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Dans une lettre ouverte, le président de la Fondation polaire justifie sa plainte contre le patron de la politique scientifique belge
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Vendredi 21 février 2014
LETTRE OUVERTE D’ALAIN HUBERT DEPUIS LA STATION
POLAIRE PRINCESS ELISABETH :
Pourquoi je porte plainte contre Philippe Mettens
Alors que je suis depuis le mois d‘octobre 2013 en Antarctique pour mener à bien les missions scientifiques
confiées à la station polaire Princess Elisabeth, outre les conditions extrêmes, je dois également faire face à
des attaques continues pourtant atteinte à mon honneur et ma réputation, à celles de mes collaborateurs, à
celle de la Fondation Polaire Internationale et à ses partenaires.
Chacun jugera l’élégance de porter ces attaques par voie de presse alors que je ne suis dans l’incapacité d’y
répondre. Je prépare un dépôt de plainte contre un fonctionnaire et je dois découvrir aussi aujourd’hui que
les bureaux de la Fondation ainsi que mon domicile sont perquisitionnés en mon absence à l’heure où nous
nous préparons à clôturer cette campagne polaire et à revenir en Belgique.
Campagne médiatique
Depuis un certain temps, la presse se fait l’écho de conflits autour de la gestion de la station polaire antarctique
Princess Elisabeth.
Pour rappel, cette station, qui a renouvelé la présence belge en Antarctique (conformément aux obligations
des signataires du Traité antarctique), est une initiative de la Fondation Polaire Internationale. D’importants
capitaux publics et privés y ont été consacrés (de l’ordre de 6 millions d’euros provenant du secteur public et
16 millions d’euro du secteur privé). La gestion de la station est aujourd’hui sous la responsabilité du
Secrétariat polaire, institué par arrête royal comme Service d’État à gestion séparée, réunissant de façon
paritaire des personnalités publiques et privées.
La Fondation polaire, selon le protocole, est un partenaire privilégié de l’État au sein du Secrétariat polaire et
contribue continûment à la gestion et au financement pour un montant annuel de l’ordre de 1,5 millions
d’euros, notamment, en préfinançant en partie les campagnes annuelles et en motivant des sponsors privés -
contribution, entre autres, de tout le système de télécommunication.
La station Princess Elisabeth a permis depuis sept ans d’accueillir en toute sécurité des chercheurs belges ainsi
que de nombreux autres scientifiques étrangers, allemands, japonais, etc. ; plus d’une centaine de missions
scientifiques y ont été menées à bien ou sont en cours.
J’ai aussi voulu faire de la Station, avec la Fondation polaire et l’ensemble des partenaires privés impliqués, des
PME belges et des groupes internationaux, un projet exemplaire. Avec comme objectif « zéro émission ». C’est-
à-dire, une vitrine et laboratoire technologiques apportant des solutions durables en environnement extrême,
un exemple de notre capacité en tant que société à mettre en place les solutions indispensables pour assurer le
futur développement économique remis en question par la toujours plus grande évidence du changement
climatique.
Un « conflit d’intérêt » ?
Depuis de nombreux mois, le président de l’administration de la politique scientifique, accueillant le
Secrétariat polaire, Philippe Mettens, s’efforce de médiatiser une « plainte », m’accusant de « conflit
d’intérêt » et de « prise illégale d’intérêt ». Ces accusations étaient déjà évoquées dans la presse depuis un
certain temps, elles ont ensuite pris la forme d’une menace : « On aurait dû déposer plainte contre Alain Hubert
devant le parquet du procureur du Roi. Quand on est dans une telle situation, on fait profil bas… » - (La Libre, 25
juillet 2013). Quelques mois plus tard, M. P. Mettens fait savoir qu’il a « porté plainte », ou à tout le moins
« signalé le fait », car il s’agirait de son « devoir, comme fonctionnaire » (RTBF, 10 décembre 2013). Cette
plainte semble faire aujourd’hui l’objet d’une information judicaire.
Clarté et transparence
La clarté sur les comptes de l’IPF, les miens, la gestion de la station Princess Elisabeth, est totale. Les différents
services de l’État ont pu, depuis plusieurs années, contrôler et auditer l’ensemble des factures liées à la gestion
de la Station et du Secrétariat polaire. Y compris l’ISI, qui en 2011 et 2012 a largement analysé la comptabilité
de la Fondation, tout comme mes finances personnelles.
Et ce n’est pas une des moindres anomalies de cette histoire, que Philippe Mettens prenne prétexte du rapport
d’audit Ernst &Young, commandé par le cabinet du Secrétaire d’État à la Politique scientifique, dont les
conclusions ont été remises en janvier 2013, pour « découvrir » et « signaler » un « système » (RTBF, 11
décembre 2013) de « prise illégale d’intérêt », alors que les structures évoquées sont parfaitement identifiées
depuis le rapport d’audit (Mazars) de 2009 ; rapport d’audit, commandé par l’État, ayant validé les documents
comptables liés à la construction et la gestion de la Station.
Non seulement toutes les opérations se sont faites en parfaite transparence, mais aussi au meilleur bénéfice de
l’État et de la gestion de la Station, puisque ce même rapport Ernst & Young établit, dans son volet
« benchmark », que les coûts d'opérations sont de « deux à quatre fois moins chers que les autres bases
comparables ». Et c’est bien là que se trouvait la pertinence de la volonté du législateur de mettre en place
dans l’A.R. du 20 mai 2009 un véritable partenariat public/privé, partenariat contesté depuis trois ans par
Philippe Mettens qui n’en a pas obtenu le contrôle. Interrogée en 2011 par le Président du BELSPO à ce sujet, la
Ministre lui a répondu par voie écrite officielle que la place tenue par la Fondation Polaire internationale et
Alain Hubert au sein du Secrétariat Polaire résultait bien de l’effet de la loi en ajoutant qu’il pouvait être :
« rassuré sur la régularité du Secrétariat Polaire et des organes qui le composent ainsi que sur la légalité des
intérêts de M. Alain Hubert et de la Fondation Polaire internationale au sein de celui-ci. »
Les montants considérés comme « suspicieux » récemment évoqués par Philippe Mettens dans la presse
représentent en fait l’ensemble des coûts de gestion, de maintenance et d’équipements ainsi que des
rémunérations budgétées et récurrentes de services validés par le Conseil d’administration de la Fondation et
par le Conseil stratégique du secrétariat polaire, entre autres d’ingénierie, d’électricité, de menuiserie.
Rémunérations de personnel saisonnier et permanent attachés à l’entretien et la gestion technique et
administrative, équipe très restreinte et optimisée. Ces montants ont également été approuvés par le conseil
stratégique de la Fondation Polaire Internationale et le Conseil stratégique du secrétariat polaire.
Plainte
Voilà, en conclusion, un fonctionnaire, protégé par son statut public, qui s’affranchit de son devoir de réserve :
il n’y a pas d’exemple dans l’histoire de notre pays où un directeur d’administration utilise de manière continue
et récurrente la presse pour médiatiser un grief personnel en utilisant des arguments infondés. Un responsable
de l’administration publique qui fait valoir d’abord anonymement et ensuite ouvertement sa thèse de « conflit
d’intérêt » par rapport à un membre privé d’un Service d’État à gestion séparée. Nonobstant le fait que la thèse
de « conflit d’intérêt » et de « prise illégale d’intérêt » a déjà été invalidée explicitement par la Ministre de
tutelle de la Politique Scientifique en 2011.
Un responsable de l’administration qui par la calomnie et la diffamation espère créer un scandale public. Un
homme aussi qui médiatise systématiquement des initiatives unilatérales, blessant non seulement la
convention de partenariat à l’origine de la cession de la Base, mais aussi le protocole venant d’être signé par la
Fondation polaire et l’État belge ; protocole prévoyant que la nouvelle concertation se ferait « sous le couvert
de la confidentialité ». On peut, certes, reconsidérer cette convention de partenariat; elle l’est aussi peut-être
parce que l’État revoit légitimement la pertinence de l’ensemble de ses engagements financiers, et que
l’objectif est non seulement d’accueillir et d’accompagner des scientifiques en Antarctique, mais aussi d’assurer
la pérennité de la base belge et de la maintenir à niveau.
Les méthodes employées par ce fonctionnaire qui s‘attribue erronément le titre de « messager » de l’Etat pour
mettre un terme à cette convention sont indignes d’un État de droit. C’est pourquoi aujourd’hui je porte
plainte contre Philippe Mettens non seulement pour dénonciations calomnieuses mais aussi pour violation du
secret pressionnel et vol de documents comptables que sa fonction ne lui permet pas de détenir.
Alain Hubert