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N°24 Janvier-Février 2015 DOSSIER MARKETING Quand le marketing fait les yeux doux à l’art pour conquérir le cœur des consommateurs PAGE 3 Le magazine des stratégies et des tendances marketing PERSPECTIVES TENDANCES Toutes les dernières innovations porteuses et les concepts marketing de demain PAGE 12 STRATÉGIES DE TERRITOIRES Quand une nouvelle forme de tourisme propose de découvrir le Paris dangereux PAGE 16 Quand le marketing s’inspire de l’art

Perspectives n°24 janvier - février 2015 - athénéa conseils

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N°24

Janvier-Février 2015

DOSSIER MARKETING

Quand le marketing fait les yeux doux à l’art pour conquérir le

cœur des consommateurs PAGE 3

Le magazine des stratégies et des tendances marketing

PERSPECTIVES

TENDANCES Toutes les dernières innovations

porteuses et les concepts marketing de demain

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STRATÉGIES DE TERRITOIRES

Quand une nouvelle forme de tourisme propose de découvrir le

Paris dangereux PAGE 16

Quand le marketing s’inspire de l’art

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EDITO

EDITO

La liberté d’expression. Elle fait tellement partie de notre vie en France qu’on peut parfois oublier qu’elle ne va pas de soi. En février, quelques semaines à peine après le 7 janvier, on en a pleinement conscience. C’est pourquoi, à Athénéa, nous avons voulu mettre à l’honneur dans ce numéro de Perspectives, les plus « libres » d’entre nous : les artistes ! Ils interrogent nos sociétés, bousculent nos certitudes, nous forcent à revisiter nos paradigmes. Ils nous choquent, critiquent les pouvoirs en place, nous demandent de sortir de nos habitudes pour ne plus subir mais être acteurs de nos vies. Ils vont au-delà de notre réalité pour la sublimer, ou simplement pour nous aider à évoluer, à améliorer l’homme et la société. Dans la liberté la plus absolue, les artistes dénoncent au travers de leurs œuvres engagées. Fra Filipo Lippi se faisait excommunier par le Pape pour ses nonnes trop suggestives. Savonarole organisait l’autodafé des œuvres « dégradantes » pour l’église de Botticelli (entre autres). Fragonard dessinait des scènes quotidiennes dans ses tableaux pour mettre l’homme des Lumières au centre du débat, à l’inverse des scènes mythologiques ou des portraits royaux. Aujourd’hui, Banksy dénonce la guerre, le capitalisme, les dérives individualistes dans un street-art monumental. Rien d’étonnant alors à ce que les marketers utilisent ces trésors de l’art pour présenter leurs produits ou services. En fonction du mouvement artistique auquel ils se réfèrent (classique, surréaliste, contemporain, pop-art…), les marketers donnent un univers bien trempé à leur message. Tantôt quintessence du beau absolu comme modèle à suivre, tantôt placés comme avant-gardiste pour provoquer les gens bien en place, ils se réfèrent à l’artiste pour plonger leur produit au cœur d’une histoire qu’il devient facile de raconter. Pénétrons ensemble au cœur d’un monde qui mêle Warhol à Coca, Da Vinci à Lego, Picasso à Citroën, Daniel Buren aux Galeries Lafayette. Bonne lecture, bonne visite… et gardez toujours une longueur d’avance !

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HOMMAGE REFLEXIONS

En ces temps douloureux pour nos idéaux, nos valeurs et notre nation, il n'est pas aisé de continuer à parler marketing, stratégie ou entrepreneuriat. Tout ceci parait bien futile à côté de la mort d'hommes et de femmes, tombés parce qu'ils défendaient ce que nous possédons de plus cher: notre liberté. Dans ce climat étrange, où le temps semble s'être arrêté et dans lequel nos certitudes sont quelque peu bousculées, il faut malgré tout continuer à avancer. Mais continuer ne signifie surtout pas oublier ou renoncer. A ce titre, nous nous sommes posés une question: comment un simple cabinet de conseils peut-il marquer sa solidarité et son soutien? Comment nous, passionnés par notre métier mais humain et citoyen avant tout, pouvons-nous rendre hommage à ces pourfendeurs de la liberté? Alors non, nous ne tomberons pas dans l'hypocrisie trop facile comme on peut le voir malheureusement trop souvent. Non, nous ne lisions pas Charlie Hebdo. D'ailleurs, leurs journalistes n'avaient pas une affection particulière pour les concepts du marketing. Anars, libertaires pour la plupart, ils combattaient même avec un peu d’excès ce qui pouvait toucher de près ou de loin à la société de consommation. Non, nous ne lisions pas Charlie Hebdo mais nous connaissions Charb, Cabu, Wolinski et les autres. Comme beaucoup d'entre vous, nous étions tombés sur pas mal de leurs croquis ou lu certaines de leurs BD. Nous faisons partie de la génération Fluide Glacial ou bien de celle qui a découvert Cabu tout minot dans Récré A2 dans le courant des années 80. Putain, 30 ans déjà. Et sans flagornerie aucune, ils nous faisaient tous bien marrer. Alors oui, tout n'était pas toujours drôle. Et puis l'humour c'est tellement subjectif. Mais au final, on s'en fout. Au delà d'égayer notre quotidien, ces clowns-combattants ne faisaient que dire ou dessiner ce qu'ils pensaient, ce qu'ils avaient envie de dire. Sans restrictions, ni censure. Derrière leur disparition tragique, c'est toute la liberté d'expression qui est menacée. Et puis nous sommes tombés sur ce hors-série de Charlie Hebdo de Novembre 2013 intitulé "A bas la pub". Dans ce numéro, Charlie Hebdo s'attaquait aux dérives de la publicité et combattait une forme de marketing exacerbé. D'ailleurs, dans sa charte fondatrice, Charlie Hebdo a voulu fonctionner sans pub et sans mécène. Tout un symbole. Cette Une provocatrice, alors que la société de consommation dicte aujourd'hui presque tous nos comportements, témoigne de leur lutte et de leurs engagements. Rien ni personne n'était épargné par leur envie de s'exprimer. Cette Une, c'est aujourd'hui notre hommage. C'est peu, presque dérisoire mais cela nous tenait à coeur. Car aujourd'hui, nous sommes tous Charlie.

EVENEMENTS PAGE 2 – PERSPECTIVES, LE MAGAZINE D’ATHENEA CONSEILS – N°24 JANV-FEV 2015

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DOSSIER MARKETING

DOSSIER

Quand LE MARKETING S’ INSPIRE DE L’ART

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DOSSIER MARKETING

POUR COMPRENDRE

à CHACUN SON ART Qu’est ce que l’art ? Voilà une question qui ferait un excellent sujet pour le bac de philo. Alors, non, nous n’allons pas vous faire plancher 3h dessus mais cette question constitue un parfait point de départ pour notre dossier. Si l’on se réfère au Larousse, l’art est une « création d'objets ou de mises en scène spécifiques destinées à produire chez l'homme un état particulier de sensibilité, plus ou moins lié au plaisir esthétique ». Trois dimensions sont ici extrêmement intéressantes : d’une part l’art serait subjectif, puis l’art consisterait en une quête du « beau » et enfin l’art susciterait des émotions. Voilà trois constituantes plutôt porteuses en terme de significations, d’impacts ou de valeurs. Notre dossier prend alors tout son sens et on commence à comprendre quel intérêt pourraient trouver les marques à associer leurs produits ou services à des considérations artistiques. Vous pourriez nous objecter cependant que l’art n’est pas à la portée de tous. Qu’il serait réservé à une poignée d’élites. Des pseudo-connaisseurs qui se gargarisent de termes pompeux, une coupe de champagne à la main, en extase face à un objet non identifié dénué de toute forme rationnelle.

DOSSIER

On pense alors à cette fameuse œuvre de McCarthy place Vendôme, sensée représenter un arbre mais dont le rendu final serait plus proche plus du sextoy. Cette œuvre a provoqué l’émoi de nombreuses personnes auxquelles il a été souvent répondu : « Mais tu ne peux pas comprendre, c’est de l’art ». A ce sujet, une dame a interpellé un jour Picasso: « Je ne comprends absolument rien à votre art. ». Ce à quoi l’artiste lui demanda : « Mais parlez-vous le chinois ? ». « Non » lui répondit-elle et l’artiste de conclure « Savez-vous que cela s’apprend ? ». L’art intrigue, déchaîne les passions, suscite la réflexion ou provoque des émotions. Mais oui, l’art s’apprend. Alors bien sûr il existe des bagages culturo-historico-techniques nécessaires pour saisir toutes les subtilités mais au final, chacun est capable de faire son propre apprentissage et sa propre perception de l’art. C’est ainsi que l’art tend à se démocratiser. Finies les élites, place à l’art de masse.

L’ENGOUEMENT ARTISTIQUE AU TOP DE SA FORME Quand le Musée du Louvre a « délocalisé » en 2012 une partie de ses activités à Lens, beaucoup n’y ont pas cru. Au final, c’est un vrai succès populaire. La première année d’exploitation du site a vu circuler plus de 900 000 personnes, soit 200 000 de plus que les prévisions les plus optimistes. Des touristes diriez-vous ? Que nenni. 56% des visiteurs sont originaires de la région Nord/Pas-de-Calais. Quand on vous dit que les français ont soif d’art et de culture.

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LA CULTURE POUR TOUS

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L’art contemporain (jugé à tort comme plus inaccessible) n’est pas en reste. Par exemple, le musée Soulages à Rodez (en hommage au célèbre artiste éponyme) triomphe. Ouvert en 2014, il a déjà reçu en six semaines ce qu’il espérait en un an, soit plus de 60 000 visiteurs. Là aussi, 50% des visiteurs viennent de la région Midi-Pyrénées. Tous les secteurs sont concernés. Ce qui se passe aujourd’hui dans le design est aussi significatif. On se bouscule au portillon pour s’y former. Yann Fabès, directeur de l'Ecole supérieure d'art et de design de Saint-Etienne constate que « depuis 2011, nous sommes passés de 300 à 550 candidats par an, pour 80 places ». Si la fréquentation annuelle des musées reste stable, le CREDOC constate une progression assez nette pour les expositions de peinture ou de sculpture : un Français sur quatre en avait visité une en 2008, contre un sur cinq en 1973. On pourrait encore multiplier les exemples significatifs de cet engouement de la population pour la création artistique. A tel point que l’on peut raisonnablement parler de tendance populaire. Un sacré pied de nez aux élites.

DE CONNAISSEURS à CONSOMMATEURS En 2010, l’Institut BVA avait mené une enquête sur le rapport des français avec l’art contemporain. 50% des personnes interrogées avaient visité un musée dans l’année dédié à cette forme d’art, 43% une exposition et 25% une galerie. L’enquête de BVA avait mis le doigt à l’époque sur la diversification des moyens de distribution de la création artistique. Et notamment de l’essor d’Internet. Les nouveaux outils numériques permettent à tous les artistes du monde entier d’exposer leurs œuvres dans des galeries virtuelles. Quiconque, bien installé dans le canapé du salon, peut désormais découvrir, partager et acheter des œuvres d’art à des prix raisonnables. D’ailleurs, en période de crise, les œuvres d’art sont aujourd’hui devenues de vrais placements.

DOSSIER MARKETING

ART ET MARKETING: le cocktail gagnant ? Que recherche aujourd’hui un bon marketer ? Plusieurs choses. En premier lieu, une tendance forte dans laquelle s’inscrire. C’est donner une image actuelle et dynamique à son entreprise ou son offre. Une nécessité vitale dans un monde qui bouge à grande vitesse et dans lequel on peut vite se retrouver « has-been » et donc transparent dans une offre devenue pléthorique. Second point, la différenciation. Il est aujourd’hui suicidaire d’opter pour un marketing aseptisé qui tendrait à standardiser son discours. Troisième élément recherché : l’augmentation de la valeur perçue. C’est une clé stratégique majeure. A deux offres égales, le consommateur va se tourner vers celle qui lui semble apporter plus de valeur. Enfin, la quête du beau est aussi de rigueur dans le marketing. Nous avons d’ailleurs consacré tout un dossier dans notre précédent numéro sur le rôle majeur d’un packaging soigné dans l’acte d’achat. Récapitulons : tendances, différence, hausse de valeur et esthétisme. A ce stade de la réflexion, il nous semble que l’art peut apporter des éléments au marketer dans la définition de sa stratégie. C’est donc à cette question que nous allons vous apporter plusieurs axes de réflexion au sein de notre dossier. Le destin est bien souvent coquin. On parle même d’ironie du sort. Pour conclure cette partie et offrir sur un plateau une magnifique transition, on parlera simplement du destin de l’Ile Seguin. Une ile dont l’histoire fut bâtie par l’industrie mercantile en hébergeant les usines historiques de Renault. Les usines ont cessé leur activité en 1992. La dernière voiture à sortir de l’usine fut une superstar, la Supercinq. Mais qu’est devenue l’Ile Seguin ? Une partie est baptisé R4 (clin d’œil) : c’est un pôle dédié à l’art contemporain. Joli passage de témoin.

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DOSSIER MARKETING

COTE MARQUES DOSSIER

LES Débuts d’une love-story Si Henri de Toulouse-Lautrec fait figure de précurseur pour les affiches publicitaires (avec 400 estampes et 31 affiches, dont la célèbre affiche du Moulin Rouge réalisée en 1891), l’histoire d’amour entre l’art et le marketing prend véritablement forme en 1962 avec la célèbre toile Campbell's Soup Cans d’Andy Warhol. Nous sommes au début des années 60 et le marketing, le vrai, au sens où on le connaît aujourd’hui, existe depuis 2 ans (Jerome Mc Carthy, professeur chercheur à l’Université du Minnesota a alors théorisé les fameux 4P). Il faut dire que c’est une période charnière pour les marques : les premiers supermarchés apparaissent, l’offre devient supérieure à la demande et les entreprises ne peuvent plus se contenter de vendre. On parle désormais de société de consommation. En 1962, Andy Warhol a abandonné la bande dessinée et se met en quête d’un nouveau sujet, d’une nouvelle inspiration. Une des explications les plus crédibles sur les origines de l’œuvre est donnée par Muriel Latow, propriétaire de la galerie Latow Art à New-York. Face à un Warhol désoeuvré, elle lui aurait suggéré de peindre: « Quelque chose que l’on voit tous les jours et quelque chose que tout le monde peut reconnaître. Quelque chose comme une boîte de soupe Campbell. »

Ainsi est née la fameuse œuvre d’art, acte fondateur du pop-art. Le vrai sujet de cette d’œuvre, c’est la boite de conserve. Et pas n’importe laquelle, une conserve Campbell. Deux ans après la sortie de la toile et une fois que l’entreprise avait pu en mesurer l’impact positif, le responsable marketing des soupes Campbell de l’époque avait envoyé une lettre à Warhol pour lui faire part de son admiration. Il lui avait même fait parvenir une caisse de soupe aux tomates Campbell ainsi qu’un chèque de 2000 $ pour qu'il peigne une boîte de soupe aux tomates pour le président du conseil de l'entreprise. Campbell a également invité l'artiste à visiter son siège social à Camden dans le New Jersey. La marque était reconnaissante pour ce coup de projecteur inespéré et pour le rajeunissement que cela pouvait donner à une enseigne qui existait depuis 1869. En 2012, pour les 50 ans de la toile, Campbell a commercialisé 1,2 millions de boîtes vintage en hommage à l’artiste. La boucle était bouclée. FAIRE DE SON PRODUIT UNE ŒUVRE d’art Si l’art divise par sa subjectivité (on aime ou on déteste), le terme d’œuvre d’art réunit tout le monde autour de la beauté ou de l’esthétisme. Ainsi, quand des marques associent leurs produits à l’art, c’est d’abord pour les élever au rang d’œuvre d’art. Un rang forcément supérieur et donc un vecteur de différenciation ultime par rapport à la concurrence. Quand Samsung imagine comment les célèbres autoportraits des plus grands peintres auraient pu voir le jour si les artistes avaient possédé un appareil Samsung, la marque veut signifier au consommateur que les clichés qu’il pourra prendre seront de vrais œuvres d’art. Le slogan ne s’y trompe pas : « For self-portraits. Not selfies » (entendez « Pour les autoportraits. Pas les selfies »). Surfant sur la tendance des selfies, Samsung nous montre alors des visuels de Vincent van Gogh, Frida Kahlo ou encore Albrecht Dürer, vus de dos en train de prendre

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se prendre en selfie avec un appareil photo NX Mini. Cette idée du « beau » soutenu par l’art peut aller bien au delà du simple visuel pour toucher le produit lui-même. Quand Evian fait appel à des grands couturiers pour concevoir des bouteilles collector, c’est bien pour donner à son produit une représentation supérieure. La dimension artistique confère au produit quelque chose d’unique. D’ailleurs, les bouteilles d’Evian ne sont pas commercialisées en masse. L’œuvre doit être limitée, rare et chère pour renforcer son essence précieuse. En 2015, Evian s’est associée à Kenzo pour concevoir un packaging unique. Auparavant, Jean-Paul Gaultier, Paul Smith, Christian Lacroix, Courrèges, Issey Miyake, Diane Von Fustenberg ou encore Elie Saab se sont prêtés à l’exercice. Evian est loin d’être la seule marque à collaborer avec des designers, des artistes ou des créateurs pour imaginer des produits « uniques ». Coca s’était approché de Kark Lagerfeld ou encore de Roberto Cavalli. Perrier va même encore plus loin en collaborant avec des artistes au sens premier du terme. D’abord Dali et Warhol puis récemment avec 3 street-artists parmi les plus influents de la planète : JonOne, l’américain parisien d’adoption pour des bouteilles en verres effet tag, la japonaise Sasu pour des bouteilles PET fleuries et le brésilien Kobra pour une série de canettes Slim Can art pop. Le fruit des créations artistiques des marques devient même des objets à collectionner. Tiens, quand on parle de collections, est-ce que le consommateur ne serait pas alors voué à devenir un collectionneur d’art marketing ? La collection nourrit alors l’aspect artistique donné au produit. Dans une autre optique, on peut également citer Free qui a confié la conception de sa Freebox Revolution au designer star Philippe Starck. Ici l’objectif est de transformer un produit quelconque en objet esthétique que l’aime regarder et montrer. A la différence des produits concurrents que l’on cache car pas assez beaux ou trop encombrants. La forme devient alors aussi importante que le fond. La Freebox se distingue ainsi autant par sa technologie innovante que par sa forme audacieuse. L’art donne envie d’acheter le produit.

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DOSSIER MARKETING

Mais c’est Citroën qui illustre peut-être le mieux la création de produit associé à l’art. Comme pour Free mais de manière encore plus prononcée. On ne parle plus de série limitée mais de production de masse, comme pour démocratiser l’accès à un produit symboliquement artistique. Vous ne voyez pas de quoi on parle ? Si on vous dit Picasso ? Ah oui, maintenant ça y est, c’est le monospace phare de la marque aux chevrons. Avant d’imaginer son Xsara Picasso, Citroën souffrait d’une image vieillissante. La marque faisait figure de belle endormie. Une hérésie quand on connaît la culture innovante du groupe. Citroën a eu alors une idée de génie : associer le nom de son modèle à un personnage emblématique. Et c’est Picasso qui a été retenu pour tout ce que ce nom peut évoquer: l’art, l’audace, l’anticonformisme, l’originalité, l’unicité et donc la différence. La famille Picasso cède à Citroën l’autorisation d’utiliser le nom et l’aura du célèbre peintre cubiste dans les termes d’un contrat très strict. Si le modèle a vite été un succès, le monde artistique s’est indigné de cette association. Par jalousie sans doute. Mais Citroën n’a au final juste fait que le chemin inverse de Warhol avec les soupes Campbell. Et pour illustrer encore plus nos propos, Citroën a même créé en 2013 une exposition sur les Champs Elysées intitulée « Creative Session » qui rendait hommages à tous les modèles Picasso développés par la marque. Et voilà que les modèles de voiture du nom du célèbre peintre cubiste s’exposent dans une galerie d’art comme des tableaux. CQFD. Pour conclure le chapitre Citroën, on retiendra cette phrase de l’artiste français Bertrand Lavier : « dans 150 ans, la Picasso sera plus rare qu'un Picasso ». S’associer aux valeurs de l’art D’autres marques comme L’Oréal, ne font pas forcément appel à des artistes pour créer des packagings originaux mais s’inspirent du travail de grands peintres contemporains, allant même jusqu’à « pomper » outrageusement. Le packaging de la gamme de produits Studio Line s’inspire très largement des œuvres de Mondrian. Cela confère au produit plus de noblesse et à la marque un esprit créatif certain. Ici l’art est un catalyseur de valeurs pour le marketing produit.

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DOSSIER MARKETING

Mais c’est dans la publicité que l’on retrouve de manière plus massive les références à l’art pour assurer la promotion de ses produits. Pour Perrier, c’est Arcimboldo qui a inspiré la marque avec une représentation très personnelle des œuvres iconiques de l’artiste italien. La marque crée deux visuels pour promouvoir une boisson gazeuse aromatisée au citron. On peut ainsi apercevoir deux bustes constitués de citrons verts et jaunes. Perrier utilise ici la représentation artistique pour mettre en avant ce qui fait l’essence de son produit : le fruit. Arcimboldo n’a pas été choisi au hasard. Les connaisseurs sauront apprécier la référence à l’artiste dans l’utilisation de fruits ou légumes pour aboutir à la création de buste ou visage. Le lien avec l’art est donc naturel et renforce la valeur du produit. Si le positionnement de Perrier légitime le recours à l’art, pour d’autres marques, cela permet de créer un décalage et ainsi d’augmenter l’impact d’un message. Quand Pantène parodie une œuvre iconique comme la Joconde pour vanter les mérites de son shampooing, la portée du message est très forte de sens. Outre le sourire que cela provoque en premier lieu, la marque signifie que son produit peut sublimer une des plus grandes œuvres d’art de l’histoire. Le marketing encore plus haut que l’art ? Ainsi les marques n’hésitent-elles plus à associer leurs produits à des références artistiques reconnues de tous. Ce dernier point est crucial pour que la stratégie marketing puisse s’adresser au plus grand nombre. Pour une marque à forte notoriété, avoir recours à artiste lambda n’aurait que peu de sens. Quoique. SURFER SUR LES NOUVELLES TENDANCES ARTISTIQUES Nous l’avons vu, l’art se démocratise. Son accès est facilité et de nouvelles formes d’art apparaissent. N’en déplaisent aux puristes mais la rue offre aujourd’hui un vaste terrain d’expression à plusieurs formes d’art. De jeunes inconnus s’illustrent dans leur discipline et deviennent ainsi connus et reconnus pour leurs talents. Le phénomène est tellement important que l’on parle même de culture street-art aujourd’hui.

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Une vraie tendance. Et qui dit tendance dit intérêt pour les marques. Un intérêt qui peut se traduire concrètement sans trop difficultés car le terrain d’expression du street-art est aussi le terrain de jeu des marques : c’est la rue. Les marques, grandes habituées du street-marketing, ont vite décelé l’intérêt de s’associer au street-art. Et donc à l’art. Cela permet de donner une image jeune, dynamique et actuelle à la marque. A l’occasion de la semaine du design à Milan, IKEA a fait appel aux street-artists Banksy et Obey pour les entrées et l’intérieur des stations de métro. Le message : « Ikea donne du design à la vie ». C’est frais, tendance, ça étonne et ça donne du sens. Pour la marque, le recours à cette forme d’art renforce de manière certaine son positionnement. Très récemment, Nivéa a investi le parvis de la Défense à Paris pour un dispositif immersif chargé de faire la promotion de Perles de Q10. Parmi les différents éléments de l’opération, une vaste fresque anamorphique de 400m2 sur le sol par l’artiste François Abelanet. Le but ? Affirmer l’ancrage du produit dans son époque et transformer l’environnement urbain en espace immersif pour son univers de marque. Le street-art a permis à Nivéa d’atteindre ses objectifs. Et quand on vous disait qu’avoir recours à artiste lambda n’aurait que peu de sens, le street-art permet de passer outre cette barrière. Car comme pour toute tendance, le street-art possède ses artistes naissants. En outre, de nouvelles formes d’art apparaissent chaque jour, plus étonnantes les unes que les autres. Il suffit alors aux marques de les saisir tout simplement pour nourrir leur stratégie marketing. C’est ce qu’a fait notamment Ballantines via sa récente collaboration avec INSA, l’inventeur du GIF-ITI. Il s'agit d'une technique qui consiste à photographier une oeuvre graphique, puis de la modifier pour la photographier à nouveau et ainsi de suite jusqu'à créer un gif animé (une photo animée de très courte durée). Pour Ballantines, INSA a vu les choses en grand puisque son oeuvre a été prise en plusieurs photos depuis l'espace. Et pour que le résultat soit visible, il a fallu créer un dessin gigantesque au sol.

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DOSSIER MARKETING

C'est à Rio de Janeiro au Brésil que la performance a eu lieu: un terrain de 14 379 m² a été mobilisé. 20 personnes ont compilé 576 heures de travail pour créer 4 immenses fresques prises en 4 photos depuis l'espace. Il a fallu en créer une, la prendre en photo puis vite créer la seconde et ainsi de suite jusqu'à la quatrième. Avec seulement un jour d'écart entre les dessins puisque qu'il fallait attendre le passage du satellite au même endroit pour que les photos puissent être superposées. Le résultat final permet de représenter une oeuvre qui semble vivante en faisant défiler les 4 clichés. Grâce à ce procédé, Ballantines concrétise son positionnement en réussissant son pari un peu fou et inattendu au départ. La multiplication de ce genre d’association nous pousse même à parler de co-branding entre le marketing et l’art, entre les artistes et les marques. Un sentiment partagé par Henry Thaud, spécialiste en art urbain pour qui «on parle alors de co-branding, pas de collaboration car les marques ont besoin de la notoriété d'artistes qui sont eux-mêmes devenus des marques. » Arnaud Oliveux commissaire-priseur et spécialiste en art contemporain finit de boucler la boucle en expliquant que « collaborer avec une marque est positif pour la cote des artistes. Cela apporte une dimension collector et participe à véhiculer l'art en dehors du monde élitiste guindé des galeries». L’ART POUR ENGAGER LA MARQUE Il existe une autre forme d’utilisation de l’art par le marketing. Beaucoup plus subtile mais pas moins visible. Vous avez certainement vu dans vos villes (à Paris notamment) d’immenses bâches publicitaires venant couvrir des bâtiments en travaux. Depuis 2007 en France, il est possible d'obtenir une dérogation en faveur de l'affichage publicitaire sur les bâches d'échafaudages pour les monuments historiques. Il s'agit d'un mode de communication qui entre directement dans le financement des travaux. La marque s'offre une vitrine inespérée et valorise son image. La société qui gère le patrimoine historique collecte des fonds pour financer les travaux. Un système gagnant-gagnant que les marques ont parfaitement intégré dans leur stratégie marketing.

Apple par exemple, avait alors dressé une immense bâche de 100m2 sur la façade de l'hôtel particulier de Laffemas, place des Vosges. Elle représentait un Iphone 5C et un Ipad géants, deux produits emblématiques de la marque. Bien évidemment, une tribune rendue possible en contribuant au financement des travaux. Coca Cola avait même suscité la polémique à Venise en s’affichant ostensiblement sur la façade du palais des Doges ainsi que le Pont des Soupirs. Une pétition menée par le célèbre architecte Norman Foster avait même atterri sur le bureau du maire. Si un tel procédé doit être mené avec précaution, d’autres formes d’engagement envers l’art sont plus simples et plus efficaces en termes de retombées et d’image. Les Hongrois ont vécu une vraie violation de leur patrimoine culturel l'été dernier. En effet, plusieurs statues ont été volées dans le parc de Margaret Island. Un évènement incroyable qui a ému la population. Imaginez les grands parcs parisiens vidés de leurs oeuvres... Le LEGO Store de Budapest a eu une idée ingénieuse: remplacer les statues manquantes par des répliques grandeur nature réalisées... en LEGO. Une excellente opération qui permet à la marque de s'attirer les lumières des projecteurs sans outrance marketing démesurée. D'une part la marque défend le patrimoine culturel national à sa manière. D'autre part, LEGO suggère que ses petites briques sont des outils de créativité pour quiconque les utilise, qu'il soit petit ou grand. L’histoire d’amour entre l’art et le marketing n’est pas prête de s’éteindre. Les artistes contemporains ont besoin de marketing pour exister. Une aubaine pour les marques en panne d’inspiration qui doivent créer une différence pour s’affirmer sur leur marché. Et si les marketers étaient aussi en quête de reconnaissance ? Nous conclurons alors ce dossier sur cette phrase de l’historienne Danièle Schneider : « En utilisant l'art, les publicitaires ont envie de faire reconnaître la publicité comme de l'art: en citant une œuvre, ils parlent de la communauté d'essence qu'il y a entre toutes les formes de création. Et espèrent ainsi une réévaluation du statut de la publicité.»

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DE DEMAIN

TENDANCES HIGH TECH

BMW nous présente

une application étonnante

pour smartwatch. Baptisée Remote

Valet Parking Assistant l’application

présente des possibilités impressionnantes.

Imaginez vous dans un parking, vous

appelez votre voiture en approchant votre

montre connectée de la bouche. Et voilà que

cette dernière arrive toute seule à vos pieds.

Vous pourrez également commander à votre

voiture de se garer toute seule. Une prouesse

rendue possible grâce à un mode de pilotage

automatique ultra-sophistiqué, des capteurs

et des caméras avant et arrière.. De

nombreux experts estiment que

la technologie connectée

constituera l'avenir

du secteur

Désormais propriété de

Google, le projet Ara a passé la

vitesse supérieure. Pour rappel,

il s’agit d’un smartphone en kit, composé

de plusieurs modules: caméra, batterie,

mémoire, capteurs. Chaque module peut être

changé et adaptable à volonté. Chaque

utilisateur peut ainsi construire son propre

smartphone à la manière des ordinateurs. En

fonction du besoin, de l'envie et du budget,

l'utilisateur pourrait se procurer le

smartphone qui lui correspond le mieux.

Grâce à ce projet, si votre appareil photo ne

fonctionne plus ou si votre batterie est usée,

il suffit de changer le module défaillant.

Google a annoncé la prochaine

commercialisation de

ce projet

TENDANCES

TENDANCES PAGE 12 – PERSPECTIVES, LE MAGAZINE D’ATHENEA CONSEILS – N°24 JANV-FEV 2015

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TENDANCES

TENDANCES FOOD

Barilla s'est associée à

la plateforme Thingarage qui

rassemble des passionnés de

l'impression 3D pour organiser un

concours créatif. Il s’agit d’imaginer les pâtes

de demain créées à partir de l'impression 3D.

Ce concours hors du commun a rassemblé

pendant 2 mois plus de 530 créateurs de 30

pays différents. Au final, ce sont plus de 200

créations de modèles de pâtes différents qui

ont été proposés à Barilla. Cocorico, on

compte 2 français sur le podium : le designer

industriel français Loris Tupin qui remporte le

1er prix avec son inspiration "Rosa" et les

français du studio AbacO avec leur

modèle "Luna", une pâte en forme

de lune avec des cratères.

Un jeune ingénieur, Rob Rhinehart

vient de lancer une gamme de produits

alimentaires entièrement liquides.

Directement issue du film de science-fiction

Soylent Green (Soleil Vert en français), la

marque Soylent propose des poudres

contenant tous les éléments à la survie de

l'homme: vitamines, acides aminés, calories,

minéraux et graisse. Le produit se présente

comme un tube de poudre à mélanger avec

de l'eau qu'il suffit de boire pour s'alimenter.

Soylent Corporation vient d’annoncer une

levée de fonds de 20 millions de dollars

de la part des fonds américains

Andreessen Horowitz, Lerer

Ventures et

Index Ventures.

PAGE 13 – PERSPECTIVES, LE MAGAZINE D’ATHENEA CONSEILS – N°24 JANV-FEV 2015

Page 15: Perspectives n°24   janvier - février 2015 - athénéa conseils

TENDANCES FUTUR

La trilogie des films

"Retour vers le Futur" a marqué

toute une génération.

Parmi les nombreux détails qui

continuent de faire parler les fans même 25

ans aprés la sortie du dernier opus, on

compte les chaussures Nike qui se lacent

toutes seules. Nike vient d'annoncer le

développement trés sérieux de ce système

de laçage autonome pour une prochaine

commercialisation. Pour rappel, en 2011,

Nike avait commercialisé une série trés

limitée de 1500 paires des fameuses Nike

MAG (avec juste la forme des chaussures

et sans le système de laçage).

Elles s'étaient vendues comme

des petits pains.

TENDANCES

LG a profité du CES 2015

pour présenter sa Twin Wash,

une drôle de machine à laver le linge.

Twin Wash présente deux bacs de lavage,

complètements indépendants et pouvant être

actionnés simultanément. Mais ce n'est pas

tout. La Twin Wash est une machine

connectée. Grâce à une connexion wifi

intégrée, la machine est capable de se

connecter au service de messagerie LG

HomeChat en cas de panne ou problèmes.

Mieux encore, elle peut télécharger des

cycles de lavage personnalisés sur les

serveurs de LG pour optimiser sa

consommation d'eau ou d’énergie.

PAGE 14 – PERSPECTIVES, LE MAGAZINE D’ATHENEA CONSEILS – N°24 JANV-FEV 2015

Page 16: Perspectives n°24   janvier - février 2015 - athénéa conseils

ON BUZZ UN CONCEPT REMARQUABLE

La question du jour: un Mikado sans chocolat reste-t-il un Mikado? Tout le monde connait Mikado. Lancé en 1982 sur le marché français, ce petit biscuit, qui se présente comme un long bâtonnet tout fin trempé dans du chocolat, fait aujourd'hui partie des produits cultes dans le monde agro-alimentaire. Les campagnes publicitaires qui ont accompagné le développement de Mikado durant toutes ces années sont devenues elles-aussi mythiques. On pense notamment au fameux slogan: "la petite faiblesse qui vous perdra". Au fil des années, Mikado a décliné son concept original avec des versions "chocolat blanc", "chocolat noir"... Le fil rouge du produit, c'est le plaisir et la gourmandise: un petit biscuit craquant enrobé dans une délicieuse couche de chocolat. Mais voilà, Mondelez qui exploite Mikado a annoncé la sortie prochaine de Mikado Stick, des bâtonnets sans ... chocolat. Un produit qui s'annonce comme 100% plaisir avec 0% de chocolat. Un choix étonnant justifié par un retour aux choses simples et un produit destiné à tous, y compris ceux qui n'aiment pas le chocolat. Stratégie marketing ratée ? Lancement de produit hasardeux ? Au contraire c’est un véritable coup de maître. Il s’agit en fait d’une fausse annonce en vue de lancer Mikado King avec encore plus de chocolat. Sauf que personne ne le sait au départ. Mikado avait préparé des visuels et des clips pour son faux-produit sans chocolat. La marque a ensuite simplement lancé le tout sur les réseaux sociaux et a attendu (non fébrilement) de voir si ça pouvait mordre. Résultat ? La toile s’enflamme. Les fans du produit s’insurgent et créent des groupes de mécontentement pour faire pression. Les parodies se multiplient. Même l’animateur de la matinale de Fun Radio, Bruno Guillon (qui n’était pas de méche avec la marque), a lancé le hashtag #LeMikadoSansChocolatCestAussiConQue qui a fait fureur sur les réseaux sociaux. Les compteurs s’affolent très vite : 841 000 vues sur Youtube pour la campagne Mikado Stick, 4 071 tweets avec le hashtag #MikadoStick, en trending topic Paris dès le 1er jour, 8 052 tweets avec le #LeMikadoSansChocolatCestAussiConQue, devenu 3ème trending topic monde, 11 547 tweets citant « Mikado» et 5 190 mentions du compte Twitter @Mikadofr…

L’INCROYABLE BUZZ DE MIKADO

OU COMMENT LA MARQUE A FIGURé PARMI LES 3 PLUS SUJETS

LES PLUS DISCUTéS DANS LE MONDE SUR TWITTER

ON BUZZ PAGE 15 – PERSPECTIVES, LE MAGAZINE D’ATHENEA CONSEILS – N°24 JANV-FEV 2015

Page 17: Perspectives n°24   janvier - février 2015 - athénéa conseils

Développement LOCAL

Pour preuve, Lionel Kaplan, dirigeant de l'agence Mediatrium a déclaré que "des amis américains vivant à Paris m'ont raconté avoir reçu des coups de fil affolés de leurs proches dans l'Ohio qui leur demandaient s'ils étaient en sécurité"… Mine de rien, c’est un très mauvais coup pour l’activité touristique parisienne. Avec 15,5 millions d’arrivées étrangères et 38,4 millions de nuitées hôtelières internationales en 2013, le poids de l’activité touristique émanant d’étrangers en Ile de France est énorme. Selon une enquête menée en septembre 2012 par la CCIP, 26% des entreprises parisiennes, toute taille et tout secteur confondus, déclarent que leur activité est dépendante du tourisme. Inutile de dire alors que les fabulations de Fox News ont généré une mini-situation de crise au sein des instances parisiennes. D’ailleurs, la mairie de Paris souhaite pousser l’affaire devant les tribunaux estimant qu’il pourrait exister un préjudice économique. Anne Hidalgo demandera au conseil de Paris l’autorisation de déposer une plainte contre X, avec constitution de partie civile pour diffamation

QUAND UNE Menace peut devenir une opportunité Les questions de développement économique et d’attractivité des territoires comportent de nombreuses similitudes avec les orientations marketing. D’ailleurs, nous vous apportons régulièrement des exemples de ce qu’on appelle désormais le marketing territorial. Aujourd’hui, un territoire se « markète » comme un produit pour séduire le consommateur (entreprises, touristes, résidents, investisseurs) sur un marché de plus en plus concurrentiel (les autres territoires nationaux mais aussi européens et mondiaux). Exactement comme pour la marketing tel que vous le connaissez, il faut fixer un positionnement stratégique pertinent, différenciant et cohérent avec ses valeurs et son histoire.

TERRITOIRES

TERRITOIRE

Les tragiques évènements du mois de Janvier ont eu un écho bien au delà de nos frontières. C’est le monde entier qui a été secoué et les media étrangers ont fortement relayé ces informations. Avec plus ou moins de justesse ou de vérité. Les chaines de TV américaines ne brillent pas toutes pour la pertinence de leurs informations. On se souvient du traitement, même par la sacrosainte CNN, des émeutes de 2005 en France… Bis repetita avec cette fois Fox News à la baguette. La chaine TV US a fait tout l’étalage de son journalisme d’investigation en dédiant un reportage entier aux « no-go zones » françaises, notamment à Paris. En effet, il paraitrait qu’il existe en France des zones de non-droits interdites aux forces de l’ordre et à toute personne non-musulmane. La chaîne allant même jusqu’à dire que la situation y est parfois pire qu’en Irak ou en Afghanistan.

UNE éPINE DANS LE PIED DE L’AURA TOURISTIQUE DE PARIS Un manque hallucinant de connaissance et de discernement qui a provoqué l’émoi de toute la population française, toute confession religieuse confondue. Face au tollé provoqué par ce reportage, Fox News s’est confondue à plusieurs reprises en excuses publiques. Mais le mal était fait.

PAGE 16 – PERSPECTIVES, LE MAGAZINE D’ATHENEA CONSEILS – N°24 JANV-FEV 2015

Page 18: Perspectives n°24   janvier - février 2015 - athénéa conseils

TERRITOIRES

Exactement comme pour les activités commerciales, l’environnement apporte son lot d’opportunités et de menaces. L’objectif étant de saisir de la meilleure façon les opportunités et de transformer les menaces en nouvelles opportunités.

QUAND on propose de visiter ce fameux paris dangereux C’est ce qu’a fait Lionel Kaplan, dirigeant de l'agence Mediatrium en créant un site internet un peu particulier, nogozones.fr. L’objectif est de proposer aux américains de visiter le Paris dangereux. Lionel Kaplan surfe sur le badbuzz de Fox News et joue ironiquement avec la sévérité des déclarations de la chaine américaine. Les premières photos ont été postées sur le site avec des commentaires à la hauteur de la bévue de Fox News. « Cette grand-mère s'aventure sur un chemin que la police n'ose pas suivre » sous un cliché du parc de Belleville. Ou encore « Émeute dans les rues de Paris » alors que des passants arpentent tranquillement une rue. Le but étant de proposer aux touristes américains de les mettre en relation avec des riverains afin qu’ils puissent découvrir ce fameux Paris qui fait tant peur. L’ironie s’arrête ici. Les photos sur le site sont toutes accueillantes, pleine de vie, de diversité et de tolérance. Un joli pied de nez à la peur irraisonné de l’autre et à l’ignorance. Lionel Kaplan compte avec cette initiative « mettre en relation des connaisseurs de ces quartiers avec les touristes curieux de voir autre chose que la tour Eiffel, le Louvre ou l'Opéra Garnier. Il ne s’agit pas de créer une agence de tourisme de masse vers ces quartiers populaires mais simplement de mettre en relation des Parisiens et des touristes pour leur faire vivre une expérience exceptionnelle, loin des sentiers battus. » Une démarche soutenue par le Comité Régional du Tourisme d’Ile de France qui souhaite même poursuivre la démarche en développant une nouvelle forme de tourisme plus urbaine, plus ethnique et plus multiculturelle. François Navarro, directeur du comité régional du tourisme de Paris Ile-de-France déclare que « cela reste un tourisme de niche. Mais il se développe, avec une demande des touristes de vivre le vrai Paris des Parisiens. Il faut promouvoir les cultures urbaines auprès des tours-opérateurs

américains, en leur vendant l'idée de circuits street-art. On a du mal à positionner Paris comme une destination jeune. Mais, en même temps, il y a une offre, il faut la fédérer, et la vendre, parce qu'elle existe. » Et voilà comment un événement qui pourrait constituer une menace sérieuse peut être détourné en opportunité avec le développement d’un tourisme urbain. Stefan Buljat, responsable de l'agence de voyages éthiques Bastina présente le concept : « L'idée, c'est de découvrir Paris de l'intérieur, pour aller à la rencontre du patrimoine culturel mais aussi alimentaire ou vestimentaire". C’était la meilleure réponse à faire à Fox News.

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Le Monde La nouvelle génération de consoles donne un coup de fouet au marché du jeu vidéo Alors que le jeu vidéo mobile a progressé de 5 %, les ventes de consoles ont bondi de 24 % en 2014, portées notamment par l’engouement commercial des nouvelles consoles.

Les Echos Les galeries d’art étouffées par les foires et maisons de vente Les galeries d’art, petites et moyennes, sont en difficulté face à une concurrence démesurée pour elles. Le syndicat professionnel fourbit sa stratégie pour leur venir en aide.

Challenges Comment les aéroports vont devenir un terrain de chasse pour les start-up Les aéroports permettent de rencontrer de nombreux hommes d'affaires qui attendent de prendre leur avion. A Orly, un espace est désormais dédié à la présentation de start-up.

DEMAIN A LA UNE

LA REVUE AUJOURD’HUI

EMarketing Magazine Un Pick Up Store à la gare Saint-Lazare Faire de chaque voyageur ou de chaque passant un ... client. C'est l'ambition du travel retail. La SNCF, la Poste et Klépierre sont à la manoeuvre.

LSA En janvier, Lidl gagne la bataille des parts de marché Tous les mois, les professionnels de la consommation alimentaire attendent le verdict de Kantar Worldpanel sur l'évolution des parts de marché. Le communiqué sur la période dite P01 (du 29 décembre 2014 au 25 janvier 2015) désigne Lidl comme le gagnant.

La Tribune Le Royaume-Uni va autoriser les tests des voitures sans chauffeur Les automobilistes britanniques partageront la route avec des voitures sans conducteur dès l'été prochain. Le gouvernement a en effet mis en chantier un code de bonnes pratiques pour ces véhicules.

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PAGE 18 – PERSPECTIVES, LE MAGAZINE D’ATHENEA CONSEILS – N°24 JANV-FEV 2015

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EMarketing Magazine Analyse de la stratégie de Coca sur le marché des boissons "saines" Coca-Cola n'a pas fini d'étancher sa soif ! Fin 2014, la marque lance deux nouveaux produits : Coca-Cola Life en Europe et le lait Fairlife aux Etats-Unis. Capital Bonbons Haribo : une success story tout en douceur Grâce à ses innovations et à un habile marketing, la confiserie allemande est devenue la star des sucreries en Europe. Place aux USA et à la Chine.

Le Monde La construction de logements repart en France Les mesures pour relancer la construction, prises fin août 2014 par Manuel Valls, premier ministre et véritable pilote de la politique du logement depuis le départ de Cécile Duflot, seraient-elles en train d’atteindre leur but ? Stratégies Le Français Sigfox lève 100 millions d'euros La société toulousaine spécialisée dans l'internet des objets a effectué une levée de fonds record pour une start-up française, auprès d'opérateurs télécom, d'Elliott Management Corporation, de GDF Suez, Air Liquide et Eutelsat.

DEMAIN A LA UNE

LSA Etats-Unis : près de 40 % des commerçants veulent adopter l’Apple Pay en 2016 Apple Pay, le service de paiement mobile lancé par Apple en 2014, séduit de plus en plus de commerçants américains, selon le site d’informations Business Insider.

Capital La machine Accor : un nouvel hôtel chaque jour Après des années agitées, le management du numéro 1 français de l'hôtellerie) s'est stabilisé. Et la marche en avant a repris : les investissements pleuvent et les ouvertures se succèdent.

La Tribune La France a les meilleurs prix télécoms d’Europe ! Le marché français du mobile et du haut débit est un OVNI sur le plan tarifaire si l'on compare avec les pays voisins.

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PAGE 19 – PERSPECTIVES, LE MAGAZINE D’ATHENEA CONSEILS – N°24 JANV-FEV 2015

Page 21: Perspectives n°24   janvier - février 2015 - athénéa conseils

Perspectives est un magazine conçu et édité par Athénéa Conseils. Le magazine est distribué gratuitement à 2000 lecteurs. ATHENEA CONSEILS Pour nous contacter : Ligne directe : 06 72 89 76 06 Mail : [email protected] www.athenea.fr Vous souhaitez communiquer, être interviewé ou bien mettre en avant votre entreprise au sein de notre magazine : contactez-nous.

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C’ÉTAIT PERSPECTIVES N°24

Il existe de nombreuses similitudes entre le management sportif et l’approche stratégique entrepreneuriale. Nous avons d’ailleurs souvent coutume d’illustrer nos formations ou nos conseils de dirigeant avec des métaphores issues du monde du sport. C’est sous cette forme que nous envisageons notre coaching. Vous êtes décideur, chef d’entreprise, entrepreneur ? Vous recherchez un partenaire pour vous guider dans votre stratégie et vous appuyer dans l’atteinte de vos objectifs ? Athénéa Conseils conseille, oriente, motive et appuie les équipes de dirigeant. Notre marque de fabrique ? Un coaching différent. LA FRANCHISE : Nous ne sommes pas là pour dire que ce que le dirigeant souhaite entendre. Et nous mettons souvent le focus sur les zones les plus sensibles. L’ACCOMPAGNEMENT : Nous sommes aux côtés du dirigeant et nous l’impliquons à chaque étape pour qu’il puisse s’approprier tous les éléments. LA CONSTRUCTION : C’est le dirigeant qui trouve les réponses. Nous l’amenons à prendre du recul pour bénéficier d’une vision plus large et plus objective en posant les bonnes questions. Un manager sportif n’entre pas sur le terrain en cours de match. C’est bien l’équipe qui marque et transforme l’essai. Nous n’imposons pas notre solution, nous vous aidons à trouver vous même les clés.

« Le rugby est certainement le sport qui ressemble le plus à l'entreprise. Un ailier ne sera bon que si on lui

donne de bons ballons. On est dépendants les uns des autres. Dans

une équipe, il y a une diversité de postes, comme dans une entreprise, où il y a une secrétaire, un directeur

commercial, des vendeurs... L'essentiel, c'est de fédérer. Pour cela,

encore une fois, il faut de la transparence, de la proximité, de

l'écoute, des encouragements, des réunions, de temps en temps des coups de téléphone inopinés si on

pressent une dérive... En permanence, il faut être près des

hommes. » Bernard Laporte

PAGE 20 – PERSPECTIVES, LE MAGAZINE D’ATHENEA CONSEILS – N°24 JANV-FEV 2015