide. Les femmes sont plus que les hommes sujettes
cette affection qui npargne pas non plus les enfants. Les engelures
comportent dans leurs manifestations cliniques une composante
douloureuse des extrmits, avec parfois sensation de brlures,
dengourdissement ou de prurit. Les lsions, qui sont de survenue
aigu, comportent des papules, plaques ou tumfactions supercielles,
rythmateuses et violaces, inltres parfois. La peau apparat lisse,
luisante et froide au niveau de la face dextension des doigt, mais
aussi des orteils, des talons et du nez. Lpiderme habituellement
lisse peut devenir hyperkratosique. Des volutions vers la
ssuration,
4. 2-0668 - Acrosyndromes vasculaires lulcration, voire
linfection peuvent se faire. La dure dvolution est de quelques
semaines. Lvolution se fait vers la gurison sans squelles. La
maladie volue de faon sporadique, pouvant ne pas survenir certaines
annes. Le diagnostic diffrentiel est faire avec les gelures, plus
volontiers observes au niveau des pieds, le lupus rythmateux, la
sarcodose. Le traitement des engelures est avant tout prventif,
reposant sur des mesures de protection des extrmits lgard du froid
et de lhumidit. La peau peut tre protge par des pommades ou crmes
grasses. Il faudra veiller carter des mdications susceptibles de
favoriser ce trouble, telles que les btabloqueurs, les
vasoconstricteurs utiliss par voie nasale, ou encore les drivs de
lergot de seigle. Le traitement mdical des engelures repose avant
tout sur les inhibiteurs calciques et a pour rfrence la nifdipine
la dose de 20 60 mg/j [5, 12]. Le diltiazem est une alternative
possible, tout comme les drivs nitrs en topique. s Tableau VII.
Maladies pouvant tre associes lrythromlalgie. Maladies
hmatologiques Polyglobulie Thrombocytmie Leucmie (leucmie mylode
chronique) Microsphrocytose hrditaire Maladie de Biermer Purpura
thrombopnique idiopathique Maladies cardiovasculaires Athrosclrose
Hypertension artrielle Insuffsance veineuse Maladies mtaboliques
Syndrome des emboles de cristaux de cholestrol Diabte sucr type 1
ou 2 Hypercholestrolmie Goutte Maladie rnale Maladies systmiques
Polyarthrite rhumatode Lupus rythmateux systmique Syndrome de Sharp
Syndrome de Gougerot-Sjgren Vasculites Maladies infectieuses Sida
Infection bactrienne rcidivante Infection virale Syphilis Maladies
neuromusculaires Sciatique Syndrome du canal carpien Traumatisme ou
chirurgie du dos Traumatisme cervical Neuropathie Sclrose en
plaques Syndrome cordonal postrieur Maladies iatrognes Injection de
produits de contraste iods Vaccins Mdicaments : - nifdipine -
bromocriptine - norpinphrine - ticlopidine - pergolide Cancers : -
cancer abdominal - cancer du clon - thymome - astrocytome
rythromlalgie Maladie rare, dont lincidence est estime 0,25/100
000, avec une prvalence de 2/100 000 en Norvge [8], lrythromlalgie
se dnit comme une sensation intense de brlure avec un rythme
prononc et une augmentation de temprature des extrmits. Les pieds
sont le plus souvent atteints, mais les mains peuvent aussi
reprsenter la seule localisation. Les manifestations sont en gnral
bilatrales, mais peuvent tre unilatrales, notamment dans le cas
drythromlalgie secondaire. Lge moyen de survenue est la
quarantaine. Lrythromlalgie, dans les formes modres, survient par
pousses. Celles-ci sont caractrises par un rythme aigu, une
sensation de chaleur, un gonement et une douleur. Les pousses
surviennent en n de journe et se poursuivent la nuit, pouvant
empcher le sommeil. Les sensations peuvent simuler une neuropathie
avec des douleurs dysesthsiques [7, 9]. Cette maladie correspond
une intolrance la chaleur et se trouve calme par le froid. La
chaleur constitue donc un facteur dclenchant des pousses. Laccalmie
provoque par lapplication de froid semble tre pathognomonique de la
maladie. Modications du comportement Certains malades sont
contraints limiter leurs activits celles qui se droulent dans des
tempratures climatises. Dautres ne peuvent supporter le port de
chaussettes ou de chaussures fermes, mme en hiver. La position
debout, ou assise jambes pendantes peut devenir intolrable,
ncessitant la surlvation des membres infrieurs. Complications La
ncessit pour les malades de recourir des applications itratives de
froid (glaons, immersion dans leau froide...) peut conduire au
dveloppement de macration, dulcration, de ncrose, voire
dinfections. Mcanismes La temprature cutane de ces malades est
infrieure la temprature normale, en dehors des pousses, suggrant un
phnomne permanent diurne de vasoconstriction, pouvant mme simuler
la phase syncopale dun syndrome de Raynaud, la vasodilatation
survenant pendant la nuit. On voque louverture de shunts
artrioveineux [3]. Tests de provocation Lhistoire clinique,
soigneusement dcrite par le malade suffit reconnatre la maladie.
Lors des consultations, lexamen clinique est le plus souvent normal
en dehors des pousses. Pour observer la maladie, on peut raliser un
test de provocation en immergeant les extrmits atteintes dans de
leau chaude pendant 10 30 minutes. Diagnostic diffrentiel On peut
parfois confondre lrythermalgie avec certains syndromes douloureux
acraux, comme la dystrophie sympathique rexe (impatience des
membres infrieurs) ou le syndrome de douleur complexe rgionale.
Celui-ci survient aprs un traumatisme, les douleurs sont le plus
souvent permanentes. Les sensations douloureuses de lrythromlalgie
peuvent faire voquer une neuropathie, et dailleurs certains cas
surviennent associs une neuropathie. 4 tiologies Les formes
primitives sont les plus frquentes. Mais dans environ un tiers des
cas, une tiologie, ou du moins une maladie associe, est observe
(tableau VII). Traitement Les traitements locaux se rsument
lapplication dune crme base de capsacine. Les traitements gnraux
comportent un certain nombre de propositions thrapeutiques (tableau
VIII). La chirurgie, dans des cas extrmes, peut venir au secours de
ces malades, avec sympathectomies, inltrations pridurales,
stimulation neurologique, neurochirurgie... s Remarques Les
acrosyndromes vasculaires reprsentent des varits cliniques
diffrentes [2, 11]. Ils touchent par dnition les extrmits et
notamment celles des membres suprieurs et infrieurs. Leur
prsentation
5. Acrosyndromes vasculaires - 2-0668 Ldme se traduit par un ou
localis qui efface le contour des anses. Sa valeur pathologique
dpend de son intensit. dme + hmorragie = exsudat Exsudat =
microangiopathie svre Tableau VIII. Traitements proposs dans
lrythromlalgie. Propranolol Clonazpam Cyproheptadine Mthysergide
Piroxicam Pizotifne Aspirine Inhibiteurs de la recapture de la
srotonine (paroxtine, uoxtine...) Antidpresseurs tricycliques
(amitriptyline) Anticonvulsivants (gabapentine, carbamazpine)
Antagoniste calcique (nifdipine) Sludge Il est la consquence dune
hyperviscosit sanguine. Il se prsente comme un courant sanguin
granuleux visible au faible grossissement dans lanse capillaire.
Maladie de Raynaud de la femme jeune En dehors des crises, la
capillaroscopie est normale. En phase syncopale, on observe le
phnomne dextinction caractristique. En phase asphyxique, les
boucles capillaires sont cyaniques et dilates, le fond est dmateux,
quelques microhmorragies sont rencontres. Prsence de mgacapillaires
spcique de trois connectivites 8 Capillaroscopie : mgacapillaires
caractristiques de la sclrodermie systmique. s Diamtre des anses
capillaires : s branche affrente ne : 7 8 m ; s branche affrente
plus dilate : 8 12 m. s Flux sanguin normal sans sludge. s
Atmosphre pricapillaire claire sans dme ni microhmorragies
spontanes. s Plexus veinulaires sous-papillaires plus ou moins
visibles. Anomalies capillaroscopiques Capillaires 7
Capillaroscopie normale. clinique est le plus souvent
caractristique, laissant peu de place aux diagnostics diffrentiels.
Leurs traitements sont aujourdhui jugs comme peu satisfaisants. La
meilleure connaissance des mcanismes qui en sont lorigine ouvrira
des possibilits thrapeutiques dans lavenir. s Capillaroscopie La
capillaroscopie permet de conrmer certains diagnostics, tel celui
dacrocyanose. Lindication essentielle est le phnomne de Raynaud
bilatral, le plus souvent isol ou associ un autre acrosyndrome, en
particulier lacrocyanose. La capillaroscopie pri-unguale oriente
lenqute tiologique. Capillaroscopie du sujet normal (g 7) s
Morphologie capillaire : capillaires en pingle cheveux, rguliers ou
discrtement sinueux. Parfois, les sinuosits sont trs marques et
peuvent tre qualies de dystrophies mineures. s Densit : environ 10
14 capillaires par millimtre linaire. La rduction du nombre des
anses (< 9/mm linaire) est toujours pathologique. Elle peut
voluer vers la plage dserte (moins de 2/mm linaire). Les
dystrophies capillaires majeures : le mgacapillaire de calibre
suprieur ou gal 50 m (g 8), dform, boursou, tmoigne dune
microangiopathie organique svre. Il faut le distinguer de la
dilatation capillaire simple : calibre souvent infrieur 90 m,
capillaire rgulier homogne. Le capillaire rgressif : diamtre de 1 2
m, aspect trononn. Il correspond une thrombose capillaire. Les
dystrophies capillaires mineures (capillaires sinueux, tortueux, en
feuille de fougre) sont pathologiques lorsque leur nombre dpasse 15
% des anses visibles. Les anses ramies nexistent pas chez ladulte
sain. Elles sont non spciques. Elles tmoignent dune nogense
capillaire pouvant succder un processus ischmique. Les
microanvrysmes sont des dilatations trs localises de lanse
capillaire (diamtre infrieur 15 m). Ils sont dpourvus de spcicit,
mais souvent rencontrs chez le diabtique. Espaces pricapillaires
Les hmorragies spontanes sont anormales : points rouges ou bruntres
sigeant au sommet des anses. 5 Elle accompagne le syndrome de
Raynaud, la sclrodermie systmique surtout. Le Raynaud fait partie
du tableau clinique. La capillaroscopie raccourcit le dlai entre
lapparition du syndrome de Raynaud et le diagnostic positif. Les
anomalies suspectes sont prcoces et divers stades volutifs ont t
dcrits. Au stade dtat, on observe une dystrophie capillaire
ectasiante avec mgacapillaires typiques, rapidement rarante,
aboutissant aux plages dsertes. Lexsudat est trs marqu : il se
caractrise par un ou ouat pricapillaire, associ aux
microhmorragies. Des nuances permettent de distinguer : s la
dermatomyosite : on note lassociation de mgacapillaires avec
rarfaction des anses visibles et danomalies nombreuses de la srie
des microvasculites : anses ramies, en feuille de fougre . Lexsudat
est prsent ; s le syndrome de Sharp associ au syndrome de Raynaud
se distingue parfois par quelques nuances : mgacapillaires moins
nombreux, rarfaction des anses moins marque, prsence danses dilates
souvent longues en paquets dalgues . Autres connectivites On ne
trouve pas habituellement de mgacapillaires, mais une
microangiopathie non spcique. Dans le lupus systmique, on peut
rencontrer des anses capillaires longues pouvant atteindre 800 m.
La polyarthrite rhumatode montre dans 50 % des cas une image
vocatrice : capillaires ramis, microvasculite non spcique, plexus
veinulaires trs visibles : lensemble ralise limage dite en
candlabre . Dans le syndrome de Gougerot-Sjgren, la prsence de
mgacapillaires peut orienter vers une sclrodermie systmique. La
priartrite noueuse ne montre pas danomalies caractristiques.
Indications complmentaires Il sagit daffections gnrales pouvant
sassocier un phnomne de Raynaud, mais les anomalies pouvant rendre
la capillaroscopie suspecte ne sont pas caractristiques, si lon
excepte peut-tre le diabte. Ce sont :
6. 2-0668 - Acrosyndromes vasculaires s lathromatose, s la
maladie de Buerger, s certaines maladies iatrognes (en particulier
des btabloquants), s certaines pathologies professionnelles (engins
vibrants, chlorure de polyvinyle). Limites de la capillaroscopie
pri-unguale Les anomalies les plus caractristiques sont retrouves
en cas de phnomne de Raynaud. Il faut insister sur limportance du
mgacapillaire. Avantages de la mthode Lexamen est reproductible.
Les anomalies capillaires sont un bon reet des lsions histologiques
et, au cours de la sclrodermie systmique, elles sont corrles avec
le degr datteinte viscrale. Les anomalies capillaroscopiques ont
une valeur prdictive vis--vis dune connectivite, en cas de phnomne
de Raynaud encore isol cliniquement. s Conclusion Devant un phnomne
de Raynaud bilatral : la capillaroscopie est normale, il sagit en
gnral dune maladie de Raynaud de la femme jeune ; la
capillaroscopie est anormale, dans ce cas elle oriente demble vers
la sclrodermie, ou plus gnralement vers une connectivite ; les
dystrophies capillaires simples non spciques mais nombreuses
rendent la capillaroscopie suspecte et justient une surveillance
clinique, voire biologique. Il sagit de lexamen de rfrence qui
permet de dclencher bon escient une enqute tiologique complexe et
onreuse, ce qui est important tant pour le malade que pour le
budget de la sant. Lacrocyanose : ne pas confondre avec
lacrorhigose et lacroodse. Lacrorhigose correspond une sensation
pnible de froid au niveau de lextrmit des membres. Elle survient
essentiellement chez une femme jeune et on nobserve aucune anomalie
cutane en dehors dune hypothermie nette. Lacroodse correspond une
rythrocyanose distale et modre des quatre membres avec sensation
dhypothermie des extrmits. Elle est de cause inconnue. Philippe
Humbert : Professeur des Universits, chef de service. Jean-Claude
Risold : Attach des Hpitaux. Service de dermatologie, centre
hospitalier universitaire Saint Jacques, 2, place Saint-Jacques,
25030 Besanon, France. Toute rfrence cet article doit porter la
mention : P Humbert et JC Risold. Acrosyndromes vasculaires. Encycl
Md Chir (Editions Scientiques et Mdicales Elsevier SAS, Paris, tous
droits rservs), AKOS Encyclopdie Pratique de Mdecine, 2-0668, 2002,
6 p Rfrences [1] Amblard P. Vraies et fausses acrocyanoses. Rev
Prat 1998 ; 48 : 1665-16+8 [8] Kvernebo K. Erythromelalgia: a
condition caused by microvascular arteriovenous shunting. Vasa
[suppl] 1998 ; 51 : 1-40 [2] Amblard P, Devant O, Berhod F. Les
dermatoses dues au froid. Ann Dermatol Vnrol 1988 ; 115 : 873-880
[9] Lazareth I, Fiessinger JN, Priollet P. Lrythermalgie, un
acrosyndrome rare : treize observations. Presse Md 1988 ; 17 :
2235-2239 [3] Cohen JS. Erythromelalgia: new theories and new
therapies. J Am Acad Dermatol 2000 ; 43 : 841-847 [10] Priollet P.
Acrosyndromes vasculaires. Encycl Md Chir (ditions Scientiques et
Mdicales Elsevier SAS, Paris), Dermatologie, 98-550-A-10, 1999 :
1-10 [4] Cribier B. Engelures. Ann Dermatol Vnrol 2001 ; 128 :
557-560 [11] Revuz J. Pathologie cutane au froid. Ann Dermatol
Vnrol 1992 ; 119 : 455-456 [5] Dowd PM, Rustin MH, Lanigna S.
Nifedipine in the treatment of childblains. Br MedJ 1986 ; 293 :
923-924 [6] Guilmot JL, Diot E, Lasfargues G. Diagnostic et
traitement du phnomne de Raynaud. Arch Mal Cur 1991 ; 84 :
1755-1760 [12] Rustin MH, Newton JA, Smith NP, Dowd PM. The
treatment of childblains with nifedipine: the results of a pilot
study, a double-blind placebo-controlled randomized study and a
long-term open trial. Br J Dermatol 1989 ; 120 : 267-275 [7] Hodara
M. rythermalgie. J Mal Vasc 1988 ; 13 : 159-161 [13] Truchetet F,
Humbert PH. Les engelures. Thrapeutiques 1998 ; 29 : 23-24 6
7. 2-0655 AKOS Encyclopdie Pratique de Mdecine 2-0655 Alopcies
P Reygagne F ace une alopcie, la premire dmarche consiste porter un
diagnostic tiologique, et la dmarche diagnostique doit suivre un
plan systmatique. 2002 Editions Scientiques et Mdicales Elsevier
SAS. Tous droits rservs. Mots-cls : alopcie, effluvium, cycle
pilaire, trichogramme, pelade, pseudopelade, teigne,
trichotillomanie, lichen plan pilaire, syndrome de dgnrescence
folliculaire, minoxidil, nastride, actate de cyprotrone. s
Dfinitions. Physiologie Lalopcie est la diminution de la densit des
cheveux. Leffluvium est la chute excessive des cheveux conduisant
une alopcie qui peut tre rversible si leffluvium cesse. Le cycle
pilaire est le cycle triphasique de renouvellement des cheveux :
phase anagne ou de croissance : le bulbe est large et profond et
les mitoses nombreuses. Le cheveu pousse de 0,35 mm/j. Cette phase
dure 3 ans chez lhomme et 6 ans chez la femme ; phase catagne ou de
transition : les mitoses cessent. Le follicule sascensionne dans le
derme moyen. Cette phase dure 2 3 semaines ; phase tlogne ou de
chute : le bulbe poursuit son involution, les gaines pithliales
disparaissent et le cheveu tombe en 3 mois. Cette phase tlogne dure
3 mois. Une chevelure normale comporte de 100 000 160 000 cheveux.
La densit moyenne est de 250 350 cheveux/cm2 (40 100 sont renouvels
chaque jour). Il existe des variations saisonnires, avec une chute
plus importante au printemps et surtout en aot-septembre. Ces
variations imposent pour toute tude antichute de comparer la densit
totale de cheveux par centimtre carr entre un groupe trait et un
groupe tmoin. s Examen dun sujet alopcique Interrogatoire Il porte
sur : la chute de cheveux, son importance, son anciennet, son mode
dinstallation ; les soins apports la chevelure, les habitudes
cosmtiques ; les mdicaments en cours et les antcdents personnels et
familiaux ; les traitements dj entrepris contre la chute et leurs
rsultats. Les gures 1 et 2 rsument le diagnostic dune alopcie
diffuse ou localise. Tableau I. Trichogramme normal. Homme Femme
Anagne 80 85 % 85 95 % Catagne 02% 02% Tlogne 15 20 % 5 15 % Examen
clinique local Il vrie : la topographie de lalopcie : diffuse ou
localise ; limportance de la chute (test la traction) ; la prsence
de petits cheveux, de cheveux duvets, de cheveux cassants. Alopcies
diffuses (g 1) Il existe trois situations : fausse alopcie, alopcie
diffuse aigu et alopcie diffuse chronique. Fausses alopcies Prise
de conscience dune chute physiologique. Baisse de densit lie lge.
Cheveux hrditairement ns ou peu abondants. Il faut rassurer, viter
un traitement inutile, et traiter un terrain anxieux ou dpressif.
Un trichogramme normal rassure ces patients. Examen clinique gnral
Alopcies diffuses aigus Il recherche : des lsions cutanomuqueuses
ou unguales, des signes dhyperandrognie, de dysthyrodie ; une
atteinte de ltat gnral, une perte de poids, des signes de carence
en fer Les alopcies aigus sont secondaires un effluvium tlogne le
plus souvent (chute de cheveux en phase tlogne) et un effluvium
anagne parfois (chute de cheveux en phase anagne). Elles
sinstallent brutalement en quelques semaines. Examens paracliniques
Ils sont rarement ncessaires. Le trichogramme objective ou inrme
une chute douteuse. Il est ralis en trois zones : frontale, vertex
et occipitale basse. Il aide diffrencier alopcies androgntiques
(AAG) et non androgntiques (tableau I). Phototrichogramme,
macrophotographie et photographies standardises permettent de
suivre lvolution dune alopcie sous traitement. Les bilans sanguins
sont orients par la clinique. Le spcialiste ralise une biopsie pour
une alopcie tumorale ou cicatricielle et un examen en
immunouorescence directe pour une pseudopelade. s Dmarche
diagnostique Chute diffuse ou localise ? Alopcie cicatricielle ou
non cicatricielle ? 1 Effluvium tlogne aigu ractionnel [4] Lvnement
responsable prcde la chute de 2 3 mois. Lalopcie brutale prdomine
aux tempes et autour des oreilles. Elle est rversible en 4 6 mois.
Les principales tiologies sont : accouchement, fausse couche ; vre
prolonge suprieure 39,5 C ; intervention chirurgicale, anesthsie
gnrale ; hmorragie aigu, carence aigu, perte de poids brutale ;
accident grave, stress ou choc psychoaffectif important. Des
traitements vitaminiques ou par acides amins soufrs peuvent aider
la repousse et rassurer les patients. Le minoxidil doit tre vit en
priode deffluvium car il accentue la chute. Au dcours de la phase
aigu, il acclre la repousse. Alopcies toxiques ou iatrognes Elles
doivent tre recherches par linterrogatoire et par une recherche
dexposition un toxique. Les sourcils et les poils du corps peuvent
tre atteints.
8. 2-0655 - Alopcies CHUTE DIFFUSE DES CHEVEUX Interrogatoire
Examen clinique Test la traction Densit capillaire Chute aigu (1)
Test traction trs positif Densit faible ou normale Chute chronique
(3) Test traction positif ou normal Densit faible Fausse alopcie
(2) Test traction normal Densit normale Effluvium tlogne aigu
ractionnel - Chute physiologique - ge - Cheveux fins - Hypodensit
Topographie diffuse non andrognique Alopcie toxique ou iatrogne
(tableau II) Rechercher un terrain anxieux ou dpressif En absence
d'orientation faire NFS-VS ferritinmie, TSH us Syphilis secondaire
- Maladie systmique aigu Endocrinienne Mtabolique - Maladie gnrale
(anmie, dysthyrodie, carence aigu - Hypothyrodie - Hyperthyrodie -
Hypoparathyrodie - Hypopituitarisme, - Cushing Insuffisance
hpatique Insuffisance rnale Hypoprotidmie Syndrome inflammatoire
Topographie andrognique (AAG) Alopcie androgntique masculine (AAGM)
Effluvium tlogne chronique Carentielle - Femme - Densit presque
normale -Diamtre cheveux normal - Effluvium diffus rpts Carence en
fer, plus rarement en zinc, folates, vit B12, biotine, acides gras
essentiels ou encore malnutrition Aucune exploration Trouble des
rgles ou hirsutisme Exploration endocrinienne Alopcie androgntique
fminine (AAGF) Avant mnopause Aprs mnopause Ni trouble des rgles,
ni hirsutisme Aucune exporation si AAGF connue Aucune exploration -
Vrifier ferritinmie si aggravation. Vrifier TSH us si contexte
Vrifier testostrone si AAF rcente ou hirsutisme 1 Arbre
diagnostique des alopcies diffuses. TSH us : thyroid stimulating
hormone ultrasensible ; NFS-VS : numration-formule sanguine-vitesse
de sdimentation. Alopcies toxiques Les principaux toxiques
responsables dalopcie sont les suivants : thallium (atteinte
neurologique associe vocatrice) ; arsenic (signes digestifs,
cardiovasculaires et hmatologiques) ; acide borique contenu dans
des collyres, topiques gyncologiques, spermicides, antiseptiques ;
utilis comme herbicide, fongicide et agent de blanchiment ;
chloroprne dans lindustrie des caoutchoucs ; vgtaux (colchiques,
Gloria superba, cantharidine). La radiothrapie provoque des
alopcies doses. dpendantes en 15 jours. Alopcies mdicamenteuses
Certains mdicaments induisent une alopcie presque constante.
Dautres sont responsables occasionnellement dalopcies [8] (tableau
II). Des effluviums anagnes svres sont observs avec les
antimitotiques. Frquence et svrit dpendent de la dose et des
produits. Ces alopcies sont rversibles ; il faut en informer les
patients et les rassurer. La prvention peut tre tente par casque
rfrigrant. Le minoxidil ne prvient pas lalopcie chimio-induite mais
peut limiter sa dure. Rappelons la prise en charge par la scurit
sociale dune prothse capillaire hauteur de 500 Francs, deux fois
par an. Autres alopcies aigus De nombreuses maladies gnrales
peuvent tre responsables dalopcie aigu : connectivites, lymphomes,
maladies infectieuses, anmie aigu, carence aigu, dysthyrodie, etc.
Dans tous ces cas, le diagnostic est voqu sur lensemble des
symptmes. Lalopcie de la syphilis secondaire, forme de multiples
aires alopciques incompltes, apparat 3 8 mois aprs le chancre. Elle
peut prendre un aspect dalopcie aigu diffuse. Treponema pallidum
hemagglutination (TPHA) et venereal desease research laboratory
(VDRL) sont toujours positifs. Le traitement est celui de la
syphilis secondaire. 2 La pelade peut se manifester par une chute
de cheveux diffuse de diagnostic difficile. Biopsie et avis
spcialis sont ncessaires. Alopcies diffuses chroniques Les AAG dans
leur grande majorit surviennent aprs la pubert, et leur topographie
permet le diagnostic. Chez la femme, dautres diagnostics doivent
tre discuts : carence en fer, dysthyrodie ou autre tiologie
carentielle, endocrinienne, inammatoire ou idiopathique (effluvium
tlogne chronique [ETC]). Les investigations sont orientes par la
clinique. En labsence dorientation, vrier numration formule
sanguine-vitesse de sdimentation (NFS-VS), ferritinmie et thyroid
stimulating hormone ultrasensible (TSHus). Alopcies androgntiques
Dans les AAG, les cheveux saffinent et voluent vers des cheveux
intermdiaires, puis des cheveux duvets. Le processus dbute
habituellement entre 12 et 40 ans. Chez lhomme, lalopcie dbute au
niveau des golfes frontaux paritaux dune part et du
9. Alopcies - 2-0655 Alopcie localise acquise Non cicatricielle
Squameuse ou pustuleuse - Examen lampe UV - Prlvement mycologique -
Prlvement bactriologique Teigne, krion Imptigo Folliculite
microbienne Faussse teigne amiantace Cicatricielle Pustuleuse Non
squameuse Non pustuleuse - Pelade - Trichotillomanie - Alopcie de
traction - Syndrome des cheveux anagnes caducs -Alopcie
triangulaire de la tempe - Prlvements bactriologiques - Prlvements
mycologiques biopsie Teigne Folliculite de Quinquaud Cellulite
dissquante du scalp Pustulose rosive du cuir chevelu Non pustuleuse
et non infiltre inflammatoire non inflammatoire infiltre ou
tumorale Biopsie + IF Lichen plan pilaire LEC Sarcodose Sclrodermie
Pseudopelade de Brocq volutive Biopsie IF Pseudopelade de Brocq
Sclrodermie Causes physiques - froid - chaud - pression
(radiothrapie) - caustique Pseudopelade de Brocq peu volutive
volution d'une dermatose inflammatoire qui n'est plus active
Biopsie - Mtastases - Tumeurs bnignes - Tumeurs malignes -
Dermatoses de surcharge 2 Arbre diagnostique des alopcies localises
acquises. UV : ultraviolets ; IF : immunouorescence ; LEC : lupus
rythmateux cutan chronique. vertex dautre part. Chez la femme,
lalopcie sige au sommet du crne ; elle est diffuse avec des cheveux
ns et en gnral persistance dune bordure frontale antrieure. Le
traitement des AAG est dvelopp ultrieurement. Alopcies diffuses
chroniques non androgntiques La rcession bitemporale peut tre
marque et latteinte prdomine au sommet du crne, comme dans lAAG,
mais la chute diffuse intresse larrire et les cts du cuir chevelu.
Les tiologies habituelles sont : ETC, mdicaments, toxiques, carence
en fer, malabsorption, dnutrition, dysthyrodie, maladies
systmiques, insuffisance rnale ou hpatique LETC dtiologie inconnue
survient chez les femmes dge moyen. Les chutes sont brutales et
rcidivantes, souvent saisonnires, mais le renouvellement capillaire
est correct entre les pisodes deffluvium et la densit capillaire
reste presque normale. Contrairement lAAG fminine, le calibre des
cheveux reste normal, sans cheveux duvets, et lors des phases de
chute, le trichogramme met en vidence un effluvium tlogne diffus.
Le traitement de lETC repose sur des cures vitaminiques (vitamine
B5 et biotine) ou dacides amins soufrs, 2 3 mois. Il faut liminer
carence en fer, stress rcent, tiologie mdicamenteuse et expliquer
que lETC nvolue pas vers une calvitie. Alopcies localises non
cicatricielles (g 2) Pelade Elle affecte 2 % de la population. Il
existe des antcdents familiaux dans 20 % des cas, des associations
dautres maladies auto-immunes et une prdominance de certains
groupes human leukocyte antigen (HLA). Le diagnostic de pelade en
plaques est clinique : plaques glabres, non cicatricielles avec
persistance des orices des follicules, cheveux cadavriss
pseudocomdoniens, et cheveux en points dexclamation courts et rens
leur extrmit. Le test la traction est positif si la pelade est
volutive. La pelade ophiasique sigeant la nuque est de mauvais
pronostic, et stend plus frquemment que la pelade en plaques la
totalit du cuir chevelu (pelade totale). La pelade peut atteindre
cils, sourcils et poils du corps (pelade universelle). Les
atteintes unguales sont surtout mises en vidence dans les pelades
svres : ponctuations et striations longitudinales. Lhistologie, si
elle est pratique, met en vidence une diminution des cheveux
terminaux avec une augmentation des follicules miniaturiss, des
tlognes et des catagnes, et un inltrat lymphocytaire pribulbaire.
Lvolution est capricieuse ; les repousses spontanes sont
habituelles, notamment dans les formes peu svres, et aucun
traitement na dmontr une efficacit constante. Les rcidives sont
possibles dans les pelades en plaques et frquentes dans les pelades
svres. Les critres de svrit sont : ge prcoce de la premire pousse,
volution suprieure 6 mois ; antcdent personnel ou familial de
pelade ; atteinte des ongles ou de la pilosit corporelle ; atteinte
de 30 % du cuir chevelu, pelade ophiasique, totale ou universelle.
Les critres de bnignit sont : premier pisode de pelade, volution
infrieure 6 mois ; plaques limites, prsence de duvets. Le
traitement des pelades en plaques peu svres touchant moins de 30 %
de la surface du cuir chevelu fait appel en premire intention une 3
corticothrapie locale forte ou trs forte en gel, lotion ou crme. Le
minoxidil 5 % (Alostilt 5 % solution) est associ en deuxime
intention. La rponse thrapeutique peut ncessiter 3 mois. En cas
dchec, le traitement fait appel des injections intradermiques
dactate de triamcinolone dilu 10 mg/mL dans du srum physiologique.
Le traitement des pelades en plaques svres et des pelades tendues
ncessite lavis du spcialiste (PUVAthrapie, corticodes per os ou en
bolus, dioxyanthranol, allergnothrapie de contact la
diphencyprone). Une prise en charge psychologique associe aide le
patient mieux vivre sa maladie et traite un ventuel syndrome
anxiodpressif associ. Trichotillomanie Elle est frquente, limite et
de bon pronostic chez lenfant. Les cheveux casss ou arrachs
volontairement ont des longueurs diffrentes. Le cuir chevelu est
normal. Les cheveux rsistent la traction la pince, ce qui les
diffrencie des cheveux peladiques. Chez ladulte, le pronostic est
plus svre : formes tendues et prise en charge psychiatrique
ncessaire. Lhistologie peut aider au diagnostic dans les cas
difficiles. Alopcie de traction Frquente chez les patientes noires
ou antillaises, elle dbute sur les tempes et la zone frontale
antrieure. Elle est favorise par les tresses, les nattes, les
dfrisages et les soins cosmtiques agressifs. Les alopcies avec
cheveux bulleux sont secondaires lutilisation de schoirs ou fers
friser trop chauds. Le cheveu, dform par des bulles, est fragile et
casse, ralisant une alopcie en plaques irrgulires.
10. 2-0655 - Alopcies Tableau II. Mdicaments inducteurs
dalopcie. Groupe I Alopcie frquente Groupe II Alopcie occasionnelle
Groupe III Alopcie exceptionnelle souvent mal documente
Antimitotiques Anticoagulants Antidpresseurs Anthracyclines
Actinomycine D Blomycine Busulfan Cyclophosphamide, chlorambucil
Mthotrexate, 5-uorouracile Vincristine, Vinblastine VM 26, VP 16
BCNU, CCNU Hydroxyure Paclitaxel Colchicine Coumariniques
Phnylindione et drivs Hparines Dextrans Interfrons Interfrons
leucocytaires Interfrons alpha Interfrons 2a, 2b...
Anticonvulsivants Hydantone Carbamazpine Valproate de sodium
Rtinodes Vitamine A (surdosage) Isotrtinone trtinate Acitrtine
Propanolol Mtoprolol Nadolol Timoptol Carbimazole et drivs
Thiouracile et drivs Inhibiteurs des protases Autres mdicaments
Autres mdicaments Corticodes stroprogestatifs Progestatifs
androgniques Inhibiteurs de la reverse transcriptase Pseudopelade
de Brocq Elle provoque des alopcies incompltes en petites plaques.
Diagnostic Elle est voque systmatiquement devant toute alopcie
squameuse de lenfant avec cheveux casss courts. Le diagnostic
repose sur le prlvement mycologique avec examen direct et culture,
et le traitement sur la grisofulvine per os. Des petites aires
alopciques atrophiques, faiblement rythmateuses, dcrites en pas sur
la neige , voluent par pousses de faon centrifuge et conuante, avec
priodes daggravation et de rmission. Lhistologie met en vidence un
inltrat lymphocytaire modr superciel et du tiers moyen du
follicule. Une brose dbute au tiers moyen du follicule. Au stade
cicatriciel, persistent bande breuse et muscle arecteur.
Limmunouorescence cutane directe est ngative. Alopcies localises
cicatricielles (g 2) [1] Traitement Ils sont susceptibles dentraner
des alopcies. Teigne Dnitions. Gnralits Une alopcie cicatricielle
est dnitive : cuir chevelu atrophique, disparition des orices
pilaires, sclrose. un stade tardif, laspect histologique est non
spcique, do la ncessit de biopsier une lsion rcente. Neuroleptiques
Phnothiazines Halopridol Syphilis secondaire Psoriasis pais et
fausses teignes amiantaces Hypocholestrolmiants Clobrate Fnobrate
Clinobrate Indinavir Nelnavir Ritonavir Saquinavir Anabolisants
strodiens Danazol Testostrone Inhibiteurs de laromatase
Btabloquants Antithyrodiens Mtaux lourds Lithium Bismuth Or
Imipramine, dsipramine Maprotiline Fluoxtine Paroxtine
Corticothrapie locale trs forte en lotion ou en crme en application
quotidienne et antipaludens de synthse (APS) per os
(hydroxychloroquine 400 mg/24 h ou chloroquine 200 mg/24 h) 6 mois.
En labsence defficacit 2 mois, changer dAPS ou proposer une
corticothrapie gnrale prescrite demble dans les pseudopelades de
Brocq trs 4 Autres mdicaments Albendazole - Allopurinol Amiodarone
- Bromocriptine Captopril - Cimtidine Clomid - Chloramphnicol
Dixyrasine - nalapril Ethambutol - thionamide Fluconazole -
Gentamicine Ibuprofne - Indomtacine L-dopa, mthyldopa Mthysergide -
Naproxne Nitrofurantone - Piroxicam Proguanil - Sulfalazine
Terfnadine - Vrapamil volutives, la dose de deux tiers de
milligramme par kilogramme, poursuivie pendant 15 jours, rduite par
paliers sur une priode de 4 mois. Entre les pousses, ou dans les
cas dvolution trs lente, labstention thrapeutique est lgitime.
Lichen plan pilaire ou folliculaire Diagnostic Cause la plus
frquente dalopcie cicatricielle primaire, le lichen plan pilaire
(LPP) dbute par une hyperkratose folliculaire et un rythme
prifolliculaire violin visible en bordure des plaques
cicatricielles. La rpartition sur le cuir chevelu est variable,
mais volontiers mdiane. Lextension des plaques est centrifuge ;
celles-ci conuent en zones cicatricielles atrophiques. Lvolution
est chronique, plus ou moins svre, entrecoupe de rmissions. Lexamen
histologique montre au dbut un inltrat lichnode prifolliculaire
superciel surmont par une hyperkratose orthokratosique en bouchons
corns dans les orices folliculaires. Limmunouorescence cutane
directe est positive
11. Alopcies - 2-0655 dans 60 % des cas : corps cytodes
globulaires avec dpt dimmunoglobulines (IgM ou d IgG, dIgA ou de C3
[6]. Traitement La corticothrapie par voie gnrale est reconnue par
la plupart des auteurs comme le traitement de choix du LPP [ 1 , 6
] . Prescrite la dose de 0,5 mg/kg/24 h et diminue en 6 semaines 3
mois, elle stoppe la pousse chez la plupart des patients, mais des
rechutes sont observes dans 80 % des cas dans lanne qui suit larrt
du traitement [6]. Des posologies plus leves peuvent tre
ncessaires. La corticothrapie locale forte en crme ou en lotion est
classiquement utilise la phase inammatoire, en application
quotidienne sur la zone active. Lupus rythmateux cutan chronique
Diagnostic Laspect typique du lupus rythmateux cutan chronique
(LEC) est celui dune alopcie cicatricielle en plaques avec rythme,
tlangiectasies, hyperkratose, atrophie, dyschromies et dilatation
des ostiums folliculaires. Lhistologie conrme le diagnostic :
hyperkratose orthokratosique avec bouchons folliculaires, piderme
atrophique, dgnrescence vacuolaire de la basale, inltrat
lymphocytaire prifolliculaire, priannexiel et parfois
interfolliculaire. Immunouorescence positive dans 90 % des cas :
dpts dIgG et dIgM la jonction dermopidermique. Traitement APS :
hydroxychloroquine 400 mg/j ou chloroquine 200 300 mg/j ;
dermocorticode classe I ou II en lotion ou en crme ;
photoprotection. Corticothrapie gnrale, thalidomide, acitrtine,
ncessitent un avis spcialis et se discutent dans les formes svres
ou rsistantes aux APS. Alopcies cicatricielles traumatiques Elles
sont secondaires des brlures thermiques ou chimiques, des
traumatismes ou des pressions prolonges. Le traitement fait appel
la chirurgie plastique : exrse-suture ou greffons pour des zones
minimes ou modres ; expandeur cutan pour les zones plus
importantes. s Alopcie androgntique masculine Diagnostic et
physiopathologie LAAG masculine (AAGM) saccompagne souvent dune
hypersborrhe. Elle peut dbuter ds la pubert. Lanamnse rvle, dans 80
% des cas, des antcdents chez le pre ou la mre pouvant avoir une
valeur pronostique. LAAGM dbute aux golfes temporaux et au vertex.
Elle saggrave progressivement pour ne respecter, dans les formes
volues, que la zone occipitale et les zones paritales basses. Aucun
examen biologique ou histologique nest ncessaire. Le diagnostic est
clinique. Les andrognes stimulent la croissance des poils
andrognodpendants et acclrent la transformation des cheveux en
duvet. La testostrone est transforme par une enzyme, la 5-alpha
rductase (5AR) en dihydrotestostrone (DHT). La DHT se xe alors un
rcepteur cytosolique, puis nuclaire, ralentissant ainsi la dure de
la phase anagne. Lactivit de la 5AR et la densit et la sensibilit
des rcepteurs sont sous dpendance gntique. Une trop forte
expression induit une AAG. Deux formes de 5AR ont t identies : la
forme 1 est exprime dans la peau et les glandes sbaces ; la forme 2
est exprime dans la prostate, la partie frontale et le vertex du
cuir chevelu o son expression serait plus importante chez les
hommes prdisposs lAAGM. Les patients ayant une anomalie du rcepteur
aux andrognes ou un dcit hrditaire en 5AR2 ne dveloppent pas de
calvitie. Traitements Minoxidil et nastride possdent une
autorisation de mise sur le march (AMM) dans le traitement et la
prvention de lAAGM. Minoxidil 2 % Le minoxidil 2 % est actuellement
dlivr sans prescription. Les tudes effectues pour obtenir lAMM du
minoxidil dans lAAGM ont t les premires tudes rigoureuses ralises
dans cette pathologie. Le minoxidil 2 % ou 5 %, non rembours par la
scurit sociale est utilis raison de 1 mL, deux fois par jour, en
application locale sur cuir chevelu sec. Il ne faut pas pratiquer
de shampooing dans les 3 heures qui suivent chaque application. Une
accentuation transitoire de la chute est possible pendant les 6
premires semaines. Les rsultats sont perceptibles aprs 3 mois.
Globalement, il existe une action antichute dans 70 % des cas et
une repousse discrte ou modre dans environ 40 %. Larrt du minoxidil
saccompagne dune perte du bnce acquis en 2 6 mois, et une seule
application par jour est moins efficace. Les effets secondaires
sont rares et bnins : irritation, pellicules et quelques cas deczma
le plus souvent aprs plusieurs anne dutilisation. Minoxidil 5 % Le
minoxidil 5 % (Alostilt 5 % solution) est disponible en France sur
prescription depuis octobre 1998. Il donne des rsultats plus
prcoces et plus importants que le minoxidil 2 %. Le poids des
cheveux augmente de faon deux fois plus importante sous minoxidil 5
% par rapport au minoxidil 2 % [7]. Trente-six hommes de 18 40 ans
ont t suivis 102 semaines. Le poids des cheveux tait stable sous
placebo, alors quil augmentait de 30 % la 16e semaine avec le
minoxidil 2 % et de 60 % la 16e semaine avec le minoxidil 5 %. Aprs
96 semaines, la masse des cheveux tait plus importante dans les
groupes traits par minoxidil, avec toujours un avantage plus net
dans le groupe minoxidil 5 %. Dans le groupe tmoin, il existait une
diminution du poids des cheveux de 7 8 % par an. Lefficacit et la
tolrance du minoxidil ont galement t apprcies dans une tude
randomise en double aveugle incluant 393 hommes traits 48 semaines
par minoxidil 2 % ou 5 %, ou par placebo. Les rsultats montrent une
supriorit du minoxidil 5 % sur le 2 %, tant sur le compte des
cheveux que sur lapprciation cosmtique par les patients. La
repousse avec le minoxidil 5 % est plus rapide quavec le minoxidil
2 % ; elle est surtout un peu plus importante. Les 5 irritations
sont plus frquentes, mais restent peu importantes : 5,7 % versus
1,9 % sous placebo. Finastride [5] Le nastride est un inhibiteur de
la 5AR de type 2, disponible en France sur prescription depuis
fvrier 1999 (Propeciat). Il est indiqu per os la dose quotidienne
de 1 mg dans le traitement et la prvention de laggravation des AGGM
peu volues chez les hommes de 18 41 ans. Lefficacit antichute est
observe ds 3 mois et la repousse, quand elle existe, ds le sixime
mois. Lefficacit du traitement doit tre value vers le sixime mois
par le prescripteur. Une utilisation continue est ncessaire. En cas
dinterruption, le bnce disparat en 6 12 mois. Aprs 2 ans de
traitement, une stabilisation est possible chez 80 % des patients.
Une repousse est mise en vidence dans 48 % des cas 1 an et dans 66
% 2 ans. 1 an, la repousse est faible dans 30 %, modre dans 16 % et
importante dans 2 % des cas. 2 ans, les chiffres sont
respectivement de 30, 31 et 5 %. plus long terme, aprs 4 ans de
traitement, 55 % des patients traits sont amliors sur
photographies, versus 0 % sous placebo, et 60 % des patients se
dclarent globalement satisfaits. Si tous les patients perdus de vue
ou ayant arrt le traitement sont considrs comme des checs, les
rsultats restent trs bons avec 44 % de repousse 1 an et 48 % 2 ans.
Le nastride nest pas rembours par la Scurit sociale et le cot
mensuel est denviron 360 Francs. Le nastride est contre-indiqu chez
lenfant et chez la femme enceinte en raison du risque danomalies de
dveloppement des organes gnitaux externes chez un ftus de sexe
masculin. Il ne doit pas tre utilis chez la femme. La tolrance
clinique est bonne. Les seuls effets secondaires signicatifs,
observs dans 1 2 % des cas, sont dordre sexuel : baisse de la
libido 1,9 % versus 1,3 % dans le groupe placebo ; dysfonction
rectile 1,4 % versus 0,9 % dans le groupe placebo ; anomalie de
ljaculation 1 % versus 0,4 % dans le groupe placebo. Ces effets
secondaires disparaissent, soit spontanment, soit 10 15 jours aprs
larrt du traitement. Quelques cas exceptionnels de sensibilit et
daugmentation du volume mammaire, druption cutane ou ddme des lvres
ont t dcrits. Autres traitements mdicaux Lassociation minoxidil et
nastride na pas t tudie chez lhomme. On sait cependant que leffet
est additif chez le macaque chauve et les quelques rsultats obtenus
en ouvert avec cette association sont encourageants. Les complments
alimentaires, les vitamines (vitamine B5 et biotine), les
prparations base dacides amins soufrs peuvent avoir une efficacit
sur le diamtre des cheveux et sur la tenue de la chevelure. Il
nexiste aucune tude validant une efficacit antichute ou
antisborrhque. Ils peuvent cependant tre utiles en premire
intention dans les alopcies dbutantes ou au cours des chutes de
cheveux saisonnires. Les diffrentes prparations vasodilatatrices ou
rubantes sont dcevantes ; cependant, les patients peuvent tre
satisfaits de certaines prparations topiques pour leur emploi
agrable et pour une amlioration cosmtique de la chevelure, plus
brillante et plus tonique.
12. 2-0655 - Alopcies Traitements chirurgicaux [2] La chirurgie
capillaire doit tre envisage chez des patients motivs ayant une
AAGM peu volutive. Il est prfrable de ne pas oprer les sujets de
moins de 25 ans. Les techniques chirurgicales dpendent du stade de
lAAGM et du dsir des patients. Elles reposent sur le fait que des
cheveux prlevs sur la couronne gardent sur la zone donneuse leur
potentiel de pousse et de renouvellement. Les interventions le plus
souvent pratiques restent les autogreffes. Les greffons
cylindriques sont abandonns au prot des mini- et des microgreffes
pratiques sous anesthsie locale. La chirurgie doit tre ralise en
prvoyant lvolution future de la calvitie. Les microgreffes
permettent de raliser une bordure frontale naturelle et les
minigreffes permettent une meilleure densit plus en arrire.
Lambeaux de transposition et rductions de tonsure sont moins
pratiqus. Les implantations de cheveux articiels sont proscrire
(rejet et surinfection). Postiches ou prothses capillaires Les
perruques sont indiques dans les alopcies postchimiothrapie ou dans
les pelades totales ou tendues. Elles sont prises en charge par la
scurit sociale hauteur de 500 Francs. Les postiches ou prothses
capillaires partielles permettent de couvrir une tonsure ou de
corriger les grandes calvities. Elles ne sont pas prises en charge
par la scurit sociale. Ces postiches raliss sur mesure sont xes par
adhsif, clips ou tressage. Le mlange de plusieurs teintes permet de
raliser exactement la nuance de couleur de chaque patient. Stratgie
thrapeutique Chez lhomme, le traitement est dabord mdical. Le choix
dpend de ce que le patient a dj fait, de ltat de son cuir chevelu
et de ses motivations prendre plutt un traitement par voie orale ou
en application locale. Finastride : 1 comprim/j (1 mg) en continu,
au moment ou en dehors des repas. Laugmentation des doses naugmente
pas lefficacit. Il est important dexpliquer au patient que le
traitement est efficace au bout de 3 mois et que les rsultats sont
maximaux 1 an, voire 2 ans de traitement. Quelques cas ddme des
lvres, druption ou de gyncomastie ont t dcrits. Dans 1 2 % des cas,
il peut exister des baisses du dsir sexuel et de la libido. Les
rares cas de dysfonction rectile sont rversibles, soit avec la
poursuite du traitement, soit larrt du traitement. Minoxidil : une
application locale de 1 mL matin et soir sur les zones atteintes,
en continu. Lefficacit est un peu plus rapide et peut sobserver ds
le deuxime mois de traitement avec la forme 5 %. Vrier labsence
dirritation, de pellicules ou deczma, et surveiller de principe la
tension artrielle. Une augmentation de la chute correspondant
llimination de cheveux tlognes peut sobserver au cours des 6
premires semaines. Quel que soit le traitement, efficacit et
tolrance sont apprcies par le patient et par le mdecin. La prise de
photographies avant traitement est souhaitable. Le patient est revu
3 mois aprs le dbut du traitement, puis tous les 6 mois. Si un des
traitements nest pas efficace, lautre peut tre propos. La
non-rponse lun nimplique pas une non-rponse lautre. Les deux
traitements peuvent tre associs. Lefficacit de ces traitements est
suspensive. En cas darrt, le bnce acquis est perdu au bout de 3
mois environ pour le minoxidil et de 6 mois environ pour le
nastride. s Alopcie androgntique fminine LAAG fminine (AAGF) [3],
tout comme lAAGM, est le plus souvent hrditaire. Il est cependant
ncessaire dliminer une tiologie iatrogne ou endocrinienne.
prconisent une seule application de 2 mL de minoxidil 5 % le soir.
Ce schma, moins contraignant, ne repose pas sur des tudes cliniques
permettant de le comparer au traitement classique. Tout comme chez
lhomme, le traitement par minoxidil est suspensif et larrt des
applications saccompagne dune disparition des effets bnques en 2 6
mois. Actate de cyprotrone Est-il ncessaire ? Le bilan hormonal
nest indiqu que sil existe des anomalies des rgles ou des signes
dhyperandrognie. Il faut demander en premire partie de cycle un
dosage de testostrone, de 17-OH-progestrone et de sulfate de
dhydropiandrostrone (sDHA). Ce bilan permet de rechercher une
hyperscrtion dandrognes ovariens ou surrnaliens, et de faire
ensuite, avec le spcialiste, si ce bilan est anormal, des
explorations dynamiques la recherche dun bloc surrnalien rvlation
tardive ou une chographie la recherche dovaires polykystiques. Le
bilan doit toujours tre effectu distance de tout traitement
corticode ou hormonal et 2 3 mois aprs arrt dune ventuelle
contraception. Sil existe une amnorrhe et/ou une galactorrhe, une
prolactinmie est demande. En cas de suspicion de syndrome de
Cushing, un cortisol libre urinaire des 24 heures est demand.
Lactate de cyprotrone a une AMM dans le traitement de lhirsutisme,
mais pas dans celui de lAAGF isole. Son action antisborrhique est
rapide, mais laction antichute est plus lente et moins constante,
et laction sur la repousse nest pas trs bien documente. Lactate de
cyprotrone est indiqu en cas dhirsutisme idiopathique associ lAAGF,
ou hors AMM en cas dAAGF associe une hypersborrhe ou une acn. En
dehors de ces situations, lactate de cyprotrone napporte pas de
bnce clinique. Chez la femme jeune et en labsence de
contre-indication, le traitement le plus simple repose sur
lutilisation de la pilule Dianet 35, 21 jours sur 28, associe 25 ou
50 mg dactate de cyprotrone les 20 premiers jours de chaque
plaquette. Dianet 35 permet une contraception immdiate si elle est
prescrite ds le dbut des rgles et assure en gnral des rgles
rgulires, sans spotting, mais elle expose aux complications
mtaboliques de lthinyl-stradiol. Chez la femme, aprs 40 ou 45 ans,
ou sil existe une contre-indication lthinyl-stradiol, Dianet 35 est
remplac par un strogne naturel la dose de 1 3 mg/j, 20 jours sur
28, administr per os ou par voie per cutane. Lactate de cyprotrone,
la dose de 25 50 mg, est imprativement associ, 20 jours sur 28,
pour assurer la contraception. Une contraception locale est
indispensable le premier mois. Lactate de cyprotrone induit une
atrophie de la muqueuse utrine et les rgles peuvent disparatre chez
40 % des patientes. Lapparition de spotting ncessite une rduction
de la dose dactate de cyprotrone ou une augmentation de la dose
dstrognes. Les saignements sont aggravs sil existe un strilet. Des
adaptations posologiques sont parfois ncessaires aprs 3 mois de
traitement. Le traitement doit tre prolong au minimum 12 18 mois.
En labsence de dsir de grossesse, il peut durer plus longtemps.
Traitement Quelle contraception chez la femme jeune ? Devant une
AAGF peu svre, il faut expliquer que lAAGF nvolue pas vers une
vritable calvitie. Ensuite, il faut liminer une aggravation
secondaire un stroprogestatif andrognique, un stress rcent, ou une
carence en fer associe. Un traitement vitaminique (vitamine B5 et
biotine) ou un traitement par acides amins soufrs sur une dure de 2
3 mois peut aider rassurer les patientes inquietes. Si lAAGF est
plus avance, deux traitement sont disponibles : minoxidil et actate
de cyprotrone. Deux types de contraception peuvent aggraver ou
dclencher une AAGF chez les femmes prdisposes : les
stroprogestatifs comportant un progestatif andrognique ; les
pilules microdoses comportant un progestatif utilis seul. Une
demande de contraception peut survenir chez une femme prdispose
lAAGF. On propose : soit un stroprogestatif minidos, 20 ou 30 ng
dthinyl-stradiol avec un progestatif de troisime gnration
(gestodne, norgestigmate ou dsogestrel) ; soit Dianet 35 contenant
2 mg dactate de cyprotrone et 35 ng dthinyl-stradiol. En cas dacn,
dhypersborrhe ou dhirsutisme associ, il est possible dajouter 12,5
50 mg dactate de cyprotrone Dianet 35 ou 25 ng dthinyl-stradiol.
Diagnostic LAAGF se dveloppe progressivement partir de la pubert.
Dans un premier temps, la chute est exagre, mais le renouvellement
capillaire empche la constitution dune alopcie. Ensuite les cheveux
deviennent plus ns et une alopcie diffuse sinstalle, respectant une
mince bande frontale antrieure et la zone occipitale basse.
Linterrogatoire recherche : une prise dandrognes, danabolisants, de
corticodes ou encore de progestatifs androgniques ; des signes de
dysovulation (amnorrhe, spaniomnorrhe). Lexamen recherche des
signes dhyperandrognie mineurs (hypersborrhe, acn, hirsutisme) ou
majeurs (hypertrophie clitoridienne, voie rauque, atrophie des
seins, morphognie masculine). Bilan hormonal Minoxidil 2 % Il est
utilis selon les mmes modalits que dans lAAGM. Le minoxidil 5 %
nest pas indiqu chez la femme en raison dhypertrichoses faciales,
observes notamment chez les femmes noires ou trs brunes. Il peut
tre utilis hors AMM chez les femmes ayant une pilosit peu dveloppe.
Certains 6
13. Alopcies - 2-0655 En cas de contre-indication
lthinyl-stradiol, il ne faut pas prescrire un progestatif microdos
mais une association actate de cyprotrone et strogne naturel, avec
une contraception locale le premier mois. Autogreffes [2] La
ralisation de mini- ou de microgreffes chez la femme doit tre trs
prudente, car lAAGF est le plus souvent diffuse et une chute de
cheveux autour des sites receveurs est possible. Il ne faut donc
proposer des greffes que si la densit capillaire est bonne sur les
zones donneuses et trs faible sur les zones receveuses. Ces greffes
doivent tre ralises par un chirurgien ayant lhabitude des greffes
de cheveux chez la femme. Pascal Reygagne : Docteur, ancien interne
des hpitaux de Paris, ancien chef de clinique-assistant, centre
Sabouraud, hpital Saint-Louis, 2, place du Docteur-Alfred-Fournier,
75010 Paris, France. Toute rfrence cet article doit porter la
mention : P Reygagne. Alopcies. Encycl Md Chir (Editions
Scientiques et Mdicales Elsevier SAS, Paris, tous droits rservs),
AKOS Encyclopdie Pratique de Mdecine, 2-0655, 2002, 7 p Rfrences
[1] Bonvalet D. Les alopcies cicatricielles. In : Bouhanna P,
Reygagne P d. Pathologie du cheveu et du cuir chevelu. Paris :
Masson, 1999 : 172-184 [5] Kaufman KD, Olsen EA, Whiting D, Savin
B, De Villez R, Bergfeld W et al. Finasteride in the treatment of
men with androgenetic alopecia. J Am Acad Dermatol 1998 ; 39 :
578-589 [2] Bouhanna P. Chirurgie des calvities masculines et
fminines. In : Bouhanna P, Reygagne P d. Pathologie du cheveu et du
cuir chevelu. Paris : Masson, 1999 : 255-280 [6] Mehregan DA,
Vanhalle HM, Muller SA. Lichen planopilaris: clinical and
pathologic study of forty-ve patients. J Am Acad Dermatol 1992 ; 27
: 935-942 [3] Jouanique C, Reygagne P. Alopcie androgntique de la
femme. Concours Md 1998 ; 120 : 2120-2125 [7] Price VH, Menefee E,
Strauss PC. Change in hair weight and hair count in men with
androgenetic alopecia, after application of 5 % and 2 % topical
minoxidil, placebo, or no treatment. J Am Acad Dermatol 1999 ; 41 :
717-721 [4] Jouanique C, Reygagne P. Effluvium tlogne. Concours Md
1998 ; 120 : 2120-2125 [8] Reygagne P. Les alopcies mdicamenteuses.
Inf Dermatol 1996 ; 21 : 15-19 7
14. 2-0785 AKOS Encyclopdie Pratique de Mdecine 2-0785
Antiseptiques P Wolkenstein L es antiseptiques sont des mdicaments
topiques permettant la destruction systmatique des germes pathognes
qui souillent un organisme vivant. Le choix dun antiseptique dpend
de son activit, de sa prsentation et de sa tolrance. Lutilisation
dun antiseptique large spectre parat prfrable (iods,
chlorhexidine). Lutilisation des antiseptiques en peau saine est
recommande pour le lavage des mains dans certaines circonstance
(contact avec des sujets profondment immunodprims, prvention des
infections nosocomiales manuportes, avant la mise en place de gants
striles pour gestes sanglants). En labsence de donnes ables en peau
lse, leur utilisation doit tre restreinte aux brlures et aux
dermatoses bulleuses tendues. 2002 Editions Scientiques et Mdicales
Elsevier SAS. Tous droits rservs. Mots-cls : antiseptiques, peau. s
Introduction. Dfinitions Lantisepsie est la mise en uvre des moyens
physiques ou chimiques de lutte contre linfection par la
destruction systmatique des germes pathognes qui souillent un
organisme vivant. Le rsultat de cette opration est momentan et
limit aux micro-organismes et/ou virus prsents lors de lopration
[3]. Les antiseptiques sont les produits utiliss pour lantisepsie.
Les indications actuellement retenues par les commissions
dautorisation de mise sur le march pour leur utilisation sont :
plaies ou brlures supercielles et peu tendues, traitement dappoint
des affections de la peau (et des muqueuses) primitivement
bactriennes ou susceptibles de se surinfecter, antisepsie des mains
du personnel soignant, antisepsie chirurgicale (antisepsie des
mains du chirurgien, antisepsie de la peau du champ opratoire),
antisepsie des grands brls, antisepsie des dermatoses bulleuses.
Certaines indications sont particulires un produit : la prparation
de la peau avant injection ou ponction cutane pour lalcool,
protection antibactrienne des petites plaies et des brlures
supercielles pour les pansements, le nettoyage antibactrien
(antibactrien sous-entend non bactricide) pour les savons,
lantisepsie des plaies chirurgicales et lirrigation des cavits
internes. Les antiseptiques rpondent aux normes de la pharmacope ou
celle de lAgence franaise de normalisation (AFNOR) [1]. Ces normes
sont appeles voluer avec la rglementation europenne. Ainsi, suivant
ses proprits, un antiseptique est-il quali de bactricide, virucide
ou fongicide. Ces normes font intervenir des mthodes dvaluation in
vitro ou en peau saine. titre dexemple, les normes AFNOR dnissent
lactivit bactricide in vitro dun antiseptique suivant la
concentration minimale dun produit entranant, aprs un contact de 5
minutes, la rduction dun facteur de 10 5 du nombre de bactries
provenant de cinq souches bactriennes diffrentes. Les antiseptiques
sont utiliss dans les soins cutanes. Il convient den dnir le bon
usage. s Antiseptiques [4] Activits antimicrobiennes des
antiseptiques De nombreux antiseptiques sont notre disposition. Ils
sont numrs dans le tableau I. Ils existent sous diffrentes
prsentations : solution, savon, pommade... Chacun des antiseptiques
a des caractristiques antimicrobiennes qui lui sont propres.
Lactivit antimicrobienne des principaux antiseptiques est rsume
dans le tableau II. Le choix dun antiseptique dpend de son activit,
de sa prsentation et de sa tolrance. Effets secondaires des
antiseptiques Des effets secondaires ont t dcrits pour chaque
classe dantiseptiques. Les ammoniums quaternaires sont des
inhibiteurs de lactylcholinestrase ; des hpatites et des
neuropathies sont observes chez lanimal aprs ingestion. Linjection
intraveineuse entrane convulsions et paralysie diaphragmatique. Un
passage systmique lors de lutilisation en peau lse est probable. La
chlorhexidine est considre comme un antiseptique bien tolr ;
cependant, des chocs anaphylactiques ont t rapports aprs contact
avec les muqueuses. Les drivs phnols, et notamment lhexachlorophne,
ont t incrimins dans des accidents neurologiques de type
encphalitique. Le triclocarban, aprs dgradation par chauffage, peut
provoquer des mthmoglobinmie chez les nourrissons. Au cours du
traitement 1 des brlures, des accidents de type insuffisance rnale
ou acidose mtabolique ont t observs, vraisemblablement lis des
quantits sriques importantes diode. Les drivs iods pourraient
provoquer des ractions anaphylactiques. La plupart des
antiseptiques peuvent provoquer des dermites de contact de mcanisme
allergique ou irritatif. Certaines associations sont classiquement
viter, conduisant la production de composs toxiques : les drivs
iods et les mercuriels sont incompatibles, formant du iodure de
mercure ; linactivation par association dammoniums quaternaires ou
de digluconate de chlrohexidine avec des surfactifs anioniques
(savons...). Critres thoriques de choix dutilisation des
antiseptiques [5] Le choix dun antiseptique dpend de son activit
antimicrobienne. Lutilisation dun antiseptique large spectre parat
prfrable (iods, chlorhexidine). Un antiseptique spectre troit
(hexomdine, ammoniums quaternaires...) pourrait suffir dans des
situations o les cocci Gram positif jouent un rle prpondrant. Dans
tous les cas, une action bactricide est souhaitable. En cas
dutilisation en peau lse, le choix devrait se porter sur des
produits peu sensibles aux phnomnes dinterfrence par des substances
biologiques. La rapidit daction peut tre recherche (ponction
veineuse, prparation du champ opratoire) avec des antiseptiques
comme lalcool 70, lalcool iod, les drivs iods et la chlorhexidine
en solution alcoolique. Lantiseptique doit tre bien tolr, surtout
sil doit tre utilis de manire rpte sur peau irritable. Des proprits
distinctes de lactivit antiseptique peuvent tre recherches, comme
une action dtergente (surfactifs cationiques, savons...) ou
asschante (nitrate dargent 0,5 ou 1 %, osine...).
15. 2-0785 - Antiseptiques Tableau I. Liste des spcialits
contenant des antiseptiques (dition du Vidalt 2001). Chlorhexidine
+ benzalkonium Ammonium quaternaires Dermobactert solution pour
application cutane Mercrylt solution pour application cutane
Mercrylt solution moussante solution pour application cutane
Mercrylt spray solution pour application cutane Ctavlon alcoolique
solution pour application cutane Phisomaint solution pour
application locale Septiseptt compresse imprgne Sterlanet solution
pour application locale Chlorhexidine Biseptinet solution pour
application locale Chlorhexidinet alcoolique colore Gilbert
solution pour application locale Chlorhexidinet alcoolique Gilbert
solution pour application cutane Chlorhexidinet aqueuse Gilbert
solution pour application locale Cytalt solution pour application
locale Dermasprayt Antiseptique solution pour application locale
Dosiseptinet solution pour application cutane Exoseptoplixt
solution pour application cutane Gluconate de chlorhexidinet Gifrer
solution pour application locale Hibidilt solution pour application
locale Hibiscrubt solution pour application locale Hibisprintt
solution pour application locale Hibitanet solution pour
application locale Hibitanet Champ solution pour application locale
Merfnet solution pour application locale Plurexidt solution pour
application locale Septalt solution pour application locale
Spitadermt solution pour application locale Iode Peroxyde dhydrogne
Btadinet compresse imprgne, gel pour application cutane Btadinet
alcoolique solution pour application cutane Btadinet dermique
solution pour application locale Btadinet Scrub solution pour
application cutane Btadinet Tulle pansement mdicamenteux Poliodinet
solution dermique solution pour application cutane Dosoxygnet
solution pour application cutane Eau oxygnet stabilite Gilbert
solution pour application locale Colorants Chromargont solution
pour application locale osine aqueuse Gifrer solution pour
application locale osine aqueuse Gilbert solution pour application
locale Parahydroxybenzoate de benzyle Nisapulvolt poudre pour
application cutane Nisasolt solution pour application cutane Drivs
anioniques Triclocarban Hexamidine Alknidet solution pour
application locale Dermacide savon, solution pour application
locale Cutisant poudre pour application cutane Septivon solution
pour application cutane Solubacter solution pour application locale
Hexamidinet Gilbert solution pour application cutane Hexamidinet
Urgo solution pour application cutane Hexaseptinet solution pour
application locale Hexomdinet solution pour application locale,
solution pour pulvrisation cutane Hexomdinet transcutane solution
pour application locale Hypochlorite de sodium Organomercuriels
Amukinet solution pour application locale Dakin Coopert stabilis
solution pour application locale Dermachromet solution pour
application cutane Pharmadoset mercurescine compresse imprgne
Permanganate de potassium thanol Permanganate de potassium Lafran
comprim pour solution locale 2 Pharmadoset alcool compresse imprgne
Sels de cuivre ou de zinc Mtacuprolt comprim effervescent pour
solution locale Ramett pain acide Ramet Dalibourt acide solution
pour application locale Autres Contre-coups de lAbb Perdrigeont
solution pour application cutane Strilium solution pour application
locale
16. Antiseptiques - 2-0785 Tableau II. Activit antimicrobienne
des principaux antiseptiques. Produits Mode daction Spectre
Utilisation Inconvnients Alcool Dnaturation protique Bactricide
Action lente sur les mycobactries Virucide (VIH) Inactif sur le
virus de lhpatite B Inactif sur les spores Dsinfection cutane
rapide mais son inactivit sur les spores devrait lui faire prfrer
un produit iod avant injection intramusculaire Scheresse cutane
Drivs chlors Dnaturation protique Bactricides Sporicides Fongicides
Virucides (VIH, hpatite B) Bactricides rapidement faible
concentration. Leur action sur les mycobactries, les spores et les
champignons ncessite des concentrations plus leves et un temps de
contact plus long Irritant Drivs iods Dnaturation protique
Fortement et rapidement bactricides, y compris sur le bacille
tuberculeux, sporicides, fongicides et virucides sur la plupart des
virus (VIH) des concentration diode 1% Activit diminue par la
prsence de matire organique Irritants, allergisants, risque de
manifestation systmiques chez le nouveau-n Chlorhexidine
Prcipitation des protines et des acides nucliques Antibactrien
large spectre : - action faible sur les entrocoques et les bacilles
tuberculeux ; - action variable sur le pyocyanique, les Proteus et
les Serratia Activit diminue par la prsence de matire organique
Rares allergies de contact Eau oxygne Interactions avec les
protines Bactriostatique Faible activit sur les spores et les
champignons Virucides Grande rapidit sur le VIH Ammoniums
quaternaires Destruction des membranes cytoplasmique, dnaturation
protiques Faiblement bactricides : plus actifs sur les bactries
Gram positif que sur celles Gram ngatif Pseudomonas et Serratia
peuvent se dvelopper dans des solutions de ces produits Action sur
le VIH la concentration de 0,1 % Activit diminue par la prsence de
matire organiqueAction dtergente Allergisant, nombreuses
incompatibilits Carbanilides (triclocarban) Dtergents
Bactriostatiques sur les bacilles Gram positif Action dtergente
Rares allergies Drivs mercuriels et de largent Bactriostatiques,
fongistatiques Activit diminue par la prsence de matire organique
Irritants, allergisants Colorants Hexamidine Bactriostatique Actif
sur les cocci Gram positif et sur Candida Albicans Activit
antibactrienne faible Divers VIH : virus de limmunodcience humaine.
s Utilisation des antiseptiques Rgles thoriques dutilisation des
antiseptiques Avant application dun antiseptique, il faudrait
diminuer au maximum linoculum bactrien et les phnomnes
dinterfrences en enlevant de faon mcanique les dbris ncrotiques et
la brine, en lavant la peau avec un savon, et en rinant abondamment
avec de leau. Des concentrations suffisantes et non toxiques
devraient tre utilises. Compte tenu de laction gnralement
transitoire des antiseptiques, les applications devraient tre rptes
plusieurs fois par jour en fonction du temps de rmanence.
Utilisation des antiseptiques en peau saine Semmelweiss a le
premier dmontr en 1846 Vienne en Autriche que le lavage et
lantisepsie des mains des obsttriciens rduisaient la mortalit
maternelle. Lintroduction de lutilisation des antiseptiques sur la
peau saine au XIXe sicle a donc transform la chirurgie et
lobsttrique dont la mortalit et la morbidit se sont brutalement
effondres. Aprs une intervention chirurgicale dermatologique, la
rupture de la barrire cutane favorise linfection. Lantisepsie
propratoire doit rpondre des rgles strictes, presque rituelles, si
lon en espre une efficacit. Son objectif est dliminer les germes
cutans et transitaires. On peut proposer le schma suivant :
application dun antiseptique (Btadinet solution dermique,
chlorhexidine 0,5 % en solution alcoolise 70 [Hibitanet champ 0,5
%]) du lieu de lincision vers la priphrie, schage dau moins 3
minutes, rptition de la procdure deux trois fois. Le lavage
hyginique des mains vise liminer la ore contaminante
(Staphylococcus aureus, bacilles Gram ngatif...) et prvenir les
infections manuportes cocci Gram positif. Un savonnage et un rinage
soigneux suffisent. Les solutions 3 alcooliques actuellement
disponibles sont aussi efficaces et plus pratiques que le lavage
hyginique. Le lavage antiseptique est ncessaire avant contact avec
des sujets ayant une immunodpression profonde ou avant de mettre
des gants striles pour un geste le ncessitant. Il faut alors
utiliser des solutions antiseptiques puissantes possdant un spectre
large et un effet rmanent (Hibiscrubt, Plurexidt, Btadinet Scrub,
Cytalt solution moussante...). Le lavage doit tre long, au minimum
3 minutes. Antiseptiques en peau lse [7] Arguments pour, arguments
contre Les antiseptiques sont utiliss en peau lse notamment dans
les plaies chroniques, les brlures et les dermatoses tendues. Les
tudes valuant leur efficacit dans ces circonstances sont peu
nombreuses. Stalder et al [6] ont compar lefficacit de deux
antiseptiques, la chlorhexidine et le permanganate de potassium,
chez deux groupes denfants atopiques : aucune diffrence
dvolution
17. 2-0785 - Antiseptiques clinique na t montre entre les deux
groupes et lamlioration observe tait attribue au traitement par
dermocorticodes. Le meilleur moyen de lutter contre la colonisation
bactrienne en peau lse est donc la restauration de la barrire
cutane. Ceci est bien dmontr avec les corticodes locaux dans la
dermatite atopique et dans leczma des mains. Les antiseptiques ont
par dnition une action momentane, les procdures antiseptiques
devraient donc tre renouveles en peau lse en fonction du temps de
rmanence souvent mal connu. De plus, lactivit des antiseptiques en
peau lse est considrablement rduite par les interfrences avec les
produits biologiques (exsudats, pus, lectrolytes...) comme cela est
montr in vitro. Aux concentrations utilises en clinique, les
antiseptiques sont cytotoxiques in vitro et pourraient donc, par ce
mcanisme, retarder la cicatrisation. En peau lse, ils pourraient
favoriser lmergence de souches bactriennes multirsistantes ayant un
plasmide de rsistance croise antiseptiquesantibiotiques. Il est
indniable que lutilisation des antiseptiques dans les soins a
concid historiquement avec la diminution de la morbidit et de la
mortalit chez les brls. Le traitement par antiseptiques dune
infection cutane supercielle est souvent propos. Au cours de ces
infections supercielles comme limptigo, lefficacit des
antiseptiques semble peu importante compare lvolution spontane et
ne semble suffisante quen cas dinfection peu tendue. Il na jamais t
montr que les antiseptiques dans le traitement des plaies
chroniques comme les ulcres de jambe favorisaient la cicatrisation
par diminution de la colonisation microbienne. Les donnes de la
littrature ne permettent pas daffirmer lefficacit des antiseptiques
en peau lse, o pourtant ils sont utiliss. infections cutanes
supercielles, la prvention de la surinfection des dermatoses
suintantes ou des plaies souilles, ou lamlioration de la
cicatrisation des ulcres est probablement peu utile par rapport au
traitement tiologique, antibiothrapie gnrale, dermocorticodes,
lavage et irrigation... Lantisepsie locale doit donc tre prescrite
en en connaissant les limites et les possibles effets toxiques. Bon
usage des antiseptiques en peau lse Les antiseptiques en peau saine
ont fait lobjet dtudes permettant de recommander leur utilisation
pour le lavage des mains dans certaines circonstance (contact avec
des sujets profondment immunodprims, prvention des infections
nosocomiales manuportes, avant la mise en place de gants striles
pour gestes sanglants). En peau lse, labsence de donnes ables sur
lutilisation des antiseptiques doit conduire la ralisation dtudes
contrles dans les diffrentes situations cliniques. Dans les brlures
et les dermatoses bulleuses tendues, leur utilisation demeure
recommande. Malgr labsence dtudes contrles, le traitement des
brlures et des dermatoses bulleuses par antiseptiques locaux doit
tre conseill, par exemple par des pulvrisations rptes ou par des
bains de chlorhexidine aqueuse 0,01-0,02 % (Hibitanet dilu).
Lutilisation des antiseptiques en bains de bouche comme traitement
topique des ulcrations est admise. En revanche, pour les autres
ulcrations ou pertes de substance, en dehors de leffet mcanique du
lavage et dhygine de la peau lse, lintrt des antiseptiques nest pas
prouv. Lutilisation des antiseptiques dans le traitement des s
Conclusion Pierre Wolkenstein : Praticien h