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Les réseaux sociaux et l’illusion de l’anonymat De la simple socialisation en ligne à la divulgation d’informations sensibles

Les réseaux sociaux et l’illusion de l’anonymat

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Une étude conduite par BitDefender révèle que 81% des utilisateurs de réseaux sociaux auraient accepté une demande d’« ami » de la part d’un profil de test, crée pour l’étude, sans prendre de précautions.

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Les réseaux sociaux et l’illusion de

l’anonymat

De la simple socialisation en ligne à la divulgation d’informations sensibles

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1. Introduction

2. Méthodologie

3. Résultats

4. Analyse

5. Conclusion

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Sommaire

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4

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Selon Internet World Stats, nous passons de plus en plusde temps en ligne, et l’utilisation d’Internet dans lemonde a progressé de plus de 390% entre 2000 et 2009.

Cette période est également caractérisée parl’augmentation de la popularité des réseaux sociaux,comme l’illustre cet article.

L’étude menée par les Laboratoires BitDefenders’intéresse à la facilité avec laquelle les utilisateurs deréseaux sociaux font des rencontres virtuelles enacceptant les invitations envoyées par de parfaitsinconnus, et au type d’informations qu’ils divulguent àces nouveaux « amis ».

Introduction

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Méthodologie

La méthodologie de cette expérience est très simple.Nous avons commencé par choisir un réseau social trèspopulaire. Ce choix a été guidé par la nécessité debénéficier d’un échantillon représentatif.

Ensuite, un profil de test a été créé afin d’analyser ce quenous avons appelé le « taux d’amitié » (taux d’acceptationd’une demande de mise en relation sur les réseauxsociaux) en fonction du sexe, de l’âge et des centresd’intérêts.

Pour le profil de test, nous avons opté pour une femmeblonde, de 21 ans, jouant le rôle d’un interlocuteur naïf.

2 000 utilisateurs ont ensuite été sélectionnés pourdevenir les amis du profil de test. Ces utilisateurs ont étéchoisis aléatoirement afin de couvrir différentsaspects : sexe (1 000 femmes, 1 000 hommes), âge(l’échantillon allait de 17 à 65 ans avec un âge moyen de27,3 ans et un écart type de 5,85), centres d’intérêts,emplois.

Les données ont été recueillies en deux étapes. Lapremière étape comprenait l’envoi ne demande de miseen relation a été adressée aux 2 000 utilisateurs.

Nous avons analysé les réactions à cette demande enfonction de l’âge, du sexe, et des centres d’intérêts desutilisateurs.

La première partie de cette expérience a eu lieu pendantune semaine (du lundi matin au dimanche soir).

La seconde étape consistait en une courte conversationavec quelques-uns de ces nouveaux amis, afin d’étudierquelles informations ils révélaient à une inconnue après 2heures de conversation.

Les personnes de ce second groupe ont été choisies selonune méthode assurant l’hétérogénéité des groupesétudiés.

2 000 « demandes d’amitié »

ont été envoyées sur un réseau

social très populaire

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Résultats

Après une semaine, la demande d’ajout comme amiremporte un grand succès : sur 2 000 requêtes envoyéespar le profil de test, 1872 ont été acceptées. Le « tauxd’amitié » (nombre de nouveaux amis par jour) estillustré par le graphique 1.

Ces nouveaux amis proviennent du monde entier et leursemplois couvrent également un grand nombre dedomaines. Une analyse des emplois et des centresd’intérêts de ces personnes a été effectuée afin decomprendre leur comportement. Le secteur del’« industrie des technologies de l’information » a étédivisé en 4 sous-domaines : « Sécurité Informatique »,« Loisirs », « Logiciels » et « Matériel ». Les résultats decette étape figurent dans le Tableau 1.

Sur 2 000 requêtes

envoyées

par le profil de test,

1 872

ont été

acceptées

Graphique 1 : Nombre d'utilisateurs qui acceptent la demande d'amitié

5

0

500

1000

1500

2000

Jour 1 Jour 2 Jour 3 Jour 4 Jour 5 Jour 6 Jour 7

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La réaction des personnes à une « demande d’amitié »sur le réseau social a également été étudiée, c’est-à-direqu’on a cherché à savoir si elles acceptaient facilementun nouvel ami inconnu dans leur groupe. Quatredifférents « niveaux de méfiance » ont été établis :

• Niveau 1 : utilisateurs très naïfs – ils acceptent lademande d’amitié sans poser de question

• Niveau 2 : utilisateurs naïfs – ils acceptent la

demande après une conversation d’1 à 2 lignes

• Niveau 3 : utilisateurs méfiants – ils acceptent la

demande après une conversation de 3 à 5 lignes

• Niveau 4 : utilisateurs n’acceptant pas les demandes

d’amis inconnus

Les résultats indiquent que 81% des utilisateurs ayantreçu une demande de la part du profil test (une femmede 21 ans) l’ont acceptée sans poser de questions.

81% des utilisateurs

ayant reçu une

demande de la part

du profil test l’ont

acceptée sans poser

de questions.

Secteurs (%)

Technologies

de

l’information

Sécurité informatique

31

Loisirs 17Logiciels 16Matériel 22

Total secteur 86Commerce 2

Art 1Architecture/Construction 4

Organismes publics 7Tableau 1 : Secteur d’activité des « nouveaux amis » du profil de test

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Résultats

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Analyse

Une première analyse des données recueillies révèleque la première impression est généralementimportante sur un réseau social, une jolie jeunefemme attirant toujours beaucoup d’amis. Ainsi,94% de notre échantillon de 2 000 utilisateurs ontaccepté de devenir amis du profil de test.

Le « niveau de méfiance » comparé auxemplois/intérêts des « nouveaux amis » a révélé desrésultats surprenants : plus de 86% des utilisateursnaïfs ayant accepté de devenir amis avec le profil detest appartenaient au secteur des technologies del’information, et 31% d’entre eux travaillaient dansla sécurité informatique.

Ces résultats sont particulièrement étonnants, lesentreprises du domaine de la sécurité informatiquesoulignant le risque d’e-menaces associées auxréseaux sociaux.

La motivation des utilisateurs provenant du secteurde la sécurité informatique a été étudiée, afin devérifier qu’ils n’acceptaient pas la demande de lajeune fille simplement afin de disposer de « sujetd’étude » pour leurs recherches personnelles.

On a demandé à tous ces utilisateurs pour quelleraison ils avaient accepté la jeune fille dans leurgroupe et voici les réponses qu’ils ont données :

c’est une « personne charmante » (53%), « quelqu’un que je connais mais je ne mesouviens pas où je l’ai rencontrée » (17%), une « personne qui travaille dans le mêmesecteur » (24%), un profil intéressant (6%).

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Analyse

Afin d’approfondir l’analyse du « niveau de méfiance »,20 personnes ayant accepté la demande d’ajout commeami ont été sélectionnées pour la suite de l’étude.

Ces personnes ont été invitées à avoir une conversationindividuelle, en temps réel et par écrit, avec cette jeunefemme à l’aide d’un logiciel spécifique, en même temps.

Selon certaines théories telles que la « théorie de laprésence sociale » et/ou la « théorie des indicateurs decontexte social », lorsque la présence sociale diminue eten l’absence d’indicateurs sociaux, les relationsdeviennent moins personnelles et intimidantes.

Cet anonymat permettrait à certaines personnes derévéler au cours de conversations écrites en temps réelplus d’informations qu’elles ne le feraient lors dediscussions en face-à-face (Whitty & Gavin, 2000, 2001).

Graphique 2 : Informations personnelles sensibles divulguées après une conversation d’une demi-heure

(pourcentage de l’ensemble des interlocuteurs)

39%54%

72% 78% 80%87% 93%

0%

50%

100%

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Analyse

L’expérience a montré que les utilisateurs les plusvulnérables étaient ceux qui travaillaient dans le secteurdes technologies de l’information : après uneconversation d’une demi-heure, 10% d’entre euxrévélaient à la « jolie blonde » des informationspersonnelles sensibles telles que leur adresse, numérode téléphone, le nom de leur mère et de leur père etc.,des informations généralement utilisées dans lesquestions servant à récupérer un mot de passe.

Graphique 3 : Informations potentiellement confidentielles révélées après une conversation de deux heures (pourcentage de l’ensemble des interlocuteurs)

39%

72%

83%

0%

50%

100%

Projets sur des nouvelles

technologies

Plans, stratégies Produits en développement

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Les résultats de cette étude indiquent que les utilisateursde réseaux sociaux acceptent dans leur groupe despersonnes inconnues en ne se fondant que sur une joliephoto de profil, mais également qu’ils sont prêts àrévéler des informations personnelles, sensibles, aprèsune courte conversation en ligne.

Cela signifie que les réseaux sociaux servent à la fois delieu de rencontre où des personnes ont la possibilité dese présenter et de communiquer, mais égalementcomme point de départ d’une « amitié » virtuelle, quiconduit certaines personnes à révéler tropd’informations en raison de l’impression d’anonymat.

Lectures recommandées (en anglais)

Whitty, M., Gavin, J. (2000). Reality bytes: the suspensionof disbelief in the maintenance of online attraction.Narratives for a New Millennium, Adelaide, 23–27February.Whitty, M., Gavin, J. Age/sex/location: uncovering thesocial cues in the development of online relationships.CyberPsychology & Behavior 2001; 4: 623–30.http://en.wikipedia.org/wiki/Social_presence_theoryhttp://cmcgroup1.pbworks.com/The-Cuelessness-Model

Déclaration de ConfidentialitéAucune information confidentielle de cette étude ne seraconservée, divulguée ou utilisée contre les personnes l’ayantrévélée. Aucune information confidentielle concernant uneentreprise ne sera divulguée ou utilisée à des fins personnelles. Lecontenu de ces informations n’a pas été utilisé autrement qu’à desfins statistiques.

Conclusion