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La progression du savoir s’appuie sur les capacités de calculs immenses de machines qui savent faire des milliards d’opéraons en moins de temps qu’il nous faut pour saisir notre plume. C’est justement une raison pour la prendre, notre plume. Nous ne sommes pas des machines... Pas seulement. Nous n’avons sans doute pas la capacité de calcul des ordinateurs que nous avons créés, mais nous sommes des hommes. Nous avons la faculté d’apprendre, d’analyser mais aussi de com- prendre, de déduire… de ressenr, de créer et même de croire. Prendre la plume c’est par exemple écrire ce livre. Un livre qui n’est en rien une encyclopédie, une somme, une tentave de descripon exhausve de quoi que ce soit… juste un livre écrit par un homme de la rue pour les hommes de la rue ; un livre qui tente de décrire la part compréhensible par chacun des hallucinantes découvertes de notre temps. Nous sommes pars à la recherche sinon de la vérité dernière - inaccessible aux humains - du moins d’une vision de notre univers qui enne compte des fasci- nantes découvertes de la science la plus moderne et des messages troublants des spiritualités du monde, mystérieusement transmis aux hommes depuis la nuit des temps. Nous sommes pars pour un bien long voyage… et notre bagage est si léger ! Comment nos cours de physique ont-ils pu nous barber à ce point ? Quel hur- luberlu imbécile a décrété qu’il fallait que nous apprenions par cœur le tableau périodique de Mendeleïev au lieu de laisser nos profs nous enflammer l’esprit avec leur passion ? Comment a t-on pu nous laisser croire que tout cela était un monde à part desné à une minorité infime de professeurs Tournesols en blouse blanche, minorité rébarbave dont nous autres créns éons nécessairement exclus. Pire, nos professeurs nous ont abandonné en rase campagne en maère spirituelle, nous laissant ignorants de toute autre tradion que celles de nos pères quand celle-là ne s’effaçait pas, elle aussi, derrière la tyrannie de la télé et des tablees. Comment a t’on pu laisser faire cela, alors que science et spiritualité sont si essenelles à l’évoluon de l’intelligence humaine ? Il faudra bien un jour que nous meons un coup de pied dans cee fourmilière-là qui nous empêche de comprendre le monde et fait le lit des fanasmes de tous bords. Nous avons tous besoin de savoir, soif de comprendre. Le monde qui nous entoure doit pou- voir faire sens que l’on se tourne vers le futur, vers l’infime, vers l’immense, vers EXTRAITS

IL ÉTAIT TEMPS par Arnaud DE SENILHES

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La progression du savoir s’appuie sur les capacités de calculs immenses de machines qui savent faire des milliards d’opérations en moins de temps qu’il nous faut pour saisir notre plume. C’est justement une raison pour la prendre, notre plume.

Nous ne sommes pas des machines... Pas seulement. Nous n’avons sans doute pas la capacité de calcul des ordinateurs que nous avons créés, mais nous sommes des hommes. Nous avons la faculté d’apprendre, d’analyser mais aussi de com-prendre, de déduire… de ressentir, de créer et même de croire.

Prendre la plume c’est par exemple écrire ce livre. Un livre qui n’est en rien une encyclopédie, une somme, une tentative de description exhaustive de quoi que ce soit… juste un livre écrit par un homme de la rue pour les hommes de la rue ; un livre qui tente de décrire la part compréhensible par chacun des hallucinantes découvertes de notre temps.

Nous sommes partis à la recherche sinon de la vérité dernière - inaccessible aux humains - du moins d’une vision de notre univers qui tienne compte des fasci-nantes découvertes de la science la plus moderne et des messages troublants des spiritualités du monde, mystérieusement transmis aux hommes depuis la nuit des temps.

Nous sommes partis pour un bien long voyage… et notre bagage est si léger ! Comment nos cours de physique ont-ils pu nous barber à ce point ? Quel hur-luberlu imbécile a décrété qu’il fallait que nous apprenions par cœur le tableau périodique de Mendeleïev au lieu de laisser nos profs nous enflammer l’esprit avec leur passion ? Comment a t-on pu nous laisser croire que tout cela était un monde à part destiné à une minorité infime de professeurs Tournesols en blouse blanche, minorité rébarbative dont nous autres crétins étions nécessairement exclus. Pire, nos professeurs nous ont abandonné en rase campagne en matière spirituelle, nous laissant ignorants de toute autre tradition que celles de nos pères quand celle-là ne s’effaçait pas, elle aussi, derrière la tyrannie de la télé et des tablettes. Comment a t’on pu laisser faire cela, alors que science et spiritualité sont si essentielles à l’évolution de l’intelligence humaine ? Il faudra bien un jour que nous mettions un coup de pied dans cette fourmilière-là qui nous empêche de comprendre le monde et fait le lit des fanatismes de tous bords. Nous avons tous besoin de savoir, soif de comprendre. Le monde qui nous entoure doit pou-voir faire sens que l’on se tourne vers le futur, vers l’infime, vers l’immense, vers

EXTRAITS

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le passé. Nous devons écouter émerveillés et sereins la parole des hommes de science et celle des hommes de foi, sans a priori – ce n’est pas si facile quand il s’agit du temps et de l’espace par exemple – en acceptant de remettre en ques-tion ce qui nous semble acquis, en recevant avec autant de tolérance que d’esprit critique les paroles scientifiques et spirituelles de tous poils. Elles se trompent toutes car l’humanité n’est pas au bout de son chemin, si tant est qu’un tel bout, un tel « but » existe. Il n’y a pas de vérité finale… mais nous devons raccrocher les wagons, nous que nos profs ont laissé sur le quai avec au mieux 150 ans de retard.

LES ÉCHELLES DE L’UNIVERS

Dans NOTRE réalité, l’infini n’existe pas. Aucun infini n’existe, ni l’infini du temps ni l’infini de l’espace, ces deux aspects d’une même réalité. Le temps, notre temps du moins, a eu un commencement, le Big Bang, et il aura une fin. L’univers lui non plus ne peut pas être infini. Sa taille est immense, on ne peut la connaître, mais elle est finie. Pire, la taille de l’univers est finie et pourtant l’univers n’a ni bord ni centre, un peu comme la surface d’une gigantesque orange où l’on pro-mènerait son doigt sans fin. L’infini n’existe pas non plus dans le sens du petit. La réalité s’arrête sans doute au niveau des particules élémentaires, des cordes ou des boucles mais c’est bien avant ce niveau minuscule que NOTRE réalité à nous perd pied dans les dédales hallucinants de la physique quantique.

L’ARBRE DE LA VIE

Nous avons tous, plus ou moins vaguement, entendu parler de Darwin, de l’évo-lution, des dinosaures et de leur étrange disparition, mais c’est à peine si on nous a fait plancher quelques heures là-dessus à l’école. Franchement, il ne nous en reste pas grand-chose, pas grand-chose sinon peut-être le sentiment diffus, vaguement désagréable, de n’être somme toute que des singes parmi les singes, des primates que le hasard aurait juste doté d’un cerveau un peu plus gros que celui des autres… et nous qui croyions, naïvement, que Dieu nous avait façonné à son image ! Dieu serait-il, lui aussi une espèce d’orang-outan poilu, un mangeur de bananes cosmiques ?

Voilà de quoi susciter le juste courroux de la science créationniste, dont les thèses sont valeureusement défendues par la « Creation Research Society», mais aussi par les musulmans salafistes et par environ la moitié - seulement - des catholiques intégristes. Ils viennent justement rappeler aux mécréants que les livres sacrés

nous enseignent que l’univers dans son ensemble et en particulier la Terre ont été créés il n’y a que quelques milliers d’années. Le temps a donc manqué pour que l’évolution élucubrée par Darwin puisse se produire. C’est une évidence. Il n’y a pas à barguigner, l’homme et tous les animaux avec lui ont donc directement été créés par Dieu dans leur état actuel. Les fossiles que l’on retrouve dans tréfonds de la terre sont ceux des animaux que le déluge a fait disparaitre, lorsque les pluies noyèrent les plus hautes montagnes pendant toute une année à l’époque de Noé.

C’est aux créationnistes que l’on doit l’interdiction dans 4 états des Etats-Unis d’enseigner les lois de l’évolution de Darwin à l’école, lois que la Cour suprême jugera inconstitutionnelle, certes, mais pas au début du XIXe siècle, non en… 1968 ! Bien plus récemment encore, dans les années 1980, l’Arkansas et la Louisiane votèrent de nouvelles lois obligeant les écoles à enseigner à parité le créationnisme et l’évolution… entraînant à nouveau, on s’en doute, la censure de la cour suprême.

Les créationnistes ne démordent toujours pas aujourd’hui. Raconter au pied de la lettre qu’un grand déluge qui serait intervenu il y a à peine quelque dizaines de siècles, aurait enfoui en 365 jours les fossiles que l’on retrouve aujourd’hui dans les strates accumulées pendant les millions d’années des ères géologiques relève de la pure gaudriole… amusons nous un peu.

Les océans recouvrent aujourd’hui 70,8% de la surface de notre planète et ils ont une profondeur moyenne de 3.750 mètres environ. Chacun sait que la plus haute montagne du monde est l’Everest qui culmine, excusez du peu, à 8.848 mètres au dessus du niveau des océans, justement. Les créationnistes ont la bonté de nous dire que le déluge a eu pour effet de recouvrir les plus hautes montagnes de 7 mètres d’eau. Admettons. Il a donc fallu que les océans grimpent jusqu’à 8.855 mètres au dessus de leur niveau actuel et ce non pas sur 70,8% de la surface du globe mais bien sur 100%. Faisons le calcul, il a donc fallu que plus de cinq mille milliards de milliards de litres d’eau représentant quasiment 5 fois le volume actuel des océans soient soudain apparus en seulement 40 jours de pluie, aient stagné sur terre pendant une année et se soient ensuite évaporés on ne sait où sans laisser la moindre trace… Et les poissons alors, tous ceux qui ont disparu au cours des millions d’années de l’évolution… qui dont les a noyé ?

La vie sur Terre est le résultat d’une fabuleuse évolution et s’est infiniment diver-sifiée à partir d’un seul ancêtre commun à tout le vivant : LUCA. Cette évolution

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qui va toujours du plus simple au plus complexe ne peut en aucun cas être due au hasard. Chacune des cellules d’un être vivant contient la totalité de son code génétique, de son ADN. La nature reproduit d’une manière incroyablement fiable les ADNs des parents qui se combinent pour fabriquer à chaque foi un être tota-lement nouveau, une combinaison qui, à l’exception des vrais jumeaux, ne se retrouvera plus jamais. Sans cette fiabilité, la vie ne pourrait pas se développer. Ce mécanisme presque parfait connaît pourtant un défaut aussi infime qu’une seule faute d’une seule lettre dans un livre comme celui que vous êtes en train de lire. C’est ce défaut infime multiplié par un nombre immense d’individus et amplifié par les lois cruelles de la sélection naturelle qui est responsable de l’in-croyable diversité du vivant. La nature teste toutes les évolutions possibles, fait disparaître l’immense majorité des espèces qu’elle créé pour ne retenir que les meilleures et les adapter d’une manière extrêmement précise à tous les milieux, y compris les plus invivables et les plus pollués par l’homme. La nature n’est ni bienveillante ni cruelle. Elle est systématique.

La nature a ainsi récemment créé l’espèce humaine, la seule dont l’intelligence soit assez développée pour substituer une évolution « culturelle » aux mécanismes de la sélection naturelle ; une espèce qui modifie les gènes des plantes avant de s’attaquer à celui des animaux, qu’elle clone déjà, et aux humains dont elle a décodé le génome. L’espèce humaine commence ainsi à jouer avec ses propres gènes pour éradiquer la mucoviscidose dans le meilleur des cas, mais aussi, dans la pire hypothèse, pour produire en masse des grands blonds aux yeux bleus ou, plus commercialement, n’importe quelle variation au gré du désir des « clients » de demain des petits Frankenstein de la génétique. On en frissonne.

Le principe de complexification croissante semble bien dessiner un chemin, la vie unicellulaire a évolué vers une incroyable diversité d’espèces de plus en plus élaborées. L’évolution des espèces a abouti à l’intelligence et l’intelligence conduit à la modification volontaire et directionnelle des gènes, à la création de la vie artificielle qui pourrait bien être le seuil de la prochaine étape de l’évolution du vivant.

C’est le 21 mai 2010 que John Craig Venter un jeune Papy de 64 ans, chauve et barbu, plutôt jovial, annonça au monde ébahi ce qui reste à ce jour la plus formi-dable avancée humaine en matière de recréation du vivant. C’est donc ce fameux 21 mai 2010 que ces braves gens ont réussi à créer de toute pièce un génome 100% artificiel, à l’aide d’ordinateurs super puissants, d’ingénierie chimique de

pointe et il faut bien le dire d’une bonne dose de matière grise et de talent. Pas un génome humain, certes, le plus simple de tous les génomes, celui d’une bactérie minuscule, mais quand-même mesurons bien les choses, un génome, c’est-à-dire le Livre de la vie, ARTIFICIEL… mais ce n’est pas tout. Cet exploit là, la création de toute pièce d’un génome artificiel, ils l’avaient déjà accompli en 2007, mais le 21 mai 2010 ils annonçaient qu’ils étaient allé beaucoup plus loin, qu’ils étaient passés de l’autre côté du miroir, qu’ils avait sauté le pas qui sépare l’exploit du prodige. Le 21 mai 2010, le monde interloqué apprenait que John Craig Venter et ses sbires avaient vidé une bactérie monocellulaire de son ADN et, comme pour un clonage, avaient mis à sa place leur génome synthétique. Le prodigieux résultat est qu’à l’issue de l’opération, la cellule était non seulement vivante mais capable de se diviser pour se reproduire. Ses créateurs ont formé le tout nouveau nom de cette bactérie synthétique en ajoutant à son nom latin naturel un suffixe à faire froid dans le dos : « Myctoplasma Mycoides JCVI-syn 1.0 » C’était la toute première foi qu’un organisme vivant, mieux qu’un orga-nisme capable de se reproduire, portait ce genre de nom. Reformulons cela en nous faisant un peu plaisir et un peu peur : l’Homme a-t-il réussi le 21 mai 2010 à créer la vie à partir de la matière inanimée, et non seulement la vie, mais une vie parfaitement fonctionnelle, capable de se reproduire par autoréplication, une vie monocellulaire comparable à celle qui a servie de souche à tout le vivant qui ait jamais existé sur Terre ?

LA BEAUTÉ DE NOMBRES

Adolescent, j’habitais non loin d’une petite ville du centre de la France, historique et délicieuse, Blois, un concentré d’histoire et de douceur de vivre niché sur les bords de la Loire. A cette époque déjà lointaine, près de la gare, s’élevait, impo-sante, une vieille dame de briques rouges et de pierres blanches : la chocolaterie Poulain. Une vraie chocolaterie, gigantesque, avec face à l’entrée la maison du directeur, minuscule château de la belle au bois dormant, avec ses encorbelle-ments, ses gracieuses et fines échauguettes et ses hauts toits pointus d’ardoise. Lorsque le temps était lourd, la chocolaterie répandait sur toute la ville et jusqu’à notre lointain Lycée une épaisse et délicieuse odeur de chocolat, irréelle, un peu magique… souvenir d’enfance. Ces jours là, plus que tout autres, les cours de math que je détestais déjà d’ordinaire, devenaient un véritable supplice. Les chiffres, les équations et les ensembles se fondaient dans les vagues et les replis du parfum merveilleux qui nous enveloppait comme une chape de velours moirée. Il me semblait même, parfois, que les paroles du prof, que plus aucun de nous

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n’avait la force d’écouter, se faisaient hésitantes et lointaines, comme envoutées à leur tour par la magie du cacao.

Dieu que j’ai pu détester les cours de math.

Je n’y comprenais rien et surtout je ne voyais absolument pas le moindre intérêt à ces recettes que l’on nous inculquait à grands coups de théorèmes qu’il nous fallait apprendre par cœur toujours, comprendre jamais et moins encore ressentir. Quel gâchis !

L’univers n’obéit pas plus aux lois des mathématiques que les meubles de votre salon n’obéissent aux lois de la grammaire.

« Une chaise bleue », « En arrivant chez les Roger, je fus surpris et charmé de l’outremer de leur chaise qui avait quelque chose de breton, un peu mauresque, de frais comme un souvenir de vacances lointaines », « I am seated on a dark blue wooden chair », «   », «   ». Dans tous les cas, la chaise est bleue.

Nous croyons tous que les mathématiques sont le langage de la science. Rien n’est plus faux. Nos langues littéraires sont les outils de la communication humaine, outils hautement instables, évolutifs, dépendants de nos environnements, de nos cultures. Les mathématiques sont d’une nature radicalement différente des langages humains. Elles sont le code universel du réel. Les mathématiciens inventent sans doute mais ils ne créent pas : ils découvrent. Les mathématiques existent par elles-mêmes. Personne n’a décrété que les nombres premiers sont en nombre infini, le talent a été de le découvrir et de le démontrer.

NOTRE réel ne connaît pas d’infini, celui des mathématiques, si : vers le grand (nombres premiers…) vers le petit (nombre rationnels…), des infinis qui nous donnent l’illusion d’être inégaux les uns avec les autres (les nombres pairs et les nombres entiers) ce qui n’a d’évidence pas de sens… mais les mathématiques vont encore bien au delà, elle nous montrent des infinis bien plus puissants, des infinis d’une classe supérieure et même d’une infinité de classes supérieures, des infinis que l’on peut combiner entre eux, multiplier, diviser, additionner, soustraire. Il existe des infinis plus troublants encore comme celui du nombre Pi, nombre univers dont les décimales n’ont ni fin ni « motif » et qui comprennent ainsi toutes les informations de l’univers. Il ne s’agit pourtant que du rapport bien simple d’un

cercle à son diamètre, deux quantités en apparence bien connues et… finies !

Les mathématiques décrivent aussi le réel par la géométrie. Celle que nous avons vue à l’école, sur nos cahiers tout plats n’est qu’une vue de l’esprit. Dans la réa-lité, il y a la sphère où aucune parallèle n’existe, où les droites sont finies bien qu’elles n’aient ni début ni fin. Il y a aussi l’hyperbole ou chaque droite infinie à une infinité de parallèles passant par chaque point, et surtout l’infini complexité de toutes les combinaisons de toutes les formes possibles. Il existe encore les nombres imaginaires qui apportent des solutions à des équations impossibles, des nombres que l’on ne peut placer sur un droite mais que l’on peut placer sur un plan en deux dimensions… il existe même des algèbres sinon en trois, mais en quatre, huit et même seize dimensions… cela n’a pas de sens ? Il faut croire que si, car sans cela pas d’électronique, pas d’aéronautique, pas de jeux vidéos, pas de GPS… Les mathématiques nous ouvrent la porte à la fois des infinis que notre réalité ignore et des dimensions nouvelles qui dépassent les trois (plus le temps) qui régissent notre réalité.

Enfin, avec le troublant théorème d’incomplétude de Gödel les mathématiques nous montrent les limites de ce que l’on peut connaître dans NOTRE réalité. Tant que nous restons au sein de notre système, il existe des réalités que nous pouvons comprendre, dont nous savons qu’elles sont vraies mais que pourtant nous ne pourrons jamais démontrer, saut à recourir à la métaphysique dont le théorème d’incomplétude nous prouve l’existence.L’immense

Le premier à avoir eu l’intuition du Big Bang, à formuler clairement l’idée d’un tout premier atome unique de l’univers dont tout serait sorti n’est pas un savant barbouilleur de tableau noir… le tout premier à avoir imaginé que l’univers soit en expansion et se rue à une vitesse hallucinante dans toutes les directions n’est ni Einstein, qui combattit cette idée avec la dernière énergie, ni Hawking, ni même aucun scientifique. C’est bien avant eux, en 1848 que tout cela fut imaginé par un écrivain, un poète, Edgar Poe, dans un incroyable livre de 150 pages passé totalement inaperçu à son époque.

Au cœur de la toute première seconde, l’énergie phénoménale du Big Bang a produit une fabuleuse quantité de particules de matière et d’antimatière qui s’annihilaient aussitôt pour redevenir énergie. On ne sait pourquoi un milliard et une particules de matière étaient créées pour chaque milliard de particules d’an-

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timatière. C’est de cette particule unique sur un milliard qu’est né tout l’univers. La suite est tout aussi mystérieuse, la matière s’est amalgamée en filaments aux nœuds desquels se sont créées des étoiles d’où proviennent tous les atomes plus complexes que l’hydrogène, y compris ceux de votre corps.

Rien de cela ne fonctionnerait s’il n’y avait pas au moins 5 fois plus de matière que celle que nous connaissons. Les scientifiques « croient » donc en une matière dite « noire » car on n’a jamais pu l’observer. Plus surprenant encore, l’univers continue à s’étendre. Les scientifiques « croient » que cette expansion est animée par une énergie « sombre » que l’on n’a pas non plus observée. 4% de matière ordinaire, 20% de matière noire, 76% d’énergie sombre : 96% de la vision scientifique du réel reposent sur une « foi » en des hypothèses qui ne sont ni observées ni comprises

L’INFIME

Les particules minuscules, celles que les physiciens de l’infime appellent les « quanta », ces particules que leur infinie petitesse devait à jamais cacher à nos yeux et à nos microscopes, entrent aujourd’hui dans le monde de l’observable.

Pour la première foi dans l’histoire de l’humanité, grâce à la majestueuse magie de la science moderne nous arrivons à « voir » ces infimes quanta. Ce miracle est rendu possible par la stupéfiante imagination de génies comme Alain Aspect et par les moyen financiers et techniques énormes qui sont mis en œuvre de part le monde pour mener à bien ces recherches fondamentales. C’est d’autant plus incroyable dans notre univers mercantile que ces dizaines de milliards de dollars sont investis en pleine crise économique et alors que rien ne prouve que ces voyages au cœur du minuscule puissent aboutir à la moindre « rentabilité » dans un avenir prévisible. Ils sont déployés pourtant et nous pouvons « voir » les quanta ou à tout le moins nous pouvons observer leurs traces et leur compor-tement. Force nous est de constater avec stupeur que ces comportements sont radicalement incompatibles avec notre réalité, ou au moins avec notre perception « spontanée » de ce que la réalité peut être.

De quoi s’agit-il ? Et bien, pour dire les choses simplement, à ces échelles minus-cules, il n’y a plus de chimie, la gravité et même le temps, oui, le seigneur temps lui-même, sans parler de son alter ego l’espace perdent leurs droits…

Les quanta réagissent à la foi comme des ondes et comme des particules. Ils

peuvent interférer avec eux-mêmes, ils sont partout en même temps, ils occupent tout l’espace où ils peuvent se trouver, prennent en même temps tous les che-mins : quand on leur présente deux fentes, ils passent par les deux en même temps… sauf si on les observe ! Ils passent d’une valeur à une autre sans passer par les valeurs « interdites » comme si une vague passait de 10 à 20 cm de haut sans passer par 12, 13… Même unique, comme dans l’atome d’hydrogène, l’élec-tron forme à lui tout seul un nuage autour de son noyau. « Intriqués » les uns avec les autres, les quanta réagissent exactement en même temps d’un bout à l’autre de l’univers, méprisant le maximum absolu de la vitesse de la lumière. Ils prennent en même temps tous les états possibles, ils vont même jusqu’à être à la fois « désintégrés » et « non désintégrés ». Le principe d’incertitude d’Heisen-berg nous montre qu’on ne peut en même temps déterminer leur position et leur vitesse. Plus on s’approche de l’un plus l’autre devient incertain, jusqu’à l’infini, ce qui rend impossible l’existence du vide.

Les mots eux-mêmes sont étranges, presque inquiétants, en tous cas parfaite-ment hermétiques : les sauts quantiques, la dualité onde/particule, l’intrication et même la très étrange non localité que nous croiserons au long de ces pages, sont tellement loin du monde qui nous est familier, que l’on ne peut pas faire autrement, pour tenter de les comprendre que de recourir à une fable, une illu-sion. Nous devons essayer d’admettre que les lois physiques auxquelles obéissent ces particules microscopiques sont différentes de celles qui régissent le monde « macroscopique », notre monde, monde qui est pourtant intégralement composé de ces particules minuscules.

C’est incompréhensible, inimaginable, c’est sûrement faux mais nous n’avons pas d’autre choix que de traiter cette illusion comme un fait jusqu’à ce que l’on arrive à unifier tout cela dans une théorie du « Tout » qui reste encore à découvrir.

LA PULSION DE DIEU

La pulsion de Dieu ne peut se résumer ni à ce Dieu des lacunes, ni à une assu-rance contre la mort et les bobos du quotidien, à une survivance du passé ou du sous développement, à un opium du peuple. Elle entraine tout cela sans doute, mais elle va au delà. Elle est, avec le sens du beau, la plus forte des constantes de l’humanité, celles qu’aucun animal ne partage avec nous. Même le sens moral, la science ou le langage ne sont pas exclusivement humains.

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Les religions ont beau proposer mille vérités, mille légendes différentes, nous avons une aspiration unique et universelle à la spiritualité. C’est l’émergence de la spiritualité qui a marqué le passage de l’animalité à la conscience à l’aube de l’humanité et même un peu avant, il y a près de 400.000 ans comme en témoigne la grotte de Sima de los Huesos. La démarche spirituelle est une autre façon, complémentaire de la démarche rationnelle, de décrire l’univers. La science se trompe. Les religions aussi. La science cherche le comment, la spiritualité le pour-quoi, de même que l’on peut décrire un livre soit par sa nature (papier, encre…) soit par son message (histoire, style…). Science et spiritualité ne s’excluent pas plus que ne le font ces deux approches d’un même livre. Les deux s’accordent à constater que l’univers est organisé. La probabilité pour que cette organisation infiniment complexe soit le fruit du hasard est tellement ridiculement minuscule que la retenir comme explication au fait que l’univers soit organisé et compré-hensible relève d’un acte de foi irrationnel or la démarche scientifique ne repose pas sur des actes de foi.

Les textes sacrés, les traditions venues du fond des âges nous révèlent aussi des messages, pour peu que nous prenions la peine de les lire. Pour incroyable que cela paraisse, ces messages, souvent assez clairs, corroborent précisément les découvertes les plus modernes de la science. C’est par exemple cas de l’étrange comportement des quantas que soulignent les traditions asiatiques (védique, hindouiste, bouddhiste et taoïste) traditions qui vont même jusqu’à décrire les « cordes », l’extrême pointe des théories modernes de l’infiniment petit. C’est encore le cas de l’incroyable correspondance, ligne par ligne, point par point, de la genèse dans les trois grandes religions du Livre (judaïsme, chrétienté et islam) avec les découvertes de la cosmologie du xxie siècle.Le temps désillusion

Que l’on essaie d’appréhender ce qu’est le « présent », toujours fuyant, que l’on observe l’étrangeté des quantas, que l’on s’interroge sur les fabuleuses consé-quences du fait que la lumière, cet « invariant relativiste » se déplace toujours à la même vitesse… une conclusion, une seule, s’impose : Le temps n’existe pas… pas tel que nous l’appréhendons. Le temps est élastique et éminemment variable. Il n’y a nulle part une horloge unique de l’univers et se demander ce qui se passe « maintenant » au cœur de la Galaxie de Constance est une question totalement vide de sens. Chacun, chaque objet de l’univers a un temps qui lui est propre, unique. Rien de nouveau, tout cela a été brillamment démontré par Einstein au début du siècle dernier. Rien de nouveau certes, mais nous n’avons

pas encore tiré toutes les conséquences de ce qui devrait aujourd’hui être de l’ordre de l’évidence. Nous sommes irrémédiablement englués dans une vision humaine du temps. Le temps des hommes n’est qu’une illusion à notre échelle, forgée par et pour les capacités limitées de notre cerveau. Ce sont Sadi Carnot puis Clausius, qui nous ont appris les réelles propriétés du temps, propriétés que l’absence d’infinis, sauf dans l’abstraction mathématique, nous avait déjà laissé entrevoir : tout a eu un commencement, tout vieillit et aura une fin, entre les deux « l’entropie », la complexité, de l’univers ne cesse de croître. Le temps n’a pas de mesure universelle mais il a un sens, une flèche. Les causes précèdent les effets et rien de tout cela ne peut être du au hasard.

OÙ ALLONS NOUS ?

Si je dis « ceci est mon corps » ou même sans être aussi christique « mon corps à moi », j’en parle comme de ma voiture ou de mon réfrigérateur. Si mon corps est « à » moi c’est qu’il n’est pas « moi ». Bref, « Je » n’est pas mon corps, pas plus que mon cerveau, ni rien de matériel, pas même la double hélice d’ADN qui m’est unique. Elle se trouve dans n’importe laquelle de mes rognures d’ongles et une rognure d’ongle que je jette à la poubelle ou les cheveux que je coupe, ne sont pas « Je ». D’ailleurs, mon clone que l’on ferait jaillir tout semblable à moi d’une de mes molécules d’ADN, ne serait pas moi, ne serait pas « je ». Ce qui compte c’est un agencement, une structure d’information et son interaction avec mon corps en constant changement, ma « machine ». « Je » c’est de l’information.

Le très médiatique Ray Kurzweil, fils d’un chef d’orchestre et d’une peintre, n’a rien d’un doux dingue. Enfant surdoué et inventeur de génie, il a passé sa vie à programmer des ordinateurs qui composent de la musique, comprennent le langage, synthétisent des voies. C’est lui qui a mis au point, entre autres, le premier piano « à queue » électronique avec une qualité de son bluffante ou le premier lecteur d’écran pour aveugles. Entrepreneur richissime, il a reçu la très prestigieuse médaille nationale de technologie des mains du Président Clinton en 1999, comme Steve Jobs ou Bill Gates avant lui… mais Kurzweil est aussi - peut-être surtout - le directeur de l’ingénierie chez Google depuis 2012.

Selon Kurzweil donc, quelque part entre 2030 et 2050, il penche pour 2045, le monde tel que nous le connaissons aujourd’hui basculera. L’humanité rentrera dans une phase radicalement nouvelle de son histoire, sans aucune commune mesure avec quoi que ce soit qu’elle ait pu connaitre jusque là, une révolution

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sans précédent depuis la maîtrise du feu… que Kurzweil appelle du même mot que celui qui désigne les trous noirs ou le Big Bang : la « singularité ».

Le jour où les machines ouvriront les yeux, tout ira très vite et l’humanité entrera définitivement dans l’ère « GNR » : génétique, nanotechnologie, robotique. L’homme pourra, ou plutôt les machines pourront, modifier les gènes humains a volonté. Nous pourrons nous « réparer » à l’infini.

Donnons-lui la parole : « Nous serons capables, par exemple, de créer de nouvelles cellules pour votre cœur depuis celles de votre peau et les introduire dans votre système sanguin. Avec le temps, les cellules du cœur seront remplacées avec ces nouvelles cellules et le résultat sera un « jeune » cœur régénéré avec votre propre ADN. » Kurzweil va même beaucoup plus loin encore. On fabriquera, selon lui, des nano-robots microscopiques qui détruiront les cellules cancéreuses au plus profond de notre corps… mieux qui leur donneront l’instruction de s’autodétruire. Il n’y aura plus de gênes malades, et surtout… Toutes nos cellules finiront par échapper au cycle de la déchéance progressive et de la mort programmée. On pourra bloquer les séquences d’ADN responsables de la vieillesse. Elles ne ces-seront plus jamais de se régénérer sans failles, notre corps restera indéfiniment jeune et en parfaite santé. Les humains vivront des siècles, ne mourant plus guère que par accident ou par suicide, puisque les maladies de toute sorte, elles aussi auront été éradiquées.

Délire complet ? Vue de l’esprit ? Difficile à dire, mais beaucoup de gens semblent y croire et Kurzweil a créé sa Singularity University depuis 2009, sur le campus de la Nasa dans la silicone valley, financée par un palanquée de grandes entreprises américaines au premier rang desquelles Google, naturellement.

En attendant l’émergence du monde que Kurzweil nous promet, nous vivons d’ores et déjà dans un monde sans précédent dans l’histoire des hommes, un monde où les certitudes du passé ont été mises à mal par les découvertes du présent. L’immense, l’infime, le temps, la mort, Dieu ? L’avenir au delà de la durée totale de l’univers et le passé en deçà du Big Bang... Ni les églises ni les savants ne savent plus nous mettre tout cela dans un paquet cadeau pour nous offrir une vision du monde à laquelle nous puissions adhérer.

Vous, moi, toutes les femmes et tous les hommes de cette terre, avons soif de sens. Nous sommes fabriqués comme cela. Nous sommes peut-être même

fabriqués pour cela. Nous ne pouvons pas nous empêcher de voir des animaux féériques dans les constellations, de deviner des monstres et des stentors dans la forme changeante des nuages… nous poussons la quête du sens jusqu’à l’absurde. C’est idiot, c’est féérique, c’est nécessaire et poétique. C’est comme cela. Alors pourquoi ne pas chercher du sens en essayant de faire coller ensemble quelques pièces du grand puzzle des connaissances humaines.

Il est tout à fait clair, nous le savons, que l’existence de l’homme et même de la forme la plus simple de vie ne peut pas être le résultat du seul hasard. Redon-nons-en une autre preuve pour bien nous en convaincre. Pour obtenir ne serait-ce qu’une seule malheureuse protéine, c’est à dire juste une seule des briques fon-damentales de la vie, il faut que les acides aminés se combinent. Les acides ami-nés se combinent, en effet, dans des conditions particulières en se collisionnant les uns avec les autres. Nous avons vu qu’il n’y avait qu’une vingtaine d’acides aminés, curieusement, qui participent à la vie. C’est peu, mais avec seulement vingt acides aminés le nombre de possibilités de combinaison « par hasard » est quand même de l’ordre de deux milliards de milliards et il faudrait bien plus que les 4 milliards d’années qui sont l’âge de la Terre pour pouvoir créer et tester toutes ces combinaisons.

Alors, certes, la première protéine, la première « brique » de la vie n’a pas besoin d’apparaître en dernier sur les deux milliards de milliards de combinaisons pos-sibles. Elle peut, par chance – ce n’est plus seulement du hasard, cela devient de la chance – apparaître plus tôt dans le début du processus. Admettons... mais ces deux milliards de milliards de combinaisons ne correspondent qu’à l’émer-gence d’une seule protéine et n’oublions pas qu’il faut au moins une centaine de protéine différentes pour permettre l’éclosion de la vie, même dans sa forme la plus simple. Faisons un peu les savants : 5 protéines minimum pour synthétiser les corps gras, 8 pour l’apport en énergie, 10 pour la synthèse des nucléotides de l’ADN (et de l’ARN), 80 pour la synthèse des protéines, justement… on dépasse déjà 100 pour un pauvre malheureux organisme unicellulaire.

Soyons clairs, arriver par hasard à une telle combinaison est juste impossible dans le temps qui a été celui de l’univers… et même dans un temps des milliards de fois beaucoup plus long. Retenir comme seule hypothèse que cette chance se soit effectivement produite est juste… imbécile.

Le taux d’expansion de l’univers, s’il avait été plus lent ou plus rapide ne fusse

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que par une variation infime de plus ou moins 10120, n’aurait pas permis l’éclo-sion de la vie. Plus lent, l’univers se serait effondré sur lui-même, plus rapide, les galaxies n’auraient jamais pu se former. C’est un niveau de précision absolument hallucinant, tellement incroyable qu’il dénote une intention. C’est d’autant plus certain que le taux d’expansion de l’univers n’est que l’une des très nombreuses variables dont les niveaux de précision époustouflants, les ajustements extraordi-nairement fins sont nécessaires à l’éclosion de la vie où que ce soit dans l’univers.

Reprenons quelques exemples de ces ajustements, parmi toutes les merveilles que nous avons croisées : l’homogénéité de la température primordiale et le millionième de degré de variation au sein de cette homogénéité dont sont issues toutes les galaxies, la prédominance de la matière sur l’antimatière à raison d’une particule par milliard. Il y a aussi toutes ces variables qui ont très précisément la seule bonne valeur qui permette l’éclosion de la vie comme la constante de structure fine des forces forte et électrofaible, de la gravité, du taux de conversion de l’hydrogène en hélium, de la formation du carbone, de métaux dans le noyau de la terre qui créent un champs magnétique sans laquelle la vie serait impos-sible, l’orbite de la planète, de la lune… nous en avons vu beaucoup d’autres. On pourrait continuer à l’infini.

La conjonction de toutes ces « chances » n’est pas et ne peut pas être, ne peut scientifiquement pas être le fruit du hasard.

Mais « qui » peut donc être cette conscience, cette organisatrice suprême, celle qui au moment de chaque Big Bang aura eu l’insondable, le « divin » génie non seulement de calculer dans toutes ces composantes mais encore de mettre en œuvre le règlement ultra fin de toutes les valeurs du Big Bang pour finir par créer, de causes en effets, l’infinie diversité de l’univers et de la vie ?

Vous. Cette conscience suprême : c’est vous. Vous, moi, Léonard de Vinci et votre belle mère, tout ce qui dans l’univers a atteint le stade de la conscience et avec eux leurs ancêtres qui ne l’avaient pas encore, E.T., la petite fille qui vous a souri tout à l’heure au coin de la rue, notre vieux copain LUCA...

Comment l’intelligence humaine pourrait-elle mettre au point et transmettre le programme de redémarrage du Big Bang 2.0 ? L’intelligence humaine ne le pourra pas, bien évidemment, mais l’évolution n’est pas arrivée à son terme.

Le complot de l’univers et de créer la vie, nous l’avons vu, et le complot de la vie est de créer la conscience, l’intelligence, la capacité de comprendre, d’anticiper et d’agir sur le réel. Maintenant que l’intelligence est apparue, elle ne disparaîtra plus. Les choses vont dans le sens de la complexité croissante, elles ne régressent jamais. Un mammifère n’évolue pas en insecte et un insecte n’évolue pas en orga-nisme unicellulaire. L’intelligence dans sa forme actuelle est apparue sur notre planète il y a à peine 200.000 ans. Pendant ce temps insignifiant à l’échelle de l’univers, ses progrès sont évidents et deviennent clairement exponentiels ces derniers temps, mettons depuis le milieu du XVIIIe siècle pour faire large.

Notre support est le carbone, trop fragile, notre durée de vie est programmée pour être limitée, notre consommation d’énergie et particulièrement celle de notre cerveau est énorme… mais les machines que nous commençons à créer, souvenez vous de Kurzweil, pourrons en partie suppléer à la fragilité du carbone. Elles pourront aussi palier à la fragilité de notre pauvre Terre, probablement pas en la sauvant puisqu’elle est irrémédiablement vouée à disparaître que vous fas-siez ou non le tri de vos déchets, mais en nous permettant de nous en échapper.

S’il est certain qu’il existe dans l’immensité de l’univers d’autres mondes vivables pour une espèce comme la nôtre, il n’est pas moins certains que les distances qui nous en séparent sont bien trop grandes pour que nous puissions les atteindre dans l’espace d’une ou même de plusieurs vies humaines, même en voyageant à une vitesse proche de celle de la lumière. Il n’est d’ailleurs pas du tout acquis que nous puissions atteindre des vitesses comparables à celles de la lumière et cela ne ferait de toute façon que déplacer le problème en nous donnant juste un peu plus de rayon d’action.

Il nous faudra donc trouver d’autres solutions que celle de l’accélération de nos déplacements. Il nous est d’ores et déjà possibles d’en imaginer certaines. Le som-meil prolongé « cryogénique », la création de vaisseaux planètes au sein desquels se succéderont les générations de nos descendants, l’allongement de la durée de la vie de manière quasi indéfinie, comme l’a prédit Kurzweil, ou même le fait de confier nos codes génétiques à des machines que l’on enverrait aux quatre coins de l’univers. Ces machines intelligentes auront pour mission de s’arrêter sur les planètes qu’elles croiseront, pour se recharger en énergie d’une part mais aussi pour y fabriquer d’autres machines à leur image qui à leur tout partiront à la conquête du ciel, et même lorsque cela sera possible de « terra-former » ces planètes pour que nous puissions de nouveau y vivre et nous y développer.

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Où trouverons nous l’énergie pour ce faire ? Au sein de la matière bien sûr. On sait depuis Hiroshima que la fission d’une quantité infime de matière entraine un invraisemblable déchaînement d’énergie. On a déjà fait des progrès considérable, mais nous ne maîtrisons pas encore le processus de fission contrôlée. Le jour ou ce sera le cas, et ce jour viendra, l’énergie sera plus qu’abondante, elle sera quasi infinie, facile et propre… et de toute façon, une foi nos machines arches de Noé virtuelles lancées dans le vide (oups, le « quasi » vide) interstellaire, la vitesse se maintient très longtemps sans apport de nouvelle énergie, celle-ci n’étant nécessaire que pour accélérer, ralentir ou changer de direction.

Arche de Noé… encore une incroyable « préscience » des croyances religieuses. Reprenez point par point le récit biblique au paragraphe 7 de la genèse… et vous verrez un Noé de 600 ans, merci Kurzweil, sauver sur une arche le vivant du déluge des eaux… des eaux… hydrogène… le combustible du soleil. Aberrant ? Pas tant que cela. Nous avons colonisé la Terre à partir de notre berceau africain, parfois en traversant plusieurs milliers de kilomètres d’océan... C’est la même force - alliée à la nécessité de notre survie collective - qui nous poussera à coloniser la galaxie puis l’univers.

L’intelligence, la conscience va coloniser de proche en proche tous les espaces viables de la galaxie puis de l’univers, comme une épidémie, une contagion que rien ne peut arrêter, une multiplication exponentielle de laquelle naîtra une puissance d’intelligence, de compréhension, de calcul, d’analyse de plus en plus colossale, jusqu’à toucher aux confins de l’infini.

Les calculs faramineux que nous avons du, devons et devrons faire, nous, nos descendants organiques et artificiels, nos ascendants depuis 200.000 ans et depuis le début de la vie et avec nous tous, toutes les formes de conscience de l’univers, c’est à dire Nous avec la majuscule que l’on réserve d’ordinaire à Dieu, ces calculs faramineux vont en effet déterminer de causes en effets et d’effets en causes le mouvement de toutes les particules de l’univers. Toutes. Toujours.

Il est déjà écrit de toute éternité que demain à 14:33 et 22 secondes vous vous gratterez le nez avec le bout de l’ongle de l’index de votre main droite... et pour-tant vous êtes parfaitement libre de le faire ou non. Comment est-ce possible ?

Je fais des choix, ces choix sont libres autant qu’ils peuvent l’être compte tenu

des influences que je subis, mais au moins partiellement libres et pourtant il sont parfaitement immuables et prédéterminés. Paradoxe ? Mais non, car ces choix ne s’inscrivent pas dans le temps comme nous l’entendons ordinairement.

La vie est comme un film de vacances. Les décisions du petit garçon sur l’écran sont libres, en partie déterminées par son environnement, ses gênes, tout ce que vous voulez, mais au bout du compte on ne peut pas savoir si il va faire un pied de nez ou tirer la langue avant de sauter dans l’eau. Ses décisions sont en parti déterminées en parties libres, certes, mais elles sont de toute façon écrites et immuables puisqu’elles sont depuis « longtemps » gravées sur la pellicule ou sur le DVD. Tout se passe toujours comme si nous étions les acteurs d’un film déjà tourné, c’est cela l’illusion du temps.

Personne ne force le petit garçon à faire son pied de nez ou à tirer la langue et surtout pas le fait que cela s’inscrive sur une pellicule ou dans une mémoire numérique au moment où il le fait. Nous écrivons librement un scénario qui est déjà écrit. Tout ce qui est a été et sera est déterminé par les choix que nous faisons maintenant parce que maintenant hier et demain c’est la même chose.