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Don Bosco Lakay Nou (Janvier-Mars 2011, Année 26, Numéro 20)

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SOMMAIRERoute Circuit d'HaïtiBP 13233 - Delmastél. : (509) 37.41.08.38 / 31.10.08.33 mél : [email protected]

Directeur de la publicationRév. Père Ducange SYLVAIN

Directeur éditorialRév. Père Pierre Ernest BAZILE

Comité de RédactionRév. Père Ducange SYLVAIN

Rév. Père Pierre Ernest BAZILE

Rév. Père Lamarck FÉVRIER

Fr. Hubert MÉSIDOR

Sr. Marie Linda JEAN-GILLES

Renée HÉRAUX

Charles ALMÉUS

PhotographieJohnny BOISGUENÉ

Pino AGNETTI

Emmanuel NAAR

Service photos ANS

iStockphoto.com

Graphisme et MaquetteEmmanuel NAAR

4 Étrenne 20116 12 Jan. 2010 12 Jan. 2011 Un an déjà...

ÉDITORIALBien chers amis,

J’aimerais vous saluer fraternellement et en même temps vous an-noncer la réapparition de notre bulletin DON

BOSCO LAKAY NOU (DBLN). Pour-rait-on parler de renaissance? La présence de DBLN est plus que jamais nécessaire comme organe de communication au sein de notre Vice-Province en cette période par-ticulière de notre histoire. Alors, je vous invite à faire bon accueil de cet outil d’information et de formation.

Comme vous vous rendez compte, DBLN a connu un temps d’absence qui a duré près de 4 ans ; et mainte-nant, il nous revient en faisant peau neuve. J’en profite pour exprimer au nom de toute la Vice-Province, nos sentiments de gratitude et de reconnaissance envers tous les sa-lésiens qui ont contribué et qui ont fait vivre ce bulletin dans le temps. Comme Provincial, accompagné des autres membres du Conseil de la Vice-Province, nous ne cachons pas notre désir de voir améliorer le travail réalisé jusque là par certains devanciers dans le domaine de la communication dans notre Vice Province. Nos remerciements vont à l’endroit du P. Elan Florival, de P. Hector Pascal, car grâce à leurs efforts ce bulletin a vu le jour et a pu survivre dans le temps et dans l’espace. Avec cette nouvelle paru-tion, DBLN fait preuve d’existence dans le présent et nous le souhai-tons pour un futur durable. C’est pourquoi, une nouvelle équipe a été proposée et elle assume déjà sa responsabilité en nous offrant certaines informations qui disent ce que nous sommes, où nous sommes dans la mission et ce que nous envisageons de faire pour une

présence qualitative et efficace au-près des jeunes.

Ce numéro de DBLN présente plu-sieurs événements qui ont jalonné notre histoire cette année telle la commémoration du premier anni-versaire du séisme avec l’Eglise lo-cale et aussi avec notre famille sa-lésienne en nous souvenant d’une facon spéciale de nos 3 confrères et des 150 élèves de l’OPEPB morts sous les décombres. Ensuite Don Bosco, à travers ses reliques nous a visité. Un dossier complet reprend les grands moments du passage du saint des jeunes parmi nous. C’était vraiment DON BOSKO LAKAY NOU. Puis avec la pose de la première pierre de la maison provinciale, c’est symboliquement l’œuvre de la reconstruction qui est lancée. Plus que les œuvres matérielles, il est urgent de reconstruire le cœur et l’esprit afin d’arriver à une pré-sence salésienne qui répond aux vrais défis des jeunes. Alors, n’est-il pas urgent et nécessaire de cher-cher à mieux connaître Don Bosco? C’est pourquoi DBLN nous réserve un petit coin bien aménagé de salé-siannité. Et pour terminer un coin de savoir-vivre nous aidera à amé-liorer nos relations humaines.

En remerciant de tout cœur la nouvelle équipe, je termine en disant : «Byenvini DBLN, lakay nou (nos communautés, nos écoles, nos centres, nos familles…) se lakay ou». Duc in Altum !

Père Ducange SylvainProvincial

4 Présentation de l'Étrenne 2011

13 75 ans de présence des FMA en Haïti

24 Coin de Salésiannité

6 12 janvier 201012 janvier 2011 un an déjà...

20 Ayiti devan maladikolera a 26 Pose de la première

pierre pour la reconstruc-tion de nos cœurs et de nos oeuvres

10 Thorland,une expérience post-séisme inattendue

22 Antretyen filozofik 28 Coin de savoir-vivre

30 Devenir Salésiende Don Bosco

31 Ann pwotejeanviwonman an

16 DOSSIER SPÉCIAL :l’Urne de Don Bosco en Haïti

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JAN-MAR 2011 | DON BOSCO LAKAY NOU | 54 | DON BOSCO LAKAY NOU | JAN-MAR 2011

Une donnée historique, confirmée par l’en-semble des quatre évangélistes, est que, dès le commencement de son activité d’évangélisation (cf. Mc 1,14-15), Jésus appela quelques hommes à le suivre (cf. Mc

1,16-20). Ces hommes devinrent ainsi ses premiers disciples, ceux « qui nous ont accompagnés, dira saint Pierre, tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu au milieu de nous, en commençant au baptême de Jean jusqu’au jour où il nous fut enlevé » (Ac 1,21-22).

Evangélisation et vocation sont ainsi deux éléments inséparables. Et même, un critère d’authenticité d’une bonne évangélisation est constitué par sa capacité

de susciter des vocations, de mûrir des projets de vie évangélique, d’engager entièrement la personne de ceux qui sont évangélisés, jusqu’à les rendre disciples et apôtres.

Après l’Etrenne de 2010, “Seigneur, nous voulons voir Jésus”, qui porte sur l’urgence d’évangéliser, je lance un appel rempli de tristesse vers la Famille Salésienne pour que soit entendue l’urgence, la nécessité d’appeler.

Chers frères et sœurs, tous membres de la Famille Salésienne, je vous invite donc à être pour les jeunes de vrais guides spirituels, comme Jean-Baptiste qui indique Jésus à ses disciples en leur disant : “Voici

l’agneau de Dieu” (Jn 1,36), d’une manière qui les porte à partir derrière lui, au point que Jésus, qui se rend compte qu’ils le suivent, s’adresse directement à eux en leur demandant : “Que cherchez-vous ?” et eux, pris du désir de connaître en profondeur qui est ce Jésus, lui demandent : “Rabbi, où demeures-tu ?” (Jn 1,38), et Lui les invite à faire une expérience de vie en commun avec lui : “Venez et vous verrez”. C’est de quelque chose d’immensément beau qu’ils auront fait l’expérience à partir du moment où “ils vinrent donc et virent où il demeurait, et ils demeurèrent auprès de lui” (Jn 1,39).

Voici la route pédagogique à parcourir:

1. Revenir à Don Bosco

Faire nôtre son expérience à Valdocco, qui crée un milieu de familiarité, de forte valeur spirituelle, d’enga-gement apostolique et d’accompagnement spirituel, soutenu par un amour intense pour l’Eglise et pour le monde. Manifester la beauté, l’actualité et la variété de notre vocation salésienne : une vie remise entre les mains de Dieu pour le service des jeunes vaut la peine d’être vécue. Vivre sa propre vie et aider à comprendre la vie des autres en tant que vocation et mission. Le tout comme un grand don vécu en laissant à Dieu la place centrale, dans la fraternité entre les personnes consacrées et dans le dévouement à ceux qui sont touchés par une plus grande pauvreté et un plus grand besoin.

2. Pour devenir Don Bosco pour les jeunes d’aujourd’hui

Etre conscient et manifester l’évidence de la place cen-trale que tiennent, dans la réalisation de la mission salésienne, les personnes consacrées. Ce fut pour Don Bosco une conviction et une expérience.

Etablir, comme à Valdocco, une culture de la vocation, caractérisée par la recherche du sens de la vie, dans l’horizon de la transcendance, soutenue et animée par des valeurs profondes, au moyen de projets typiques, vers une culture de la fraternité et de la solidarité. Assurer l’accompagnement grâce à la qualité de la vie personnelle, l’éducation à l’amour et à la chasteté, la responsabilité envers l’histoire, l’initiation à la prière, l’engagement apostolique. Faire du Mouvement Salésien des Jeunes un lieu privilé-gié pour un chemin de discernement de vocation : en lui, les jeunes font l’expérience et apportent une manifesta-tion d’un courant de communion autour de la personne de Don Bosco et autour des valeurs de sa pédagogie et de la Spiritualité Salésienne des Jeunes, développent le volontariat et font mûrir des projets de vie. Rome, 31 Mai 2010.

Père Pascual Chávez VillanuevaRecteur majeur

Présentation del’Etrenne 2011

na wè

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Haïti est un pays connu au niveau mon-dial comme un pays très pauvre parmi les pauvres et on pourrait même ajouter comme un pays très appauvri parmi les appau-vris. On arrive même à dire qu’il constitue

la honte des nations et de tous les citoyens honnêtes qui désirent et qui aspirent à un changement à mesure que la vie avance. En réalité, les choses vont assez mal pour Haïti jusqu’à présent, et les haïtiens sont à coup sûr, les premiers responsables de cette situation tra-gique et presqu’inexplicable, mais ils ne sont pas les seuls. Dans cette optique, les ennemis d’Haïti ne se trouvent pas seulement à l’intérieur du pays, mais aus-si à l’extérieur en téléguidant des actions qui ne portent pas toujours du bonheur pour cette pauvre Haïti en mal d’espoir, d’enfantement et en quête d’un mieux-être.

Tout ceci c’est pour dire que ce n’est pas le tremblement de terre qui met Haïti et les haïtiens dans la situa-tion actuelle en matière de pauvreté, de malpropreté, d ’ ind i f férence, d ’ insou-ciance, d’égoïsme, d’irres-ponsabilité (pour ne citer que ces problèmes-la). La situation d’Haïti était très critique même avant l’arri-vée du séisme du 12 janvier 2010. Ce séisme, selon les constatations, n’a fait qu’aggraver la situation qui existait déjà : des déchets de toutes sortes emplissent toute la zone métropolitaine, pour ne pas dire tout le pays ; des décombres un peu partout viennent compli-

quer davantage la situation et semblent réduire l’espoir de voir Haïti avec un nouveau visage ; l’irresponsabilité des dirigeants, répétons-nous, est une réalité palpable. La santé de la majeure partie de la population laisse à désirer et il n’existe pas d’infrastructure pour une édu-cation de qualité à qui de droit. C’est dans ce climat, c’est dans cette ambiance que le tremblement de terre du 12 janvier a fait son irruption.

Si Haïti, avant le 12 janvier 2010 s’armait de courage et se préparait à trouver la route possible d’un déve-loppement durable avec le concours de ses vrais amis, le séisme dernier l’a mis encore une fois à genoux ; et maintenant tout est à faire et à refaire. Même pour le dire, ça nous coûte, car il suffit de jeter un coup d’œil à vol d’oiseaux sur la situation, on se rendra vite compte qu’elle est plus que grave pour des raisons multiples :

entre autres il y a l’handicap haïtien en ce sens que c’est un changement de menta-lité qui s’impose à tous les niveaux – l’impuissance de certains devant l’immense travail à réaliser – le manque de volonté de la part de ceux

qui détiennent le pouvoir – le manque d’éducation et de souci vis-à-vis du bien commun – la priorité de la théorie sur la pratique, ce qui ne facilite pas le progrès ou l’avancement des projets – le manque de sens d’ap-partenance au monde, à son pays, à sa localité, à sa famille.

par Pierre Ernest Bazile

12 janvier 2010 12 janvier 2011Un an déjà...

Si, avant le séisme, les haïtiens vivotaient, maintenant avec le passage de celui-ci, les mots nous manquent pour qualifier l’expérience que font les haïtiens. Vivre sous des tentes, ne trouver rien à manger, être sans un boulot, avoir les bras cassés tout en étant en pos-session d’eux, n’est-ce-pas vivre à la merci des autres? La plupart des Haïtiens, qu’ils le veuillent ou non, de-viennent davantage des mendiants avec le séisme qui a tout emporté. Le désespoir, dans bien des cas, saute aux yeux, pendant que, d’un autre côté, l’espoir avec le sourire des enfants est un fait. Mais que peut-on faire ? Qu’est-ce qu’on est en train de faire ? Les responsables des différentes entités qui travaillent dans le pays ont-ils des plans d’action efficaces pour permettre à ce peuple de reprendre courage?

Ce que les Haïtiens et le monde en général ont consta-té, c’est que les grandes institutions du pays ont reçu des coups durs : Etat, Eglise, Ecole. A l’intérieur d’elles, on a enregistré des morts et des pertes énormes sur le plan matériel. Concernant ces dégâts considérables, nous pouvons préciser en disant qu’une grande partie

La plupart des Haïtiens, qu’ils le veuillent ou non, deviennent davantage des mendiants avec le séisme qui a tout emporté.

de la capitale fut entièrement détruite. Du côté de l’Etat, le Palais National s’est en partie effondré. Plusieurs ministères, le Parlement, des hôpitaux, des hôtels ont été détruits. Le géographe, homme politique et écrivain Georges Anglade a été tué ainsi que son épouse, Micha Gaillard, ancien ambassadeur haïtien en Allemagne, Roc Cadet, Doyen du tribunal civil de Port-au-Prince. Le Président haïtien René Préval a qualifié les scènes dont il a été témoin d’inimaginables.

Du côté de l’Eglise, le corps de l’archevêque de Port-au-Prince, Mgr Serge Miot a été retrouvé dans les décombres de l’archevêché, ainsi que le vicaire géné-ral, Mgr Charles Benoît, lui aussi mort en cette occa-sion sans compter les autres personnalités des autres confessions religieuses qui travaillent dans le pays…

Du côté des écoles, plusieurs universités publiques et privées ont été détruites ou gravement endommagées : L’Université d’Etat d’Haïti a subi d’importantes destruc-tions : Les bâtiments logeant la Faculté de Linguistique appliquée (FLA) et l’Ecole Normale Supérieure (ENS), la

Célébration du 12 janvier 2011 sur l'esplanade de la Cathédrale de Port-au-Prince (procession d'entrée)

S.E. Cardinal Robert Sarah, envoyé spécial du pape Benoît XVI pour commémorer le 1er anniversaire du séisme

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Faculté de Médecine et de Pharmacie (FMP), la Faculté des Sciences (FDS), la Faculté des Sciences Humaines (FASCH), la Faculté d’agronomie et de Médecine Vété-rinaire (FAMV), et l’Institut National de Gestion et des Hautes Etudes Internationales (INAGHEI), ont des lo-caux complètement lézardés ; le Centre d’Etudes Diplo-matiques et Internationales (CEDI), détruit ; l’Université Quisqueya (UNIQ), endommagée ; l’Académie Natio-nale diplomatique et Consulaire (ANDC), endommagée ; l’Université Notre Dame d’Haiti (UNDH), endommagée ; l’Institut des Hautes Etudes Commerciales et Econo-miques (IHECE, détruit ; l’Université lumière, détruite ; l’Université Royale d’Haïti, détruite ; l’Université de Port-au-Prince (UP), détruite ; l’Université Américaine des Sciences Modernes d’Haïti (UNASMOH), endommagée ; l’Université G.O.C., détruite ; l’Université Episcopale d’Haïti (UNEPH), détruite ; l’Université Caraïbe, endom-magée ; l’Institut Paramédical Louis Pasteur, détruit.

A ce propos, le Révérend Père Castel Germeil, diocé-sain et professeur à l’Institut de Philosophie Saint Fran-çois de Sales, en se penchant sur les dégâts considé-rables causés par le séisme du 12 janvier, invite, en dépit de tout, tous les acteurs nationaux, à réfléchir sur la manière de vivre dans l’espérance et de profiter de tous les éléments positifs qui se trouvent dans notre culture pour avancer sur le chemin du bien. Voyant la situation dans laquelle est plongée notre chère Haïti, il a osé la comparer à Israël en démontrant qu’il est pos-sible à Haïti de remonter la pente avec ses efforts et le secours du Ciel. Il a renchérit en disant qu’Haïti n’a pas besoin de désespérer. L’invitation est à la réconciliation entre les filles et les fils du pays pour qu’ensemble ils puissent construire une autre Haïti dans l’union, la soli-darité, la fraternité, l’amour au-delà de toute partialité, car désormais les frontières sont à bannir pour mener à bonne fin tous les projets en cours. ■

La Famille Salésienne d'Haïti et la datedu 12 janvier 2011

Dans la matinée du 12 janvier, les salésiens ont ac-cueilli les familles de nos 3 confrères disparus : Fr Hubert Sanon, 86 ans, les abbés Vilbrun Valsaint, 27 ans et Wilfrid Atismé, 29 ans. Après un moment de convivialité et de partage nous nous sommes rendus à l’Université Quisqueya où sont inhumés les 2 abbés. Arrivés sur place, les familles voyant les photos de leur fils, sont tombées en sanglot. Une célébration a été pré-sidée par le P. Provincial pour demander au Seigneur d’accueillir dans sa maison les âmes de nos confrères.

Vers 3 :00 p.m. une célébration eucharistique a été pré-sidée par le père Ducange Sylvain sur la cour de l’ENAM – OPEPB où plus de 150 élèves sont morts sous les décombres. Toute la famille salésienne s’était rassem-blée pour rendre un hommage bien mérité à nos chers

disparus. Des étudiants de l’école normale, des élèves du Centre de Formation Professionnelle, des élèves des Petites Ecoles du père Bohnen (OPEPB), des Jeunes du Foyer Lakay, des sœurs salésiennes, des anciens et anciennes élèves, des membres de l’ADMA, des salé-siens coopérateurs et beaucoup d’autres fidèles colla-borateurs et amis des Salésiens ont participé à cette cérémonie. Avant l’Eucharistie, le père Zucchi Olibrice, Directeur de l’OPEPB a invité l’assemblée à un moment de réflexion et de prières. Il a exprimé la souffrance qu’il a éprouvée lors de ce drame. Il a proclamé aussi sa foi dans le Dieu de la vie qui peut redonner vie à nos corps mortels. Il a invité à mettre toute notre confiance en ce Dieu qui donnera aux Salésiens le courage de re-construire nos oeuvres avec l’aide des âmes de bonne volonté. ■

Célébration du 12 janvier 2011 à l'ENAM-OPEPB

Les fidèles catholiques devant les ruines de la Cathédrale de Port-au-Prince participant à la messe du 12 janvier 2011

Hubert Sanon Valsaint Vilbrun Wilfrid Astimé

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apporté beaucoup de fruits. Certaines organisations préféreraient nous voir garder indéfiniment les gens qui n’ont pas un lopin de terre après le séisme pour se réfugier alors qu’avant ils n’en avaient pas. Pourquoi ces organisations veulent que nous payions les pots cassés dans les conditions actuelles? Vouloir que ces camps-la durent plus de temps possible, cela n’obéi-rait-il pas à d’autres caprices, à d’autres intérêts que nous n’arrivions pas à comprendre jusqu’à présent ? Existe-t-il vraiment une certaine détermination du côté des plus capables pour aider les plus fragiles à sortir de leur fragilité, nous voulons surtout viser les ONG qui sont comme des porte-paroles et porte-actions des pays amis d’Haïti. Elles sont sur le terrain voulant té-moigner de leur solidarité en faveur du peuple Haïtien en faveur d’un changement de vie qualitatif et quan-titatif. Jusqu’à présent nous ne voulons pas exagérer en disant que rien n’est fait. Mais quand nous consta-tons la lenteur avec laquelle marche le processus de la refondation ou de la reconstruction, quand nous regardons l’attitude de certains responsables sociaux,

quand nous analysons le comportement de certaines organisations, nous nous posons beaucoup de ques-tions. Que font-elles et comment cherchent-elles à se tirer d’affaire dans la situation tragique du peuple Haïtien? Nous ne voulons pas, par-dessus le marche, mettre des organisations au banc des accusés. Peut-être elles devraient être les premières à le faire si elles reconnaissent leur mea culpa. De notre côté, nous vou-lons tout simplement être sincères avec nous-mêmes et avec les autres concernant nos impressions sur ce qui est en jeu à l’heure actuelle. Le monde entier a les yeux fixés sur Haïti. Plaise au Ciel que ce même monde aide aussi Haïti à se débarrasser du dedans comme du dehors de ses ennemis, de tous ceux qui profitent de cette situation pour s’enrichir ou pour leur promotion au détriment d’Haïti. Nous rappelons qu’Haïti doit vivre et elle vivra. Il faut remercier les gens sincères des ONG qui ont vraiement aidé.

Nous sommes arrivés aussi à un carrefour où les cri-tiques de part et d’autre ne cessent de se multiplier.

par Pierre Ernest Bazile

Thorland, une expériencepost-séisme inattendue

Depuis le 12 janvier, les SDB et les FMA de Thorland ont dû sortir de l’ordinaire pour embrasser l’extraordinaire dans leur savoir faire missionnaire salésien. Sans changer leurs fusils d’épaule, ils se sont vus et se

voient dans l’obligation de faire quelque chose pour les réfugiés du séisme malgré les carences qui existent de par et d’autre. Nous devons vite dire que ces hébergés étaient au nombre 10.955 personnes, même si pour des raisons qui dépendaient beaucoup des circons-tances, ce nombre a eu tendance tantôt à diminuer, tantôt à augmenter.

Selon certains témoignages, les aides arrivaient sous forme de compte-gouttes et on avait du mal à vérifier jusqu’à quel point ces aides touchaient les plus vulné-rables des camps en particulier le nôtre. Quand nous nous mettons à contempler ces réalités c’est-à-dire les gens qui habitaient ou qui habitent les tentes, nous voyons qu’ils n’ont pratiquement presque rien en leur possession, mais quand même ils espèrent changer leur situation avec l’aide des ONG, c’est-à-dire des gens qui militent au sein des différentes organisations qui fréquentent notre centre.

Pour ce qui est de notre déduction, nous avons remar-qué que les gens continuent d’apprendre à gérer leur vie dans la précarité la plus totale. Ce que le 12 janvier nous a apporté n’a fait qu’aggraver une situation qui existait ou qui existe depuis bien longtemps. L’accueil offert par les SDB et les FMA aux hébergés n’a pas été un accident, sachant au prime abord que la priorité des priorités est et doit être la personne humaine même si dans la vie de nos sociétés il n’en est pas toujours ain-si. Le lendemain du 12 janvier le panorama était d’une laideur hors du commun. On aurait du mal à parler d’une ambiance d’humanité. En essayant d’analyser la

situation dans laquelle se trouvaient et se trouvent les gens, on pourrait, d’un côté même parler d’une lueur d’espoir en ce sens que, malgré la misère crasse et la boue dans lesquelles pataugeaient et pataugent les gens, ils se révélaient et se révèlent capables de vivre comme frères et sœurs, fils et filles d’une même terre.A mesure que les jours avancent, il fallait prendre des mesures en faveur de la vie, des mesures qui vont per-mettre à tout un chacun de reprendre leurs activités d’antan, de ne pas vivre en éternels dépendants de cette façon-là et d’essayer de créer des chemins en vue d’un autre demain.

Tant bien que mal, certaines organisations ont fait de leur mieux pour nous aider avec les réfugiés (par exemple, VIS, OXFAM, FHED, ASBL : Farnieres - Haïti, Feed The Children, HOPE for Haiti, etc.). Cependant, le gros reste toujours à faire : trouver un espace physique per-mettant à ces gens-la de ne pas vivre comme des no-mades, même si avant le séisme, il fut ainsi, mais nous pouvons malgré tout faire un bon en avant en cherchant à trouver un refuge définitif pour eux et faire d’eux des sédentaires. Les commentaires et les interventions qui ont eu lieu dans le cadre d’aider ces réfugiés n’ont pas

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Célébration de clôturedes 75 ans des FMA en Haïti1er septembre 1935, 1er septembre 2010, 75 ans déjà, depuis que les Filles de Marie Auxiliatrice appelées com-munément Salésiennes de Don Bosco, ont foulé avec beaucoup d’optimisme et d’enthousiasme le sol d’Haïti sous la présidence de son excellence, Mr Sténio Vincent, sur la demande pressante et incessante de la première

dame d’alors, Mlle Résia Vincent. La chronique de la première de nos maisons ‘’ la Mornèse d’Haïti ‘’ sous la plume de notre bien-aimée sr Nicolle Gaillard, parle : « Enfin ce 1er septembre jour béni pour les enfants pauvres d’Haïti arriva ! Dès l’aube, nos missionnaires sont sur pied, et déjà sur le pont, impatientes de débar-quer ! Tiens ! Se disaient les missionnaires, ‘’ on se lève tôt dans cette mission, entendez sonner les cloches ! ‘’, car dès 4h du matin, c’était la coutume de l’époque, les carillons des paroisses se relayaient pour convoquer les

Service de Communication des FMA

Donc, même si elles ne traduisent pas toute la réalité, elles donnent quand même une idée de l’esprit d’ingra-titude et de mauvaise foi qui habite le cœur de certains haïtiens. Du cote des FMA et des SDB des dialogues, des contacts et des actions ont été entrepris dans l’ob-jectif de permettre au plus grand nombre de personnes vivant dans les camps de bénéficier en attendant un minimum de dignité en quête d’une meilleure humanisation. Les salé-siens, malgré les efforts déployés, n’ont pas été épargnés par les critiques venant de partout.

Certaines personnes arri-vent même à dire que les salésiens accaparent pour eux-mêmes l’argent qui leur a été envoyé par le VATICAN et l’USAID et se contentent de donner aux mal-heureux une petite poussière dans cette grosse somme d’argent. Depi kilè ayisyen te konn ede frèl konsa ? di-sait un hébergé pendant qu’il est bénéficiaire de toutes les aides qui arrivent dans le camp à Thorland. N’est-ce-pas là une incohérence crasse de la part de certains ?

En réalité, il fallait attendre des mois pour la mise en pratique d’un projet baptise Projet de relocalisation, mais avec des termes plus précis on pourrait aussi par-ler d’un projet d’aide pour un retour à la vie normale. Celui-ci consistait à faciliter le départ des gens qui ha-bitaient le camp. La situation était infrahumaine. Cer-taines organisations se faisaient sentir à travers des actes concrets, mais d’autres ne manquaient pas de nous remplir avec des promesses et de bonnes paroles. Malgré les efforts de certaines d’entre elles, la boue, le manque d’hygiène, la contamination, les vols, le pro-blème d’alimentation, les problèmes médicaux compli-quaient la situation pour la simple et bonne raison que les salésiens de Thorland comme tant d’autres religieux n’avaient pas une infrastructure pouvant accueillir toute cette population. Les SDB, en dépit de leurs li-mites, n’ont jamais caché leur désir d’accompagner les déplacés, sachant que ces derniers ont un temps limite à passer sur la propriété de Thorland. Ce que tout le

monde juge normal, car la vocation première de cette œuvre ne consiste pas proprement à travailler avec des gens se trouvant dans de telles situations, mais comme le savent déjà plus d’un, elle embrasse un autre type d’accompagnement.

Toutefois, nous sommes loin de courir après les hébergés qui se trouvaient dans nos murs, contrai-rement à ce que certains voulaient laisser croire. Car si nous prétendons dé-fendre leurs causes, nous ne pouvons pas être en même temps contre eux. Pour parodier l’Ecriture « Qui n’est pas contre nous est avec nous ». De plus, ce serait tomber dans une espèce de contradiction.

Tout simplement comparativement à ce qui se passe dans d’autres camps, les salésiens ont décidé de façon unanime de mettre en pratique une autre philosophie pour le bien des gens dans un premier temps et dans un second temps pour le rétablissement des activités dans la communauté. C’est clair qu’ils veulent retour-ner à leur mission première, c’est-a-dire d’accompa-gner les jeunes dans leur formation et éducation ; en ce sens ils ne veulent pas, d’un autre côté, que leur prise de position et leur plan d’action soient mal compris. Ils ne veulent pas non plus donner l’impression de jeter ce qui leur est le plus cher, c’est-a-dire l’homme, l’être humain. Ils souhaitent faire savoir au moment oppor-tun à tous ceux qui sont prêts et qui sont loin de la réa-lité tragique haïtienne, qu’il ont fait tout simplement un choix qui n’est pas exclusif, mais qui implique certaines prises de position non seulement en faveur de la vie, mais aussi et surtout en faveur d’une vie digne acces-sible à tous et à chacun. Si la lutte que nous menons en tant qu’Haïtiens ne nous conduit pas à cette dignité, il sera urgent de repenser nos dires et nos faires de-vant les soucis qui se présentent aujourd’hui dans le cas d’Haïti et des Haïtiens. En tout cas, que le meilleur soit fait pour sauvegarder la vie dans le temps et dans l’espace. ■

75 ans de présencedes FMA en Haïti

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fidèles à prier les Matines avec leur curé, et entamer en-suite leurs activités quotidiennes. ‘’ C’est bien différent de chez nous ! Seigneur voici nos cœurs, nos forces et nos vies pour l’avènement de ton règne ! Seigneur ! Nous sommes à Toi et aux enfants pauvres d’Haïti pour toute notre vie ! ».

Pour clôturer cet événement, sous l’invitation de l’ac-tuelle Animatrice de la communauté de Port-au-Prince,

sr Marie Sylvita Elie et toutes les sœurs, quelques des communautés filles en l’occurrence : La Maison Provin-ciale, Marie Dominique Mazzarello, Ste Thérèse d’Avila, Cité Militaire, Cité Lintheau, le Noviciat et Marie Régine représentaient avec fierté les communautés des pro-vinces. La Mère générale, sr Yvonne Reungoat, lors de sa visite maternelle en Haïti à la suite du violent séisme, clamait

avec amour : ‘’ vous êtes dans votre année jubilaire. Vous êtes en train de célébrer votre 75ème anniversaire de présence dans ce pays que vous chérissez tant et plus encore dans cette situation désastreuse. Sachez-ceci : les murs sont tombés mais les personnes sont debout. Vivez et Célébrez dans la confiance et l’espérance !

‘’ Vois Seigneur, ton peuple assemblé qui te chante pour te remercier ‘’. C’est le refrain débutant la célébration de

clôture de cette valable présence des FMA sur le territoire haïtien. Elle était animée par les sœurs de la commu-nauté. Au cours de cette célébration, celles qui ont vécu les premiers moments de l'implantation étaient invitées à porter témoignage justement pour permettre aux plus jeunes ( sœurs et jeunes en formations ) à s’imprégner de toute la vitalité des pionnières de nos maisons. ‘’ Je porte en moi l’expérience de mon sexennat ici à la mai-son mère comme un trésor…’’ nous a mentionné avec beaucoup d’émotions notre Provinciale, sr Marie Claire Jean. Ensuite d’autres comme sr Marie Sylvita Elie qui en est la première des gardiennes pour le moment, n’a pas hésité à nous révéler l’histoire de son entrée chez les Sa-lésiennes comme Interne et plus tard comme Religieuse FMA, ses expériences personnelles, les bons exemples que véhiculaient nos premières missionnaires qui ont vécu à Marie Auxiliatrice comme signe pouvant susciter les jeunes sœurs à se donner totalement au Seigneur ; beaucoup d’autres expériences ont été partagées…

Le rite de la bénédiction a été accompagné par l’hymne à la création : ‘’par les cieux devant toi…’’ chanté avec ferveur.

A l’issue de la célébration, un goûter à la hauteur de la circonstance a été offert à l’assistance qui a dégusté avec appétit et protocole.

La Province Notre Dame du Perpétuel Secours adresse sa gratitude au Seigneur qui a voulu que nous puissions célébrer notre présence durant 75 ans de cette manière. C’est un appel encore qui dit long… ! A tous ceux et celles qui ont rendu possible la fête.

Un grand merci au Rév. P. Lephène Pierre, SDB, l’Aumô-nier de la communauté de sa disponibilité, tous ceux et celles qui ont fait le déplacement : quelques bienfaiteurs et les anciens élèves.

En route vers les 100 ans… !!!

Magnificat ! Béni sois-tu Dieu dans les siècles !

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L’Urne de Don Bosco, une chasse de verre trans-parent, renfermant Les reliques de Saint Jean Bosco, c’est-à-dire quelques os de sa main droite et de son avant-bras, est en pèlerinage dans tous les pays où se trouve la Congrégation

salésienne.

Selon le père Ducange Sylvain, Supérieur des Salésiens en Haïti, la main droite du saint est très significative car c’est avec elle qu’ «il bénissait, écrivait les constitutions, les lettres catholiques, donnait l’absolution».

Du 8 au 16 juillet dernier, la Famille Salésienne en Haïti a accueilli la visite de ces reliques qui ont fait le par-cours des 5 diocèses du pays (Nord-est, Nord, Artibo-nite, Sud, Ouest) où travaillent les Salésiens. Cette visite entre dans le cadre du pèlerinage de l’Urne à travers le monde. Cette initiative a été voulue par le recteur majeur des Salésiens le père Pascual Chávez Villanueva. En 2009 Les Salésiens ont célébré le 150e anniversaire de leur fondation. Le pèlerinage des reliques de Don Bosco s’inscrit dans la préparation du bicentenaire de sa nais-sance en 2015. Durant le passage des Reliques de saint

Jean Bosco en Haïti, beaucoup de fidèles chrétiens ca-tholiques ont exprimé leur foi en Dieu en vénérant et en contemplant Don Bosco à travers ses reliques. Pour plus d’un, c’est pour la première fois qu’ils ont eu la chance de contempler une relique de saint. Le fondateur des Sa-lésiens est reconnu pour le zèle qu’il a déployé auprès de la jeunesse de son temps. L’urne sera de retour à Turin en Italie le 31 janvier 2014. Les Salésiens sont présents dans 130 pays et ils comptent 15.763 membres.

8 - 16 juillet 2010

l’Urne deDon Boscoen Haïti

DOSSIER SPÉCIAL

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Don Bosco nous aparlé en créoleDon Bosco, durant son passage dans notre pays, nous a parlé en créole. Malgré Les décombres qui jonchent encore les rues de Port-au-Prince, les angoisses, le chômage, la perte d’un proche lors du séisme, Don Bosco a rencontré un peuple rempli de joie, avec un cœur tourné vers l’Espérance. «Parler en créole», cela signifie trans-mettre clairement un message, com-préhensible à tous. On entend sou-vent les gens dire «Ou pa konprann sa-m di-ou, se kreyòl wi m-pale avè-ou». Si Don Bosco aujourd’hui nous a parlé en créole, cela signifie qu’il est venu pour que nous changions notre manière de vivre, notre men-talité, pour que nous commencions une nouvelle vie”.

“Don Bosco nous a parlé en créole!”, ont commenté les jeunes, ils ont ex-primé de façon claire leur émotion. Au nom des salésiens de Don Bosco en Haiti, le P. Ducange Sylvain a affir-mé : “l’urne a éveillé en nous le désir de nous identifier davantage avec le

Itinéraire de l'Urne en photos

Christ, le Bon Pasteur, et le désir de nous engager pour les jeunes, pour qu’ils aient la vie”.

En effet, à l’occasion de son voyage à Haïti, le Recteur Majeur a laissé un message en langue créole, dans lequel après avoir exprimé sa solida-rité, il a exhorté à ce que “cette tra-gédie se transforme en une bénédic-tion pour le pays. Reconstruisons le pays, Haïti doit renaitre. Jeunes, ne vous découragez pas, mais travaillez pour rendre la vie au pays”.

Il a parlé en créole avec la Famille Salésienne d’Haiti. Textuellement voici ce qu’il nous laissé :

«Zanmi mwen yo an Ayiti, mwen kon-tan anpil paske mwen prezan avèk nou pou-m pataje doulè ak soufrans nap pase nan moman sa-a. Trajedi sa-a dwe transfòme an yon benedik-syon pou peyi-a. An nou rekonstwi peyi nou-an. Ayiti dwe refèt. Jèn yo pa dekouraje, an-n travay pou-n rebati peyi nou. Kenbe fèm». Mèsi anpil. ■

NORD-ESTjeudi 8 Juillet

NORDvendredi 9 Juillet

ARTIBONITEsamedi 10 Juillet

SUDdimanche 11 Juillet

OUESTlundi 12 Juilletvendredi 16 Juillet

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Entèvyou sou zafè kolera avèk you jèn ki ap travay pou ede kourapre maladi sa a ki finn dechennen nan peyi aDBLN : Maladi kolera a rantre nan peyi a sa fè yon bon ti tan. Anpil moun deja kontamine. Eske ou kapab bannou you ti eksplikasyon sou kote maladi sa a sòti, ou byen kisa ou kapab di nou sou maladi sila a ?Marie Flore SENÉ : Se you maladi ki genyen pou l we avèk salte. Yo te dekouvri mikrob ki bay maladi sa a an Inde nan you vil ke yo rele Kanj. Yo pale tou de Rivie Kanj.

DBLN : Daprè sa ou aprann nan dives reinyon ke ou te patisipe, kijan ou kapab pran maladi sa a ?Marie Flore SENÉ : Mikròb sa a ou kapab pran li nan dlo, le moun nan sot nan latrin san l pa lave men l, nan fatra ke moun yo pa jere, nan fey legi m ki pa byen kwit, nan fwi ke moun yo manje san lave, nan bèt ki soti nan lanmè ou byen nan rivyè tankou pwason, krab, kribich, elatrye.

DBLN : Maladi sa a eske se moun ki pòv ki kapab pran l pi fasil ou non ?Marie Flore SENÉ : Nou kapab di ke moun ki pòv la pi eks-poze fas a maladi sila devan lòt kategori moun. Nou ta kapab di an pati wi paske moun ki pran li pi vit, se moun ki ap watè atè, se moun ki pa gen latrin, moun yo ki jete watè yo tou pre lakay yo. Se moun yo ki pa bwè dlo trete. Se moun yo ki pap kouvri bouch twalèt yo.

DBLN : Ki kote maladi sa a deja rive nan peyi a?Marie Flore SENÉ : Daprè bon enfomasyon ki rive jwen nou, maladi a deja rive nan tout depatman peyi a. Men se de-

Ayiti devan maladi kolera apar Pierre Ernest Bazile

patman Latibonit ki se premie kote maladi sa a te eklate. Aprè nou jwenn Maissade ki gen anpil ka. Nan chak depatman yo genyen kèk ka ki eksiste. Nan Potoprens se Site Soley ki pi touche. Gen plis ke 75.000 moun ki konsilte nan lopital. Plis ke 37.000 moun ospitalize e plis ke 4.000 moun mouri nan Site a déjà.

DBLN : Kisa kap fèt kounie a pou ede moun sa yo ki gen maladi a epi pou ede moun ki panko genyen l yo ?Marie Flore SENÉ : Pou moun ki panko genyen l, yo invite yo lite kont kolera nan fason sa yo : Pa manje okenn legi m kri, manje manje ki byen kwit, lave fwi yo ak dlo trete, kouvri tout manje ak sa yap bwè yo tankou: dlo, dlo nan gode, dlo nan bidon ou nan sache, fresco, elatrie. Yo rekòmande tout moun pou yo trete tout dlo yap sèvi avèk prodwi ki fèt pou sa avèk jif. Yo kapab mete 5 gout jif nan chak gallon, kite l poze pandan 30 minit anvan ; ou byen sevi avèk akwatab ou byen bouyi dlo yo. Donk, yo rekò-mande tout moun pa bwè dlo nan larivyè, ni dlo sous.An plis, sa pou moun yo pa fè bezwen yo ni atè, ni bò sous dlo, ni nan sache, ni nan mamit. Pa mete men nan vomisman, sanble fatra yo epi boule l lwen kote moun rete. Le yo sot nan lari yo dwe lave men yo anvan yo m anyen yon ti bebe ; lè yo sot manyen yon bagay ke lòt moun te deja manyen kòm telefon, lajan, elatrie.

DBLN: Ki tretman yo bay moun ki trape maladi sa a?Marie Flore SENÉ : Premye bagay se bay moun nan bwè anpil likid anvan menm ke yo mennen l nan sant sante ki pi pre kote li rete a. Yo rekòmande pou moun nan pran espesialman SEROM ORAL. Si moun nan pa gen SEROM ORAL, li kapab prepare SEROM ORAL pou kont li. Men kijan yo kapab prepare l: Moun nan ap pran 3 boutèy dlo tankou boutèy kola lontan yo ou byen 2 boutèy kola gran manjè pròp nan yon veso ki pròp, plis demi kiyè sèl fen, plis 3 kiyè sik.

DBLN : Eske gen kèk mezi ki pran bò kote gouvènman peyi a?Marie Flore SENÉ : Jiska prezan se mesaj mobilizasyon ki g enyen, mesaj prevansyon pou lite kont maladi sa a, kont epidemi sa a, men poko gen oken mezi ki pran, okenn aksyon poko poze bò kote gouvènman an devan ravaj ke fleo sa a ap fè nan peyi a.

DBLN : Eske Legliz la fè kichoy nan sans sa a ?Marie Flore SENÉ : Nou kapab di ke Legliz la ap bouje timid-man. Nou kapab pran ekzanp kominote salesyènn nan Thorland ki mete yon gro program sou pye; yon program dezenfeksyon pou yon seri de lokal ki trè frekante pou pèmèt anpil moun kouri dèyè maladi sa a. Men zon ke yo rive dezinfekte: se sant jèn Don Bosko nan Thorland, lekol sè salezyenn, lekol prive epi piblik ki nan kominn nan, zònn kote maladi a deja gaye. Nan program sa a yo itilize tapi tranpe chak jou avèk klorox, avèk lave men avèk dlo ki gen klò ladan l. Program nan prevwa tou san-sibilize moun yo sou mezi yo dwe pran pou yo kapab evite maladi sila a. Pou tout bagay sa yo kapab fèt, yo mete sou pie 2 brigad : youn pou kominikasyon, epi yon lòt pou igyèn konpoze de 25 moun. Men yo divize group 25 lan an 5 ti group 5 moun pou yo kapab rive sèvi pliziè kategori moun an menm tan.

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Konsekans tranbleman de tè 12 janvye a nan lavi pèp ayi-syen sitou jèn yo.DBLN : Pompée, ou se you jèn kap frekante lakou sale-syen sa fè plis ke 8 an. Ou te jwe tanto ròl anfann kè, tanto koòdonatè group Dominik Savio. Ou te menm rive administratè general. Ou te prezan pandan tranbleman tè a an Ayiti e ou te ekzakteman nan kè vil la lè tout bagay te komanse pran tramble. Eske ou kapab di nou kijan ou te viv moman trajik sa a e kisa ki te vini nan tèt ou kom refleksyon nan sikonstans sila a ?Marie Cassandre POMPÉE : Lè map parèt bo teleko tè a komanse souke. Mwen panse mwen tap mouri e mwen te aksepte poum te mouri. Pi gro doulè a se lè mwen te wè ke mwen rete vivan. Se lè m finn santi m sove, se lè sa a mwen komanse kriye. Petèt se akoz emosyon ke mwen te viv nan moman an. Nan lavi pase mwen, mwen te fè kèk ti bagay ki pat finn anfom devan Bondye, e sa te rete sou konsyans mwen e mwen pat santi m byen. Pandan e sitou apre tranbleman, mwen te pran desizyon poum pat fè Bondye fache, men mwen pa kwè ke m te rive kenbe promès mwen.

DBLN : Eske ou kwè ke sa ki te fè ou kriye a se te emosyon ou byen you lot bagay ?Marie Cassandre POMPÉE : An realite, se te tout sa ki tap pase bo kote mwen ki te pèmèt mwen kriye. Tout moun ki te tombe atè. Se sèl mwen menm ki te rete kanpe ak you lot moun. Rèl mwen se te rezilta tout soufrans ki te blayi devan mwen : moun ki ak san sou kò yo, moun kap kouri agoch adwat, moun kap rele Bondye, alòs ke mwen menm mwen pat gen anyen, mwen pat menm gen you ti blese menm.

DBLN : Nan echanj ou te genyen jiska prezan avèk anpil lot jèn, kisa ou panse ki plis make yo, ki plis ap trakase yo daprè sa ou te pataje avèk yo ?Marie Cassandre POMPÉE : Yo chak te wè evènman an nan fason pa yo. Pou you seri se trop mal Ayiti fè ; se peche nou yo, se debwazman nan peyi a. Genyen ki te wè ke se momam an ki rive pou le mond lan fini. Gen moun ki rive pèdi tout moun nan fanmi yo. Gen moun ki te pro-fite okasyon sa a pou yo invite anpil moun konvèti nan lot religión, men nou vle kwè ke si gen you konvèsyon ki vo la penn, se konvèsyon kè nou paske tout otan kè a pa chanje, anyen pap chanje. Avèk fenomen sa yo anpil mo vinn parèt nan vokabilè kòm parasismik, antisis-mik, fisire, fay, elatrie. Te genyen tou anpil agresyon nan bouch sou Legliz katolik. Anpil fanatik legliz protestan te fè konprann ke pandan tranbleman an pat gen moun ki te rele ouvetman Manman Mari, ni ezili.

DBLN : Anpil jèn te deja gen anpil problèm avan 12 Janvie, kisa ou panse ke 12 janvie a vinn pote sou sak te deja la kòm problèm ?Marie Cassandre POMPÉE : Pou mwen menm ki gen expe-rians nan lanseyman, gen anpil fanmi ki eklate. Mwen pa konnen si se tròp problèm ki te fè moun yo vinn santi yo pa gen problèm. Moun yo tromatize, yo vinn pi agresif, yo egri, yo pèdi lafwa, yo fache ak Bondye. Gen anpil jèn ki konvèti, sa vle di ki vinn aksepte Bondye nan lavi yo. Vinn gen plis mizè nan peyi a. Anpil moun ki te gen mwayen pou yo viv vinn rete men vid. Kè anpil moun vinn pi di. Le you moun gade ke manman l ak papa l ak tout moun ki pi chè pou li vinn mouri devan l, li vinn insansib devan sitiasyon lot moun.

Pierre Ernest : Eske nou kapab pale tou de jenerozite bò kote kèk lot moun?Marie Cassandre POMPÉE : Anpil moun ki te chich vinn je-

nere. Anpil moun te deside ede moun, paske yo rann yo kont ke tout bagay ap pase e sa yo genyen nan men yo ekziste pou you ti tan.

DBLN : Yo di ke jèn se avni you peyi, kisa ou panse de sa nan ka jèn ayisyen jodia kap viv an Ayiti? Marie Cassandre POMPÉE : Jenès ayisyen an se you jenès an mouvman.Mwen kapab rete optimis, men si pa gen desizyon ki pran, nou pa kapab espere gran choz. Jodia li tris le ou tande you seri de infomasyon kap rive jwen ou, nan sans ke se plis ti fi ki gen 13 ak 17 an kap akouche nan peyi nou an. Nan 200 a 300 ki rive akouche pa jou, pi fo se adolesan. Pi fo nan jen fi sa yo tou pa gen chans etidye. Gen anpil problèm ankadreman. E se manke edi-kasyon ki esplike tou problèm sa yo. Kidonk, fomasyon dwe fèt nan tout kwen nan peyi a, paske pousantaj jèn ki rive al lekol yo pi piti pase sa ki nan lari yo. Anpil lekol kap fonksione nan peyi a se lekol bòlet, paske anpil nan yo pa kapab bay you bon fomasyon. Anpil realite ta dwe chanje pou kapab gen mwens vagabon nan lari a, mwens pros-titisyon, mwens masisi. Si nou pa aji vit, sa vle di si res-konsab yo pa pran you seri de dosie nan men yo, nou pa kapab espere anpil bagay de jèn yo. Gen moun yo depote nan peyi a, ki pale angle tre byen, men ki chwazi rantre nan kidnapping poul kapab realize l. Donk, nou bezwen fe anpil efo kòm moun, kòm fanmi, kòm kominote, kòm sosiete. Lòt andikap se ke jenes ayisyen an pa kwè nan tèt li e se youn nan pi gro andikap pou avansman you sosiete. Nou dwe aprann konstwi moun pandan nap aprann vinn moun.

DBLN : Daprè ou menm, kisa ki dwe fè poun ka ede jèn ayisyen an vinn moun tout bon vre ?Marie Cassandre POMPÉE : Tout bagay, tout aktivite ta dwe vize edikasyon, donk edikasyon an an premie., you atansyon espesial pou fanmi yo. Trop timoun ap gade lajounen kou lannuit televizyon ak you seri de programm kap detounen yo sou rout avni yo. Lapres pa ofri yo gran choz, manke ekzanp nan fanmi yo, nan kominote a, nan legliz la, nan sosiete a. Nou bezwen modèl pou edika-syon nan fanmi yo kapab djanm, kapab byen chita. Nou ta dwe espere anpil mesaj positif bo kote gouvenman peyi a pou paran yo, pou fanmi yo, pou jèn yo, elatrie. Dwe gen you gro netwayaj ki fèt nan lekol yo. Leta ta si-poze femen tout ti bout kay yo konvèti an lekol jodia nan peyi nou an.

DBLN : E ou menm kijan ou wè avni pa ou ?Marie Cassandre POMPÉE : Si Bondye banm lavi, mwen we avni an kle pou mwen kou you dlo kokoye. Mwen pral gen 23 zan e mwen gen anpil rèv ki positif pou peyi a. Mwen swete realize yo. Mwen renmen jen anpil, se sak fe mwen etidye edikasyon kòm metie. Mwen gen anpil ambisyon positiv poum sevi jen ki pov yo ou byen ki gen tout kalite bezwen. Mwen gen you gro proje ke m vle realize avek sekou Bondye.

DBLN : Daprè ou menm, kisa you jèn ayisyen ta dwe fè poul pa kite desespwa pote l ale?Marie Cassandre POMPÉE : Pou komanse mwen kwè anpil nan Bondye e mwen rive kwè ke lafwa nan lapriye kapab fè you moun rive lwen sou rout realizasyon l. Lapriye ka-pab louvri anpil pot. Mwen gen nevenn a Sakre ke de jezi. Se jezi ki fèm gen ke kontan chak jou. Chak fwa mwen lapriyè, mwen vinn gen gou pou m viv. Mwen ta invite tout jèn rete kole sou jezi paske li se sous lavi e depi wap mache avèk li ou pa gen anyen pou ou pè, ou pa gen anyen wap pèdi.

DBLN : Pompée, kisa ou ta propoze salezyen yo nan sitia-syon yap viv jounen jodia pou yo kapab ede jèn yo plis posib ?Marie Cassandre POMPÉE : Salezyen yo daprè prinsip Don Bosko kite pou yo, yo pati de sa e mwen ta swete yo adapte tou sa yo pran nan realite peyi a. Pa ekzanp sant Thorland lan ta kapab akeyi plis moun e li ta kapab bay plis sevis.Ou gen impresyon manke investisman nan sant lan. Manke aktivite ki rale jèn yo. Se bay bon ekzanp paske jèn yo ap suiv nou de pre. Nou pa kapab bay sa nou pa kiltive, nou dwe pi kretyen san fe chorof, sa vle di sa moun nan ap fè a li pa viv li, li pa soti nan li. Anpil fwa ou gen impresyon se mas-tu-vu. Nou beswen anpil imi-lite. Salezyen yo dwe bay patronaj la you lot sans. Jounen jodia, patronaj la se zafe AB – prenovis. Sa vle di ke si lot reskonsab yo pa fe santi prezans yo, sa yo pa ta vle, yo vinn fe santi ke patro a pa telman gen impotans pou yo. Nou menm jèn, nou ta swete ke reskonsab yo ki alatèt èv yo, yo fè santi prezans yo pi plis e ke yo fè jen yo santi ke yo pre yo, yo vle grandi ansanm avèk yo.

Ti koze sou lavi nou

par Pierre Ernest Bazile

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Le système préventifde Don Bosco

Vous avez entendu parler certainement d’un système d’éducation dit système préventif. Disons d’abord qu’il y a deux manières d’édu-quer : la méthode répressive et la méthode préventive. Cette dernière est simple et exi-

geante en même temps. D’abord elle implique les pa-rents et les éducateurs à assumer leurs obligations et à être témoins pour les gosses. Elle met en valeur les dispositions naturelles des jeunes à exploiter les loisirs sains comme les sports, la musique, les expressions di-

avenir. Il doit coopérer dans la construction de sa vie. Malheureusement le proverbe créole : «Timoun pa gade granmoun nan je» n’aide pas à l’éducation de nos en-fants. «Pa gade nan je» veut dire tout simplement «Avoir la tête baissée» ; «Gade nan je» au contraire veut dire «Regarder haut – Regarder loin». En résumé, l’éducateur et le jeune doivent faire le chemin ensemble. Mainte-nant, revenons avec notre terme «NÉGOCIATION». Après une négociation, chaque parti devrait respecter leur parole pour faire avancer le processus. Maintenant vous comprenez le problème crucial de notre chère Haïti, car après les négociations, généralement on ne fait pas de suivi. Donc on arrive généralement ou bien à un «gagnant – perdant» ou à un «perdant – perdant». Très difficile on arrive à un «gagnant – gagnant» en Haïti.

C’est une méthodologie très simple, c’est en premier lieu accepter le jeune tel qu’il est avec ses richesses et ses difficultés. C’est porter ce qui est bien en lui. C’est tout simplement placer le jeune dans une situation telle qu’il ne peut que bien faire ce qu’il doit faire.

Dans le prochain numéro, nous développerons les trois piliers (twa wòch dife) de ce système : qui sont la Raison, la Religion, l’Amorevolezza. ■

Coin de Salésiannité

par Fr Hubert Mésidor

verses, la découverte de la nature,... Le système préven-tif était le terme employé par Don Bosco. Pour expliquer ce système, moi, j’utilise souvent le terme NÉGOCIATION. C’est un mot qui est commun en Haïti, surtout dans ces dernières décennies… Mais malheureusement ceux qui l’utilisent, généralement ne l’appliquent pas réellement à sa fin; vous allez comprendre pourquoi.

Nous disons que le système préventif c’est entrer en négociation avec le jeune mais en fait qu’est ce que cela

veut dire NÉGOCIATION. Selon wikipedia, NÉGOCIATION c’est la recherche d’un accord, centrée sur des intérêts ou des enjeux quanti ables entre deux ou plusieurs in-terlocuteurs (on ne négocie pas avec soi-même, on déli-bère), dans un temps limité. Cette recherche d’accord implique la confrontation d’intérêts incompatibles sur divers points (de négociation) que chaque interlocuteur va tenter de rendre compatibles par un jeu de conces-sions mutuelles. La dernière phrase de cette définition vous a certainement attiré l’attention. Vous vous souve-nez dans le songe des 9 ans : «…C’est justement parce que ces choses te paraissent impossibles que tu devras les rendre possibles en obéissant et en acquérant la science…. ». Donc NÉGOCIATION c’est la confrontation d’intérêts incompatibles sur divers points.. que chaque interlocuteur va tenter de rendre compatibles par un jeu de concessions mutuelles. Continue la dé¬nition : «La négociation peut aboutir à un échec ou à un accord. Dans ce dernier cas, une négociation qui se déroule en mode coopératif conduit généralement à un accord dans lequel les deux parties s’estiment gagnantes (gagnant-gagnant). En revanche, si la négociation se déroule en mode compétitif ou distributif, l’accord risque d’être ga-gnant-perdant et instable, voire perdant-perdant».

NÉGOCIER c’est «s’asseoir sur une même table»* … ce qui veut dire que le jeune ou l’élève a son mot à dire, il n’est pas un «passif», il est acteur, protagoniste de son

Le regard de l'éducateur selon Don Bosco n'est pas un regard qui juge et qui condamne. C'est un regard positif, qui cherche le meilleur derrière ce qui semble être le pire. Un regard d'affection et de bienveillance. Par son attitude et ses paroles, l'éducateur dit au jeune : "Je crois en toi, je sais que tu peux progresser, devenir meilleur. Je t'aide parce que j'ai de l'estime pour toi". Cette attitude donne au jeune une image de lui-même qui l'incite à améliorer son comportement et à développer ce qu'il porte de mieux en lui.

*Il ne faut pas comprendre l’expression “s’asseoir sur une même table” dans un sens littéral. C’est essayer plutôt de comprendre que le binôme «éducateur – élève», ne veut pas dire «supérieur - inférieur» mais plutôt deux amis. Pour Don Bosco, cette «table de négociation» c’est la cour de recréation ou l’éducateur joue, dialogue, chante, danse avec l’élève. Et de là, peu à peu s’établit la confiance. Le lien de confiance avec l’élève est un processus… Jamais un lien de confiance peut s’établir d’un jour à l’autre.

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JAN-MAR 2011 | DON BOSCO LAKAY NOU | 27

Le 20 octobre a été célébrée la bénédiction de la première pierre de la nouvelle maison de la Quasi-Province “Bienheureux Filippo Rinaldi” de Haïti (HAI), présidée par le père Fabio Attard, Conseiller pour la Pastorale des jeunes, le père

Vaclav Klement, Conseiller pour les Missions, le père Filiberto González, Conseiller pour la Communication sociale et le père Esteban Ortiz, Conseiller de la Région Inter-Amérique. Étaient présents à la cérémonie les pro-vinciaux de la Région, les représentants de quelques ONG salésiennes, de nombreux confrères de la Quasi-Province, une délégation des Filles de Marie Auxiliatrice et les amis de Don Bosco. Au cours de son intervention, le père Ducange Sylvain, supérieur de la Quasi-Province de Haïti, a exprimé la décision de relancer la présence salésienne, non seulement pour reconstruire les œuvres qui ont été endommagées par le séisme, mais égale-ment pour répondre, par un esprit salésien renouvelé, aux nouveaux défis qui sont l’expression de l’aggravation de la condition de vie difficile du peuple Haïtien. ■

Discours duRév. Père Ducange SylvainBien chers,

“Si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs tra-vaillent en vain”.

Un petit grain a été semé dans les rues de Turin avec Don Bosco et il donne beaucoup de fruits dans le monde et aussi chez nous en Haïti.

Haïti doit renaître !

Tel fut le cri du Recteur Majeur dans sa lettre adres-sée à toute la Congrégation à la suite du 12 janvier.

Avec la pose de première pierre de la nouvelle Mai-son Provinciale, nous inaugurons tous les travaux de construction et de reconstruction de notre Vice-Pro-vince. Des murs seront élevés et des cœurs seront bâtis. Ce geste symbolique manifeste notre volonté de continuer l’œuvre de Don Bosco en Haïti. Du haut du ciel, nos pionniers nous regardent, nous accom-pagnent de leur prière, car il s’agit ici aujourd’hui de reconstruire non seulement pour qu´il y ait des œuvres, mais qu´il y ait l’espérance, la joie, la vie.

Avec la présence de nos Supérieurs Majeurs, des Provinciaux de la Région Inter-Américaine, toute la

Pose de la première pierrepour la reconstruction de nos cœurs et de nos oeuvres

Congrégation nous accompagne. Nous leur disons merci de la grande générosité manifestée envers Haïti, envers la Province Don Rinaldi. Chacun de vous représente une petite pierre dans l’œuvre de la reconstruction. Cependant n’oublions pas que la pierre angulaire est le Christ lui-même.

Au nom de tous les Salésiens d’Haïti, j’adresse ma gratitude au Recteur Majeur et ses Conseillers, qui ont fait d’Haïti, une priorité dans leur programma-tion. Ils pensent à nous et nous visitent. Je remercie tous ceux qui nous aident les ONG particulièrement la Procure Salésienne de Madrid qui a en charge la construction du centre provincial. Merci à nos colla-borateurs, notre équipe d’ingénieurs et d’architectes, l’équipe technique, les confrères, les membres de la Fondation Rinaldi, les jeunes qui motivent notre pré-sence et à qui nous renouvelons notre amour pour que nous soyons des ouvriers de paix et semeurs d’espérance pour une nouvelle Haïti. N’ayons pas peur, comme Don Bosco, faisons confiance à la Pro-vidence et avec Abraham disons “Dieu y pourvoira”

Au nom du Christ, nous devons agir.

Avec Don Bosco, soyons toujours témoins de l’amour de Dieu pour les jeunes.

Que Marie Auxiliatrice nous accompagne et nous aide à répondre chaque jour à notre Mission auprès des jeunes, dans la société et l’Eglise.

par Fr Hubert Mésidor

Rév. Père Fabio Attard, Conseiller général pour la pastorale juvénile

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Proposition pourune vie meilleure

Être heureux, prendre le chemin de la réussite, se faire des amis laquelle de ces formules n’a pas trouvé un écho en nous un jour ou l’autre ?Sans distinction de race, de sexe, de culture,de couleur ou de condition sociale, nous aspirons

tous au bonheur, à la réussite.

Pour chacun de nous cependant, ces thèmes peuvent avoir une connotation particulière ce qui oriente diffé-remment notre lutte pour cette qualité de vie plutôt excep-tionnelle. Trop souvent, nous nous trouvons engagés dans des voies qui ne conduisent nulle part. Il est alors vain de s’étonner que la tristesse, le découragement, l’isolement et même la dépression soient finalement au rendez-vous.

Ces problèmes seraient pourtant presque résolus si nous accordions notre attention à quelque chose non dépourvu de sens. Une observation attentive de nos états d'âme, de leur cause, de leur nature nous conduirait bien vite à l’évidence que la plupart de nos joies et de nos tristesses résultent de nos bons et de nos mauvais rapports avec les autres. Nous ne pouvons donc pas ramener le bonheur et la réussite à l’obtention d’un diplôme, à l’acquisition de quelques millions. Non certes, nous ne pouvons pas les « réduire à une unique volonté de possession. »

Réussir, être heureux, c’est plus que cela. Etre heureux, réussir c’est Bien Vivre.

« Bien vivre, c’est penser à soi, c’est s’améliorer, s’aider, or, comment penser à soi, comment s’améliorer sans pen-ser aux autres, »Nous devons absolument consentir à la réalité que nous sommes d’abord et avant tout des êtres de Relation. A un homme riche et prospère mais joyeux et heureux on s’adressa ainsi :

-Vous êtes heureux, vous avez réussi ? - Oui, répondit-il sans hésiter.

- Quel est votre secret ? - Il n’y a pas de secret expliqua-t-il j’ai simplement basé l’exercice de ma profession sur une règle : quoique je fasse, je me pose la question : qu’aimerais-je que l’on fasse pour moi en pareille circonstance ? Cette règle, n’a rien de nouveau elle est aussi vieille que l’homme. Elle fait partie des lois qui régissent toutes les grandes religions : Christianisme, Bouddhisme, Juive……Tout dans la vie est basé sur le service et le service lui même est basé sur la satisfaction des désirs des autres.

En définitive, en dépit de toutes les apparences contraires, on ne parvient à une vie heureuse et réussie que dans la mesure ou l’on arrive à s’entendre avec les autres, avec tous les autres. Telle doit être l’orientation de notre lutte.

L’harmonisation de nos rapports avec les autres est la condition indispensable pour accéder aux cimes du bon-heur et de la réussite.

La montée peut s’avérer extrêmement rude certains jours d’ou la nécessité d’utiliser des béquilles pour assurer nos pas.

A mon humble avis, le Savoir Vivre constitue les béquilles idéales pour ce faire. Qu’est-il donc ce Savoir Vivre déten-teur d’un tel pouvoir ?

Certains de ses détracteurs pensent qu’il est fait pour être pratiqué par une classe privilégiée. D’autres disent qu’il fait de nous des prétentieux. Des philosophes vont jusqu'à affirmer qu’il est la pire des hypocrisies. Qu’est-il donc en réalité ?

Il puise ses racines dans l’assurance qu’il est agréable de plaire aux autres parce que nous aimons que les autres nous plaisent. Il est fait de respect de l’autre , de sa per-sonnalité, de sa condition, de ses opinions, de son espace » Il est également fait de » » reconnaissance pour les moindres marques d’attention et de compassion pour les petits manquements auxquels nous sommes tous expo-

Coin desavoir-vivre

par Renée Héraux

sés. » Il est fait de simples petits mots qui viennent du cœur et qui vont au cœur : Bonjour, Bonsoir, Merci, S’il vous plait, Pardon, Excuse-moi. Il est fait de simples pe-tits gestes : un clignement de l’œil, une tape amicale, un radieux sourire, une accolade fraternelle. Bref, Il est une « Manière d'être » qui facilite nos rapports avec les autres. « Il est un lien entre les hommes »

Si nous tenons à etre compris, estimés, appréciés nous devons nous rappeler que nous ne recevrons compréhen-sion, estime, appréciation que dans la mesure ou nous en dispenserons. Seul le Savoir Vivre dont la source est dans le cœur mais qui a été codifié peut nous aider à le faire. Tout s’apprend dans la vie. Le Savoir Vivre aussi. Il a été constaté que « tous ceux qui accordent du temps à son étude et à sa pratique deviennent à coup sûr des gens agréables à fréquenter. Ils deviennent de meilleurs compagnons, de meilleurs collaborateurs, de meilleurs employés, de meilleurs Patrons, de meilleurs Epoux, de meilleures Epouses... » « ILS SONT HEUREUX ET COMMU-NIQUENT LEUR BONHEUR. »

ALORS ? LE JEU NE VAUT-IL PAS LA CHANDELLE? ■

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Fè istorik ki gen pou wè avè l, move jesyon l ak reparasyon

Pwoblèm destriksyon anviwonnman an an(n) Ayiti kòmanse kòm yon sòt pinisyon pou Ende-pandans Nouvo Repiblik Nwa a (apre 1804) si yon moun revize ak anpil atansyon istwa peyi a. Dtè Paul Farmer, yon antwopològ e medsen

ameriken, mansyone ke nan ane 1824, monachi fransè a (sou lobedyans Charles X) te met presyon sou gouvèn-man Ayisyen an (prezidan Bwaye alepòk) pou l te peye 150 milyon fran epi Fransè yo ta peye mwatye pou sa ladwann ta chaje. Yo ta fè sa, yon fason pou rekonpanse yo pou plantasyon yon seri kolon fransè ki te pèdi (sètadi ki te boule pandan revolisyon an). Gouvènman ayisyen an alepòk pa t gen lajan; donk fò l te degaje l rapidop-resto pou wè kikote l t ap jwenn kòb pou kòmanse peye Lafrans. Donk li te vize debwazman forè enpòtan yo

Devenir religieux Salésien c'est une vocation, un appel reçu de Dieu mais qui peut passer par des médiations très différentes : ren-contres, lectures, événements, prière...

On dit que Don Bosco c'est «l'ami de Dieu et l'ami des jeunes». On pourrait définir la vocation salésienne comme un appel à aimer Dieu et les jeunes.

On ne naît pas religieux salésien mais on le devient. Bien sûr il y a des étapes : il y a un temps de discernement pour savoir si on se sent capable de pouvoir conjuguer le désir de consacrer sa vie à la fois à Dieu et aux jeunes, en faire une route unique à deux voies.

Devenir religieux salésien c'est bien sûr se former sur le plan des compétences mais cette formation doit s'ac-

Ann pwotejeanviwonnman an

par E. Védrine

kòm sous lajan. Yon kanpay debwazman manch long te kòmanse. Mache ekspòtasyon an an(n) Ayiti vin konvèti bwa an lajan. Se te motè prensipal ki te sèvi gouvènman ayisyen an jeneratè pou te ka kòmanse peye Lafrans. Se-lon kèk kritik, nan ane 1845 sèlman Ayiti ta vann ak peyi etranje, oubyen ta ekspòte 18,600 mèt kib bwa kajou. Donk la a, nou gen yon ide klè kote istwa debwazman anviwonnman Ayiti a kòmanse kòm yon altènativ dou-vèti. Nou di altènativ paske gen kritik k ale pi lwen toujou

pou di konsa: yon pi bèl kote istwa sa a ta kòmanse, se ta kontak ak Ewopeyen sou il Ispayola. Deklarasyon istorik revele

ke kolonizasyon ewopeyen yo gen yon gwo efè sou sa nou kiltive. Lè n al pi fon toujou

nan istwa, n ap wè efè kolonizasyon ewopeyen yo kote nan kòmansman 18tyèm syèk, esplwatasyon resous forè yo nan Sendomeng (nouvo koloni fransè a), te akselere lè yo fin debwaze mòn yo pou te koupe bwa enpòtan yo. Fò yo te fè sa pou fè plas a lòt tip agrikilti. ■

compagner d'une démarche de foi, d'amour et d'espé-rance.

La vie religieuse salésienne propose deux formes : comme frère (ou « coadjuteur » selon le langage salésien) ou comme prêtre, avec les mêmes engagements à tra-vers les vœux et la vie en communauté.

Devenir religieux salésien c'est vivre le chemin d'Em-maüs : écouter, rencontrer, reconnaître, annoncer, à la manière de Don Bosco, dans un esprit de confiance et d'optimisme. ■

Si tu sens l'appel de Dieu, ne résiste pas.Visite la maison salésienne la plus proche.

Fort-Liberté : DBTECCap-Haïtien : Fondation VincentPort-au-Prince : CODOSA, ENAM, DROUILLARD

THORLAND, FLEURIOTCayes : CEDAM (Bergeaud)

DevenirSalésien de Don Bosco

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