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» lire page 13 » P. 7 » P. 15 »  P. 6 SOCIÉTÉ » suite page 5 Le viaduc de Carrefour, peut-on encore l'espérer ? Par Ritzamarum ZÉTRENNE HAÏTI / ÉLECTIONS Les commissaires du gouvernement appelés à la neutralité E n prélude au premier tour des législatives du 9 août, le gouvernement haïtien a déjà débloqué 40 % du montant alloué au financement des élections de 2015. Cent soixante-six partis politiques agréés, dont 99 ayant des candidats ont eu le temps de recevoir leur subvention, selon les informations fournies par le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Question électorale, Jean Fritz Jean Louis, dans une interview accordée au National. Mieux vaut tard que jamais, dit-on. Aussi modeste soit-elle, les partis politiques et les candidats ont reçu la subvention de l’État, promise dans le cadre du processus électoral. Après plusieurs semaines de tergiversations autour de la formule à adopter pour attribuer la subvention, les partis politiques et les candidats ont finalement pu recueillir le support alloué aux élections. Un premier versement de 200 millions de gourdes, soit 40 % des 500 millions disponibles, est déjà débloqué par le gouvernement haïtien, nous a informés le ministre chargé de la Question électorale, Jean fritz Jean Louis. Ce montant, dit-il, correspond aux 10 % alloués aux partis politiques, 20 % dédiés aux candidats à la députation ainsi que les 10 % attribués aux candidats au Sénat. Chaque candidat à la députation devrait recevoir pas moins de 61 mille gourdes en divisant les 100 millions (20 % du montant total) par les 1 621 candidats agréés à la députation par le Conseil électoral provisoire (CEP). Dans le cas des élections sénatoriales, chaque candidat devrait recueillir un montant avoisinant 215 mille gourdes en faisant le quotient des 50 millions de gourdes destinées aux 232 candidats au Sénat. Quarante pourcent de la subvention déjà débloquée Par Noclès Débréus JEUDI 6 AOÛT 2015 NUMÉRO 55 WWW.LENATIONAL.HT QUOTIDIEN • 25 gourdes RÉPUBLIQUE D’HAITI ACTUALITÉ HAÏTI / ÉLECTIONS / FINANCEMENT Le ministre de la Justice, Pierre-Richard Casimir ( à gauche), s’adressant aux commissaires du gouvernement, le 5 août 2015 / Photo : J. J. Augustin « Henry Bazin restera notre fierté », dixit Anaïse Chavenet par Jean Michel Cadet Radio Pacific : un coup de maître

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SOCIÉTÉ

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Le viaduc de Carrefour, peut-on encore l'espérer ? Par Ritzamarum ZÉTRENNE

HAÏTI / ÉLECTIONS

Les commissaires du gouvernement appelés à la neutralité

En prélude au premier tour des législatives du 9 août, le gouvernement haïtien a déjà débloqué 40 % du montant

alloué au financement des élections de 2015. Cent soixante-six partis politiques agréés, dont 99 ayant des candidats ont eu le temps de recevoir leur subvention, selon les informations fournies par le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Question électorale, Jean Fritz Jean Louis, dans une interview accordée au National.

Mieux vaut tard que jamais, dit-on. Aussi modeste soit-elle, les partis

politiques et les candidats ont reçu la subvention de l’État, promise dans le cadre du processus électoral. Après plusieurs semaines de tergiversations autour de la formule à adopter pour attribuer la subvention, les partis politiques et les candidats ont finalement pu recueillir le support alloué aux élections. Un premier versement de 200 millions de gourdes, soit 40 % des 500 millions disponibles, est déjà débloqué par le gouvernement haïtien, nous a informés le ministre chargé de la Question électorale, Jean fritz Jean Louis. Ce montant, dit-il, correspond aux 10 % alloués aux partis politiques, 20 % dédiés aux

candidats à la députation ainsi que les 10 % attribués aux candidats au Sénat.

Chaque candidat à la députation devrait recevoir pas moins de 61 mille gourdes en divisant les 100 millions (20 % du montant total) par les 1 621 candidats agréés à la députation par le Conseil électoral provisoire (CEP). Dans le cas des élections sénatoriales, chaque candidat devrait recueillir un montant avoisinant 215 mille gourdes en faisant le quotient des 50 millions de gourdes destinées aux 232 candidats au Sénat.

Quarante pourcent de la subvention déjà débloquée Par Noclès Débréus

JEUDI 6 AOÛT 2015 NUMÉRO 55

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QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI

ACTUALITÉ

HAÏTI / ÉLECTIONS / FINANCEMENT

Le ministre de la Justice, Pierre-Richard Casimir ( à gauche), s’adressant aux commissaires du gouvernement, le 5 août 2015 / Photo : J. J. Augustin

« Henry Bazin restera notre fierté », dixit Anaïse Chavenet par Jean Michel Cadet

Radio Pacific : un coup de maître

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2 | N0 55 JEUDI 6 AOÛT 2015

TRIBUNE

Cette problématique de la surpopulation a été un thème important dans le cadre du Programme des Nations unies

pour l’environnement et de l’Agenda 21. La Conférence internationale sur la population et le développement au Caire, en 1994, fut une priorité pour l’administration Clinton. Cette conférence faisait suite à celle de 1974 à Budapest et celle de Mexico en 1984. L’administration américaine d’alors estima que la réunion de Mexico n’avait pas atteint les objectifs de contrôle de la population qu’ils désiraient. Ils décidèrent de préparer minutieusement celle du Caire. Comme un auteur explique :« De concert avec plusieurs pays scandinaves et d’Europe de l’Ouest, les technocrates des départements de la population des Nations unies et de la Banque mondiale, féministe, antinataliste, et les ONG écologistes, les clintonites cherchèrent à orienter drastiquement l’objectif de la conférence du Caire. Le package (Population et développement) resterait, mais le contenu serait considérablement modifié. Ainsi “la capacité porteuse de la terre, “ l’égalité des sexes, l’équité et l’autonomie des femmes et “ les droits reproductifs “ supplanteraient purement et simplement le thème prévu « population et développementcomme les vrais sujets d’actualité. »

Le vrai agenda derrière les politiques anti-CO2

Ces évènements permettent de mieux comprendre certains commentaires souvent utilisés par les défenseurs de la théorie des changements climatiques comme celle de l’ancien sénateur du Colorado Tin Wirth (c’est ce même sénateur qui organisa la mise en scène lors de l’audition de Jim Hansen devant le Sénat américain afin de mieux promouvoir la théorie du réchauffement climatique).

Ancien sous-secrétaire d’État américain pour les problèmes du globe sous l’administration Clinton, il fut chargé avec Al Gore de la préparation minutieuse de la politique et des prises de positions du gouvernement américain au

Caire :« Nous devons enfourcher le cheval de bataille du réchauffement cli-matique. Même si la théorie du réchauffement climatique est fausse, nous ferons ce qui est bon aussi bien pour l’économie que pour la politique environnemen-tale. »Que veut dire politique économique ?Une redistribution de la richesse par le gouvernement ou le social-isme. Cette citation se situe dans le même sens que celle du pape François dans son encyclique Lau-dato si.

La plupart des objectifs de la Conférence du Caire contredi-saient les valeurs catholiques traditionnelles. Dans une sortie remarquée, six jours avant la Conférence, le Vatican publia une déclaration accusant Al Gore de dénaturer l’objectif de cette Con-férence en mettant l’emphase sur l’avortement :« Les préparatifs de la con-férence commencèrent en avril, de sorte que le pape Jean-Paul II et ses collaborateurs avaient pris les devants en la condamnant comme susceptibles de légitimer l’avortement comme moyen de contrôle des naissances, ce qui est en contradiction directe avec la doctrine catholique romaine sur le caractère sacré de la vie dès le moment de la conception. »

Aujourd’hui, les attaques viru-lentes de Joaquin Navarro-Valls, porte-parole en chef du pape, constituent une première, puisque c’est la première fois que le Vati-can accuse de manière formelle et officielle les États-Unis d’être les commanditaires principaux des politiques pro avortement et aussi la première fois qu’il avait publiquement attaqué un officiel américain de haut rang. Al Gore, ancien vice-président des États-Unis et membre de la délégation américaine, a récemment affirmé que « les États-Unis n’ont pas cherché, ne cherchent pas et ne chercheront pas à établir un droit international à l’avortement », a déclaré M. Navarro-Valls a une conférence de presse aujourd’hui.

Pourtant « le document sur la population, qui existe aux États-

Unis, principaux sponsors de cette conférence, contredit, en réalité, la déclaration de M. Gore ».

La Maison-Blanche nia ces accu-sations qui irritèrent beaucoup de membres du Parti démocrate, comme le Los Angeles Times le nota :« Ce qui promettait d’être un vif et nécessaire débat sur les méthodes de contrôle de la population est devenu susceptible de se terminer sur une mauvaise note, risquant ainsi de ternir l’image de cette conférence. Les détracteurs du document de base sur lequel les négociations de la conférence de l’ONU sur la population alléguèrent : qu’il favoriserait l’avortement comme une méthode de planification familiale, la santé reproductive et le libertinage au détriment du bien-être familial. Pendant huit mois, le projet reçut le soutien sans faille de l’administration Clinton. Pourtant, deux semaines avant le début de la conférence du Caire, celle-ci commença à reculer. Après que la hiérarchie catholique dans ce pays mit en garde le gouvernement américain que les catholiques pourraient quitter le parti démocratique, et après qu’il fut devenu évident que plusieurs pays islamiques étaient sur le point de s’allier au Vatican. Le vice-président Al Gore et Timothy Wirth du Département d’État affirmèrent alors que les États-Unis poursuivaient plus ou moins les mêmes objectifs que ceux de l’Église catholique. Mais c’était faux. » Avant la Conférence du Caire, l’Académie nationale des sciences (NAS) co-parraina une rencontre avec Ted Turner (CNN), le Pew Charitable Trust et une branche de l’Université Harvard.

Le modérateur était l’employé de CNN Marvin Kalb qui, en introduction, lança « que le monde est terriblement surpeuplé ». Al Gore parla le premier et essaya d’écarter le modèle de transition démographique comme une solution appropriée au contrôle de la population. Typique de Gore, comprenez : « Je suis riche avec une grande empreinte de carbone, mais vous n’êtes pas autorisés à m’imiter. »

Le Vatican change de cap

Aujourd’hui, les choses ont bien changé puisque le Vatican est dans une mouvance différente que celle du Caire. Comme l’a rapporté le Time :« Une convergence d’intérêts inhabituelle entre les catholiques romains et les leaders musulmans ont mis les organisateurs de la conférence, parrainée par l’ONU, sur la défensive autour de sujets particuliers comme l’avortement et l’éducation sexuelle des ado-lescents. »

Dans l’encyclique, le pape Fran-çois rationalise les dernières affili-ations et positions en mettant à l’index ceux qui remettent en ques-tion la preuve. Les scientifiques sceptiques et d’autres points de vue différents sont rejetés d’une manière très peu chrétienne :« Attitudes d’obstruction, même de la part des croyants, peu-vent aller de déni du problème à l’indifférence, de la démis-sion nonchalante ou la confi-ance aveugle dans les solutions techniques.» Heureusement, la partie de l’Encyclique consacrée aux changements climatiques est minimale et somme toute erronée. Les preuves fournies montrent que ceux qui ont « atti-tudes d’obstruction » sur le climat sont corrects. Le thème principal de l’encyclique est la population, et ses errements dans ses rela-tions avec l’environnement. Cela détourne l’attention du climat et revient à la question plus large de la surpopulation, ce qui n’est pas en soi une mauvaise chose, car c’est un débat plus facile. Le public comprend les principes fondamentaux de la dynamique de la population mieux que les complexités du climat. En outre, les catholiques rejettent les vues de l’Église sur le contrôle des nais-sances, comme l’indiquent les statistiques. Cette tendance a vu le jour malgré le fait que le con-trôle des naissances ait fait l’objet d’une précédente encyclique « Humanae Vitae ». C’est une posi-tion fascinante prise par des hommes qui ne permettent pas aux femmes d’être prêtres et pra-tiquent le comportement le plus contre nature : le célibat.

Le Vatican, le réchauffement climatique et la surpopulation (2e partie) Par Rudolph Homère Victor , Météorologiste

« Peu importe que la science soit complètement bidon, il y a des bénéfices collatéraux pour l’environnement... Le changement climatique nous donne la meilleure chance d’apporter la justice et l’égalité dans le monde. C’est un excellent moyen pour redistribuer les richesses. » (Christine Stewart, ancienne ministre de l’Environnement du Canada.)

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JEUDI 6 AOÛT 2015 N0 55 | 3ACTUALITÉ

Elections... J-2Ceux qui ont eu à rédiger notre Constitution ont péché ! Est-ce volontairement ? On

en doute ! Par manque de connaissance de nos réalités culturelles ? On n’en est pas

certain. Ou plus simplement est-ce une recherche d’équilibre des pouvoirs face à un

exécutif traditionnellement tout-puissant ? Ainsi, on aurait dû avancer avec tact sur

la notion d’immunité parlementaire en faisant bien comprendre qu’il s’agit de protéger

les parlementaires dans l’exercice de leur fonction qui est fondamentalement celle du

contrôle du pouvoir exécutif et non pas de leur offrir l’impunité.

Car avec cette conception du « chef » ancrée comme un cancer dans notre société,

l’immunité parlementaire est comprise par beaucoup de nos députés et sénateurs

comme le droit de passer outre à la bienséance et aux lois usuelles. Alors, ils peuvent

étaler, parfois de manière presque névrotique, leur besoin d’exorciser leur peur de la

pénurie et d’exercer ce pouvoir sur les autres dont ils avaient tant rêvé dans ce pays où

le mépris de l’autre détruit tant d’âmes.

Un simple policier devrait avoir le droit de verbaliser un parlementaire qui brûle un feu

rouge. Et ce parlementaire devrait rendre compte à la justice au cas où il outrepasserait

son mandat.

Un parlementaire devrait être le premier à prêcher l’exemple, c’est-à-dire montrer son

respect des lois, du principe de la séparation des pouvoirs et, particulièrement, vis-à-vis

du citoyen ordinaire.

Notre pays devrait se doter de tout un corpus de dispositions et de lois devant casser

chez nous les ailes de cette conception perverse du « chef ».

Cela a toujours été déplorable de voir des parlementaires avec des prétendus gardes

du corps munis de fusils d’assaut. Personne ne se pose jamais la question à savoir : Qui

donne à ces parlementaires le droit de disposer de telles armes et pourquoi faire ? Et

surtout pourquoi on laisse faire ? La folie du chef !

Bien sûr, nous avons toujours un exécutif qui, parce qu’élu sans majorité parlementaire,

doit s’acheter des députés et des sénateurs pour se constituer cette majorité et, dans

ce cercle vicieux, l’équipe gouvernementale est alors obligée de « bien servir » avec ces

parlementaires et de tolérer n’importe quelle incartade de leur part. Le « bien servir », de

part et d’autre, donne ce que nous savons tous : la corruption, la mauvaise gouvernance

et ce que cela engendre par la suite.

Le drame c’est que, dans presque tous les cas de figure, nous aurons un président

élu ne disposant pas d’une majorité au Parlement. Dans le contexte de déficiences

multiformes chroniques qui est le nôtre, des voix vont s’offrir pour le marchandage et

nous retomberons dans les mêmes travers.

Comme nous le disions dans notre précédent éditorial, les citoyens comprenant l’enjeu

de ces élections auront très peu de choix ce 9 août. Dans ce vaste champ semé d’ivraie,

ils devront s’évertuer à trier les bons grains et à faire preuve d’une vigilance renforcée

pendant l’exercice du mandat de leurs élus pour prévenir et étouffer toute velléité de

déviance dans ce système expert en cooptation.

Gary VICTOR

Édito

La Fusion divorce de l'équipe « Tèt kale » par Reynold Aris

HAÏTI / POLITIQUE

C’est la présidente du parti, Edmonde Supplice Beauz-ile, qui en a fait l’annonce officiellement, le mercredi 5

août 2015, lors d’une conférence de presse au local de la Fusion à Christ-Roi. Elle a en outre informé que Victor Benoît, Yvrose Myrthil Morquette et Mozart Clérisson, respectivement ministre des Affaires sociales et du Travail (MAST), ministre à la Con-dition féminine et aux Droits de la femme (MCFDF) et secrétaire d’État à l’Alphabétisation, ont déjà signé leur lettre de démission suite à cette ren-contre. Toutefois, les deux ministres étaient absents, alors que le secrétaire d’État avait pris place aux côtés des conférenciers. Il convient de souligner que cette démarche fait suite aux agressions verbales et menaces sexuelles du président de la République à l’endroit d’une citoyenne dans la ville de Miragoâne, lors d’une réunion politique, tenue le 28 juillet 2015. Une attitude dénoncée par des organisations féministes haïtiennes, qui ont marché dans les rues de Port-au-Prince, le mardi 4 août dans la matinée. Ces militantes ont demandé au chef de l’État de faire des excuses publiques aux femmes blessées par ses propos.

Selon l’ancienne sénatrice, consternée, la Fusion des sociaux-démocrates exprime son indignation face aux dérives du chef de l’État. Elle cite, en exemple, la récente sortie du locataire du Palais national dans le département des Nippes. Elle a indiqué que le chef de l’exécutif s’en est pris à la femme, en l’avilissant et en l’attaquant dans sa dignité de citoyenne. Tandis que le seul péché de cette femme, explique Mme Beauzile, résulte du fait qu’elle a usé de son droit constitutionnel en interpellant le président de la République sur

l’indisponibilité de services sociaux de base, notamment l’électricité dans sa commune.

Par ailleurs, pour Mme Beauzile, l’objectif principal est atteint. Le processus électoral est en cours avec la participation de tous les acteurs de la vie politique, y compris les plus irréductibles.

La première phase des élections aura lieu dans quelques jours. Elle exhorte les Haïtiennes et Haïtiens, issus de toutes les catégories sociales du pays, à se rendre massivement aux urnes. Aussi invite-t-elle la population à sanctionner le Président qu’elle a qualifié d’indigne, ainsi que son parti ou tous les autres candidats qui bénéficient de son soutien et grâce auxquels il espère garder le pouvoir.

C’en est trop !

Les scandales du président de la République arrivent à leur comble. « Après ses dérives lors du concert de Lil Wayne et de Chris Brown au Champ de Mars (Port-au-Prince), affichées le 26 juin 2015, le comportement du chef de l’État va de mal en pis. S’ensuivent, entre autres, celles de Mirebalais et Belladère », s’insurge Mme Beauzile, arguant que ce comportement exaspère les membres de la Fusion.

Sondage du Brides : une vaste plaisanterie

À la question du sondage, la présidente de la Fusion s’en est prise au Bureau de recherche en informatique et en développement économique et social (Brides). Elle y voit un stratagème consistant à préparer l’opinion publique en ce qui concerne les résultats du prochain scrutin présidentiel comme cela avait été le cas en 2010. Elle affirme que cette enquête d’opinion n’a rien à voir avec les tendances sur le terrain. Il s’agit, selon elle, d’une vaste plaisanterie résultant d’une lutte entre les groupes économiques qui veulent maintenir le statu quo en contrôlant le champ politique, au détriment de la majorité de la population.

De surcroît, Mme Beauzile a souligné qu’aujourd’hui il n’existe pas de différence entre les classes « moyenne et pauvre » du pays. Les deux, fait-elle remarquer, s’engagent dans des stratégies de survie en vue de subvenir à leurs besoins.

Près de sept mois après avoir intégré « le gouvernement de consensus », le directoire de la Fusion des sociaux-démocrates a décidé de rappeler ses représentants. Ses ministres et son secrétaire d’État ont été priés de remettre immédiatement leur démission suite à une rencontre en séance extraordinaire tenue le mardi 4 août 2015, dans la soirée.

Edmonde Supplice Beauzile, prési-dente de la Fusion. / Ruben Chéry

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4 | N0 55 JEUDI 6 AOÛT 2015

ACTUALITÉ

Coup d'œil sur la tendance des votes pour les législatives par Stephen Ralph Henri

HAÏTI / ÉLECTIONS LÉGISLATIVES

Dans l’attente de l’organisation du premier tour des scrutins législatifs et la publication des résultats définitifs,

respectivement planifiés pour les 9 et 19 août 2015, dans le calendrier électoral officiel, et parallèlement à la campagne électorale, le Bureau de recherche en informatique et en développement économique et social (Brides), offre une première lecture de la tendance de vote des citoyennes et des citoyens, au moyen des résul-tats d’un sondage effectué dans les 10 départements géographiques du pays, du 27 au 31 juillet.

Dans son enquête, le Brides a décidé de présenter les 5 premiers candidats qui paraissent jouir d’une meilleure appréciation de la population. L’étude est conduite sur la base d’un échantillon de 11 505 personnes. Seules 11 355 personnes ont répondu aux questions des enquêteurs, soit, 3 446 femmes et 7 909 hommes. 150 personnes se sont abstenues. En termes d’approche méthodologique, « les résultats obtenus à partir de l’échantillon ont été extrapolés à l’ensemble de la population», explique le Brides dans son document, faisant un total de 176 pages.

L’intention des gens de participer aux prochaines élections, l’âge, le sexe, l’emploi du temps (l’occupation) et la religion des répondants, sont les critères de référence choisis par la firme pour conduire le sondage. Les répondants sont âgés entre 18 et 50 ans et essentiellement de confession chrétienne.

Ancien commissaire du gouvernement et candidat au Sénat pour le département de l’Ouest sous la bannière d’un nouveau parti appelé Lide (Idée), Jean Renel Senatus arrive en tête des sondages avec 17.4 % des intentions de vote. Il est suivi par le chanteur et acteur Antonio Cheramy, dit Don Kato, candidat de son côté sous la bannière de la Plateforme « VERITE », qui a reçu 9.9 % de l’intention de vote de l’électorat.

Un autre membre de la plateforme VERITE, Alix Didier Fils-aimé, occupe la troisième place, avec 6.7 % des intentions. Louis Gérald Gilles du parti Fanmi Lavalas et Turnèb Delpé de la Plateforme, mouvement patriotique populaire dessalinien (Mopod) retiennent consécutivement 5.7 et 5.1 % des intentions de vote.

La marge d’erreur pour ce sondage sur l’appréciation d’un candidat par la population est comprise entre 3 à 4 %. Les électrices et électeurs doivent élire deux tiers du Sénat, c’est-à-dire, 20 sénateurs sur 30, pour compléter le Sénat, actuellement dysfonctionnel avec simplement 10 sénateurs. Chaque département n’aura qu’à choisir 2 sénateurs.

Dans le département de l’Artibonite (Nord), l’ancien sénateur, Youri Latortue devance ses rivaux avec 39.4 % des intentions de vote. Latortue est Candidat du parti Ayiti An Aksyon (AAA, Haïti en action). Également ancien sénateur, Lévaillant Louis-Jeune, prend la deuxième place avec 25,3 % des voies. Louis-Jeune participe aux élections sous le chapeau du parti Inite patriyotik (Unité Patriotique). Patrice Israël, de Fanmi Lavalas, Carl Murat Cantave de la Konvansyon inite demokratik (Convention de l’unité démocratique), et Jean Claude Délice de la plateforme Vérité, ne parviennent qu’à atteindre le score de 6.1, de 4.0, et de 3.9 %.

Les deux candidats, les mieux placés dans le département du Centre, sont en premier lieu Willot Joseph avec 43 % des intentions de votes. Il est du Parti Haïtien Tèt Kale (Parti haïtien Tèt Kale, Phtk), supporté par l’actuelle équipe gouvernementale. Joseph Joël Louis, de Kontra pèp la (Contrat du peuple), bénéficie de 11 % des intentions. Wilfrid Gélin, du Pati Ayisyen tèt Kale (Parti haïtien Tèt Kale, Phtk), Jean Junior Jiha du groupement Bouclier, et Emmanuel Mc Grégoire Chévry du regroupement politique Lapeh, se situent en troisième, quatrième et cinquième position, en scorant, 9.3, 8.1 et 7,5 %.

Les mieux placés dans la Grand’Anse sont Guy Philippe faisant un record de 51 % des intentions de vote. Guy Philippe est candidat du Consortium national des partis politiques Haïtiens (Cnpph). Carl Antoine de l’organisation du peuple en lutte (Opl) parvient à occuper la deuxième place, en recevant 11.2 % des intentions. Sorel Jacinthe, a 9.7 %, avant Michel Clerié avec 9.4 % et Clotaire Jean St Natus. Ils portent l’un après l’autre les chapeaux d’Inite patriyotik (Unité Patriotique), du Pati Ayisyen tèt Kale (Parti haïtien Tèt Kale, Phtk), et de Fanmi Lavalas.

Dans les Nippes Nenel Cassy vient en tête, avec 36.8 % pour par les potentiels électeurs, dans la chaîne Léonard Sertulien Turenne, de la Plateforme Rapwoche arrive deuxième avec 18.2 % des intentions. Francenet Denius, de la Plateforme Vérité, l’ancien sénateur Jean William Jeanty, de Kontra pèp la (Contrat du peuple), et Liez Edouard de la Konvansyon inite demokratik (Convention de l’unité démocratique), se succèdent sur la liste, par rapport aux intentions.

Kelly C. Bastien de la Plateforme VERITE gagne le Nord avec 27 % d’appréciation des électeurs.

Nawoom Marcellus, candidat de Bouclier a fait 16.6 % des intentions. Dieudonné Étienne Luma, Théodore Saintilus et Pelotat Pierre discutent respectivement les 3 dernières places. Ronald Larêche est placé en tête avec 42 % pour le Nord-Est, après lui, le chanteur Jacques Sauveur Jean. Les trois autres sont en ordre respectif, Chena Pierre Martial, Renan Étienne et Bilgot Colas.

Dans le Nord-Ouest, Evallière Beauplan du parti Pont, est apprécié à 38.1 % des électeurs. Laurent Beauge de Lapeh fait 15,8 % des intentions de vote. Henry Désamours, Onondieu Louis et Thomas Étienne sont les 3 autres qui arrivent dans la chaîne. En tête dans le Sud Yvon Bissereth, avec 20 % des intentions de vote. Richard Hervé Fouchard est second et a gagné 13.8 % des intentions. Francky Exius, Michelet Ariste, et Kenol Mathieu se suivent.

Dans le Sud-Est, Joseph Lambert ancien Sénateur jouit de la première place, avec 31.2 % des intentions, il est candidat sous la bannière du Parti Haïtien tèt Kale. La deuxième place revient à Ricard Pierre de la Plateforme Pitit Desalin (enfants de Dessalines), qui a fait 21 %. Dieupie Chérubin de la Konvansyon inite demokratik (Convention de l’unité démocratique), Marc-Elder Charles de Renmen Ayiti et Hebert Lahatte de Respè (Respect) occupent les 3 dernières positions.

Les résultats au niveau de la circonscription électorale pour les candidats à la députation doivent être pris avec des « précaution », car « ils ne représentent qu’une simple indication ». Ajouté à cela, la marge d’erreur pour ceux-ci, dépasse 10 % par candidat.

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Pour ce qui concerne les subventions réservées aux candidats, ce sont les partis politiques qui doivent faire la demande au nom des candidats, précise, Fritz Jean Louis. Ainsi, les partis politiques agréés qui n’ont pas de candidats reçoivent environ trois cents mille gourdes comme subven-tion alors que les 99 partis ayant des candidats bénéficient aussi de ce montant ainsi que des subventions versées aux candidats au Sénat et à la députation.

Alors que certains partis politiques s’étaient montrés réticents quant à cette subvention, le Ministre qui n’était pas en mesure de confirmer si tous les partis politiques ont déjà retiré leur chèque, a informé qu’en cas de refus par un parti de recevoir la subvention, celle-ci restera dans les caisses de l’État. Joint au téléphone

par la rédaction du journal concer-nant ce dossier, Jean André Victor, coordonnateur du Mouvement popu-laire patriotique dessalinien (Mopod), dit avoir déjà reçu cette subvention allouée aux partis et aux candidats.

Le deuxième versement est prévu après le premier tour des législatives, a précisé le ministre Jean Louis, annonçant qu’un communiqué sera sorti qui invitera les concernés à sou-mettre leur demande. Dans ce verse-ment, les 15 % réservés aux partis politiques ayant présenté un certain nombre de candidats féminins, des candidats vivant avec un handicap et ceux ayant un niveau d’études sanctionné par au moins une licence, seront distribués et les partis seront invités à faire valoir leur droit avec des documents justificatifs. Cette partie de subvention concernera tous

les candidats à tous les niveaux, a fait savoir l’homme chargé de la Question électorale au sein du gouvernement, ajoutant que les partis politiques

devront soumettre un rapport pré-liminaire de la première tranche de subvention avant de pouvoir retirer la seconde tranche.

JEUDI 6 AOÛT 2015 N0 55 | 5ACTUALITÉ

Promouvoir la participation des femmes et des handicapés par Évens REGIS

HAÏTI / ÉLECTIONS

Les élections approchent et les organisations s’empressent de faire entendre leurs voix. Ronald Saint-vil, consultant à

Panos Caraïbe, en guise de justificatif pour cette enquête réalisée en collaboration avec Jean-Claude Louis et Jean Pharès Jérôme, a fait étalage des défis auxquels sont confrontées les personnes pour lesquelles plaide son organisation, ainsi que leurs attentes pour les élections de cette année. Dans son discours, il a fait état d’un ensemble de recommandations faites par les nombreuses institutions rencontrées par Panos Caraïbe lors de cette enquête réalisée sur une période allant du mois de septembre 2014 à juin 2015.

Mentionnés dans le rapport publié et repris, pour renforcement, par les deux présentateurs du jour, Jean Pharès Jérôme et Ronald Saint-vil, ces recommandations constituent en majeure partie des revendications des personnes à mobilité réduite.

Avec ce rapport, indique M. Saint-vil, Panos Caraïbe cherche à sensibiliser les organisateurs de ces prochaines élections à la question de l’inaccessibilité des personnes handicapées aux

différents centres et bureaux de vote. Ainsi, le consultant de l’organisation encourage-t-il les membres le Conseil électoral provisoire (CEP) à mettre à la disposition de ces personnes des accompagnements pour leur faciliter l’accomplissement de leurs devoirs civils et politiques.

Pour les aveugles, dit-il, le CEP devrait penser à imprimer des bulletins de vote en braille. En ce qui concerne les sourds-muets, il conseille aux conseillers électoraux d’embaucher des personnes ayant une connaissance de la langue des signes, pour les aider le jour du vote. Et pour d’autres qui souffrent seulement de déficience physique, il encourage ces mêmes conseillers à penser à des centres et bureaux de vote accessibles à ces personnes.

D’autres points abordés dans ce rapport concernent la faible participation, à hauteur de 8%, des femmes au processus électoral. Plusieurs organisations de la société civile et de femmes leaders rencontrées par Panos Caraïbes, raconte Ronald Saint-vil, pointent du doigt les stéréotypes et les pratiques d’exclusion qui empêchent les femmes de se lancer

fermement sur la scène politique.À en croire le consultant, la discrimination, le manque de crédibilité des élections, le problème de financement, la privatisation du droit à l’identité sont autant de barrières qui empêchent les femmes d’émerger. Toutefois, souligne-t-il, certains partis politiques sont responsables de cette situation, parce qu’ils marginalisent aussi les femmes, en leur refusant, bien

souvent, l’opportunité de se porter candidates. Conscient du niveau où l’on est avec les premiers tours des législatives, Ronald Saint-vil, a suggéré aux responsables de tenir compte de ces recommandations dans les prochains tours des élections, au cas où il est quasiment impossible de satisfaire ces besoins fondamentaux à partir du premier tour programmé pour le 9 août prochain.

Panos Caraïbe, une organisation qui se donne pour mission d’amplifier la voix des pauvres et des marginalisés de la zone, a présenté, mercredi, à la salle Olivia de l’hôtel Montana, un rapport sur la participation et les attentes des femmes et des handicapés pour les élections de 2015 en Haïti. Cette enquête, menée plus particulièrement dans les départements de l’Ouest, du Sud, du Nord et des Nippes, révèle que l’analphabétisme, la violence électorale et la pauvreté sont les véritables freins à une entière participation de ces deux groupes au processus.

Promouvoir la participation des femmes aux élections. / Photo : un.or

Quarante pourcent de la subvention déjà débloquée

Par Noclès Débréus

HAÏTI / ÉLECTIONS / FINANCEMENT» suite de la première page

Le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des Questions électorales, Fritz Jean Louis. / Photo : J. J. Augustin

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ACTUALITÉ

« Henry Bazin restera notre fierté », dixit Anaïse Chavenet par Jean Michel Cadet

La nouvelle a été accueillie avec beaucoup d’émoi. Un homme honnête et intègre, l’un des rares de sa génération, est

mort. La grande famille haïtienne, l’intelligentsia en particulier, regrettent le départ d’une telle personnalité. Mais les traces sublimes, dit-on, laissé par Henry Bazin, constituent une grande source de fierté et de sentiment d’appartenance à la nation haïtienne. Directrice de la maison d’édition « Communication Plus », Anaïse Chavenet qui a eu l’opportunité de le côtoyer tant au niveau professionnel que personnel, affirme admirablement « Il restera notre fierté. C’est bon de savoir qu’il a existé ».Ce qui retient spécialement

l’attention de Mme Chavenet de cet homme, c’est sa simplicité. Une personnalité, dit-elle, d’une si grande réputation tant au niveau national qu’international mais qui, pourtant, n’étalait pas son savoir.

« Il est l’élégance morale et de l’esprit », s’exclame-t-elle élogieusement de celui qui aura été ministre de l’Économie et des Finances sous le gouvernement de transition de Gérard Latortue en 2004.

Faisant référence à cette période, Anaïse Chavenet estime que M. Bazin est resté invariablement lui-même. Il a su continuer, témoigne-

t-elle, de mériter le respect de tout un chacun même après son passage au MEF. Un fait significatif qu’il doit, pour plus d’un, grâce à sa discipline de vie axée sur les valeurs telles l’honnêteté et l’intégrité, alors que certains hommes et femmes d’État, à qui l’on prêtait une vie exemplaire, voient généralement leur manteau de gens de bien souillé au terme d’une fonction occupée dans l’administration publique.

Homme de grande culture, Mme Chavenet affirme sans ambages, son admiration pour cet amant de la littérature. Alors qu’il était le grand argentier de la République, Henry Bazin, raconte-t-elle, était venu assister seul à une conférence-débat relative au roman féminin à l’Institut français d’Haïti. Ce qui, dit-elle, l’a beaucoup plu dans cette épisode, c’est la simplicité du haut fonctionnaire d’État venu assister sans fanfare ni trompette à cette activité culturelle, puis qui repart tranquillement au terme de la conférence.

Biographie

Natif de Saint-Marc, la vie de Henry Bazin (son enfance et son éducation) fut partagée entre les villes de Limbé, Gros Morne et Port-au-Prince. Il est le produit de Simone et de Louis Bazin, qui fut avocat, substitut du commissaire du gouvernement et sénateur de la République.

Rien d’étonnant qu’il devint plus tard avocat et économiste fort de ses études à la faculté de Droit et des Sciences économiques. Licencié en économie, il est parti en Europe, en 1957, à la faveur

d’une bourse d’État pour parfaire sa formation académique jusqu’à ce qu’il décroche son doctorat en économie.

Parcours professionnel

Henry Bazin est une figure connue du monde international. D’ailleurs il fit ses débuts dans l’enseignement à l’école nationale d’administration du Mali à Bamako. Il traine une longue carrière de fonctionnaire international en Afrique, en Europe et aux États-Unis à titre de conseiller de gouvernement ou membre d’organisations internationales.

Cependant, il a su servir son pays à plus d’un titre. Professeur à l’université Jean Price Mars, à l’Académie nationale diplomatique et consulaire. Et surtout à l’université d’État d’Haïti, son alma mater.Soit aussi, comme cadre travaillant à l’épanouissement du secteur privé haïtien. D’abord président de l’Association des économistes haïtiens à deux reprises avant de démissionner pour accepter le poste de ministre de l’Économie et des Finances. Puis il a présidé le Conseil d’administration de la chambre de conciliation et d’arbitrage, une institution permettant au secteur privé de résoudre leur différend sans avoir à recourir à la Justice.

Avant sa mort, un hommage mérité lui a été rendu. Il a été intronisé, en compagnie de Mme Gladys Coupet, au panthéon de la Finance haïtienne lors de la 2e édition du colloque sur la Finance et la Technologie appliquées, organisée par la BRH et le Group croissance le 23 avril 2012.

Henry Bazin est parti. Mais sa marque semble être indélébile. Décédé suite d’un cancer le mardi 4 août dernier, cet économiste de renom est avant tout reconnu pour sa grande simplicité et son intégrité. Homme de grande culture et fonctionnaire d’État irréprochable, tels sont entre autres les éloges qui couronnent son passage sur cette terre.

Henry Bazin. / Photo : un.org

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JEUDI 6 AOÛT 2015 N0 55 | 7ACTUALITÉ

Radio Pacific : un coup de maître HAÏTI / MÉDIAS

Les candidats Alex Mick Avin, de Bouclier, pour la circonscription de Pétion-Ville, René Lochard, candidat

à sa succession sous la bannière du Parti Haitien Tèt Kale (PHTK), James Jacques, de Konviksyon, Steevenson Jean-Baptiste, du Mouvement chrétien pour une nouvelle Haiti (MOCHRENA), pour la 2e circonscription de Port-au-Prince et Caleb Desrameaux de la plateforme VERITE pour la circonscription de Tabarre, étaient les invités de ces journalistes.

Les aspirants parlementaires ont tour à tour, promis, en cas de victoire aux élections du dimanche 9 août, d’œuvrer au renforcement de l’institution parlementaire, d’adopter des lois susceptibles d’améliorer les conditions de vie de la population confrontée à de graves difficultés économiques.

Dans le cadre de la vision de leurs partis ou groupements politiques, ces candidats ont également,

pris l’engagement de faciliter aux jeunes, l’accès au crédit pour développer leurs activités économiques.

La protection de l’environnement, la relance des activités socioculturelles, le renforcement des collectivités locales, ont été

aussi évoqués à cette émission qui a duré plus de deux heures.

Pour lancer ses émissions, radio Pacific a fait un coup de maître. Le mercredi 5 août 2015, la 101.5 a réuni sur un même panel les journalistes Yvener Foeshter Joseph, Israël Jacky Cantave et Frantz Exantus dans un débat électoral qui a vu défiler plusieurs candidats à la députation de différentes circonscriptions électorales de la zone métropolitaine.

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8 | N0 55 JEUDI 6 AOÛT 2015

MONDE

En se tournant vers la politique internationale, un président regagne facilement de la popularité. Barack Obama et

François Hollande l’ont bien compris puisqu’en faisant de la diplomatie leur priorité numéro un, ils remon-tent dans les sondages. En juillet, grâce notamment aux accords avec Cuba et l’Iran, Obama a vu sa cote de popularité repasser au-dessus des 50 %. Dans une (bien) moindre mesure, Hollande a profité de la crise grecque pour remonter à 26 % d’opinions favorables, score faible mais inespéré pour le seul président français à avoir plongé jusqu’à 13 % de popularité. Afin de continuer sur cette lancée, les deux présidents cherchent à s’emparer du nouveau sujet brûlant du moment : le réchauffement clima-tique.

Le président américain Barack Obama a lancé lundi son plan contre la « grande menace » que fait peser le changement clima-tique sur la planète, insistant sur l’urgence d’agir immédiatement et annonçant une restriction inédite sur les centrales électriques.Il s’agit de l’un des « défis clés » de notre époque, a estimé M. Obama depuis la Maison Blanche, d’où il a annoncé le Plan américain pour une énergie propre (« America’s Clean Power Plan »). Ce dispositif rassemble une série de réglemen-tations qui imposeront pour la première fois aux centrales élec-triques de réduire de 32 % d’ici 2030 leurs émissions de carbone, par rapport à leur niveau de 2005.Les centrales électriques sont en effet responsables de 40 % des émissions américaines de dioxyde de carbone, le gaz le plus répandu parmi ceux contribuant au change-ment climatique. Pour appuyer ses propos, Barack Obama a tenu à souligner l’urgence d’agir et le caractère historique de sa proposi-tion : « Aucun défi ne représente une plus grande menace pour notre avenir et pour les généra-tions futures qu’un climat qui change. »Continuant dans la même veine, le président américain a tenu à montrer qu’il se plaçait au-dessus des contingences politiciennes, l’un des fondamentaux de la communication d’un président choisissant la diplomatie : « La

plupart du temps, les problèmes auxquels nous sommes confrontés sont temporaires et nous pouvons nous attendre à ce que les choses s’améliorent si nous nous y attel-ons, même progressivement. Mais voilà l’un des rares problèmes – de par son ampleur, de par sa portée – que nous pourrions ne plus être en mesure de régler si nous ne le traitons pas. Et auquel nous ne pourrions sans doute pas nous adapter suffisamment », a-t-il martelé.Enfin, il n’a pas hésité à rappeler que sa prise de position était histo-rique, en décrivant les restrictions imposées aux centrales électrique comme « l’étape la plus impor-tance dans la lutte de l’Amérique » contre le changement climatique.En s’emparant de ce sujet six mois avant la COP21, Barack Obama se met donc en bonne position pour jouer un rôle majeur dans cette conférence et profiter de son ray-onnement. Celle-ci réunira 195 pays qui devraient s’engager à lim-iter à 2 degrés Celsius la hausse de la température mondiale générée par les émissions de gaz à effet de serre.D’ici là, le président américain est attendu dans les prochains mois en Alaska pour y constater l’impact du réchauffement cli-matique. Il recevra également le très populaire pape François à

la Maison Blanche, où les deux hommes devraient lancer un appel commun à l’action.Mais face à cette offensive écologique, François Hollande ne compte surtout pas être en reste. Un communiqué de l’Elysée nous apprend qu’il a donc « salué le courage du Président Obama », dont le plan « constitue une con-tribution majeure au succès de la Conférence de Paris sur le change-ment climatique » organisée en fin d’année, a-t-il ajouté.

Le président américain doit être très touché par ces félicitations, qui ressemblent davantage à une grossière tentative hollandesque de récupération. Car François Hol-lande tient absolument à ce que la France préside aux futures négoci-ations écologiques mondiales. Et il doit d’autant plus enrager que, lors des précédentes conférences de ce type, l’Amérique était restée en retrait, comme ce fût le cas lors de la ratification du Protocole de Kyoto.Dans le communiqué de l’Elysée, cette volonté du président Hol-lande d’être le maître de céré-monie de la COP21 est palpable : « La France va continuer de fédérer toutes les initiatives pour que les nations notamment les plus développées prennent leurs responsabilités. » Tout esbaudi

par l’éclaircie sondagière ou pani-qué à l’idée de rater la dernière occasion de laisser une trace dans l’histoire, notre président ? Quoi qu’il en soit, il ne compte visiblement pas se laisser voler la vedette.François Hollande a donc mobil-isé ses troupes pour rappeler à Barack Obama que la France est en pointe sur les questions écologiques. D’abord, c’est la « vice-présidente » et ministre de l’écologie Ségolène Royal qui en a remis une couche sur Twitter. Son gazouillis, rédigé dans un franglais que M. Obama aura peut-être du mal à comprendre (s’il prend la peine de le lire) rappelle que notre pays a d’ores et déjà adopté la loi de transition énergétique, modèle pour tous les gouvernements du monde. Puis c’est l’inénarrable Jean-Christophe Cambadélis qui a salué, grand seigneur, « un signe encourageant pour la COP21 ».

Amen, ils vous le disent : la bonne parole a été portée par-delà les mers, sur tous les continents de la terre. À moins que Barack Obama n’ait tout simplement pré-féré couper l’herbe sous le pied de notre Saint François national, et s’assurer que le combat du siècle, dont dépend nous dit-on le sort de l’humanité, soit encore une vic-toire pour l’Amérique.

Climat: Hollande tire la couverture de survie à luiSources : causeur.fr

Climat: Hollande tire la couverture de survie à lui. / Photo : Causeur.fr

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JEUDI 6 AOÛT 2015 N0 55 | 9MONDE

Le pape appelle l'Eglise à ne pas traiter les divorcés remariés comme des excommuniés Sources : AFP

Les divorcés remariés « font tou-jours partie de l’Eglise » et ne doivent pas être traités comme des excommuniés, a affirmé

mercredi le pape François, alors que le sujet s’annonce explosif au synode sur la famille en octobre.Sans remettre en cause le dogme catholique sur le mariage religieux, qu’il appelle régulièrement à remettre à l’honneur, le pape a estimé « qu’un accueil fraternel et attentif dans l’amour et la vérité est nécessaire envers les baptisés qui ont établi une nouvelle relation après l’échec d’un mariage sacramentel ». « En effet, ces personnes ne sont pas excommuniées - elles ne sont pas excommuniées ! - et ne doivent absolument pas être traitées comme telles. Elles font toujours partie de l’Eglise », a-t-il martelé lors de son audience hebdomadaire dans la vaste salle Paul VI, provoquant des applaudissement nourris. De plus, « il est nécessaire, par amour de la vérité, de bien discerner les situations, faisant par exemple la

différence entre qui a subi la séparation et qui l’a provoquée », a insisté le pape.Fin juin, lors de sa dernière audience générale du mercredi avant une suspension durant tout le mois de juillet, Jorge Bergoglio avait déjà fait preuve de pragmatisme en reconnaissant qu’une séparation était parfois inévitable.

« Elle peut même être moralement nécessaire, quand il s’agit de soustraire l’époux plus faible, ou les enfants en bas âge, aux blessures plus graves causées par l’intimidation et la violence, l’humiliation et l’exploitation, mais aussi l’indifférence », avait-il expliqué. « Pas de portes fermées ! Tous peuvent participer d’une manière ou d’une autre à la vie de l’Eglise », a martelé mercredi le pontife argentin en évoquant la prière, la liturgie, l’éducation religieuse des enfants, le service des pauvres, l’engagement pour la justice... mais pas les sacrements.

Pour l’Eglise, un mariage religieux ne peut être dissous. Aussi, le droit canon,

considérant les personnes remariées civilement comme infidèles à leur premier conjoint, les exclut-elle des sacrements, dont la communion.L’excommunication est cependant une sanction plus forte, puisqu’elle implique aussi une exclusion de la communauté.

Prier pour ‘un miracle

La question de la place des divorcés remariés dans l’Eglise, mais aussi celle des homosexuels ou des unions civiles, divise profondément l’Eglise, entre des conservateurs, en particulier des pays du Sud, braqués contre tout changement, et une ligne plus moderne, désireuse de réelles ouvertures.

La question a fait l’objet de vifs débats lors du synode sur la famille à l’automne 2014, et devrait être encore au centre du second synode en octobre, qui doit élaborer des recommandations pour le pape. Le document de travail de ce second synode, rendu public fin juin,

a semblé présenter une synthèse entre les ouvertures prudentes de certains prélats occidentaux et la réaffirmation de la doctrine. Il évoque ainsi la possibilité d’un « chemin de pénitence » ouvrant la voie à un retour à la communion pour des divorcés remariés, mais avec des conditions draconiennes qui pourraient aller jusqu’à l’obligation de faire chambre à part. Un consensus plus large existe aussi en vue d’une simplification des procédures de nullité matrimoniale, visant à montrer qu’en raison d’un vice de fond ou de forme, le mariage n’était pas valide et n’a donc techniquement jamais eu lieu. Dans une interview en mars à une télévision mexicaine, le pape avait mis en garde contre des « attentes démesurées » d’une partie des fidèles avant le synode. Mais lors d’une messe pendant son voyage en Amérique latine en juillet, il a aussi appelé à prier pour « un miracle », afin de « trouver des solutions et des aides concrètes aux nombreuses difficultés et aux importants défis que la famille doit affronter aujourd’hui ».

L’option alternative à l’accord sur le nucléaire iranien serait une nouvelle guerre au Moyen-Orient, a mis en garde mercre-

di le président des Etats-Unis Barack Obama, exhortant le Congrès, dominé par ses adversaires politiques, à ne pas torpiller le texte.Si le Congrès « tue cet accord », « la crédibilité de l’Amérique comme leader diplomatique. La crédibilité de l’Amérique comme ancre du sys-tème international » sera « perdue », a également affirmé le président dans un long discours défendant l’accord conclu entre Téhéran et les grandes puissances le 14 juillet.« Un rejet de l’accord par le Con-grès laisserait toute administration américaine absolument détermi-née à empêcher l’Iran de se doter d’une arme nucléaire face à une seule option: une autre guerre au Moyen-Orient. Je ne dis pas cela pour être provocateur. C’est un fait », a martelé M. Obama.Immédiatement, le président du parti républicain, Reince Priebus, a conspué dans un communiqué un discours « alarmiste » dont Barack Obama « devrait avoir honte ». La probabilité que les élus améric-ains entravent ce texte historique ayant mis fin à douze ans de crise diplomatique, est faible. Mais les parlementaires sont en plein débat sur le sujet et une résolution de désapprobation de l’accord sera probablement adoptée avant le 17 septembre. Le président pourra toutefois y opposer un veto qui ne pourra ensuite être stoppé qu’à la majorité des deux tiers.Pour s’assurer qu’au moins un tiers des membres du Congrès sont de son côté, Barack Obama a donc

défendu le caractère historique et pacifique de l’accord, estimant que ce débat était pour les élus “le plus conséquent” de la décennie en matière de politique étrangère.

va-t-en guerre

Pour appuyer son propos, il a invo-qué le discours prononcé par son prédécesseur John F. Kennedy dans la même enceinte universitaire en juin 1963. Le président démocrate y avait prôné la paix avec l’Union soviétique face aux craintes d’un conflit nucléaire. M. Obama a aussi pointé du doigt les va-t-en guerre de l’administration Bush. « Beaucoup de ceux qui ont milité pour la guerre en Irak font désor-mais campagne contre l’accord sur le nucléaire iranien », a-t-il déclaré.« De façon ironique, le plus grand bénéficiaire de cette guerre dans la région a été l’Iran, qui a vu sa

position stratégique renforcée par l’éviction de Saddam Hussein, son ennemi de longue date », a analysé le président. Le débat sur l’accord de Vienne a considérablement refroidi les rela-tions entre les Etats-Unis et Israël, qui estime sa sécurité menacée.Barack Obama n’a pas ménagé son allié durant le discours, désignant Israël comme étant le seul pays à s’être publiquement exprimé contre l’accord.« Toutes les nations du monde qui se sont publiquement exprimées, à l’exception du gouvernement israélien, ont apporté leur soutien » au texte, a affirmé Barack Obama dont le discours était retransmis et traduit en hébreux à la radio pub-lique israélienne.L’accord du 14 juillet entre l’Iran et les grandes puissances prévoit de limiter au nucléaire civil le pro-gramme iranien en échange d’une levée progressive et réversible des

sanctions internationales imposées à son économie.

Discours didactique

Réitérant les engagements de son chef de la diplomatie, John Kerry, qui a âprement négocié le texte, Barack Obama a promis d’être ferme à l’égard des Iraniens.Si l’Iran triche sur le nucléaire « nous pourrons les attraper et nous le ferons », a-t-il déclaré.Au fil de son intervention qui a duré 55 minutes, le président s’est efforcé d’être didactique, détaillant le contenu de l’accord point par point et rappelant les origines du désarmement nucléaire. L’ancien professeur de droit con-stitutionnel a usé de son ton de prédilection pour démonter les arguments des pourfendeurs de l’accord, qui ont selon lui déboursé des « dizaines de millions de dollars » dans des publicités négatives.Enfin, il a concédé que la levée des sanctions laissait à Téhéran le champ libre sur la gestion de son économie.Une partie des fonds débloqués par la levée des sanctions sera con-sacrée à des « activités terroristes », a-t-il reconnu faisant écho aux arguments de ses détracteurs.Mais pour le président américain, l’essentiel de l’argent devra être con-sacré par les autorités iraniennes à améliorer la situation de la popu-lation, qui a souffert de plusieurs années d’asphyxie économique en raison des sanctions.Même « un régime aussi répres-sif que l’Iran ne peut ignorer les espoirs » suscités parmi la popula-tion, a-t-il estimé.

Obama défend l'accord sur le nucléaire iranien, brandissant le spectre d'une guerreSources : AFP

Le président américain Barack Obama. / Photo : abcnews.go.com

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10 | N0 55 JEUDI 6 AOÛT 2015

ÉCONOMIE

500 à 600 millions de dollars par an perdus pour le fisc à cause de la contrebande Par Therno N. A. Senelus

COMMERCE / CONTREBANDE

Cette estimation des pertes fiscales illustre la probléma-tique de la perception des taxes et impôts le long d’une

ligne frontalière de 360 km de lon-gueur, entre les deux pays.

À Malpasse, l’un des principaux points d’échange entre Haïti et la République dominicaine, la contrebande intensive reste et demeure un handicap pour la per-ception fiscale. Les agents doua-niers de la AGD semblent être dépassés par l’ampleur du prob-lème et se révèlent incapables de contrôler les activités de contre-bande très lucratives dans la zone.

La contrebande, selon la défini-tion officielle, désigne le transport illégal de marchandises ou de per-sonnes, en particulier au travers de frontières, ceci afin d’éviter de payer des taxes ou de faire entrer des produits interdits dans un pays ou, inversement, d’en faire sortir malgré l’interdiction.

Contrebande ‘légale’ ?

En dépit d’un accord bilatéral signé en février 2014 à Jimani entre les deux États pour lutter contre la contrebande, la fraude et les trafics illicites le long de la frontière haïtiano-dominicaine, ce phénomène de la contrebande persiste dans la zone frontalière.

Plusieurs personnalités du secteur des affaires, dont l’industriel et président de la Chambre fran-co-haïtienne de commerce et d’industrie, Grégory Brandt, ont déploré le peu de résultats obte-nus dans la lutte pour mettre un terme sinon réduire ces activités qui amenuisent les revenus fis-caux et constituent un important enjeu pour la production natio-

nale. Ces entrepreneurs lancent à nouveau un appel aux dirigeants du pays pour que soit instauré un vrai dialogue entre les deux pays en vue de trouver des solutions durables à ce problème.

Grégory Brandt a exprimé sa préoccupation face aux con-séquences d’une situation qui aggrave la fragilité économique du pays. À cet effet, il a évoqué un néologisme, la « contrebande légale », une sorte de perception extra-institutionnelle qui devient monnaie courante.

Rappelant des initiatives mises sur pied pour aider l’État à faire face au phénomène de la contrebande, Grégory Brandt s’est exprimé en ces termes : « en novembre et décembre 2011, nous avons dis-cuté à l’hôtel Caribe autour d’un meilleur dispositif d’exploitation des opportunités de croissance du pays, à travers un partenariat public privé ».

La réforme fiscale : un impératifIl a par ailleurs évoqué les échanges autour de la nécessité d’une réforme fiscale, dans la perspective d’un élargissement de l’assiette fiscale. « En 2012, a-t-il rappelé, nous avons invité la Banque mondiale à proposer d’autres formes de gestion en fis-calité dans le but d’augmenter le rendement fiscal. En 2014-2015, une autre série de conférences portait sur les échanges inégaux et non compétitifs supportés par une frontière où sévit la contre-bande au détriment des entrepris-es haïtiennes ». Un phénomène qui, a-t-il regretté, reprend de la vigueur.

Le président de la CFHCI se demande pourquoi cet argent n’est

pas collecté ? Une réponse qu’il estime difficile à trouver. « Nous ne sommes pas le ministère des Finances, nous ne sommes pas la douane ».

Ce phénomène est à l’origine d’une compétition déloyale et illé-gale pour les entreprises honorant leurs redevances fiscales. Selon sa compréhension du phénomène, la contrebande se fait en général secrètement. Alors que la « contre-bande légale » dit-il, se fait au vu et au su de tout le monde. Tout le monde, incluant les contreband-iers, ont en main un document indiquant qu’il a payé. Plusieurs institutions publiques reçoivent leur part du butin. Un argent qui semble ne jamais arriver dans les caisses du Trésor public.

Argumentant, chiffres à l’appui sur les activités de corruption responsables de la persistance de ce phénomène dans la zone de Malpasse, un homme d’affaires qui a requis l’anonymat s’en prend à l’administration Martelly qui dit-il, cautionne ce qui se passe actu-ellement dans la frontière.

Selon des révélations de cet homme d’affaires qui garde l’anonymat, Haïti connait un manque à gagner sur la frontière, représentant une perte annuelle de plusieurs centaines de mil-lions de dollars US. Le calcul est simple. « En considérant les chiffres d’environ 1.6 milliard de dollars USD d’importation de la République dominicaine, et si nous appliquons un taux de taxa-tion de 30 %, nous dépassons les 350 millions de dollars de pertes fiscales », a-t-il commenté.

La situation ne montre aucun signe véritable de changement

dans la zone frontalière. La contre-bande est y toujours dynamique. Une grossiste rencontrée, ce mardi, dans la ville de la Croix-des-Bouquets donne son avis sur le phénomène de la contrebande : « je suis grossiste. Je vends des produits en gros, soit aux domini-cains, soit aux commerçantes et commerçants à Port-au-Prince et même dans les villes de province. Je suis toujours dans la zone fron-talière.

Je peux vous dire que la contre-bande est toujours en vigueur. Malgré les différentes initiatives prises par les deux pays, rien n’est encore clarifié. Que les deux pays s’entretiennent à nouveau pour résoudre ce problème ».

De surcroit, la grossiste, qui ne mâche pas ses mots, impute la responsabilité de l’aggravation de la situation aux responsables douaniers des deux pays qui, selon ses propos, ne disposent d’aucun vrai outil pour freiner la contrebande. Elle a affirmé que « Ce sont des employés du gouver-nement haïtien, a-t-elle accusé, qui pervertissent le système.

La grossiste a conclu son entretien en prédisant que si le prochain mandataire de la Nation, ne prend pas ce dossier à cœur, chaque année la frontière sera pour le pays une circonstance aggravante de fragilité économique. « Le gou-vernement haïtien devrait trou-ver une alternative économique tout en luttant contre des activi-tés de contrebande néfastes pour l’économie du pays, notamment par l’élaboration d’une politique publique appropriée, adaptée à la situation pour les communes proches de la ligne frontalière », a-t-elle insisté.

La frontière haitiano-dominicaine, c’est aussi et surtout près de 500 à 600 millions de dollars US non collectés par la douane à cause de la contrebande. Un manque à gagner pour le fisc haïtien. L’Administration générale des douanes (AGD) a du pain sur la planche.

TAUX DE RÉFÉRENCE (BRH) >Taux moyen d’achat 53.3302 GDES

>Taux moyen de vente 53.8628 GDES

COURS DE

LA GOURDE

5 AOÛT 2015

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JEUDI 6 AOÛT 2015 N0 55 | 11ÉCONOMIE

A San Nicolás de los Garza, dans le Nord du Mexique, le maire de la ville a trouvé une méthode efficace pour

améliorer la propreté de sa ville : afficher publiquement le portrait des pollueurs qui jettent leurs déchets sur les trottoirs.

Des panneaux publicitaires pour afficher les pollueurs

Le Mexique n’arrête pas le progrès, alors que l’on apprenait récemment l’interdiction des animaux sauvages

dans les cirques du Mexique, voilà que le pays décide de s’attaquer à la pollu-tion avec une méthode radicale mais efficace. D’immenses panneaux pub-licitaires sont parqués dans les quatre coins de la ville, avec en légende « arrêté pour cochonnerie », situé sous le portrait d’un homme, posant tel un délinquant dans un commissariat.

Pour le maire de la ville, Pedro Sal-gado, cette sanction publique, ajoutée à une amende et une arrestation « sera appliquée à toute personne accumu-lant trois infractions », a t-il déclaré lors d’une conférence de presse. Le

premier pollueur a été affiché le 28 juillet dernier sur « le tableau de la honte », tel qu’il a été baptisé par le maire.

Le coupable était un multi-récidiviste, sanctionné à trois reprises depuis mai pour avoir déposé ses ordures dans la rue. Une action coup de poing qui a suscité rapidement la colère des défenseurs des droits de l’homme.

Un projet original pour diminuer les déchets au Mexique

Selon le maire de la ville, près de 25 tonnes de déchets sauvages sont ramassés chaque jour. Pour la ville, c’est un vrai problème puisque ces déchets bloquent l’évacuation des eaux vers les égouts, ce qui provoque des inondations pendant les périodes de

pluies.Alors que les agents municipaux vien-nent ramasser tous les matins les ordures ménagères avec un système où ils signalent leur arrivée aux habi-tants afin qu’ils sortent leurs ordures, certains préfèrent jeter leurs déchets dans la rue et le plus souvent la nuit, en dehors des horaires de ramassage.

Alors que des extraits de la loi sont disponibles sur le site de la chaîne Fox News Latino(1), celles-ci précisent bien qu’il est interdit aux habitants de jeter des branches, des ustensiles, des animaux morts, et tous type de déchets dans les terrains vagues, les espaces publics, parcs et autres sites non autorisés.Si ce projet incite les habitants à faire attention où ils jettent leurs détritus, l’expérience serait peut-être intéres-sante à reproduire ailleurs.

Au Mexique on affiche le portrait et le nom des pollueurs récidivistes Par Hugo Quinton | ConsoBlogue

ENVIRONNEMENT URBAIN

Pour améliorer la propreté de la ville, le maire de San Nicolás de los Garza, au Mexique, a décidé d’afficher publiquement le portrait des pollueurs qui jettent leurs déchets sur les trottoirs !

D’immenses panneaux publicitaires sont parqués dans les quatre coins de la ville, avec en légende « arrêté pour cochonnerie » | © Ronaldo Schemidt / AFP

REDEVANCE INCITATIVE

Réduire les déchets avec les poules Sources : Terra Eco

De plus en plus, la mode est à l’élevage de poules créoles – poul peyi - à domicile. Des poules consommatrices de

grains garantis sans OGM*, sans colorants et sans conservateurs. Une façon de se garantir une alimentation saine et une meilleure qualité de vie.

Des poules pour manger les déchets organiques

Cela ressemble un peu à une blague et pour cause : c’en était une au départ, lors d’un conseil munici-pal, entre une adjointe au Maire et une conseillère municipale. Afin de diminuer la redevance incitative pour

les ordures ménagères prévue dans la loi Grenelle I’on pourrait diminuer le volume d’ordures en donnant les déchets organiques à des poules. Une idée finalement conservée par Lydie Pasteau, maire de la commune, qui décide d’acheter 62 poules pondeuses de Loué, et les proposer aux 206 habi-tants du village.

31 foyers volontaires pour accueillir des poules

C’est ainsi qu’en septembre 2012, un tiers des familles du village ont accueilli deux poules pondeuses. Les foyers ont signé un accord, s’engageant pour deux ans. « On n’a rien inventé

! », commente Sylvie Pasteau, « Nous avons tous vu nos parents avoir des poules au fond du jardin, à qui ils don-naient leurs restes ». Pas de coq dans le village, néanmoins, afin de garantir la sérénité auditive.

Dialogues entre voisins

Curieusement, même entre 206 habi-tants, on ne se parle pas forcément, et élever des poules a rapproché des gens qui ne s’adressaient pas la parole. « Des gens qui ne se parlaient pas s’enquièrent désormais de leurs poules respectives, les enfants apprennent que les œufs ne sortent pas des boîtes, on apprend à mieux trier nos déchets

», explique la première adjointe Nicole Foucault. Certaines familles ont même mis leurs poules en colocation, afin de partager le poulailler. Quant aux enfants, ils apprennent d’où viennent les œufs. Les poubelles, elles, sont sor-ties trois fois moins souvent. Une jolie initiative, qui en inspirera peut-être d’autres.

*Un OGM (Organisme Génétiquement Modifié) est un organisme vivant (animal, végétal, bactérie) dont le pat-rimoine génétique a été modifié par l’homme pour lui donner des nouvelles propriétés. Ceci permet de créer des organismes qui autrement n’auraient jamais existé dans la nature.

La commune de Pincé, dans la Sarthe (France), a proposé à ses habitants qui font de l’élevage de poules dans leur jardin d’en prendre chez eux, afin de réduire le volume de déchets collectés.

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Selon des résultats définitifs, l’indice vedette Dow Jones Industrial Average a perdu 10,22 points à 17 540,47

points, tandis que le Nasdaq a gagné 34,40 points à 5 139,95 points.

Le S&P 500, un indice élargi sur lequel préfèrent se baser beaucoup d’investisseurs, a avancé de 0,31 %, soit 6,52 points, à 2 099,84 points.L’évolution plutôt favorable de Wall Street « est liée aux chiffres économiques » du jour, a résumé Peter Cardillo, de Rockwell Global Capital, soulignant que le Dow Jones avait été plombé par une très mauvaise perfor-mance du géant des divertissements Disney.

Dans le détail des indicateurs, les investisseurs ne se sont pas laissés abattre par des chiffres décevants de la société ADP sur les créations d’emplois en juillet, de mauvais augure deux jours avant un rapport mensuel très attendu sur l’emploi, pour rete-nir l’annonce d’une accélération bien supérieure aux attentes de l’activité dans les services le même mois, selon un indice de l’association profession-

nelle ISM.Avec « un chiffre correct sur le com-merce international », ces données « montrent que la croissance est là, peut-être pas très forte, mais certaine-ment là », a jugé M. Cardillo, estimant que même le chiffre d’ADP témoignait d’une amélioration continue du marché de l’emploi.

A son plus haut niveau depuis sa créa-tion en 2008, l’indice sur les services « rappelle que des pans entiers de l’économie profitent en fait des cours bas des matières premières, en par-ticulier le pétrole », a jugé Chris Low, de FTN Financial.

Les cours du pétrole, encore en baisse mercredi, ont rechuté début juillet après une période de stabilisation pen-dant le printemps et se rapprochent de leurs plus bas niveaux depuis la fin des années 2000.Dans l’ensemble, « la Bourse com-mence à se rendre compte que l’économie peut supporter une hausse des taux » de la Réserve fédérale (Fed) et qu’une telle mesure, qui marquer-ait le retrait d’un important soutien à l’économie, « ne va pas faire avorter

la croissance des bénéfices des entre-prises », a conclu M. Low.A ce titre, l’un des gouverneurs de la Fed, Jerome Powell, a jugé mercredi dans un entretien à la chaine CNBC qu’il était trop tôt pour se prononcer sur une possible hausse en septembre. La veille, un autre responsable de la banque centrale, Dennis Lockhart, s’était montré plus enthousiaste face à une telle éventualité.

« Je pense que ces divisions sont entretenues artificiellement, et qu’une hausse en septembre reste une pos-sibilité », a estimé M. Cardillo.

Time Warner baisse

Parmi les valeurs, Disney, qui a annoncé une hausse de ses bénéfices trimestriels, portés par la force de ses marques, mais un chiffre d’affaires décevant, a chuté de 9,17 % à 110,53 dollars.Egalement dans le secteur, le studio DreamWorks s’est effondré de 12,43 % à 21,00 dollars après avoir doublé sa perte nette au dernier trimestre.Le groupe de médias Time Warner a

perdu 8,96 % à 79,80 dollars malgré des résultats meilleurs que prévu au second trimestre, notamment grâce au jeu vidéo « Batman: Arkham Knight » et à la vidéo en streaming.L’éditeur de jeux vidéo Activision Bliz-zard a bondi de 11,84 % à 28,71 dol-lars, après avoir relevé ses prévisions à la suite d’un deuxième trimestre meil-leur que prévu, où ses jeux en ligne (Warcraft, Destiny) se sont notamment distingués.La biotech Baxalta, spécialisée dans les maladies rares, a pris 0,54 % à 37,30 dollars au lendemain du rejet d’une OPA hostile de 30 milliards de dollars du groupe pharmaceutique Shire, coté à Londres.Par ailleurs, l’ancienne maison mère de Baxalta, le laboratoire pharmar-ceutique Baxter a avancé de 4,52 % à 42,13 dollars, après que l’investisseur activiste Daniel Loeb a révélé dans un document boursier avoir pris une par-ticipation de 7 % dans le groupe.Le marché obligataire reculait. Vers 20H45 GMT, le rendement des bons du Trésor à dix ans montait à 2,271 % contre 2,224 % mardi soir, et celui des bons à 30 ans à 2,942 % contre 2,900 % auparavant.

12 | N0 55 JEUDI 6 AOÛT 2015

Wall Street a fini de façon dispersée mercredi après un excellent indice sur le secteur des services, qui a largement fait oublier des chiffres moins encourageants sur l’emploi: le Dow Jones a cédé 0,06 % mais le Nasdaq a pris 0,67%.

ÉCONOMIE

Porto Rico est en faillite, mais la « Grèce des Caraïbes » n'est pas aussi mal en point que celle d'Europe Sources : Le HuffPost avec AFP

« Moody’s considère cet événe-ment comme un défaut de paiement », a indiqué une vice-présidente de l’agence, Emily

Raimes, dans un communiqué trans-mis à l’AFP. Parfois surnommé la « Grèce des Caraïbes », Porto Rico devait rembourser lundi 3 juillet quelque 58 millions de dollars de dette contrac-tée par une agence gouvernementale mais n’en a remboursé que 628 000 dollars. « C’est, selon nous, la première étape d’un défaut général sur sa dette », a ajouté la responsable de Moody’s, assurant que Porto Rico n’avait pas les « moyens » d’honorer l’ensemble de ses échéances financières. Dans un com-muniqué distinct, Melba Acosta Febo, le président de la banque porto-ricaine de développement, bras financier de l’île, avait assuré que le non-paiement reflétait « les graves inquiétudes » sur la crise de liquidités qui frappe le ter-ritoire.

Les Etats-Unis excluent tout plan de sauvetage

Les finances porto-ricaines ont été

durement frappées par l’annulation en 2006 d’un système d’exemption fiscale pour les entreprises. Il a provoqué une récession économique et une flambée du chômage. Ce territoire bénéficie d’un statut hybride, sans faire partie des 50 Etats américains, il bénéficie d’une forte intégration économie, juridique et monétaire (dollar améri-cain).Les Etats-Unis ont déjà exclu

tout « sauvetage » financier de l’île qui s’expose désormais à des poursuites en justice de ses créanciers, pour la plu-part des fonds de pension américains.Contrairement aux villes américaines comme Detroit, Porto Rico n’a pas la possibilité légale de se déclarer en fail-lite pour restructurer sa dette à l’abri de ses créanciers. Une proposition de loi lui accordant cette possibilité a été

déposée au Congrès américain mais elle est restée lettre morte.« En cas de statu quo, sans un régime légal qui a déjà fait ses preuves, la solution des problèmes financiers de Porto Rico serait chaotique, longue et coûteuse pour Porto Rico mais plus générale-ment pour les Etats-Unis », a mis en garde fin juillet le secrétaire américain au Trésor Jacob Lew.

L’archipel américain de Porto Rico, en profonde crise économique, a fait défaut sur une partie de sa dette de 73 milliards de dollars en n’honorant pas un remboursement attendu le lundi 3 août, a indiqué l’agence de notation Moody’s.

Wall Street finit en ordre dispersé une séance plutôt optimiste Sources : AFP

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JEUDI 6 AOÛT 2015 N0 55 | 13JUSTICE

Avis judiciaire

Par ces motifs, le Tribunal, après avoir délibéré conformément à la loi, jugeant par défaut et à charge d’appel dit et déclaré : Accueillir l’action des requérants pour être régulière en la forme et juste et fond, Dire que le contrat de bail à loyer liant les parties est de plein droit résilié du fait que le sieur Jean Fritz DIEUJUSTE n’a pas honoré ses redevances locatives depuis plus de quatorze mois ; Ordonner en conséquence son déguerpissement des lieux avec exécution provisoire sans caution nonobstant appel ou Pouvoir en Cassation , condamner le sieur Jean Fritz DIEUJUSTE à payer les sieurs Jean Jacques COICOU et Gilbert COICOU la somme de vingt mille gourdes (20.000.00 GDES) à titre de dommages et intérêts tout en leur donnant acte de leurs réserves de le poursuivre par devant qui de droit au moment opportun pour les loyers dus et à échoir, Condamner le sieur Jean Fritz DIEUJUSTE aux frais et dépens de l’instance de ce jugement.

AINSI JUGE PRONOCE PAR NOUS Me. Jean Rigaud Duret, Juge de Paix suppléant du Tribunal de paix de la Section Est de Port-au-Prince, en audience civile et publique du 13 mai 2015, avec l’assistance de la dame Victoriette PIERRE Greffière.

Il est ordonné etc…

En foi de quoi etc…

Pour Expédition Conforme Collationnée

Me. Vladimir E. YAYOAvocat

Avis judiciaire

Par ces motifs, le Tribunal, après avoir délibéré conformément à la loi, jugeant par défaut et à charge d’appel dit et déclaré : Accueillir l’action des requérants pour être régulière en la forme et juste et fond, Dire que le contrat de bail à loyer liant les parties est de plein droit résilié du fait que le sieur Julien GEROME n’a pas honoré ses redevances locatives depuis plus de douze mois ; Ordonner en conséquence son déguerpissement des lieux avec exécution provisoire sans caution nonobstant appel ou Pouvoir en Cassation , condamner le sieur Julien GEROME à payer les sieurs Jean Jacques COICOU et Gilbert COICOU la somme de vingt mille gourdes (20.000.00 GDES) à titre de dommages et intérêts tout en leur donnant acte de leurs réserves de le poursuivre par devant qui de droit au moment opportun pour les loyers dus et à échoir, Condamner le sieur Julien GEROME aux frais et dépens de l’instance de ce jugement.

AINSI JUGE PRONOCE PAR NOUS Me. Jean Rigaud Duret, Juge de Paix suppléant du Tribunal de paix de la Section Est de Port-au-Prince, en audience civile et publique du 13 mai 2015, avec l’assistance de la dame Victoriette PIERRE Greffière.

Il est ordonné etc…

En foi de quoi etc…

Pour Expédition Conforme Collationnée

Me. Vladimir E. YAYOAvocat

Remerciements

La famille Michel remercie tous ceux qui lui ont témoigné leurs sympathies après le décès de Jean Baptiste Edgard Michel survenu le 15 juillet 2015 à l’hôpital Bernard Mevs à l’âge de 82 ans.

Des remerciements spéciaux aux pasteurs Régniel Louis et Bergemane Henri de l’église de Dieu de la rue du Centre, pasteur Angelet Charles de l’église évangélique Piscine du Saint-Esprit de Tabarre, Pasteur Roger Wilson Charles de l’église Communion La Manne d’Haïti à Pétion-Ville, Pasteur Dathus Solaire, aux diacres et fidèles de l’Assemblée de l’église évangélique Shékina de Delmas, aux amis prêtres, religieux et religieuses, aux délégations des groupes et chorales des églises protestantes et catholiques.

Les remerciements de la famille Michel vont également à monsieur le juge Samuel Baucicaut, mademoiselle Daphney Paul, au staff de l’hôpital Bernard Mevs, aux collègues de bureau de Michel Studio Photo Store, aux collègues de bureau de la Food For the Poor, aux collègues de bureau de l’Autorité Portuaire Nationale (APN), aux anciens collègues de l’hôpital Saint François de Sales, aux membres de la famille élargie et amis.

PETITES ANNONCES

« Le ministère de la Justice en sa qualité d’administrateur de la Justice s’assure de la fonctionnalité et de la

disponibilité de l’appareil judiciaire avant, pendant et après les élections », a dit le Garde des sceaux de la République faisant aussi état des mesures de sécurité déjà adoptées par le Conseil supérieur de la police nationale (CSPN). Me. Casimir a demandé aux parquetiers d’attirer l’attention des juges de paix de leurs juridictions respectives sur les articles 11 et suivants du code d’instruction criminelle relatifs la manière de procéder des juges de paix sans oublier les articles 19 et suivants traitant relatifs aux commissaires du gouvernement.

« Dans l’accomplissement de leurs tâches, les juges ainsi que les commissaires du gouvernement doivent garder une stricte neutralité et être à la disposition de tout justiciable quelle que soit sa chapelle politique », a insisté le ministre rappelant que les portes des parquets et des tribunaux devront restez ouverts durant toute la journée électorale du 9 août, de 6 heures a.m. à 6 heures p.m. Les juges de paix devront aussi délivrer des procès-verbaux à la demande de tout justiciable qui en aura fait la demande.

Ces derniers, selon le ministre, ne devront pas se faire prier quand leur service sera requis. Les procès-verbaux seront délivrés rapidement et sans aucun frais de la part du justiciable, qu’il soit candidat ou pas.

En ce qui a trait au fonctionnement des parquets durant la journée du 9 août, le ministre énuméré une liste de dispositions administratives : les substituts commissaires doivent être présents à leur bureau ce dimanche, il en est de même pour les juges de paix, un numéro de téléphone doit être à la disposition de la population en cas de besoin.

Le ministre croit que les officiers du parquet doivent se garder de faire des déclarations dans la presse et il prodigue le même conseil aux

magistrats du siège. Si ce n’est pour des informations relatives au fonctionnement de leurs bureaux respectifs, le ministre ne voit pas de quoi un magistrat pourrait parler dans la presse en ces temps d’élections.

Me. Casimir espère aussi que le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) va réitérer les mêmes consignes à l’endroit des juges du siège tout en leur demandant aussi de se mettre disponible le jour du scrutin.

Sur le plan procédural, les juges de paix seront saisis par les bureaux électoraux communaux (BEC) en matière d’infractions à la loi électorale. Au terme de l’actuel décret électoral, les infractions à la loi électorale sont classées dans la catégorie des contraventions, donc relevant de la compétence de la justice de paix.

Les commissaires du gouvernement qui participaient à la rencontre ont aussi parlé à la presse pour fait état des réalités de leurs zones respectives et précisé les mesures prises de concert avec la police locale. Le commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Jacmel, Me. Jean Antoine Feraud dit vouloir déléguer des substituts comissaires dans des zones réputées rouges dans le département du Sud-est, telle la ville de Belle Anse.

Son collègue du parquet de Hinche, pour sa part, avoue que son département est réputé très violent en période électorale. Des villes comme Maïssade et Lascohobas sont souvent très bouleversées et le commissaire dit avoir reçu des informations selon lesquelles des candidats ont déjà fait venir des bandits dans ces zones, à l’approche des élections. Il confirme cependant que des patrouilles répétées de la police ainsi que des perquisitions judiciaires ont déjà permis l’arrestation de presque tous ces bandits ainsi que la confiscation de plusieurs armes à feu. Les commissaires disent compter sur le renforcement de la présence policière dans les différentes villes du pays, tel que promis par les autorités gouvernementales.

Les commissaires du gouvernement appelés à la neutralité par Eddy Laguerre

En plus des notes et des circulaires transmises aux différents chefs des parquets de la République à l’approche des élections, le ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, Me. Pierre-Richard Casimir a convoqué les commissaires du gouvernement, ce mercredi 5 août 2015, pour leur rappeler les consignes liées à la gestion des dossiers judiciaires durant la période électorale. A un moment où les situations de violence tendent à se multiplier dans certaines zones du pays, le Ministre invite les magistrats à avoir la loi comme boussole et la neutralité comme crédo.

HAÏTI / ÉLECTIONS

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14 | N0 55 JEUDI 6 AOÛT 2015

SOCIÉTÉ

L’apparence physique importe peu, la plupart du temps. De ce fait, on attend toujours qu’une personne prononce sa première phrase pour savoir dans quelle catégorie la classer. Cela est dans la nature humaine. Les étiquettes.

Cela nous colle à la peau comme une seconde nature. C’est devenu un besoin social. Ironiquement, le vocabulaire fait un homme. Qu’il soit riche ou pauvre. Ici, il faut aussi bien savoir parler le français et faire attention au vocabulaire. Après tout, « Où foutre vont-nous dans ce pays ? » sans ce bon français ! Étant donné que peu d’entre nous sont lettrés, nous avons fini par nous limiter au niveau de la langue employée. Présentement, cela en dit long sur une personne. Surtout, si en tant que personne haut placée, on chante « I don’t care… I don’t give a damn… kite mele dada m… I don’t give a shit… ». Il ne parle pas français mais il fait encore mieux : il parle le fameux anglais ! La conclusion la plus sensée est assurément : personnage parfaitement éduqué et plus que qualifié pour de grandes responsabilités. Catégorie : pourquoi pas en faire un président ?

N’avons-nous pas pour habitude de constamment rappeler à la jeunesse d’aujourd’hui qu’elle est l’avenir de demain ? C’est un poids qui pèse lourd quand les bases reçues sont faibles. Quoi de mieux, pour l’orientation, que de passer à la télé des séries télévisées où l’acteur principal apprend aux enfants comment bien se tenir en société ? Passez-les une fois, deux fois et plus et dans moins de temps qu’il ne faut pour le dire tous les enfants chanteront « grate, frape pye w » toute la sainte journée. Alléluia ! Les parents peuvent dormir avec l’esprit tranquille car l’avenir du pays est assuré. Il est assuré d’autant plus que la nouvelle carrière qui fait rêver les petits Haïtiens est celle de chanteur. La plupart aspire à devenir rappeurs. La classe ! Les filles en bikini, les fesses qui applaudissent, les seins qui rebondissent, les voitures (dont on n’est pas le propriétaire qu’on affiche au vidéoclip), etc. Et comme les Haïtiens savent ce qui est bon pour eux, cela fera « hit » puis « I swear to God, m ap milyonè ». C’est ça, la belle vie ! Catégorie : célébrités qui font de merveilleux enseignants en passant…

Jusque-là, il n’y a rien à blâmer dans notre société. Nous avons les modèles qu’il faut pour un demain comme il se doit. Le seul point ou le bât blesse, c’est quand BDH (Blackout d’Haïti) décide d’entrer en compétition avec EDH (Électricité D’Haïti). Comme ordinairement la victoire du premier suit toujours celle du second, la jeunesse se met toujours à l’infinitif. Du coup, ils occupent leur temps comme ils peuvent vu que, à part la télévision, il ne leur reste plus de distractions.

En toute logique, ouvrir un livre pour apprendre de nouveaux mots est une perte de temps. Rien de plus normal que notre lexique regorge d’expressions qui incluent majoritairement « kaka » et « bouda ». On se sent repu : « Bouda m plen. » On veut faire comprendre qu’on ne rigole pas : « M pa nan kaka ak moun ! » Et on s’en passe ! Pour s’en choquer, il aurait fallu que ce soit quelque chose d’anormal. Non. IL FAUT savoir pimenter son langage pour faire plus d’impact. Certains gagnent même leur respect ainsi ! Soyons sérieux. Est-ce que cela vaut le coup d’ouvrir un livre ? Catégorie : les futurs meilleurs chefs de gangs…

Vocabulairepar Edna Blaise

Un chauffeur de bus assurant le trajet Carrefour-Feuilles - Centre-ville gare son véhicule dans un coin.

Sans aucune pudeur, il ouvre à demi la portière du véhicule, s’arrange de manière que personne ne le voie et libère sa vessie. Il arrose le sol de son urine. Il se fiche de qui peut l’observer. Son seul souci est de pisser. Il le fait pour ne pas mourir. Si quelqu’un osait lui demander pourquoi il fait cela, à coup sûr, il répondrait par cette interrogation : « Ou vle m kite pise a touye m ? » Dans l’extrême cas, ce dernier pourrait envoyer la personne « niquer sa mère ».

Cette pratique devient monnaie courante dans la société haïti-enne. Elle remonte à plusieurs années. Ces derniers temps, même des femmes, de manière plus élégante, se cache derrière une voiture pour se libérer. Pisser à ciel ouvert est perçu comme normal dans la société alors qu’un tel geste devrait être passible de sanctions. « Pourquoi l’anormal devient-il normal dans le pays ?» s’interrogent les esprits avisés. Les différents gouvernements successifs n’ont jamais pensé à gérer cette affaire. Cependant, l’avant-projet du nouveau code pénal haïtien prévoit dans son article 956 « une amende pour les contraventions de la quatrième classe à quiconque commet volontairement une action indé-cente dans un endroit public en présence d’une ou de plusieurs personnes ».

Le naturel du geste laisse indif-férents les passants, les politici-ens, la société civile qui ne daig-nent même pas se demander pourquoi des pissoirs ne sont pas conçus pour la satisfaction de ce besoin biologique.Le centre urbain de Port-au-Prince, comme c’est le cas de toutes les villes du pays, n’est pas aménagé pour offrir aux usagers les infrastruc-tures devant favoriser la satis-faction de certains besoins. Il n’y a pas de gares routières, de véritables parcs d’attraction dans le pays. Somme toute, des pis-soirs publics doivent être placés partout pour desservir les citoy-ens. Ainsi, estime plus d’un, on n’aurait pas à assister au geste qui porte atteinte à la pudeur. « Voilà pourquoi, semble-t-il, personne ne s’étonne de voir des gens sat-isfaire ce besoin biologique à ciel ouvert partout», laissent entendre certaines personnalités du pays.

Qu’on se rappelle le spot pub-licitaire diffusé sur la Télévision nationale d’Haïti après les travaux de rénovation qui interdisait aux citoyens de pisser sur le gazon des places publiques. Même s’il les invite à protéger le patrimoine matériel public, on ne prévoit pas les conditions qui rendraient légitimes les sanctions contre les violateurs. Donc, la légalité de l’interdiction et de la sanction que sa violation peut entraîner n’implique pas ipso facto leur légitimité au regard de l’absence d’infrastructures pour la satisfac-tion des besoins biologiques.

En d’autres termes, l’application des lois et des sanctions prévues pour leur violation devait nécess-iter des conditions d’applicabilité qui ne sont jamais mises en place. Conséquemment, le spot est tou-jours en diffusion sur la chaîne publique et les gens continuent de pisser à ciel ouvert. Ils ne le font pas sur le gazon. Mais dans les coins de rue, les corridors ou sur les pneus de leurs voitures.Si l’absence d’infrastructure dans les lieux publics peut expliquer ce comportement et même le légitimer à un certain point, il ne faut pas omettre de parler d’un manque d’éducation civique et morale des gens. Les gens igno-rent qu’à « la qualité du citoyen se rattache le devoir civique qui est l’ensemble des obligations citoyennes dans l’ordre moral, politique, social et économique, comme le mentionnent les arti-cles 52 et 52.1 de la Constitution. Ainsi, chaque citoyen aurait su qu’il a le devoir de respecter les lois selon le point b de l’article 52.1. Et par conséquent, aucun ne commettrait des gestes, comme celui de pisser n’importe où à ciel ouvert qui porterait atteinte à la pudeur et à la morale.

Si l’État a l’obligation de mettre des pissoirs publics dans les sta-tions de transports, les places publiques et dans tous les lieux publics, l’éducation civique et citoyenne des gens s’avère néces-saire. Ainsi, le geste qui porte atteinte à la pudeur ne sera plus perçu comme une norme dans la société haïtienne. Pisser est un besoin physiologique à satisfaire, parfois de toute urgence. Mais respecter la loi est un devoir. Il reste à espérer la mise en place des infrastructures qui per-mettraient à chaque citoyen de remplir ce devoir.

Pisser à ciel ouvert : une norme dans la société haïtienne par CHERISCLER Evens

En Haïti, on pisse partout, n’importe où et à n’importe quelle heure. Enfants, jeunes et vieux s’arrangent toujours pour satisfaire ce besoin physiologique à chaque coin de rue qui s’offre à eux et sans aucune pudeur. Au fil des ans, ces espaces jaunis par l’urine libèrent une odeur puante.

HAÏTI / ÉLECTIONS

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JEUDI 6 AOÛT 2015 N0 55 | 15SOCIÉTÉ

Le viaduc de Carrefour, peut-on encore l'espérer ? Par Ritzamarum ZÉTRENNE

Depuis la fin du mois de juin, les travaux de construction du viaduc au carrefour de la marine

haïtienne, à Carrefour, ont cessé. Il n’y a plus de bennes, de camions, de gros tracteurs et d’autres matériels liés à ces types de travaux. Plus d’hommes au travail, d’ingénieurs, de topographes, d’employés coiffés donnant l’impression que les travaux avancent. Le chantier est vide. La fondation déjà creusée, la ferraille déjà disposée sur le terrain sont les seuls éléments à prouver que les travaux ont commencé. Les séparateurs utilisés pour isoler le lieu de travail de la rue et des passants sont transformés désormais en panneaux sur lesquels s’affichent les photos des candidats.

Le viaduc de Carrefour est-il encore à espérer ? Telle est la question que se posent les habitants de cette commune. Il paraît qu’ils sont impatients de voir leur ville dotée de pareilles infrastructures. « Peut-être qu’ils ont abandonné le projet ! C’est leur habitude dans le pays. On ne termine pas toujours les projets », avance un homme qui vend des appareils électroniques aux abords du boulevard Jean-Jacques Dessalines, à proximité de la marine haïtienne. « Je suis ici tous les jours. Cela fait

un bon bout de temps que je ne vois personne travailler sur le chantier. Moi, je dis toujours à ceux qui manifestaient un grand engouement à voir cette réalisation qu’il fallait attendre», a ajouté cet homme d’une manière convaincue, comme pour marquer son scepticisme quant à la réalisation d’un tel projet.

Un conducteur de « taptap » qui assure la liaison centre-ville/Carrefour raconte que la construction de ce viaduc aurait été d’une grande utilité pour le transport dans la commune. Il a également fait savoir qu’une telle construction amplifierait la beauté de la zone et faciliterait davantage la circulation. « Si on le fait réellement, cela diminuera les embouteillages et embellira la commune. Mais on n’en est pas encore là », se désole-t-il. Aucun des citoyens rencontrés dans la commune ne veut croire que les travaux reprendront un jour, surtout en pleine année électorale. Aussi, cela provoque le regret de ceux dont les maisons ont été démolies dans le cadre de ce projet.

De petits commerçants qui utilisent les trottoirs pour vendre

leurs produits ne restent pas indifférents. « Le Président a voulu montrer qu’il fait quelque chose pour le pays, mais rien de sérieux », ont déclaré quelques-uns d’entre eux. Le trottoir qu’ils utilisaient autrefois est désormais un canal creusé par la compagnie dominicaine Estrella, chargée de réaliser ce projet. Mais malgré tout, ils se créent des espaces au milieu de ce canal pour continuer leurs activités.Le ministre des Travaux publics, Transports et Communications, Jacques Rousseau, a pourtant fait savoir, en 2014, que le viaduc de Carrefour serait inauguré au mois de septembre 2015. Vu la lenteur

exaspérante dans la réalisation et la matérialisation de ces travaux, les habitants de la commune de Carrefour ont déjà tiré leur conclusion.

La construction du viaduc, a fait savoir le ministre des Travaux publics, au cours d’une rencontre avec la presse, en octobre 2013, accuse un montant de 14 millions de dollars américains tirés des fonds Pétrocaribe. « Ces travaux qui doivent être exécutés par la firme de construction dominicaine Estrella devraient prendre fin avant ceux relatifs au viaduc de Delmas », avait rappelé le Ministre.

Cette nouvelle administration de l’État haïtien a promis de construire deux ponts à étagement (viaduc) dans la région métropolitaine. L’un sur la route de Delmas et l’autre dans la commune de Carrefour. Ces ponts devraient être construits dans le cadre du plan d’action pour le relèvement et le développement d’Haïti. Si le premier est en cours d’achèvement et attend son inauguration, le second, qui devait s’inaugurer au mois de septembre prochain, rampe encore à ses prémisses.

Vue partielle de l’emplacement du viaduc de la commune de Carrefour.

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16 | N0 55 JEUDI 6 AOÛT 2015

SOCIÉTÉ

Des ébénisteries pour sauver la production nationale Par Stéphanie Balmir

Du morne Lazare à l’avenue John Brown (Lalue), l’on rencontrera au moins trois ébénisteries. Ces

ateliers fabriquent des meubles de toutes sortes : chaises, tables, lits, entre autres. Bas Lalue, non loin de Poste-Marchand, des meubles sont exposés sur le trottoir, empêchant la circulation des piétons. Les autres, des passagers en majorité, attendent le transport public. Des voitures vont et viennent à la station d’essence. Dans le même espace fonctionne l’atelier de Bourdeau Theriel.

Cet homme de 40 ans est ébéniste depuis les années quatre-vingt-dix. Installé sur le parking de l’ancien « Lalue Supermarket » qui a pris feu quelques années plus tôt, il est accompagné d’environ 25 jeunes hommes qui ont appris le métier sur le tas. Dix-sept ans, depuis qu’ils jouent des pieds et des mains pour vivre de ce métier qui tend à disparaître.

Ce père d’une famille de quatre enfants avoue que la situation est très difficile. « Je vends des meubles par hasard. Les clients disparaissent les uns après les autres. ». Pourtant, il doit donner mensuellement environ 3 000 gourdes au propriétaire du terrain

sur lequel il travaille. Et c’est là le premier problème que pose Theriel : « Je n’ai pas de terrain où je pourrais travailler. Je dois payer le propriétaire du terrain tous les mois. Cependant, quand je ne vends pas, il me comprend et accepte d’attendre le prochain mois », lâche-t-il le regard lointain. Le deuxième problème découle de la concurrence qui affecte la production des meubles locaux. Il est à noter que la concurrence se divise en trois groupes : les showroom de fournitures de maisons, les meubles usagés (pèpè) qui envahissent le marché et les bois qui viennent de l’étranger. Theriel affirme ne pouvoir rien faire pour contrecarrer la concurrence. « Je ne fais que regarder les clients partir. Quand ils viennent, les prix qu’ils proposent sont inférieurs au coût des produits. Je ne peux pas vendre parce que je dois payer les autres et nourrir ma famille. »

En effet, plusieurs clients viennent, regardent les meubles et repartent sans rien acheter. « Ils me disent que le Blanc travaille mieux, que les « pèpè » sont moins chers et qu’ils préfèrent acheter leurs meubles dans les showroom parce que ces meubles sont de

meilleure qualité ». Malgré tout, Theriel continue de travailler.

En revanche, il argue que les meubles locaux sont de loin supérieurs à ceux importés puisque les bois dont ils sont fabriqués sont solides, durables, donc, faits pour l’ébénisterie. «Nous avons des bois exceptionnels pour la fabrication des meubles en Haïti.

Quand tu fabriques un meuble en acajou ou en chêne, il dure beaucoup. C’est toi qui en seras fatigué. » Par rapport au soleil et à la pluie dont les clients ont peur, l’ébéniste rassure : « Le vernis protège les meubles et contre le soleil et contre la pluie. Quand il pleut, je veille à ce qu’ils ne soient pas trempés. J’ai des bâches pour les protéger. »

Aussi fier qu’il soit de son métier et de ses meubles, le quadragénaire a laissé entendre qu’il a deux autres métiers. Pourtant, tout cela ne suffit pas. « J’ai trois métiers mais je ne peux pas subvenir facilement à mes besoins. Je vends des meubles rarement. La ferronnerie n’est pas non plus une grande source de revenus. Quant à l’électricité, n’en parlons pas. Pour nourrir ses quatre filles et sa

femme, Theriel fait des économies et achète des provisions en gros. « Quand je vends un meuble, j’achète du riz, de l’huile. Comme ça, les enfants ne mourront pas de faim. »

Pour cet ébéniste qui compte déjà dix-sept ans dans le métier, seuls les mois de novembre et de décembre apportent une bonne recette. Et ce, c’était il y a trois ou quatre ans. « Durant ces mois, je vendais au moins 25 000 gourdes de meubles. C’est différent maintenant. Je vends de moins en moins. Mais je reste confiant parce que je veux encourager la production nationale. »

Interrogés sur ses objectifs dans le métier, Theriel a répondu qu’il a deux grands besoins. D’abord, un atelier digne de ce nom et ensuite une maison d’exposition.

Le premier parce qu’il redoute de perdre ce terrain et le second parce qu’il aimerait avoir plus de clients. « Les Haïtiens aiment bien l’apparence. Peut-être que si j’avais un showroom, ils viendraient acheter en plus grand nombre ». Il s’appuie donc sur la promesse d’un candidat qui lui rendu visite il y a quelques jours pour réaliser ses rêves. « J’espère qu’il sera élu et qu’il tiendra sa promesse », ajoute-t-il les yeux pleins d’espoir.

Un jeune de l’atelier partage les réflexions de Theriel. « La situation est difficile mais nous gardons espoir. Nous devons subvenir à nos besoins, nous ne pouvons pas rester les bras croisés. » Il avoue ne pas vouloir faire partie de la catégorie de jeunes fainéants qui ont peur de travailler. « De nos jours, les jeunes ne veulent plus s’adonner à un métier manuel. Il n’y a que le plaisir et l’argent qui les intéressent. Voilà pourquoi nous avons la délinquance juvénile », argumente-t-il d’un regard sûr.

Bourdeau Theriel, les mains rougies par le vernis n’arrête pas de polir et de repolir le dossier d’une chaise. Il dit aimer son métier et n’être pas prêt à le lâcher pour quoi que ce soit. Il est conscient que beaucoup d’ébénistes ont déjà laissé tomber ce métier, mais il ne veut pas que les meubles importés aient le dessus. Les yeux fixés sur sa besogne, il lance un dernier message aux ébénistes : « Il ne faut pas vous décourager. Les choses sont difficiles mais nous devons continuer parce que c’est à nous d’encourager la production nationale. »

Les ébénisteries sont un peu partout dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Parfois, dans un espace fermé ou à même le trottoir, ces ateliers de fabrication de meubles en bois et en fer fonctionnent tous les jours. Mais en faisant face à des difficultés diverses.

Du morne Lazare à l’avenue John Brown (Lalue), l’on rencontrera au moins trois ébénisteries. / Photo : wildbirdscollective

Page 17: Journal le national #55 web

JEUDI 6 AOÛT 2015 N0 55 | 17CULTURE

« Le peuple haïtien est prêt à rece-voir, du 21 au 30 août 2015, Carifesta, le plus grand festival artistique de la Caraïbe », a

affirmé Philipe Dodard, le directeur artistique de ce grand évènement, au cours d’un entretien accordé au National. Monsieur Dodard a profi-té de cet entretien pour parler des préparatifs et expliquer minutieuse-ment le programme riche et varié de cette activité qui se déroulera à Port-au Prince, Gonaïves, Jacmel, Cayes et au Cap- Haïtien.

Le National : Monsieur Dodard, vous êtes responsable de la direc-tion artistique de la Carifesta. Parlez-nous un peu des prépara-tifs à quelque quinze jours de l’évènement.

Phillipe Dodard : les préparatifs

sont assez fiévreux, je pourrais dire. Il y a plusieurs constructions qui sont en train d’être réalisées dans cinq villes différentes où se tiendra la Carifesta. C’est tout un comité réparti en plusieurs sec-tions qui travaille sur les dix dis-ciplines artistiques prévues dans le cadre de ces festivités et qui s’active à réaliser ce festival inter-national avec la participation de 23 pays membres de la Caricom et sept pays non membres, comme le Mexique, la Guyane, Cuba, etc.

Il y a des pays qui ont des représentants assez importants, comme Antigua, qui aura une délégation de 130 personnes, le Surinam 100 et Trinidad 80 représentants. Sans oublier la Bar-bade où se déroulera l’évènement l’an prochain qui a également

une délégation assez importante. C’est pourquoi le Comité travaille très dur pour combler toutes les attentes

LN « Monsieur Dodard, parlez-nous maintenant des activités prévues dans le cadre de la Cari-festa.

PD : Carifesta sera pour nous une grande opportunité pour montrer la diversité culturelle de notre pays. Cent vingt et une activités sont prévues. Nous aurons à Port-au Prince lors de l’ouverture de ce festival une parade au kiosque Occyde Jeanty. Il y aura aussi le Ciné Triomphe qui accueillera des spectacles et des projections ciné-matographiques.

Sur la place des Artistes et à la place Pétion, il y aura une grande foire. Sur ces sites, nous comptons dresser un podium pour des spec-tacles en plein air tous les jours. En même temps, sur ce podium, il y aura des spectacles de danse, de musique, des défilés de mode, des expositions artisanales avec tous les pays invités et Haïti.

Pour les jeunes, il y aura différents programmes qui leur seront dédiés, parmi lesquels le Youth programme au Bureau national d’ethnologie qui profitera de cette occasion pour ouvrir son musée de vaudou. Une très grande activ-ité sur la gastronomie flattera tous les palais. Il faut aussi noter que la Bibliothèque nationale d’Haïti organisera un symposium pour les écrivains.

Au Palais municipal de Delmas, au Centre sportif de Carrefour, il y aura beaucoup d’activités. Les autres villes retenues pour la Cari-festa seront le théâtre de plusieurs évènements. Au Cayes, il y aura le festival de musique Soukous, reggae, compas, etc. À Jacmel, il y aura des visites au Musée du car-naval et des bals à la Convention. Aux Gonaïves, les Lakou Soukri, Souvenance seront à l’honneur. Au Cap-Haïtien, il y aura le Jubilé de la reine, qui sera présenté par des paysans de Limonade qui présen-teront les traditions conservées dans le grand Nord.

LN : Quelles sont les retombées d’une telle festivité pour notre

pays ?

PD : Des retombées positives, parce que nous allons faire la promotion de la culture d’abord et placer la culture au cœur du développement, un développent intégré qui peut rayonner à trav-ers tout le pays et créer des inter-actions entre tous les pays de la Caraïbe. Il s’agit de développer culturellement la Caraïbe qui est une destination touristique, mais faire aussi de la culture un marché économique.

LN : Quels sont les groupes, les artistes, les écoles de danse qui seront attendus ?

PD : Nous aurons plus de 500 artistes qui seront accompagnés des officiels des gouvernements de ces différents pays. Les touristes de la Caraïbe seront chez nous. Nos hôtels seront remplis. Plus de 2 000 personnes sont atten-dues pour dépenser de l’argent en achetant des produits culturels et participer à cette grande fête. Carifesta va prouver qu’Haïti peut recevoir et organiser de grandes manifestations culturelles.

Concernant les artistes, je ne peux pas vous dire le nombre exactement. On ne peut avoir tout le monde. Haïti est un pays d’artistes. Ce n’est pas un festi-val haïtien seulement. Les grands ténors du compas seront là. Le rap, les groupes racines, l’Enarts, le jazz, les gospels et les différen-tes institutions du ministère de la Culture seront représentés

LN : Quel groupe clôturera la Carifesta ?

PD : La clôture est réservée à Haïti et les autres pays. Il y aura la passation du bâton par le pré-sident Martelly à la Barbade qui organisera l’évènement l’année prochaine. La finale va se faire par la Barbade une fois que le Prési-dent aura passé le bâton, le festi-val ne sera plus à nous. Carifesta sera un moment spécial. Après le tremblement de terre, nous avons beaucoup lutté pour nous relever. Ce festival est une occasion pour montrer notre côté convivial afin qu’il ouvre une porte pour Haïti, pour nos artistes et nos opérateurs culturels.

Philippe Dodard, directeur artistique de la Carifesta XII. / Photo: dezobri photography

Carifesta : un festival pour montrer la diversité culturelle de notre pays Par Schultz Laurent Junior

Page 18: Journal le national #55 web

Le grand marché caribéen, le Festival des arts de la Caraïbe (Carifesta) XII, qui aura lieu en Haïti du 21 au 30 août,

annonce l’arrivée de plusieurs écri- vains du sous-continent et de person-nalités politiques.

Les derniers bulletins de la Cari-festa XII, ont annoncé l’arrivée de l’écrivain trinidadien Earl Lovelace qui interviendra dans le symposium qui se tiendra les 25 et 26 août, à la Bibliothèque natio-nale, de 9 heures à 16 heures, autour du thème « La Caraïbe, une mémoire collective ».Earl Lovelace est l’un des plus grands écrivains de la Caraïbe. Il fait partie des plus grands du

monde anglophone tout court. Il a fait des études à l’Université Howard à Washington, puis à John Hopkins, à Baltimore. Il a enseigné dans plusieurs universités améri-caines. Il a connu la notoriété en 1979 avec « La danse du dragon » (The dragon can’t dance), un roman centré sur la vie d’Aldrick Prospect, un homme qui passait son temps à créer son costume de dragon pour le carnaval annuel.

Une grande fresque de la commu-nauté trinidadienne aux prises avec des tensions raciales et un lourd héritage colonial.Earl Lovelace est aussi président de l’Association des écrivains de la Caraïbe. Lovelace sera key

note speaker aux côtés de Carol Boys Davis, présidente de Carib-bean Studies, Tierry Letang, directeur scientifique d’ACTe en Guadeloupe (Centre caraïbéen d’expression et de mémoire de la traite de l’esclavage).

Du côté haïtien, nous aurons Lyonel Trouillot, vice-président de l’Association des écrivains de la Caraïbe, écrivain et profes-seur à l’Université d’État d’Haïti ; Laennec Hurbon, sociologue, chercheur au CNRS (Centre national de recherches scienti-fiques, France), spécialiste des rapports entre religions, cultures et politique en Haïti et dans la Caraïbe.

Beaucoup de personnalités, min-istres, chefs de gouvernement, maires des pays de la région annoncent leur arrivée pour par-ticiper à Carifesta. Le dernier en date à avoir confirmé sa présence est le vice-maire de Miramar, en Floride, Madame Darline B. Riggs, qui dit dans sa lettre d’intention que Carifesta n’est pas seulement la célébration de nos racines, notre culture, notre avenir commun mais aussi une merveilleuse opportunité pour les milliers de visiteurs qui vont y participer de découvrir la riche culture d’Haïti, ses traditions, sa musique, sa nourriture, son peuple. Elle conclut en appelant tout le monde à supporter ce mag-nifique événement.

Sont attendus aussi pour cette grande fête de la Carifesta XII, le commissionner Dale Holness, Broward County, le Chairman of Miami Dade Board of County Com-missioners Jean Monestime, com-missionner Keon Hardemon, City of Miami, District 5, le maire de North Maimi, Smith Joseph, le directeur de la Culture de Little Haiti, Sandy Joseph, une déléga-tion de la Haitian American Cham-ber of Commerce of Florida, une délégation de la Hatian American Chamber of Commerce of Fort Lauderdale/Palm Beach.

18 | N0 55 JEUDI 6 AOÛT 2015

CULTURE

Les grands invités de la Carifesta PAR Walcam

L'Envers des rives de Jean Euphèle Milcé Par Wilbert Fortuné

Publié aux Éditions Presses nationales d’Haïti dans la col-lection Souffle Nouveau, en septembre 2007, « L’Envers

des rives » est un recueil de nouvelles (dix en tout) de Jean Euphèle Milcé, écrit autour de l’exil, des préjugés et des incertitudes. Dès la première nou-velle, on est happé par une écriture poétique et moelleuse, un pouvoir de dire qui décape les sens, qui tue l’ennui et charme les yeux.

La première nouvelle «Et… Dieu créa l’heure » nous raconte l’histoire d’un pasteur modèle qui, contrairement à monsieur tout le monde, travaillait le jour consacré et se reposait le reste de la semaine. L’histoire est racon-tée par le fils du pasteur qui l’accompagne dans le nord-ouest d’Haïti, dans un petit village à l’extérieur de la vie alors qu’il devait présider une cérémonie spéciale de baptême et de récep-tion de nouveaux membres. L’on découvre rapidement qu’entre administrateurs d’église, les Saintes Écritures ne sont pas le leitmotiv. Ce qui pousse ce pas-teur à être un maniaque de la dis-cipline du fait qu’il est à la tête

d’une entreprise qui assure aux fidèles « gros orteils » la parole de Dieu version Louis Segond et la nourriture « Not to be sold », don des États-Unis d’Amérique. Le frère Esdras a décidé que le culte commencerait non à la nouvelle heure officielle mais à l’ancienne heure, car Dieu est au-dessus des lois humaines.

Ce sera tout un combat pour le pasteur habitué à rouler sans prendre de raccourcis, tout un combat autour du temps entre le frère Esdras désireux de remplac-er le pasteur et celui-ci, qui tient à ses privilèges et prérogatives.

La deuxième nouvelle « Il pleut l’ailleurs » est l’histoire d’une femme, une Suissesse, qui rentre à Port-au-Prince avec son fils pour aller se recueillir sur la tombe de son mari, un poète triste, le jour de la fête des Morts. Ce fils découvre grâce à sa mère le part-age d’une terre pauvre, cabossée par l’érosion et les malheurs. Il découvre ses origines de métis du monde, bâtard de deux pays, que ce pays n’est pas si barbare qu’on le prétend mais que la cul-

ture de ce pays, jusque dans sa manifestation la plus incomprise, est une autorité qui impose à tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont abordé Haïti. Il apprend que dans ce pays aux mille anti-chambres les morts peuplent la mémoire et que les disparus ne vivent pas dans la peur de l’oubli.

La nouvelle « Encre de Mars » est un plaidoyer autour de l’acte d’écrire, un cri pour essayer de guérir les maux, se parler, s’entendre, se comprendre. « Le premier qui chute n’est pas d’ici » est une trame entre Paola, une résidente légale, et Carlos, un clandestin, qui assistent tous deux tristement à l’avènement du jour de l’An en ayant du champagne, des champions à la maison.

De quoi est fait notre quotidien sinon d’absence de solidarité à cause de l’insécurité, sinon de voix qui nous promettent le paradis si nous acceptons le repentir, sinon de bouteilles aux mille vertus, sinon d’hommes-femmes baladeurs, marchands de rêves ? C’est tout ce que décrit la nouvelle « Et… mes mémoires

molles ». Ne sommes-nous pas nourris de souvenirs, de beautés et d’émerveillements ? Ne con-naissons-nous pas quelquefois le besoin de retrouver des traces de l’histoire écoutée avec des étince-lles dans les yeux ? Cela s’appelle « Habiter désir ».

Il nous est permis de comprendre dans « Faux Midis ! » que la vie pour laquelle on nous préparait a échoué vers d’autres horizons, d’autres plages-réalités. Entre se réfugier derrière les murs pour se rendre invisible, la vie de l’autorité et la vie de nulle part, les trois dernières nouvelles « Guigoz sans frontière », « Des Maux dans la marge » et « La photo du père » nous portent à réfléchir sur l’exil tant intérieur qu’extérieur.

L’écriture poétique de Milcé est d’une telle succulence que l’on se dit qu’il faut rapidement trouver ses autres cadeaux à l’humain, car Jean-Euphèle Milcé ne peut être qu’un homme avec un trop-plein d’amour, un prédateur généreux, aurait dit Lyonel Trouillot. Il est du devoir de chacun d’étancher sa soif dans L’Envers des rives.

Page 19: Journal le national #55 web

JEUDI 6 AOÛT 2015 N0 55 | 19CULTURE

De la culture haïtienne (Éloge et décadence) Livre de Pierre Raymond Dumas 3e partiePar Marie Alice Théard

Un chapitre est consacré à la photographie et à la pho-tographie en noir et blanc. Hommage est rendu à Jean

Guéry et aux autres pionniers de la photographie artistique. Il est égale-ment question de Daniel Morel et de la photographie journalistique, de Frantz Michaud et de sa sensibilité vertueuse investie dans une collection historique. Nous retrouvons Raphaëlle Castera, Taino L, l’excellent musicien et patriote Lesly Alphonse, Claude Saint Rome, l’artiste peintre et aiguil-leur du ciel, partageant la découverte de nos richesses naturelles et histo-riques.

Trois activités nationales, le car-

naval, le baccalauréat, les élections

révèlent leurs organisations, coûts et

préparatifs. La cause de la disparition

des bals masqués et des méringues

carnavalesques, Webert Sicot, Shleu,

Shleu, Bossa-Combo, les bandes et

groupes à pied, Boukman Expery-

ans, King Posse, Gros Lobo, Gypsy,

Team Lobey, T-Miky, Raram, Olivier

Martelly, Barikad Crew, etc. Pierre

RaymondDumas fait une analyse des

coulisses du carnaval, de la fonction

des membres du jury et de l’influence

de cet événement sur la conscience

du public, issu principalement des

quartiers populaires, des bidonvilles

et des ghettos. L’auteur plaide pour

un carnaval rénové, source de reve-

nus substantiels pour la communauté.

Évoquant la nourriture, il écrit : « De

tous les goûts, il y en a un qui nous

échappe, qui est mis de côté sur le plan

de la réflexion : la cuisine locale - notre

patrimoine alimentaire et culinaire. Au

même titre que la médecine tradition-

nelle, la cuisine haïtienne, menacée

par les influences majeures du modèle

unique occidentale. Nos traditions se

perdent ou sont en voie de disparition.

» Il nous dit Niniche Gaillard, Paule

Duncan, Edwige Kenn de Balenthazy,

Le Rond- Point Night-Club, Magrite,

Chez Maxime, La Réserve, Kinam,

Harry’s Hotel, Le Moncel, chen janbe

ou Arlequin, tomtom ak sòs kalalou,

riz aux haricots, riz au lalo, La Maison

ménagère d’Anne Marie Desvarieux,

l’École Hôtelière fondée en 1954, etc.

Pierre Raymond Dumas dissèque la

danse folklorique haïtienne et nos

métiers d’art, les curiosités, l’artisanat

décoratif, L’apah et Martine Blanchard,

la sculpture, le Design, l’architecture

extérieure et intérieure, le mobilier

et Les ateliers de Raymond Ménos, la

mode avec Yolande Montas, Madeline

Ledan, Ralph Prophète, Maguy Durcée,

Phélicia Dell. Un chapitre est consacré

à la régression culturelle et politique

en Haïti.

Voulant vous ménager le plaisir de cer-

taines rencontres, cette préface évite

l’inventaire exhaustif. Quant à la post-

face de l’auteur, c’est un véritable cri

d’alarme et un stimulant pour notre

sentiment d’appartenance. En annexe,

il offre un cadeau précieux pour ceux

qui font des recherches ou veulent

se familiariser avec la culture haïti-

enne, en incluant un répertoire des

sites touristiques et historiques, une

bibliographie indicative, le calendrier

des fêtes champêtres ou patronales,

l’index des notions et concepts, etc.

Cet analyste rigoureux ne nous laisse

pas avec la dure vérité d’une nation

sans souci patriotique ni passion du

bien public. « De la Culture haïtienne

: Éloge et décadence », indique le point

de départ et le sémaphore à suivre

pour résoudre cette crise. Nous y lisons

« les solutions concrètes et efficaces

de l’analphabétisme et aux structures

éducatives déficientes de notre société,

en diversifiant les champs de recher-

ches et d’enseignement ».

Nous sortons de ce livre admirable, «

De la Culture haïtienne : Éloge et déca-

dence », avec le sentiment de partager

un moment unique et enrichissant de

notre histoire de peuple : l’espoir est

encore à l’orée du chemin. Nous remer-

cions Pierre Raymond Dumas de si

bien le définir.

BAIN DE LUNE / YANICK LAHENS

Faubert Bolivar : un écrivain sans orgueil Propos recueillis par Dangelo Néard (notre envoyé spécial en Europe)

1. Faubert Bolivar, vous êtes poète, profes-

seur de philosophie et homme de théâtre.

Vous avez reçu en 2013 une mention

spéciale du jury du Prix Deschamps pour

votre pièce La Flambeau. Nous voici ici

à Limoges, à la maison des auteurs des

francophonies en Limousin où vous faites

une résidence d’écriture. Qu’écrivez-vous

maintenant ? Et quel sens a pour vous le

concept même de résidence d’écriture ?

Je suis très heureux de vous recevoir en

ce lieu que vous avez déjà présenté et

je me sens honoré de l’opportunité que

vous m’offrez de m’adresser aux lecteurs

et lectrices du National. Pour répondre

à la première partie de votre question, je

suis ici pour terminer un projet d’écriture

pour lequel j’avais eu un prix fin 2013, le

prix Marius Gottin du meilleur texte en

langue créole. Ce prix est décerné tous

les deux ans par ETC-Caraïbe (Écritures

théâtrales contemporaines en Caraïbe). Je

l’ai obtenu pour ma pièce Mon ami Pyero.

Ayant eu l’occasion de mener à bout ce

projet d’écriture, j’ai aussitôt traduit la

pièce finie en français. Ce qui fait qu’au

final la pièce primée est arrivée avec sa

sœur jumelle, Mon ami Pierrot. Comme

il n’y a jamais deux sans trois, dit-on, j’ai

lancé le premier jet d’une nouvelle pièce

dont je ne parlerai pas pour le moment.

Vous savez, j’avais besoin de cette rési-

dence d’écriture. Vous aurez remarqué

que c’est en 2015 que j’ai la chance de

terminer une pièce commencée en 2013.

C’est qu’à la maison, je suis constamment

sollicité par les tâches professionnelles

et domestiques. Ce qui ne me laisse pas

le temps de me plonger dans le temps de

l’écriture, l’écriture de longue haleine,

puisqu’à la maison j’arrive quand même

à conduire des projets d’écriture qui ne

demandent pas beaucoup de souffle. Ici,

j’ai cette possibilité de me régler sur le

temps de la création. De partager mon

temps entre le lit et la table de travail.

Ce que je ne peux pas me permettre de

faire chez moi, chez mes enfants, chez

mon épouse. Vous savez, je pense que les

enfants, la famille ont besoin qu’on leur

consacre du temps. Je comprends par-

faitement certaines femmes quand elles

témoignent de leur difficulté à concilier vie

professionnelle et vie familiale.

2. Une journaliste française a dit tout

récemment que vous étiez « dans les pas de

Sony Labou Tansi ». Comment situez-vous

la ligne de votre théâtre par rapport à celle

de ce grand monsieur du théâtre africain ?

Oui, j’ai effectivement dit à Annie Devaux

qui m’interviewait que mon admiration

pour Sony-Labou Tansi, à l’époque où je

demeurais en ses écrits, devait être du

même ordre que celle qui anime un fan de

foot pour un joueur exceptionnel, comme

Pelé ou Maradona. J’ai rencontré l’œuvre

de cet immense artiste adolescent grâce

à la Bibliothèque de l’Institut français

d’Haïti. Je me rappelle par exemple une

fois, en classe de seconde ou de première,

où mon professeur a refermé avec autorité

et bienveillance un roman de Labou-Tansi

que je lisais alors qu’il nous faisait cours.

Ce professeur n’était nul autre que Victor

Benoit, maître Ben. Un homme à qui je

dois beaucoup. Ce n’est pas (que) mon

théâtre qui se situe par rapport à celui de

Labou-Tansi. Sony Labou-Tansi a été, sur le

plan de l’écriture, mon maître. J’en ai (eu)

d’autres. Ce qu’il m’a apporté, c’est la con-

science que l’écrivain est celui qui invente

sa langue, le débordement de l’imagination

et la critique sociale et politique. C’était

un magnifique faiseur de monde. « J’écris

pour qu’il fasse homme en moi », procla-

mait-il. J’essaie de ne pas oublier la leçon.

J’ai la chance d’être à Limoges l’année où

le Festival rend hommage à cet homme.

« L’histoire fait mal au rire », c’est cette

phrase de lui qu’on a reprise pour présent-

er le festival qui s’ouvrira le 23 septembre,

jour de mon anniversaire.

4. Le vodou est au cœur de votre pièce

La Flambeau. Sans trop dévoiler, il s’agit

carrément d’une bonne qui zombifie son

patron. Quelle place a le vaudou dans la

vie d’un monsieur comme vous ? Êtes-vous

vodouisant en d’autres termes ?

Je dis souvent à mes élèves en Martinique

que je suis vodouisant à 300 %. C’est une

manière pour moi d’assumer cette part

de notre héritage et de la valoriser à leurs

yeux. J’étudie avec eux la prière de Bouk-

man, un admirable morceau de théologie.

D’un bout à l’autre de la prière, il apparaît

que le vrai Dieu, le Dieu d’amour, le bon

Dieu ne peut pas être le dieu du maître (au

contraire, ce dieu c’est le diable car il a des

intentions injustes et maléfiques), mais le

Dieu des captifs. Nous avons beaucoup à

apprendre du vaudou. Nous avons beau-

coup à apprendre sur nous-mêmes. Nous

avons à connaître nos forces. Le vodou est

incontournable. Quant à savoir si je suis

vodouisant, je ne suis pas sûr qu’un pra-

tiquant de cette religion me reconnaisse

comme tel.

5. Vers quel univers mène votre théâtre

? Quelles sont vos prétentions d’auteur ?

J’écris sur tout ce qui est à ma portée

d’homme, de citoyen. Je ne me vis pas

comme un auteur. Je suis un homme

qui doute, qui interroge, qui fait passer

des idées, des émotions. Par la force des

choses, je suis enraciné en Haïti. Naturel-

lement, je parle d’Haïti, mon pays. C’est le

seul que je connaisse. Rédigeant un essai,

un article ou préparant un cours, j’essaie

de toucher par ma parole mes « frères

humains », mes sœurs humaines.

6. Entre le possible mal du pays et une

intégration réussie en Martinique, est-ce

que vous comptez retourner vivre en Haïti

?

(Je ne compte pas de manière générale.)

Je n’ai pas le projet de m’installer en Haïti

pour le moment. Néanmoins, c’est mon

pays, je peux y revenir n’importe quand.

Pour une raison ou pour une autre. Toute-

fois, puisque nous en avons parlé avant

l’interview, il ne faut pas qu’on adopte

l’attitude facile consistant à opposer les

Haïtiens qui vivent en Haïti à ceux qui ne

vivent pas en Haïti. À mon avis, rares sont

les Haïtiens, où qu’ils se trouvent, qui ne

vivent pas en Haïti. Autre chose, François

Duvalier qui n’a vécu qu’en Haïti, hors

un court séjour aux États-Unis, a vendu

les Haïtiens aux Dominicains. Edwige

Danticat, qui a peu vécu en Haïti, prend

aujourd’hui la défense des Dominicains

rendus apatrides parce que d’origine haïti-

enne. Nous devons cultiver une meilleure

intelligence des choses. Pour le pays. Pour

le drapeau. Reconnaître et rassembler les

fils et filles d’Haïti. Je suis Haïtien, aucune

puissance au monde ne pourra m’enlever

ce droit. Comme je vous ai dit au cours des

échanges amicaux que nous avons eus ce

week-end : chez moi, en Martinique, ma

fenêtre s’ouvre sur Haïti.

INTERVIEW

À mille lieues du profil du jeune auteur haïtien « black symbole », grand viveur à l’allure glamour, Faubert Bolivar, écrivain timide mais brillant, travaille le réel pour y trouver sens, déroute et lieux de silence. Nous l’avons rencontré pour vous en France.

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20 | N0 55 JEUDI 6 AOÛT 2015

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JEUDI 6 AOÛT 2015 N0 55 | 21SPORT

HANDISPORT / JEUX OLYMPIQUES SPÉCIAUX

Performance royale de la délégation haïtienne !par Kenson Désir

La participation d’Haïti dans les Jeux olympiques spéciaux d’été 2015 a été un succès. Nos représentants ont livré des per-

formances remarquables au niveau de l’athlétisme, pétanque, tennis de table et football. Pour remporter ces douze médailles, nous avions pu compter sur la bonne forme de l’équipe fémi-nine haïtienne avec notamment Jean Marcelly Dashely qui a remporté, en athlétisme, une médaille de bronze pour le 50m ; médaille d’argent pour le 100m et médaille d’or pour le 200m ; Charles Widjimy, médai-lle d’argent pour le 200m ; Joseph Renia, médaille d’or pour le 100m.Ceux qui suivent de près le sport haïtien sont unanimes sur le fait que c’est la plus grande prestation réalisée par des sportifs haïtiens.

Le directeur sportif national du spécial olympique Bony Georges, a rappelé le double l’importance du mouvement en félicitant ses athlètes pour ce qu’ils ont accomplir « Le mouvement a un caractère social, car il permet à ceux qui ont une déficience intellectuelle de s’intégrer dans la société. Nous avions participé à ces Jeux avec l’objectif de briller. Ce résultat est le fruit du bon travail réalisé dans le Spécial olympique. Ils savaient pour qu’ils aient cette place, il fallait réaliser de bons résultats. Et ils ont prouvé qu’ils peuvent représenter dignement le pays en dépit de leur déficience intellectuelle. Ils peuvent accomplir des merveilles sur le plan sportif s’ils se sentent encadrer et aimer par la société », a-t-il dit, il a par ailleurs déclaré que le Spécial olympique haïtien peut encore mieux faire si certaines conditions sont réunies. « À ce jour nous avons seulement 1500 athlètes. Nous réclamons

le support de tous pour élargir notre champ d’intervention sur le territoire national. Aujourd’hui nous avons un centre de pratique au Cap-Haitien, un autre dans la ville des Cayes et à Jérémie. Nous espérons que d’ici quelques années nous en aurons sur les dix départements du pays. Nous profitons pour remercier tous ceux qui ont contribué à la préparation et la participation de nos athlètes dans ces Jeux, particulièrement le bureau du Secrétaire d’État à l’intégration des personnes handicapées, Gérald Oriol Jr. Et déjà on va mettre le cap sur la prochaine édition qui se déroulera en 2019 », a conclu Bony Georges.

Le président du Comité national paralympique et spécial Olympique, Jean Chevalier Sanon, a profité du coup de projecteur pour attirer l’attention de plus d’un sur la nécessité d’encadrer les personnes souffrant d’une déficience

physique et intellectuelle. « Notre performance est arrivée à un moment où nous multiplions nos efforts pour améliorer la situation sportive de ces personnes. Nous avons quelques partenaires qui nous ont fidèlement supportés, mais je suis convaincu que ce secteur n’est pas encore traité à sa juste valeur. C’est le moment pour tout le monde de voir l’importance de nous encadrer dans notre initiative de la mise en valeur des personnes en situation de déficience intellectuelle », a martelé l’initiateur du spécial olympique en Haïti.

Plusieurs secteurs de la société ont levé la voix pour saluer cette participation réussite de la délégation haïtienne. Le président de la république Michel Joseph Martelly a salué le talent et l’exploit réalisé par la délégation haïtienne. Le chef de l’État se dit croire qu’indépendamment de leur sexe, de leur niveau social ou

intellectuel, tous les jeunes d’Haïti doivent avoir la même chance et les mêmes opportunités dans la société pour mettre en valeur leurs talents et leurs aptitudes.

Sous l’égide de Jean Chevalier Sanon, le spécial olympique a fait son apparition dans le pays en 2003. Depuis lors nous avions participé dans trois jeux olympiques spéciaux d’été. Pour notre première participation, nous avions remporté une médaille d’argent et une en bronze. Notre deuxième a été sans succès en 2011. Avant d’atteindre le sommet cette année en terre américaine.

À rappeler que ces Jeux olympiques Spéciaux d’été sont organisés depuis 1968 pour les personnes à déficience intellectuelle, Pour l’année 2015, ces jeux ont réuni plus de 7000 athlètes, 3000 entraineurs, 177 pays, et plus de 30 mille volontaires.

Six médailles d’or, quatre en argent, deux médailles de bronze, tel est le bilan d’Haïti dans les quatorzièmes Jeux olympiques spéciaux d’été 2015 qui se sont organisés du 25 juillet au 2 août 2015 à Los Angeles 2015 (États-Unis). Pour réaliser ces résultats, le spécial olympique haïtien avait compté sur une délégation de 26 athlètes regroupant quatre disciplines sportives, athlétisme, pétanque, tennis de table et football.

Le secrétaire d’État Gérald Oriol Junior et les médaillés pour une photo souvenir. / Photo : communication.gouv.ht

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Le 1er août dernier, la Caravane de boxe devait faire un arrêt à la place du Canapé-Vert mais la Fédération haïtienne de

boxe amateur (FHBA) a dû annuler cette escale à la dernière minute pour cause de moyens économiques. Contacté au téléphone, le président de la Fédération haïtienne de boxe amateur (FHBA) Pierre Eddy Daniel a fait savoir que le Ministère n’a pas respecté ses promesses parce qu’il n’a pas donné les moyens financiers pour cette deuxième journée de la Caravane. « La IVe édition était prévue pour le premier samedi du mois de juillet. Mais le Ministère nous avait demandé de la reporter afin de participer à la Coupe de la présidence. Ce que nous avons fait et le coup d’envoi était donné le 26 juillet dernier à la place Sainte-Anne. Le Ministère devait faire lui-même le lancement mais les responsables ne s’étaient pas manifestés. Le Ministre en personne avait invité Évens Pierre pourtant il ne s’était pas présenté pour saluer le champion. Dommage ! Pour le lancement, le Ministère nous a donné 250 mille gourdes et nous avons attendu en vain une 2e tranche pour notre escale à Canapé-Vert. Nous avons envoyé des correspondances et nous avons appelé afin de savoir pourquoi nous n’avons pas reçu le montant, mais personne ne nous a répondu », a déploré Pierre Eddy Daniel qui a ajouté que c’est pour la première fois que sa Fédération se trouve dans de beaux draps. «Nous avons réalisé les trois éditions précédentes avec le support du secteur privé. À chaque

fois, c’était une réussite. Cette année, nous sommes dans le pétrin. Nous avons prévu d’organiser 17 caravanes qui devaient coûter sept millions de gourdes. Mais le Ministère nous a demandé d’en faire huit et a promis de donner un million de gourdes. Jusqu’au moment où je vous parle, la Fédération a reçu seulement le montant évoqué là-haut (250 mille gourdes). Actuellement, nous ne savons pas comment nous allons faire puisque les sponsors refusent de nous accompagner ».

Monsieur Daniel a aussi fait savoir que sa fédération a dépensé beaucoup d’argent pour la deuxième escale de la Caravane de boxe. « Une semaine avec notre 2e arrêt, la Fédération a mis des banderoles sur la place du Canapé-Vert pour sensibiliser les riverains et a payé un « Disc-jockey » (DJ) pour assurer l’animation. « Ce sont des dépenses inutiles que nous avons faites », a-t-il martelé.

Des échéances internationales pour la boxe

Malgré le fait que la Caravane de boxe connait des situations difficiles, le président de la FHBA ne se décourage pas et commence à préparer les activités internationales de la boxe haïtienne. Dans les mois à venir, Haïti doit participer aux éliminatoires des JO 2016 et pour bien représenter le pays, le président de la FHBA envisage de mettre sur pied deux ligues

dans la diaspora afin d’organiser des compétitions et de trouver de meilleurs athlètes pour intégrer la Sélection nationale devant prendre part aux éliminatoires des JO 2016. « Nous allons former les ligues du Canada et des États-Unis à travers lesquelles, nous comptons organiser une compétition avec les boxeurs haïtiens qui résident dans ces deux pays. Ensuite, nous organiserons en Haïti un grand championnat avec les champions de cette compétition ainsi que les boxeurs d’Haïti pour déterminer nos futurs représentants aux éliminatoires des JO 2016 », a informé le président tout en annonçant la participation de la boxe haïtienne à un tournoi international qui se tiendra à Porto Rico à la fin du mois d’août. Il faut signaler qu’en novembre prochain, les boxeurs prendront part à la Copa Romana en République voisine. Le président rêve de glaner plusieurs médailles et en décembre prochain, la Fédération compte se rendre au Canada pour une compétition internationale.

Un tournoi pour unir le peuple de l’île

En vue de promouvoir la fraternité entre Haïti et la République dominicaine, le président de la FHBA a fait savoir que sa Fédération et celle du pays voisin sont en train de travailler sur un projet afin d’utiliser la boxe pour faciliter le rapprochement des deux peuples. « Mon homologue dominicain et

moi comptons organiser à la fin de l’année « la soirée de la fraternité » afin de montrer aux deux nations qu’elles peuvent utiliser le sport comme vecteur de rapprochement parce que nous sommes condamnés à vivre sur cette même île », a relaté Pierre Eddy Daniel.

La boxe au service des handicapés

Le handisport a toujours été utilisé dans un objectif thérapeutique pour la rééducation des personnes handicapées. Le handisport est une activité de loisir et de compétition. Afin de favoriser l’intégration des milliers de jeunes souffrant d’un handicap physique, la Fédération haïtienne de boxe amateur est en train de faire la promotion de handiboxe. Lors de la première escale de la Caravane, des boxeurs vivant avec un handicap avaient donné une exhibition sur des chaises roulantes. « Ils font partie de la société. Nous croyons en leur intégration. C’est pourquoi nous avons décidé d’intégrer le handiboxe dans notre programme. Nous allons l’implanter dans toutes les régions pour aider les handicapés à réintégrer la société», a-t-il déclaré.

À part ces activités, la Fédération haïtienne de boxe amateur (FHBA) envisage d’organiser des séminaires de formation pour ses arbitres et les journalistes à la fin du mois en cours.

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SPORT

Une phase de combat lors de la première journée de la Caravane. / Photo Ruben Chéry

BOXE / COUPE DE LA PRÉSIDENCE

Situation difficile et délicate pour la Caravane de boxe par Gérald Bordes

Après avoir lancé la IVe édition de la Caravane de boxe le samedi 26 juillet écoulé sur la place Sainte-Anne dans le cadre du programme dénommé « Coupe de la présidence » patronné par le ministère de la Jeunesse des Sports et de l’Action civique (MJSAC), la Fédération haïtienne de boxe amateur se trouve dans l’impossibilité de poursuivre ses activités. La Caravane n’a pas pu faire escale le samedi 1er août dernier à la place du Canapé-Vert parce que le ministère des Sports n’a pas respecté ses engagements.

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Avec un chiffre fantastique de 48 victoires dont 26 par knock-out, le Pretty Boy (Floyd Mayweather) tentera

de conserver son parcours sans faute face à un rude concurrent, André Berto, qui a aussi une très bonne statistique: 3 défaites,30 victoires dont 23 par knock-out.

Money (le surnom de Floyd) prend déjà son match à fond. « Je suis prêt à retourner sur le ring le 12 septembre pour prouver une fois de plus à toute la planète que je suis le meilleur de tous les temps. Je donne toujours le meilleur de moi-même et ce combat contre André Berto ne sera pas une exception, » a déclaré Mayweather avant de dire quelques mots sur son futur adversaire : « Il est un jeune et puissant boxeur qui se met à l’idée de renverser le champion. Quarante-huit autres ont essayé

avant lui et le 12 septembre, ça fera quarante-neuf », conclut-il.

Le président de la Fédération haïtienne de boxe amateur Pierre Eddy Daniel a fait savoir que c’est

un grand honneur pour la boxe haïtienne parce qu’André Berto a été le premier boxeur haïtien à se qualifier pour les Jeux olympiques qui se sont déroulés en Grèce en 2004.

Décidément, on est dans une semaine de rumeurs en Haïti. Après que Dadou Jean-Bart ait démenti le

départ de Marc Collat, 24 heures après, une autre rumeur était sur tous les réseaux sociaux et dans certains médias, mais c’est archi-faux. Le Polonais exerce toujours sa fonction, il était même surpris d’entendre cette information.

« Je suis toujours sélectionneur, pourquoi cette question ? Avant d’ajouter « J’avais envie de tout laisser tomber mais le président de la Fédération haïtienne de football (FHF) Yves Jean-Bart et moi avions trouvé une entente. À moins que M. Jean-Bart ne me dise le contraire », a-t-il dit.

Interrogé sur la préparation de la Sélection, Shek Borkowski espère jouer des matches amicaux afin de bien préparer l’équipe pour les prochaines échéances. « Le plus important, c’est qu’il faut trouver

des moyens financiers pour jouer des matches amicaux contre des équipes américaines. Cette saison, ce n’était pas le cas puisque beaucoup de joueuses n’avaient pas reçu leurs visas pour venir ici aux États-Unis. Par contre elles ont des rendez-vous à l’ambassade pour

ce 6 août, » conclut le Polonais. À rappeler que le technicien polonais, Shek Borkowski est à la tête de la Sélection nationale féminine senior depuis 2012. Grâce à lui, les grenadières ont pu bénéficier d’un programme de formation à Indiana.

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Fil Info Football

Dani Alvès récupère le numéro 6

Dani Alves ne portera plus le numéro 22 avec le Barça. Le club catalan a publié ce mercredi la liste des numéros des joueurs pour la saison prochaine et surprise ! Le Brésilien portera désormais le numéro 6, qui appartenait jusque-là à Xavi.

Pedro va bien signer à Manchester United

Le Daily Mail est clair, Pedro va s’engager après la Supercoupe de l’UEFA avec Manchester United. L’ailier Barcelonais quitterait la Catalogne pour 22 millions de livres soit près de 32 millions d’euros. L’international espagnol aurait à remplacer Angel Di Maria qui devrait s’engager, dans la journée, avec le PSG.

Di Maria présenté jeudi

Le Paris Saint-Germain a annoncé la suppression de la conférence de presse de la veille du match (Lille-PSG vendredi, 1ère journée de Ligue 1) de Laurent Blanc prévue pour jeudi. En revanche, le club parisien annonce une conférence de presse dans un grand hôtel parisien en fin d’après-midi pour présenter le nouveau venu, Angel Di Maria.

Tennis

David Ferrer forfait

David Ferrer ne cesse de repousser sa reprise : l’Espagnol, qui n’a plus joué depuis le tournoi de Nottingham en juin, annonce ce mercredi sur les réseaux sociaux qu’il fait l’impasse sur le M1000 de Montréal, qui débute lundi prochain. Le 7e mondial souffre toujours d’une blessure au coude. Gilles Simon devient donc tête de série n°9, Tsonga n°10, Gasquet n°11 et Monfils n°15.

NBA

Ray Allen pas encore retraité

Ray Allen, le retour ? S’il n’a pas joué depuis la fin de la saison 2013-14, refusant certaines propositions, l’année passée, Ray Allen a expliqué dans le Hartford Courant qu’il n’écarte pas l’idée de jouer en 2015-16 : «La retraite ? Je n’ai rien dit de tel et je ne vais pas officiellement dire que j’arrête. Si une bonne offre, arrive, je veux être en mesure d’y réfléchir sérieusement. Je ne veux pas être celui qui prendra sa retraite avant de revenir.» En résumé, Ray Allen, 40 ans, garde toutes les options ouvertes. À bon entendeur… Rappelons que ce dernier, deux fois champion avec Boston et Miami, est le meilleur shooteur à trois points, de l’histoire de l’Association.

Montage de photo entre André Berto et Floyd Mayweather. Photo haititempo.com)

Montage de photo entre André Berto et Floyd Mayweather. Photo haititempo.com)

Après sa victoire des mi-moyens contre Many Pachiaro le 2 mai dernier, Floyd Mayweather a déjà son œil fixé sur son prochain adversaire, l’Américain d’origine haïtienne, André Berto, qu’il aura à affronter le 12 septembre à venir au MGM Grand de Las Vegas.

Après cette histoire de Marc Collat pour les garçons, une folle rumeur est montée en flèche, le mardi 4 août dans l’après-midi, dans certains médias, annonçant la démission du sélectionneur de l’équipe féminine haïtienne, Shek Borkowski. Le coach de 52 ans a rassuré tout le monde en disant le contraire.

BOXE

FOOT / SÉLECTION FÉMININE

Floyd Mayweather vs André Berto, match confirmé ! par Marc Johnsen Azard

Shek Borkowski n'a pas démissionné par Marc Johnsen Azard

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