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France : Lettre au ministre de l'éducation nationale à propos de l' enseignement des langues étrangères (juin 2016) Madame la Ministre, Il y a quelques semaines, vous avez annoncé l'intégration des ELCO (Enseignement de langues et cultures d'origine) au programme national, dans un cadre plus réglementé. De ce fait, à la rentrée scolaire prochaine, les langues dites « d'origine » deviendront des « langues étrangères » au même titre que l'allemand, le chinois ou le turc. Nous prenons acte de cette avancée et estimons que le dispositif ELCO, qui s'adressait à l'origine aux enfants d'immigrés à partir des années 1970, est effectivement dépassé. Néanmoins, permettez- nous, Madame la Ministre, de vous rappeler que les enfants amazighophones (berbérophones) de France n'ont jamais eu l'occasion d'apprendre leur langue maternelle à l'école. En effet, seule la langue arabe leur était proposée par leur pays d'origine. Pourtant, les ELCO sont basés sur une directive européenne invitant les Etats membres à prendre « les mesures appropriées en vue de promouvoir un enseignement de la langue maternelle et de la culture du pays d'origine en faveur des enfants ». La maîtrise de la langue maternelle est un préalable nécessaire à la réussite d'une langue seconde. Cependant, les parents de ces enfants amazighs ont été Idéologiquement arabisés et progressivement acculturés, et se sont résignés à orienter leurs enfants vers l'enseignement de la langue arabe que leur proposent leur pays d’accueil. Cette situation paradoxale est néanmoins qu’une suite logique de la politique d'arabisation orchestrée sur le territoire français par les autorités de leur pays d'origine et ceci, depuis plusieurs décennies. En France, cette véritable stratégie de manipulation et d’arabisation forcée des masses de ressortissants amazighs, était programmée et suivi, à distance, par l’état marocain et d’autres pays d’Afrique du Nord avec la complicité de la France, pays démocratique censé faire respecter les droits de l'homme, y compris le droit à la dignité. Ce processus basé sur des orientations idéologiques racistes et exclusivistes à l’égard des amazighs de France, consiste en fait à apprendre la langue arabe à des centaines de milliers d’amazighs au mépris de la langue de leurs ancêtres et ceci avec l’appui du gouvernement Français. La politique qui vise l'arabisation des enfants amazighs de France a été minutieusement préparée. Il en va de « la politique arabe de la France » et des intérêts économiques qui s’en suivent. Aujourd'hui, Madame la Ministre, l'état des lieux est accablant : les enfants amazighes sont toujours discriminées, aucune initiative n’a été entreprise pour leur permettre d’apprendre leur langue maternelle, alors qu'ils ont le droit de l’apprendre à l'école française dans le cadre des ELCO. Des milliers de collégiens et lycéens franco-amazighes sont toujours privés de leur droit légitime d'apprendre leur langue maternelle. Madame la Ministre, l'annonce faite par vous-même, à propos de l'enseignement de la langue arabe en CP confirme, une fois de plus, la volonté de l'état français à renforcer son alliance avec les régimes arabo-islamistes nord-africains en général et marocain en particulier dans le but ainsi officiellement déclaré, d'arabiser d’avantages les enfants amazighs de France. Madame la Ministre, écarter les Amazighs de France de l'enseignement de l'ELCO fut une première et grave erreur et une atteinte à leur droit légitime. Vous vous apprêtez à commettre une seconde erreur, irréparable de surcroît : celle de hisser la langue arabe comme langue vivante étrangère dans l'enseignement en France et contraindre les enfants amazighs à l’apprentissage de cette langue. Cette décision vous met face à une lourde responsabilité, car les retombées de ce choix ne

France: Lettre au Ministre de l' Education Nationale (Juin 2016)

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Page 1: France: Lettre au Ministre de l' Education Nationale (Juin 2016)

France : Lettre au ministre de l'éducation nationale à propos de l' enseignement des langues étrangères (juin 2016)

Madame la Ministre,

Il y a quelques semaines, vous avez annoncé l'intégration des ELCO (Enseignement de langues et cultures d'origine) au programme national, dans un cadre plus réglementé. De ce fait, à la rentrée scolaire prochaine, les langues dites « d'origine » deviendront des « langues étrangères » au même titre que l'allemand, le chinois ou le turc.

Nous prenons acte de cette avancée et estimons que le dispositif ELCO, qui s'adressait à l'origine aux enfants d'immigrés à partir des années 1970, est effectivement dépassé. Néanmoins, permettez-nous, Madame la Ministre, de vous rappeler que les enfants amazighophones (berbérophones) de France n'ont jamais eu l'occasion d'apprendre leur langue maternelle à l'école. En effet, seule la langue arabe leur était proposée par leur pays d'origine.

Pourtant, les ELCO sont basés sur une directive européenne invitant les Etats membres à prendre « les mesures appropriées en vue de promouvoir un enseignement de la langue maternelle et de la culture du pays d'origine en faveur des enfants ». La maîtrise de la langue maternelle est un préalable nécessaire à la réussite d'une langue seconde. Cependant, les parents de ces enfants amazighs ont été Idéologiquement arabisés et progressivement acculturés, et se sont résignés à orienter leurs enfants vers l'enseignement de la langue arabe que leur proposent leur pays d’accueil. Cette situation paradoxale est néanmoins qu’une suite logique de la politique d'arabisation orchestrée sur le territoire français par les autorités de leur pays d'origine et ceci, depuis plusieurs décennies.

En France, cette véritable stratégie de manipulation et d’arabisation forcée des masses de ressortissants amazighs, était programmée et suivi, à distance, par l’état marocain et d’autres pays d’Afrique du Nord avec la complicité de la France, pays démocratique censé faire respecter les droits de l'homme, y compris le droit à la dignité. Ce processus basé sur des orientations idéologiques racistes et exclusivistes à l’égard des amazighs de France, consiste en fait à apprendre la langue arabe à des centaines de milliers d’amazighs au mépris de la langue de leurs ancêtres et ceci avec l’appui du gouvernement Français. La politique qui vise l'arabisation des enfants amazighs de France a été minutieusement préparée. Il en va de « la politique arabe de la France » et des intérêts économiques qui s’en suivent.

Aujourd'hui, Madame la Ministre, l'état des lieux est accablant : les enfants amazighes sont toujoursdiscriminées, aucune initiative n’a été entreprise pour leur permettre d’apprendre leur langue maternelle, alors qu'ils ont le droit de l’apprendre à l'école française dans le cadre des ELCO. Des milliers de collégiens et lycéens franco-amazighes sont toujours privés de leur droit légitime d'apprendre leur langue maternelle.

Madame la Ministre, l'annonce faite par vous-même, à propos de l'enseignement de la langue arabe en CP confirme, une fois de plus, la volonté de l'état français à renforcer son alliance avec les régimes arabo-islamistes nord-africains en général et marocain en particulier dans le but ainsi officiellement déclaré, d'arabiser d’avantages les enfants amazighs de France. Madame la Ministre, écarter les Amazighs de France de l'enseignement de l'ELCO fut une premièreet grave erreur et une atteinte à leur droit légitime. Vous vous apprêtez à commettre une seconde erreur, irréparable de surcroît : celle de hisser la langue arabe comme langue vivante étrangère dans l'enseignement en France et contraindre les enfants amazighs à l’apprentissage de cette langue. Cette décision vous met face à une lourde responsabilité, car les retombées de ce choix ne

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manqueront point de mener votre pays à des situations plus conflictuelles encore.Vous savez pertinemment, Madame la Ministre, que les Amazighs sont la première communauté d'immigrés en France. Les Amazighs de Kabylie arrivent en première place. Puis viennent les Amazighs du Maroc. En effet, après la seconde guerre mondiale, la France avait « judicieusement » recruté de la main d'œuvre étrangère dans les zones rurales amazighes les plus marginalisées mettant du même coup un terme aux révoltes amazighes qui menaçaient le pouvoir centrale du Maroc.

Madame la Ministre, Le rapport officiel du Comité consultatif pour la promotion des langues régionales et de la pluralité linguistique interne, Installé le 6 mars 2013 par la ministre de la Culture et de la Communication, Madame Aurélie Filippetti et présidé par Monsieur Rémi Caron, conseillerd'État et ancien préfet, a bien confirmé nos dires et a conclu dans son rapport du 15 Juillet 2013 ce qui suit :

1. La langue amazighe avec toutes ses variantes (Rifain, Chleuh, Kabyle, Mzab, Touareg, Chaoui et autres) est la première langue de France parlée en France après le français, avec une population de plus de 2 millions de locuteurs.

2. La langue arabe classique n'a jamais été une langue régionale en France. 3. Les langues françaises non territoriales par nombre de lecteurs sont :

Ignorant cette réalité, malgré la critique de l’opposition, votre choix semble privilégier l’enseignement, non pas de la 2eme langue de France mais celui de la langue arabe classique, qui n’est parlée par aucun français en France et par aucun citoyen Marocain ni Africain du Nord pour qu’elle soit considérée comme langue maternelle ! Des millions de personnes considérées comme des Arabes en France et, par extension en Europe, sont en réalité des Amazighs, qui assument leur identité ou qui sont plus ou moins arabisés avec l’aide de la France.

Saviez-vous, Madame la ministre, que la langue arabe classique est devenue pour la première fois de son histoire, langue officielle en Afrique du nord grâce à l’action menée par la France coloniale ?Pour rappel, Messieurs les ministres et députés de l’époque ont bien défini la politique de la France en matière d’arabisation des amazighs au Maroc (Robert-Jean LONGUET, Jean PIOT César CAMPINCHI, François de TESSAN, Jean LONGUET, Pierre RENAUDEL, Gabriel CUDENET, Gaston BERGERY et d’autres). Ces illustres représentants de la France coloniale ont parrainés, le Fekkih Allal El Fassi, (âgé alors de 24 ans) et ses congénères, Omar Abdeljalil, Abdelaziz Bendriss,Ahmed Cherkaoui, Mohamed Diouri, Mohamed Ghazi, Boubker Kadiri, Mohamed Lyazidi, Mohamed Mekki Naciri et Mohamed Hassan Ouazzani. Ce comité de haut patronage a rédigé un document le 1erdécembre 1934 où la France a clairement expliqué sa politique arabe en Afrique du Nord :

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1. Promulguer l’arabe classique comme langue officielle au Maroc à côté du français, 2. Faire du berbère une langue de division et cesser la politique berbère de la France, 3. Faire appel à des professeurs musulmans du Moyen-Orient pour introduire la pédagogie

moderne dans les établissements scolaires marocains, 4. Introduire l’arabe dans tous les niveaux d’enseignement y compris scientifique et technique, 5. Promouvoir la culture arabo-musulmane dans tous les niveaux de l’enseignement,

Si ces faits regrettables remontent aux débuts des années 30 du siècle dernier, alors que les troupes françaises lourdement armées et soutenues par l’aviation, soumettaient encore les tribus amazighes du Maroc, la France du XXIème siècle doit cesser enfin sa politique dite arabe dont les suites sont désastreuses à l’égard de la langue et de la culture de centaines de milliers d’Amazighs laïcs et francophiles vivant sur le territoire français.Le peuple Amazigh au Maroc et en Algérie par la lutte pacifique menée depuis 36 ans, est arrivé à faire reconnaitre la langue amazighe comme langue officielle dans les constitutions de ces deux pays.

En privant les enfants issus de l’immigration d’Afrique du nord en France de l’enseignement de la langue amazighe, la France déclarerait de ce fait sa volonté de poursuivre au mépris du bon sens, l’arabisation et l’islamisation des amazighs vivants sur le territoire français.

Madame la Ministre, au moment où le peuple Amazigh en Afrique du Nord redonnent force et vigueur à ses repères et à ses racines culturelles et linguistiques, il est regrettable que la France, pays des droits de l’homme, poursuive sa politique arabisante et islamisante envers le peuple amazigh.

Attendant votre réaction que nous souhaitons clairvoyante, veuillez agréer madame la ministre nos sentiments distingués.

Rabat le 28 juin 2016

La Fédération Nationale des Associations Amazighes au Maroc (FNAA)

Les associations membres de FNAA

Ordre Région/Ville L'association 1 Agadir Centre Tafoukt 2 Agadir Takfarinas 3 Aguelmim Izouran 4 Ait ansar Ait Ansar 5 Alnif Tamounte 6 Amzmiz Izourane 7 Amzmiz Taskiwine 8 Azilal Itrane 9 Azilal Tada 10 Azilal Titrit 11 Azilal Réseau TADDA 12 Ben Hsiyya Anya 13 Ben Tayeb Bouya 14 Ben Tayeb Tifawine

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15 Ben Tayeb Twiza 16 Bigra Asigle 17 Bouizakaren Alternatif Anwal 18 Bouizakaren Bouizakaren pour le développement 19 Bouizakaren Espace Sud 20 Bouizakaren Forum Iffus 21 Bouizakaren Tafsoute 22 Bouyzakaren Forum sud pour la démocratie et droits de l’homme23 Dchaira Igroumaai 24 Dchaira Usman 25 Dchaira Jeunes démocratie 26 Dchaira Action alternative jeunesse 27 Demenate Anarouz 28 Drouich Tawmat 29 Elhajeb Achabar 30 Errachadia Talwat 31 Errachidia Oukit 32 Essaouira Tigzirt 33 Goulmima Oasis mélodies 34 Goulmima Tara pour le tourisme 35 Guelmim Izouran 36 Hoceima RIF SIGLO XXI 37 Hoceima Tamazgha 38 Hoceima Tamazgha 39 Hessiya Agrulihssiya 40 Ifrane anti atlas Inbdaden 41 Ifrane anti atlas Jeunes pour la communication 42 Ifrane anti atlas Taghouni 43 Ijoukak Amud 44 Imiougadir Touzounin 45 Imiougadir Tiwizi 46 Imiougadir Association AFRAK 47 Imjjad sidi ifni Imazzlen 48 Imjjadd - Tighirt Imazzalen 49 Khmisset Jeunes avocats 50 Khmisset Mohmed Elkamel 51 Marrakech IMAL 52 Marrakech les enseignants de l’Amazigh 53 Marrakech Tizilat 54 Midelt Tirssal 55 Mrirt Ait sidi youssef 56 Nador Alternatif des jeunnes 57 Nador Ass.fadae

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58 Nador Ussan 59 Ouarzazate Tawada 60 Ouarzazate Tendarte 61 Oujda Tamount Bani 62 Oujda Tihiya 63 Oulmes Itihad boukchmir 64 Rabat Azetta Amazighe 65 Rabat Bougafer 66 Rabat La voix la femme amazighe67 Rabat Challa 68 Rabat Darnegh 69 Tahla Adrar 70 Tanalt Tiwizi 71 Tanalt awsat 72 Taza Anir 73 Temara AuzarnImal 74 Temara Les enseignants de l’Amazigh 75 Tiddas Reseau Tagourt 76 Tiddas Tagourt Atlas 77 Tighdouine Yagour 78 Tighdouine Imedghas 79 Timoulay Timoulay Oufella 80 Tiznit Afouss gh Ofous 81 Tiznit Ajdig 82 Tiznit Amoudaglou 83 Tiznit Tandaft 84 Tiznit Tiwizi 85 Zghanghan Ihdjan