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10 idées pour relancer le made in France

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Lundi 1er Novembre 2010

À la une Les entreprises les plus patriotes

10 idées pour relancer le made in France au banc d'essai

Deux ministres de l'Industrie, l'un UMP, l'autre PS, évaluent les propositions élaborées par "L'Expansion" pour aider les entreprises françaises à s'imposer à l'international. Comment mieux défendre la France et l'Europe dans la compétition mondiale ? A la suite de nombreux entretiens avec des économistes, des chefs d'entreprise, des consultants, des responsables politiques et des syndicalistes, L'Expansion a élaboré 10 propositions. Deux ministres de l'Industrie les discutent : le plus récent, Christian Estrosi, et le dernier socialiste à avoir occupé le poste, Christian Pierret. Proposition 1 Renforcer la collaboration entre les grandes entreprises et les PME françaises pour conquérir les marchés internationaux en accordant des aides à l'export et des crédits d'impôts aux sociétés qui privilégient la coopération nationale. Christian Estrosi. La relation difficile entre donneurs d'ordre et sous-traitants explique une bonne partie des pertes de parts de marché de la France. C'est pourquoi, à la suite des états généraux de l'industrie, le gouvernement a mis en place la Conférence nationale de l'industrie. Je suis en train d'installer les comités sur nos onze filières industrielles et j'ai nommé un médiateur de la sous-traitance, chargé de mettre fin aux pratiques abusives de certains donneurs d'ordres. Christian Pierret . Cette collaboration est indispensable à la renaissance de nos industries. Il faut même aller plus loin et concevoir des groupes de travail au niveau européen, pour créer une culture commune dans une technologie bien définie. Aux pouvoirs publics de mettre ces chercheurs autour d'une

table. Proposition 2 Aider les PME nationales à se développer en obligeant l'Etat à leur réserver une part substantielle des marchés publics, comme le fait le Small Business Act aux Etats-Unis. C.E. Oui, mais ce qui me paraît plus important encore, c'est d'instaurer la réciprocité en matière de marchés publics en Europe : nous demandons à la Commission de garantir un accès équitable aux marchés publics dans tous les Etats membres. C.P. Cette idée est ancienne. Edith Cresson l'avait déjà lancée en 1984. Mais elle reste dans les tiroirs. Cette collaboration public-privé existe au niveau local, pas assez au niveau national. Proposition 3 Permettre aux PME françaises de grandir plus rapidement grâce à un allégement de la fiscalité et à la suppression des effets de seuil à 20 et 50 salariés. C.E. Notre objectif est de doubler le nombre d'entreprises de taille intermédiaires (ETI) d'ici à 2012. Pour y arriver, nous sommes déjà allés au bout de la réforme de la taxe professionnelle, qui fera économiser 12 milliards d'euros à nos entreprises en 2010 puis 6 milliards par an dont 2 à l'industrie. Mais tout n'est pas affaire de fiscalité. La réussite en Allemagne est due surtout à son organisation. C.P. La suppression de la taxe professionnelle a des effets pervers. Si les petites PME et les très grosses entreprises sont gagnantes, les entreprises intermédiaires sont

pénalisées par les deux nouvelles taxes qui la remplacent. Proposition 4 Augmenter la TVA pour compenser la diminution des cotisations sociales, ce qui permettrait de réduire le coût du travail, de favoriser la compétitivité des produits et services français. C.E. Le président de la République a dit sa volonté d'entamer une large réflexion sur la fiscalité. Notre ambition est de faire converger à terme la fiscalité de la France et de l'Allemagne, sans tabou. C.P. C'est un sujet sensible, même si la gauche comme la droite y sont favorables, car c'est le seul impôt qui remplisse les caisses de l'Etat rapidement. Proposition 5 Inscrire dans la Constitution une part minimale des dépenses publiques consacrée à la recherche et à l'innovation ainsi qu'à l'investissement industriel. C.E. Cela ne me paraît pas raisonnable. Le plus important est de sécuriser ce qui est déjà acquis, notamment le Crédit d'impôt recherche : 1 euro de CIR génère jusqu'à 3 euros de recherche supplémentaires, et donc des emplois pour effectuer cette recherche. Et les 35 milliards d'euros du grand emprunt seront décisifs pour renforcer le lien entre recherche, innovation et commercialisation. C.P. Je n'aime pas trop les règles figées dans la Constitution, même si c'est par l'innovation et la recherche qu'on créera de la croissance.

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Proposition 6 Reconsidérer la politique de concurrence de Bruxelles en permettant la constitution de champions européens, pour ne plus opposer stratégies industrielles mondiales et règles du marché intérieur. C.E. Il me paraît très important que l'Europe communautaire prenne mieux en compte la dimension mondiale de nombreux marchés dans les dispositifs de contrôle des concentrations européens. C'est la prise en compte de cette logique qui a abouti à la création d'EADS et d'Airbus. C.P. Pour rivaliser, il faut concentrer les capacités d'innovation de plusieurs champions nationaux au niveau européen. La compétition avec les pays émergents ne se gagnera pas sur les coûts de production, mais sur notre capacité à inventer. Proposition 7 Affirmer, de la part des gouvernements, et conformément au traité de Maastricht, une vraie politique de taux de change, pour éviter que l'euro ne soit la variable d'ajustement du système monétaire international. C.E. L'instabilité du taux de change est un problème crucial, notamment dans certaines filières, comme l'aéronautique. Une nouvelle

régulation des changes internationale sera à l'ordre du jour du G20 présidé par la France. C.P. L'Europe ne doit pas être naïve et ne pas se préoccuper de son taux de change quand d'autres en font délibérément une arme. Proposition 8 Rendre le capital des grandes entreprises françaises plus français en encourageant l'épargne en actions, alors que les réglementations favorisent les obligations dans les choix des investisseurs institutionnels. C.E. Nous poursuivons nos consultations avec les partenaires sociaux pour flécher l'épargne vers les placements en actions et l'industrie, notamment une partie des 1 300 milliards d'euros de l'assurance-vie vers l'industrie, et la mise en place d'un livret industrie. C.P. Près de la moitié du capital des entreprises françaises appartient à des étrangers. C'est plus que dans les autres pays industrialisés. Or il est plus facile de peser sur la stratégie d'une entreprise en tant qu'actionnaire qu'en tant que créancier. Proposition 9 Recréer un ministère de l'Industrie élargi, indépendant de Bercy, qui regrouperait la Recherche, l'Aménagement du territoire, le

Commerce extérieur, l'Agence des participations de l'Etat, le Commerce et les PME. C.E. Il ne m'incombe pas de définir les limites de mon ministère. Quant aux filières prioritaires, nous en avons défini onze avec ses onze comités. C.P. Il est indispensable que la France se dote d'un ministère de l'Industrie qui soit aussi chargé du commerce extérieur, de la R&D, des universités et des PME, pour faire émerger les nouveaux secteurs de pointe français. Proposition 10 Un nouveau label made in France doit satisfaire les exigences nouvelles des consommateurs en matière d'information sur l'origine et la qualité des produits qu'ils achètent. C.E. Oui, mais attention : fabriquer en France, ce n'est pas assembler en France des composants importés de pays étrangers à bas coûts, c'est réunir tout le savoir-faire et toute la diversité du tissu industriel français dans la chaîne de valeur des produits portant cette appellation. C.P. Ne perdons pas de vue l'essentiel, qui consiste à créer de l'activité et de l'emploi sur le sol français, quelle que soit la nationalité de l'entreprise.

Danièle Licata

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