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Lettre ouverte Je me présente, je suis l’un des petits frères d’Eddy Jean-Zéphirin. Aujourd’hui 14 décembre 2015, jour de l’enterrement de mon frère, je veux faire passer un message, attirer l’attention sur les questions qui concernent le « triple meurtre » du 06 décembre 2015, au Paparazzi pour reprendre les propos des médias. J’insiste d’abord sur le fait que dans de telles circonstances seules les personnes présentes peuvent réellement parler des faits. Cela fait maintenant une semaine que certaines personnes, notamment les médias, les gens malveillants, les politiques, et j’en passe s’expriment sur le sujet, il est temps de se poser les bonnes questions. Quelles ont été les mesures prises avant la fusillade ? Comment ce drame aurait-il pu être évité ? Je veux attirer votre attention sur le rôle des forces de l’ordre dans ce drame. Savez-vous qu’une heure avant la fusillade au paparazzi, des clients de la boîte de nuit le « Manicou » ont appelé le 17, et la BAC une dizaine de fois pour signaler que l’américain était nerveux et menaçant avec son arme ? Quelle a été leur réponse plus que surprenante ? « Vous vous trompez l’américain est en prison … ». Pouvez-vous y croire une seule seconde ? Serait-ce une mauvaise coordination entre les Services ou un faux prétexte pour ne pas se déplacer ? Une fois au Paparazzi, les agents de sécurité signalent une fois de plus à la Police « l’américain ». Cette fois-ci deux policiers daignent enfin se déplacer juste pour une brève apparition, une simple ronde à l’extérieur, alors qu’à l’intérieur la menace était déjà bien enclenchée. Expliquez-nous Monsieur le Procureur, ou encore vous les chefs de la police et de la gendarmerie, quelles sont les mesures à prendre quand le danger est imminent, que les forces de l’ordre sont contactées par plusieurs personnes, et qu’elles s’avèrent être incompétentes, et passives ? Nous savons maintenant que les forces de l’ordre ont peur, pourquoi se précipiter à agir immédiatement en cas de danger quand elles peuvent attendre calmement que la tempête passe ? Pour le Civil on parle de non-assistance à personne en danger, pour la Police de quoi s’agit –il ? Selon la législation française, « nul ne doit faire justice soi-même ». Mais la loi ne dit- elle pas que les forces de l’ordre doivent protéger le citoyen ? Qui protège les habitants de la Martinique ? Police krapon ? Police laxiste ? Les forces de l’ordre sont-elles si désabusées qu’elles seraient en train de démissionner ?

Lettre ouverte kevin Jean-Zéphirin

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Page 1: Lettre ouverte kevin Jean-Zéphirin

Lettre ouverte

Je me présente, je suis l’un des petits frères d’Eddy Jean-Zéphirin. Aujourd’hui 14 décembre 2015, jour de l’enterrement de mon frère, je veux faire passer un message, attirer l’attention sur les questions qui concernent le « triple meurtre » du 06 décembre

2015, au Paparazzi pour reprendre les propos des médias.

J’insiste d’abord sur le fait que dans de telles circonstances seules les personnes présentes peuvent réellement parler des faits. Cela fait maintenant une semaine que certaines personnes, notamment les médias, les gens malveillants, les politiques, et j’en

passe s’expriment sur le sujet, il est temps de se poser les bonnes questions.

Quelles ont été les mesures prises avant la fusillade ? Comment ce drame aurait-il pu

être évité ?

Je veux attirer votre attention sur le rôle des forces de l’ordre dans ce drame.

Savez-vous qu’une heure avant la fusillade au paparazzi, des clients de la boîte de nuit le « Manicou » ont appelé le 17, et la BAC une dizaine de fois pour signaler que l’américain était nerveux et menaçant avec son arme ? Quelle a été leur réponse plus

que surprenante ? « Vous vous trompez l’américain est en prison … ».

Pouvez-vous y croire une seule seconde ? Serait-ce une mauvaise coordination entre

les Services ou un faux prétexte pour ne pas se déplacer ?

Une fois au Paparazzi, les agents de sécurité signalent une fois de plus à la Police « l’américain ». Cette fois-ci deux policiers daignent enfin se déplacer juste pour une brève apparition, une simple ronde à l’extérieur, alors qu’à l’intérieur la menace était

déjà bien enclenchée.

Expliquez-nous Monsieur le Procureur, ou encore vous les chefs de la police et de la gendarmerie, quelles sont les mesures à prendre quand le danger est imminent, que les forces de l’ordre sont contactées par plusieurs personnes, et qu’elles s’avèrent

être incompétentes, et passives ?

Nous savons maintenant que les forces de l’ordre ont peur, pourquoi se précipiter à agir immédiatement en cas de danger quand elles peuvent attendre calmement que la

tempête passe ?

Pour le Civil on parle de non-assistance à personne en danger, pour la Police de quoi

s’agit –il ?

Selon la législation française, « nul ne doit faire justice soi-même ». Mais la loi ne dit-elle pas que les forces de l’ordre doivent protéger le citoyen ? Qui protège les habitants de la Martinique ?

Police krapon ? Police laxiste ? Les forces de l’ordre sont-elles si désabusées qu’elles

seraient en train de démissionner ?

Page 2: Lettre ouverte kevin Jean-Zéphirin

En France hexagonale, la Police intervient pour tapage nocturne. En Martinique, il faut

du sang pour qu’elle intervienne dans un conflit. Et encore …

Le Procureur voudrait faire une enquête sur les « voyous » qui travaillent à la sécurité et dans les collectivités. On peut alors lui demander

Pourquoi ne fait-il pas une enquête également sur le fait que les forces de l’ordre n’interviennent que quand il y a bain de sang ? Pour revenir à cette enquête du procureur sur les « voyous » qui travaillent à la sécurité en soirée, dans notre jargon on

les appelle des « grands frères ».

Certains ont un passé judiciaire, pas tous, mais par leur expérience ils font un travail extraordinaire face à des altercations difficiles, et dangereuses. Ils sont une force dissuasive. Ces grands frères jouent un rôle important dans le travail de médiation lors de gros conflits, et permettent que les soirées ne tournent pas au vinaigre car ils sont

respectés.

Je vais vous donner un exemple Monsieur le Procureur, quand les fauteurs de troubles viennent, déterminés, dans le but de foutre le bordel dans une soirée, sans l’aide de ces grands frères la soirée pourrait virer à l’agression gratuite, voire au drame très rapidement. Alors je veux apporter une grosse force à tous ces grands frères, je ne laisserai personne dire qu’ils n’ont pas leur place dans la sécurité, car la sécurité c’est avant tout un travail de médiation en cas de conflit, que ni la police, ni les gendarmes

ne sont en mesure de faire.

Tout ce drame peut nous amener à penser au problème de l’insécurité en Martinique. Avant qu’il n’y ait sang, mort d’homme ou action en justice pour obtenir réparation, n’y a t- il rien à faire pour éviter le pire, et apporter une aide efficace aux Martiniquais avant qu’il ne soit trop tard ? Demandez-vous pourquoi les personnes ressentent-elles le besoin de s’armer de plus en plus aujourd’hui ? Que devons-nous faire, que devons-

nous accepter au prix de notre vie, de notre sécurité ?

Kankan a évité cette situation comme il le pouvait, mais quand ceux qui sont censés le

protéger ne le font pas, qu’aurait-il dû faire ?

Aujourd’hui quatre familles pleurent. Je suis convaincu que si les autorités avaient fait leur travail comme il faut, il y aurait eu moins de dégâts. Encore une fois, posez-vous les bonnes questions, et réfléchissez sur les vrais problèmes : L’importance des grands frères en tant qu’agents de médiation dans la sécurité. Comment se sentir en sécurité

quand ceux qui sont censés nous protéger ne sont pas en mesure de le faire ?

Nous payons parfois de notre vie à jouer au bon Samaritain quand la Police s’efface et

reste silencieuse.

KJZ