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1 FOEN IZELLA Bulletin n° 37 JUIN 2011 SOMMAIRE Assemblée générale P.2 à 4 La justice et les bretons P.5 à 7 L’hôtel Menez-Frost P.8 à 13 Pleuven – L’occupation du Mésolithique moyen P.14 à 20 Les iles des Glénan vues par André Guilcher P.21 à 41 L’origine et la signification de « Fouesnant » et « Beg-Meil » P.42 à 43 Possessions de l’abbaye de Sainte Croix P.44 à 49 Les armoiries des familles nobles de Saint-Evarzec P.50 à 52 Courrier des lecteurs P.53 Dossier : les « Morts pour la France » de Saint-Evarzec P.54 à 86 Comité de rédaction du bulletin : le conseil d’administration. Responsable de la publication : Jean René CANEVET [email protected] Maquette : Charlotte CORNEC Secrétariat :Yvonne NICOLAS 65, route de Kerhall 29 950 Clohars Fouesnant Tél 02 98 57 22 73 Site internet : www.foenizella.com I.S.S.N. : 1165-3000 dépôt légal : Juin 2011. Reproduction interdite sans autorisation et mention spéciale d’origine. Tous droits réservés Couverture : « La cueilleuse de Goëmon », Tableau de A. Guillou

Bulletin N°37 - Association Foen Izella

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FOEN IZELLA

Bulletin n° 37 JUIN 2011

SOMMAIRE

Assemblée générale P.2 à 4 La justice et les bretons P.5 à 7 L’hôtel Menez-Frost P.8 à 13 Pleuven – L’occupation du Mésolithique moyen P.14 à 20 Les iles des Glénan vues par André Guilcher P.21 à 41 L’origine et la signification de « Fouesnant » et « Beg-Meil » P.42 à 43 Possessions de l’abbaye de Sainte Croix P.44 à 49 Les armoiries des familles nobles de Saint-Evarzec P.50 à 52 Courrier des lecteurs P.53 Dossier : les « Morts pour la France » de Saint-Evarzec P.54 à 86

Comité de rédaction du bulletin : le conseil d’administration. Responsable de la publication : Jean René CANEVET

[email protected]

Maquette : Charlotte CORNEC

Secrétariat :Yvonne NICOLAS 65, route de Kerhall 29 950 Clohars Fouesnant Tél 02 98 57 22 73

Site internet : www.foenizella.com

I.S.S.N. : 1165-3000 dépôt légal : Juin 2011.

Reproduction interdite sans autorisation et mention spéciale d’origine. Tous droits réservés

Couverture : « La cueilleuse de Goëmon », Tableau de A. Guillou

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ASSEMBLEE GENERALE 21 MARS 2011 PLEUVEN

Le président Jean-René Canévet ouvre l’assemblée en remerciant les personnes

présentes d’être venues nombreuses, témoignant ainsi de leur soutien et de leur intérêt pour l’association. Il transmet les excuses d’un certain nombre de membres, qui ne pouvaient assister mais ont fait parvenir leurs pouvoirs. Jean-René fait part avec regret du décès de Mr Pierre Hervé, adhérent de Foën Izella dès l’origine et rédacteur des nombreux articles bilingues Breton /Français parus dans le bulletin.

Le Président fait une synthèse rapide de la vie de l’association et de ses activités

pendant l’année écoulée, puis rappelle l’ordre du jour ainsi que les interventions prévues de Claude Fagnen et d’Annick Le Douget.

Le rapport d’activité, par la secrétaire, Yvonne Nicolas.

A partir de l’assemblée générale constitutive, en I986, c’est ce soir la 25è AG. Depuis la dernière AG de mars 2010, le conseil d’administration s’est réuni 5 fois : Le 8 avril, Le 14 juin, le 27 septembre, le 7 novembre, le 31 Janvier 2011. Nous comptons 135 adhérents à jour de leur cotisation ; une cinquantaine de personnes assistent ce soir à l’AG, et 51 pouvoirs ont été enregistrés. Les différentes animations auxquelles l’association a participé :

- Présence à la réception organisée par le Musée départemental breton pour l’inauguration du Musée Emile Simon au Manoir du Squividan.

- à l’inauguration du Salon des peintres de la marine à Bénodet ( Musée du Bord de mer »), ainsi qu’au vernissage de l’Expo de peinture de Clohars-Fouesnant.

- Les fêtes de l’été : Les deux Pardons du Drennec (Stand des Amis de la chapelle). - La Fête de Kerbader, où Charlotte nous avait réservé une place de choix. - Le Forum des associations à Fouesnant, début septembre (On souhaiterait participer

aux forums des différentes communes du canton, mais ceux-ci ayant lieu le même jour partout, c’est problématique …)

- Les Journées du Patrimoine, les I9 et 20 septembre, à Clohars (chapelle du Drennec). A Fouesnant, chapelle de Sainte Anne, il faut mentionner le travail considérable réalisé par Josette Renault et Charlotte Cornec, pour la mise au point d’une remarquable exposition de Paramantique (étonnante collection de vêtements sacerdotaux possédée par le Presbytère de Fouesnant).

- Fin septembre : Nous avons accompagné la Société Archéologique du Finistère dans sa visite du Manoir-Musée du Squividan, et du site du Château de Bodinio. Annick Le Douget et Pierre Lescot ont apporté, pour Foën Izella, leurs commentaires érudits.

Ces diverses animations et manifestations permettent à l’association de se faire connaître, nouer de nouveaux contacts, diffuser ses publications … Par ailleurs, nous répondons tout au long de l’année, dans la mesure de nos connaissances, à de nombreuses questions ayant trait à l’histoire locale : Toponymie, généalogie, documentations diverses demandées par des particuliers, des étudiants, voire des services municipaux ou autres …

L’essentiel de l’activité de l’association- celle qui a le plus d’impact sur les adhérents- reste la production des bulletins :

En 2010, a été mis au point le « Spécial Gouesnac’h », qui rassemble l’essentiel des

articles parus sur cette commune, de 1987 à 2009 ; une grande place est réservée aux articles

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écrits par Fred Savary. Ce recueil de 228 pages a eu beaucoup de succès sur Gouesnac’h, grâce aux Amis du Vieux Gouesnac’h et à la Mairie, qui en ont fait une belle promotion. Nous venons à leur demande d’en faire un nouveau tirage.

En juin 2010, le bulletin N°35 ; en décembre, le N°36. Nous avons dû faire un tirage supplémentaire de ce N°36, car l’article de Jean-René sur Beg-Meil a eu un grand succès. Notons aussi, en le remerciant, que François Cosquéric, membre de Foën Izella et correspondant local pour Ouest-France, nous fait beaucoup de « pub » par ses très bons articles dans le journal à la parution des bulletins. Rappelons aussi le Site Internet de Foën Izella, www.foenizella.com, créé et géré par Jean-René, qui annonce le bulletin dès sa parution.

Nous avons également fait un retirage du « Spécial Fouesnant », le plus gros de nos « spéciaux » (310 pages), toujours demandé.

C’est bien évidemment la production du bulletin qui représente l’activité principale de l’association : la recherche historique, la documentation et illustration, la rédaction des articles, la correction et mise en page numérisée ; ensuite l’assemblage, la reliure, la distribution aux abonnés et les expéditions … tout cela est le travail d’une petite équipe de bénévoles.

Enfin, il faut mentionner le travail important réalisé par Mr Fagnen pour l’élaboration d’une bibliographie aussi complète que possible des écrits concernant le Pays Fouesnantais, dont il va nous parler tout à l’heure.

Le bilan financier par Eliane Goardet, trésorière :

Le bilan d’exploitation de l’année est positif, les finances sont très saines. L’association s’auto-finance grâce aux adhésions, aux ventes de bulletins, et au bénévolat de l’équipe. Le montant de l’adhésion, avec le service des deux bulletins annuels reste inchangé (15€) ; par contre le prix à la vente du bulletin est porté à 10 €. Les rapports d’activité et financier sont approuvés à l’unanimité.

Le renouvellement du Tiers sortant :

Le tiers sortant est représenté par les membres élus ou réélus en 2008 : René Bleuzen, Jean-René Canévet, Eliane Goardet, Gilbert Lennon, qui se représentent. Le nombre de membres au Conseil d’administration n’étant pas limité, un appel à nouvelles candidatures est lancé, sans résultat. Le tiers sortant est réélu à l’unanimité.

Projets et orientations : Le Président rappelle les projets que l’association souhaiterait mettre en œuvre : Le

recensement du petit patrimoine rural du Pays Fouesnantais ( ruines de moulins, lavoirs, fontaines, fours à pain…) et l’histoire anecdotique qui parfois s’y rattache ; Mr Fagnen a réalisé une « fiche type » qui, accompagnée d’une photo, faciliterait l’identification de l’élément retenu.

Un programme de visites : Les chapelles ? les châteaux ?( les journées du

patrimoine ont en cela pris le relais !) Le moulin Chef du Bois ? Les sites « naturels » du Pays Fouesnantais ? Les menhirs ? tout cela suppose une organisation par des bénévoles compétents, et nous ne sommes pas nombreux ni toujours disponibles. Cependant, quelques

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visites vont être programmées, en relation avec Guy Rannou et le groupe de recherches historiques de la Forêt-Fouesnant

Un appel aux personnes ou familles possédant des documents d’archives familiales,

qui pourraient être d’un grand intérêt pour l’histoire locale ; ils seraient numérisés par nos soins, et rendus à leurs propriétaires.

M. Claude Fagnen, ancien archiviste départemental, membre de l’équipe Foën Izella, a entrepris l’élaboration d’une bibliographie méthodique du Pays Fouesnantais. Ce soir, aidé pour la projection par Charlotte Cornec, il nous présente sur écran le document numérisé ; un exemplaire « papier » circule également dans l’assistance. Ce recueil, qui rassemble pour le moment 200 références (livres, articles, études, publications diverses… concernant les 7 communes du canton), classées par auteurs et par thèmes, sera déposé à la médiathèque de Fouesnant et mis en ligne sur le site de Foën Izella. C’est là une première étape, car plus de 1000 autres références attendent classement et numérisation ; aussi bien le travail sera en perpétuel remaniement, puisque d’autres références sont toujours à découvrir et de nouvelles apparaissent régulièrement, ne serait-ce que les articles de notre bulletin. M. Fagnen, utilisant le système « WORD », explique les contraintes et la lenteur de la numérisation ; M. Pierre Lescot, adhérent à Foën Izella, intervient, préconisant « EXCEL ». Après réflexion, Claude Fagnen estime que le tableur «excel » est inadapté pour une bibliographie raisonnée, laquelle nécessite une classification par matières.

Mme Annick Le Douget, historienne, nous entretient ensuite d’un sujet peu connu et rarement abordé, bien que passionnant : La situation dramatique des justiciables bretons, jugés par un tribunal dont ils ne parlaient ni ne comprenaient la langue. Le texte d’introduction de l’article de Annick Le Douget, paru dans le Bulletin de la Société Archéologique du Finistère : « La Justice et les Bretonnants dans le Finistère de la Révolution à la fin du 19è siècle », sera inclus dans le « Foën Izella » N°37.

Le Président remercie les adhérents, les intervenants, ainsi que la Municipalité de Pleuven pour son accueil, et invite chacun à se retrouver amicalement autour d’un verre de cidre … de Fouesnant !

Yvonne Nicolas

Assemblée générale du 21 mars 2011

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Annick LE DOUGET LA JUSTICE ET LES BRETONNANTS DANS LE FINISTERE

DE LA REVOLUTION A LA FIN DU 19E SIECLE. Dans ma recherche sur la violence en milieu rural dans le Finistère au XIXe siècle, je m’attache à faire revivre l’ordinaire de la population paysanne, celui des sans-voix, laissés généralement dans l’ombre. La parole de l’accusé, de sa famille ou du témoin, que je traque dans l’archive judiciaire, est l’étoffe même de ma recherche. Mais subsiste toujours une incertitude, celle de l’authenticité, de la justesse des mots tels qu’ils ont pu être employés et tels que je les retrouve consignés dans les actes de justice et les auditions, préoccupation d’autant plus justifiée que la population rurale finistérienne pratique en grande majorité sa langue bretonne au cours du XIXe siècle. Cette parole recueillie sur le gril judiciaire passe finalement au travers d’un double tamis : un tamis social, celui du magistrat ou du greffier transcrivant les auditions, mais ceci est propre à l’ensemble de la justice rendue en France, et un second tamis, celui de la traduction de la langue d’usage en un français obligé. C’est cette réflexion sur la justice française face à la langue bretonne, et sur le Breton bretonnant face à sa justice, que je souhaite vous exposer ici à partir d’éléments glanés lors de mes recherches.

L’interprète : une institution ancienne Inutile de revenir sur le fait que le breton, à la différence de l’occitan par exemple, n’a été employé à aucune période de l’histoire, par l’appareil administratif ou judiciaire, et ne bénéficie d’aucun accès à la pratique administrative, “même au Moyen Âge, même avant l’incorporation officielle au Royaume de France en 1532, même au plus petit échelon”, résume le linguiste Courouau. C’est au latin puis au français que l’on recourt avant que l’ordonnance de Villers-Cotterêts, en 1539, ne prescrive le principe de la langue française pour l’ensemble des actes publics, et notamment judiciaires. Pour les révolutionnaires, l’usage du français,“la langue de la liberté”, est consacré comme unique et invariable dans cette République une et indivisible, renvoyant ainsi les citoyens non francophones, soit quand même près de la moitié des Français, à régler leurs problèmes par eux-mêmes. Cette préoccupation prend tout son poids dans le Finistère où plus de 90% des habitants de la campagne ne parlent que le breton à la veille de la Révolution. Sous l’Ancien Régime, l’Ordonnance de 1670 détermine la manière dont on doit procéder dans le cas d’un justiciable ne parlant pas le français : “si l’accusé n’entend pas la langue française, l’interprète expliquera à l’accusé les interrogatoires qui lui seront faits par le juge, et au juge les réponses de l’accusé ; et sera le tout écrit en langue française, signé par le juge, l’interprète et l’accusé”.

Une règle toujours respectée

Les divers textes de procédure pénale du XIXe siècle maintiennent cette règle d’un interprète oral de droit pour les non-francophones, pendant l’instruction et le procès même si le magistrat ou le greffier parle la langue du cru. Elle est toujours scrupuleusement respectée sous peine de nullité de la procédure. L’accusé doit pouvoir assister aux débats “avec l’intelligence de ce qui se passe et ce qui se dit”, assure le législateur. Néanmoins, l’on imagine bien que, dans ce contexte, le criminel reste souvent spectateur de son propre procès.

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Il ne comprend pas les opérations de tirage du jury, le réquisitoire de l’avocat général, ni les plaidoiries : la traduction sommaire ne lui est faite que s’il le demande expressément. S’ajoute encore à cet obstacle linguistique la difficile compréhension des termes juridiques... L’accusé doit avoir une confiance aveugle en ses juges...

Conséquences sur la marche d’un procès Les observations des magistrats sur les procès avec interprètes portent essentiellement sur deux points : l’allongement de la durée des audiences et le risque d’erreur des traductions. Le problème est crucial devant la cour d’assises de Quimper au XIXe siècle où, selon quelques sondages opérés par Fanch Broudic, la majorité des comparants, accusés ou témoins, doit avoir recours à l’interprète : c’est le cas de 70% d’entre eux dans les années 1811, et toujours de 57% en 1890. Les plaintes des présidents d’assises sur l’alourdissement des audiences sont récurrentes. Ce marathon judiciaire est préjudiciable à la concentration des jurés et des magistrats, ainsi que le déplore en 1839 le président Robinot de Saint-Cyr, à l’issue d’une session de deux semaines où ont été jugées 23 causes, soit trois affaires par jour en moyenne : “Dans les départements où l’on ne parle que le français, dit-il, ce nombre de causes n’a rien de remarquable, mais en Bretagne, et plus particulièrement dans le Finistère, les débats sont toujours plus longs. Rien ne s’y fait sans l’assistance d’un interprète... Non seulement alors les débats se prolongent mais les formalités se multiplient en tel nombre qu’il est à craindre que par lassitude, les jurés ne puissent pas donner à l’instruction l’attention qu’elle mérite. Il n’est qu’un moyen pour remédier à ce mal, c’est une prompte et bonne expédition des affaires”. Et l’on imagine aussi sans mal la fatigue des interprètes. Ceux-ci doivent capter le message de l’accusé ou du témoin dans toute sa subtilité, et faire passer autant les mots que les idées. La tâche de l’interprète de la cour d’assises de Quimper, où sont jugés des accusés de l’entier département avec des parlers bretons différents, est des plus lourdes et des plus délicates. Par ailleurs, le risque d’erreur dans les traductions est stigmatisé par quelques magistrats, et notamment par les conseillers bretonnants, à l’instar d’Huon de Kermadec, qui vient souvent présider les assises finistériennes dans les années 1825-1830. Après un procès de 1826, ce dernier assure : “J’ai senti combien il m’eût été difficile de faire parler près de cent témoins si je n’avais parlé la langue bretonne. Il y a mille choses qui échappent à la sagacité de l’interprète le plus intelligent”. En 1828, il dit encore : “Je ferai observer que, parlant le bas-breton, j’ai été à même plus que personne de remarquer des mauvaises traductions qui peuvent causer de graves erreurs”. L’interprétation de bretonnismes crée encore des malentendus dont l’impact sur la peine peut être considérable. Ainsi, dans une affaire d’empoisonnement perpétrée à Scaër en 1838, la femme Danielou, une belle-mère peu amène à l’égard de son gendre dont elle craint la force, avait dit la veille du crime, “c'est un terrible homme mais il s'adoucira ». “Je dois ajouter ici, explique le magistrat, que cette expression « il s'adoucira » signifie en langue bretonne « il s'affaiblira ». Ces menaces semblaient annoncer plutôt un projet de mort”, dit-il,

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c’est-à-dire que l’on peut y relever la préméditation, circonstance aggravante, mais c’est une interprétation que conteste la défense. Les magistrats déplorent enfin les acquittements survenus à la suite de divergences ou d’inexactitudes dans les témoignages recueillis sans interprète au moment des faits. Ainsi en 1858, à l’origine de l’acquittement d’un nommé Struillou, accusé d’attentats à la pudeur sur des fillettes, se trouve notamment la déposition du commissaire de police de Pont-l’Abbé, qui avait reçu les plaintes. “Il a le malheur de ne pas savoir le breton”, dit le président des assises, “et il avait mal compris les réponses que lui avaient fait d’abord les enfants et avait confondu certaines dates et certains faits”. Quelles ont été les solutions préconisées par les magistrats confrontés à ces problèmes et ces risques ? Peu nombreuses en vérité ! L’une d’elles passait par un traitement plus rapide des affaires, c’est-à-dire réduire la durée des auditions. Mais ce procédé n’a-t-il pas fait obstacle aux droits de la défense ? Une autre proposition consistait à créer un corps d’interprètes fonctionnaires en Basse-Bretagne, pour sélectionner les plus habiles d’entre eux. Néanmoins cette suggestion coûteuse, qui avait été rejetée sous la Révolution, n’aura pas davantage de suite ici dans les années 1830 malgré les réclamations réitérées de plusieurs présidents d’assises au ministre. L’interprète breton n’est donc pas un professionnel, même si les tribunaux s’attachent le plus souvent les services d’un interprète habituel disponible, de qualité reconnue, comme un instituteur, un retraité de l’armée, etc. Assimilé à un expert ordinaire, il doit avoir plus de 21 ans et prête serment avant chaque audition “de bien et fidèlement traduire les éléments du débat”. Malgré le développement de l’instruction dans le monde rural finistérien dans le dernier quart du XIXe siècle, les interprètes resteront des figures familières des palais de justice finistériens jusqu’à la Seconde guerre mondiale.

Carte postale du Palais de justice de Quimper

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René Bleuzen

L’HOTEL MENEZ-FROST A VECU Au temps de Pierre Cornec

L’hôtel Menez-Frost à Bénodet était, sans conteste, le genre d’hébergement dont on peut rêver pour un séjour de vacances, de vrai repos, de calme. Au milieu d’un parc arboré, les échos de la circulation, pourtant toute proche, ne parvenaient pas. Cependant, le portail de sortie à peine franchi, les résidents étaient à proximité de tous commerces et services : alimentation, coiffure, banque, pharmacie, ou encore la poste ou la mairie.

Le porche monumental de l’entrée dans la propriété

Une situation exceptionnelle au centre d’un bel urbanisme, des espaces publics que les municipalités ont toujours soignés pour le plaisir du visiteur… ajoutez à ceci pour le promeneur, un remarquable sentier du bord de mer, depuis l’anse de Penfoul jusqu’au grau de la mer blanche, après avoir dominé les pontons de la plaisance qui se sont construits des deux côtés de l’estuaire, admiré les Vedettes à l’ancre, les plages, les phares …( seule la pointe dénommée « propriété Chausse » échappe -illégalement- à la servitude littorale et dissimule au promeneur la vue du large ). Avant même d’aborder l’histoire de l’hôtel Menez-Frost, on peut dire qu’il se situait dans un environnement très valorisant. Si on se reporte au nom de la parcelle de terre « Menez Frost », on est amené à se demander si ce ne fut pas plutôt un espace négligé, en un temps où le tourisme était encore inconnu. En effet, « menez » est la traduction bretonne de « montagne » ou « sommet » et désignait une terre haute et aride ; et « frost » (frostachou au pluriel) a longtemps été utilisé pour désigner ces terrains vagues, inexploités, non clos et en friches, que l’on rencontrait souvent dans le passé, et dont les riverains se servaient pour des dépôts de matériaux, ou encore récoltaient ce qui y poussait pour les litières. (voir Foën Izella, bulletin N° 23, page 60).

Le nom « Menez-Frost » est cité par monsieur Marcou, architecte-urbaniste de la commune, dans une étude sur l’historique de l’urbanisation, pour désigner la propriété et ses

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superbes plantations, démembrée dans l’après-guerre. (voir Foën Izella, bulletin N° 4 ou aussi le « Spécial Bénodet »)

Même avec ce nom bien breton : « Menez frost », cet hôtel n’est pas un des plus anciens de la commune. Le plus ancien est sans conteste, selon les vieux bénodétois et les professionnels, l’hôtel Le Clinche, dans lequel le Maire de l’époque, Jean-Marie Friant, logea les trois religieuses enseignantes venues ouvrir la première école de Bénodet et y prodiguer des soins aux malades. Ce fut l’hostellerie du port, qui était une étape forcée pour cause de marée, que les bateaux devaient parfois attendre pour remonter l’Odet, allant livrer leurs cargaisons au Corniguel.

Il n’est pas non plus le plus important , celui-ci étant dénommé tout simplement « Le Grand Hôtel », qui connut des années fastes avec la venue des artistes parisiens ou celle des plaisanciers britanniques qui faisaient un détour par Bénodet pour venir déguster tout spécialement, dit-on, un « homard à l’armoricaine » . Lorsque la famille Boissel l’a vendu, il est devenu « L’Abbatiale ».

Menez-frost n’est pas une exception Plusieurs de ces hôtels ont (ou avaient) une enseigne que les propriétaires estimaient commerciale, adaptée à leur situation, ou qui rappelait leur histoire ; ou tout simplement pour une identité, indispensable à leur inscription sur un document d’appel de la clientèle. C’est ainsi que nous avons (ou avions), l’hôtel de Bretagne, du Finistère, de Cornouaille, de la Plage, et bien d’autres. Ce dernier cité, réquisitionné pendant la grande guerre pour recevoir les blessés, est devenu ensuite, avec monsieur et madame Jacq, médecins, la clinique « Ker-an-Aod », plusieurs fois agrandie et adaptée, qui à son tour disparaît et fait place à un chantier important où se bâtit en ce moment un complexe d’appartements résidentiels. D’autres établissements ont leur histoire particulière, comme l’hôtel Ker-Moor (dont la proximité avec la mer explique le nom) qui fut d’abord la résidence de monsieur Koechlin ; celui-ci, réfugié à Bénodet par temps de guerre, avait sans doute pensé un instant finir ses jours en Bretagne… Ou encore « Le Minaret »,( aujourd’hui devenu le siège d’une affaire privée), dont l’histoire a la saveur d’un conte de fée commençant ainsi :

« Il était une fois » un chirurgien urologue de grande valeur, Maurice Heitz-Boyer, inventeur de nouveaux instruments d’intervention chirurgicale, qui était chef de clinique à Paris. A la demande du général Lyautey, résident de France au Maroc, le chirurgien accepta de se rendre dans ce pays pour opérer le Glaoui, pacha de Marrakech, grand ami de la France, dont le séjour à Paris était susceptible d’être mal pris par la population marocaine. Le Pacha fut opéré avec succès et en fut très reconnaissant à monsieur Heitz-Boyer. Le docteur devint propriétaire d’une vaste orangeraie et disposa d’argent qui lui permettait d’avoir une belle résidence en France. Il choisit pour l’implanter, le bord de mer à Bénodet qu’il avait découvert au cours de vacances dans la famille de son épouse, Madeleine Deveille, à Ergué-Armel. Il y fit bâtir cet édifice sur un plan typique des pays musulmans. Le Glaoui participa aux travaux en envoyant une équipe d’ouvriers carreleurs-décorateurs dont les réalisations sont encore admirées, à l’intérieur, comme à l’extérieur du bâtiment. La belle villa fut baptisée « Kermadalen », du prénom de l’épouse du chirurgien. Pendant plusieurs années, ils y ont accueilli les personnages importants de la société parisienne… Une chambre spéciale avec vue sur la mer était aménagée pour le Pacha.

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En 1940, à l’arrivée des troupes allemandes d’occupation, Maurice Heitz-Boyer, craignant pour sa sécurité, quittait la France pour le Maroc où il a terminé sa vie et est décédé dans sa propriété en 1951. Sa veuve vendit ensuite la villa Kermadalen, et le nouveau propriétaire, monsieur Lozach, en fit l’hôtel qu’il baptisa « Le Minaret », rappelant ainsi l’origine de la construction. A l’hôtel fut ensuite adjoint le café « L’Alhambra ». L’hôtel a été vendu et il est devenu le siège d’une société privée.

Retour à Menez-Frost : Après cette brève excursion dans la richesse hôtelière de Bénodet, nous revenons à Menez-Frost, qui a aussi son histoire. Simone Cavalin a écrit sur ce sujet un article inséré dans notre bulletin Foen Izella N°23 de Juin 2004 : Quelques pages très documentées sur la construction du « château » de Monsieur Levainville, ancien Préfet du Finistère, par monsieur Joseph Bigot, architecte départemental et diocésien, dont le nom est surtout attaché à la réalisation et aux transformations des édifices publics et religieux. En 1985 je rencontrais Pierre Cornec, propriétaire de l’hôtel, et un extrait de notre entretien était publié dans le journal « Le Télégramme » du 27 juin, que je résume : « Bénodet est réputé pour sa capacité hôtelière et l’excellence de ses installations ; elles ont connu des périodes fastes, des années difficiles, et nous assistons maintenant à une transformation profonde de la profession. Des établissements disparaissent, d’autres se façonnent pour emboiter le pas à la nouvelle demande, sinon pour la devancer. Menez-Frost, hôtel de prestige 3 étoiles NN, est un de ces derniers. Le patron a senti le vent et il s’est lancé dans l’aventure du tourisme moderne. Mais Pierre Cornec n’en est pas à ses premiers pas dans la vie. Issu d’une famille paysanne de Plogonnec, il fait de solides études, qu’il arrête pour se lancer dans le commerce, ouvrant une boucherie à Quimper. « Le Château ». C’est sous ce nom que les anciens bénodétois désignaient la Maison de Maître que fit construire monsieur Levainville, ancien Préfet du Finistère. Cette bâtisse cossue fut construite pour être la demeure d’été de la famille, qui habitait alors à Paris. Elle y venait en vacances jusqu’à la guerre de 39/45. Les troupes allemandes d’occupation s’y installèrent, et on raconte encore que l’un de leurs cavaliers fit à son cheval l’honneur du salon de la résidence, pour montrer à ses admirateurs qu’il avait la maîtrise de sa monture, jusqu’à lui faire gravir la douzaine de marches de granit de l’escalier qui y mène.

Les escaliers de granit montrent que monsieur Levainville n’a pas lésiné sur les moyens pour agrémenter sa belle résidence.

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Les années qui suivent la libération sont riches de projets et de bouleversements. Pendant que la famille Levainville songe à vendre sa propriété, le tourisme reprend ses droits et les Quimpérois n’ont d’yeux que pour Bénodet. Des commerçants avisés reluquent « le château » et son vaste parc, envisageant d’y installer un « Casino » pour accueillir la clientèle de la station balnéaire.

Nous étions en 1946. Quatre commerçants quimpérois se groupent et négocient l’achat de la propriété. Mais l’idée d’un casino fait long feu et l’union se défait, faute d’objectif commun bien précis. Pierre Cornec était de cette équipe. Tandis que ses collègues se défilent, il racle ses fonds de tiroirs, recherche des emprunts et achète seul la propriété qui fait plus de 2 hectares, en pleine agglomération. Mais il lui faut faire face aux échéances : Il revend comme parcelles à bâtir toute la façade Nord de la propriété, où on trouve maintenant les commerces et artisans de la rue Charcot.

Un hôtel de six chambres et restaurant Le « château » n’avait pas été ménagé par les militaires d’occupation. Il fallait donc au nouveau propriétaire commencer par les travaux intérieurs. Il aménagea dans l’immédiat un hôtel de six chambres confortables, plus une salle de restaurant et un dancing qui attira tout de suite la jeunesse quimpéroise. Il rendit à la propriété le nom de « Menez-Frost », trouvé sur un document ancien et qui lui parut original. Mais l’hôtel n’avait pas de clients durant la mauvaise saison, et Pierre Cornec qui débordait d’activité créait une fabrique d’agglomérés qui furent très demandés dans les années 50, où les maisons individuelles sortaient de terre comme des champignons. Cette fabrique apporta de l’argent à Pierre Cornec, mais quelques années de ce métier lui suffirent, et il préféra se donner entièrement à sa profession d’hôtelier. Dès lors les réalisations, transformations et l’apport d’éléments de confort et de loisirs se succèdent à Ménez-Frost.

La « Villa » Menez Frost en 1910.

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Les transformations et extensions se succèdent.

En 1960, il fait construire un nouvel immeuble de 25 chambres. Huit ans plus tard il ajoute à la première extension, une aile de capacité égale. Avec, en plus, une belle salle à manger qui jouxte la demeure initiale. Quelques années encore, c’est une galerie de détente, entièrement vitrée, sous la lumière tamisée des grands arbres du parc ; puis une piscine chauffée s’ajoute au confort.

La « villa » Menez Frost dans les années 1960

En 1972, toujours pour apporter plus de confort, de nouveaux équipements de loisirs et attirer une clientèle aisée, Menez-Frost aura un court de tennis, un sauna, une salle de billard et une salle de ping-pong. La même année verra la construction d’un autre bâtiment qui est aménagé pour cinq suites, dans le grand standing 4 étoiles.

1984, un grand bond en avant. Ce sera sa propre expression : « nous faisons un grand bond en avant ». 1984 sera effectivement très importante pour le «Menez-Frost » de Pierre Cornec. C’est l’année de sa décision de faire construire un nouveau bâtiment moderne, répondant aux normes exigées pour la tenue des congrès, colloques, séminaires et autres réunions des milieux d’affaires. Les salles sont équipées, sonorisées. Il y a 18 chambres confortables ; garage de voitures en sous-sol et restaurant autonome. L’idée a été mûrement réfléchie : notre hôtelier bâtisseur en confie la gestion à son petit-fils Eric qui a fait des études hôtelières et a des références de grands établissements parisiens et suisses. Il souligne qu’avec d’autres hôtels ayant déjà pris la même option (Ker-Moor, par exemple), Ménez-Frost va contribuer à faire de Bénodet, superbement servie par son climat et son environnement, un pôle d’attraction pour le tourisme moderne et les rendez-vous d’affaires.

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La dernière construction de Pierre Cornec, destinée à accueillir les réunions d’affaires

(colloques, séminaires, etc…) Je concluais mon papier : « Pierre Cornec, d’origine paysanne, la septantaine franchie, est toujours aussi disert et souriant Il donne l’impression de grande satisfaction de sa réussite dans sa participation à l‘expansion du tourisme à Bénodet. Sans formation commerciale mais très industrieux, il est venu à l’hôtellerie par le hasard, un enchainement de faits où il a su saisir la main que lui tendait le destin. Ses capacités ont été reconnues. Durant cinq années, il a présidé le Syndicat d’Initiative de Bénodet. Il a siégé pendant six ans à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Quimper, à la commission de l’hôtellerie, créée à son arrivée. En I985 encore, avec son épouse en petite santé, il ambitionne de remettre à ses enfants un outil de travail performant et de voir l’établissement qu’il a créé, ouvert au public pendant huit mois de l’année. Et il rejoint là le vœu des autres commerçants : réunir les conditions pour que Bénodet exploite sa potentialité et qu’ils travaillent tout le long de l’année. Mais nul n’est prophète en son pays ! A Bénodet comme ailleurs, les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Le porche en granit du pays de la propriété est toujours en place ; mais l’enseigne « Menez-Frost » que la voûte a supportée, a depuis longtemps disparu. Les années qui ont suivi le départ de notre hôtelier ont complètement bouleversé les habitudes et les comportements des vacanciers. L’hôtellerie de plein air a pris une telle ampleur qu’elle a largement dépassé les capacités d’accueil de l’hôtel traditionnel (avec pension complète). Sans entrer dans les circonstances et les causes des décisions des héritiers de Pierre Cornec, on raconte que les dernières installations, créées précisément pour assurer la rentabilité de l’ensemble, auraient été les premières remises en cause. Ne réunissant pas la clientèle visée , elles auraient pu les conduire à estimer qu’ils avaient un meilleur parti à tirer de l’ensemble de Menez-Frost, qui ne figure donc plus sur la liste des hôtels de Bénodet.

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Gilbert Lennon

Pleuven – Zone de Pen Hoat Salaün une occupation du Mésolithique moyen.

(extraits du rapport Inrap de Septembre 2010)

Dans le cadre du projet de ZAC (Zone d’Aménagement Concerté ), sur une emprise de 14 ha au lieu dit Pen hoat Salaün, sur la Commune de Pleuven, un diagnostic archéologique a été prescrit en Mai 2006.

Réalisé en Septembre et Octobre 2007 par deux archéologues de l’Inrap ( Institut National des Recherches Archéologiques Préventives ), il a consisté à creuser 158 tranchées de 3 mètres de large sur une longueur de 10 à 72 mètres et d’une profondeur moyenne de 0,40 à 0,50 m, à l’aide d’une pelleteuse à chenilles munie d’un godet lisse. Au total c’est une surface de 10 187 m2, soit 8% des surfaces de la ZAC qui a été fouillée.

A l’exception de quelques éléments épars attribuables au Néolithique (un anneau en

schiste et un tesson à décor de boutons au repoussé), et de quelques trous de poteau en partie centrale de l’emprise, l’essentiel des résultats concerne une occupation antérieure datée du Mésolithique moyen, localisée en bordure nord-est de la zone étudiée sur un léger versant orienté nord (cf zonage vert).

Les caractères typologiques et technologiques du mobilier Mésolithique étudié permettent de le placer dans le groupe culturel de Bertheaume (groupe culturel défini dans les années 1970 à partir d’un ensemble de sites finistériens et notamment de celui de ce nom sur la rade de Brest). Cette entité se développe dans le Finistère au début du Mésolithique moyen et se caractérise par la présence d’armatures microlithiques caractéristiques. Le Mésolithique commence 10 000 ans avant J-C, et succède au Paléolithique. Le néolithique suit entre 8000 et 4000 ans avant J-C. La période mésolithique est caractérisée par des innovations techniques et c’est aussi l’époque ou, en lien avec un climat plus tempéré en Europe, l’homme de cueilleur devient chasseur, grâce à l’utilisation d’outils (armatures microlithiques souvent en silex, fixées sur de l’os ou du bois). Le groupe de Bertheaume mis à l’origine en évidence dans quatre sites mésolithiques à partir de la spécificité des armatures utilisées, est aujourd’hui représenté sur 35 sites environ dans l’Ouest.

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Un complément de fouilles, sur cette aire spécifique est donc décidé en Décembre 2007 et elles seront réalisées dans le second semestre 2008 sur une surface d’environ 5000m2.

Comme le souligne le rapport final d’opération de l’Inrap, la fouille d’envergure

réalisée à Pen Hoat Salaün n’a certes livré aucun résultat spectaculaire pour la préhistoire, comme des structures, des amas de taille ou des niveaux archéologiques scellés. Néanmoins, elle permettra d’avancer dans la compréhension des populations nomades et des premiers agriculteurs.

Implantation du site : Elle est significative des sites du groupe de Bertheaume, où la préoccupation semble être de dominer un large panorama, aux dépens de l’accès à l’eau douce par exemple. Le site de Pen Hoat Salaün est établi au sommet du versant nord du point le plus haut de cette zone. La vue s’ouvre alors largement vers le nord/nord ouest et elle tourne résolument le dos au sud et aux domaines littoraux. Il s’agit d’embrasser un large paysage jusqu’aux montagnes noires. Ce sont davantage les feux des villages lointains que l’on perçoit tandis que l’on donne à voir aux autres son propre campement. Comme d’autres zones plus élevées sur la colline auraient procuré un panorama identique, le motif de cette implantation pourrait être l’existence d’une source importante, plus bas sur ce versant, l’existence d’affleurements rocheux, ou encore une très légère dépression autorisant la circulation des eaux lors d’intempéries. Une autre possibilité, invérifiable, serait la présence d’un bois de noisetiers particulièrement prolifique à proximité.

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Les coquilles de noisettes brûlées comme marqueur primordial du Mésolithique moyen : La présence massive de coquilles de noisettes brûlées reflète un aspect fondamental des économies de cette période. Si certains chercheurs ont en effet posé l’hypothèse d’une économie spécifique autour du noisetier pour le 8ème millénaire avant JC, sans apporter cependant de preuves archéologiques, il faudra sans doute intégrer cette observation récurrente de lits discontinus de coquilles brûlées dans nos modèles de fonctionnement des populations de chasseurs cueilleurs. S’agit-il d’une pratique particulière de conservation pour disposer de réserves très protéiques et caloriques pour l’hiver ? S’agit-il d’un mode culinaire particulier sans souci d’accumulation, ou plus simplement l’habitude de jeter au feu ce genre de déchet ? Les éléments recueillis à Pen Hoat Salaûn restent ténus pour avancer dans les réponses, mais l’importance numérique des vestiges et leur récurrence sur tous les sites de cette période, ne vont pas dans le sens de la dernière hypothèse. Toutes les coquilles brûlées sont de période mésolithique et sont consommées en grande partie par les hommes et les femmes du groupe de Bertheaume.

Une absence de structures : L’absence de structures en creux et de structures foyères est décevant, mais c’est la première fois que l’on en a une confirmation très nette pour un site du groupe de Bertheaume, puisque le décapage a intéressé une surface large autour de la concentration de silex taillés. Il faut bien pourtant expliquer les coquilles de noisettes brûlées. Elles ont été brûlées sans doute sur des foyers à plat, sans aménagement, qui n’ont pas été conservés.

L’absence de structures pérennes est pourtant peut être indicatrice de la fonction de l’habitat dans un réseau économique, et du degré de mobilité important des groupes humains à l’époque.

Pen Hoat Salaûn invite donc les archéologues à explorer des mondes mésolithiques beaucoup plus complexes que les images d’Epinal ressassées.

L’économie des matériaux lithiques : Les territoires d’acquisition des roches, que ce soit celles destinées aux outils coupants ou au macro-outillage, sont nettement tournés vers les galets du littoral, ce qui est étonnant, vu la situation du site. Il domine en effet un des rares endroits de Bretagne (de la baie de La Forêt à la baie de Douarnenez), où du grès éocène taillable a été détecté. Des plaques de grès lustrés ont été signalées au lieu dit « moulin du pont » à Pleuven lors des travaux du rond point. Les dalles ont aujourd’hui disparu, mais il reste des grès grossiers sur les parcelles alentour, érigées par exemple en menhirs. Un autre gisement de grès éocènes existe à 1760 mètres au nord ouest du site au lieu dit « Kercou ».

Lorsque l’on sait qu’à la fin du 9ème millénaire, le niveau de la mer était plus bas d’environ une trentaine de mètres (ce qui repousse le rivage au-delà de l’archipel des Glénan), et donc que la commune de Pleuven n’était pas péri littorale mais continentale, il faut alors imaginer des groupes bien plus mobiles que ceux du Mésolithique, pour s’approvisionner sur le littoral en galets de silex , en galets de micaschiste ou de grès quartzite. Il faudra aussi comprendre le rôle de la baie d’Audierne dans l’approvisionnement en roches, car seule cette zone livre aujourd’hui suffisamment de galets de silex pour alimenter un débitage.

Technologie et typologie lithique : La connaissance des processus de fabrication de l’outillage de pierre du groupe de Bertheaume bénéficie très largement de cette fouille, qui livre un mobilier important (24400 pièces taillées et du macro outillage). Cependant, il faut noter une grande hétérogénéité des dates qui peut induire autant de passages différents au cours de la préhistoire. Les armatures identifiées ne dépareillent quand même pas dans le concert des industries du groupe de Bertheaume. Il s’agit de lamelles étroites (2mm) à un bord ou deux bords abattus, de triangles scalènes assez courts, de pointes à deux bords abattus et

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bases brutes, au moins deux fois plus longues que larges. Les outils communs sont répertoriés comme suit : grattoirs (16%), éclats denticules (11%), pièces esquillées (10%), autres outils aménagés (9%), outils à posteriori (54%).

S’il n’est pas possible d’associer, suite à une datation par le radiocarbone, une industrie à une date, de fortes présomptions existent tant pour le groupe de Bertheaume que pour le Néolithique ancien.

Le site de Pen Hoat Salaün : La structure globale des armatures à Pen Hoat Salaün s’insère sans peine dans le cortège classique du groupe de Bertheaume. Il se distingue au sud et au Nord Ouest du Mésolithique moyen du Morbihan, au Nord, des groupes d’Ille et Vilaine et du Cotentin. Les caractères généraux de l’industrie Bertheaume présentent des ressemblances morphologiques indéniables avec les industries Sauveterriennes ( Sud Ouest de la France) du Mésolithique ancien et du début du Mésolithique moyen. Mais le vaste espace entre le Finistère et le Sud du Massif Central est un sérieux contre argument à l’intégration du groupe de Bertheaume dans le Sauveterrien. Il existe par ailleurs des divergences comme la diversité des types de pointes dans le groupe de Bretagne et sur l’absence de pointes de Sauveterre. Il faut donc admettre que le premier n’est pas l’extension septentrionale d’une même vaste culture. La convergence technique est une hypothèse nouvelle. Les deux groupes seraient engagés dans une miniaturisation de leurs outillages et ils possèdent un fonds commun : triangles scalènes et lamelles à dos. L’outillage commun et même le débitage sont très semblables au Mésolithique ancien et moyen et les entités diffèrent par la typologie de quelques types d’armatures. Leur cartographie révèle des territoires culturels de la dimension d’un Département actuel. Mais tout nous échappe encore sur le fonctionnement de ces sociétés et de leur économie, la consommation de noisettes étant l’unique et dérisoire information dont on dispose pour caractériser l’alimentation.

Une suite ? : Il reste à produire une analyse détaillée du macro outillage, d’un point de vue fonctionnel, mais aussi pour déterminer l’origine des roches utilisées. De même, l’analyse technologique concernant les rythmes du débitage devra être affinée. Ces travaux pourrait être menés au printemps 2011 et déboucher sur une publication du Site sous la forme de plusieurs articles mettant en valeur la complexité des processus taphonomiques et les particularités techniques des industries de Bertheaume et les éléments inédits du Néolithique ancien et du premier âge du Fer.

Autres découvertes : Des tessons de céramique épars ont été recueillis sur le Site, qui dateraient du Néolithique ancien, début du Néolithique moyen,entre 4700 et 4500 av J-C. Le mobilier céramique est composé de 404 tessons ou éléments de forme (6764 grammes). L’ensemble a toutes les caractéristiques d’un rejet simultané de récipients constituant une partie de vaisselier. Il s’agit d’un vase de stockage, d’un récipient tronconique entier et d’écuelles segmentées. On note aussi un tesson d’un récipient en pâte semi grossière richement orné d’incisions mousses formant un damier, type de registre décoratif tout à fait original.

Une perle en ambre de type « perle annulaire » garde son mystère. Une seule découverte identique a été faite en France, dans la Nièvre, et en contexte funéraire. Une pièce métallique d’une vingtaine de centimètres de long pour environ six de large, mais très corrodée, n’a pas livré non plus sa nature ni son origine. Ces éléments pourraient dater de la fin du premier âge du Fer (750 à 400 av J-C).

Le matériel poli recueilli se compose d’un fragment de grande lame polie et de deux fragments d’anneaux en pierre. Ces trois pièces étaient déconnectées les unes des autres sur le Site. Il est apparu que l’un des anneaux ainsi que le fragment de lame polie, avaient été façonné dans des matériaux rares.

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L’anneau disque (diamètre externe 12,7 cm, interne 7,2 à 7,3 cm, largeur de la couronne 2,6 à 3 cm, épaisseur 0,82 cm) est en serpentinite (minerai dominant proche de la lizardite). Sa facture très soignée ainsi que son polissage à glace en font un objet socialement valorisé. L’origine de telles serpentinites pourrait être alpine, mais d’autres anneaux en serpentinite ont été découverts dans le Golfe du Morbihan. En l’état actuel des choses, aucun caractère discriminant ne permet de choisir entre une roche locale ou exogène. Le second fragment d’anneau est en schiste ardoisier, très feuilleté, de couleur gris bleuté, type de matériau commun dans tout le massif armoricain.

Le fragment de lame polie correspond à une grande hache, qui devait dépasser largement les 15 cm. Elle serait du type Bégude repolie dont on connaît très peu d’exemplaires aussi large que celui de Pleuven. Elle est faite de schiste à muscovite et à sillimanite et pourrait avoir été importée de la péninsule ibérique puis repolie sur place. L’association entre ce fragment de lame polie et les fragments d’anneaux disques n’est pas démontrée en toute rigueur, mais est loin d’être invraisemblable. Le rapport complet (247 pages) de l’opération de fouille archéologique, daté de Septembre 2010, réalisé par l’Inrap Grand Ouest, sous la direction d’Eric Nicolas et Grégor Marchand est disponible à la Mairie de Pleuven pour consultation.

Anneau-disque en serpentinite de Pen Hoat Salaün (Photo H.Paitier)

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Fragment de lame polie (photo H.Paitier)

exemple de galets allongés – Nucleus et grattoirs circulaires (photos H.Paitier)

Tesson décoré de boutons au repoussé - fragment d’anneau (photos H.Paitier) L’environnement archéologique sur la Commune de Pleuven

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La carte archéologique recense 8 indices de site sur la Commune de Pleuven. Un menhir au Moulin du Pont et l’allée couverte de Parc Ar Goarem attestent la présence d’une occupation du Néolithique. Une carrière de hornblendite sise au lieu dit Noguellou pourrait avoir été exploitée dès cette époque. Cette roche très particulière a également servi au façonnage d’objets plus récents comme les statuettes découvertes sur le Site de Paule et datées de l’âge du Fer.

Le coffre funéraire de Coat Men Hir témoigne quant à lui d’une occupation du secteur à l’âge du Bronze. Sa proximité avec un projet d’aménagement a donné lieu à un diagnostic archéologique en 2004. Cette opération a permis de mettre à jour un vaste système d’enclos de l’âge du Fer et de la période gallo-romaine. La datation de l’indice d’occupation repéré au lieu dit Le Rest est également à rattacher à cette dernière période. Enfin, deux mentions concernant la découverte de dépôts métalliques attribuables à l’âge du Fer viennent compléter cet inventaire. L’un se situe au lieu dit Kerliverien, le second un dépôt de haches à douilles à Parcou Pen Hoat Salaün.

Pointe de flèche reconstituée (penhoat salaün)

Divers outils trouvés sur la commune (photos mairie de pleuven)

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Jean René CANEVET

LES ILES GLENAN ET LES ILOTS MOLENAIS VUS PAR ANDRE GUILCHER EN 1936

Étude comparée de la vie sur ces îles et la récolte du goëmon Cet article reprend un exposé que fit André Guilcher devant le Cercle universitaire de Brest en octobre 1936, alors qu’il était en fin d’études. Il le présente sous une forme de balade, menant le lecteur depuis les îlots de la mer d’Iroise, principalement du plateau molénais (Béniguet, Trielen, Quéménès, Balanec, Bannec, Lédénès, Lytiry…) jusqu’aux Glénan. Il fait une description sans concession de ses observations.

Les photos des Glénan, prises par André Guilcher lui-même, en Août 1936, sont en rapport avec l’exposé fait au cercle universitaire ; (elles ne sont pas de très bonne qualité). L’article de presse est extrait de la dépêche de Brest du 7 octobre 1936. André Guilcher est né à Brest le 19 mai 1913 et décède dans la même ville le 4 décembre 1993. Professeur à Nancy, à Brest et à la Sorbonne où il était titulaire de la chaire d’hydrologie marine et fluviale, il avait acquis une renommée mondiale.

En 1948 il soutient sa thèse de doctorat d’Etat sur «le relief de la Bretagne méridionale de la baie de Douarnenez à la Vilaine», pour laquelle il reçoit le prix Charles Maunoir, de la Société de Géographie. Il était membre du Conseil de perfectionnement de l’Institut d’Océanographie, Directeur régional de « Norois ». Il est aussi membre des comités de direction de « Marine Géology », « Progress in Physical Géography », du « Journal of Costal Research » et membre de la section Flamande de l’Académie Royale des Sciences de Belgique. De nombreux prix lui sont attribués : prix d’Océanographie en 1959, Grand Prix de la Société de Géographie 1986, lauréat du Prix Gay de l’Académie des Sciences, médaille d’or de l’Institut d’Océanographie. C’était un spécialiste de la Morphologie littorale et sous-marine, l’Hydrologie marine et continentale, la Géographie de la mer et plus spécialement la Bretagne (doc. internet éducation.fr). L’exposé reprend, pour une meilleure compréhension, l’ensemble de l’étude des îlots de la mer d’Iroise, avec la vie des brûleurs de goëmon, et la partie consacrée aux Glénan. «Il n’entre pas dans mon intention d’évoquer devant vous aujourd’hui les aspects des îles finistériennes qui s’appellent Ouessant, Molène et Sein. A coup sûr, ces terres offrent au préhistorien, au géographe ou simplement au touriste, un vaste champ d’étude et mille sujets d’étonnement ou d’admiration, non pas seulement par leur sauvagerie, mais aussi, ce que l’on sait moins, par une certaine variété dans leurs genres de vie. Ouessant n’est pas Sein ou Molène. Perchés sur leurs hautes falaises ou blottis dans la dépression médiane de Lampaul, les Ouessantins ou plutôt les Ouessantines -les hommes en effet naviguent au commerce- négligent les ressources de la pêche, par un paradoxe curieux, à l’inverse des îliens de Sein et du Molénais qui tirent de l’Océan toute leur subsistance. Mais une causerie entière ne suffirait pas à vous entretenir de ces îles dont chacune renferme une population de plusieurs milliers d’habitants. Je me contenterai, aujourd’hui, d’évoquer devant vous les paysages et les genres de vie des autres îlots finistériens que beaucoup d’entre vous ont vus sans doute, mais que peu ont visité en détail, car ni vapeur ni bateau-poste à moteur n’y conduit. Si vous vous êtes arrêtés en un point de la cote léonarde, entre la pointe Saint-Mathieu et Porspoder, sans doute avez-vous remarqué, au Sud de la haute terre d’Ouessant et de l’agglomération molénaise aplatie sur son île ronde et basse surmontée de son sémaphore, un

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troupeau d’îlots, confondus les uns avec les autres, et que couronnent souvent les lourdes fumées d’un blanc grisâtre des brûleries de goëmon.

Compte rendu de la conférence d’André Guilcher le 7 octobre 1936, au Cercle universitaire de Brest.

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Ce sont les îles du plateau molénais: Béniguet, Morgol, Lytiry, Quéménès et son lédénès, Trielen le lédénès de Molène, Bannec, et Balanec. Séparé du continent par le chenal du Four, s’effilochant au Sud dans la chaussée des Pierres Noires et vers l’Ouest dans celle des Pierres vertes, le plateau molénais étire ses îles chauves en une mince bande qui par beau temps, sera très accore. Cédons à l’invite, et partons l’explorer. Malgré le courant de marée, une demi-heure suffit à aller du Conquet à Béniguet. De là l’on se rend encore plus vite aux autres îles. De longs cordons de galets, plus rarement de sable, réunissant des têtes rocheuses entre elles, voilà la constitution d’une grande partie de nos îles. Il est vrai que le sol de l’île est malgré tout hors de l’atteinte des plus hautes mers actuelles. Il n’en dépend pas moins étroitement de la mer, qui l’a formé. Les dunes, qui constituent la moitié de Béniguet, se sont nourries à l’estran ; et nous savons aujourd’hui que la mer, d’un niveau autrefois plus élevé, a accumulé ici des galets en d’anciennes plages, que nous retrouvons aussi bien à Trielen qu’à Quéménès, Balanec et Béniguet. Toujours en travail, et détruisant aujourd’hui ces îles qu’elle a autrefois édifiées, elle sape ces galets en petites falaises, qui en s’échouant libèrent leurs éléments, destinés, en s’amenuisant toujours, à édifier de nouvelles grèves. Le cycle se poursuit, lent mais inexorable.

Ainsi nous apparaissent ces îles perpétuellement allongées par la mer sur tel point et menacées de sapement sur tel autre. Exposées de plein fouet aux vents du large, couvertes seulement d’une herbe rase, environnées de hauts fonds dangereux, rien ne semblait y appeler l’homme. Et il est pourtant venu. Il y est venu de très bonne heure, et les hommes qui ont érigé à l’époque néolithique les menhirs et les dolmens ont habité Molène et son Lédénès, Quéménès et Béniguet, peut-être, sans doute même aussi les autres. Les monuments mégalithiques en effet ne manquent pas et l’on rencontre même à Béniguet une accumulation de coquillages fossiles, sans doute débris de cuisine laissés par ces anciennes civilisations.

Aujourd’hui non plus, ces îlots ne sont pas déserts. Du continent même, on y aperçoit des habitations. Un fermier vit dans chacun des plus grands îlots : à Balanec, à Trielen, à Quéménès, à Béniguet. Il loue son île au propriétaire auquel elle appartient, et en temps ordinaire ce sont là des fermiers aisés, gagnant plus de 100000F par an. La ferme de Béniguet, la plus grande il est vrai, a belle allure avec ses multiples bâtiments, malgré le cadre sauvage dans lequel elle s’élève et ses murs de forteresse destinés à supporter l’assaut des vents d’Ouest.

Le personnage curieux n’est pas le fermier: ce sont les valets. Sans doute, ceux d’entre vous qui sont allés pêcher la crevette à grande marée, à Béniguet où à Quéménès, en ont-ils vu, un dimanche matin, fouillant les trous de roches de leurs longs crocs et proposant aux touristes pour quarante sous, deux ou trois homards et congres permettant aux Tartarins pêcheurs un succès facile à leur retour au continent…En vérité, ces valets ne courent pas ainsi les grèves à longueur de semaine. Au nombre de dix ou quinze par ferme, ces gens ont le niveau de vie le plus bas qui se puisse imaginer. Seuls de mauvais sujets, interdits de séjour dans leur commune, acceptent de faire ce métier de relégués. Logés sur la paille dans des crèches, ils sont soumis à un demi-servage. Le fermier doit d’ailleurs les surveiller étroitement pour éviter les mauvais coups. Il distribue à chacun plusieurs litres de vin le dimanche, et sur la semaine ils ne boivent pas. C’est le seul moyen que l’on ait trouvé d’obtenir d’eux du travail dans les maigres champs de seigle et de pommes de terre, ou au brûlage du goëmon. La grande ressource du fermier est en effet la fabrication de la soude, dont je vous parlerai plus loin.

Le fermier, sa famille et ses valets habitent seuls dans l’île en hiver. Mais la belle saison voit arriver dans les îles de bien étonnants immigrants. Tous les ans, vers la fin de février ou le début de mars, arrive dans l’archipel une flottille de minuscules bateaux, sortes de grands canots aux coques uniformément goudronnées. Ce sont les Pagans de Plouguerneau ou de l’Aberwrac’h qui viennent faire la saison du goëmon. Seuls en effet les rudes paysans-pêcheurs de la cote des Pagans, de la cote des abers, pratiquent cette

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immigration temporaire si curieuse et si comparable aux remues alpestres. Avec leurs bateaux, gréés seulement d’une trinquette et d’une grand’voile, et ne calant guère, lorsqu’ils sont sur lest, plus d’un mètre d’eau, ils craignent moins les hauts fonds rocheux du plateau molénais que s’ils avaient des bateaux plus forts. S’échouent-ils, si le temps est beau ce n’est pas grave : on descend dans l’eau jusqu’à mi-corps et on pousse le bateau. Si le temps est mauvais, le pigouillier comme on l’appelle, a malheureusement peu de chance de sauver sa barque. Pourtant, extrêmement téméraire, il n’hésite pas à sortir par des mers très dures. Son bateau a beau être creux (c’est-à-dire non ponté) et sans quille, de sorte qu’il est à la merci du paquet de mer qui le remplira ou du coup de vent qui le fera, comme l’on dit «charger», c’est-à-dire le couchera sans qu’il puisse se relever, le pigouillier cependant sillonne le chenal du Four et les chenaux qui séparent les différentes îles, par des temps qui effraient les trop paisibles pêcheurs du Conquet, possesseurs pourtant de bateaux plus grands et plus solides. J’en ai vu quitter le Conquet par très forte brise d’Ouest, et louvoyer pour tâcher d’atteindre Béniguet en évitant de leur mieux les décharges du courant de marée, c’est-à-dire les endroits où, par suite de hauts fonds, les vagues se creusent, deviennent très courtes et déferlent dangereusement. Trouvant dehors un temps impraticable, ils rentraient au Conquet, puis croyant sentir une accalmie, repartaient, et ainsi, deux, trois fois, jusqu’à ce qu’ils puissent passer et regagner leur île.

Plan des îlots du plateau molénais dressé par André Guilcher été 1936 (en rouge les phares)

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Les voici donc arrivés au début du printemps. Quelques rares vont pêcher le homard et apportent avec eux leurs casiers, les autres amènent une charrette démontée et un cheval. Ils sont deux à bord, souvent le père et le fils, plus souvent deux hommes d’âge car les jeunes se détournent de plus en plus de ce métier. Ils vont s’installer dans l’une des îles jusqu’à la Saint-Michel. Où vont-ils loger? Le fermier n’a pas de trop de tous ses bâtiments pour loger ses valets, ses chevaux, ses vaches et ses porcs. D’ailleurs des pigouilliers occupent aussi des îles sans fermiers, comme Bannec, les deux Lédénès et Lytiry. Cherchons bien cependant, et nous verrons, tapies au creux d’une dune, à l’abri du vent, des cahutes en pierres sèches, hautes d’environ 1m50, sans fenêtre, recouvertes de tôle ondulée ou de bâches goudronnées que retiennent de grosses pierres. C’est là que notre équipage va vivre. Le cheval loge dans un gourbi nécessairement un peu plus haut d’entrée et de «plafond», si l’on peut dire. Le pigouillier loue le tout 600F par an, y compris un carré de dune pour faire paître le cheval et sécher le goëmon. Extrêmement ingénieux, il tire le meilleur parti possible de son abri rudimentaire : l’intérieur surprend en général par sa propreté : deux hamacs, une table, des étagères, des sortes de solives où s’alignent une quinzaine de pains, une cheminée pour faire bouillir le café que l’on boit toujours noir et très fort, souvent sans sucre. La chaleur est intolérable en été, mais on ne s’en plaint pas. Le pigouillier aime son gourbi, et est fier de le faire visiter. C’est là qu’il dort, bercé par le vent qui frôle la toiture, ou réveillé par les innombrables lapins qui pullulent dans les îles et viennent la nuit trotter sur les toits adossés à la dune.

Toutes les fois que le temps le permet, le pigouillier part couper du goëmon. Il néglige le goëmon d’estran, très mélangé et peu riche en iode, et s’en va couper les laminaires qui affleurent à basse mer de grande marée. Il part à marée descendante, mouille en un endroit propice, et pendant plusieurs heures les deux hommes coupent et ramènent à leur bord, au moyen de faux emmanchées à des gaules de plusieurs mètres de long, les précieuses plantes sous-marines. Si on est en morte eau, et si le vent ride la surface de l’eau, les algues sont profondes et peu visibles: on ne ramènera qu’une faible charge, une charretée seulement peut-être. Si l’on est en grande marée par temps calme, la récolte est facile et l’on pourra récolter peut-être quatre ou cinq charretées.

Mais la mer monte. Le courant augmente de force et couche les laminaires sur le fond. Il est temps de partir. On lève l’ancre, on hisse les voiles. La récolte a été bonne, le plat bord du bateau est au ras de l’eau et de chaque côté traînent dans la mer les longues algues brunes qui, au centre, s’accumulent en une lourde charge. Un homme est à la barre, l’autre pompe sans arrêt pour évacuer l’eau qui dégoutte du goëmon dans la cale: on sera toujours allégé d’autant pour les passages difficiles, où pendant cent mètres il va falloir remonter le courant qui jusque là poussait le bateau. Le moteur est inconnu des pigouilliers. On saisit les avirons et les deux hommes se mettent à souquer, une demi-heure, une heure, deux heures s’il le faut, en longeant les roches pour éviter le gros du courant. L’homme de barre tient celle-ci entre les jambes pour pouvoir souquer des deux mains. Enfin l’on passe. Heureusement car sans cela il n’aurait pas été possible de débarquer le goëmon ce soir.

Le bateau va échouer dans une grève tranquille, à proximité de son carré de dune. L’un des hommes va chercher le cheval et la charrette, dont l’utilité va maintenant se révéler. Le cheval entre dans l’eau jusqu’au ventre, et les deux pigouilliers chargent la charrette. Quand le bateau est vide, on va l’amarrer à son corps mort pour que demain il soit à flot au moment du départ, et l’on revient à terre dans un minuscule canot annexe, noir comme son grand frère et où le moindre mouvement compromet l’équilibre.

Le goëmon est alors étalé sur la dune. Dans quelques jours, quand il sera suffisamment sec, on le mettra en tas. Quand une grande quantité est récoltée, on le met à brûler dans de grands trous oblongs creusés dans la terre et garnis de grosses pierres. Bientôt le goëmon ne forme plus qu’un magma noir, visqueux, dont s’échappe une fumée âcre qui contient malheureusement une partie de l’iode. On brasse le magma avec de longues

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barres de fer, on le laisse refroidir en pains d’un kilogramme. Il reste alors à vendre la soude, car tel est le nom de ce résidu, la plupart d’entre vous le savent d’ailleurs.

Avis d’enquête sur la demande d’installation de fours à soude aux îles Glénan, faite par Halna du Fretay en novembre 1873

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Ainsi vit le pigouillier pendant la belle saison. Tous les quinze jours, un bateau se détache de la flottille, et va à Plouguerneau ou l’Aberwrac’h chercher le pain de ménage et le beurre dans les familles de tous ceux qui habitent son île. C’est ce qu’on appelle le courrier, d’un nom un peu ambitieux.

Au moment de la moisson, tout le monde s’en va, hommes et chevaux, aider ceux qui sont restés à la ferme. Puis au bout de dix ou quinze jours, les coques noires font à nouveau leur apparition dans les îles. Les pigouilliers y resteront jusqu’à la Saint-Michel, date de leur départ définitif.

Quelle est la récompense de ce travail pénible? Bien piètre récompense, en vérité ! Autrefois on a vu la soude se vendre jusqu’à 1800F la tonne. Un équipage, c’est-à-dire deux hommes, réussit à produire par an treize à quatorze tonnes. Un homme retirait donc 12 000F environ de la campagne. C’était déjà peu : mais que dire de la misérable somme que ces pauvres gens réussissent à gagner, la soude se vendant cette année de 500 à 900F? Alors que les valets de ferme, bien moins intéressants, gagnent un fixe de 6000F, les pigouilliers, souvent pères de familles nombreuses, ont gagné cette année de 3500 à 6300F! Il est vrai qu’ils tirent des ressources de leur ferme de Plouguerneau : mais on avouera qu’il faut du courage pour accepter de venir faire un métier pareil pendant huit mois de l’année, et pour gagner une somme aussi faible. On comprend maintenant pourquoi le maintien des décrets qui ont supprimer tout récemment le contingentement de l’iode, s’avère complètement impossible. Un abaissement du prix de la soude serait un coup mortel porté à ces moissonneurs obscurs, qui ne méritent pas que l’on se désintéresse d’eux, parce que jusqu’ici ils ont travaillé sans bruit et n’ont guère fait parler d’eux. Les pigouilliers des îles, il est vrai, sont de moins en moins nombreux. Cette année sept bateaux seulement sont venus à Béniguet, à peu près autant à Quéménès, un peu moins ailleurs. Il y a deux ans, un seul est venu à Lytiry; mais il faut considérer le nombre de ceux qui restent couper le goëmon sur la côte ; il faut aussi ajouter les fermiers, qui se livrent, au même travail et qui, pour être moins gênés parce qu’ayant plus de fonds d’avance, n’en seraient pas moins ruinés si les cours s’effondraient. Je m’en serais voulu de ne pas vous montrer cet aspect inquiétant de la vie dans les îles du plateau molénais. Ainsi ces pauvres terres si reculées ressentent-elles les contre coups de la vie moderne. Nous ne l’aurions guère soupçonné, lorsque tout à l’heure nous les observions du continent, écrasées sur les flots telles d’énormes baleines en sommeil. «Transportons-nous maintenant, si vous le voulez bien, beaucoup plus au Sud. Traversons l’Iroise, franchissons, le Raz de Sein, longeons un instant ses hautes falaises. Laissons aussi au Nord l’immense grève de la baie d’Audierne. Nous voici en vue des terres basses de la presqu’île de Penmarch surmontée de ses deux phares. Tournons au Sud-Est, et bientôt nous verrons se profiler, face à la pointe de Mousterlin et ses longues plages qui barrent l’horizon à perte de vue au Nord, un nouveau groupe de terres basses et d’écueils. Ce sont les îles glénan. Aux Glénan on peut joindre l’île aux Moutons qui se trouve à mi-chemin entre l’archipel et la côte.

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Vue aérienne des îles Glénan, prise en 1978 (cliché de l’Institut Géographique National). l’île

Penfret n’apparait pas sur le cliché. A vrai dire, les Glénan sont moins curieuses que l’archipel molénais, et c’est pourquoi je vous entretiendrai moins longuement. Elles ne sont pourtant pas, loin de là, indignes d’intérêt. Comme les autres, celles-ci ont été façonnées par la mer lorsqu’elle occupait un niveau de 7 à 8 mètres supérieur au niveau actuel. Aussi retrouverons-nous aux Glénan ces terres aplaties que nous avons vues au Nord. Plus déchiquetées même, moins recouvertes de terre végétale, sont les Glénan. Le promeneur qui débarque au Loc’h est frappé de ces larges étendues planes, sans terre, sans végétation, que la décomposition superficielle de la granulite a parsemées d’énormes dalles entassées en un pittoresque chaos. Que l’on pénètre à l’intérieur de l’île, pourtant si petite, et l’on découvre, parmi les joncs, un petit étang qui nous transporte par la pensée dans les landes de la Bretagne intérieure. Saint-Nicolas est toute différente : ce sont ici, comme dans le Nord, de longues langues de sable s’appuyant à des pointements rocheux et que l’île projette vers ses voisines Brunec et Bananec. A Penfret nous changeons encore de paysage : l’île s’élève jusqu’à près de 20 mètres, et fait figure d’Ouessant en miniature, de cet archipel méridional, avec son phare dont la situation rappelle, toutes proportions gardées, celle du Stiff. L’île aux moutons, si minuscule, a elle aussi ses particularités. Elle aussi aplanie autrefois par la mer, a conservé, en témoins de son relief antérieur, de curieux rochers sapés à la base à l’époque de cet ancien niveau marin, ressemblant aux rochers de Saint-Guénolé dont la forme a la même origine. Puis vers l’intérieur de l’île, ces surfaces planes s’enfouissent sous une mince couche de terre tapissée d’œillets marins.

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La sauvagerie et l’isolement des Glénan sont donc grands : et cependant, on ne peut les comparer à ceux des îles du Nord. Est-ce cette diversité d’aspects, que nous n’avons pas trouvée là-bas et que nous rencontrons ici ? Est-ce cette élévation plus grande de Penfret, qui la soustrait davantage aux terribles tempêtes d’hiver ? Est-ce enfin une mer moins dure que dans le Nord ? Toujours est-il que si le plateau molénais est un reflet du Léon, les Glénan en sont un, si pâle soit-il, de la Cornouaille. Les Glénan furent, elles aussi occupées à l’époque néolithique. Un article de l’Illustration, l’an dernier, a montré tout ce qu’elles recélaient de trésors archéologiques. Il y a une soixantaine d’années, elles nourrissaient encore une population assez forte pour que l’on se fût occupé de leur désigner un prêtre. Celui-ci un îlien de Sein, l’abbé Thymeur, résidait au Loc’h où les insulaires venaient le dimanche entendre la messe. Mais tout cela a bien changé, et les Glénan sont dans une décadence bien plus profonde que les îles du Nord. L’îlot minuscule de Quignenec était autrefois habité : il n’y reste plus qu’une maison en ruines. Autrefois l’industrie de la soude était, ici aussi, florissante. Partout on rencontre des trous destinés au brûlage du goëmon, mais la plupart sont délabrés et ne servent plus. Il y a bien, il est vrai, encore quelques fermes dans les îles : à Drenec, au Loc’h, à Penfret. Mai ici point de ces grandes fermes aux nombreux valets que nous avons vues à Béniguet, Quéménès, Trielen et Balanec. Le fermier de Penfret ne produit que deux ou trois tonnes de soude par an et se contente presqu’uniquement de cultiver le maigre sol et d’élever quelques bestiaux. Seule le Loc’h est exploitée à la manière Léonarde : le fermier y produit vingt tonnes de soude par an. Il est vrai qu’il est originaire de Plouguerneau, et qu’il a apporté ici les méthodes de travail qui permettent de bons rendements dans le Nord. Mais à part le Loc’h, annexe économique du plateau molénais, ce

genre de vie est ici en disparition. Cependant, des pêcheurs cornouaillais viennent s’installer ici pendant la belle saison. Ces Cornouaillais, qui pêchent le homard, sont d’ailleurs un peu plus difficiles que les pigouilliers du Nord. Ils logent dans l’ancienne ferme de Saint-Nicolas, dans d’autres maisons bâties sur cette île et dans les casemates du vieux Fort Cigogne, château du taureau Cornouaillais qui, depuis Vauban,

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domine de sa haute tour l’archipel. La pêche est ici plus développée que dans le Nord, mais il s’agit seulement d’une petite pêche locale, qui n’a pas, loin de là, dans la vie maritime de la Cornouaille, l’importance qu’ont les îles molénaises dans la production de la soude du Léon.

La variété de leurs aspects et la tranquillité de leurs eaux sauveront sans doute cependant les Glénan de l’oubli des hommes. Si leur intérêt économique devient de plus en plus faible, du moins les facilités d’accès pour le touriste se sont elles beaucoup accrues ces derniers temps. En été, si vous le désirez, vous pourrez, partant de Quimper, vous rendre aisément en vedette à Saint-Nicolas où vous trouverez un bon hôtel. Du moins les autres îles conservent-elles

encore la parure de leur isolement. Le touriste les contemple de loin, mais n’y débarque pas. Le petit étang du Loc’h où chantent les oiseaux aquatiques, les épais tapis d’œillets marins de Quignenec, de Brilimec ou Guiautec ne se sont livrés encore qu’à quelques initiés.

Tels sont ces îlots finistériens, si peu connus encore. Les curieux genres de vie des premiers, les aspects relativement variés des seconds méritaient peut-être qu’on les signalât. Peut-être pensera-t-on qu’à un moment où la Bretagne, immobile jusque là, s’est mise avec ardeur dans le mouvement et a doublé les étapes, les îlots finistériens vont bientôt perdre leur originalité et qu’il est temps de fixer ces aspects du

passé. Tel n’est pas mon avis. Ces terres semblent être parmi les rares coins rebelles à la vie moderne. Les touristes, déjà depuis longtemps, s’en vont pêcher à grande marée à Béniguet et Quéménès. En ont-ils changé l’aspect ? L’hôtel Saint-Nicolas n’a pas suscité d’émules. On considère déjà comme étranges ceux qui, nés ailleurs, vont finir leurs jours à Ouessant. Tous les îliens de Sein, à part quelques gens retenus là par leurs fonctions, sont des autochtones ou au moins des pêcheurs bretons. A fortiori n’y a-t-il pas d’étrangers dans les îlots, et longtemps encore ces petites terres reliques du passé, terroir inviolé des Bretons, resteront une image de ce qu’est de moins en moins la Bretagne intérieure, l’Arc’hoat.

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Photos prises par André Guilcher durant son périple aux îles Glénan en 1936. On peut reconnaître la ferme de Saint-Nicolas, l’île Penfret, les étangs du Loc’h, une plage vers Bananec, une vue du Loch avec la cheminée du four, les batiments de la ferme de Penfret et l’île aux Moutons.

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Echange de courrier entre Emmanuel de Martone, André Cholley et André Guilcher concernant la communication d’avril 1937 à l’Association de Géographes Français.

Les îles Glénan et leurs abords par André Guilcher (1937) Cet article est extrait du bulletin de l’Association de Géographes Français, suite à la communication faite par André Guilcher aux membres de l’association, lors de la séance du 8 avril 1937. L’association de Géographes Français, présidée en 1937 par L. Gallois, organise des réunions mensuelles, où tout membre adhérent peut faire un exposé ou une communication soit orale, soit écrite en cas d’empêchement à se rendre sur place. Ces communications sont généralement suivies de discussions, et reprises dans les bulletins mensuels. Les autres membres du bureau en 1937 sont : secrétaire général Emmanuel De Martonne, Trésorier Robert Muller, Directeur de la bibliographie Elicio Collin, Vice-présidents Emmanuel De Margerie et Cayeux, Secrétaire Adjoint André Cholley. Dans cet article André Guilcher aborde les caractéristiques des îles du point de vue géologique, documenté par deux cartes. Il décrit aussi la vie dans les îles à cette époque. Cet article complète celui concernant l’exposé fait à la cité universitaire de Brest, en octobre 1936. J.R. CANEVET

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I- L’Archipel des Glénan. Situé au S.W. de Penmarc‘h, fermant l’Anse de Bénodet, l’archipel des Glénan est un plateau granulitique d’environ 7 milles ½ de long sur 4 de large : allongé d’W en E, il est à 8 milles ½ de la pointe de Trévignon et à 11 milles de la Pointe de Mousterlin. Ce plateau porte dans sa partie orientale un grand nombre d’îles et îlots : Penfret, Guiautec, Le Loc’h, Fort Cigogne, Bananec, Brunec, Saint-Nicolas, Quignenec, etc.…A l’inverse, la partie occidentale n’est occupée que par des récifs, et les fonds sont plus considérables.

Plan général des îles Glénan et de l’île aux Moutons.

Isobathes : Courbe reliant les points d’égale profondeur sous l’eau.

a) les petits îlots et les récifs. A part Saint-Nicolas, Le Loc’h et Penfret, les îlots composant les Glénan sont très peu étendus. Drenec a encore 1/4 de mille de diamètre ; mais l’île Cigogne est occupée tout entière par le vieux fort de Vauban, pourtant peu considérable ; quant aux trois îlots de Quignenec, Brunec, et Guiautec, ce sont des terres minuscules ayant 100 à 50 mètres de diamètre. Toutes ces terres sont très basses. Un des îlots de Quignenec n’est pas à 2 mètres au-dessus des plus hautes mers. Drenec atteint 2 à 4 mètres ; Brunec, de 4 à 5 mètres. C’est dire qu’elles sont essentiellement sous l’empire de la mer. Cependant celle-ci, dans les conditions actuelles, n’a pu les aplanir à ce niveau. Aussi est-on amené, avec une grande probabilité, à en faire des éléments de la plate-forme monastirienne, dont l’altitude moyenne sur les côtes finistériennes est de 1,50 à 5 mètres. En plusieurs points, notamment à Brunec, une nette rupture de pente sépare cette plate-forme de la plate-forme d’abrasion actuelle. D’autre part, dans l’îlot de Quignenec, on trouve, sur cette plate-forme nettement abrasée et située à plus de 4 mètres, deux gros monadnocks (île-montagne) très caractéristiques. Enfin, plusieurs rochers de l’archipel sont nettement aplanis vers plus 3 à plus 5 mètres. Le niveau monastirien (solitaire) semble donc jouer un grand rôle dans la topographie de ces îlots.

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b) Le Loc’h. Cette île est la plus large, sinon la plus longue des îles Glénan : près de 1 mille du N.,

N.W. au S., S.E. sur ½ mille de l’W. à l’E., et si l’on excepte les points N. N.W. et S., S.E, elle est presque ronde. Elle est tout à fait intéressante par ce fait qu’on y trouve la plus nette et la plus étendue de toutes les plate-formes monastiriennes que nous ayons vues dans les îles finistériennes. On voit cette plate-forme, parfaitement déblayée, au niveau constant de + 4 à + 5 mètres faire le tour de l’île à l’E., au S., à l’W., large parfois de 200 mètres. La roche s’y présente à nu, ou recouverte de quelques centimètres à peine d’une terre très sableuse. La plate-forme granulitique, par suite du clivage subhorizontal de la roche, se décompose en grandes dalles qui donnent à cette surface pourtant si plate un aspect chaotique. La rupture de pente entre ce niveau et la plate-forme actuelle est partout très nette, et l’attaque par la mer de la plate-forme monastirienne se manifeste par la cassure de cette dernière en énormes dalles inclinées vers la mer, d’un curieux effet.

Vers l’intérieur de l’île, la plate-forme disparaît sous un anneau de sable peu épais, qui entoure un étang assez vaste mais peu profond reposant vraisemblablement sur la plate-forme monastirienne. L’écoulement se fait vers le sud, à la faveur d’une entaille dans la plate-forme, à travers du sable et de gros blocs de granulite. Enfin tout le N. de l’île est occupé par des dunes.

L’extension considérable du niveau monastirien de 5 mètres est donc le caractère principal de l’île du Loc’h, ainsi nommée à cause de son étang. Remarquons d’ailleurs qu’on trouve de tels étangs dans plusieurs îles du plateau molénais.

c) Saint-Nicolas Ici on retrouve encore le niveau de 5 mètres sur le rivage S. de l’île, en continuité

vraisemblable sous la dune avec un autre lambeau du même niveau sur la rive E. Mais l’originalité de cette île, assez petite ½ mille de long, réside dans l’abondance des formations dunaires et la beauté des cordons de sable, dessinant des anses très régulières. Un cordon part de l’îlot situé à l’W. de Saint-Nicolas, longe la rive N.W. et s’avance vers Brunec. Un autre longe la rive N.-E. de Brunec à Bananec. L’île est donc entourée de hauts cordons qui, entre eux, laissent une dépression au milieu de l’île, sans que, toutefois, il s’y forme d’étang. La topographie de cette île est donc le résultat de phénomènes plus récents que la topographie générale du Loc’h.

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d) Penfret Allongée dans le sens N.S. c’est la plus longue des Glénan : 1 mille ¼ sur ¼ à ½ mille.

Elle s’étrangle au milieu, et s’y abaisse : c’est là que l’on rencontre des dunes, et de belles plages de sable. Au contraire, les deux extrémités sont constituées par des plate-formes rocheuses, où se développe le niveau de 5 mètres aussi bien au S. qu’au N. Surtout, fait unique aux Glénan, cette île contient des surfaces assez étendues et nettement abrasées vers 20 mètres au-dessus des plus hautes mers. Peu considérable au S., où il porte le sémaphore, ce niveau est mieux représenté au N. où s’élève le phare. Peut-être pourrait-on voir là les restes d’une plate-forme d’abrasion marine supérieure à celle de 5 mètres ; en tout cas, la rupture de pente est nette entre les deux niveaux.

Dans tout l’archipel des Glénan, nous n’avons d’ailleurs trouvé aucune trace de plage ancienne, aucun galet allogène (récent), dépôts si communs dans les îles du plateau molénais, à Sein et sur la côte. Il n’y a pas non plus de head (conglomérat pierreux), sauf une assez mince couche à Penfret. Ailleurs le sol est sableux ou formé d’arène granitique très peu épaisse.

Attirons aussi l’attention sur les rochers faisant figure de monadnocks sur le niveau 5 mètres : leur surface est pleine de sortes de cuvettes réunies par des canaux parfaitement polis et arrondis : ces formes ne se rencontrent aussi nettes qu’à Penmarc’h et à Sein, régions également granulitiques.

e) L’île aux Moutons. Cette île est en dehors des Glénan : elle se trouve à 5 milles au N. de Saint-Nicolas, et

séparée de celle-ci par deux chenaux encadrant le plateau des Pourceaux. Malgré son extrême petitesse (à peine ¼ de mille de long et un rétrécissement central en réduit la largeur à 100 mètres environ), cette île est aussi intéressante que les Glénan proprement dits, et même davantage à certains égards.

D’abord on y trouve une plate-forme, montant depuis +1,50 mètre ou même + 1 mètre, jusque vers +5 ou + 6. Vers l’intérieur, elle disparaît en général sous du sable ou une très mince couche de head. Elle est très nette surtout à l’W., où sa pente de 5 à 7°, recoupe les diaclases (fissures de petite taille des roches sans déplacement des deux compartiments) de la granulite qui ont 35 à 40°. Près du phare, elle supporte de petits monadnocks très nettement sapés à la base, qui sont à environ + 2mètres.

Mais surtout on trouve sur cette plate-forme des galets anciens. Au S. et au S.6. existe une plage ancienne, fossilisant la plate-forme, épaisse d’environ 50 cm. Et contenant, à côté de quelques gros blocs arrondis de granulite, des galets allogènes. D’autre part, face au N.,

on rencontre des galets enchâssés dans la base du head, et j’y ai trouvé un gros grès armoricain et même un galet de silex.

Enfin à l’E. de l’île existe un îlot minuscule de 15 mètres de rayon environ, uni à l’île à basse mer, constitué d’une plate-forme à + 2 mètres environ, fossilisée par une belle plage ancienne

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de 0m50 d’épaisseur, où les galets de granulite voisinent avec ceux de grès, de schiste, de micaschiste, de quartzite et de silex.

L’île aux moutons est donc plus riche en dépôts de galets anciens que les Glénan : d’ailleurs celles-ci sont également pauvres en grèves de galets actuels et souvent, des éboulis de gros blocs, on passe sans transition au sable fin.

II Les fonds avoisinants.

Au N.-E. des Glénan s’étend une vaste dépression, parallèle à la côte, depuis l’entrée de Lorient jusqu’à l’anse de Bénodet. Vers le large, cette dépression, qui descend très doucement du N.-W. et du S.-E. jusque vers 50 mètres près de la bouée de la Basse-Jaune, (au S.-S.-E. de la pointe de Trévignon) est limitée par une série de hauts fonds et d’îles : Groix, basses de Groix et de Caudan, basse jaune, plateau des Glénan, île aux Moutons, basse Tudy. Ces hauts fonds dominent de façon assez abrupte la grande dépression : dénivellation de 30 à 40 mètres sur le front N.-E. du plateau de la Basse-Jaune ; de 20 à 25 mètres sur le front N.-E. du plateau des Glénan , et même de 35 à 40 mètres devant Penfret ; de 15 mètres devant l’île aux Moutons. A l’inverse, ces plateaux sous-marins s’abaissent graduellement vers le S.- W. Penfret, la plus haute des Glénan, est au N.-E. de l’archipel ; plus au S.W. se trouvent successivement les îles aplanies de +1 à + 5 mètres, puis les rochers isolés, enfin les basses, de plus en plus profondes. La grande dépression est parcourue par des thalwegs, sous-marins au profil très doux, provenant du Blavet, de l’Isole, de la rivière Belon, de l’Aven, de l’Anse de la Forêt, de l’Odet et de la rivière de Pont-l’Abbé. Tous convergent vers une sortie commune, située à l’E. de la Basse Jaune. Ces faits font penser à un affaissement du sol sur l’emplacement de cette vaste dépression, qui serait limitée vers le S.W. par un abrupt de faille très démantelé, au-delà duquel le sol descendrait dans l’ensemble en pente assez douce. Autrement dit, les Glénan et le plateau de la Basse-Jaune seraient un bloc basculé vers le S.W. ; sans être sûr, on a quelques présomptions de mouvements de ce genre sur d’autres points du littoral Finistérien (île de Sein). L’abrupt de faille (ou flexure) supposé s’atténue de plus en plus vers le N.W. Or, la ria de Quimper contient des dépôts marins éocènes (Toulven) : grès analogues aux grès sabals, calcaires, silex. On a trouvé aussi, rejetés par la mer et provenant des fonds voisins, des calcaires éocènes marins sur le rivage de la presqu’île de Gâvre ; près de là, entre les estuaires du Blavet et de la rivière d’Etel, affleurent des sables glauconieux (silicate hydraté de potassium de fer de couleur verte) à nummulites (petits fossiles plats et circulaire ressemblant à de la monnaie). On a aussi signalé, sur le rivage entre l’Isole et le Scorff, des « dreikanters » (galets à facette) en grès éocènes contemporains des grès à sabals (dalle de granit servant aux dolmens). Enfin, nous avons pu déterminer personnellement que

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les rives de l’anse du Pouldon, près de Pont-l’Abbé, recèlent des formations analogues, en particulier la rive E. Là depuis le niveau de la mer jusqu’à environ 25 mètres, se rencontrent de petits galets de quartz signalés sur la carte géologique, mais aussi des grès quartzites, des grès fins, souvent ferrugineux, roulés, des galets de silex et même de craie. Ces formations plongent sous les vases de l’anse, et on les retrouve, beaucoup moins abondantes il est vrai, sur la rive W.

Dans ces conditions, il est permis de supposer que la dépression entre les Glénan et la terre était formée dès l’éocène. Elle a dû de bonne heure attirer les rivières, ce qui expliquerait la douceur de leur profil. La limite en est donnée en un point par les dreikanters. Mais au cours des régressions quaternaires successives, le cours actuellement sous-marin de l’Odet à eu à subir les attaques de rivières plus jeunes, de direction S.W.-N.E. et remontant le long du glacis des Glénan, de la Basse-Jaune et de l’île aux Moutons. Ces thalwegs sous-marins ont un profil beaucoup plus accusé. Bien que travaillant dans la bande de granulite de Penmarc’h - île aux Moutons - Glénan, ils ont été très menaçants. L’un d’eux se trouve entre la Basse-Jaune et les Glénan. Deux encadrent Le Loc’h. Deux autres ont poussé leur source jusqu’à l’E. de Quignenec et à Drenec. Deux autres encadrent les Pourceaux. Enfin le dernier, vers le N.-E. de cette série de thalwegs conquérants, a dû capter l’Odet tout récemment. Il s’insinue entre les basses Tudy, en une vallée étroite et encaissée d’une quinzaine de mètres, et la capture a dû se produire près de la balise de Men Diou, au N.W. de l’île aux Moutons. Le seuil de capture est situé entre cette balise et les rochers de Mousterlin. Le profil de ce cours est évidemment plus rendu que celui de l’ancienne basse Odet dans la grande dépression.

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On pourrait résumer ainsi cette évolution probable : 1° Formation de la grande dépression située entre la terre et l’île aux Moutons, les Glénan, la Basse-Jaune, avant la formation des dépôts éocènes marins (qui sont parfois plus élevés que les dreikanters, d’où également vraisemblance de mouvements extérieurs). 2° Les rivières de la région se réunissent dans la dépression et franchissent l’abrupt de faille en un point unique. 3° Mouvements eustatiques (variation lente du niveau des océans dû à un changement climatique ou de mouvements tectoniques) quaternaires ; création de niveaux d’abrasion marine vers 20 et 5 mètres sur la partie la plus élevée du bloc basculé ; capture de l’Odet. 4° Transgression flandrienne et formation de la plate-forme actuelle III Les genres de vie des îles Glénan Menhirs et allées couvertes ne manquent pas aux Glénan et à l’île aux Moutons. Ces terres étaient donc occupées dès le néolithique, de même que les îles du plateau molénais et l’île de Sein. Il y a une soixantaine d’années, la population était encore assez nombreuse pour que l’on se soit occupé d’entretenir un prêtre aux Glénan. Ce prêtre, l’Abbé Thymeur, originaire de l’île de Sein, résidait au Loc’h où il officiait dans une petite chapelle, et les insulaires s’y réunissaient le dimanche. Aujourd’hui, tout témoigne de la profonde décadence de ces terres isolées. Les Glénan sont de plus en plus abandonnées. Autrefois, le guetteur du sémaphore de Penfret était chargé de faire la classe aux enfants. On lui a ôté la fonction, faute d’un nombre suffisant d’élèves. Un des îlots de Quignenec était autrefois habité : il ne reste plus qu’une maison en ruines

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L’activité des habitants se partage aujourd’hui entre deux genres de vie : la culture et le brûlage du goëmon ; la pêche.

a) La culture et le brûlage du goëmon. Les îles appartiennent à de grands propriétaires : Saint-Nicolas, Guiautec, Penfret et

Fort Cigogne à une personne de Guilvinec, et Le Loc’h à un propriétaire quimpérois. Ces gens louent certaines îles à des fermiers (Penfret est louée 2300F.) qui ont quelques vaches, un taureau, des chevaux, et cultivent du seigle, des pommes de terre, du foin, des choux fourragers dans les coins les moins pauvres. On trouve actuellement des fermes à Penfret, Drenec et Le Loc’h. Le brûlage du goëmon est aussi une occupation importante, comme dans les îles du plateau molénais. Mais malgré la décadence de ces dernières, la comparaison n’est pas à l’avantage des Glénan. Ici point de ces « pigouilliers » ou occupants temporaires qui, de mars à octobre, vivant à côté des fermiers, dans les îles du plateau molénais, logeant dans de minuscules gourbis loués, avec un carré de dune pour le séchage du goëmon, 50 francs par an et empanachant des fumées grises de leurs brûleries le chenal du Four ; ici, le fermier fait seul de la « soude ». C’est que les occupants temporaires des îles du Nord Finistère sont tous des « Pagan » de l’Aberwrac’h ou Plouguerneau, et que les Glénan sont trop loin pour leurs minuscules bateaux. Les Pagan sont d’ailleurs ceux qui savent le mieux faire la soude. Le fermier du Loc’h en est un, et il produit plus de 20 tonnes par an contre 2 ou 3 pour celui de Penfret, originaire du Sud-Finistère. Ces fermes sont d’ailleurs beaucoup moins importantes que dans l’autre archipel. Ce type d’économie est donc, aux Glénan, dans une décadence complète. On rencontre de nombreux trous de forme allongée, ayant servi à brûler le goëmon, et aujourd’hui abandonnés. Il y a bien quelques gens de la presqu’île de Penmarc’h qui viennent couper le goëmon aux Glénan : mais ils le brûlent en général sur le continent.

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Le four à soude de l’île du Loc’h ; au fond, l’ île Penfret

b) La pêche La pêche, il est vrai, est moins en déclin. D’assez nombreux pêcheurs viennent aux

Glénan passer la bonne saison.Ils sont logés de façon rudimentaire dans les casemates du Fort Cigogne, et dans l’ancienne ferme, ainsi que dans les deux ou trois maisons de Saint-Nicolas. Aucune île n’est donc à la fois occupée par des pêcheurs et un fermier. Ces gens pêchent le homard et la langouste. C’est un type de pêche qui n’est pas en développement sur la côte Sud du Finistère : il s’agit d’ailleurs d’une petite pêche côtière, sans grande importance.

Les pêcheurs habitent le Fort Cigogne durant l’été (peinture Jean Caveng)

(avant la guerre 39/45)

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L’île aux Moutons n’est occupée que par un gardien de phare (il y a aussi deux gardiens de phare et deux guetteurs à Penfret) ; quant à Guiautec, Bananec, Brunec, Quignenec, etc.… ce sont des îlots déserts.

c) Le tourisme Le tourisme aux Glénan s’est beaucoup développé récemment, et un hôtel s’est édifié à

Saint-Nicolas. Il n’est pas rare, en été, de voir à Saint-Nicolas plusieurs grandes vedettes, venues surtout de Quimper. C’est la seule source de prospérité économique susceptible d’avenir aux Glénan, vivant par ailleurs d’une économie qui se meurt de plus en plus.

L’île Saint-Nicolas avec l’hôtel Bodéré, le canot de sauvetage et les viviers Castric.

Les bateaux à passagers à Saint-Nicolas et devant Cigogne. Le bateau au second plan est le

« Roi de Cœur ».

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Jean Le Foll

A PROPOS DE L’ORIGINE ET DE LA SIGNIFICATION DE « FOUESNANT » ET « BEG MEIL »

Lors de mes lectures et recherches historiques, notamment pour la préparation de mes articles de Foën Izella, j’ai souvent été confronté à des questions de toponymie et aux fortes variations dans la manière d’écrire et de prononcer les noms de lieux. Ces problèmes se retrouvent dans toutes les régions mais ils sont accentués en Basse Bretagne où, le breton, langue parlée mais rarement écrite, est radicalement différent des deux langues écrites « officielles », le latin puis le français. Ayant écrit plusieurs articles sur l’histoire de ces lieux, je voudrais donner mon point de vue personnel sur la signification des noms de Fouesnant et de Beg Meil.

Depuis le 10ème siècle, où il est fait mention de Fouesnant dans le cartulaire de Landévenec1, différentes graphies ont été utilisées pour désigner Fouesnant et le pays fouesnantais2. Pour la première syllabe, il me semble que fouen a pour origine des mots celtes signifiant source ou fontaine :

- foinse en gaélique irlandais (cf cuardaigh Irish dictionary online). - ffynnon, en gallois (University of Wales Trinity Saint David)

Il y a en effet un grand nombre de sources à Fouesnant, y compris près du bourg,

malgré sa situation relativement élevée. Ces sources et les lavoirs construits à proximité ont été utilisés par les Fouesnantais jusqu’aux années 1950 : à Bréhoulou, à Kernoac’h3

, à Kérourgué, en face du bureau de tabac actuel, deux en bas du bourg dont une près de l’église, une autre encore près du collège Saint Joseph. La plupart de ces sources ont été captées ces dernières décennies et ne sont plus visibles.

Selon Bernard Tanguy4 : pour Fouesnant, Fouenn en breton, « un rapprochement avec le breton foen du latin fenum « foin » demeure très hypothétique ». Je partage ce point de vue, d’autant qu’à ma connaissance, la région n’était pas particulièrement connue pour son foin.

Quant à la deuxième syllabe, nant , je pense qu’elle vient du vieux gallois (et vieux breton) nant qui, comme le mot gaulois nantos, signifie vallée ou rivière.

Le nom de Fouesnant pourrait donc signifier le pays des sources et des rivières ou le pays des sources et des vallées.

Il est curieux de constater que, sur les panneaux de signalisation routière, les transcriptions de Fouesnant en breton diffèrent selon les villes. A Concarneau : Fouenant semble tenir compte de l’importance du sens de la deuxième syllabe ; à Fouesnant : Fouen présente une graphie plus phonétique, la dernière syllabe n’étant pas accentuée dans la prononciation en breton.

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L’origine de Beg Meil est également controversée. J’avais déjà écrit5 en 1996 que Beg Meil signifie probablement La Pointe du Mulet (meil en breton) ou du Rouget (meil ruz). Ce poisson, abondant au début du siècle dernier, était un plat réputé servi dans les restaurants de Beg Meil.

Certes, plusieurs guides touristiques traduisent Beg Meil par la Pointe du Moulin, à la suite, notamment de l’écrivain Le Guennec qui affirmait, au début du siècle dernier, que « Beg Meil [était] ainsi désigné parce que le lourd cylindre d’un moulin à vent se dressait jadis près de la plage, sur une butte qui porte aujourd’hui le sémaphore »6. Je ne suis pas d’accord avec cette interprétation pour les raisons suivantes :

- Je rappelle tout d’abord, qu’après la visite d’un groupe de personnes de la Société Archéologique du Finistère en 1875, à la recherche de substructions romaines et gauloises, Monsieur de Montifault qui dirigeait ce groupe à précisé7 que s’ils ont effectivement trouvé « une vaste enceinte qui a évidemment servi de camp retranché à une époque plus ou moins ancienne... malgré toutes [leurs] recherches, il [leur] a été impossible de découvrir une brique ou des traces d’anciennes fondations » !

- Souvent, lorsqu’un moulin a existé, le nom de la parcelle en garde la trace. Je n’ai rien trouvé de tel à Beg Meil.

- Dans les aveux que j’ai consultés, concernant les seigneuries de Penfoulic et de Kergaradec desquelles dépendaient la plupart des terrains de la Pointe de Beg Meil, un grand nombre de moulins sont mentionnés, même s’ils étaient déjà en ruine au 18ème siècle, mais il n’y a aucune indication de moulin à la pointe même.

- Les moulins à vent furent peu nombreux dans le canton de Fouesnant. Leur présence est attestée à Coat Huella, Bréhoulou, Kerelleau, Coat Clévarec et Bénodet. Mais ils étaient construits en retrait du rivage : en cas de tempête, le risque de dégâts aurait été élevé à l’emplacement de l’actuel sémaphore.

Pour certains, l’hypothèse de l’existence d’un moulin serait confirmée par des pierres

rondes et plates qui auraient été vues au large de la Pointe. Si elles existent, il s’agirait plutôt, d’après des marins, du lest jeté par des bateaux entrant dans la Baie de La Forêt pour y prendre un chargement. Tant que l’existence d’un moulin à vent à la Pointe de Beg Meil ne sera pas attestée, je continuerai à penser que Beg Meil doit son nom aux mulets et rougets si abondants jusqu’à une époque récente.

1. «Tref Cunhour in pago Fuenant » cartulaire de Landévénec (rédigé en latin mais avec des noms de lieux en vieux breton), XLIII, p167 du cartulaire publié par la Société archéologique du Finistère en 1888

2. Dictionnaire des noms de communes, trêves et paroisses du Finistère de Bernard Tanguy, publié en 1990, p 72 : Fuinant 1022-1058; Fuenant XIes. ; Plebs Fuenant 1084-1107 ; Foynant, 1294 ; Foenant, 1324, v.1330, 1368 ; Fouesnant, 1382.

3. A l’ouest de Bréhoulou, là où se dressait la croix actuellement située à Kerbader 4. Dictionnaire des noms de communes, trêves et paroisses du Finistère de Bernard

Tanguy, p 72 5. Foen Izella de décembre 1996 « Beg Meil, un peu d’histoire » p21 6. idem, p 29 7. idem, p12

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G. LE MOUEL

POSSESSIONS DE L’ABBAYE SAINTE-CROIX DE QUIMPERLE DANS LA PAROISSE DE FOUESNANT

d’après le cartulaire de Quimperlé 1

On trouve dans le cartulaire de l’Abbaye bénédictine Sainte-Croix de Quimperlé 2, entre les années 1069 et 1161, au moins sept chartes concernant les possessions de l’abbaye Sainte-Croix sur la paroisse de Fouesnant. Elles sont listées et résumées ci-après.

1. Charte N° LIV : « Sancti Amandi munimentum » (27 février 1069) Donation à Sainte-Croix par le duc Hoël, de Loc-Amand avec ses annexes,

« Treu Ridiern » et « Treu Karantuc », en Fouesnant, libres de tous droits et avec tous leurs revenus, pour le salut de son âme, de celui de sa femme Havoise et de ses fils, et le repos de l’âme de ses parents qui fondèrent l’abbaye.

2. Charte N° LV : « Redditio Treu Ridiern & Treu Karantec » (annexe de la précédente) Rôle des revenus de « Treu Ridiern » et « Treu Karantec » en Fouesnant

(aujourd’hui la Forêt-Fouesnant).

3. Charte N° LVIII : « De terra Ros Amand » (1084 – 1107) Donation à Sainte-Croix par le duc Alain IV, de la terre de « Ros-Amand »,

entre les deux paroisses d’Elliant et de Fouesnant. Il reçoit quinze livres de son oncle, l’abbé Benoit, pour les distribuer à ses chevaliers. Les revenus de la terre sont énumérés.

4. Charte N° LXXII : « De calumpnia Dungualloni » (1107 – 1112) Désistement en faveur de Benoit, abbé de Sainte-Croix, par le sénéchal

Donguallon, assisté de son beau-fils Tanhedr fils de Maëlscuet, de ses injustes prétentions sur plusieurs terres et maisons en diverses paroisses, données jadis à l’abbaye par de généreux bienfaiteurs, à savoir : … une terre à Loc-Amand en Fouesnant. Donguallon reçoit de l’abbé sept livres d’argent. (Voir ci-dessus Charte N° LIV du 27 février 1069)

5. Charte N° LVII : « Donatio terrarum Gleudaenn, Cunian Du et Justum » (28 janv. 1126)

Donation à Sainte-Croix par Kenou fils de Duenerth, prenant l’habit religieux dans une grande maladie dont il releva, des terres dites « Kerledan », de « Cunian Du » et de « Justum », en Fouesnant, et d’une rente d’une demi-mesure (hanafat) de miel. Suit l’énumération des revenus des terres données. Il confirme à la même abbaye un don antérieur des trois-quarts d’une dîme, en échange d’une somme de trente sous. Alliou, frère du donateur, s’associe à la donation, avec ses deux gendres.

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1 – La version du Cartulaire de Sainte-Croix sur lequelle nous avons travaillé est celle de Léon Maître et Paul de Berthou, 2ème édition de 1904. 2- L’abbaye Sainte-Croix (fondée en 1029) appartient à l’ordre des Bénédictins, qui portent une robe noire ; d’où son surnom de « l’abbaye noire », par opposition à « l’abbaye blanche », celle des Dominicains – à la robe blanche - établie (vers 1265) également à Quimperlé, mais sur la rive opposée de la Laïta (alors Rédéné).

6. Charte N° LXVII : « De Sancto Amando » (3 mai 1128) Accord entre les religieux de Sainte-Croix et les fils de Hedruedoë, prévôt féodé de l’abbaye à Loc-Amand, pour le partage d’une dîme et de différents droits et rentes, et pour la possession en litige de quatre maisons et de plusieurs terres, le tout dépendant du prieuré de Loc-Amand, en Fouesnant.

7. Charte N° LVI : « Decima de Karantec » (1161) Vente à Donguallon, abbé de Sainte-Croix, par Guenith, femme de Rivallon An Broh, son fils Jedecaël, et Eudon, fils de Jestin son gendre, de toute la dîme qu’ils avaient en « Treu Karantuc » (dépendant de Loc-Amand), sauf une terre nommée Grand Champ (en Breton : Mesmeur). L’acte fut fait dans le cloître de Loc-Amand, et présenté sur l’autel avec un missel par les vendeurs.

Nous en avons particulièrement étudié trois d’entre elles, qui nous paraissent donner une bonne idée du type de relations qui existaient, au Haut Moyen-Age, entre le pouvoir politique et les abbayes d’une part, entre celles-ci et leur environnement d’autre part.

Les liens entre l’Abbaye Sainte-Croix de Quimperlé et la lignée des comtes de Cornouaille

Pour bien comprendre ce qui va suivre, il faut savoir comment naquit l’Abbaye Sainte-Croix de Quimperlé. Celle-ci vit le jour en l’an de grâce 1029, par décision de Alain Caignart, comte de Cornouaille, qui, guéri d’une grave maladie par une croix d’or lui paraissant – en songe – descendre du ciel dans sa bouche, fit bâtir, sur l’ordre du Pape, au lieu dit Anaurot (aujourd’hui Quimperlé) une abbaye en l’honneur de la Sainte-Croix. Cette fondation, dans la presqu’île résultant de la confluence entre l’Isole et l’Ellé, s’accompagnait de l’attribution à l’abbaye d’un territoire en pays cornouaillais, c’est-à-dire à l’ouest de l’Ellé et de la Laïta. Celui-ci comprenait le village d’Anaurot lui-même, la moitié nord de la forêt de Carnoët avec la trève de Lothéa, le village de Trévalaire, une partie des paroisses de Baye, de Mellac et de Tréméven. Auxquels il fallait ajouter l’île de Guédel (Belle-Isle) « qu’il tenait de ses ancêtres ». Jusqu’à sa mort (1058), le comte Alain Caignard continua, à différentes occasions, à faire des donations qui élargirent la zone des possessions de l’abbaye Sainte-Croix ( Bannalec, Locronan,…) De même, ses proches suivirent son exemple : sa femme Judith – qui offrit aux moines des villages à Doëlan et Clohars-Carnoët, qui faisaient partie de son douaire ; son frère Orscand, évêque de Cornouaille, qui leur abandonna tous ses droits épiscopaux sur toutes les terres qu’ils pourraient posséder à jamais…

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Par la suite, les successeurs d’Alain Caignart, son fils Hoël, son petit-fils Alain,… continuèrent cette politique de libéralité vis-à-vis de l’abbaye de Sainte-Croix, renforçant les liens entre elle et le comté de Cornouaille. C’est par eux que Sainte-Croix devint propriétaire de terre en Fouesnant et alentours.

Charte N° LIV : « Sancti Amandi munimentum » (27.02.1069) et son annexe N°LV « Redditio Treu Ridiern & Treu Karantec »

Ces deux chartes concernent la donation à l’abbaye Sainte-Croix par Hoël V, comte de Cornouaille et duc de Bretagne (de 1066 à 1084), de Loc-Amand, avec ses annexes Treu Ridiern et Treu Karentec en Fouesnant.

L’objet de la donation « Sur mon héritage propre, je donne le lieu de Saint Amand, en totalité, c’est-à-dire Treu Karantec et Treu Ridiern, avec ses terres cultivées et incultes, ses bois, ses prés et ses étangs à pêcher, … libres de toute charge … en donation permanente … » (Charte N° LIV). De même, en qui concerne les tenures de Treu Karantuc et Treu Ridiern, la donation (« redditio ») concerne : « omnia que adjus consulare et episcopale pertinent ecclesie Sancti Amandi. » (« Tout ce qui, en droit comtal et épiscopal, appartient à l’église de Saint-Amand »). (Charte N°LV) Léon Maître et Paul de Berthou, qui annotèrent et éditèrent le Cartulaire font, sur ce texte, les remarques suivantes : « - Loc-Amand, ancienne paroisse, depuis 1790 village en la Forêt-Fouesnant ; - Teu Karantec a dû donner Trégarantec, mais il n’existe point de village de ce nom en Fouesnant ni aux environs ; - Trévidiern, village en Beuzec-Conq, commune du canton de Concarneau. » Nous y ajouterons les nôtres, à savoir : - Loc-Amand – qu’on trouve aussi écrit Locamand et même Logamant – figure aujourd’hui sous le nom de Tachen Loc Amand sur le plan de la Forêt-Fouesnant. On peut y voir un pan de mur et un ancien porche (1756) de l’ancien prieuré. - Nous n’avons pas non plus trouvé de Treu Karantuc à la Forêt-Fouesnant ni dans les environs. Nous devons cependant rappeler l’existence d’un village nommé « Keranterec » sur la rive droite (ouest) de l’anse du Saint-Laurent, où le ruisseau du même nom – qui sépare La Forêt-Fouesnant de Concarneau – se jette dans la mer. Ne s’agirait-il pas de l’ancien Treu Karantec ? En effet, dans ce nom composé, il y a «Treu », qui, en breton, signifie « gué, passage ». il est clair, sur une carte, que l’existence d’un bac à cet endroit raccourcissait la route de Concarneau pour les habitants du sud de La Forêt-Fouesnant (frairie de Goulentalen, auj. Goueled Al Lenn). Alors : Treu Karantuc = Keranterec ? - Quant à Treu Ridiern/ Trévidiern, si la commune de Beuzec-Conq a été absorbée depuis 1904 par celle de Concarneau, le village est toujours là, près de la RN 165.

Le Donateur Devenu comte de Cornouaille à la mort de son père Alain Cainhart (1058), Hoël est l’époux de Havoise. Celle-ci est la fille de Alain III, qui fut duc de Bretagne de 1008 à 1039,

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et la sœur de Conan II, qui lui succéda de 1039 à 1066. Conan II meurt sans héritier légitime en 1066 ; selon la coutume de Bretagne, le duché revient à sa sœur Havoise. Mais celle-ci trouve cette charge trop lourde pour elle ; elle la confie donc à son époux Hoël, qui devient ainsi Hoël V, duc de Bretagne, le premier de la lignée de Cornouaille. Havoise était l’héritière des comtés de Rennes et de Vannes. Hoël était l’héritier du comté de Cornouaille par son père, et de celui de Nantes par sa mère. Personne n’était donc plus légitime que lui pour accéder à la couronne ducale bretonne. Il la porta jusqu’en 1084. Reprenant la tradition familiale, Hoël va, comme ses parents faire de nombreuses donations à l’abbaye Saint-Croix, dont l’abbé n’est d’ailleurs autre que Benoit, son propre frère, également évêque de Nantes. Quant à la raison de cette donation, la voici : « Quiquonque lira cette charte, qu’il sache que je l’ai faite pour le salut de mon âme et celle de mon épouse Havoise et nos anfants, et pour la rédemption des âmes de mes parents qui fondèrent ce monastère, tant que le nom de chrétienté durera sur cette terre. »

Le bénéficiaire de la donation Le bénéficiaire de la donation est le monastère Sainte-Croix de Quimperlé à perpétuité par son abbé Benoit et ses moines. L’abbé Benoit n’est autre que l’un des fils d’Alain Cainhard, donc le propre frère du duc Hoël V, le généreux donateur. Benoit dut se faire remplacer comme abbé de Sainte-Croix de 1088 à 1114, par Haimeri, abbé en second, pour résider dans la ville de Nantes, dont il était l’évêque. Cette précision conforte le créneau ci-dessus (1084-1087) concernant la donation d’Alain IV.

Les témoins de la donation La signature de cette charte eut lieu en réunion publique, tenue le vendredi 27 février 1069, au monastère Sainte-Croix, « entre les deux fleuves, l’Ellé et l’Isole ». Etaient présents : le duc Hoël, l’abbé Benoit, son frère, Budic, le troisième frère, ainsi que Derien fils de Tanki, Haimon de Pokaër, Karaduc, Rollant de Léon, Lancelin, Pritgual ; Roenguallun, Even, Glamarchuc, Killae, Idghin et Gleu le veneur. Ces hommes, seigneurs bretons, sont venus de tous horizons à Hoël, « comme les abeilles volent vers leur ruche ». Aussi L’abbé est-il prié de verser au duc une somme en numéraire de trente livres, pour lui permettre de leur rembourser leurs frais de route. Curieusement la duchesse Havoise n’est pas présente à Quimperlé ce jour- là ; elle est pourtant toujours vivante (elle mourra trois ans plus tard, en 1072). Aucun des enfants du couple ducal non plus.

Chartes N° LVIII : « De terra Ros Amand » (1084-1107)

Cette charte concerne la donation à l’abbaye Sainte-Croix par le duc de Bretagne Alain IV, de la terre de « Ros-Amand », entre les deux paroisses d’Elliant et de Fouesnant. Il reçoit quinze livres de son oncle, l’abbé Benoit, pour les distribuer à ses chevaliers. Les revenus de la terre donnée y sont énumérés.

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L’objet de la donation Le duc Alain IV offre à l’abbaye Sainte-Croix de Quimperlé « quandam terram que est in confinio duarum plebium, Elgent videlicet et Fuenant, que nuncupatur Ros Amand » (une terre qui se trouve à la limite des deux paroisses de Elliant et de Fouesnant et qu’on appelle Ros Amand). Les commentateurs de 1904 disaient : « Ros-Amand est sans doute près de Loc-Amand ». Plus curieux qu’eux, nous avons recherché ce Ros-Amand ; et nous devons avouer ne pas avoir retrouvé en tant que tel. Mais il y a sur l’ancien territoire de Beuzec-Conq (aujourd’hui commune de Concarneau), à l’extrême nord de celui-ci, deux villages proches : Ros Vihan et Menez Ros Vihan. La bande de territoire sur laquelle ils se trouvent se situe exactement entre La Forêt-Fouesnant et saint-Ivy, c’est-à-dire entre Elliant et Fouesnant, en bordure sud de la RN 165. Ces terres se situent à moins de quatre kilomètres au nord-est du prieuré de Locamand. De plus, à moins d’un kilomètre de Ros Vihan, également en bordure sud de la RN 165, se trouve le village de Trévidiern (voir ci-dessus « Treu Ridiern»), appartement aussi à Beuzec-Conq. Il est vraisemblable que toute cette partie du territoire de Locamand – appartenant au prieuré et confisquée par la Révolution – fut rattachée à la commune de Beuzec-Conq en 1792, lorsque la paroisse de Locamand fut supprimée et son territoire réparti entre les paroisses – devenues communes – voisines de La Forêt-Fouesnant (en majorité), Saint-Ivy et Beuzec-Conq.

Le donateur Le donateur n’est autre que le duc de Bretagne Alain IV dit Fergent (on ignore l’origine et la signification de ce surnom). Il est le fils de Hoël, duc de Bretagne en 1066 à 1084, et de son épouse Havoise, fille du duc Alain III (1008 à 1039), de la maison de Rennes. Alain IV est donc le petit-fils de Alain Cainhard, le fondateur de l’abbaye de Sainte-Croix. Succédant à son père Hoël, il perpétue, sur le trône ducal de Bretagne, la lignée de Cornouaille, qui y restera un siècle (1066 – 1166). Lui-même l’occupera pendant plus de trente ans (1084 –V. 1115). En 1087, le duc Alain IV Fergent épouse Constance, la fille de l’illustre Guillaume le Conquérant. Malheureusement, son épouse mourra bientôt, en 1090. Trois ans plus tard, il épousera, en secondes noces, la très pieuse et intelligente Armengarde, fille du puissant comte d’Anjou, une autre très belle alliance. La raison de la donation faite par Alain à l’abbaye est : « pro redemptione anime mee et parentum meorum requie … » (son père Hoël est mort en 1084, sa mère Havoise en 1072). On remarquera que ni sa femme, ni son fils Conan, ne sont cités à l’acte de donation, comme ceci est habituel. Cela peut signifier que Alain était duc (l’acte cite « Alanus… Dei gratia Brittanie comes »), mais encore célibataire au moment de l’acte de donation. Celui-ci pourrait donc dater de la période 1084-1087, date de son premier mariage. Comme on le note souvent dans ces donations, le donateur reçoit lui-même, en échange, de la part du bénéficiaire, un don en espèces ou en nature. Dans le cas présent, il reçoit quinze livres de son oncle, l’abbé Benoit, pour les distribuer à ses chevaliers qui l’ont accompagné, à titre d’indemnité pour leurs frais de voyage.

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Le bénéficiaire de la donation Le bénéficiaire de la donation est le monastère Sainte-Croix de Quimperlé, à

perpétuité, représenté par son abbé Benoit (ou Benedic) et ses moines. L’abbé Benoit n’est autre que l’un des fils d’Alain Cainhard, donc le frère de Hoël et l’oncle du duc Alain IV. Benoit dut se faire remplacer comme abbé de Sainte-Croix de 1088 à 1114, par Haimeri, abbé en second, pour résider dans la ville de Nantes, dont il était l’évêque. Cette précision conforte le créneau ci-dessus (1084-1087) concernant la donation d’Alain IV.

Les témoins de la donation Alain IV est entouré, comme témoins, de sept de ses chevaliers, nommément identifiés

dans la charte de donation : « Louennan filius Dunguallun, Guegon filius Colueu, Alliou et Kenou filii Duenert,… » et trois autres. De son côté, l’abbé de Sainte-Croix, Benoit est entouré de six moines, nommément désignés comme témoins de l’acte, « et alii Sancte Crucis conventus monachi cum quibus hoc actum est ». « Tous les autres moines du couvent… » : ce qui signifie que la donation a eu lieu à Quimperlé, au monastère même.

L’objet de la donation La donation comprise sous le nom de « Terre de Ros Amand » comprenait en fait plusieurs lots : trois « domus » (ferme avec habitation ?) et trois « terra » (simples terres sans maison ?). Le revenu annuel de ces tenures à verser à Sainte-Croix est indiqué pour chacune d’entre elles. Il consiste en mesures (mina ou sextarius) de froment, en moutons et en espèces (quevaise) pour les « domi », en mesures de blé et de mouton pour les « terrae ».

Lire aussi : « Loc Amand » de Jean Le Foll bulletin n°8, juin 1996

Dessin de Toscer, Le prieuré de Locamand, vers 1890

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Claude FAGNEN

LES ARMOIRIES DES FAMILLES NOBLES DE LA PAROISSE DE SAINT-EVARZEC

Dans une lettre adressée au Secrétaire de Foen Izella, M.Guy Le Mouel s’interroge sur

la fréquence des figures animalières, telles que les têtes de loup et les hures de sanglier, dans les armoiries des seigneuries de la paroisse de Saint-Evarzec. En fait, pour étudier sérieusement l’héraldique, il est nécessaire de se familiariser avec trois ouvrages essentiels : en premier lieu, le Traité d’héraldique, que Michel Pastoureau a publié à Paris, chez Picard, en 1979 ; ensuite Le grand livre de l’héraldique, d’Ottfried Neubecker, paru à Bruxelles chez Elsevier / Sequoia en 1977 et enfin le Manuel du blason de David Galbraith et Léon Jéquier, ouvrage publié initialement à Lausanne en 1976 aux Editions Spes, peut-être le plus complet et le plus richement illustré. Dans ces trois livres de base, le lecteur attentif glanera les informations nécessaires à la compréhension de l’usage des figures animalières dans les armoiries médiévales. Pour approfondir davantage ce thème, il conviendra de consulter le travail du principal spécialiste français de l’héraldique : Michel Pastoureau a soigneusement étudié les animaux figurant sur les armoiries médiévales, dans sa thèse d’Ecole des Chartes intitulée Le bestiaire héraldique français, publiée en 1972. Examinons de plus près les armoiries portées par les différents seigneurs possessionnés sur la paroisse de Saint-Evarzec. Certes, ces seigneurs affectionnaient, semble-t-il les représentations de gros gibier. Mais il vaut peut-être mieux considérer que les premières armes (les plus anciennes) ont été choisies pour des raisons différentes. Dès l’origine de l’héraldique, c’est-à-dire vers XIIème siècle, on constate que ceux qui se dotent d’armoiries le font sur des bases indiscutables (par exemple, les armes du comte de Catalogne), soit à la suite de faits d’armes notables, soit pour des raisons géographiques, ou encore en fonction de la toponymie, de l’éponymie, etc. Il s’agit très rarement de choix personnel, laissé au hasard ou à la fantaisie de l’intéressé. Les armes « parlantes » ou « allégoriques » n’apparurent qu’assez tardivement, vers le XIVème siècle. Par conséquent, on peut penser que ces familles avaient déjà opté pour des sangliers et des têtes de loup, sans doute en raison de chasses spectaculaires ayant donné lieu à des incidents mémorables ; par la suite, au fil des siècles, afin de bien montrer leur filiation et leur appartenance à des lignées d’ancienne extraction nobiliaire, leurs héritiers choisirent de reprendre ces mêmes meubles animaliers. Dans le but de mieux marquer les diverses branches familiales et leurs liens avec toute leur complexité, on adopta certaines « brisures », mais on conserva soigneusement le meuble principal, en l’occurrence une tête de loup ou une hure de sanglier. Ainsi, l’appartenance à un groupe familial donné était-elle visible aux yeux de tous. D’autre part, en pleine époque de féodalité, le port d’une figure commune avec les armoiries d’un grand seigneur est la marque d’une certaine vassalité. C’est ainsi que l’on retrouve, dès le XIIème siècle et très souvent à partir du XIIIème siècle, quelques figures, plus fréquentes que d’autres, qui permettent d’affirmer l’appartenance à un « parti » : les partisans et vassaux du roi d’Angleterre porteront un lion, ceux du roi de France une fleur de lys, ceux de l’empereur un aigle et ceux de la papauté une croix. Cette liste des quatre « grands

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groupes féodaux » n’exclut pas d’autre « clans », par exemple les partisans de la famille Welf, dans le Saint Empire germanique (ceux qu’en France on appelait « Guelfes », par opposition avec les partisans de la famille des Weiblingen ou « Gibelin »), arboraient un lion de sable (noir) sur fond or, ou encore les vassaux d’Albert l’Ours, margrave de Brandebourg, portaient au moins un ours ou des rappels de cet animal, etc. On retrouve le même phénomène dans toute l’Europe médiévale. Dans l’ordre des armoiries présentées par M. Le Mouel, nous trouvons la famille du Treff . Pol Potier de Courcy, dans son Armorial général de Bretagne (Tome II, p. 612) fait remonter cette famille à un certain Eon, écuyer de l’hôtel du duc de Bretagne, qui ratifia le traité de Guérande en 1391. Les du Treff étaient seigneurs dudit lieu, en la paroisse de Saint-Evarzec, mais également seigneurs de Rozhellou, dans la paroisse d’Elliant ; ils étaient présents à la Réformation de la noblesse de 1426 pour ces deux paroisses de l’évêché de Cornouaille. Ils portaient un écu « d’argent au sanglier de sable, couronné de même » (d’après un manuscrit de Gaignières, c’est-à-dire les recueils d’armes de cet érudit, conservés à la bibliothèque nationale, à Paris). Ensuite, Pol Potier de Courcy, dans son Armorial général de Bretagne (Tome III , p.549) fournit des renseignements sur la famille du Salou : ils étaient seigneurs du Salou, dans la paroisse de Briec, de Kerouakin et de Toulgoët, dans la paroisse d’Elliant et d’autres terres en Pays Bigouden. Lors de la Réformation de la noblesse, en 1668, la famille fut reconnue noble d’ancienne extraction, (comptant neuf générations de noblesse) ; elle apparaissait paroisse de l’évêché de Cornouaille. Les du Salou portaient un écu « argent à trois hures de sanglier arrachées de sable ». L’auteur cite un Jean du Salou, présent à la réformation de 1426, mais précise que, par la suite, cette famille s’est fondue dans les Visdelou, puis Rosnyvien, de la Marck et de Ligne-d’Arenberg. Pour ce qui concerne la famille de Rosnyvien, Pol Potier de Courcy, dans son Armorial général de Bretagne (Tome III, P.510) les déclare seigneurs dudit lieu, en Loc-Eguiner, trève de la paroisse de Ploudiry, ainsi que de nombreux autres lieux dans des paroisses de les évêchés de Léon (notamment de Kérouzéré, dans la paroisse de Sibiril), de Saint-Brieuc et de Vannes, même de quelques fiefs en Normandie, et enfin, plus près de la région fouesnantaise, du Rible, en Plomodiern. Cette illustre famille était connue depuis 1388 et sa branche aînée portait un écu « d’or à la hure de sanglier de sable, arrachée de gueules et défenses d’argent », alors qu’une branche cadette portait « d’or à la hure arrachée de gueules ». Leur devise était fière : « défens-toi » et aussi « Non ferit nisi laessus » [il ne frappe pas s’il n’est pas blessé]. La famille de Visdelou, que Pol de Courcy, dans son Armorial général de Bretagne (Tome III, p.667) fait remonter à un Guillaume, croisé en 1248, était seigneur du Pont-a-l’Asne, paroisse de Ploeuc, de diverses terres dans les évêchés de Tréguier, Saint-Brieuc et Cornouaille ( entre d’autres du Hilguy, en Plogastel-Saint-Germain, de Pratanros, en Penhars, du Rible, en Plomodiern, de Coatfao en Pluguffan, de divers lieux en Elliant) et de nombreuses autres terres. Elle portait un écu « d’argent à trois têtes de loup de sable, arrachées et lampassées de gueules » (armoiries connues d’après un sceau datant de 1276). Cette famille se fondit dans celles de la Marck et de la Ligne- d’Arenberg, alors qu’à l’occasion de la Réformation de la noblesse de 1668, elle fut reconnue noble d’ancienne extraction chevaleresque, comptant huit générations d’ancêtres de haut rang. La lecture de ces quatre notices de l’Armorial fait bien apparaître les liens entre ces familles, différentes au départ, mais qui, par une succession de mariages, se sont rapprochées

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et certaines en ont absorbé d’autres. Elles sont souvent possessionnées dans des paroisses voisines les unes des autres ; on peut donc imaginer leurs relations matrimoniales, les transferts d’héritages et, par conséquent, d’armoiries. Les documents manquent pour étudier et détaillées pour comprendre les fusions de telle ou telle branche dans une famille voisine. Il s’agit d’un travail trop long pour être envisagé ici. En résumé, il semble peu probable que les armoiries signalées par M. Le Mouel aient un rapport quelconque avec un supposé penchant immodéré des seigneurs de Saint-Evarzec pour la chasse au gros gibier. Il ne faut pas oublier qu’au Moyen Age, la vénerie était la distraction principale de la noblesse, qu’elle permettait une certaine régulation des espèces considérées comme nuisibles, telles le sanglier qui causait de gros dégâts dans les récoltes, et qu’enfin elle constituait un apport alimentaire non négligeable. Tous les petits seigneurs chassaient. Par contre, seuls quelques-uns choisissaient de porter sur leur écu une tête de loup ou de sanglier. Le jeu des héritages successifs a fait que, dans une région donnée, en l’occurrence la paroisse de Saint-Evarzec, les éléments armoriés présentent des similitudes ou des rapports assez étroits. Ce sont souvent les effets des « brisures » et des signes d’appartenance à une vaste famille, généralement d’ancienne noblesse.

Blasons des seigneuries et familles

Seigneurie et Famille de TREFF Seigneurie du TOULGOAT/ Famille SALOU

Famille de ROSMINIVEN Famille de VISDELOU

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COURRIER DES LECTEURS De Mr Guy LE MOUEL

En préparant l’article pour votre revue sur la famille de GUER et la seigneurie du Treff, en particulier en travaillant avec mon collègue L. Le Dréan sur les blasons de ces familles, j’ai été frappé par le fait que :

- Le blason de Treff représente un sanglier ; - Le blason de Toulgoat/Salou représente 3 hures de sanglier ; - Le blason de Visdelou (successeur de Salou au Treff) représente 3 têtes de loup ; - Le blason de Rosminiven de Piré (successeur de Visdelou au Treff) représente une

hure de sanglier.

Tout ceci, convenez-en, dénote, de la part des seigneurs du coin, une passion certaine pour le gros gibier !

Je crois me souvenir que les Comtes de Cornouaille, Alain Canhiart et son fil Hoël, futur duc de Bretagne, étaient eux-mêmes de grands chasseurs et qu’ils avaient créé des « parcs à gibier », où ils élevaient des animaux qu’ils lâchaient ensuite dans leurs campagnes, pour les chasser. J’ai eu l’occasion d’évoquer cette pratique avec une professeure d’histoire de l’Université de Bretagne-Sud à Lorient, qui a travaillé (peut-être bien sa thèse de doctorat) sur le sujet. Je m’intéressais à l’époque à la forêt de Pontcallec, en Morbihan, sur laquelle elle n’avait pas travaillé. Par contre, elle connaît très bien l’histoire de la forêt ducale de Chateaulin. Je crois me souvenir qu’elle m’avait parlé d’un parc de ce genre dans l’Est de Quimper. Or j’ai remarqué que la principale seigneurie de Saint-Evarzec, le Mur, est constituée d’une vaste forêt avec un grand étang au milieu. Les parcs à gibier comprenaient aussi des étangs destinés à la reproduction des poissons pour le repeuplement des rivières sur lesquelles les seigneurs possèdaient des pêcheries. Les parcs étaient entourés de hauts murs de pierres sèches arrachées aux champs mitoyens des parcs et empilées par les paysans travaillant à la corvée pour les seigneurs. Ils les appelaient d’ailleurs en général le « Mur du Duc », mais aussi le « Mur du Diable » ( « Vur an Diaoul). Je me demande donc s’il n’y a pas un lien entre cette seigneurie du Mur, sa forêt (entourée de murs ?), son étang, les seigneurs voisins aux armes giboyeuses et les comtes de Cornouaille /Ducs de Bretagne. NDLR : Nous n’avons pas à ce jour de réponse à cette question. Si quelque information ou nouvelles données apparaissaient sur le sujet, nous ne manquerions pas d’en faire part à Mr Le Mouel, qui trouvera par ailleurs, page 50 de ce bulletin, une étude héraldique concernant les blasons cités, par Mr Claude Fagnen.

Carte topographique du domaine du Bois du Mur à Saint Evarzec.

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1914-1918

Extrait d'une carte postale de 1932 - (coll. F. Beuze)

(Les premières plaques en marbre blanc sont encore en place.)

Les "Morts pour la France" de Saint-Evarzec

Pierre Carrié Jean-Yves Mazo

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Sommaire

La guerre de 1914-1918 – généralités P 56 à 57

Le Monument aux Morts de la commune P 60 à 63

Liste des 95 poilus recensés "Morts pour la France" P 64 à 65

Les décès P 66 à 68

Les décès - âge des tués P. 69 à 70

Les décès – statistiques P 71 à 72

Liste par régiment P 73 à 74

Première pages du JdO du 118e RI P 75

Le JdO du 118e RI P 76 à 78

Photos de Poilus P 79 à 80

Communes de naissance et de résidence P 81 à 82

Les fratries P 82 à 84

Les professions des parents P 84 à 86

Les mariés P.86 à 87

Merci aux services administratifs de la Mairie pour leur compétence et leur amabilité.

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La guerre de 1914-1918 L'Allemagne déclare la guerre à la Russie le 1er août 1914, envahit le Luxembourg, la Belgique, et déclare la guerre à la France le 3 août 1914. Le 4 août, le Royaume-Uni déclare la guerre à l'Allemagne, ce qui entraîne automatiquement le Canada, l'Australie, l'Inde, la Nouvelle-Zélande et l'Afrique du Sud dans la guerre. Petit à petit, la plupart des pays d'Europe entrent en guerre. Les Etats-Unis le feront le 2 avril 1917. Tous les moyens "modernes" furent utilisés : aviation et bombardements, chars, armes chimiques. Des génocides furent perpétrés surtout au Moyen-Orient (Arméniens). Cette guerre se voulait courte mais le choc des armées en Belgique, sur la Marne ainsi que sur d'autres fronts, prouva le contraire. Les Français - vêtus de rouge garance et gris de fer bleuté - se jettent dans la fournaise, suivant la doctrine de l'offensive à outrance et se heurtent à un mur mortel de balles et d'obus. C'est, des deux côtés, une véritable hécatombe humaine, les munitions s'épuisent, les hommes aussi. La guerre courte, qu'on leur avait promise fraîche et joyeuse, appartient désormais au passé. Vers Noël 1914, les troupes s'enterrent et se fixent : la guerre en rase campagne fait place à celle des tranchées, tout autant meurtrière et avilissante. Elle s'arrêtera le 11 novembre 1918 à 11h. Dans la nuit précédente, la délégation allemande accepte à Rethondes (forêt de Compiègne - Oise), dans le wagon de Foch, de signer l’armistice aux conditions fixées par les forces alliées.

Bilan humain

morts ou disparus blessés dont invalides

décès de civils dus aux opérations

militaires, à la disette, aux épidémies

France

1 400 000 (soit 10 % de la

population active masculine)

3 000 000 1 100 00 570 000

Grande-Bretagne

908 000 2 100 000

Italie 650 000 947 000

Russie 1 700 000 4 950 000

États-Unis 116 000 204 000

Allemagne

1 773 000 (soit 12 % de la

population active masculine)

4 216 000

Autriche 1 200 000 3 620 000

On considère que la France a perdu 50 % de ses agriculteurs hommes. Le déficit en naissances qui suivra cette guerre est considérable ; il est évalué à 5 430 000 pour la France et à 3 074 000 pour l'Allemagne.

On l'appelle la Grande Guerre, la Première Guerre Mondiale, la Der des Ders !

Les responsables politiques et militaires de cette horreur n'ont jamais été jugés !

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22 ans après, seulement, éclatera une autre guerre, véritablement mondiale, dont le bilan sera encore plus effroyable. …Encore si cette mort avait eu un sens, une valeur efficace. Mais tout est clair à présent, et il faut oser dire la seule chose qu'on n'ose jamais dire, parce qu'elle fait crier d'horreur les mères, les épouses, les enfants, les amis…. …Je dirai donc que cette innombrable mort fut inutile. Je dirai donc que j'ai conscience que mes amis sont morts pour rien. Pour rien…. …Peut-être avons-nous été courageux. Mais sûrement nous avons été bêtes. Nous n'avons qu'ajouté à la misère du monde. Si tout cela n'avait pas été, le monde n'en irait que mieux… …Douze millions de morts pour rien. Jean Guéhenno (Journal d'un homme de quarante ans. 1934)

Méthode et cas douteux Le travail a été effectué à partir de deux bases :

- la liste des 82 "Morts pour la France" telle qu'elle figure au Monument aux morts de la commune

- les fiches individuelles des soldats "Morts pour la France" qu'on peut télécharger sur le site SGA/Mémoire des hommes du Ministère de la Défense. (http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr)

- Enfin ces informations ont été complétées par les registres de décès et de naissance de la commune. Des courriers ont été envoyés à d'autres communes.

Exemple de fiche de décès du site Mémoire des Hommes

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1 - Sur les 82 disparus du Monument aux Morts, pour un seul, Dréau Jean Louis, décédé le 18-11-1914, la fiche correspondante n'a pu être reconnue. (Les recherches ont été faites avec toutes les graphies possibles : Le Dréau, Dréo, Le Dréo, et aussi Déro, le déro, etc. Aucun Le Dréau ayant un rapport avec Saint-Evarzec n'est décédé le 18-11-1914.) Les deux autres (Le) Dréau de Saint-Evarzec, François et Jean, ont des fiches qui leur correspondent correctement, malgré la discordance d'année pour François. (voir ci-dessous) Deux frères, nommés Jean-Louis (Le) Dréau, figurent dans les registres de naissances : le premier est né le 18-03-1885 et le second le 17-05-1893. Dans la mesure où ces deux frères ont le même prénom, on peut penser que le premier est décédé jeune et que son prénom a été donné au nouveau venu. Mais aucun Jean-Louis Dréau ou Le Dréau ne figure dans les registres de décès postérieurs à 1914. La seule hypothèse plausible est que le Jean-Louis Dréau inscrit sur le Monument aux Morts à la date du 18-11-1914 est celui qui est né à Poullogoden le 17-05-1893 et qu'il résidait dans une autre commune à la date de son décès. 2 - Discordances recensées entre les deux bases : Elles peuvent porter :

sur le jour du décès Nom Prénom Fiche Monument

Chalony Yves 22-08-1914 21-08-1914 Costiou Alain 25-09-1915 26-09-1915 Flatrès François 21-08-1914 30-08-1914 Goff Mathieu 20-08-1916 25-08-1916

Guillou Alain 24-07-1916 25-07-1916 Hémon Jean 25-11-1914 24-11-1914

Le Moigne René 09-05-1915 19-05-1915 Pérès (Pérez) Sylvestre 17-12-1914 18-12-1914 Quénéhervé Jean 04-05-1917 14-05-1917

sur le mois Nom Prénom Fiche Monument

Laurent René 30-03-1915 30-05-1915 Le Moigne Corentin 25-09-1915 25-07-1915

sur l'année Nom Prénom Fiche Monument

Chalony Pierre 31-10-1915 31-10-1914 Dréau François 01-10-1914 01-10-1917

Bernard Louis 18-02-1919 18-12-1918

sur deux de ces éléments Nom Prénom Fiche Monument

Garrec Pierre 28-09-1914 31-08-1914 Guillou Jean Louis 13-06-1915 17-07-1915 Guillou Louis 19-04-1915 13-07-1915 Ollivier Jean 20-06-1915 17-07-1915

sur les trois éléments Nom Prénom Fiche Monument

Quintin René 22-08-1914 06-03-1915

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Pour les trois premières catégories, on peut admettre qu'il s'agit soit d'erreur de copie soit de corrections effectuées postérieurement sur les fiches. Pour les deux dernières, il est difficile de trouver une explication. Les dates inscrites sur les fiches sont celles qui correspondent au registre des décès. C'est le monument qui comporte des erreurs. 3 - Communes de naissance et de résidence Il y a aussi le cas des soldats qui figurent sur le Monument aux Morts de Saint-Evarzec alors qu'ils sont nés ailleurs et/ou qu'ils n'y résidaient pas au moment de leur mort : le signalement de leur décès a pourtant été transmis à leur commune de résidence. (voir pages suivantes) 4 - Problèmes de transcription Des erreurs de transcriptions dans les registres sont source d'erreurs :

- graphie des noms : Bourbigot/Bourbigou, Noach/Le Noach, Jannès/Jeannès, Goff/Le Goff, Pérès/Pérez, Rospars/Rospart…

- les prénoms : le prénom usuel remplace souvent le premier prénom. Ex : Jean

Corentin est appelé Corentin dans un document. Le non-emploi généralisé du tiret pour les prénoms doubles : Est-ce Jean-Louis ou Jean, Louis?

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Le Monument aux Morts de la commune

Il a été conçu et réalisé en 1920 par Yvon et Jean Roland, deux frères artisans à Créac'h-Veil. Il a été déplacé en 1971.

Les plaques Les premières plaques ont été gravées sur un marbre blanc. Les noms et prénoms sont précédés de la "classe" des soldats disparus (l'année de leurs vingt ans) ; ils sont suivis du nom de l'unité et de la date du décès. Les grades sont mentionnés. On relève :

- un sergent fourrier : Yves Nénez, - un sergent : Alain Nénez - trois caporaux : Jean-Marie Laurent, Jean Quénéhervé et Yves Ollivier.

Les noms des unités se composent du numéro du régiment suivi souvent de l'abréviation du type d'unité :

Inf ie : infanterie Inf ie Cle ou I Cle : infanterie coloniale A ie Cle : artillerie coloniale Art : artillerie Chass. à pied : chasseur à pied Infirmier, Aviation, Génie, 4e Zouave

Aucun ordre ne semble régir ces listes : ce n'est ni l'ordre alphabétique ni la date du décès, ni l'âge du disparu qui détermine sa position. Sur les plaques actuelles, gravées sur un marbre noir, les noms des disparus sont classés par année de décès et rangés, dans chaque classe, dans l'ordre alphabétique. Seuls figurent les noms et prénoms, et les jours et mois des décès.

Divergences entre les deux séries de plaques Une erreur dans la première série et une dans la seconde concernent Guillou Jean-Louis :

- il est décédé le 13 juin 1915 au lieu du 10 juin. Dans la deuxième série, la date de décès mentionnée est le 17 juillet.

Une autre divergence existe entre les deux séries ; elle concerne Dréau Jean-Louis. 1ère série : décès le 11 août 1914 2ème série : décès le 18 novembre 1914 Rappelons que le fiche SGA de Dréau Jean-Louis n'a pas été retrouvée et que par conséquent nous ne connaissons pas la date exacte du décès.

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Le Monument aux Morts de la commune Les Morts pour la France de 1914-1918

Les anciennes plaques (aujourd'hui disparues)

photos : Jean-Yves Mazo

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Le Monument aux Morts de la commune Les Morts pour la France de 1914-1918

Les plaques actuelles

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Morts pour la France de la commune qui ne figurent pas au Monument aux Morts

Le hasard des recherches dans les registres des décès et des naissances a permis de repérer 13 poilus, "Morts pour la France", qui ont un lien avec notre commune mais qui ne figurent pas sur son Monument aux Morts.

- nés à Saint-Evarzec et résidaient ailleurs

Noms Né le Résidence Décès

Argouac'h Pierre 09-05-1896 Gouesnac'h 23-07-1916 Bernard Jean-Louis 26-01-1879 Concarneau 15-11-1915

Bourhis Louis 22-07-1894 Nantes 18-04-1915 Calvez Jean Louis 18-04-1887 Ergué Armel 29-05-1917 Guéguen Pierre 09-05-1889 Gouesnac'h 06-09-1914

Jeannès Louis (Pierre) 11-05-1891 Clohars-Fnant 22-08-1914 Le Goff François 07-09-1885 Paris 19e 09-05-1917

Le Goff Jean Corentin 29-03-1875 Ergué-Armel 05-07-1916 Le Pape Jean-Marie 16-10-1895 Arcueil-Cachan 25-08-1916

Riou Jean-Louis 14-06-1887 Quimper 06-07-1916

- nés ailleurs et résidaient à Saint-Evarzec

Noms Né le Résidence Décès

Le Guillou Pierre 13-09-1881 Sizun 29-09-1915 Nédellec Alain 18-10-1888 Plouigneau 03-10-1915

- né et résidait à Saint-Evarzec

Noms Né le Décès

Rospars Yves 22-03-1885 19-12-1916 Ces données ont été intégrées à la base de travail. Il existe sans doute d'autres cas semblables qui n'ont pas été repérés.

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Liste des poilus recensés "Morts pour la France"

Nom Prénom Né le à 1 - Argouac'h Pierre 09-05-1896 Saint-Evarzec

Bernard Jean-Louis 26-01-1879 Saint-Evarzec Bernard Louis 12-05-1894 Kerfeunteun Bonder Yves 16-08-1887 Saint-Evarzec

Bourbigou Alain 16-11-1888 Saint-Evarzec Bourhis Louis 22-07-1894 Saint-Evarzec Calvez (Jean) Louis 23-02-1884 Saint-Evarzec Calvez Alain 26-08-1885 Saint-Evarzec Calvez Jean Louis 18-04-1887 Saint-Evarzec Calvez Michel 19-08-1896 Saint-Evarzec

Caradec Corentin 01-04-1888 Fouesnant Caradec Mathurin 28-01-1881 Pleuven Chalony Louis 27-03-1892 Saint-Evarzec Chalony Pierre 27-12-1891 Saint-Evarzec Chalony Yves 05-12-1893 Saint-Evarzec Chiquet Pierre 01-02-1892 Saint-Evarzec Costiou Alain 18-02-1892 Saint-Evarzec

Cou Corentin 20-06-1891 Saint-Evarzec Crédou (Jean) Louis 09-11-1881 Saint-Evarzec Diligeart Jean 03-10-1897 Ergué-Armel

Doaré Jean 01-03-1890 Saint-Evarzec Dréau François 28-12-1890 Saint-Evarzec Dréau Jean Louis (17-08-1893) Saint-Evarzec Dréau Jean 28-11-1873 Saint-Evarzec Droal Jean 06-03-1896 Saint-Evarzec

Flatrès Corentin 27-05-1886 Saint-Evarzec Flatrès François 23-11-1893 Saint-Evarzec Francès Jean 08-02-1892 Saint-Evarzec Garguet Louis 22-12-1894 Fouesnant Garrec Pierre 17-02-1891 Saint-Evarzec Goff Mathieu 24-09-1876 Saint-Evarzec

Goyat Yves 09-09-1885 Saint-Evarzec Guéguen Charles 28-02-1886 Saint-Evarzec Guéguen Pierre 17-02-1889 Saint-Evarzec

Guichaoua Alain 05-06-1895 Saint-Evarzec Guillermou Noël 27-03-1887 Saint-Evarzec

Guillou Alain 27-08-1883 Saint-Evarzec Guillou Jean 18-07-1890 Saint-Evarzec Guillou Jean Louis 16-04-1877 Saint-Evarzec Guillou Louis 08-05-1892 Saint-Evarzec Hémon Jean 11-07-1893 Saint-Evarzec

J(e)annès Louis (Marie) 11-05-1883 Saint-Evarzec Jeannès Louis (Pierre) 11-05-1891 Saint-Evarzec

Jezequellou Pierre 26-03-1877 Saint-Evarzec Laurent Alain 28-03-1896 Saint-Evarzec Laurent Jean 21-08-1894 Saint-Evarzec Laurent Pierre 04-02-1885 Saint-Evarzec Laurent René 12-09-1890 Saint-Evarzec

Page 65: Bulletin N°37 - Association Foen Izella

65

Laurent Jean Marie 30-11-1890 Saint-Evarzec Le Breton Laurent 08-12-1896 Bénodet Le Coeur François 01-09-1892 Saint-Evarzec Le Gall Jean Marie 27-11-1890 Fouesnant Le Goff François 07-09-1885 Saint-Evarzec Le Goff Jean (Jacques) 12-05-1895 Saint-Evarzec Le Goff Jean Corentin 29-03-1875 Saint-Evarzec

Le Guillou Pierre 13-09-1881 Sizun Le Meur Louis 16-05-1890 Saint-Evarzec

Le Moigne Corentin 14 -07-1895 Ergué-Gabéric Le Moigne Louis 20-09-1887 Kerfeunteun Le Moigne René 26-07-1889 Kerfeunteun Le Pape Jean-Marie 16-10-1895 Saint-Evarzec Le Roy (Jean) François 20-07-1889 Saint-Evarzec Le Roy Laurent 25-04-1895 Saint-Evarzec Mayet Yves 29-10-1897 Saint-Yvi

Merrien Corentin 10-03-1890 Saint-Evarzec Michelet Michel 06-04-1887 Saint-Evarzec Moreau Hervé 22-08-1888 Saint-Evarzec Nader Louis 14-08-1883 Saint-Evarzec

Nédellec Alain 18-10-1888 Plouigneau Nénez Alain 02-12-1897 Saint-Evarzec Nénez Yves 02-07-1895 Saint-Evarzec Noach Hervé 30-07-1891 Saint-Evarzec Noach Jean 09-02-1888 Saint-Evarzec Noach René 18-06-1885 Saint-Evarzec Ollivier Guillaume 13-01-1887 Fouesnant Ollivier Jean 14-01-1895 Saint-Evarzec Ollivier Yves 17-11-1890 Saint-Evarzec Pelleter Corentin 09-12-1880 Gouesnac'h Pérès (Yves) Corentin 21-08-1895 Saint-Evarzec Pérès Jean 19-10-1892 Saint-Evarzec Pérès Louis 10-03-1895 Saint-Evarzec

Pérès (Pérez) Sylvestre 09-09-1891 Saint-Evarzec Quéméré Jean 31-12-1892 Saint-Evarzec

Quénéhervé Jean 29-03-1894 Pleuven Quintin René 03-04-1891 Saint-Yvi

Riou Jean-Louis 14-06-1887 Saint-Evarzec Riou (Mathieu) Fçois 12-07-1891 Saint-Evarzec

Rocuet Jean Louis 24-06-1894 Saint-Evarzec Rospars Yves 22-03-1885 Saint-Evarzec Rospars Alain 14-08-1890 Saint-Evarzec Séhédic Jean 27-03-1880 Saint-Evarzec Talbot Corentin 23-06-1898 Ergué-Armel

Troboas Alain 11-04-1890 Saint-Evarzec Troboas Pierre 15-09-1885 Saint-Evarzec

95 - Trolez Alain 02-11-1886 Saint-Evarzec

Page 66: Bulletin N°37 - Association Foen Izella

66

Les décès

Nom Prénom Date du décès Lieu Départe-ment

Cause Fiche Monument

Si différente Argouac'h Pierre 23-07-1916 non-inscrit Tranchée de

Calonne Meuse tué à l'ennemi

Bernard Jean-Louis 15-11-1915 non-inscrit Massiges Marne tué à l'ennemi Bernard Louis 18-02-1919 18-12-1918 Hôp. Rueil Hts de Seine maladie Bonder Yves 24-09-1917 Verdun Meuse par obus

Bourbigou Alain 04-10-1914 Beaucourt Somme tué à l'ennemi Bourhis Louis 18-04-1915 non-inscrit Roclincourt Pas de Calais tué à l'ennemi Calvez Jean/

Louis 11-07-1918 non-inscrit Courmelois Marne tué à l'ennemi

Calvez Alain 25-02-1917 Tahure Marne tué à l'ennemi Calvez Jean Louis 29-05-1917 Hop

Montigny Marne blessures

Calvez Michel 09-05-1917 La Cerna Bulgarie disparu Caradec Corentin 22-08-1914 Rossignol Belgique tué à l'ennemi Caradec Mathurin 24-09-1917 Verdun Meuse tué à l'ennemi Chalony Louis 31-08-1914 Hôp.

Périgueux Dordogne blessures

Chalony Pierre 31-10-1915 31-10-1914 Moosch Alsace blessures Chalony Yves 22-08-1914 21-08-1914 Arsimont Belgique tué à l'ennemi Chiquet Pierre 20-02-1915 Les Eparges Meuse tué à l'ennemi Costiou Alain 25-09-1915 26-09-1915 Suippes Marne tué à l'ennemi

Cou Corentin 29-08-1914 Le Sourd Aisne tué à l'ennemi Crédou (Jean)

Louis 07-07-1918 Wengen Suisse maladie

Diligeart Jean 30-10-1918 Brienne Ardennes blessures Doaré Jean 22-01-1916 Hôp.

Toulouse Hte Garonne blessures

Dréau François 01-10-1914 01-10-1917 Orvilliers Somme disparu Dréau Jean Louis 18-11-1914 Dréau Jean 09-09-1918 Hôp. Autun Saône et

Loire maladie

Droal Jean 08-03-1917 Gernicourt Aisne tué à l'ennemi Flatrès Corentin 30-03-1917 Vauxaillon Somme tué à l'ennemi Flatrès François 21-08-1914 30-08-1914 Arsimont Belgique disparu Francès Jean 06-05-1915 La Harazée Marn e tué à l'ennemi Garguet Louis 13-07-1915 Carency Pas-de-Calais tué à l'ennemi Garrec Pierre 28-09-1914 31-08-1914 Arsimont Belgique tué à l'ennemi Goff Mathieu 20-08-1916 25-08-1916 Harbonnière

s Somme blessures

Goyat Yves 07-12-1918 Hôp. Gressen

Allemagne maladie

Guéguen Charles 27-08-1914 Sailly Saillisel

Somme disparu

Guéguen Pierre 06-09-1914 non-inscrit Lenharrée Marne disparu

Page 67: Bulletin N°37 - Association Foen Izella

67

Guichaoua Alain 09-06-1918 Hôp. Coulomiers

Seine et Marne

blessures

Guillermou

Noël 30-08-1914 Guincourt Ardennes tué à l'ennemi

Guillou Alain 24-07-1916 25-07-1916 Estrées Somme tué à l'ennemi Guillou Jean 21-08-1914 Arsimont Belgique tué à l'ennemi Guillou Jean Louis 13-06-1915 17-07-1915 Hôp.

Villemin Paris maladie

Guillou Louis 19-04-1915 13-07-1915 Ecurie Pas-de-Calais tué à l'ennemi Hémon Jean 25-11-1914 Ypres Belgique tué à l'ennemi

J(e)annès Louis (Marie)

29-01-1915 Vienne le Château

Marne tué à l'ennemi

Jeannès Louis (Pierre)

22-08-1914 non-inscrit Maissin Belgique disparu

Jezequellou

Pierre 10-04-1915 La Harazée Marne tué à l'ennemi

Laurent Alain 16-08-1917 Boesanghe Belgique tué à l'ennemi Laurent Jean 25-07-1915 Bois

Bolante Meuse tué à l'ennemi

Laurent Pierre 31-05-1916 Chattancour Meuse tué à l'ennemi Laurent René 30-03-1915 30-05-1915 Hôp. Tenon Paris maladie Laurent Jean Marie 08-09-1915 Vienne le

Château Marne disparu

Le Breton Laurent 28-05-1918 Terny Sorny Aisne disparu Le Coeur François 05-10-1914 Ficheux Pas-de-Calais tué à l'ennemi Le Gall Jean Marie 22-08-1914 Maissin Belgique disparu Le Goff François 09-05-1917 non-inscrit Rapech Serbie tué à l'ennemi Le Goff Jean

(Jacques) 19-04-1917 Hurtebise Aisne tué à l'ennemi

Le Goff Jean Corentin

05-07-1916 non-inscrit Ville/Cousances

Meuse blessures

Le Guillou Pierre 29-09-1915 non-inscrit Sainte-Marie à Py

Marne disparu

Le Meur Louis 06-09-1917 Fleury sur Aire

Meuse blessures

Le Moigne Corentin 25-09-1915 25-07-1915 Ville sur Tourbe

Marne tué à l'ennemi

Le Moigne Louis 16-04-1917 Berméricourt

Marne tué à l'ennemi

Le Moigne René 09-05-1915 19-05-1915 Roclincourt Pas-de-Calais tué à l'ennemi Le Pape Jean-

Marie 25-08-1916 non-inscrit Hem Somme tué à l'ennemi

Le Roy Jean-François

25-09-1915 Tahure Marne inconnue

Le Roy Laurent 14-07-1915 Bois Baurin Marne tué à l'ennemi Mayet Yves 26-09-1918 Mont-Sans-

Nom Marne tué à l'ennemi

Merrien Corentin 26-09-1918 tranchée Bismarck

Marne tué à l'ennemi

Page 68: Bulletin N°37 - Association Foen Izella

68

Michelet Michel 18-04-1917 Hôp.Courl

andon Marne blessures

Moreau Hervé 29-09-1915 Beauséjour Marne tué à l'ennemi Nader Louis 25-09-1915 Tracy-Le-

Val Oise tué à l'ennemi

Nédellec Alain 03-10-1915 non-inscrit Tahure Marne tué à l'ennemi Nénez Alain 06-11-1918 Plät-Chêne Meuse tué à l'ennemi Nénez Yves 31-05-1918 Merville Somme tué à l'ennemi

Noach (Le) Hervé 22-08-1914 Maissin Belgique tué à l'ennemi Noach Jean 22-08-1914 Maissin Belgique disparu Noach René 06-10-1915 Hurlus Marne tué à l'ennemi

Ollivier Guillaume

22-08-1914 Rossignol Belgique tué à l'ennemi

Ollivier Jean 20-06-1915 17-07-1915 Tranchée de Calonne

Meuse tué à l'ennemi

Ollivier Yves 27-09-1918 Souain Marne tué à l'ennemi Pelleter Corentin 06-09-1916 Déniécourt Somme tué à l'ennemi Pérès Yves-

Corentin 15-12-1916 Bézonvaux Meuse tué à l'ennemi

Pérès Jean 10-04-1915 Flirey Meurthe et Mos

tué à l'ennemi

Pérès Louis 05-04-1916 Douaumont Meuse tué à l'ennemi Pérès

(Pérez) Sylvestre 17-12-1914

18-12-1914 Bapaume Somme blessures

Quéméré Jean 17-05-1917 Gisy Aisne blessures Quénéherv

é Jean 04-05-1917 14-05-1917 Mont

Cornillet Marne disparu

Quintin René 22-08-1914 06-03-1915 Maissin Belgique disparu Riou Jean-

Louis 06-07-1916 non-inscrit Thiaumont Meuse tué à l'ennemi

Riou Mathieu/François

05-09-1916 Belloy en Santerre

Somme disparu

Rocuet Jean Louis

09-07-1915 Autrecourt Meuse noyé

Rospars Yves 19-12-1916 non-inscrit Louvemont Meuse tué à l'ennemi Rospart Alain 15-08-1915 Belleville Meurthe et

Mos. blessures

Séhédic Jean 27-06-1916 Wurzberg (?)

Allemagne blessures

Talbot Corentin 05-10-1918 Liry Ardennes tué à l'ennemi Troboas Alain 22-08-1914 Maissin Belgique tué à l'ennemi Troboas Pierre 25-09-1915 Souain Marne tué à l'ennemi Trolez Alain 22-02-1916 Châlons Marne maladie

Page 69: Bulletin N°37 - Association Foen Izella

69

Les décès : âge des tués

Nom Prénom Age des tués Calvez Michel 20 ans 1 mois

Le Moigne Corentin 20 ans 2 mois Argouac'h Pierre 20 ans 2 mois

Le Roy Laurent 20 ans 3 mois Talbot Corentin 20 ans 4 mois Ollivier Jean 20 ans 5 mois Garguet Louis 20 ans 7 mois Chalony Yves 20 ans 8 mois Flatrès François 20 ans 9 mois Bourhis Louis 20 ans 9 mois Le Pape Jean-Marie 20 ans 10 mois Nénez Alain 21 ans

Diligeart Jean 21 ans Droal Jean 21 ans

Laurent Jean 21 ans Rocuet Jean Louis 21 ans Pérès Louis 21 ans Mayet Yves 21 ans Pérès (Yves) Corentin 21 ans 4 mois

Hémon Jean 21 ans 4 mois Le Breton (Corentin) Laurent 21 ans 5 mois Laurent Alain 21 ans 5 mois Le Coeur François 22 ans Le Goff Jean (Jacques) Louis 22 ans Chalony Louis 22 ans 5 mois

Pérès Jean 22 ans 6 mois Nénez Yves 22 ans 10 mois

Guillou Louis 23 ans Guichaoua Alain 23 ans

Noach Hervé 23 ans Chiquet Pierre 23 ans

Cou Corentin 23 ans 2 mois Quénéhervé Jean 23 ans 2 mois

Francès Jean 23 ans 2 mois Jeannès Louis (Pierre) 23 ans 3 mois

Pérès (Pérez) Sylvestre 23 ans 3 mois Quintin René 23 ans 4 mois Costiou Alain 23 ans 7 mois Garrec Pierre 23 ans 7 mois Le Gall Jean Marie 23 ans 9 mois Dréau François 23 ans 10 mois

Chalony Pierre 23 ans 10 mois Guillou Jean 24 ans Troboas Alain 24 ans 4 mois Quéméré Jean 24 ans 5 mois Laurent René 24 ans 6 mois Guéguen Pierre 24 ans 7 mois Bernard Louis 24 ans 9 mois

Page 70: Bulletin N°37 - Association Foen Izella

70

Laurent Jean Marie 24 ans 10 mois Le Moigne René 24 ans 10 mois

Rospart Alain 25 ans Doaré Jean 25 ans 10 mois Riou (Mathieu) François 25. ans 2 mois

Bourbigou Alain 26 ans Le Roy (Jean) François 26 ans 2 mois Caradec Corentin 26 ans 4 mois Noach Jean 26 ans 6 mois

Nédellec Alain 27 ans Moreau Hervé 27 ans Le Meur Louis 27 ans 4 mois

Guillermou Noël 27 ans 5 mois Ollivier (Guillaume) Théophile 27 ans 7 mois Ollivier Yves 27 ans 10 mois

Guéguen Charles 28 ans 6 mois Merrien Corentin 28 ans 6 mois

Riou Jean-Louis 29 ans 1 mois Trolez Alain 29 ans 3 mois

Le Moigne Louis 29 ans 7 mois Calvez Jean Louis 30 ans

Michelet Michel 30 ans Troboas Pierre 30 ans Bonder Yves 30 ans Noach René 30 ans 3 mois Flatrès Corentin 30 ans 10 mois Laurent Pierre 31 ans 3 mois Calvez Alain 31 ans 6 mois

J(e)annès Louis (Marie) 31 ans 8 mois Rospars Yves 31 ans 9 mois Le Goff François 31 ans 9 mois Nader Louis 32 ans

Guillou Alain 33 ans Goyat Yves 33 ans 3 mois

Le Guillou Pierre 34 ans Calvez (Jean) Louis 34 ans 5 mois Pelleter Corentin 35 ans 9 mois Bernard Jean-Louis 36 ans 10 mois Séhédic Jean 36 ans 3 mois Crédou (Jean) Louis 36 ans 8 mois Caradec Mathurin 36 ans 8 mois

Jezequellou Pierre 38 ans Guillou Jean Louis 38 ans 2 mois

Goff Mathieu 40 ans Le Goff Jean Corentin 41 ans 4 mois Dréau Jean 44 ans 10 mois

Page 71: Bulletin N°37 - Association Foen Izella

71

Les décès

Nombre de tués par mois et année de guerre

mois \ année

01 02

03 04

05

06

07

08 09

10 11

12 total

1914 - - - - - - - 15 2 3 1 1 22

1915 1 1 1 4 2 2 4 1 8 3 1 28

1916 1 1 1 1 1 4 2 2 2 15

1917 1 2 3 5 1 3 15

1918 2 1 2 4 2 1 1 13

1919 1 1

Nombre de tués par département français et par année

1914 1915 1916 1917 1918 total Marne 1 14 1 4 4 24 Meuse 4 7 3 1 15 Somme 4 5 1 1 11 Aisne 1 3 1 5

Pas-de-Calais

1 4 5

Ardennes 1 2 3 Meurthe et

Moselle 2 2

Oise 1 1 Alsace 1 1

9 soldats sont morts à l'hôpital dont 1 à Gressen en Allemagne.

Morts à l'étranger

Action de combat

Belgique : 14 (voir ci-dessous) Bulgarie : 1 (la Cemu ) Serbie : 1 (Rapech)

Prisonniers

Allemagne : 2 (Würtzberg, Gressen) Suisse : (Wengen)

Page 72: Bulletin N°37 - Association Foen Izella

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Tués en Belgique en 1914

le 21 août : 2 à Arsimont (du 70e et du 71e RI) le 22 août : 1 à Arsimont ( du 71e RI)

: 6 à Maissin (4 du 118e, 1 du 116e,1 du 62e RI) : 2 à Rossignol (du 2e RIC)

le 28 septembre : 1 à Arsimont (du 71e RI) le 25 novembre : 1 à Ypres ( du 6e RIC) (plus un tué à Boesanghe le 16-08-1917)

Causes des décès

"tués à l'ennemi" : 57 maladie : 7 suite de blessures : 14 noyé : 1 disparus : 14 cause inconnue : 1

Nombre de tués rapporté au nombre de naissances par année :

Année Tués Naissances %

1884 1 32 3

1885 7 40 17.5

1886 3 37 8

1887 7 30 23.3

1888 5 24 20.8

1889 3 20 15

1890 11 37 29.7

1891 8 30 23.3

1892 8 37 21.6

1893 3 37 8

1894 6 22 27.2

1895 9 26 34.6

1896 5 38 13

1897 3 33 9

Plus de 20 % de tués (plus de 1 homme sur 5 !) chez les jeunes nés en 1887, 1888, 1890, 1891, 1892, 1894 et 1895.

34,6 % de disparus chez les enfants nés en 1895, plus de 1 homme sur 3 !.

Page 73: Bulletin N°37 - Association Foen Izella

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Liste par régiments (au moment du décès)

Nom Prénom Régiment Le Moigne Louis 35e RI

Moreau Hervé 37e RI Crédou (Jean) Louis 46e RI Laurent Jean Marie 48e RI Le Coeur François 48e RI

Quénéhervé Jean 48e RI Bourbigou Alain 62e RI

Doaré Jean 62e RI Quéméré Jean 62e RI Troboas Alain 62e RI Flatrès Corentin 65e RI

Chalony Louis 67e RI Chiquet Pierre 67e RI Guillou Jean 70e RI

Le Moigne René 70e RI Chalony Yves 71e RI

Cou Corentin 71e RI Flatrès François 71e RI Garrec Pierre 71e RI Guillou Louis 71e RI Laurent Pierre 71e RI Goyat Yves 79e RI Talbot Corentin 87e RI

Laurent Jean 91e RI Laurent Alain 110e RI

Guichaoua Alain 116e RI Le Noach Hervé 116e RI Le Noach René 116e RI

Pérès (Pérez) Sylvestre 116e RI Dréau François 118e RI

Guéguen Pierre 118e RI Jeannès Louis (P) 118e RI Laurent René 118e RI Le Gall Jean 118e RI Le Roy François 118e RI Nédellec Alain 118e RI

Noach (Le) Jean 118e RI Ollivier Yves 118e RI Pérès Louis 118e RI

Quintin René 118e RI Argouac'h Pierre 129e RI

Calvez Louis 142e RI Mayet Yves 142e RI

Ollivier Jean 147e RI Séhédic Jean 148e RI Costiou Alain 151e RI Droal Jean 151e RI

Francès Jean 151e RI Chalony Pierre 213e RI

Page 74: Bulletin N°37 - Association Foen Izella

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Guillou Alain 219e RI Riou Jean-Louis 248e RI

Pelleter Corentin 262e RI Goff Mathieu 265e RI

Guillermou Noël 271e RI Trolez Alain 271e RI

Guéguen Charles 318e RI Nader Louis 318e RI Bonder Yves 320e RI Pérès Corentin 321e RI

Jezequellou Pierre 328e RI Caradec Mathurin 348e RI

Le Guillou Pierre 402e RI Le Breton Laurent 403e RI Diligeart Jean 410e RI Merrien Corentin 413e RI J(e)annès Louis 1er RIC Caradec Corentin 2e RIC Le Roy Laurent 2e RIC Nénez Alain 2e RIC Nénez Yves 2e RIC

Ollivier Théophile 2e RIC Bernard Jean-Louis 3e RIC Hémon Jean 6e RIC Riou François 6e RIC

Le Moigne Corentin 7e RIC Rospart Alain 36e RIC Calvez Michel 37e RIC Le Goff François 56e RIC Troboas Pierre 63e RIC Rospars Yves RIC Maroc Bourhis Louis Inf. légère Afrique Garguet Louis 41e Chasseurs Le Pape Jean-M. 67e Chasseurs Le Goff Jean Louis 4e zouaves Dréau Jean 86e RIT

Le Goff Jean Cor. 09e RIT Guillou Jean Louis 3e RA Pérès Jean 3e RA

Bernard Louis 218e RA Calvez Jean Louis 268e RA

Michelet Michel 6e Génie Calvez Alain 6e Génie Rocuet Jean Louis 3e gr. aviation

Le Meur Louis infirmier Récapitulation

- infanterie : 86(dont 16 "coloniale", 2 "chasseur", 1 zouave et 2 territoriaux) - artillerie : 4 - génie : 2 - aviation : 1 - santé : 1

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Régiments les plus représentés 118è RI : 11 (Quimper) – 71è RI : 6 (Saint-Brieuc) - 2è RIC : 5 (Brest) - 62è RI : 4 (Lorient) - 116è RI : 4 (Vannes).

Première page du Journal de marche et des opérations du 118e RI

du 7 août au 4 octobre 1914

les 20, 21 et 22 août 1914 en Belgique

Au cours de ces journées, 11 Saint-Evarzécois ont trouvé la mort le 21 août : Flatrès François 71e RI à Arsimont

Guillou Jean 70e RI à Arsimont

le 22 août : Chalony Yves 71e RI à Arsimont Noach Jean 118e RI à Maissin Le Gall Jean Marie 118e RI à Maissin Jeannès Louis, Pierre 118e RI à Maissin Quintin René 18e RI à Maissin Troboas Alain 62e RI à Maissin Noach Hervé 116e RI à Maissin Ollivier Théophile 2e RIC à Rossignol Caradec Corentin 2e RIC à Rossignol

Page 76: Bulletin N°37 - Association Foen Izella

76

Extrait du Journal des Opérations du 118e RI

20 août Même situation. Un ordre de la division, daté de Vouzy, 17 h 30, parvenu au Colonel à 18 h 35, fait connaître que l'avant-garde de la Division se portera à Dohan (Belgique) et que le 118e enverra le bataillon cantonné à Rubécourt à Pouru-aux-Bois. En conséquence le 1er bataillon (Doucet) quittant Rubécourt à 19 h 45, passe à 20 h 15 à Francheval et arrive à Poutu-aux-bois à 21 h 15. 21 août La Division se porte dans la région Vohan -Bertrix (Belgique). L'avant-garde doit tenir la ligne : croisement de la Flèche-Burhaimont- Saupont. En exécution de l'ordre de la Division du 21 août, le 118e quitte le cantonnement de Francheval à 10 heures, rejoint à Pouru-aux-Bois le bataillon détaché et entre dans la colonne à 11 h 10 au croisement à 800 m S.E de Pouru-aux-Bois. Itinéraire , route de Dohan-Ferme de la Hez-bas-Dohan- Les Hayons-Auby où il arrive à 17 h 40 et y cantonne en entier sauf la 5e compagnie, laissée en soutien de deux groupes de l'artillerie de la 22e Division, à mi-chemin entre les Hayons et Auby, au point où la route est tangente à la Sémoy. 22 août En exécution de l'ordre de la Division, le 118e quitte le cantonnement d'Auby à 4 h 45 et entre dans la colonne par la Cornette et les Hayons à Bellevaux à 8 h 30. Le 19e constitue l'infanterie de l'avant-garde de la Division. Le 118e, tête du gros de la colonne, atteint la voie ferrée au sud de Paliseul à 10 heures. Coupé par des éléments de la 21e Division, il suspend sa marche qu'il ne reprend

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qu'à 11 heures et passe à midi à Paliseul, marchant sur Maissin. A 12 h 15, le Colonel reçoit l'ordre de détacher un bataillon en flanc-garde aux lisières Nord-Est et Est du massif boisé de Franc-Bois. Le 1er bataillon (Doucet) chargé de cette mission, déboîte par le chemin de Framont. A 12 h 30, le Colonel reçoit l'ordre de détacher un second bataillon vers la côte 405 (1500 m au sud-ouest de Maissin) pour surveiller les directions Anloy-Villance. Le 3e bataillon (Hauquelle) chargé de cette mission déboîte à son tour. En même temps, le Colonel reçoit l'ordre de porter le 2e bataillon (Bourier) vers la ferme de la Réunion des Laboureurs (300 mètres ouest de la grande route), en soutien du 19e qui est entré dans Maissin et est arrêté par des feux violents à la sortie Nord du village. Le bataillon Bourier se porte sur la ferme, par la gauche de la route, en formation échelonnée dans l'ordre 6e, 7e, 8e, 5e. La tête atteint la ferme à 14 heures. L'ennemi est fortement établi dans des tranchées à la côte 403 (700 mètres ouest de Maissin) son artillerie est à la lisière sud du Bois-Bolet. Un groupe d'artillerie de la 22e Division a pris position derrière une ligne de sapins à 400 mètres Nord de la ferme. La 6e compagnie s'engage à l'ouest et au sud de la ferme. Elle se déploie tout entière et s'arrête sous le feu intense de l'infanterie ennemie et de ses mitrailleuses. Elle est bientôt appuyée par la 7e à droite, la 8e à gauche, qui la rejoignent mais toute progression est impossible pour la raison signalée plus haut. Ces trois compagnies subissent de grandes pertes ainsi d'ailleurs que le groupe du 37e d'artillerie en butte aux rafales de l'artillerie ennemie. La section de mitrailleuse affectée au bataillon Bourier s'établit entre les 6e et 7e compagnies au sud de la ferme. Son intervention permet à la 5e compagnie de venir s'établir à gauche de le 8e compagnie. A 15 heures le bataillon Bourier est donc déployé tout entier sans pouvoir progresser. A ce moment, un bataillon du 116e débouche de la lisière Nord-est du Bois-Ban (400 m sud-ouest de la ferme). Le Colonel du 118e donne à ce bataillon l'ordre d'appuyer le Bataillon du 118e en se déployant à sa gauche. Le mouvement s'exécute par compagnie et vers 16 heures, 2 bataillons sont déployés du sud de la ferme au chemin qui sort du bois-Ban et se dirige sur Maissin. A 16 heures, un bataillon du 62e arrivant par l'Est de la grande route prolonge la ligne à droite entre la ferme et cette route. Ces trois bataillons tiennent tête à l'ennemi qui d'ailleurs ne tente aucun mouvement en avant. Mais son feu intense, le manque de couverts en avant de leur position, les oblige à se maintenir sur leurs positions. Cependant vers 18 h 30, les bataillons du 116e et du 62e se sont repliés devant l'intensité du feu de leurs adversaires. Le Commandant Bourier essaie de se jeter dans Maissin, appuyé par sa section de mitrailleuses. La 8e compagnie entre dans cette localité à 20 heures avec les mitrailleuses. A la tombée de la nuit, le Commandant Bourier se replie avec des fractions des 5e et 6e compagnies sur Framont et de là sur Bouillon où ils arrivent le lendemain. A 19 h 30, la 7e compagnie et les éléments épars des 5e, 6e et 8e se rallient au Colonel et se retirent sur le chemin de Framont à Opont où le général commandant la 22e Division organise une défense avec ces éléments et ceux des 62e et du 116e qu'il a recueillis. Ces mouvements de repli des 62e, 116e et 118e ont été d'ailleurs provoqués par le départ du groupe d'artillerie entre 18h et 18 h 30, lequel a subi de grandes pertes. A 23 heures, le Général cdt la 22e Division donne l'ordre aux différents éléments de se replier sur Paliseul où ils arrivent à minuit et bivouaquent à la lisière Nord-Est. Les Capitaines Bontz, cdt la 1ère compagnie et Poutrin, cdt la 2e compagnie, viennent de

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ramener à Paliseul les débris du bataillon Doucet. Ils rejoignent les fractions du bataillon Bouvier. Les lisières Nord et Nord-Est de la localité sont organisées, des tranchées y sont creusées et garnies de tirailleurs. La nuit du 22 au 23 s'est passée sans incident à Paliseul. Vers 1 heure, Maissin a été repris par les Allemands. Les fractions de la 8e compagnie et la deuxième section de mitrailleuses qui s'y étaient enfermées ont pu sortir et se replier sur Paliseul.

Quelques commentaires :

- On peut être surpris par les marches incessantes de ces unités : il est difficile d'imaginer dans quel état de fatigue devaient se trouver ces soldats, trimballés ici et là, sans rien comprendre, sous le feu de l'ennemi. - Les mots qui indiquent la mort de ces hommes sont terribles : …Ces trois compagnies subissent de grandes pertes …Ces trois bataillons tiennent tête à l'ennemi qui d'ailleurs ne tente aucun mouvement en avant. Mais son feu intense, le manque de couverts en avant de leur position, les oblige à se maintenir sur leurs positions. …A la tombée de la nuit, le Commandant Bourier se replie avec des fractions des 5e et 6e compagnies …A 19 h 30, la 7e compagnie et les éléments épars des 5e, 6e et 8e se rallient au Colonel et se retirent sur le chemin de Framont à Opont où le général commandant la 22e Division organise une défense avec ces éléments et ceux des 62e et du 116e qu'il a recueillis. …provoqués par le départ du groupe d'artillerie entre 18h et 18 h 30, lequel a subi de grandes pertes …Les Capitaines Bontz, cdt la 1ère compagnie et Poutrin, cdt la 2e compagnie, viennent de ramener à Paliseul les débris du bataillon Doucet. Les morts sont désignés comme faisant partie de grandes pertes . Les survivants sont désignés par des fractions, des éléments épars, des éléments recueillis et même des débris de bataillon. Seuls les officiers, tués ou blessés sont nommément désignés dans le journal des opérations.

Les gradés

- Caporaux : Jean Laurent - Jean Le Goff - René Le Moigne - Jean-Yves Le Noach - Alain Nédélec - Yvon Ollivier - Jean-François Quénéhervé

- Sergents : François Le Goff - Pierre Le Guillou - Alain Nénez - Yves Nénez

(Sergent-fourrier) -Jean-Louis Quéméré - Jean Riou

- Sergent-major : Guillaume Ollivier -

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Carte vendu au profit des blessés.

Photos de Poilus de Saint-Evarzec

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Communes de naissance et de résidence

Liste des soldats recensés : - Morts Pour la France en 1914-1918 et figurant sur le registre des décès de la commune - qui sont nés ou qui résidaient ailleurs qu'à Saint-Evarze

Nom Prénom Né à Résidait à Le Breton Laurent Bénodet Saint-Evarzec

Talbot Corentin Ergué-Armel Saint-Evarzec Diligeart Jean Ergué-Armel Saint-Evarzec Ollivier Théophile Fouesnant Saint-Evarzec Caradec Corentin Fouesnant Saint-Evarzec Le Gall Jean Marie Fouesnant Saint-Evarzec Garguet Louis Fouesnant Saint-Evarzec Pelleter Corentin Gouesnac'h Saint-Evarzec Bernard Louis Kerfeunteun Saint-Evarzec Quintin René Saint-Yvi Saint-Evarzec Mayet Yves Saint-Yvi Saint-Evarzec

Le Moigne Corentin Ergué-Gabéric Saint-Evarzec Le Guillou Pierre Sizun Saint-Evarzec Nédellec Yves Plouigneau Saint-Evarzec Guéguen Pierre Saint-Evarzec Gouesnac'h

Argouac'h Pierre Saint-Evarzec Gouesnac'h Jeannès Louis Pierre Saint-Evarzec Clohars-Fant

Riou Mathieu Saint-Evarzec Clohars-Fant Pérès Jean. Saint-Evarzec Saint-Yvi

Guillou Louis Saint-Evarzec Ergué-Armel Calvez Jean-Louis Saint-Evarzec Ergué-Armel Le Goff Jean Cor. Saint-Evarzec Ergué-Armel Bernard Jean Louis Saint-Evarzec Concarneau

Riou Jean-Louis Saint-Evarzec Quimper Bourhis Louis Saint-Evarzec Nantes Le Pape Jean-Marie Saint-Evarzec Arcueil-Cachan Noach Jean Saint-Evarzec Arcueil-Cachan

Michelet Michel Saint-Evarzec Voulangis (S et M) Le Goff François Saint-Evarzec Paris Jannès Louis Marie Saint-Evarzec Paris

Quénéhervé Jean Pleuven Fouesnant Caradec Mathurin Pleuven Pleuven

Le Moigne René Kerfeunteun Tours Le Moigne Louis Kerfeunteun Quimper

(Tous les autres sont nés et résidaient à Saint-Evarzec au moment de leur décès)

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Sur les 94 soldats recensés : Communes de naissance

Fouesnant 4 Pleuven 2 Bénodet 1

Gouesnac'h 1 Kerfeunteun 3 Ergué-Armel 2

Saint-Yvi 2 Ergué-Gabéric 1

Sizun 1 Plouigneau 1

Saint-Evarzec 76

Communes de résidence lors du décès

Fouesnant 1 Pleuven 1

Clohars-Fnt 2 Gouesnac'h 2 Concarneau 1 Ergué-Armel 3

Saint-Yvi 1 Quimper 2 Nantes 1 Paris 2

Arcueil-Cachan 2 Tours 1

Voulangis (S et M) 1 Saint-Evarzec 74

4 poilus ne semblent pas du tout liés à Saint-Evarzec. Il s'agit de :

- Le Moigne René : né à Kerfeunteun et résidait à Tours. décès au monument aux morts : 19-05-1915 fiche trouvée : 09-05-1915

- Y a t-il deux René Le Moigne ? Mais les dates de décès sont proches…

- Quénéhervé Jean : né à Pleuven et résidait à Fouesnant Les dates de décès diffèrent seulement pour le jour : 4 sur la fiche et 14 sur le monument

- Caradec Mathurin : né et résidait à Pleuven Les dates de décès du monument et de la fiche trouvée coïncident : 24-09-1917

- Le Moigne Louis : né à Kerfeunteun et résidait à Quimper Les dates de décès du monument et de la fiche trouvée coïncident : 16-04-1917

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Fratries

(parmi les 83 poilus dont ont été relevés les noms et prénoms des parents)

ont eu 3 fils "Morts pour la France" famille Calvez - Alain 26-08-1885 - 25-02-1917 - Michel 19-08-1896 - 09-05-1917 - Jean Louis 18-04-1887 - 29-05-1917 fils de Alain et de Quéméré Josèphe, cultivateurs, Neiz-Vran famille (Le) Noach - Jean-Yves 09-02-1888 - 22-08-1914

- Hervé 30-07-1891 - 22-08-1914 - René 18-06-1885 - 06-10-1915 fils de Alain et de Dagorn Marie-Anne, cultivateurs, Kerandraon famille Le Moigne - Corentin 14-07-1885 - 25-09-1915

- René 26-07-1889 - 09-05-1915 - Louis 23-09-1887 - 16-04-1917

fils de Louis Marie (Kerfeunteun) et de Marie-Louise Caugant (Tours) ont eu 2 fils "Morts pour la France" famille Chalony -Yves 05-12-1893 - 22-08-1914 -Pierre 27-12-1891 - 31-10-1915

fils de Louis et de Marie Yvonne Droal, cultivateurs, Ru d'Allaë famille Flatrès - Corentin 27-05-1886 - 30-03-1917 - François 23-11-1893 - 21-08-1914 fils de Corentin et Constant Anne-Marie, cultivateurs, Kerhuel famille Guillou - Jean Louis 16-04-1877 - 13-06-1915

- Alain 27-08-1883 - 24-07-1916 fils de Louis et de Marie-Jeanne Bourgeon, cultivateurs, Lanvéron famille Guillou - Louis 08-05-1892 - 19-04-1615 -Jean 18-07-1890 - 21-08-1914 fils de Vincent et de Guyader Marie, cultivateurs, Quilihouarn famille Laurent - Alain 28-03-1896 - 16-08-1917 - René 12-09-1890 - 30-03-1915

fils de François et de Gloanec Jeanne, meuniers, Moulin du Mur famille Laurent - Jean René 21-08-1894 - 25-07-1915 - Jean Marie 30-11-1890 - 08-09-1915

fils de Jean et de Lasseau Françoise, cultivateurs, Vern-Glas famille Goff (Le) - Mathieu 24-09-1876 - 20-08-1916 - Jean Corentin 29-03-1875 - 05-07-1916 fils de Jean Corentin et de Gourlay Marie, journaliers, Créac'h-Lan

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famille Nénez : - Yves 02-07-1895 - 31-05-1918 (sergent-fourrier)

- Alain 02-12-1897 - 06-11-1918 (sergent) fils de Pierre et Marie Choaler, journaliers, Ker-vian famille Ollivier - Jean 15-01-1895 - 20-06-1915 - Yvon 17-11-1890 - 27-09-1918

fils de Yves et de Bouard Marie Louise., meuniers, Moulin-Blanc famille Pérès - Jean 19-10-1892 - 10-04-1915

- Louis 10-03-1895 - 05-04-1916 fils de Hervé et de Guillou Marie-Jeanne, cultivateurs, Lanvéron famille Rospars(t) - Yves 22-03-1885 - 19-12-1916 - Alain 14-08-1890 - 15-08-1915

fils de Jean et de Jeannès Philomène, journaliers, Troyalac'h famille Troboas - Alain 11-04-1890 - 22-08-1914

- Pierre 15-09-1885 - 25-09-1915 fils de Pierre François et de Choaler Marie Anne, journaliers, Bourg

cas possible : famille Dréau (Le) - François 28-12-1890 - 01-10-1914 - Jean Louis 17-05-1893 - 18-11-1914 fils de Alain et de Crédou Marie-Jeanne, journaliers, à Poullogoden

Les professions des parents (données correspondant aux années de naissance soit la période 1873-1898)

La profession du soldat "Mort pour la France" a été rarement transcrite. Seuls quelques-uns sont qualifiés de cultivateur. Sur les 94 fiches étudiées, il faut exclure les 18 poilus qui ne sont pas nés dans la commune puisque la profession des parents a été relevée dans le registre des naissances. Sur les 76 actes examinés, dans un seul cas, la profession du père ne figure pas. Les 75 actes exploités correspondent à 59 familles. Souvent, la profession de l'épouse ne figure pas : la femme du cultivateur peut toujours être considérée comme agricultrice mais la mention "ménagère" figure à quelques reprises. Il en est de même pour les journaliers. Le nombre de familles par profession s'établit ainsi :

- Cultivateurs : 34 - Journaliers : 15 - Meuniers : 2 - Maçons : 3 - Jardinier : 1 - Panetier : 1 - Tonnelier : 1 - Tisserand : 1 - Ménétrier : 1

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Profession Epoux Epouse

Lieu-dit Nom Prénom Nom Prénom

meuniers Ollivier Yves Bouard Marie-Louise Moulin-Blanc Laurent François Gloanec Jeanne Moulin du Mur

maçons Bourbigou François Quilliec Marie-Françoise Ty-Broën Guichaoua Jean Louis Breton Marie-Josèphe Mouster-Coat Le Goff Jean Hémon Marie-Jeanne Bourg

jardinier Argouac'h Pierre Bonder Anne Kérinou panetier Le Pape Yves Merdy Anne Arbre du Chapon. tonnelier Doaré Joseph Nénez Josèphe Ty-Broën. tisserand Bernard Louis . Jézéquellou Françoise Guernapont ménétrier Bonder Jean-Louis . Caradec Marie-Anne Stancou (Le panetier : ici, probablement ouvrier boulanger. D'ailleurs un boulanger est témoin de la naissance de Jean-Marie Le Pape). (Le ménétrier : musicien, a priori violoniste, qui anime les fêtes, notamment les mariages) Notons qu'un autre Bonder, Pierre, de six ans son cadet, est aussi ménétrier et demeure à Beg-Meil - probablement Beg-ar-Veil) 49 familles sur 59 vivent principalement de l'agriculture. (83 %) Il y a quelques incertitudes : untel est considéré ici comme journalier et là comme agriculteur ; de même une épouse d'un cultivateur est inscrite comme journalière, ce qui est peu probable. Rappelons aussi que les journaliers accomplissent d'autres tâches que celles qui sont directement agricoles, en fonction des saisons et des embauches (carriers, bûcherons, etc.)

Les cultivateurs (rangement par lieux-dits)

Lieu-dit Epoux Epouse

Nom Prénom Nom Prénom Bourg Riou Pierre Colliou Marie Anne

Cosquer-braz Le Roy (Roué) Corentin Flatrès Marguerite Cosquer-braz Nader Yves Roué Marguerite Cosquer-vian Garrec Primel Francès Marie-Renée

Dourmeur Bourhis Laurent Rospart Marie Enez-Raden J(e)annès Jean Marie Nader Marie-Jeanne Hent-Bian Riou Corentin Le Bec Marguerite Keragen Jeannès Louis Hascoët Marie Noël

Kérandraon Noach (Le)(+) Alain Dagorn (+) Marie-Anne Kerc'hornou Crédou Jean-Louis Thomas Marie-Anne

Kerdellec Chalony René Le Meur Anne-Marie Kerguent Guéguen Yves Rivière Perrine Kerhallec Trolez(+) Jérôme Derrien Marie Kerhuel Flatrès Corentin Constant Anne-Marie

Kéridraon Le Meur Pierre Quelven Anne Kerilis-Coualc'h Droal Yves Nader Marie

Kermorvan Pérès (Pérez) Jean Louis Glémarec Marie Renée

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Kéromen Michelet Michel Cléac'h Catherine Kéromen Guéguen Hervé Michelet Anne-Marie

Kerriou en Dréau Moreau Hervé Bulz Marie-Renée Kervéry Jezequellou Yves Nader Marie

Lanvéron Guillou Louis Primel Bourgeon Marie-Jeanne Lanvéron Pérès Hervé Guillou Marie-Jeanne

Ménez-meur Merrien Corentin Rolland Marie Yvonne Moustoir-vihan Pérès Yves Torc'h Marie-Jeanne

Mur-izella Le Coeur François Perron Anne-Marie Neiz-Vran Calvez Alain Quéméré Marie-Josèphe Neiz-Vran Chiquet Pierre Le Guirinec Marie Yvonne Neiz-Vran Cou Jean Crédou Anne-Marie

Quilihouarn Guillou Vincent Guyader Marie-Françoise Ru d'Allaë Chalony Louis Droal Marie Yvonne Ty-Broën Le Roy Louis Guédès Françoise Vern-glaz Laurent Jean Lasseau Françoise Vur-ven Quéméré Louis Calvez Marguerite

Les journaliers :

Lieu-dit Epoux Epouse Nom Prénom Nom Prénom

Beg-Meil (Beg-ar-Veil ?) Le Goff Jean Marie Francès Marie Bourg Troboas François Choaler Marie-Jeanne

Bourg /Kervian Nénez Pierre Jean Choaler Marie ou Marguerite

Cabaret (?) Laurent Jean Lavigne Marie-Louise Créac'h-Lan Goff (Le) Jean Corentin Gourlay Marie -France Dourmeur Guillermou Joseph Cadou Marie-Louise Guilvinec Francès Jean Cosquéric Marie-Françoise

Kerhornou Rocuet Yves Hily Marie-Louise Kéridraon Costiou Noël Guillou Marie-Jeanne

Ménez-meur-huella Hémon(+) Jean Rannou Catherine Ménez-Rohou Séhédic Tristan Paugam Marie Philomène Mouster-Coat Dréau Jean Jézéquellou Marie-Jeanne Poullogoden Dréau Alain Crédou Marie-Jeanne Poullogoden Goyat Jean Marie Bourbigot Marie-Anne

Troyalac'h/Mouster-Coat Rospar(s/t) Jean Jeannès Philomène

Les mariés

Les documents utilisés (registres de naissances* et de décès, fiches d'Etat-civil) ont permis de reconnaître 22 poilus mariés et 14 poilus sont désignés comme célibataires. Qu'en est-il des 63 autres ?

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tableau 1 : la date du mariage a été relevée. Noms Prénoms Né à Mariage Décès Nom de l'épouse

Séhédic Jean Ménez-Rohou

07-04-1906 27-06-1916 Le Breton Anne-Marie

Flatrès Corentin Kerhuel 19-10-1910 30-03-1917 Bernard Marie (Ergué-Armel)

Michelet Michel Kéromen 09-10-1911 18-04-1917 Le Cam Marie-Jeanne (Gentilly)

Riou Jean-Louis

Hent-Bian 06-01-1912 06-07-1916 Gaonac'h Marie-Thérèse

Bonder Yves Stancou 09-01-1912 24-09-1917 Le Bonder Marie-Yvonne

Le Moigne Louis Kerfeunteun

09-07-1912 16-04-1917 Cosquéric Magdeleine

Guillermou Noël Dourmeur 07-01-1913 30-08-1914 Ollivier Marie Catherine Moreau Hervé Kerriou 07-01-1914 29-09-1915 Le Laz Caroline (Ergué-

Armel) Le Goff Jean-

Louis Beg-Meil 07-12-1915 19-04-1917 Cotten Anna Josèphe

Le Goff François Bourg 03-05-1917 09-05-1917 L'Hermitte Onésime Le mariage du dernier, François Le Goff, a été célébré, à Paris, 19e arrondissement, 6 jours avant son décès, remplacé, par procuration, par un ami de 62 ans. tableau 2 : la date du mariage ne figure pas sur les documents utilisés

Noms Prénoms Nés à Décès Nom de l'épouse Boubigou Alain Ty-Broën 04-10-1914 Tassy Marie

Calvez (Jean) Louis Stang-

Korriquet 11-07-1918 Bénéat Jeanne Marie (+)

Calvez Jean-Louis Neiz-Vran 29-05-1917 Conan Corentine Caradec Corentin Fouesnant 22-08-1914 Quéréven Marie-Thérèse

Goff Mathieu Créac'h-Lan 20-08-1916 Daniel Marie Jeanne Goyat Yves Poullogoden 07-12-1918 Dréau Marie-Françoise

J(e)annès Louis

(Marie) Enez-Raden 29-01-1915 Madec Marie Corentine

Jezequellou Pierre Kervéry 10-04-1915 Le Dantec A-Marie (+) puis

Lamézec Marie

Le Goff Jean-

Corentin Créac'h-Lan 05-07-1916 Bellec Marie-Louise

Le Guillou Pierre Sizun 29-09-1915 Le Dréau Anna Joséphine

Le Moigne Corentin Kerfeunteun 09-05-1915 Hemery Marie-Louise

Noach (Le) Jean-Yves Kérandraon 22-08-1914 Pennanéac'h Marie Jeanne

(La croix (+) indique les personnes décédées au moment de l'établissement de l'acte.) (* : Sur le registre des naissances, le mariage est quelquefois indiqué en mention marginale.)