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13 décembre 2013 STOP À L’ORPAILLAGE ILLÉGAL EN GUYANE À l’attention de Monsieur François Hollande, Président de la République française

Mémo des Hurleurs de Guyane sur l'orpaillage illégal en Guyane

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Le mémo des Hurleurs de Guyane, finalisé en décembre 2013 et remis du Chef de l'Etat (via son conseiller) lors de la visite présidentielle en Guyane les 13 & 14 décembre 2013

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13 décembre 2013

STOP À L’ORPAILLAGE ILLÉGAL EN GUYANE

À l’attention de Monsieur François Hollande, Président de la République française

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SOMMAIRE

1. QUI SONT LES HURLEURS DE GUYANE? .................................................................................. 3

2. POURQUOI STOPPER L’ORPAILLAGE ILLÉGAL EN GUYANE ? ......................................................... 4

2.1. L’ATTEINTE À L’INTÉGRITÉ DES PERSONNES ...................................................................... 4

2.1.1. LA CONTAMINATION AU MERCURE ET LA POLLUTION DES COURS D’EAU.......................... 4

2.1.2. NON-ASSISTANCE À PERSONNES EN DANGER OU MISE EN DANGER DES PERSONNES ? ....... 6

2.1.3. LES AUTRES EFFETS SANITAIRES .............................................................................. 7

2.2. LA DESTRUCTION DES MODES DE VIE TRADITIONNELS ......................................................... 8

2.2.1. ATTEINTE AUX DROITS DE L’HOMME ...................................................................... 8

2.2.2. DESTRUCTION DU CADRE DE VIE ET DES RESSOURCES VITALES ....................................... 8

2.3. L’EXPLOITATION HUMAINE ........................................................................................... 9

2.4. LA VIOLENCE, L’INSÉCURITÉ, LES VOLS, LES TRAFICS D’ARMES ET DE RESSOURCES (ANNEXE 2) .. 10

2.4.1. TRAFICS LIÉS À LA LOGISTIQUE DE L’ORPAILLAGE : CARBURANTS, NOURRITURES, PIÈCES, MERCURE…)................................................................................................................... 11

2.4.2. FREINS AU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET À L’ATTRACTIVITÉ DE LA GUYANE .......... 12

2.4.3. FREINS AU DÉVELOPPEMENT DE FILIÈRES ÉCO-DURABLES DE LA GUYANE ...................... 13

2.4.4. INSÉCURITÉ DES POPULATIONS SUR L’ENSEMBLE DU TERRITOIRE ................................. 14

2.5. LE PILLAGE ET LA DESTRUCTION DES RESSOURCES EN GUYANE ........................................... 14

2.5.1. LA DÉFORESTATION........................................................................................... 14

2.5.2. L’EAU ............................................................................................................. 15

2.5.3. LA BIODIVERSITÉ .............................................................................................. 15

2.5.4. L’OR .............................................................................................................. 16

2.6. MANQUE DE TRANSPARENCE DE L’ÉTAT ........................................................................ 17

2.6.1. QUELS SONT LES REPÈRES DE LA POPULATION GUYANAISE CONCERNANT L’ORPAILLAGE ILLÉGAL ? 17

2.6.2. QUE MASQUE L’ABSENCE DE TRANSPARENCE SUR LES CHIFFRES RÉELS DE L’ORPAILLAGE ILLÉGAL ? 17

2.6.3. NON TRAÇABILITÉ DE L’OR ET PROFITS INDIRECTS DE L’ÉTAT ...................................... 18

2.6.4. CENSURE ET OPACITÉ ......................................................................................... 18

3. L’ACTION DE L’ÉTAT (ANNEXE 3) ........................................................................................ 18

3.1. MESURES JUDICIAIRES ET OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE L’ORDRE ....................................... 18

3.2. CONSTAT ACCABLANT DES SERVICES DE L’ÉTAT AU TRAVERS DU RAPPORT 2012 DU PARC AMAZONIEN

DE GUYANE ........................................................................................................................ 18

4. CE QUE NOUS ATTENDONS DE NOTRE GOUVERNEMENT FRANÇAIS ............................................. 20

5. EN CONCLUSION, LES QUESTIONS QUE SE POSENT LES HURLEURS .............................................. 20

A N N E X E

ANNEXE 1 : MERCURE : ATTEINTE À L’INTÉGRITÉ DES PERSONNES .................................................. 22

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ANNEXE 1 BIS : MERCURE : DOCUMENT INSERM 2008 ............................................................. 23

ANNEXE 2 : L’INSECURITÉ LIÉE À L’ORPAILLAGE ILLÉGAL ............................................................. 24

ANNEXE 3 : LES ACTIONS DE L’ÉTAT ........................................................................................... 27

ANNEXE 4 : LE PALUDISME, LA FRANCE ÉPINGLÉE PAR L’OMS ........................................................ 29

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1. QUI SONT LES HURLEURS DE GUYANE?

Le collectif des « Hurleurs de Guyane » se structure depuis le 1er octobre 2013. Il regroupe

des citoyens, des associations et des structures économiques, artistiques, politiques et

sociales, autour d’un seul dénominateur commun : dire « NON à l’orpaillage illégal » en

Guyane !

Les Hurleurs de Guyane est un mouvement collectif, comprenant la plupart des sensibilités.

NOTRE MOUVEMENT EST PACIFIQUE ET RESPECTE LA LÉGALITÉ.

Les valeurs qui nous rassemblent. Un combat qui nous concerne tous.

- Oui à l’instauration de l’État de droit. L’orpaillage illégal constitue un véritable affront à la République française. Elle se doit

d’assurer la sécurité de tous ses concitoyens.

- Non à l’exploitation humaine. L’orpaillage illégal fait appel à une main d’œuvre qui travaille dans des conditions qui ne

répondent à aucune norme internationale. Ces travailleurs surexploités détruisent la Guyane

pour des bénéficiaires jamais inquiétés. Blessures, règlements de compte, mortalité précoce,

prostitution, paludisme sont le corollaire de cet esclavage moderne.

- Non à la violence, à l’insécurité, aux vols et aux trafics dont nous sommes tous victimes ! L’orpaillage illégal s’appuie sur des réseaux mafieux. Les vols et les agressions de citoyens

guyanais sont courants. Un trafic d’armes se développe sur le territoire guyanais pour

alimenter ces réseaux mafieux et leurs actions. Ils introduisent aussi sur le territoire guyanais

de la drogue qui n’alimente pas seulement les sites d’orpaillage.

- Non à la contamination au mercure, à l’atteinte à la santé des habitants, à la pollution des cours d’eau et à la destruction de la forêt amazonienne. Pour amalgamer l’or, les orpailleurs illégaux utilisent du mercure qui se retrouve dans l’air,

puis dans l’eau. Il empoisonne l’environnement et contamine fortement les animaux

aquatiques : aujourd’hui, il est recommandé aux femmes enceintes de limiter leur

consommation de certains poissons, pour préserver leur fœtus.

- Non à la destruction des modes de vie traditionnels. Les populations qui tirent leurs subsistances de la nature ne peuvent plus pêcher certains

poissons. En raison de l’insécurité, ils ne peuvent plus aller à la chasse ni à l’abattis. Comment

peuvent-ils continuer à vivre selon leurs coutumes, sans devenir complétement dépendant de

ressources alimentaires importées ?

- Non au pillage des ressources de la Guyane.

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Entre 10 et 15 tonnes d’or seraient exfiltrées chaque année via les pays frontaliers à la

Guyane, pour intégrer les filières officielles. Ce pillage représente chaque année une perte

nette minimale de 300millions d’euros pour le territoire guyanais et pour l’État français.

- Non à l’indifférence. Les forces armées de Guyane, avec des moyens trop limités, essaient de préserver le

territoire, sans résultat concluant à ce jour. Au-delà des populations de l’intérieur, qui s’en

préoccupe au quotidien ? Pourquoi les acteurs publics devraient faire plus, si personne ne se

mobilise ?

- Oui à la mobilisation. C’est seulement grâce à la mobilisation citoyenne que les choses avanceront véritablement

2. POURQUOI STOPPER L’ORPAILLAGE ILLEGAL EN GUYANE ?

Les Hurleurs ont défini les principales motivations qui les conduisent à demander

l’éradication de l’orpaillage illégal dans les chapitres ci-dessus. Ces différents points et leurs

déclinaisons transversales reposent sur les notions fondamentales de la protection sociale,

économique, environnementale de la Guyane, département français.

2.1. L’atteinte à l’intégrité des personnes

2.1.1. LA CONTAMINATION AU MERCURE ET LA POLLUTION DES COURS D’EAU

En Guyane voici les faits :

« Sur le plan environnemental, les opérateurs illégaux utilisent du mercure pour amalgamer l’or

(cette technique est interdite en France depuis le 1er janvier 2006) et 5à 20 tonnes de mercure sont

rejetées chaque année dans le milieu naturel (atmosphérique et fluvial) et empoisonnent l’ensemble de

la chaîne alimentaire. Ces rejets provoquent en effet un phénomène de bioaccumulation dans les

poissons qui sont ensuite consommés par les populations amérindiennes. Les conséquences en termes de

santé publique sont très inquiétantes : on décèle un taux d’imprégnation au mercure supérieur à la

norme OMS chez plus de 70 % des enfants amérindiens Wayanas du Haut-Maroni (Inserm, 1998).

Les garimpeiros, pour la plupart miséreux et exploités, parfois soumis au travail forcé, sont également

les victimes et présentent généralement un statut sanitaire et vaccinal précaire susceptible de

contribuer à la propagation des maladies ». (Rapport du SENAT n°271 de février 02/2011)

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Malformations et atteintes cérébrales (Annexe 1)

« 84% des Wayanas dépassaient les limites de concentration en mercure de l’OMS »

« Le poisson du Maroni entraine 30% de cellules nerveuses en moins chez la souris » (Information

presse INSERM 18 octobre 2011, en annexe)

Des problèmes neurologiques, intellectuels, des réflexes ostéotendineux accrus, un défaut

de coordination des membres, une diminution des capacités visuospatiale, et parfois des

malformations congénitales sont observés chez les Wayanas depuis plusieurs années,

évoquant les troubles induits par le mercure, notamment observés à Minamata avant

l'apparition de graves malformations chez les enfants et des troubles pouvant conduire à

une mort particulièrement douloureuse (tétanie…).

En 2005, c'étaient 84 % des adultes Wayanas et Tekos qui présentent des concentrations en

mercure dans leurs cheveux dépassant la barre de 10 µg/g fixée par l’OMS, contre 64 % lors

de l’enquête de 1997. Et les enfants, les plus sensibles, sont passés de 50 à 54 % au-dessus

de 10 µg/g.

Une grande partie de ce mercure se retrouve également dans l'atmosphère après avoir été

chauffé par l'ouvrier orpailleur pour le séparer de l'or. Les vents emmènent ce mercure qui

se condense et se dépose plus loin. C'est ainsi que des villages comme Twenké et Antécume

Pata, pourtant situés assez loin des sites d'orpaillage, sont presque aussi gravement

contaminés que ceux situés juste en aval des chantiers illégaux de la rivière Waki, comme

Cayodé ou Elahé.

La réalité en Guyane devrait nous faire réagir par rapport à l’expérience vécue suite à la

catastrophe de Minamata dans les années 50 au Japon. La France est maintenant signataire

de la « convention de Minamata » réglementant l’usage du mercure, depuis octobre 2013.

Où se situe l’application du principe de précaution ?

Comme au Pérou, dans la région de Madre de Dios on trouve des personnes contaminés sur

un rayon de 100 km autour des sites illégaux (plus de 75% des personnes et 60% des

poissons analysés), confirmant la situation du village de Trois Sauts sur le Haut Oyapock dont

les habitants ont un taux de contamination supérieur à ceux de Camopi, village plus en aval

cernés par les sites illégaux.

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2.1.2. NON-ASSISTANCE A PERSONNES EN DANGER OU MISE EN DANGER DES

PERSONNES ?

Un rappel de ce qui dit la loi :

La non-assistance à personne en danger est l'engagement de la responsabilité pénale d'une

personne qui n'interviendrait pas face à une personne courant un danger. L'engagement a lieu si :

la personne a connaissance du danger ;

elle est en mesure d'agir ;

l'action ne présente pas de danger pour la personne ni pour un tiers.

Pour ces raisons, la loi française préfère parler d'abstention volontaire de porter assistance à

une personne en péril. Est-ce que chaque citoyen français doit se considérer en non-

assistance à personne en danger ?

Pour que le délit de mise en danger délibérée de la vie d'autrui soit constitué, le ministère

public doit apporter quatre types de preuves cumulatives :

existence d'une obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée par la loi

ou le règlement ;

violation manifestement délibérée de cette obligation ;

exposition directe d'autrui ;

existence pour autrui d'un risque immédiat de blessure ou de mort.

On est en droit de se demander laquelle des quatre preuves manque ?

Le ministère de la Justice utilise le mot "empoisonnement"

L’orpaillage illégal et la criminalité associée

« Les atteintes à l’environnement et à la santé publique engendrées par l’exploitation aurifère

illégale (pollution née de l’usage de mercure avec empoisonnement des populations par les rejets

d'eau contaminés, de l’abandon des déchets et des dégradations irréversibles créées par l’introduction

d’engins de chantier dans la forêt ne sont qu’un aspect de cette forme de délinquance. » (Bulletin

Officiel MJ Circulaire du 23/02/2013)

Directive 2000/60/CE du Parlement européen

Faut-il rappeler également les engagements applicables en Guyane relatifs à la directive

2000/60/CE du Parlement européen ?

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Depuis les années 1970, la politique publique de l’eau s’inscrit dans un cadre européen. La directive

cadre sur l’eau (DCE) du 23 octobre 2000 (directive 2000/60) vise à donner une cohérence à

l’ensemble de la législation avec une politique communautaire globale dans le domaine de l’eau. Elle

définit un cadre pour la gestion et la protection des eaux par grand bassin hydrographique au plan

européen avec une perspective de développement durable.

La DCE fixe des objectifs pour la préservation et la restauration de l’état des eaux superficielles (eaux

douces et eaux côtières) et pour les eaux souterraines. L’objectif général est d’atteindre d’ici à 2015

le bon état des différents milieux.

(Source : www.eaufrance.fr/comprendre/la-politique-publique-de-l-eau)

L’activité d’orpaillage illégale qui pollue et détruit les cours d’eau est donc contraire à cet

engagement des membres de l’Europe.

2.1.3. LES AUTRES EFFETS SANITAIRES

Le paludisme devient résistant en Guyane en raison de l’absence de gestion des

orpailleurs illégaux et amène l’OMS à alerter la France sur les risques sanitaires au

niveau mondial (Annexe 4).

Le docteur Mathieu Nacher dermatologue et vénérologue au Centre Hospitalier

Andrée-Rosemon à Cayenne, déclare que « le combat contre le paludisme risque

d'échouer si la Guyane continue d'appliquer les lois nationales » (TF)

Selon le docteur Mathieu Nacher, «en Amazonie, on a des indicateurs qui montrent que

des résistances sont apparues. Mais on manque de données. On n'est pas loin du seuil où il

faudrait faire des études complémentaires ». Ce qui s'avère impossible sur les sites

clandestins. En Guyane, on recense environ 15 000 orpailleurs clandestins. En effet, la

loi dite Hurlet-Serusclat interdit toute recherche médicale sur les patients qui ne

disposent pas d'une assurance santé. Donc ni prise de sang, ni diagnostic. «Pourtant,

les recettes, on les connaît, on sait ce qu'il faut faire», assure le médecin, qui évoque

principalement la méthode appliquée au Surinam.

http://www.un-temoin-en-guyane.com/article-paludisme-la-france-dans-le-

colimateur-de-l-oms-120788483.html

Dans les communes de l’intérieur de la Guyane le déséquilibre nutritionnel est

amplifié par l’impossibilité de consommer certains poissons et la raréfaction du

gibier.

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2.2. La destruction des modes de vie traditionnels

2.2.1. ATTEINTE AUX DROITS DE L’HOMME

Le droit de circuler, le droit à la sécurité, le droit à l’autonomie alimentaire, tous ces droits fondamentaux sont bafoués par l’orpaillage illégal est ses conséquences. Le 15 janvier 2001, la FOAG a déposé une plainte contre X auprès du procureur de la

République de Cayenne ayant pour objet la pollution par le mercure des eaux du Maroni et

son effet sur la santé des peuples autochtones de Guyane, s’appuyant notamment sur la

déclaration des Droits de l’Homme.

Trois de ses articles servent de référence à la plainte : l’article 3 (droit à la vie, à la liberté et

à la sécurité de la personne), l’article 22 (droits économiques sociaux et culturels) et l’article

25 (droit de la personne à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et

ceux de sa famille, et notamment droit l’alimentation).

Qu’en est-il de l’accès à l’éducation pour tous sur l’ensemble du territoire français ? Sur ce

sujet comme sur tant d’autres, la République n’est pas toujours en mesure d’honorer ses

obligations vis à vis des populations françaises de l’intérieur de la Guyane. Par exemple, les

écoles du Haut-Maroni ont dû être fermées temporairement suite au rapatriement du

personnel scolaire par le rectorat, du fait de l’insécurité récurrente liée à l’orpaillage illégal

dans ces villages privant ainsi les enfants à l’accès et à la réussite éducative.(La situation des

peuples autochtones de Guyane française sur le Haut-Maroni (2007) Rapport pour le Haut

Commissariat aux Droits de l’Homme par Alexis Tiouka)

Déclaration de Rio 1992 1

Dans son principe n°15, la Déclaration de Rio reconnaît que la meilleure manière de traiter

les questions environnementales est de permettre la participation des peuples autochtones

concernés.

Dans son principe n°1 chaque être humain à droit à une vie saine et en harmonie avec la

nature.

2.2.2. DESTRUCTION DU CADRE DE VIE ET DES RESSOURCES VITALES

C’est un véritable climat de terreur qui est engendré par les illégaux sur les populations

vivant à proximité des zones d’activités :

1 http://www.un.org/french/events/rio92/rio-fp.htm

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« La violence, qui s’exerce également entre travailleurs clandestins, touche naturellement les

populations locales. Cela se traduit notamment par des vols de moteurs de bateaux ou d’autres objets

utiles pour les orpailleurs clandestins, mais également par des assassinats. Les communautés

amérindiennes de Guyane sont très majoritairement opposées à des activités illégales qui provoquent

des conflits en occupant les terres, en dégradant un milieu naturel auquel elles sont particulièrement

attachées et en exerçant des pressions sur les ressources de pêche et de chasse dont elles tirent leur

subsistance. » (Rapport du SENAT n°271 de février 02/2011)

Mise à mal de l’environnement

Destruction visuelle et pollution auditive et chimique des zones de vies des populations.

Disparition des ressources vivrières

Des témoignages directs de journalistes2 ainsi que de la population des communes de

l’intérieur nous parlent de pistes forestières innombrables quadrillant totalement la forêt

guyanaise, principalement en zone réglementée. Elles permettent la circulation à pied mais

également en quad des orpailleurs clandestins, ainsi que de la multitude de personnes qui

profitent de l’activité, depuis les placers jusqu’aux sites de ravitaillement intermédiaires en

pleine forêt (eux-mêmes sortis de nulle part) et enfin vers les sites parfaitement identifiés de

blanchiment de l’or et de ravitaillement « lourds » (Vila Brasil sur l’Oyapock ou Albina 2 sur

le Maroni par exemple). Ces pistes coupent littéralement les villages des sites de culture sur

abattis pourtant vitaux pour ces populations, par ailleurs privées des ressources liées à la

chasse et à la pêche. Même s’ils peuvent traverser ces pistes, les habitants ne s’y risquent

plus de peur de se faire agresser, comme c’est très souvent le cas. Ces cultures vivrières,

issues de pratiques ancestrales, constituent, avec la consommation de poisson, les bases de

l’alimentation de ces populations. La culture sur abattis étant rendue impossible par la

pratique de l’orpaillage illégal, ceci pose de fait la question de la subsistance alimentaire de

ces citoyens français, sous le regard impuissant de l’État.

2.3. L’exploitation humaine

De 3 000 à 20 000 clandestins3 sont exploités dans des conditions contraires aux règles

élémentaires du Code du travail.

2 Une Saison en Guyane N°5

3 Rapport Assemblée nationale n°3314 du 6 avril 2011

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Evidement ces « garimpeiros» qu’ils soient d’origine brésilienne ou non, sont privés des

droits à la retraite, des soins de base, des congés payés, exposés aux dangers de l’activité

sans protection.

Autour de cette activité s’organise une économie parallèle qui piège l’essentiel des

«garimpeiros», leur reprenant les grammes d’or durement gagné en « services organisés » :

alimentation, alcool, médicaments, drogues, sexe… De sorte qu’ils sont aussi désargentés au

terme de 6 mois de labeur qu’à leur arrivée. Pour retourner au pays la tête haute, ils vont

souvent attaquer les autres orpailleurs illégaux (ou non), ou viennent dans les villages et

sites touristiques proches ou sur le littoral pour voler et repartir avec un petit pécule.

Les organisateurs de ces réseaux illégaux, maintiennent un service d’ordre interne auteur

d’exactions vis-à-vis des « garimpeiros récalcitrants». Les passages à tabac s'accompagnent

couramment de tortures. Une infirmière confirme: «Les blessés, souvent brésiliens, parfois

surinamais, arrivent par vagues, ils ne sont pas victimes de coups imputables à une bagarre.

Ce sont des gens torturés. Ces mauvais traitements sont destinés à les faire parler. Cela peut

aller jusqu'à une balle dans la jambe». Mais on parle également d'exécutions sommaires sur

la rive surinamaise du fleuve. «Il y a un grand nombre de morts en forêt», ose une habitante

de Maripasoula. Côté surinamais, il existerait au moins un cimetière clandestin ainsi que des

baraques de fortunes réservées aux sévices, affirment des «survivants» brésiliens.

Carlos Reis, consul du Brésil à Cayenne dès octobre 2000, a recueilli plusieurs témoignages

de compatriotes victimes de torture. Parmi les plus effarants celui de «Piaui» qui a reçu des

décharges électriques dans les pieds, une lame chauffée sur le corps et de l'essence sur les

yeux. Ses tortionnaires ont fini par lui raser le crâne. Complètement traumatisé, il a quitté la

Guyane. Un autre Brésilien qui, lui, a porté plainte, est resté trois jours enchaîné, battu et

nourri à l'eau savonneuse, des épines plantées sous les ongles.

Sur la rive surinamaise, à 30 minutes de pirogue de Maripasoula, le village de Métal est le

véritable centre nerveux de l'orpaillage. A côté, il y a l'aéroport, que les autorités

surinamaises ne contrôlent pas. Des victimes expliquent les méthodes de recrutement au

«quartier général» de Métal: les papiers sont confisqués par des hommes qui se présentent

comme des militaires, les « garimpeiros » sont ensuite embauchés sur les sites,

principalement à Dorlin. Ils ne seront ensuite payés que le premier mois alors qu'ils vont

travailler pendant plus d'un an.4

2.4. La violence, l’insécurité, les vols, les trafics d’armes et de

ressources (Annexe 2)

4 Sources : RFI juillet 2001

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2.4.1. TRAFICS LIES A LA LOGISTIQUE DE L’ORPAILLAGE : CARBURANTS,

NOURRITURES, PIECES, MERCURE…)

«Il faut en outre comprendre que la lutte contre l’orpaillage illégal, les trafics liés, la destruction de

la forêt et tous les autres trafics qui pourraient naître autour de l’ouverture du pont sur l’Oyapock

(…) doivent devenir des préoccupations majeures ». Rapport du Sénat n°694 du 24/7/2012

A qui profite le crime ?

Quand s'intéressera-t-on au financement des sites d'orpaillage clandestins ? Peut-on imaginer un seul instant que ceux touchés par les opérations Anaconda puis Harpie sont ceux qui achètent les pelleteuses, pompes et quads qui équipent chaque site ? Le fonctionnement d'une pompe d'extraction demande 100l de carburant par jour, une

pelleteuse en engloutit le double. Alors qui se cache derrière ces ouvriers clandestins ? Qui

recycle et blanchit l’or illégal ?

En mars 2006, la justice a ainsi condamné à deux ans de prison ferme et à 36000€ d'amende

le « propriétaire » de la mine de Dorlin maintes fois détruite par les gendarmes, le trop

fameux Jean Béna, bien connu des services de l'État pour être en fait depuis 1997 chargé par

les préfets successifs, avec sa propre milice, du maintien de l'ordre sur le Maroni ! Il semble

qu'aujourd'hui encore qu’il « gère » depuis c'est de son « quartier général » de Métal (sa

propriété au Surinam à 20 mn de Maripasoula), sa peine ayant par ailleurs été ramenée à 6

mois de prison avec sursis et 15 000€ d'amende.

Qui aujourd'hui poursuit le trafic de Dorlin ?

Une population désemparée

Pour enrayer la menace subie quotidiennement certains finissent même par agir pour

enrayer la menace qui pèse en permanence sur eux, leurs proches et le village.

A titre d’exemple, c'est probablement par dépit que l'ancien maire de Camopi, Joseph

Chanel en est venu lui-même à participer au trafic de denrées en ravitaillant les sites

d'orpaillage avec le moteur offert quelques mois auparavant par … Nicolas Sarkozy lui-

même. Après des années d'appel au secours, il dit avoir agit pour « emmerder l'État

français ». En 2003, sur une radio locale, le commandant de la Gendarmerie de l'époque, le

colonel Jean-Philippe Danède, avait reconnu qu'aucune opération contre l'orpaillage illégal

n'avait eu lieu dans la région de Camopi entre 1996 à 2003, ceci malgré les appels de

détresse de la municipalité dénonçant la présence de plus en plus massive d'orpailleurs

illégaux et la poussée de villages clandestins, sur la rive brésilienne, en face et en aval de

Camopi, servant de bases arrières aux sites aurifères illicites de Guyane.

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Il a été condamné à 10 mois de prison avec sursis après avoir été arrêté par ... les jeunes de

Camopi eux-mêmes !

Les trafics couvrent tous les secteurs : drogues, armes, proxénétisme, cigarettes, mercure,

médicaments, blanchiments d’or et d’argent : par exemple en Guyane la consommation

officielle de cigarettes est 4 fois inférieure à la moyenne en nationale.

La cause en serait-elle liée à l’ambiance généralisée et banalisée de l’impunité ?

Les élus locaux font le même constat : " Sur le terrain, les garimpeiros ont déclaré la guerre à

l'État français."(Jean-Étienne Antoinette, sénateur-maire de Kourou, article paru dans France

Guyane le 10 juillet 2012)

2.4.2. FREINS AU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET À L’ATTRACTIVITÉ DE LA

GUYANE

A quoi sert de vouloir développer le tourisme quand on ne peut garantir la sécurité

des touristes et lorsque les reportages véhiculent une image aussi négative ?

Un coup d’arrêt au développement touristique et à l’exploitation forestière

L'Union des opérateurs touristiques de Guyane a envoyé une lettre ouverte au Président de

la République intitulée "La Guyane nous échappe !!!"5 Ils souhaitent attirer l'attention du

gouvernent sur l'insécurité grandissante dans le département, conséquence "directe" ou

"indirecte" de l'orpaillage clandestin.

Extraits : « De plus en plus de touristes et résidents annulent tout simplement leur séjour sur notre

territoire parce qu’ils ont peur pour leur sécurité. Même les familles de gendarmes se font agresser,

vandaliser, cambrioler au sein même des brigades ! »… « Un constat peut d'ores et déjà être fait :

certains professionnels ont été contraints de stopper leurs activités, voire de rapatrier leur personnel,

notamment pour deux des plus grands camps touristiques de forêt, ainsi que le CNRS avec sa station

scientifique internationale des Nouragues. Certains opérateurs tellement fatigués et convaincus de

l’inefficacité du système ont fini par arrêter de porter plainte et de faire des déclarations de vols aux

assurances afin de ne pas se faire radier. »

Les vols fréquents sur les sites touristiques sont à l’origine du découragement des

entreprises: moteurs, carburants...

L’accès à la ressource est risqué pour les personnels de l’exploitation forestière.

Les salariés n’acceptent plus de séjourner à l’intérieur de la Guyane.

5 17 juillet 2012

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Nous citerons ici l’exemple de Saut Sonnelle, ouvert à nouveau il y a quelques mois au

tourisme mais restant depuis impraticable à cause du ballet incessant des pirogues de

ravitailleurs illégaux.

La médiatisation de la délinquance en Guyane en 2011 et 2012 (dont 12 sur la piste

Paul Isnard en 2011) et 2012 (dont 5 garimpeiros tués et les deux militaires par

ManuelZinhio puis plusieurs membres de son équipe).

L’impact négatif sur l’image de marque de la France sur son centre spatial.

Les effets des trafics et exactions provenant de l’orpaillage illégal atteignent les

limites de la base spatiale. Des interventions ont lieu à quelques kilomètres du CSG

dans sa zone d’emprise. Progressivement, les clients pourraient s’inquiéter de la

montée de la délinquance dans la ville spatiale et à ses abords. Son classement en

ZSP est intervenu en 2013 avec pour conséquence le rapatriement d’effectifs de

gendarmerie depuis les communes de l’intérieur touchées par l’orpaillage illégale

vers Kourou.

En septembre 2004, le ministre de l'Outre-mer, lui-même, admet que « La Guyane souffre

d'un grave problème d'image à cause de l'orpaillage clandestin».

2.4.3. FREINS AU DEVELOPPEMENT DE FILIERES ECO-DURABLES DE LA GUYANE

Les freins, et les processus d’empêchement

La Guyane possède des atouts considérables et quasiment uniques sur la planète pour

devenir le porte-drapeau d’un développement durable réussi d’un univers riche en

biodiversité. La Guyane doit être une chance pour l’Europe et la France.

L’UE a les moyens et se doit de montrer au reste de la planète comment le développement

durable est compatible avec un environnement exceptionnel de biodiversité : Nous avons, la

technologie, les moyens financiers, les normes, les moyens humains, le savoir-faire et une

opinion publique européenne demandeuse.

Au lieu de cela la France et l’UE montrent qu’il n’est pas possible de réaliser une mise en

valeur durable dans sa seule forêt tropicale d’importance et que bien au contraire elle est

pillée et polluée par les « garimpeiros ».

Cette démarche de mise en valeur d’un espace de biodiversité exceptionnelle ne peut se

réaliser que par une image et une situation irréprochable, ce qui est très loin d’être le cas à

ce jour. Le modèle économique d’une mise en valeur durable de la Guyane ne démarrera

qu’après l’éradication de l’essentiel des activités illégales.

Les activités illégales et informelles sont par nature en contradiction avec les normes et

concepts de développement durable. La gangrène de l’orpaillage illégal entraine une

absence de structuration des fondamentaux des économies développer.

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Au surplus les entreprises de l’informel sont si nombreuses qu’elles déséquilibrent les

marchés par une concurrence pour le moins déloyale et créent un sentiment général

d’impunité et d’absence de règle. Ce dernier sentiment est d’autant plus durement ressenti

que les entreprises légales sont d’avantage contrôlées que celles du secteur l’informel

(quant aux entreprises illégales, peu visibles, elles sont ignorées de la plupart des services de

contrôle).

Loin de se marginaliser l’illégal et l’informel constitue une base instable sur laquelle le

développement économique est extrêmement difficile.

L’éradication de l’illégal et de l’informel rendront enfin possible l’avènement véritable en

Guyane d’une société basée sur un développement durable dans l’intérêt premier de ses

populations avec une mise en valeur de la biodiversité et des ressources guyanaises dans le

cadre de l’exemplarité que l’UE et de la France peuvent et devraient légitimement porter.

2.4.4. INSECURITE DES POPULATIONS SUR L’ENSEMBLE DU TERRITOIRE

Les forces de l’ordre : elles aussi en danger

Plus personne n’est à l’abri des conséquences de ces trafics. Les gendarmes eux-

mêmes sont également visés par les représailles. Faut-il rappeler que deux militaires ont été

tués à Dorlin en juin 2012 et que les moyens de riposte des forces de l’ordre sont

déséquilibrés face aux moyens des bandes organisées. Les soldats arborent des fusils

d'assaut qui ne sont pas chargés pour respecter la législation.

2.5. Le pillage et la destruction des ressources en Guyane

L’activité des orpailleurs clandestins a des impacts écologiques majeurs. Ceux-ci ont

d’ailleurs été répertoriés dans un bilan par le Parc Amazonien de Guyane pour 2010 qui

démontre que les conséquences environnementales sont de plusieurs niveaux. Globalement

on retiendra l’atteinte à la biodiversité et la menace de disparition de la forêt primaire, par

la destruction de cours d'eaux, la fragmentation des milieux forestiers et aquatiques et

l’intoxication des milieux par le mercure.6

2.5.1. LA DÉFORESTATION

Au début des années 1990 l’analyse de l'impact surfacique lié à l'activité minière sur l'actuel

territoire du parc amazonien de Guyane était quasiment insignifiante. Depuis 1990 et jusque

2008, les surfaces nouvellement déforestées ont été observées avec une sérieuse

6 Source : Rapport n° 726 (2010-2011) de M. Jean-Étienne ANTOINETTE (sénateur), fait au nom de la

Commission des Affaires étrangères et de la Défense, déposé le 6 juillet 2011.

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augmentation. L'activité a franchi le seuil des 500 hectares déforestés par an en 2007 et s'est

maintenu en 2008 avec 539 hectares de déforestation. Même si ensuite, une forte

diminution des nouvelles déforestations avec 152 hectares évalués en 2009 et 87 hectares

en 2010, nous restons inquiets quant à ces chiffres qui alimentent le processus destructeur

de ce milieu remarquable planétaire. Car en synthèse, la surface cumulée de la déforestation

atteint 3 979 hectares au 31 décembre 2010.Au sein du parc national ce sont 1309 kms

d’impactés selon le rapport du PAG7 2012.

Rappels des conséquences de la déforestation :

La perte de biodiversité : les espèces perdent leur habitat qui est détruit : les effectifs

de populations rétrécissent et certaines disparaissent.

La fragmentation de la forêt la rend plus sensibles aux sécheresses et aux feux.

La modification du climat.

La perte d'eau : la déforestation diminue la quantité d'eau issue par

l’évapotranspiration des arbres.

L’impact social : moins de ressources pour les personnes qui tirent leur survie de ces

forêts (voir chapitre sur la destruction des modes de vie traditionnels et la santé des

personnes).

2.5.2. L’EAU

L’utilisation du mercure qui, bien qu’interdit dans le cadre de l’exploitation aurifère, est la

principale cause des atteintes graves à la qualité de l'eau par l’orpaillage clandestin, mais pas

la seule. L'impact est direct et indirect. On constate également la destruction pure et simple

des lits mineurs de cours d'eau de façon linéaire d’une part, et des discontinuités

hydrauliques et écologiques, en aval de ceux-ci, d’autre part.

Le cumul historique des impacts directs fin 2012 sur les cours d'eau représente un total de

530 km de linéaire dans la zone cœur du parc amazonien de Guyane. Le cumul historique

des linéaires indirectement impactés par des pollutions avec des matières en suspension à

l'aval des secteurs d’exploitations illégales, représente un total de 1 309 km.8

2.5.3. LA BIODIVERSITÉ

La convergence de la déforestation, la fragmentation, la destruction des milieux et la

pollution de l’eau a un impact majeur sur la perte de la biodiversité.

7 PAG : Parc amazonien de Guyane

8 Rapport PAG 2012.

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À cela s’ajoute la contamination des espèces par le mercure, en particulier les poissons.

Celle-ci met en danger l’Homme et toute la chaine alimentaire à partir de ces poissons qui

seront eux-mêmes consommés d’autres espèces.

2.5.4. L’OR

En Guyane, la production d'or déclarée est comprise entre 1 et 2 tonnes par an.

L'exploitation aurifère légale est une source de revenu pour les collectivités locales.

L’existence et le développement de l'orpaillage clandestin peut être considéré comme un

pillage puisqu’il représente un manque à gagner non négligeable pour les collectivités.

En effet, la production illégale étant probablement entre 3 à 20 fois plus importante en

tonnage que la production légale, le manque à gagner pour les collectivités peut être évalué

annuellement à plusieurs millions d'euros, et bien plus par les revenus dépensées en

Guyane, même si nous n’avons pas les moyens de définir dans ce rapport un calcul précis

faute de données complètes et récentes.

Perte de souveraineté nationale sur 10% du territoire de la République

Des militaires ont été tués en juin 2012

Pas d’accès rapide de tous les points du territoire

Les frontières passoires

Pas de force de l’ordre sur place

Pas de maillage du territoire

Vol de l’or

Dégradation en toute impunité

Installation de villages illégaux à l‘intérieur du PAG

Les statuts du Parc Amazonien de Guyane prévoient la lutte contre l’orpaillage illégal

au sein même du parc

Les reportages relatant le « far-west »français se multiplient.

Que reste-t-il de la souveraineté de la France ?

Qu’en est-il à ce jour pour nos 86 504 Km² ? Seuls le littoral et une partie des fleuves sont occupés, ainsi que Saül. Le reste semble proche

de l’abandon et sans maitrise.

Il est temps de se poser la question : qui des « garimpeiros » ou de l’État de droit maitrise

réellement les ¾ de la Guyane française ?

Ces 10% de la République seront-t-ils considérés avec autant d’intérêt que les autres régions

françaises (une telle zone de non-droit dans l’hexagone est équivalente à la Normandie et à

la Bretagne réunies) ou faut-il craindre un renoncement de l’État à maitriser et développer

durablement la Guyane au-delà de la bande littorale ?

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Ne serait-on pas en train de reproduire les schémas du passé comme le "Contesté franco-

brésilien" ?

Rappel des faits : Suite au litige ancien sur le positionnement de la frontière franco-

brésilienne, un arbitrage international assuré par la Suisse donna raison au Brésille 1er

décembre 1900 : arrivée bien préparée, sa délégation, menée par le baron de Rio Branco,

gagna les arbitres à ses vues, tandis que la France, peu soucieuse de la question envoya des

diplomates vaguement au fait de la situation : Au final, 260 000 km2 de territoire qui

auraient multiplié par quatre la surface du territoire guyanais échappèrent ainsi à la France

et rejoignirent l'escarcelle du Brésil.9

2.6. Manque de transparence de l’État

2.6.1. QUELS SONT LES REPÈRES DE LA POPULATION GUYANAISE CONCERNANT

L’ORPAILLAGE ILLÉGAL ?

Partout en France nous avons des statistiques, des chiffres, y compris sur la fraude. Sur

l’orpaillage illégal : aucune communication10, quelle est l’activité, en volume, en euros, le

nombre de clandestins, le nombre de délits et crimes, même le nombre de sites reste un

secret d’État jusqu’au 6 décembre 2013. Faut-il considérer ce manque d’information comme

le signe d’une opacité volontaire ou l’aveu de l’impuissance à maitriser l’espace ? Dès lors on

ne peut que supputer, estimer, imaginer et peut-être se tromper, ce qui est certain c’est que

pour agir il faut d’abord savoir et se rendre compte des effets du fléau.

2.6.2. QUE MASQUE L’ABSENCE DE TRANSPARENCE SUR LES CHIFFRES REELS DE

L’ORPAILLAGE ILLEGAL ?

Quelle est, par exemple, l’importance de cette économie parallèle clandestine ?

Il s’agit très probablement de la première économie réalisée sur le sol de la Guyane.

Si nous en restons aux recoupements les plus cohérents qui peut affirmer que le pillage est

plus ou moins de10 à 20 tonnes par an ? Soit une activité de 300 à 700 millions d’euros.

Une économie parallèle clandestine équivalente à ½ milliard €/an : Cela représente de4 à 8

avions rafales/an, c’est 2 à 3 fois plus important que l’activité spatiale déployées en Guyane.

Qui peut affirmer que les « garimpeiros » sont moins de 8 000 ou 20 000 ? A comparer aux

35 000 salariés du secteur privé ! 9 http://fr.wikipedia.org/wiki/Contesté_franco-brésilien

http://fr.wikipedia.org/wiki/Frontière_entre_le_Brésil_et_la_France 10

A noter toutefois, la réunion en Préfecture du 6 décembre 2013 qui permet pour la première fois depuis 2006 de disposer d’informations parcellaires.

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Le 6 décembre 2013 la préfecture de Guyane a confirmé la présence de 8 000 personnes

exploitant l’or en dehors de la logistique sur 473 sites illégaux.

2.6.3. NON TRAÇABILITÉ DE L’OR ET PROFITS INDIRECTS DE L’ÉTAT

L’absence de traçabilité de l’or illégal, volé à la Guyane, nous interpelle sur le fait que l’or

illégal vendu en France dans nos bijouteries permet peut-être à l’État de percevoir 19,6% de

TVA sur cet or illégal venu de Guyane. La non-traçabilité conduit l’État à profiter

indirectement et involontairement du pillage de l’or illégal terni par des crimes et délits.

2.6.4. CENSURE ET OPACITE

Comment interpréter la non-diffusion du film « Dirty Paradise »?

3. L’ACTION DE L’ÉTAT (ANNEXE 3)

3.1. Mesures judiciaires et opérations de maintien de l’ordre

La fin du caractère suspensif des recours contre les arrêtés d'expulsion décidé pour 5 ans en

1998 (Jospin), rendue permanente par Nicolas Sarkozy lors de la Loi sur l'Immigration de

2003, se révèle aujourd’hui notoirement inefficace puisqu'il est pratiquement impossible

d'empêcher les clandestins de revenir immédiatement depuis les 510 km de frontière sur le

Maroni.

L’État a lancé l’opération Harpie en remplacement de l’opération Anaconda. Des résultats

sont obtenus mais restent largement insuffisants. Nous soulignons les efforts et le courage

des forces (Justice, Police, Gendarmerie, Armée…) qui se mobilisent contre l’orpaillage

illégal, parfois jusqu’à y laisser la vie. Cependant nous ne pouvons que déplorer que depuis

20 ans, 4 présidents de la République et13 gouvernements se sont essayés dans la lutte

contre ce fléau sans résultat probants et définitifs.

3.2. Constat accablant des services de l’État au travers du

rapport 2012 du Parc amazonien de Guyane

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Le rapport annuel du Parc Amazonien de Guyane pour 2012 ne peut que constater les limites

actuelles de l’action de l’État :

« Une situation qui perdure : Insécurité, pollution, trafics, prostitution…

Les conséquences de l’orpaillage illégal sur les communautés d’habitants et leur environnement sont

d’autant plus préoccupantes qu’elles s’ancrent dans le temps et l’espace. « Cette pérennité des

chantiers d’orpaillage clandestins engendre un sentiment d’impunité parmi les garimpeiros. La

population et les élus locaux ne voient pas de résultats directs ». Pour les populations locales touchées

directement par l’orpaillage clandestin, c’est une image négative de l’efficacité des forces de l’ordre

qui domine. Et le parc amazonien de Guyane n’est pas épargné : «cette persistance des illégaux sur le

territoire décrédibilise l’existence même du parc national ».Face aux engagements de l’État, pris

notamment avant la création du Parc Amazonien de Guyane et vis-à-vis des enjeux sociétaux et

environnementaux, les secteurs identifiés dans les bassins de vie du Parc National réclament des

mesures adaptées et revêtent un caractère prioritaire en termes d’efforts de lutte. Mais, ces secteurs

doivent impérativement s’inscrire dans une approche stratégique globale à l’échelle régionale. »

Rapport annuel du Parc amazonien de Guyane 2012

Le PAG a même dû prendre la décision de suspendre certaines de ses missions face à une

situation hors de contrôle :

« Les tragiques évènements de juin 2012 ont renforcé l’inquiétude du parc national pour

certains de ses agents ayant fait l’objet de menaces. Il a été décidé, à l’issue du comité de direction du

29 juin, de suspendre les missions de surveillance fluviales et terrestres du Parc Amazonien de

Guyane. En effet, il a été estimé que la sécurité des agents n’était plus garantie dans leurs missions

de diagnostic de l’impact de l’orpaillage illégal sur les milieux naturels. À la demande des agents,

ces missions ont repris au mois de septembre. » Rapport annuel du Parc amazonien de

Guyane2012

On ne peut s’interroger sur la méthode mais aussi sur la volonté d’aboutir. Nous ne

reviendrons pas sur le manque de détermination ; qu’en serait-il si ces exactions avaient

lieu depuis 20 ans dans les Cévennes ?

Les rapports parlementaires font part d’actions complémentaires à mener au-delà des

opérations de police. Pourquoi ne pas s’en inspirer?

Rapport confidentiel rendu au ministère des Outre-mer en janvier 2012

« Cinq fonctionnaires et deux officiers de la Gendarmerie ont été envoyés en mission dans le

département en décembre 2011. Les ministres de l’Outre-mer et de la Justice du précédent

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gouvernement avaient signé la directive un mois plus tôt. Le but pour eux était de faire « un

inventaire des difficultés » auxquelles était confrontée Harpie et « des propositions pour optimiser

l'efficacité d'Harpie.»

"La mission est restée trois jours et a rendu en janvier 2012 un rapport de 32 pages. Mais, depuis,

une nouvelle majorité a été élue, et le document dort au ministère de l’Outre-mer et de la Justice. On

ne sait pas s'il sera un jour suivi d'effets. Pourtant il a coûté de l'argent à l'État et du temps aux

interlocuteurs locaux. Certains de ces interlocuteurs n'ont pas reçu ce rapport. " (France Guyane,

23 janvier 2013

Ce rapport inclus 16 mesures et préconisations. Quelles sont-elles ?

4. CE QUE NOUS ATTENDONS DE NOTRE GOUVERNEMENT FRANÇAIS

La transparence : un effort vient de se produire par une communication à la

Préfecture de Cayenne

Des actions efficaces, avec des moyens suffisants et adaptés

Dépasser les opérations de police unilatérale sans collaboration avec les pays

frontaliers: mise en application de l’accord du 23 décembre 2013 avec le Brésil puis

avec le Surinam.

La maitrise du territoire : La France a surement de très bonne raison d’intervenir au

Mali, en Afghanistan ou en Centrafrique mais ne faudrait-il pas d’abord assurer la

maitrise, la sécurité de la totalité de son espace national en premier lieu ?

La restauration d’une sécurité et des conditions de vie apaisées sur tout le territoire.

La Guyane est en droit d’attendre de la part de l’État la mise en œuvre d’une structuration

suffisante et le respect de règles minimales rendant possible, en Guyane, une véritable

construction d’une société basée sur un développement durable, dans l’intérêt

prioritairement de ses populations.

5. EN CONCLUSION, LES QUESTIONS QUE SE POSENT LES HURLEURS

Pouvons-nous compter sur notre gouvernement pour stopper l’orpaillage illégal

(dernier rempart avant une requête à l’ONU ?) ;

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Pouvons-nous compter sur les pouvoirs publics pour protéger les citoyens

français ou considère-t-on qu’abandonnés ces citoyens doivent :

o s’exiler pour vivre libre et en sécurité ? La motivation des jeunes de Guyane à

quitter le territoire ne découlerait-elle pas des enjeux transversaux liés à

l’orpaillage (développement économique/insécurité/manque

d’attractivité/sous structurations) ?

o se faire justice soi-même en Guyane au risque d’alimenter la violence ?

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ANNEXE 1 : MERCURE : ATTEINTE A L’INTEGRITE DES PERSONNES

Ces symptômes décrits par la population Wayana et Teko elles-mêmes correspondent à ceux

qu'on peut attendre étant donné les taux de mercure mesurés dans leurs cheveux dès les

années 1990 (11,7 µg/g pour les adultes et 14 µg/g pour les enfants (limite maximale OMS =

10 µg/g. Cette limite est jugée trop élevée par certains experts). Dans les années 1990 à

2004, certains villages wayanas, 65 % des adultes et 80 % des enfants présentaient une

imprégnation au mercure supérieure à la norme de l’OMS, jusqu'à 27,2 µg.

En moyenne, la population guyanaise non-amérindienne connaît une concentration

maximale de 3 µg/g de cheveux, légèrement plus élevée que la normale, mais très inférieure

à celle des Wayanas.

En 1998, l’Inserm avait déjà détecté les altérations du champ visuel, des troubles de la

coordination et de la mobilité, typiques de l’intoxication mercurielle, chez les enfants. C’est

un signe qui laisse craindre des déficiences probablement irréversibles selon les études de

référence, par exemple aux îles Féroé chez des enfants intoxiqués à des taux équivalents. >>

http://fr.wikipedia.org/wiki/Wayana#Sant.C3.A9 – Inserm 1998

84% des Wayanas dépassaient les critères de l’OMS.

Le poisson du Maroni entraine 30% de cellules nerveuses en moins chez la souris

(INSERM).

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ANNEXE 1 BIS : MERCURE : DOCUMENT INSERM 2008

Une solution contre la toxicité du mercure pour le cerveau

Des chercheurs de l’Inserm (Unité 968 « Institut de la Vision ») et du CNRS (laboratoire «

Environnements et paléoenvironnements océaniques et continentaux

(CNRS/Universités Bordeaux 1 et 4) viennent d’identifier des agents protecteurs contre la

neurotoxicité du mercure. Ces agents, appelés chimiokines, déjà connus pour leur rôle dans

l’infection et de l’inflammation, démontrent leur efficacité à protéger le cerveau des souris

dont l’alimentation est contaminée par du mercure. Les résultats obtenus démontrent que

le mercure peut provoquer une neuroinflammation, et que la chimiokine CCL2 agit comme

un système d’alarme neuroprotecteur dans les déficits neuronaux induits par le mercure.

Ces résultats viennent d’être publiés dans la revue Toxicological Sciences.

Les pollutions chimiques et industrielles restent présentes dans notre environnement et sont

une inquiétude pour la santé humaine. Les métaux lourds représentent les agents les plus

polluants, et parmi eux le mercure. Son dérivé, le méthyl mercure (MeHg) agit sur différents

organes (fonction rénale et de reproduction) et sur le cerveau.

Des chercheurs français menés par William Rostène, directeur de recherche Inserm en

collaboration avec des équipes japonaises ont étudié les effets neurotoxiques du MeHg et le

blocage possible de cette toxicité via un système physiologique, celui des chimiokines. La

première originalité de ce travail repose sur le modèle expérimental utilisé qui a pu

reproduire chez la souris l’intoxication alimentaire des Amérindiens wayanas vivant en

Guyane.1 Une perte d’environ 30% des cellules nerveuses dans le cortex des souris

contaminées par le MeHg a été observée dès 3 mois de traitement avec des croquettes

contenant de la chair de poisson Aimara hoplias contaminé péché en Guyane.

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Dans le bassin amazonien, les populations amérindiennes et riveraines de certains fleuves

sont contaminées par le MeHg présent dans le poisson (Aimara hoplias), la chaîne

alimentaire étant elle-même contaminée par l’activité d’orpaillage et par le lessivage des

sols naturellement riches en mercure. En 2005, 84% des Amérindiens Wayanas vivant sur les

berges du Haut Maroni en Guyane française présentaient une concentration en mercure

dans les cheveux dépassant la limite fixée par l’Organisation Mondiale de la Santé (10 µg/g)

selon Thierry Cardoso. Une étude de l’Inserm menée par Sylvaine Cordier et ses

collaborateurs en 2002 et portant sur les enfants du Haut-Maroni a montré une association

entre l’imprégnation mercurielle et des déficits cognitifs et moteurs.

Le second aspect original de cette étude a porté sur le fait qu’une chimiokine, le CCL2, a un

effet protecteur vis-à-vis de la neurotoxicité au mercure. Les chimiokines sont de petites

protéines connues initialement pour participer, dans le système immunitaire, à la

maturation et à la migration des leucocytes, en particulier au cours de l’infection et de

l’inflammation. Cependant les auteurs de cette étude ont récemment montré que les

cellules nerveuses (neurones et cellules gliales) pouvaient également fabriquer et libérer ces

chimiokines, dont le CCL2, et jouer ainsi un rôle de neuromédiateur dans le cerveau. Les

chercheurs ont observé que le MeHg induisait une diminution des concentrations en CCL2

dans le cortex ainsi qu’une activation des microglies. D’une manière intéressante, les souris

dépourvues du gène CCL2 présentent déjà une perte des neurones de 30%, perte qui est

exacerbée par le MeHg. Cela suggère que la présence de CCL2 est nécessaire à la survie

neuronale dans des conditions normales. En complément de ces expériences in vivo, des

études réalisées sur des cultures de neurones ont montré que le blocage de la transmission

de CCL2 augmentait la mort neuronale induite par le MeHg via un mécanisme faisant

intervenir le système d’oxydoréduction (gènes SOD et glutathion).

L’ensemble de ces résultats démontre que le MeHg peut provoquer une neuro inflammation

et que la chimiokine CCL2 agit comme un système d’alarme neuro protecteur dans les

déficits neuronaux induits par le MeHg. Ils viennent compléter et confirmer d’autres études

récentes montrant les effets toxiques du mercure sur le métabolisme énergique et ses effets

neurotoxiques.

Contact chercheur :William Rostène - UMRS 968, Institut de la Vision, Paris

[email protected]

Tél : 01 53 46 25 72/ 06 20 49 21 80

>> http://www.inserm.fr/espace-journalistes/une-solution-contre-la-toxicite-du-mercure-

pour-le-cerveau

ANNEXE 2 : L’INSECURITÉ LIÉE A L’ORPAILLAGE ILLÉGAL

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C'est en février 2000 qu'a véritablement éclatée cette « guerre de l'or » : des artisans

orpailleurs défient ouvertement les autorités en s'installant sur la rivière Waki située en

pleine « zone interdite ». L'un de ces artisans, Jean Béna, fait régner sa loi à coup de

Kalachnikovs, semant la terreur chez les Amérindiens, n'a pas hésité a kidnapper en février

2000 les chefs coutumiers d'Elahé et de Cayodé devant le regard impassible ou impuissant

du gendarme B. Roure, pour imposer sa présence. Jean Béna est d'autant plus connu des

autorités françaises qu'en 1997 déjà le préfet de l'époque, Dominique Vian, avait

« délégué » le maintien de l'ordre à ses milices mieux armées que les gendarmes et qu'en

juin 1998 le ministre des Territoires d'Outre-mer l'avait même rencontré. On atteint le

comble de l'ironie lorsqu'en 1999, un autre préfet, Henri Masse, autorise Jean Béna à

transporter du matériel d'orpaillage par pirogue (une pelleteuse démontée puis remontée

sur place) mais lui en interdit l’utilisation … Ceci se passait sur la crique Waki, un affluent du

Maroni en plein territoire Wayana protégé par l'arrêté préfectoral de 1970 qui en

réglemente strictement l'entrée.

Cet homme possède aujourd'hui une propriété à Métal, coté surinamais, bien gardée par sa

milice armée.11

Cayodé - Elahé : « Nous arrivons tout simplement à une situation de pré-guerilla en

France : sous nos yeux, orpailleurs illégaux et Amérindiens wayanas et tekos des villages

Cayodé et Elahé (villages de la commune de Maripasoula) sont en train de se « faire la

guerre » sur la rivière Waki-Tampok. (…) Il y a eu des échanges de coups de feu entre

Amérindiens et orpailleurs clandestins à proximité des villages. Un habitant a été blessé et

une décharge est passée à proximité du compagnon d’une des enseignantes du village de

Cayodé ; le rectorat a décidé d’évacuer son personnel, laissant les enfants sans école et dans

une situation périlleuse. …/… L’État ou quelques personnes, ont-ils des intérêts

supérieurs à laisser la situation se dégrader jusqu’à engendrer une guérilla, voire un véritable

conflit en Guyane française ? L’État attend-il que les Amérindiens, las, se résignent à

abandonner leur village et la forêt aux seuls chercheurs d’or ? Quand pourrons-nous de

nouveau circuler librement sans risquer la mort par arme à feu, sur les cours d’eau de la

région de nouveau limpides et poissonneux ? Quand pourrons-nous de nouveau vivre dans les

villages sereinement sans avoir la peur au ventre, sans avoir à se faire justice soi-même ?»

>> 20 octobre 2007, lettre ouverte à Monsieur Sarkozy &

http://www.icrainternational.org/actualites/407 -AFP

Maripasoula est devenu aujourd'hui le comptoir « officiel » de l'orpaillage, les

commerçants se faisant même payer en poudre d'or.

11

Noms cités dans les articles parus dans le Monde Diplomatique de février 2001 et le Monde du 7 février 2001

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Camopi : « La mort d'un orpailleur tué par un gendarme au cours d'une opération de

contrôle dans le cadre de la lutte contre l'orpaillage clandestin à Camopi a précipité les

habitants du village dans un maelstrom de violence. Ils ont essuyé notamment des coups de

feu à l'îlet Moulat durant une action vengeresse des orpailleurs. »

>> Guyane 1ère http://guyane.la1ere.fr/2013/06/28/plus-de-gendarmes-mobiles-

camopi)

Kourou, ville du centre spatial : « Si la délinquance de droit commun n'a pas

systématiquement de lien direct avec les activités des orpailleurs clandestins, elle n'en est pas

moins aggravée par le climat de violence exacerbée qu'entretient l'activité aurifère illégale.

Sur la seule commune de Kourou, les atteintes aux personnes ont doublé en un an : les

violences crapuleuses ont augmenté de 86 %, les vols à main armée de 89 % et les vols

avec violence sans arme de 103 %. Les atteintes aux biens ont également explosé : les vols

par effraction chez des particuliers ont augmenté de 85 % et les vols par effraction dans des

locaux professionnels de 154 %. Dans la nuit de lundi dernier, quatre effractions ont eu

lieu simultanément, ce qui prouve que cette délinquance ne connaît plus de limites. »

>> (Question orale sans débat n° 0102S de M. Jean-Étienne Antoinette (Guyane - SOC)

réponse du ministère chargé de la réussite éducativepubliée dans le JO Sénat du

19/10/2012 - page 3930)

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ANNEXE 3 : LES ACTIONS DE L’ÉTAT

Exemple : L'opération Anaconda en juin 2003 qui détruit une mine illégale à Dorlin, une

commune de Maripasoula, en expulsant 19 ouvriers, saisissant 3 kg d'or ainsi que du

matériel d'orpaillage (une pelle mécanique!) et en dynamitant les installations. En juin 2004,

c'est un village de 800 habitants qui s'est installé sur le même site de Dorlin avec cette fois à

saisir ou à dynamiter 2 pelleteuses, 18 pompes, 3 quads, 36 000l de carburant et… 227

carbets ! C'est avec un bulldozer saisi sur les lieux que les forces de l’ordre ont tout détruit,

laissant derrière elles une zone dévastée. Coup décisif ? Et bien non car 6 mois plus tard, le

« champignon » avait déjà repoussé.

En janvier 2005, l'armée lance cette fois-ci une opération d'envergure avec hélicoptère Puma

desquels débarquent des commandos de la Gendarmerie répétant les mêmes actions de

destruction. Et comme à chaque fois, les garimpeiros laissés pour compte en pleine forêt

n'ont d'autres moyens que de perpétrer des exactions pour « se refaire ». Chaque opération

Anaconda est donc suivie de braquages faisant encore monter le niveau de criminalité

autour des villages du Maroni ou de l'Oyapock. Lors d'une opération de ce genre sur le Haut-

Maroni les autorités ont été jusqu'à brulé des milliers de litres de carburant saisis aux

clandestins provoquant une pollution gigantesque sur le village à proximité :

«Pour exemple, l’ordre récent du procureur de la République de Cayenne de détruire une trentaine de

fûts de gasoil est tout simplement scandaleux : les gendarmes les ont brûlés en pleine zone urbaine,

recouvrant une bonne partie du bourg de Maripasoula d’un fumée noire et opaque ; ce qui n’a pas

pris feu s’est écoulé pendant plusieurs jours dans le Lawa (le fleuve qui borde la ville), dégageant une

forte odeur et empêchant quiconque de s’y baigner. Juste à côté, la centrale thermique EDF de

Maripasoula est souvent en rupture de stock de gasoil… »(La situation des peuples autochtones de

Guyane française sur le Haut Maroni (2007), Rapport pour le Haut Commissariat aux Droits de

l’Homme par Alexis Tiouka)

En 2008 déjà, Gérard Police nous avait prévenus que la pièce maîtresse du puzzle - chacun se

garde bien d'essayer de reconstituer - a pour nom un gros marché d'armement avec le

Brésil, portant sur des sous-marins Scorpène et un contrat d'assistance dans le

développement de sous-marin nucléaire d'attaque (Lapresse.ca, Mer et Marine,

Entreprises.ouest-france). Un marché de quelques 7 milliards d'euros, contre la vie de

quelques hommes, le saccage d'un territoire et de ses populations ? (L'Express : 3 questions

à Françoise Grenand).Et lorsqu'on avait envoyé la Légion étrangère et ses méthodes

musclées sur les sites illégaux, à la grande satisfaction des populations, les protestations du

Brésil avaient bien vite fait rentrer ces fins connaisseurs de la forêt dans leur caserne.

En décembre 2011 (jodla 14/12/11), le président de région Rodolphe Alexandre, aussitôt

taclé par la députée Christiane Taubira, et bien vite rentré dans le rang, avait tenté une

démarche vers les autorités brésiliennes pour les sensibiliser aux « exactions et aux

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dégradations commises par leurs ressortissants », obtenant d'accompagner le Premier ministre

Fillon qui venait voir Dilma Roussef pour lui vendre des Rafales... (Blada juin 2012).

Le cas des APT (Autorisations Provisoires de Travail) pour gérer la main d'œuvre

étrangère : en métropole, ces contrats de 9 mois maximum sont réservés aux ouvriers

agricoles saisonniers et aux étudiants. C'est ici le contrat de base dans le secteur aurifère. En

2003, selon le collectif « Quel orpaillage pour la Guyane ? » l'industrie de l'or employait 889

salariés officiels, dont 530 en APT, brésiliens pour la plupart, soit 60% de l'effectif déclaré. En

métropole, il faut un visa pour obtenir une APT, pas en Guyane.

Le rapport annuel du Parc Amazonien de Guyane pour l’année 2012 dresse à ce propos une

bien macabre liste :

« Le 3 juillet 2012, le conseil d’administration et les agents du Parc amazonien de Guyane

ont rendu un vif hommage à l’adjudant chef Moralia et au sergent Pissot, tués à l’arme de

guerre à Dorlin lors d’une opération Harpie de lutte contre l’orpaillage illégal. Ils se

souviennent également de Capi et Domingo, agents de la réserve naturelle nationale des

Nouragues assassinés sur le terrain en 2006 ; du caporal Giffard tué à Cayodé en 2010 sur le

territoire du parc national ; des piroguiers disparus et des gendarmes blessés, parfois très

gravement, dans l’exercice de leurs fonctions qu’ils accomplissent avec courage et

détermination au service de la Guyane et de la France. »

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ANNEXE 4 : LE PALUDISME, LA FRANCE ÉPINGLÉE PAR L’OMS

Le docteur Mathieu Nacher déclare que « le combat contre le paludisme risque d'échouer si

la Guyane continue d'appliquer les lois nationales » (TF)

L'Organisation mondiale de la santé reproche à la France son incapacité à lutter

efficacement contre le paludisme en Guyane, où la législation empêche toute action de soin

et de prévention sur les sites d'orpaillage clandestin.

La France est désormais affublée d'un bonnet d'âne. Celui que portent les mauvais élèves.

Un couvre-chef peu glorieux attribué par l'Organisation mondiale de la santé (OMS),

reprochant à la France son incapacité à lutter efficacement contre le paludisme en Guyane.

Donc, indirectement, de favoriser l'augmentation des résistances du virus au médicament

(l'artémisinine, une substance active médicamenteuse extraite d'une plante chinoise). Le

traitement le plus efficace, à cette heure, contre le paludisme.

Dès 2011, l'OMS s'est publiquement inquiétée du renforcement des résistances au

traitement. Un plan d'action a été publié afin de permettre à chaque pays directement

touché par le paludisme d'agir efficacement. Un dispositif qui a permis de lutter contre la

perte d'efficacité progressive de l'artémisinine. Sauf en Guyane. Principalement en raison

des foyers infectieux situés en forêt. En l'occurrence, les sites illégaux d'orpaillage.

NI PRISE DE SANG, NI DIAGNOSTIC

« On est face à un vrai problème, affirme le docteur Mathieu Nacher, dermatologue et

vénérologue au centre hospitalier Andrée-Rosemon, à Cayenne. En Amazonie, on a des

indicateurs qui montrent que des résistances sont apparues. Mais on manque de données.

On n'est pas loin du seuil où il faudrait faire des études complémentaires », ce qui s'avère

impossible sur les sites clandestins. En Guyane, on recense environ 15 000 orpailleurs

clandestins.

En effet, la loi dite Hurlet-Serusclat interdit toute recherche médicale sur les patients qui ne

disposent pas d'une assurance santé. Ni prise de sang, ni diagnostic. « Pourtant, les recettes,

on les connaît, on sait ce qu'il faut faire», assure le médecin, qui évoque principalement la

méthode appliquée au Suriname. Le « bon élève » de la classe.

DÉLÉGUER ? ILLÉGAL

Dès 2012, le gouvernement surinamais a mis en place un programme baptisé «Looking for

gold, finding malaria» (chercher de l'or, trouver le paludisme). « Des volontaires sont formés

par des professionnels de santé pour intervenir sur les sites, explique le docteur Nacher. On

leur apprend à diagnostiquer et à doser le traitement. C'est ce qu'il faudrait faire en Guyane.

Si le système de santé ne dispose pas des moyens pour intervenir, il faut déléguer. Mais en

France, ce n'est pas légal ». Car, lorsqu'un non-professionnel administre un traitement

médical, il s'agit tout simplement d'un exercice illégal de la médecine.

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UNE QUESTION DE SANTÉ PUBLIQUE

« On sait que des choses mijotent en forêt, mais on est pieds et poings liés par ces obstacles

légaux, peste le médecin. Pourtant on sait que le problème va évoluer ». Pour le praticien, il

n'existe pas de contradiction entre le fait de lutter contre l'orpaillage illégal et intervenir sur

les sites pour empêcher le développement du paludisme. « Dire qu'en soignant les

orpailleurs on va leur permettre de détériorer davantage la forêt, c'est avoir une vision à

court terme, insiste-t-il. Car il faut traiter, pour une question de santé publique. Si un feu se

déclare dans un bidonville où n'habitent que des clandestins, on envoie quand même les

pompiers. Sinon, le feu risque de s'étendre à toute la ville... »

UNE BAISSE DES CAS RECENSÉS

Le docteur Nacher précise que la faute n'est pas à mettre au passif des autorités locales,

«puisque le paludisme a diminué». Opération Harpie, moustiquaires, traitement ? Quoi qu'il

en soit, en 2012, 900 cas ont été recensés en Guyane. Contre plusieurs milliers en 2002. «

Mais actuellement, un tiers de la population touchée reste en dehors de l'action publique,

souligne le spécialiste. Or, l'objectif de l'OMS est l'élimination du paludisme.» Un objectif

impossible à atteindre si un seul des pays touchés rechigne à agir efficacement.

Un scénario répétitif depuis les années 1950

Avec l'arrivée des traitements, les résistances ont fait leur apparition. «Toujours selon le

même scénario», selon le docteur Nacher. Elles apparaissent d'abord en Asie du sud-est

avant de s'étendre à l'Afrique et, enfin, de s'immiscer en Amazonie. Ce fut le cas dans les

années 1950 avec la chloroquine, puis avec le Fansidar. Les années 1990 et 2000 ont permis

de faire d'énormes progrès, principalement avec l'Artémisinine. Mais à la fin des années

2000, une diminution de l'efficacité des médicaments a été relevée à la frontière

cambodgienne. Ce qui a fait naître la crainte, au sein de l'OMS, d'une extension des

résistances.

ET AUSSI...

- Mme Taubira déjà en 2002

En 2002, l'actuelle ministre de la Justice interpellait le ministre de la Santé à l'Assemblée

nationale sur la question du paludisme. Elle soulignait alors la recrudescence des cas

recensés en Guyane et réclamait la mise en place de mesures efficaces pour lutter contre le

développement de la maladie.

Onze ans plus tard, la situation n'a pas changé.

http://www.franceguyane.fr/actualite/economie-consommation/paludisme-la-france-

epinglee-par-l-oms-176514.php

Thomas FETROT - Vendredi 25 octobre 2013 France Guyane