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La mauvaise observance des traitements médicamenteux coûterait annuellement 5 milliards d'euros (Cabinet Jalma) Par Grégoire Faney Selon un nouveau rapport de Jalma (1), présenté le 19 juin 2014, la mauvaise observance des traitements médicamenteux générerait en France chaque année près de 475 000 hospitalisations évitables et un coût supplémentaire de 5 milliards d’euros pour le système de santé (2). "C’est un phénomène global", avance Daniel Szeftel, consultant associé du cabinet, estimant que de 30 % à 50 % des patients seraient concernés par cette pratique consistant à ne pas respecter la posologie prescrite pour un traitement. Au total, 1 médicament sur 8 prescrits ne serait pas pris de manière effective, ce qui représenterait un "gâchis" de 2,5 milliards d’euros. "Il faut changer les comportements", conclut Daniel Szeftel. Le cabinet Jalma émet 5 propositions pour améliorer cette situation, en suggérant par exemple que le prix des médicaments tienne compte du degré d’observance par les patients. --- 475 000 hospitalisations et 12 000 décès pourraient être évités en France chaque année, selon le cabinet Jalma, s’il y avait une meilleure observance des prescriptions médicales. Se basant sur une analyse d' études, pour la plupart internationales, transposées au cas français (lire encadré), le cabinet Jalma fait ainsi de la non-observance un "phénomène global" qui engendrerait un surcoût annuel de 5 milliards d’euros pour le système de santé français, à la fois du fait de non- consommation des médicaments prescrits (un "gâchis" de 2,5 milliards d’euros) et du fait des conséquences provoquées par un mauvais suivi du traitement. Le cabinet de conseils formule cinq propositions pour contribuer à "changer les comportements" et réduire ainsi les effets de la non-observance. Jalma propose tout d’abord de créer un nouvel observatoire de l’observance pour mener des études de suivi sur les prescriptions et pouvoir, en fonction des résultats obtenus, donner les éléments nécessaires à la constitution de campagnes de communication en santé publique, afin de mieux sensibiliser les patients. En second lieu, le cabinet propose de renforcer et d’étendre le rôle de conseil du pharmacien, "second professionnel interagissant le plus avec les Français, derrière le médecin", pour améliorer "l’observance médicamenteuse". Cette extension du rôle de conseil nécessiterait toutefois un besoin de formation spécifique ainsi qu’éventuellement une rémunération à la performance complémentaire, "opportune" d’après le cabinet pour "inciter le pharmacien à la qualité de l’accompagnement". Ce rôle de conseil pourrait aussi être renforcé par la mise en place de dispositifs d’e-prescriptions, qui permettrait d’avoir "une vision globale du traitement, de la prescription à la délivrance" et de "renforcer la coordination entre praticiens". Jalma souhaiterait également "assouplir" le cadre réglementaire permettant la mise en œuvre d’actions de soutien à l’observance des traitements. Le cabinet suggère une simplification du cadre légale des programmes d’accompagnement pour permettre des approches "plus légères,

On parle des propositions jalma sur l'observance dans l'AEF

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La mauvaise observance des traitements médicamenteux coûterait annuellement 5 milliards d'euros (Cabinet Jalma)

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La mauvaise observance des traitements

médicamenteux coûterait annuellement 5

milliards d'euros (Cabinet Jalma)

Par Grégoire Faney

Selon un nouveau rapport de Jalma (1), présenté le 19 juin 2014, la mauvaise observance des

traitements médicamenteux générerait en France chaque année près de 475 000 hospitalisations

évitables et un coût supplémentaire de 5 milliards d’euros pour le système de santé (2). "C’est un

phénomène global", avance Daniel Szeftel, consultant associé du cabinet, estimant que de 30 % à

50 % des patients seraient concernés par cette pratique consistant à ne pas respecter la posologie

prescrite pour un traitement. Au total, 1 médicament sur 8 prescrits ne serait pas pris de manière

effective, ce qui représenterait un "gâchis" de 2,5 milliards d’euros. "Il faut changer les

comportements", conclut Daniel Szeftel. Le cabinet Jalma émet 5 propositions pour améliorer

cette situation, en suggérant par exemple que le prix des médicaments tienne compte du degré

d’observance par les patients.

---

475 000 hospitalisations et 12 000 décès pourraient être évités en France chaque année, selon le

cabinet Jalma, s’il y avait une meilleure observance des prescriptions médicales. Se basant sur

une analyse d' études, pour la plupart internationales, transposées au cas français (lire encadré), le

cabinet Jalma fait ainsi de la non-observance un "phénomène global" qui engendrerait un surcoût

annuel de 5 milliards d’euros pour le système de santé français, à la fois du fait de non-

consommation des médicaments prescrits (un "gâchis" de 2,5 milliards d’euros) et du fait des

conséquences provoquées par un mauvais suivi du traitement. Le cabinet de conseils formule

cinq propositions pour contribuer à "changer les comportements" et réduire ainsi les effets de la

non-observance.

Jalma propose tout d’abord de créer un nouvel observatoire de l’observance pour mener des

études de suivi sur les prescriptions et pouvoir, en fonction des résultats obtenus, donner les

éléments nécessaires à la constitution de campagnes de communication en santé publique, afin de

mieux sensibiliser les patients. En second lieu, le cabinet propose de renforcer et d’étendre le rôle

de conseil du pharmacien, "second professionnel interagissant le plus avec les Français, derrière

le médecin", pour améliorer "l’observance médicamenteuse". Cette extension du rôle de conseil

nécessiterait toutefois un besoin de formation spécifique ainsi qu’éventuellement une

rémunération à la performance complémentaire, "opportune" d’après le cabinet pour "inciter le

pharmacien à la qualité de l’accompagnement". Ce rôle de conseil pourrait aussi être renforcé par

la mise en place de dispositifs d’e-prescriptions, qui permettrait d’avoir "une vision globale du

traitement, de la prescription à la délivrance" et de "renforcer la coordination entre praticiens".

Jalma souhaiterait également "assouplir" le cadre réglementaire permettant la mise en œuvre

d’actions de soutien à l’observance des traitements. Le cabinet suggère une simplification du

cadre légale des programmes d’accompagnement pour permettre des approches "plus légères,

favorisant une logique industrielle (visant plus d’une dizaine de milliers de patients),

l’accompagnement à distance par téléphone au lieu du face-à-face et l’utilisation des nouvelles

technologies (e-learning, télésurveillance)". Le cadre réglementaire devrait également être

assoupli pour permettre plus facilement une participation des industriels de santé "afin de

réellement les encourager à s’investir et financer de tels services". Jalma demande notamment

qu’un industriel de santé puisse lui-même définir le cahier des charges lors de la mise en place

d’un nouveau service.

INTÉGRER L’OBSERVANCE COMME CRITÈRE DU PRIX DES MÉDICAMENTS

L’intégration de l’observance comme critère pour la fixation du prix des médicaments constitue

la quatrième proposition du cabinet Jalma : "nous proposons de rétablir l’observance comme un

critère majeur d’amélioration du service médical rendu dans la doctrine de la HAS, lorsque le

niveau d’évidence est important dès la primo-évaluation ou sur la base d’études en vie réelle lors

de la réinscription." Le cabinet estime que cette mesure "permettrait de dépasser la prise en

compte de l’efficacité théorique du médicament pour mieux valoriser son bon usage […]". Dans

le même ordre d’idée, le cabinet recommande le développement de procédures de fixation

conditionnelle du prix des traitements" en fonction de critères objectifs, pertinents et mesurables

(comme l’observance)". Cette nouvelle politique de fixation des prix "responsabiliserait" d’autant

plus les industriels de santé, qui contribueraient de plus à une meilleure observance des

prescriptions par le biais de leur association plus étroite aux programmes d’accompagnement et

d’éducation thérapeutique des patients.

Encadré :

Limites méthodologiques

L’étude présentée le 19 juin 2014 par les consultants de Jalma repose, sur l’analyse d’une série

d’études internationales portant sur des données liées à la non-observance. Des données

épidémiologiques (prévalence et incidence, taux de décès et hospitalisations corrélés à un

mauvais suivi des traitements, durée moyenne des séjours en hospitalisation par pathologies) sur

un "nombre limité de pathologies" (3) et des donnés économiques (coûts moyens des

hospitalisations), ont ainsi pu être rassemblées. Ces données ont ensuite été transposées à la

situation française, en s’appuyant sur les comptes par pathologies publiés par l’assurance maladie

et en focalisant l’analyse sur l’impact de la non-observance des traitements sur le taux de décès,

les hospitalisations et les surcoûts engendrés.

Le chiffre de 475 000 hospitalisations évitables, engendrées par une mauvaise observance des

traitements, est lui-même extrapolé à l’ensemble du secteur de la santé, à partir de ces données

limitées à un certain nombre de pathologies. Jalma prend donc garde d’ajouter que "les résultats

de cette étude sont donc nécessairement modestes" au regard de ces limites méthodologiques.

(1) cabinet conseil spécialisé en santé

(2) Les estimations du cabinet Jalma reposent sur un certains nombre d'études portant sur un

nombre limité de pathologies. Le chiffre de 475 000 hospitalisations et de 5 Md€ est avancé en

extrapolant ces estimations à l'ensemble de la sphère des pathologies cardiovasculaires,

psychiatriques et cancers.

(3) Les pathologies retenues dans l'analyse de jalma sont le diabète, l'infarctus du myocarde,

l'insuffisance cardiaque, l'hypertension, le VIH, le cancer du sein, la bronchopneumothérapie

chronique obstructive, et les maladies psychiatriques.