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Édouard Cousin Qu’allait-il donc donner, ce fameux forum Libé, annoncé à grands coups de com’municipale, par en- core ouvert que déjà critiqué pour son coût pour la collectivité, avec ses plateaux taillés sur mesure pour faire du buzz sur les réseaux sociaux ? Le premier débat – et le plus sulfu- reux – hier matin, a mis tout le monde d’accord. La confrontation, pendant une bonne heure, entre la ministre de la Justice Christiane Taubira et le philosophe Alain Fin- kielkraut a été un moment de très haute tenue. Loin de s’écharper, les deux protagonistes ont débattu – évidemment – mais de manière courtoise et respectueuse face à une grande salle de la Filature qui affichait complet et qui a goûté avec un bonheur certain la qualité des échanges. Thème de ce premier débat du jour : « réinventer la démocratie ». Le philosophe a commencé par un constat : « Il y a en France une vraie crise de la démocratie, ac- compagnée d’un sentiment de dé- possession démocratique parmi la population […] Nous vivons dans un monde de flux (financiers, mi- gratoires…) que le politique n’est pas capable d’accompagner. La question est de savoir si le politi- que est en mesure de reprendre la main ». Christiane Taubira a d’abord abondé dans le sens de son contradicteur : « La démocratie va mal et les politiques en sont en partie responsables […] L’enjeu est de savoir comment restituer au peuple le pouvoir dont il se sent dépossédé. » Ne pas se réfugier dans le déjà-vu mais oser le jamais vu À défaut d’un consensus, et même si quelques points de convergence ont pu être trouvés sur la démocra- tie, les questions clivantes n’ont pas manqué. « Il existe, en France, des territoires perdus par la Répu- blique. Des endroits où des com- portements de haine se manifestent. Des insultes telles que sale Français, sale juif, tout cela existe », a martelé Alain Fin- kielkraut. La ministre de la Justice, elle, a parlé d’amour ! « Les socié- tés sont plurielles. On n’empêchera pas les gens de se rencontrer et de s’aimer ! La question, c’est com- ment nous vivons ensemble. » La question de la politique, de la gauche et de la droite, est revenue à plusieurs reprises sur le tapis. L’occasion d’aborder le Front natio- nal. « Il ne faut surtout pas banali- ser le discours du FN. Il revient à la gauche de s’emparer de cette ques- tion et de ne pas rester en retrait », a estimé l’auteur de La Défaite de la pensée. « Partout, nous consta- tons des analogies avec la France des années 30. La tendance est de se réfugier dans le déjà-vu plutôt que dans le jamais vu. Face à cette situation, il convient de faire face. De ne pas se tourner vers le déni. Nous sommes tous tenus de faire un grand effort de lucidité, de clair- voyance. » La garde des Sceaux a complété : « On n’a jamais raison d’avoir peur et le déni est une fai- blesse, souvent une lâcheté […] On a toujours tort de ne pas livrer ba- taille », a-t-elle estimé. Mais, selon elle, « c’est faux de dire que la France est un peuple de la peur, du repli ». Faisant référence aux Lu- mières, à la Déclaration universelle des droits de l’homme, Christiane Taubira a complété : « Nous de- vons reprendre conscience que nous sommes capables de cons- truire, collectivement, des répon- ses à la crise de la démocratie. » On a toujours tort de ne pas livrer bataille Après une première interruption provoquée par un opposant à la prison de Lutterbach resté, éton- namment, assez longtemps seul face aux débatteurs avant d’être prié de quitter la scène par les re- présentants de la force publique, le débat s’est terminé par une derniè- re joute verbale cette fois entre Alain Finkielkraut et, dans la salle, l’élue municipale d’opposition Eu- rope écologie Les Verts Djamila Sonzogni. La première journée du forum Libé s’est ensuite poursuivie avec d’autres intervenants de qualité : l’homme politique Daniel Cohn- Bendit, l’écrivain Alexandre Jardin, l’ancien directeur de campagne de Barack Obama… En somme du beau monde. La suite aujourd’hui, à la Filature, pour continuer de « construire la ville de demain » comme le propose le slogan du forum. SURFER Une interview en vidéo de Christiane Taubira dans laquelle elle évoque le thème du forum « repen- ser la démocratie » ainsi que la question de la prison de Lutterbach est visible sur le site www.lalsace.fr Y ALLER Le forum « Mulhouse c’est vous ! » se poursuit aujourd’hui sa- medi à la Filature, à partir de 10 h 30. Programme complet sur le site internet www.mulhouse.fr DÉMOCRATIE Un débat de haut vol pour ouvrir le forum Le forum Libération « Mulhouse, c’est vous ! » a débuté hier matin dans la grande salle de la Filature par un débat de grande qualité entre la ministre de la Justice Christiane Taubira et le philosophe Alain Finkielkraut. Animé par Laurent Joffrin, le débat sur le thème « réinventer la démocratie » a opposé le philosophe Alain Finkielkraut et la ministre de la Justice Christiane Taubira, en ouverture du forum Libé, hier matin. Photo L’Alsace/Jean-François Frey Plusieurs groupes, partis et as- sociations, de gauche comme de droite, ont profité du forum « Mulhouse c’est vous ! » pour tenter de faire passer leur mes- sage. Sur le parvis de la Filature, hier matin, le public a pu croiser les militants du Parti communiste français, d’Europe écologie Les Verts, de la Ligue des droits de l’homme. Tout comme leurs ho- mologues de l’association À con- tre courant, ils entendaient dénoncer la manière dont le fo- rum avait été organisé, ainsi que la tutelle du journal Libération. De leur côté, les membres de la coordination Mulhouse Palesti- ne réclamaient l’abrogation de la circulaire Alliot-Marie qui, se- lon eux, pénalise les actions mi- litantes en général, et les appels au boycott des produits en pro- venance d’Israël en particulier. Le PCF, toujours, associé au Front de gauche, appelait à la défense des Départements. Les bonnets rouges ont pu dire quelques mots à la Garde des Sceaux au moment où elle quit- tait la Filature. Ils ont dénoncé la grande région Alsace-Lorrai- ne-Champagne-Ardenne et l’obligation d’affiliation des tra- vailleurs frontaliers à l’assuran- ce-maladie française. Enfin, les jeunes militants de droite de l’Uni avaient collé des affiches, dans la nuit de jeudi à vendredi, pour critiquer la politique me- née par la même Christiane Taubira. Des opposants de tout poil tentent de se faire entendre Quelques « bonnets rouges » qui défendaient l’Alsace unie et les fronta- liers ont pu échanger quelques mots avec la ministre. Photo L’Alsace/E.C. Moment de flottement quand un opposant au projet de prison à Lutterbach s’est invité sur la scène de la Filature. Photo L’Alsace/J-F.F. La nuit précédant le forum, les militants de droite de l’Uni ont collé des affiches pour dénoncer la politique de Christiane Taubira. DR F.F. Avec Daniel Cohn-Bendit dans la grande salle de la Filature et deux autres ateliers à la même heure (17 h), la concurrence était rude. Une bonne vingtaine de personnes ont quand même participé, hier, à l’atelier du forum Libé intitulé « Un conciliateur à Mulhouse ? » Créer cette fonction, sous ce terme ou un autre, c’est une piste que la Ville de Mulhouse envisage pour « prendre en compte l’insatisfaction » que des citoyens peuvent exprimer vis-à-vis de la collectivité, a expliqué en ouverture Patrick Puledda, l’adjoint en charge de la démocratie locale. Et pour donner une idée de ce qui exis- te en la matière dans divers pays, direction le Canada : l’atelier a débu- té par la projection d’une vidéo con- sacrée à l’ombudsman (une ombudswoman, en l’occurrence) de Montréal. Avec son équipe, elle se penche sur les situations problématiques qui lui sont soumises et s’efforce de trouver des solutions. Elle est dotée de deux pouvoirs principaux : faire des en- quêtes et émettre des recommanda- tions. L’ombudsman de Montréal a un pouvoir moral très fort, témoigne Johanne Savard, qui occupe la fonc- tion : pas loin de 100 % de ses recom- mandations sont suivies par la collectivité. « Quelqu’un d’objectif, pragmatique et indépendant » Il ne s’agit pas de transposer tel quel l’exemple montréalais, ont bien ca- dré Patrick Puledda et Olivier Cha- pelle, journaliste à L’Alsace, qui animait l’atelier : la rencontre d’hier visait à entamer la réflexion sur ce que pourrait être un conciliateur à la mulhousienne. « Je vois cet homme ou cette femme comme une person- ne qualifiée, facile d’accès, objective et pragmatique. Il ou elle devra être indépendant et doté d’une grande qualité d’écoute et d’analyse […] Cette personne ne sera inféodée à aucun service », a suggéré Roland Gautsch, délégué du Défenseur des droits Jacques Toubon, venu appor- ter son regard. Et dans la salle, les premières questions n’ont pas tar- dé. Des exemples ? Comment serait nommé ce conciliateur ? Serait-il bé- névole ou salarié ? Comment garan- tir son indépendance ainsi que le caractère apolitique de sa fonction ? « L’indépendance est sûrement le point central de la crédibilité d’une telle instance », acquiesce Patrick Puledda. Et une piste évoquée pour la garantir est l’inamovibilité de ce- lui ou celle qui exercera le rôle. Le groupe s’est aussi efforcé de dé- grossir ce que pourrait être le péri- mètre d’intervention d’un conciliateur mulhousien. « Il ne de- vra pas être le bureau des pleurs », souligne Roland Gautsch. Olivier Chapelle dégage (notamment de l’exemple de Montréal) deux limi- tes : d’une part, la saisie du concilia- teur suppose d’avoir au préalable émis une plainte ou effectué des dé- marches directement auprès du ser- vice concerné et d’avoir essuyé un refus ; d’autre part, le conciliateur ne pourra se saisir de plaintes déjà en cours de traitement par la justice. Au final, plus de questions que de réponses, mais la réflexion ne fait que démarrer. Et le public de l’atelier a émis le souhait d’être associé à la suite des opérations. ATELIER « Un conciliateur à Mulhouse ? » L’un des nombreux ateliers du forum Libération était consacré, hier, à une nouvelle fonction qui pourrait voir le jour à Mulhouse pour faire écho à certaines réclamations des citoyens vis-à-vis de la collectivité. Face au public de l’atelier, trois intervenants : Roland Gautsch, Patrick Puledda et Olivier Chapelle. Photo L’Alsace/Jean François Frey Forum Libé oblige, c’est Laurent Joffrin, le directeur de la rédaction du quotidien national, qui a ouvert les débats, hier matin, dans la grande salle de la Filature. « Nous allons parler de crise de la démo- cratie pendant deux jours, ici, à Mulhouse. Mais nous ne souhai- tons pas que ce forum soit celui de la déploration. Car l’idée démocra- tique recueille encore un large as- sentiment au sein de la population », a souligné le journa- liste. Il a aussi rappelé que « c’est la Ville de Mulhouse qui est à l’origi- ne de ces deux journées » (en dé- boursant au passage plus de 180 000 euros, comme cela a été indiqué par l’adjoint aux finances, Philippe Maitreau, lors du conseil municipal lundi soir, NDLR). Lau- rent Joffrin a conclu son propos en considérant même que : « Mul- house est destinée à servir de labo- ratoire à cette révolution démocratique ». Cyril Lage, cofon- dateur de Démocratie ouverte, une association qui s’engage à fai- re évoluer la démocratie, a relevé de son côté que Mulhouse avait été la première collectivité de France à avoir adhéré à la démar- che THC, pour « territoire haute- ment citoyen ». Le mot de la fin est revenu au maire, Jean Rottner, qui a d’abord tenu à indiquer que ce forum ré- pondait à une de ses promesses de campagne. Selon lui, le renouveau de la démocratie passera par l’im- plication de tous. « Mon message, c’est : aide-toi, la Ville t’aidera ! Les élus ne sont pas là pour faire les choses à la place de… Je souhai- te faire en sorte que cette ville soit le terrain propice pour libérer les énergies. Ce qui correspond d’ailleurs au thème de ces deux jours : Mulhouse, c’est vous ! » « Mulhouse, laboratoire de la révolution démocratique » Laurent Joffrin, directeur de la rédaction de Libération, et Jean Rottner, maire de Mulhouse, ont ouvert le forum, hier matin, à la Filature. Photo L’Alsace/Jean-Francois Frey Mulhouse Samedi 25 octobre 2014 L'ALSACE 27 MUL02

L'Alsace du 25 octobre 2014

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Page 1: L'Alsace du 25 octobre 2014

Édouard Cousin

Qu’allait-il donc donner, ce fameuxforum Libé, annoncé à grandscoups de com’municipale, par en-core ouvert que déjà critiqué pourson coût pour la collectivité, avecses plateaux taillés sur mesurepour faire du buzz sur les réseauxsociaux ?

Le premier débat – et le plus sulfu-reux – hier matin, a mis tout lemonde d’accord. La confrontation,pendant une bonne heure, entre laministre de la Justice ChristianeTaubira et le philosophe Alain Fin-kielkraut a été un moment de trèshaute tenue. Loin de s’écharper,les deux protagonistes ont débattu– évidemment – mais de manièrecourtoise et respectueuse face àune grande salle de la Filature quiaffichait complet et qui a goûtéavec un bonheur certain la qualitédes échanges.

Thème de ce premier débat dujour : « réinventer la démocratie ».Le philosophe a commencé par unconstat : « Il y a en France unevraie crise de la démocratie, ac-compagnée d’un sentiment de dé-possession démocratique parmi lapopulation […] Nous vivons dansun monde de flux (financiers, mi-gratoires…) que le politique n’estpas capable d’accompagner. Laquestion est de savoir si le politi-que est en mesure de reprendre lamain ». Christiane Taubira ad’abord abondé dans le sens de soncontradicteur : « La démocratie vamal et les politiques en sont enpartie responsables […] L’enjeu estde savoir comment restituer aupeuple le pouvoir dont il se sentdépossédé. »

Ne pas se réfugierdans le déjà-vu maisoser le jamais vu

À défaut d’un consensus, et mêmesi quelques points de convergenceont pu être trouvés sur la démocra-tie, les questions clivantes n’ontpas manqué. « Il existe, en France,

des territoires perdus par la Répu-blique. Des endroits où des com-p o r t e m e n t s d e h a i n e s emanifestent. Des insultes tellesque sale Français, sale juif, toutcela existe », a martelé Alain Fin-kielkraut. La ministre de la Justice,elle, a parlé d’amour ! « Les socié-tés sont plurielles. Onn’empêcherapas les gens de se rencontrer et des’aimer ! La question, c’est com-ment nous vivons ensemble. »

La question de la politique, de lagauche et de la droite, est revenueà plusieurs reprises sur le tapis.L’occasion d’aborder le Front natio-nal. « Il ne faut surtout pas banali-ser le discours du FN. Il revient à lagauche de s’emparer de cette ques-tion et de ne pas rester en retrait »,a estimé l’auteur de La Défaite dela pensée. « Partout, nous consta-tons des analogies avec la Francedes années 30. La tendance est dese réfugier dans le déjà-vu plutôtque dans le jamais vu. Face à cettesituation, il convient de faire face.De ne pas se tourner vers le déni.Nous sommes tous tenus de faire

un grand effort de lucidité, de clair-voyance. » La garde des Sceaux acomplété : « On n’a jamais raisond’avoir peur et le déni est une fai-blesse, souvent une lâcheté […] Ona toujours tort de ne pas livrer ba-taille », a-t-elle estimé. Mais, selonelle, « c’est faux de dire que laFrance est un peuple de la peur, durepli ». Faisant référence aux Lu-mières, à la Déclaration universelledes droits de l’homme, ChristianeTaubira a complété : « Nous de-vons reprendre conscience quenous sommes capables de cons-truire, collectivement, des répon-ses à la crise de la démocratie. »

On a toujours tort dene pas livrer bataille

Après une première interruptionprovoquée par un opposant à laprison de Lutterbach resté, éton-namment, assez longtemps seulface aux débatteurs avant d’êtreprié de quitter la scène par les re-présentants de la force publique, ledébat s’est terminé par une derniè-re joute verbale cette fois entre

Alain Finkielkraut et, dans la salle,l’élue municipale d’opposition Eu-rope écologie Les Verts DjamilaSonzogni.

La première journée du forum Libés’est ensuite poursuivie avecd’autres intervenants de qualité :l’homme politique Daniel Cohn-Bendit, l’écrivain Alexandre Jardin,l’ancien directeur de campagne deBarack Obama… En somme dubeau monde. La suite aujourd’hui,à la Filature, pour continuer de« construire la ville de demain »comme le propose le slogan duforum.

SURFER Une interview en vidéo deChristiane Taubira dans laquelle elleévoque le thème du forum « repen-ser la démocratie » ainsi que laquestion de la prison de Lutterbachest visible sur le site www.lalsace.fr

Y ALLER Le forum « Mulhouse c’estvous ! » se poursuit aujourd’hui sa-medi à la Filature, à partir de10 h 30. Programme complet sur lesite internet www.mulhouse.fr

DÉMOCRATIE

Un débat de haut volpour ouvrir le forum

Le forum Libération « Mulhouse, c’est vous ! » a débuté hier matin dans la grande salle de la Filature par un débatde grande qualité entre la ministre de la Justice Christiane Taubira et le philosophe Alain Finkielkraut.

Animé par Laurent Joffrin, le débat sur le thème « réinventer la démocratie » a opposé le philosophe Alain Finkielkraut etla ministre de la Justice Christiane Taubira, en ouverture du forum Libé, hier matin. Photo L’Alsace/Jean-François Frey

Plusieurs groupes, partis et as-sociations, de gauche commede droite, ont profité du forum« Mulhouse c’est vous ! » pourtenter de faire passer leur mes-sage.

Sur le parvis de la Filature, hiermatin, le public a pu croiser lesmilitants du Parti communistefrançais, d’Europe écologie LesVerts, de la Ligue des droits del’homme. Tout comme leurs ho-mologues de l’association À con-tre courant, ils entendaientdénoncer la manière dont le fo-rum avait été organisé, ainsi quela tutelle du journal Libération.

De leur côté, les membres de lacoordination Mulhouse Palesti-ne réclamaient l’abrogation dela circulaire Alliot-Marie qui, se-

lon eux, pénalise les actions mi-litantes en général, et les appelsau boycott des produits en pro-venance d’Israël en particulier.Le PCF, toujours, associé auFront de gauche, appelait à ladéfense des Départements.

Les bonnets rouges ont pu direquelques mots à la Garde desSceaux au moment où elle quit-tait la Filature. Ils ont dénoncéla grande région Alsace-Lorrai-ne-Champagne-Ardenne etl’obligation d’affiliation des tra-vailleurs frontaliers à l’assuran-ce-maladie française. Enfin, lesjeunes militants de droite del’Uni avaient collé des affiches,dans la nuit de jeudi à vendredi,pour critiquer la politique me-née par la même ChristianeTaubira.

Desopposantsde toutpoiltententde se faireentendre

Quelques « bonnets rouges » qui défendaient l’Alsace unie et les fronta-liers ont pu échanger quelques mots avec la ministre. Photo L’Alsace/E.C.

Moment de flottement quand unopposant au projet de prison àLutterbach s’est invité sur la scènede la Filature. Photo L’Alsace/J-F.F.

La nuit précédant le forum, lesmilitants de droite de l’Uni ontcollé des affiches pour dénoncer lapolitique de Christiane Taubira. DR

F.F.

Avec Daniel Cohn-Bendit dans lagrande salle de la Filature et deuxautres ateliers à la même heure(17 h), la concurrence était rude.Une bonne vingtaine de personnesont quand même participé, hier, àl’atelier du forum Libé intitulé « Unconciliateur à Mulhouse ? » Créercette fonction, sous ce terme ou unautre, c’est une piste que la Ville deMulhouse envisage pour « prendreen compte l’insatisfaction »que descitoyens peuvent exprimer vis-à-visde la collectivité, a expliqué enouverture Patrick Puledda, l’adjointenchargedeladémocratie locale.Etpour donner une idée de ce qui exis-te en la matière dans divers pays,directionleCanada : l’atelieradébu-té par la projection d’une vidéo con-sacrée à l’ombudsman (uneombudswoman, en l’occurrence) deMontréal.

Avec son équipe, elle se penche surles situations problématiques qui luisontsoumisesets’efforcedetrouverdes solutions. Elle est dotée de deuxpouvoirs principaux : faire des en-quêtes et émettre des recommanda-

tions. L’ombudsman de Montréal aunpouvoirmoraltrèsfort,témoigneJohanne Savard, qui occupe la fonc-tion :pas loinde100%deses recom-mandations sont suivies par lacollectivité.

« Quelqu’und’objectif,pragmatiqueet indépendant »

Il ne s’agit pas de transposer tel quell’exemple montréalais, ont bien ca-dré Patrick Puledda et Olivier Cha-pelle, journaliste à L’Alsace, quianimait l’atelier : larencontred’hiervisait à entamer la réflexion sur ceque pourrait être un conciliateur à lamulhousienne. « Je vois cet hommeou cette femme comme une person-nequalifiée, faciled’accès,objectiveet pragmatique. Il ou elle devra êtreindépendant et doté d’une grandequalité d’écoute et d’analyse […]Cette personne ne sera inféodée àaucun service », a suggéré RolandGautsch, délégué du Défenseur desdroits Jacques Toubon, venu appor-ter son regard. Et dans la salle, lespremières questions n’ont pas tar-dé. Des exemples ? Comment seraitnomméceconciliateur ?Serait-il bé-

névole ou salarié ? Comment garan-tir son indépendance ainsi que lecaractèreapolitiquedesafonction ?« L’indépendance est sûrement lepoint central de la crédibilité d’unetelle instance », acquiesce PatrickPuledda. Et une piste évoquée pourla garantir est l’inamovibilité de ce-lui ou celle qui exercera le rôle.

Le groupe s’est aussi efforcé de dé-grossir ce que pourrait être le péri-m è t r e d ’ i n t e r v e n t i o n d ’ u nconciliateur mulhousien. « Il ne de-vra pas être le bureau des pleurs »,souligne Roland Gautsch. Olivier

Chapelle dégage (notamment del’exemple de Montréal) deux limi-tes : d’une part, la saisie du concilia-teur suppose d’avoir au préalableémis une plainte ou effectué des dé-marches directement auprès du ser-vice concerné et d’avoir essuyé unrefus ; d’autre part, le conciliateurne pourra se saisir de plaintes déjàen cours de traitement par la justice.

Au final, plus de questions que deréponses, mais la réflexion ne faitquedémarrer.Et lepublicdel’ateliera émis le souhait d’être associé à lasuite des opérations.

ATELIER

« Un conciliateur à Mulhouse ? »L’un des nombreux ateliers du forum Libération était consacré, hier, à une nouvelle fonction qui pourrait voir le jourà Mulhouse pour faire écho à certaines réclamations des citoyens vis-à-vis de la collectivité.

Face au public de l’atelier, trois intervenants : Roland Gautsch, Patrick Puleddaet Olivier Chapelle. Photo L’Alsace/Jean François Frey

Forum Libé oblige, c’est LaurentJoffrin, le directeur de la rédactiondu quotidien national, qui a ouvertles débats, hier matin, dans lagrande salle de la Filature. « Nousallons parler de crise de la démo-cratie pendant deux jours, ici, àMulhouse. Mais nous ne souhai-tons pas que ce forum soit celui dela déploration. Car l’idée démocra-tique recueille encore un large as-s e n t i m e n t a u s e i n d e l apopulation », a souligné le journa-liste.

Il a aussi rappelé que « c’est laVille de Mulhouse qui est à l’origi-ne de ces deux journées » (en dé-boursant au passage plus de180 000 euros, comme cela a étéindiqué par l’adjoint aux finances,Philippe Maitreau, lors du conseilmunicipal lundi soir, NDLR). Lau-rent Joffrin a conclu son propos enconsidérant même que : « Mul-house est destinée à servir de labo-

ra to i re à ce t te révo lu t i ondémocratique ». Cyril Lage, cofon-dateur de Démocratie ouverte,une association qui s’engage à fai-re évoluer la démocratie, a relevéde son côté que Mulhouse avaitété la première collectivité deFrance à avoir adhéré à la démar-che THC, pour « territoire haute-ment citoyen ».

Le mot de la fin est revenu aumaire, Jean Rottner, qui a d’abordtenu à indiquer que ce forum ré-pondait à une de ses promesses decampagne. Selon lui, le renouveaude la démocratie passera par l’im-plication de tous. « Mon message,c’est : aide-toi, la Ville t’aidera !Les élus ne sont pas là pour faireles choses à la place de… Je souhai-te faire en sorte que cette ville soitle terrain propice pour libérer lesénergies. Ce qui correspondd’ailleurs au thème de ces deuxjours : Mulhouse, c’est vous ! »

« Mulhouse, laboratoire dela révolution démocratique »

Laurent Joffrin, directeur de la rédaction de Libération, et Jean Rottner, mairede Mulhouse, ont ouvert le forum, hier matin, à la Filature.

Photo L’Alsace/Jean-Francois Frey

Mulhouse S a m e d i 2 5 o c t o b r e 2 0 1 4 L'ALSACE27

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